. Et quel fâcheux démon,
Durant des nuits entières,
Rassemble ici les chats
De toutes les gouttières?
L'un miaule en grondant
Comme un tigre en furie
L'autre roule sa voix
Comme un [size=13]enfant qui crie.[/size]
Nicolas Boileau
Un [size=13]homme chérissait éperdument sa Chatte;[/size]
Il la trouvait mignonne, et belle, et délicate,
Qui miaulait d'un ton fort doux.
Il était plus fou que les fous.
Cet [size=13]homme donc, par prière, par larmes,[/size]
Par sortilèges et par charmes,
Fait tant qu'il obtient du destin
Que sa chatte en un beau matin
Devient femme, et le matin même,
Maître sot en fait sa moitié.
Jean de La Fontaine
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Le [size=13]chat ouvrit les yeux
Le soleil y entra.
Le chat ferma les yeux
Le soleil y resta.[/size]
Voilà pourquoi le soir,
Quand le [size=13]chat se réveille,
J'aperçois dans le noir
Deux morceaux de soleil.[/size]
Maurice Carême
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"Le mien ne mange pas les souris;
Il n'aime pas ça.
Il n'en attrape que pour jouer avec.
Quand il a bien joué, il lui fait grâce de la [size=13]vie,
Et il va rêver ailleurs, l'innocent,
Assis dans la boucle de sa queue,
La tête bien fermée comme un point.
Mais, à cause de ses griffes,
La souris est morte."[/size]
Jules Renard
Les chats
"Dans ma cervelle se promène,
Ainsi qu'en son appartement,
Un beau chat, fort, doux et charmant
Quand il miaule, on l'entend à peine.
Tant son timbre est tendre et discret;
Mais que sa voix s'apaise ou gronde,
Elle ezt toujours riche et profonde,
C'est là son charme et son secret.
Cette voix qui perle et qui filtre,
Dans mon fonds le plus ténébreux,
Me remplit comme un vers nombreux
Et me réjouit comme un philtre.
Elle endort les plus cruels maux
Et contient toutes les extases;
Pour dire les plus longues phrases,
Elle n'a plus besoin de mots.
Non, il n'est pas d'archet qui morde
Sur mon coeur, parfait instrument,
Et fasse plus royalement
Chanter sa plus vibrante corde,
Que ta voix, chat mystérieux,
Chat séraphique, chat étrange,
En qui tout est, comme en un ange,
Aussi subtil qu'harmonieux!
Charles Baudelaire
Petit roi de mai
C'est le roi, petit roi,
C'est le petit roi de mai
Qui sautille, là-bas,
Entre l'ail et le muguet.
Mais le chat, méchant chat,
Mais le méchant chat de mai
En courant l'aperçoit
Longeant l'ail et le muguet.
Petit roi, roi de mai,
Vite, vite, cache-toi!
Dans l'ail et le muguet,
N'entends-tu venir le chat?
Aïe! que c'est vite fait!
Le temps de lever un doigt
Et le chat, dans le muguet,
A croqué le roitelet.
Maurice Carême.
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La Patte du Chat
Le soir, comme ils rentraient des champs, les parents trouvent le chat sur la margelle du puit où il était occupé à faire sa toilette.
- Allons, dirent-ils, voilà le chat qui passe sa patte par-dessus son oreille. Il va encore pleuvoir demain.
En effet, le lendemain, la pluie tomba toute la journée. Il ne fallait pas penser à aller aux champs. Fâchés de ne[size=13]pouvoir mettre le nez dehors, les parents étaient de mauvaise humeur et peu patients avec leurs deux filles. Delphine, l’aînée, et Marinette, la plus blonde, jouaient dans la cuisine à pigeon vole, aux osselets, au pendu, à la poupée et à loup-y-es-tu.[/size]
- Toujours jouer, grommelaient les parents, toujours s’amuser. Des grandes filles comme ça. Vous verrez que quand elles auront dix ans, elles joueront encore. Au lieu de s’occuper à un ouvrage de couture ou d’écrire à leur oncle Alfred. Ce serait pourtant bien plus utile.
Quand ils en avaient fini avec les petites, les parents s’en prenaient au chat qui, assis sur la fenêtre, regardait pleuvoir.
- C’est comme celui-là. Il n’en fait pas lourd non plus dans une journée. Il ne manque pourtant pas de souris qui trottent de la cave au grenier. Mais Monsieur aime mieux se laisser nourrir à ne rien faire. C’est moins fatiguant.
