marileine moderateur
Messages : 27475 Date d'inscription : 08/03/2012 Localisation : belgique
| Sujet: Poèmes de différents auteurs:Carème, Mar 27 Jan - 15:04 | |
| Mon petit lapin
Mon petit lapin N'a plus de chagrin. Depuis le matin, Il fait de grands sauts Au fond du jardin.
Mon petit lapin N'a plus de chagrin. Il parle aux oiseaux Et il rit tout haut Dans l'ache et le thym.
Mon petit lapin N'a plus de chagrin. Le voisin d'en face A vendu ses chiens, Ses trois chiens de chasse.
Maurice Carême.Farniente Quand je n’ai rien à faire, et qu’à peine un nuage Dans les champs bleus du ciel, flocon de laine, nage, J’aime à m’écouter vivre, et, libre de soucis, Loin des chemins poudreux, à demeurer assis Sur un moelleux tapis de fougère et de mousse, Au bord des bois touffus où la chaleur s’émousse. Là, pour tuer le temps, j’observe la fourmi Qui, pensant au retour de l’hiver ennemi, Pour son grenier dérobe un grain d’orge à la gerbe, Le puceron qui grimpe et se pend au brin d’herbe, La chenille traînant ses anneaux veloutés, La limace baveuse aux sillons argentés, Et le frais papillon qui de fleurs en fleurs vole. Ensuite je regarde, amusement frivole, La lumière brisant dans chacun de mes cils, Palissade opposée à ses rayons subtils, Les sept couleurs du prisme, ou le duvet qui flotte En l’air, comme sur l’onde un vaisseau sans pilote ; Et lorsque je suis las je me laisse endormir, Au murmure de l’eau qu’un caillou fait gémir, Ou j’écoute chanter près de moi la fauvette, Et là-haut dans l’azur gazouiller l’alouette. Théophile Gautier. Oeufs de Pâques
Voici venir Pâques fleuries, Et devant les confiseries Les petits vagabonds s'arrêtent, envieux. Ils lèchent leurs lèvres de rose Tout en contemplant quelque chose Qui met de la flamme à leurs yeux.
Leurs regards avides attaquent Les magnifiques œufs de Pâques Qui trônent, orgueilleux, dans les grands magasins, Magnifiques, fermes et lisses, Et que regardent en coulisse Les poissons d'avril, leurs voisins.
Les uns sont blancs comme la neige. Des copeaux soyeux les protègent. Leurs flancs sont faits de sucre.
Et l'on voit, à côté, D'autres, montrant sur leurs flancs sombres De chocolat brillant dans l'ombre, De tout petits anges sculptés.
Les uns sont petits et graciles, Il semble qu'il serait facile D'en croquer plus d'un à la fois; Et d'autres, prenant bien leurs aises, Unis, simples, pansus, obèses, S'étalent comme des bourgeois.
Tous sont noués de faveurs roses. On sent que mille bonnes choses Logent dans leurs flancs spacieux L'estomac et la poche vides, Les pauvres petits, l'œil avide, Semblent les savourer des yeux.
Marcel Pagnol.
Danse Danse tant que tu peux danser, danse autour de la terre, Libre comme un poisson dans l'eau, comme un oiseau dans l´air, Léger comme le vent qui danse dans les arbres, Ou le mât d´un bateau qui danse sous la vague.
Danse tant que tu peux danser sur les pavés, sur l´herbe, Sur une table de bistrot, à l´ombre des tavernes. Viens, laisse-toi porter par toutes les musiques, Qui sortent d´un piano ou d´un vieux tourne-disque.
Danse tant que tu peux danser, danse autour de la terre, Danse dans les bras de Margot ou Julie de Nanterre, Danse pour retrouver l´amour et la folie, Danse pour éblouir ton âme qui s´ennuie.
Danse tant que tu peux danser, danse autour de la terre, Pour ne plus porter sur ton dos la mort et la misère. Et tu verras jaillir les sources souterraines, Et les torrents de joie qui coulent dans tes veines.
Danse tant que tu peux danser, danse autour de la terre, Danse pour qu´un printemps nouveau balaye les hivers. Danse comme l´on vit, danse comme l´on aime, Danse comme on écrit sur les murs un poème.
Danse tant que tu peux danser, danse autour de la terre, Danse tant que tu peux danser. Viens, le bal est ouvert! Danse tant que tu peux danser, danse autour de la terre, Danse tant que tu peux danser. Viens, le bal est ouvert! Georges Moustaki.
