marileine moderateur
Messages : 27475 Date d'inscription : 08/03/2012 Localisation : belgique
| Sujet: Conte du grand nord (d'abord les parents!!) Mer 22 Avr - 9:39 | |
| Conte du grand nordTanak le chasseurTanak venait à peine d’être initié à la chasse et n’avait tué qu’un lièvre dans sa vie. Il était encore jeune et n’avait pas beaucoup d’expérience en matière de chasse. Il savait toutefois se débrouiller seul, faire un feu, monter un abri, trouver les plantes qui soignent et tuer les lièvres.Un jour, il se prit au charme de la jeune Miaga qui était la fille d’un homme âgé et respecté nommé Teshikewa. Ce dernier regardait Tanak d’un œil méprisant. Ce jeune, pensait-il, qui ne savait rien faire et n’était pas préparé à la vie rude. Du fait de son grand âge, Teshikewa se sentait fort et intelligent, il connaissait toutes les ruses de la chasse et avait lutté plus d’une fois aux caprices de la nature.Le jour où Tanak lui demanda la main de sa fille, il eut un sourire sournois. Cet incapable qui n’a aucun raisonnement mûr, pensa t-il, venu demander la main de l’être la plus précieuse en ma chair. Teshikewa fit une proposition au jeune homme, d’un regard arrogant : « Si tu veux ma fille, il te faudra acquérir mon estime. Tu ne prendra pas son cœur avant d’avoir pris le mien. Tu dois prouver que tu la mérite, et pour cela tu dois accomplir un acte de bravoure. Tu chassera l’ours à mes cotés ! ».La chasse d’un ours était des plus dangereuses, redoutée par tous les chasseurs. Blessé, l’ours charge son adversaire jusqu’à sa mort, et sa force est si puissante qu’il est conseillé de le tuer du premier coup. Tanak accepta naïvement et fut même excité par cette aventure, ce qui irrita un peu Teshikewa.Ils partirent traquer l’ours au début du printemps, enveloppés dans leurs couvertures en peau de reine. Teshikewa avait choisi cette période pour rendre l’épreuve plus dur. Le froid du grand nord griffe la peau, la neige brûle les yeux, elle commence à fondre au printemps et alors le terrain est peu sûr, la marche est plus fatigante, l’ours sors tout juste de son hibernation et a très faim.Tanak s’épuisait vite et suffoquait en traînant derrière Teshikewa. Celui-ci ricanait de le voir lutter dans la neige, mais le jeune homme ne se plaignait jamais. Il portait sur lui une bouse médecine est s’en servait pour soulager son mal, il tendait également un bol d’infusion à son compagnon qui refusait avec prétention. Il en avait vu d’autre, disait-il, il n’avait plus l’âge de se plaindre. Teshikewa avait oublié qu’il avait vieilli et qu’il était devenu fragile derrière son aspect vigoureux et résistant.Il tomba lors d’une marche et ne pu se relever qu’avec l’aide de Tanak qui fut repoussé une fois son compagnon debout. Teshikewa, épuisé mais fier, continua de marcher à vive allure avant de tomber à nouveau. Tanak lui pépara alors une infusion et présenta le bol à Teshikewa. Sa bouche sifflait d’épuisement, il lui arracha le bol des mains et le bu nerveusement, se sentant humilié par ce jeune qui le sauvait.Ils se reposèrent et reprirent la marche le lendemain. Le froid gagna le corps de l’homme âgé qui tenta en vain de marcher plus vite pour se réchauffer. Lorsque le jeune homme vit la peau de Teshikewa prendre des teintes bleutés, il le fit asseoir, le déshabilla et le frictionna avec de la neige pour faire circuler son sang. L’homme âgé ayant repris ses teintes rouges revêtit ses vêtements tandis que le jeune homme prépara un feu pour se réchauffer. Teshikewa ne pouvait plus continuer la marche mais n’osait l’avouer à Tanak. Ils marchèrent doucement en faisant régulièrement des haltes. Soudain, le jeune homme appela son compagnon car il avait trouvé des traces d’ours dans la neige, mais le vieil homme n’osa avouer qu’il perdait la vue et qu’il ne voyait pas la trace avec netteté. De même qu’il ne voyait pas la voie qu’il empruntait. Il tomba alors dans un fossé et se cassa la jambe. Tanak descendit aussitôt dans la neige et rejoignit le corps gisant de Teshikewa. Ce dernier ne montra pas sa douleur et tentait de garder le sourire en expliquant à Tanak que sa jambe était cassée. Tanak découpa alors sa couverture de reine avec son couteau dont il portait l’étui autour du couet en fit des cordes. Il trouva deux perches solides qu’il relia en forme de travoi. La partie inférieur, plus longue, servirait à transporter le blessé. Il attacha alors des rondins disposés à l’horizontal et en parallèle à l’aide de ses cordes, et déposa son compagnon sur le travoi. Il attacha le corps afin de bien le maintenir sur le travoi et le recouvra de la couverture du blessé en peau de reine. Enfin, Tanak relia les deux extrémités supérieur du travoi afin de tirer avec son front et ses mains.Le jeune homme n’avait plus de couverture mais il ignora le froid et tira de toute ses forces le corps de son compagnon blessé. Il se rappelait des itinéraires empruntés à l’allée et su ainsi retrouver le chemin du retour. Il marcha deux jours avant d’arriver au village, dans un état à la limite de la conscience. Aussi les deux chasseurs furent recueillis par des femmes et confiés au guérisseur.Après de longs mois de rétablissements, les deux hommes se retrouvèrent. Teshikewa contemplait Tanak d’un regard reconnaissant et lui dit : « Je t’avais dis que si tu voulais prendre le cœur de ma fille Miaga tu devais prendre le mien, et tu devais pour cela accomplir un acte de bravoure. Nous n’avons pas su chasser l’ours, mais tu as chassé en moi ma prétention et mes jugements. Les anciens sont le savoir, mais la jeunesse est la force et nous ne pourrons rien faire sans eux. Mais ne nous méprisez pas car vous aurez aussi besoin de notre expérience et de notre savoir. Tu as mérité ma fille, je te l’offre ! ».Le mariage se déroula au village, parmi les chants des personnes âgés et la fougue de la jeunesse tournoyant, dansant avec la terre et le vent. Ninnenne | |
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