L’ŒUF DE SOLEIL CONTE
L'oeuf de Soleil
Sur une île vivait Milad, pauvre femme qui ne possédait qu'un petit lopin de terre. Chaque jour, elle cultivait et soignait le taro qui lui fournissait toute sa nourriture. Un matin qu'elle allait à son champ, elle aperçut un œuf dans une touffe de broussailles. Elle le ramassa et l'examina de tous les côtés. Comme elle le tenait en main, elle le réchauffa, et l'œuf grossit. Milad le rapporta [size=18]chez elle, car ses mains et sa tête lui disaient que ce n'était pas un œuf d'oiseau, mais du Soleil, que c'était le Soleil qui l'avait pondu afin qu'elle en ait un enfant.[/size]
Elle l'installa dans une corbeille encore plus douillettement qu'une mère l'aurait fait pour son petit, car Milad n'avait pas d'enfants.
Trois jours passèrent, et l'enfant du Soleil sortit de l'œuf. Elle l'installa au-dessus du feu pour qu'il pousse vite. Il poussa, poussa, comme une tige de bambou, et bientôt il devint un gamin du nom de Terkelel, puis très vite un adolescent.
Le jeune [size=18]homme demanda un jour à Milad :[/size]
« Maman, chaque jour nous mangeons la même nourriture, des taros et encore des taros, et toujours des taros, pourquoi n'y a-t-il pas autre chose ? – Je suis pauvre, mon fils, je suis une femme qui n'a qu'un petit lopin de terre. Je n'ai pas d'autre nourriture, je n'ai même pas de mari qui pourrait aller pêcher. »
Terkelel se promena le long du rivage et chercha parmi les coquillages celui qui lui dirait comment aider Milad. Il trouva soudain ce qu'il cherchait, mais pas parmi les coquillages.
Terkelel plongea dans la mer et nagea, nagea, très, très loin. Puis il plongea, la tête la première et s'enfonça, s'enfonça, jusqu'à arriver profondément sous l'île. Comme un ver, il remonta en perçant la terre de toute l'île et déboucha sous l'arbre à pain qui ombrageait la cabane de sa mère. Il fora d'abord son tronc, puis ses branches, et tandis qu'il avançait ainsi, derrière lui jaillissait l'eau de la mer, entraînant avec elle les poissons. Ils nageaient dans les creux de l'arbre et des branches, puis retombaient devant la maison de Milad. Maintenant la femme et le jeune Terkelel avaient du poisson à ne plus savoir qu'en faire. Ils en avaient tant qu'ils en donnaient aux gens qui n'avaient pas assez à manger. Le poisson était abondant.
Mais sur l'île vivaient des gens qui ne supportaient pas le bonheur des autres. Leur cœur était rempli de jalousie. Une nuit, ils prirent des haches, allèrent vers l'arbre à pain de Milad et en coupèrent une grosse branche. Dès que celle-ci tomba, l'eau de mer se transforma en cascade, elle coula à gros flots, se répandit, et bientôt l'île entière fut sous les eaux. La mer avait avalé l'île comme une plage à marée haute, et avec l'île tous les gens qui y vivaient. Seul le fils du Soleil, Terkelel, resta au-dessus des eaux, il vola plus haut, vers le Soleil. Milad avait d'abord nagé, puis elle avait crié. Et elle était morte.
Terkelel monta jusqu'au ciel, dans sa tête résonnaient les cris de Milad, sa mère. Il se dit : « Je vais demander au roi du ciel de lui rendre la vie. Quand il fut tout près des cieux, il vit se dresser sur sa route l'homme de pierre, le gardien des lieux.
Dès que celui-ci surprenait quelqu'un sur le chemin de la voûte céleste, il avertissait les gens dans le ciel. Il sifflait comme un cyclone, car l'air passait à travers ses lèvres de pierre. Terkelel arracha des feuilles de pandanus et y enveloppa l'homme de pierre. Puis il l'emporta. Il arriva au ciel et se présenta devant son roi.
Il lui dit : « Roi du ciel, donne-moi la force vitale, afin que je puisse l'insuffler à Milad, qui est morte. Elle était ma mère, et je ne veux pas qu'elle flotte sur la mer et ne me parle plus. »
Le roi du ciel lui donna la pierre de vie.