- Vous trouvez toujours à redire à tout, répondait le chat. La journée est faite pour dormir et pour se distraire. La nuit, quand je galope à travers le grenier, vous n’êtes pas derrière moi pour me faire des compliments.
- C’est bon. Tu as toujours raison, quoi.
la fin de l’après-midi, la pluie continuait à tomber et, pendant que les parents étaient occupés à l’écurie, les petites se mirent à jouer autour de la table.
- Vous ne devriez pas jouer à çà, dit le chat. Ce qui va arriver, c’est que vous allez encore casser quelque chose. Et les parents vont crier.
- Si on t’écoutait, répondit Delphine, on ne jouerait jamais à rien.
-C’est vrai, approuva Marinette. Avec Alphonse (C’était le nom qu’elles avaient donné au chat), il faudrait passer son temps à dormir.
Alphonse n’insista pas et les petites se remirent à courir. Au milieu de la table, il y avait un plat en faïence qui était dans la maison depuis cent ans et auquel les parents tenaient beaucoup. En courant, Delphine et Marinette empoignèrent un pied de la table, qu’elles soulevèrent sans y penser. Le plat en faïence glissa doucement et tomba sur le carrelage où il fit plusieurs morceaux. Le chat, toujours assis sur la fenêtre, ne tourna même pas la tête. Les petites ne pensaient plus à courir et avaient très chaud aux oreilles.
- Alphonse, il y a le plat en faïence qui vient de se casser. Qu’est-ce qu’on va faire ?
- Ramassez les débris et allez les jeter dans un fossé. Les parents ne s’apercevront peur-être de rien. Mais non, il est trop tard. Les voilà qui rentrent.
En voyant les morceaux du plat en faïence, les parents furent si en colère qu’ils se mirent à sauter comme des puces au travers de la cuisine.
- Malheureuses ! criaient-ils, un plat qui était dans la famille depuis cent ans ! Et vous l’avez mis en morceaux ! Vous n’en ferez jamais d’autres, deux monstres que vous êtes. Mais vous serez punies. Défense de jouer et au pain sec !
Jugeant la punition trop douce, les parents s’accordèrent un temps de réflexion et reprirent, en regardant les petites avec des sourires cruels :
- Non, pas de pain sec. Mais demain, s’il ne pleut pas… demain… ah ! ah ! ah ! demain, vous irez voir la tante Mélina !
Delphine et Marinette étaient devenues très pâles et joignaient les main avec des yeux suppliants.
- Pas de prière qui tienne ! S’il ne pleut pas, vous irez chez la tante Mélina lui porter un pot de confiture.
La tante Mélina était une très vieille et très méchante femme, qui avait une bouche sans dents et un menton plein de barbe. Quand les petites allaient la voir dans son village, elle ne se lassait pas de les embrasser, ce qui n’était déjà pas très agréable, à cause de la barbe, et elle en profitait pour les pincer et leur tirer les cheveux. Son plaisir était de les obliger à manger d’un pain et d’un fromage, qu’elle avait mis à moisir en prévision de leur visite. En outre, la tante Mélina trouvait que ses deux petites nièces lui ressemblaient beaucoup et affirmait qu’avant la fin de l’année elles seraient devenues ses deux fidèles portraits, ce qui était effrayant à penser.
- Pauvres [size=13]enfants, soupira le chat. Pour un vieux plat déjà ébréché, c’est être bien sévère.[/size]
- De quoi te mêles-tu ? Mais, puisque tu les défends, c’est peut-être que tu les as aidées à casser le plat ?
- Oh ! non , dirent les petites. Alphonse n’a pas quitté la fenêtre ;
-Silence ! Ah ! vous êtes bien tous les mêmes. Vous vous soutenez tous. Il n’y en a pas un pour racheter l’autre. Un chat qui passe ses journées à dormir…
- Puisque vous le prenez sur ce ton-là, dit le chat, j’aime mieux m’en aller. Marinette, ouvre-moi la fenêtre.
Marinette ouvrit la fenêtre et le chat sauta dans la cour. La pluie venait juste de cesser et un vent léger balayait les nuages.
- Le ciel est en train de se ressuyer, firent observer les parents avec bonne humeur. Demain, vous aurez un temps superbe pour aller chez la tante Mélina. C’est une chance. Allons, assez pleuré ! Ce n’est pas ça qui raccommodera le plat. Tenez, allez plutôt chercher du bois dans la remise.
