[size=19]Les yeux[/size]
[size=19]Bleus ou noirs, tous aimés, tous beaux,[/size]
[size=19]Des yeux sans nombre ont vu l'aurore;[/size]
[size=19]Ils dorment au fond des tombeaux[/size]
[size=19]Et le soleil se lève encore[/size]
[size=19]Les nuits plus douces que les jours[/size]
[size=19]Ont enchanté des yeux sans nombre;[/size]
[size=19]Les étoiles brillent toujours[/size]
[size=19]Et les yeux se sont remplis d'ombre[/size]
[size=19]Oh! Qu'ils aient perdu leur regard,[/size]
[size=19]Non, non, cela n'est pas possible[/size]
[size=19]Ils se sont tounés quelque part,[/size]
[size=19]Vers ce qu'on nomme l'invisible [/size]
[size=19]Et comme les astres penchants[/size]
[size=19]Nous quittent, mais au ciel demeurent,[/size]
[size=19]Les prunelles ont leurs couchants[/size]
[size=19]Mais il n'est pas vrai qu'elles meurent[/size]
[size=19]Bleus ou noirs, tous aimés, tous beaux,[/size]
[size=19]Ouverts à quelqu'immense aurore,[/size]
[size=19]De l'autre côté des tombeaux,[/size]
[size=19]Les yeux qu'on ferme voient encore[/size]
Sully Prudhomme
Ninnenne