Puis il dit : « Si tu poses la pierre sur le corps d'un [size=18]homme, cet homme sera immortel. »[/size]
Terkelel prit la pierre, et s'en alla au-dessus de la mer, où flottait le corps de Milad. Il y déposa dessus la pierre, et Milad fut de nouveau vivante. Puis ils nagèrent rapidement vers l'île, où ils vécurent ensemble comme mère et fils.
Pendant ce temps, le roi du ciel demandait où était l'homme de pierre, car il y avait longtemps qu'il ne l'avait plus entendu siffler. Il envoya ses sept esprits, et ils constatèrent que l'homme de pierre avait disparu. Où ? Ils l'ignoraient.
Ils se présentèrent devant le roi, qui leur dit : « Eh bien faites ce qu'il faut pour le retrouver. Où qu'il soit, allez vite le chercher et rapportez-le-moi. Celui qui l'a volé sera puni. » Les esprits descendirent sur l'île dans la mer, ils cherchèrent sur la terre ferme, ils cherchèrent sur l'eau, mais ils ne trouvèrent pas l'homme de pierre. Ils pénétrèrent à l'intérieur de l'île, arpentèrentle rivage, toujours rien.
Finalement, ils entrèrent dans un bois touffu, et ils virent l'homme de pierre. Il était caché par des feuilles d'arbres. Les esprits le laissèrent là. Ils voulaient d'abord retrouver et punir le voleur. Soudain ils arrivèrent devant la cabane où habitaient Milad et Terkelel, le fils du Soleil. Les esprits s'approchèrent de la femme et dirent : « L'homme de pierre est là, dans le bois, derrière ta cabane. Qui a fait cela ? Qui l'a apporté du ciel pour le planter dans le bois ? » Milad tremblait comme un arbre quand il sent le souffle de la tempête.
Puis elle dit :
« C'est mon fils Terkelel qui l'a apporté.
– Amène-le ici. La punition l'attend au pays du ciel ! »
Milad entra dans sa cabane. Elle avait des tranches de taro fraîchement cuites, elle les farcit de poisson. Dans le taro brûlant, le poisson avait bouilli, et un parfum puissant et délicieux monta jusqu'au plafond. Puis Milad sortit devant la cabane et donna du taro farci de poisson à chacun des sept esprits. Ils ne connaissaient pas cette nourriture, jamais ils n'y avaient goûté. Ils la trouvèrent extraordinaire et dirent qu'ils n'avaient rien mangé d'aussi bon.
Quand ils eurent fini, Milad leur dit : « C'est mon fils Terkelel qui a apporté l'homme de pierre, mais seulement pour ne pas pleurer ma mort. Il s'est rendu au ciel, puis il a ranimé mon corps qui était mort. »
Auteur inconnu trouvé sur le net
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[size=24]LE GRAND PIN ET LE BOULEAU CONTE DU QUEBEC
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[size=32]Le grand pin et le bouleau[/size]
Conte du Québec – adapté d’un conte Ojiboué
Il y a bien longtemps, avant que les hommes n’arrivent dans le pays, les arbres étaient capables de parler. Le bruissement de leurs feuilles était leur langage calme et reposant. Lorsqu’ils agitaient leurs branches en tous sens dans le vent violent, leurs paroles étaient des discours pleins de courage ou remplis de peur. La forêt était peuplée d’une multitudes d’arbres de toutes sortes. L’érable laissait couler sa sève sucrée pour les oiseaux assoiffés. Un grand nombre d’oiseaux nichaient dans ses branches. Les merles venaient déposer leurs petits œufs bleus dans des nids bien installés. L’érable les protégeait du vent et de la pluie, toujours prêt à rendre service. Il était respecté aux alentours. Pas bien loin de lui, un orme élevait ses longues branches vers le ciel. L’orme aimait le soleil et chacune de ses branches s’élançaient vers ses rayons. Les orioles, desoiseaux ressemblant aux rouges-gorge mais en plus petit construisaient leurs nids-balançoires dans sa ramure sachant qu'ils se trouvaient à l'abri dans les hauteurs.