La Tourterelle Amymone en ses bras a pris sa tourterelle, Et, la serrant toujours plus doucement contre elle, Se plaît à voir l'oiseau, docile à son désir, Entre ses jeunes seins roucouler de plaisir. Même elle veut encor que son bec moins farouche Cueille les grains posés sur le bord de sa bouche, Puis, inclinant la joue au plumage neigeux, Et, toujours plus câline et plus tendre en ses jeux, Elle caresse au long des plumes son visage, Et sourit, en frôlant son épaule au passage, De sentir, rougissant chaque fois d'y penser, Son épaule plus douce encore à caresser. Albert Samain.
[size=32]Ma mère me mène au jardin.
[size=32]Ma mère me mène au jardin Dans la lumière qui commence Voir les fleurs s'ouvrir au matin Lorsque les branches se balancent Mille fleurs disent mille contes A mille amoureuses, tout bas, Tandis que le rossignol ne dit pas. [size=32]O[/size]uverte était la rose Avec l'aube levée, De tendre sang si rose Que fuyait la rosée; Sur sa tige si chaude Que le vent s'y brûlait, Si brillante, si haute! Elle s'épanouissait! [size=32]L'[/size]héliotrope répétait: Sur toi je viens poser mes yeux. Vivante je ne t'aimerais, Répond le basilic en fleurs. Violette dit: Je suis timide. Rose blanche: Je suis froideur. Jasmin: Fidèle au coeur limpide. L'oeillet: Je suis tout de passion.[/size] Federico Garcia Lorca. Le Lac
Aux pieds de trois coteaux habillés de sapins Gît un lac profond, clair et sage, Où maintes fois je suis descendu, le matin, Aspirer la paix qu'il dégage.
Rond et luxuriant, à son centre, un îlot Ressemble au chaton d'une bague ; Les arbres alentour, penchés au bord de l'eau, Y dessinent des formes vagues.
Libre de quais encore, à nul chemin ouvert, Inutile et pur diadème, Il est, dans l'âpreté de ce pays désert. Une oeuvre d'art pour l'art lui-même.
Je suis ton amant pauvre, ô lac, et ne peux pas Arrêter les sinistres haches ; Ecoute-les sonner, autour de toi, le glas Du bois qui te pare et te cache.
Tu deviendras, parmi les maisons, les champs nus, Une eau sans attraits, une mare, Une chose qui sert à naviguer dessus, Dont la multitude s'empare.
Qu'importe ! Ils n'auront pas, ces maîtres imposés, Connu ton sourire de vierge ; Je le garde en mon coeur comme un secret baiser Que j'aurais cueilli sur ta berge.
Alphonse Beauregard. [size=16][/size] La libertéLa Liberté,Ce n'est pas partir, c'est revenir, Et agir, Ce n'est pas prendre, c'est comprendre, Et apprendre, Ce n'est pas savoir, c'est vouloir, Et pouvoir, Ce n'est pas gagner, c'est payer, Et donner, Ce n'est pas trahir, c'est réunir, Et accueillir.La Liberté,Ce n'est pas s'incliner, c'est refuser, Et remercier, Ce pas un cadeau, c'est un flambeau, Et un fardeau, Ce n'est pas la faiblesse, c'est la sagesse, Et la noblesse, Ce n'est pas un avoir, c'est un devoir, Et un espoir, Ce n'est pas discourir, c'est obtenir, Et maintenir.Ce n'est pas facileC'est si fragile, La Liberté, Jacques Prévost[/size] Un coucher de soleil en Bretagne,
Les ajoncs éclatants, parure du granit, Dorent l'âpre sommet que le couchant allume. Au loin, brillante encore par sa barre d'écume, La mer sans fin, commence où la terre finit ! | A mes pieds, c'est la nuit, le silence.Le nid Se tait. L'homme est rentré sous le chaume qui fume ; Seul l'Angélus du soir, ébranlé dans la brume, A la vaste rumeur de l'Océan s'unit. | Alors, comme du fond d'un abîme, des traînes, Des landes, des ravins, montent des voix lointaines De pâtres attardés ramenant le bétail. | L'horizon tout entier s'enveloppe dans l'ombre, Et le soleil mourant, sur un ciel riche et sombre, Ferme les branches d'or de son rouge éventail.
José-Maria de Hérédia.