Dans la remise, les petites retrouvèrent le chat installé sur la pile de bois. A travers ses larmes, Delphine le regardait faire sa toilette.
- Alphonse, lui dit-elle avec un sourire joyeux qui étonna sa sœur.
-Quoi donc, ma petite fille ?
- Je pense à quelque chose. Demain, si tu voulais, on n’irait pas chez la tante Mélina.
- Je ne demande pas mieux, mais tout ce que je peux dire aux parents n’empêchera rien, malheureusement.
- Justement, tu n’aurais pas besoin des parents. Tu sais ce qu’ils ont dit ? Qu’on irait chez la tante Mélina s’il ne pleuvait pas.
- Alors ?
- Eh bien ! tu n’aurais qu’à passer ta patte derrière ton oreille. Il pleuvrait demain et on n’irait pas chez la tante Mélina.
- Tiens, c’est vrai, dit le chat, je n’y aurais pas pensé. Ma foi, c’est une bonne idée.
Il se mit aussitôt à passer la patte derrière son oreille. Il la passa plus de cinquante fois.
- Cette nuit, vous pourrez dormir tranquillement. Il pleuvra demain à ne pas mettre un chien dehors.
Pendant le dîner, les parents parlèrent beaucoup de la tante Mélina. Ils avaient déjà préparé le pot de confiture qu’ils lui destinaient. (....)
Marcel Aymé
Contes du chat perché.
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"Sous les ponts habite un [size=13]chat :[/size]
peau verdâtre rébrée, queue pelée, moustaches de crin,
ferme sur ses pattes, opposant le contrepoids au tangage
et le balancier au roulis;
il a fait deux fois le tour du [size=13]monde, et s'est sauvé d'un[/size]
naufrage sur un tonneau.
Les mousses donnent au coq un biscuit trempé dans du
vin, et matou a le privilège de dormir, quand il lui plait,
dans le vitchoura du second capitaine"
François-René de Chateaubriand
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A une chatte
Chatte blanche, chatte sans tache,
Je te demande, dans ces vers,
Quel secret dort dans tes yeux verts,
Quel sarcasme sous ta moustache.
Tu nous lorgnes, pensant tout bas
Que nos fronts pâles, que nos lèvres
Déteintes en de folles fièvres,
Que nos yeux creux ne valent pas
Ton museau que ton nez termine,
Rose comme un bouton de sein,
Tes oreilles dont le dessin
Couronne fièrement ta mine.
Pourquoi cette sérénité ?
Aurais-tu la clé des problèmes
Qui nous font, frissonnants et blêmes,
Passer le printemps et l'été ?
Devant la [size=13]mort qui nous menace,[/size]
Chats et gens, ton flair, plus subtil
Que notre savoir, te dit-il
Où va la beauté qui s'efface,
Où va la [size=13]pensée, où s'en vont [/size]
Les défuntes splendeurs charnelles ?
Chatte, détourne tes prunelles ;
J'y trouve trop de noir au fond.
Charles Cros
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Les chats
Les [size=13]amoureux fervents et les savants austères[/size]
Aiment également, dans leur mûre saison,
Les chats puissants et doux, orgueil de la maison,
Qui comme eux sont frileux et comme eux sédentaires.
Amis de la science et de la volupté,
Ils cherchent le silence et l’horreur des ténèbres ;
L’Erèbe les eût pris pour ses coursiers funèbres,
S’ils pouvaient au servage incliner leur fierté.
Ils prennent en songeant les nobles attitudes
Des grands sphinx allongés au fond des solitudes,
Qui semblent s’endormir dans un rêve sans fin ;
Leurs reins féconds sont pleins d’étincelles magiques
Et des parcelles d’or, ainsi qu’un sable fin,
Etoilent vaguement leurs prunelles mystiques.
Charles Baudelaire
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Femme et chatte
Elle jouait avec sa chatte,
Et c'était merveille de voir
La main blanche et la blanche patte
S'ébattre dans l'ombre du soir.
Elle cachait - la scélérate! -
Sous ces mitaines de fil noir
Ses meurtriers ongles d'agate,
Coupants et clairs comme un rasoir.
L'autre aussi faisait la sucrée
Et rentrait sa griffe acérée,
Mais le diable n'y perdait rien...
Et dans le boudoir où, sonore,
Tintait son rire aérien,
Brillaient quatre points de phosphore.
Paul Verlaine
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Ninnenne