Les Soleils de Novembre Poème
Les Soleils de Novembre
Un beau ciel de novembre aux clartés automnales
Baignait de ses tiédeurs les vallons vaporeux ;
Les feux du jour buvaient les gouttes matinales
Qui scintillaient dans l’herbe au bord des champs pierreux.
Les coteaux de Lormont, où s’effeuillaient les vignes,
Étageaient leurs versants jaunis sous le ciel clair ;
Vers l’orient fuyaient et se perdaient leurs lignes
En des lointains profonds et bleus comme la mer.
Lente et faible, la brise avait des plaintes douces
En passant sous les bois à demi dépouillés ;
L’une après l’une au vent tombaient les feuilles rousses,
Elles tombaient sans bruit sur les gazons mouillés.
Hélas ! plus d’hirondelles au toit brun des chaumières,
Plus de vol printanier égayant l’horizon ;
Dans l’air pâle, émanant ses tranquilles lumières,
Rayonnait l’astre d’or de l’arrière-saison.
La terre pacifique, aux rêveuses mollesses,
Après l’âpre labeur des étés florissants,
Semblait goûter, pareille aux sereines vieillesses,
Les tièdes voluptés des soleils finissants.
Avant les froids prochains, antique Nourricière,
Repose-toi, souris à tes champs moissonnés !
Heureux qui, l’âme en paix au bout de sa carrière,
Peut comme toi sourire à ses jours terminés !
Mais nous, rimeurs chétifs, aux pauvretés superbes,
De nos vertes saisons, hélas ! qu’avons-nous fait ?
Qui peut dire entre nous, pesant ses lourdes gerbes :
Mourons ! mon œuvre est mûre et mon cœur satisfait !
Jouets du rythme, esprits sans boussole et sans force,
Dans ses néants la forme égara nos ferveurs ;
Du vrai, du grand, du beau nous n’aimions que l’écorce ;
Nous avons tout du fruit, tout, hormis les saveurs !
En nombres d’or rimant l’amour et ses délires,
Nous n’avons rien senti, nous avons tout chanté.
Vides sont les accords qu’ont exhalé nos lyres !
Vide est le fruit d’orgueil que notre arbre a porté !
Tombez, tombez, tombez, feuilles silencieuses,
Fleurs séniles, rameaux aux espoirs avortés !
Fermez-vous sans écho, lèvres mélodieuses !
Endormons-nous muets dans nos stérilités !
Plus de retours amers ! trêve aux jactantes vaines !…
Oui, la Muse eût voulu des astres plus cléments !
Un sang pauvre et le doute, hélas ! glaçaient nos veines :
Nous sommes de moitié dans nos avortements.
Il faisait froid au ciel quand nous vînmes au monde,
La sève était tarie où puisaient les aïeux.
Résignons-nous, enfants d’une époque inféconde :
Nous mourons tout entiers, nous qui vivons sans dieux !
O dureté des temps ! ô têtes condamnées !
Fiers espoirs d’où la nuit et l’oubli seuls naîtront !
Eh bien, soit !
Acceptons, amis, nos destinées :
Sans haine effaçons-nous devant ceux qui viendront !
Succédez-nous, croissez, races neuves et fortes !
Mais nous, dont vous vivrez, nous voulons vous bénir.
Plongez vos pieds d’airain dans nos racines mortes !
D’un feuillage splendide ombragez l’avenir !
Et vous, ferments sacrés des époques prospères,
Foi, liberté, soleil, trésors inépuisés,
Donnez à nos vainqueurs, oublieux de leurs pères,
Tous les biens qu’aux vaincus la vie a refusés !
Auguste Lacaussade.
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Novembre Captif de l'hiver dans ma chambre Et las de tant d'espoirs menteurs,Je vois dans un ciel de novembre, Partir les derniers migrateurs. Ils souffrent bien sous cette pluie ;Mais, au pays ensoleillé,Je songe qu'un rayon essuieEt réchauffe l'oiseau mouillé. Mon âme est comme une fauvette Triste sous un ciel pluvieux ; Le soleil dont sa joie est faite Est le regard de deux beaux yeux ; Mais loin d'eux elle est exilée ; Et, plus que ces oiseaux, martyr,Je ne puis prendre ma volée Et n'ai pas le droit de partir. François Coppée.------------------------------------------------------------------------------------------------Automne Vois ce fruit, chaque jour plus tiède et plus vermeil, Se gonfler doucement aux regards du soleil ! Sa sève, à chaque instant plus riche et plus féconde, L'emplit, on le dirait, de volupté profonde. Sous les feux d'un soleil invisible et puissant, Notre coeur est semblable à ce fruit mûrissant. De sucs plus abondants chaque jour il enivre, Et, maintenant mûri, il est heureux de vivre. L'automne vient : le fruit se vide et va tomber, Mais sa gaine est vivante et demande à germer. L'âge arrive, le coeur se referme en silence, Mais, pour l'été promis, il garde sa semence. Ondine Valmore.------------------------------------------------------------------------------------------------Soir d'Automne L'automne est la saison dolente.