Plus loin encore, le thuya offrait durant l’hiver l’hébergement à des familles entières d'oiseaux. Lorsque le froid faisait rage, le thuya refermait ses épaisses branches sur eux et les gardait bien au chaud. Les oiseaux étaient si confortablement installés qu'ils mettaient du temps, le printemps venu, à quitter leurs logis dans le thuya. Le bouleau se tenait à peu de distance. Il était mince et élégant et son écorce douce et blanche le distinguait des autres. Ses bras souples et gracieux s'agitaient à la moindre brise. Au printemps, ses feuilles vert tendre étaient si fines qu'elles laissaient passer la lumière du soleil au travers. Quand les hommes arrivèrent dans ces lieux, ils se servirent de l'écorce du bouleau pour fabriquer des canots, des maisons et même les récipients dans lesquels ils cuisaient leurs aliments. Mais il arriva un jour que le bouleau, à cause de sa beauté, se mit à mépriser tout le monde.
Le grand pin était le roi de la forêt. C'est à lui que chaque arbre devait faire un salut en courbant la tête un peu comme on manifeste son obéissance au roi. Et ce roi était le plus grand, le plus majestueux, le plus droit de tous les arbres de la forêt. En plus de sa taille, sa magnifique vêture vert foncé assurait son autorité.
Un jour d'été, la forêt resplendissait des parfums et des couleurs de milliers de fleurs et un éclatant tapis de mousse recouvrait les coins ombragés du sol. Une quantité d'oiseaux, des gros, des petits, des bleus, des gris, des jaunes et des rouges, n'arrêtaient pas de chanter. Les arbres bougeaient doucement et agitaient leurs feuilles qui étaient des rires et des gais murmures de contentement. L’érable remarqua que le bouleau ne participait pas à cette réjouissance collective. - Es-tu malade, bouleau ? demanda le gentil érable.
- Pas du tout, répondit le bouleau en agitant ses branches de façon brusque. Je ne me suis jamais si bien senti. Mais pourquoi donc devrais-je me joindre à vous qui êtes si ordinaires ? L’érable, surpris de cette réponse, se dit que le roi grand pin ne serait pas content d'entendre de telles paroles. Car la première tâche de Grand Pin était de faire respecter l'harmonie parmi ses sujets. - Tais-toi ! dirent les arbres au bouleau. Si le grand pin t'entend... Tous les arbres étaient très solidaires les uns des autres comme le sont les frères et les sœurs qui s'entraident. Seul, le bouleau refusait l'amitié de ses compagnons. Il se mit à agiter ses branches avec mépris et déclara : - Je me fiche bien du roi. Je suis le plus beau de tous les arbres de la forêt et dorénavant je refuserai de courber la tête pour le saluer ! Le grand pin, qui s'était assoupi, s'éveilla tout d'un coup en entendant son nom. Il secoua ses fines aiguilles pour les remettre en place et s'étira, s'étira en redressant son long corps. - Bouleau, que viens-tu de dire ? lança-t-il. Tous les arbres se mirent à trembler car ils se doutaient bien que la colère grondait dans le cœur du grand pin. Mais le bouleau ne semblait nullement craindre sa colère. Il étala ses branches avec dédain, les agita dans un sens et dans l'autre et dit d'un ton hautain :
- Je ne vais plus vous saluer, grand pin. Je suis le plus bel arbre de la forêt, plus beau que tous les autres, plus beau même que vous ! Le grand pin se fâcha. Ses bras se mirent à s'agiter bruyamment. Et tous les arbres attendirent dans le plus grand silence la suite des événements. - Bouleau, lança le roi pin, tu es devenu vaniteux ! Je vais t'apprendre une leçon que tu n'oublieras jamais. Le grand pin se pencha en direction du bouleau et frappa sa tendre écorce de toutes ses forces. Ses aiguilles lacérèrent la douce peau blanche du bouleau. Enfin, il dit : - Que tous apprennent par toi, bouleau, que l’orgueil et la vanité sont mauvais. Depuis ce jour, l'écorce de Bouleau est marquée de fines cicatrices noires. C'est le prix qu'il dut payer pour sa vanité. Tous les membres de sa famille, sans exception, ont gardé, marquée dans leur peau, la trace de la colère du roi grand pin.
Ninnenne
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