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La Femme, S’il arrivait un jour, en quelque lieu sur terre, Qu’une entre vous vraiment comprît sa tâche austère, Si, dans le sentier rude avançant lentement, Cette âme s’arrêtait à quelque dévoûment, Si c’était la bonté sous les cieux descendue, Vers tous les malheureux la main toujours tendue, Si l’époux, si l’enfant à ce cœur ont puisé, Si l’espoir de plusieurs sur Elle est déposé, Femmes,enviez-la. Tandis que dans la foule Votre vie inutile en vains plaisirs s’écoule, Et que votre cœur flotte, au hasard entraîné, Elle a sa foi, son but et son labeur donné. Enviez-la. Qu’il souffre ou combatte, c’est Elle Que l’homme à son secours incessamment appelle, Sa joie et son appui, son trésor sous les cieux, Qu’il pressentait de l’âme et qu’il cherchait des yeux, La colombe au cou blanc qu’un vent du ciel ramène Vers cette arche en danger de la famille humaine, Qui, des saintes hauteurs en ce morne séjour, Pour branche d’olivier a rapporté l’amour. Louise Ackermann Le château de L'espérance. Ta pâle chevelure ondoie Parmi les parfums de ta peau Comme folâtre un blanc drapeau Dont la soie au soleil blondoie. Las de battre dans les sanglots L’air d’un tambour que l’eau défonce, Mon coeur à son passé renonce Et, déroulant ta tresse en flots, Marche à l’assaut, monte, ou roule ivre Par des marais de sang, afin De planter ce drapeau d’or fin Sur ce sombre château de cuivre Où, larmoyant de nonchaloir, L’Espérance rebrousse et lisse Sans qu’un astre pâle jaillisse La Nuit noire comme un chat noir. Stéphane Mallarmé. [size=16]Le Moulin au Printemps.[/size] La chaume et la mousse, verdissent le toit.
La colombe y glousse,l'hirondelle y boit.
Le bras d'un platane et le lierre épais couvrent la cabane.
D'une ombre de paix, la rosée en pluie brille à tout rameau.
Le rayon essuie la poussière d'eau ,le vent,qui secoue,
Le verger flottant,fait de notre joue neiger le printemps Sous la feuille morte, le brun rossignol niche vers la porte ,
Au niveau du sol, l'enfant qui se penche voit dans le jasmin,
Ses œufs sur la branche et retient sa main.
Lamartine. Poèsie de Printemps Tout est lumière, tout est joie. L'araignée au pied diligent Attache aux tulipes de soie Les rondes dentelles d'argent. La frissonnante libellule Mire les globes de ses yeux Dans l'étang splendide où pullule Tout un monde mystérieux. La rose semble, rajeunie, S'accoupler au bouton vermeil L'oiseau chante plein d'harmonie Dans les rameaux pleins de soleil. Sous les bois, où tout bruit s'émousse, Le faon craintif joue en rêvant : Dans les verts écrins de la mousse, Luit le scarabée, or vivant. La lune au jour est tiède et pâle Comme un joyeux convalescent; Tendre, elle ouvre ses yeux d'opale D'où la douceur du ciel descend ! Tout vit et se pose avec grâce, Le rayon sur le seuil ouvert, L'ombre qui fuit sur l'eau qui passe, Le ciel bleu sur le coteau vert ! La plaine brille, heureuse et pure; Le bois jase ; l'herbe fleurit. Homme ! ne crains rien ! la nature Sait le grand secret, et sourit. Victor Hugo Poèsie Regardez les branches Comme elles sont blanches ! Il neige des [size=24]fleurs.[/size] Riant dans la pluie, Le soleil essuie Les saules en pleurs Et le ciel reflète, Dans la violette Ses pures couleurs... La mouche ouvre l'aile Et la demoiselle Aux prunelles d'or, Au corset de guêpe Dépliant son crêpe, A repris l'essor. L'eau gaîment babille, Le goujon frétille Un printemps encore ! Théophile Gautier [size=16]La femme[/size] Mais maintenant vient une [size=16]femme, Et lors voici qu’on va aimer, Mais maintenant vient une femme Et lors voici qu’on va pleurer,[/size] Et puis qu’on va tout lui donner De sa maison et de son âme, Et puis qu’on va tout lui donner Et lors après qu’on va pleurer Car à présent vient une [size=16]femme, Avec ses lèvres pour aimer, Car à présent vient une femme Avec sa chair tout en beauté,[/size] Et des robes pour la montrer Sur des balcons, sur des terrasses, Et des robes pour la montrer A ceux qui vont, à ceux qui passent, Car maintenant vient une femme Suivant sa [size=16]vie pour des baisers, Car maintenant vient une femme, Pour s’y complaire et s’en aller.[/size] Max Elskamp, C'est toujours l'hiver L'hiver les heures collent. Est-ce le sommeil ou le froid? Elles ont de la peine à se décoller de l'horloge, [size=18]Et la sonnerie est enrhumée.[/size] L'été elles vont trop vite, Elles sont présentes une heure avant le temps Et le soleil les trouve bien espiègles De ne pas l'avoir attendu. [size=16][size=18]Félix Leclerc[/size][/size] [size=16][size=18] Ninnenne
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