L'âme des labours assoupis
Berce d'une hymne somnolente
L'enfance des futurs épis;
Et, triste, la mer de Bretagne
Se prend à gémir, dans le soir.
Par les sentiers de la montagne,
Commence à rôder le Mois Noir.
Et les cloches ont l'air de veuves,
Dans les clochers silencieux...
Nous n'irons plus aux aires-neuves !
Voici l'hiver, le temps des vieux.
Pour le départ des alouettes,
Tintent les glas des abandons.
Pleurez, ô chapelles muettes,
Les cierges éteints des Pardons !
Avec les oiseaux de passage,
Les Clercs s'en vont aux premiers froids.
Ils emportent, selon l'usage,
Leurs livres, noués trois par trois.
L'automne est la saison dolente.
Les mères, sur le seuil, longtemps,
De leur bénédiction lente
Encouragent les hésitants;
Car, près d'enjamber la barrière,
Plus d'un a suspendu son pas,
Comme si des voix, par derrière,
Lui chuchotaient : Ne t'en va pas !
Anatole Le Braz. [size=18][/size]
-----------------------------------------------------------------------------------------------[size=18]Dans le silencieux Automne
Dans le silencieux Automne
D'un jour mol et soyeux,
Je t'écoute en fermant les yeux,
Voisine monotone.
Ces gammes de tes doigts hardis,
C'était déjà des gammes
Quand n'étaient pas encor des dames
Mes cousines, jadis;
Et qu'aux toits noirs de la Rafette,
Où grince un fer changeant,
Les abeilles d'or et d'argent
Mettaient l'aurore en fête.
Max Elskamp.
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-------------------------------------------------------------------------------[size=18]Octobre est doux. L'hiver pèlerin s'achemine
Au ciel où la dernière hirondelle s'étonne.
Rêvons le feu s'allume et la bise chantonne.
Rêvons le feu s'endort sous sa cendre d'hermine.
L'abat-jour transparent de rose s'illumine.
La vitre est noire sous l'averse monotone.
Oh ! le doux remember en la chambre d'automne,
Où des trumeaux défunts l'âme se dissémine.
La ville est loin.Plus rien qu'un bruit sourd de voitures
Qui meurt, mélancolique, aux plis lourds des tentures.
Formons des rêves fins sur des miniatures.
Vers de mauves lointains d'une douceur fanée
Mon âme s'est perdue , et l'heure enrubannée
Sonne cent ans à la pendule surannée.
Albert Samain.-----------------------------------------------------------------------------------------------Bel Automne Saison fidèle aux coeurs qu'importune la joie,
Te voilà, chèr Automne, encore de retour.
La feuille quitte l'arbre, éclatante, et tournoie
Dans les forêts à jour. Les aboiements des chiens de chasse au loin déchirent
L'air inerte où l'on sent l'odeur des champs mouillés.
Gonflés d'humidité, les prés mornes soupirent
En cédant sous les pieds. Les oiseaux voyageurs, par bandes, dans les nues,
Emigrent vers le Sud et les soleils plus chauds.
Les laboureurs, penchés sur les lentes charrues,
Couronnent les coteaux. Le soir, à l'horizon, parfois le ciel est rose ;
Des troupes de corbeaux traversent le couchant.
Dans le creux des sillons de la plaine repose,
Pensive, une eau d'argent. Charles Guérin.----------------------------------------------------------------------------------L’écureuil et la feuille
Un écureuil, sur la bruyère,
Se lave avec de la lumière.
Une feuille morte descend,
Doucement portée par le vent.
Et le vent balance la feuille
Juste au-dessus de l’écureuil ;
Le vent attend, pour la poser
Légèrement sur la bruyère,
Que l’écureuil soit remonté
Sur le chêne de la clairière
Où il aime à se balancer
Comme une feuille de lumière.
Maurice Carême. [size=18][/size]
----------------------------------------------------------------------------------------------- Ninnenne
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