Poème le mois de décembre
On me nomme Décembre,
Je sais me faire tendre,
Dernier de la lignée,
Me voilà un mois aimé.
Quelquefois capricieux,
Je laisse régner les cieux,
Le soleil et la pluie
Se disputent jour et nuit,
Et le vent en rage
Ne fait pas bon ménage,
Avec Madame la lune,
Qui va chercher fortune,
Auprès des étoiles,
La cachant d’un voile.
Empreint d’éducation,
J’offre mes attentions,
Le plus beau de mes jours
Pour la paix et l’amour,
Il s’appelle Noël,
Faisant la part belle,
A la joie des enfants,
Qui attendent les présents !
Pour finir en beauté,
Je termine l’année,
Avec la Saint Sylvestre,
Voyant enfin naître,
Ce fameux jour de l’an,
Gardé jalousement
Par mon ami Janvier
Qui revient présider.
Adieu cœurs en fête,
Adieu belle planète,
Soleil, lune d’argent,
Etoiles dans le vent,
De la pluie sur mes joues ?
Chagrin au rendez vous !
Avec tout mon amour,
Reprenant tous mes jours
Je m’envole tristement,
Vers la Table du temps.
Michelle Ruiz
Souffles
« Ecoute plus souvent
Les choses que les êtres ,
La voix du feu s’entend,
Entends la voix de l’eau.
Ecoute dans le vent,
Le buisson en sanglots:
C’est le souffle des ancêtres. »
« Ceux qui sont morts ne sont jamais partis :
Ils sont dans l’ombre qui s’éclaire
Et dans l’ombre qui s’épaissit.
Les morts ne sont pas sous la terre :
Ils sont dans l’arbre qui frémit ,
Ils sont dans le bois qui gémit,
Ils sont dans l’eau qui coule,
Ils sont dans l’eau qui dort,
Ils sont dans la case, ils sont dans la foule,
Les morts ne sont pas morts.
Ecoute plus souvent
Les choses que les êtres.
La voix du feu s’entend ;
Entends la voix de l’eau.
Ecoute dans le vent
Le buisson en sanglots :
C’est le souffle des ancêtres morts,
Qui ne sont pas partis,
Qui ne sont pas sous la terre,
Qui ne sont pas morts.
Ceux qui sont morts ne sont jamais partis :
Ils sont dans le sein de la [size=16]femme,[/size]
Ils sont dans l’enfant qui vagit
Et dans le tison qui s’enflamme.
Les morts ne sont pas sous la terre :
Ils sont dans le feu qui s’éteint,
Ils sont dans les herbes qui pleurent,
Ils sont dans le rocher qui geint,
Ils sont dans la forêt, ils sont dans la demeure,
Les morts ne sont pas morts.
Ecoute plus souvent,
Les choses que les êtres,
La voix du feu s’entend,
Entends la voix de l’eau
Ecoute dans le vent
Le buisson en sanglots,
C’est le souffle des ancêtres.
Il redit chaque jour le pacte,
Le grand Pacte qui lie,
Qui lie à la Loi notre sort ,
Aux actes des souffles plus forts
Le sort de nos Morts qui ne sont pas morts.
Le lourd pacte qui nous lie à la vie.
La sourde Loi qui nous lie aux actes
Des souffles qui se meurent
Dans le lit et sur les rives du Fleuve,
Des souffles qui se meuvent
Dans le rocher qui geint et dans l’herbe qui pleure
Des souffles qui demeurent
Dans l’ombre qui s’éclaire et s’épaissit,
Dans l’arbre qui frémit, dans le bois qui gémit
Et dans l’eau qui coule et dans l’eau qui dort,
Des souffles plus forts qui ont pris
Le souffle des morts qui ne sont pas morts,
Des Morts qui ne sont pas partis,
Des Morts qui ne sont plus sous la terre.
Ecoute plus souvent
Les choses que les êtres
La Voix du Feu s’entend.
Ecoute la voix de l’eau.
Ecoute dans le vent
Le buisson en sanglots,
C’est le souffle des ancêtres.
Birago Diop
C'est vrai que dans le souffle du vent on peut entendre la voix de ceux qu'on a aimé et perdu...il suffit de penser à eux...
La fortune et le jeune enfant Jean de La Fontaine
La Fortune et le jeune Enfant
Sur le bord d'un puits très profond
Dormait étendu de son long
Un [size=16]Enfant alors dans ses classes.[/size]
Tout est aux Ecoliers couchette et matelas.
Un honnête homme en pareil cas
Aurait fait un saut de vingt brasses.
Près de là tout heureusement
La Fortune passa, l'éveilla doucement,
Lui disant : Mon mignon, je vous sauve la vie.
Soyez une autre fois plus sage, je vous prie.
Si vous fussiez tombé, l'on s'en fût pris à moi ;
Cependant c'était votre faute.
Je vous demande, en bonne foi,
Si cette imprudence si haute
Provient de mon caprice. Elle part à ces mots.
Pour moi, j'approuve son propos.
Il n'arrive rien dans le monde
Qu'il ne faille qu'elle en réponde.
Nous la faisons de tous Echos.
Elle est prise à garant de toutes aventures.
Est-on sot, étourdi, prend-on mal ses mesures ;
On pense en être quitte en accusant son sort :
Bref la Fortune a toujours tort.
Jean de La Fontaine
Livre 5 Fable XI
Dans ses classes : Un [size=16]enfant qui va encore à l’école. Il dormait ! Mais, ironie, que faire d’autre à l’école ?[/size]
Un honnête homme : Homme du monde parfait, cultivé, raisonnable, le type idéal de l'époque classique.
La brasse, cette ancienne mesure de longueur, vaut environ 1,62 m.
Fortune : La déesse du destin chez les Romains.
Garant : Responsable.
Mesures : Précautions.
La Fortune a toujours tort : « On a toujours raison, le destin toujours tort. » (« L’ingratitude et l’injustice des Hommes envers la Fortune », vers 46).
C'est vrai : derrière les accidents que l'on attribue au destin, il y a souvent beaucoup d'imprudence et une grande part de responsabilité
Le foyer, la lueur étroite de la lampe
Le foyer, la lueur étroite de la lampe ;
La rêverie avec le doigt contre la tempe
Et les yeux se perdant parmi les yeux aimés ;
L’heure du thé fumant et des [size=16]livres fermés ;[/size]
La [size=16]douceur de sentir la fin de la soirée ;[/size]
La fatigue charmante et l’attente adorée ;
De l’ombre nuptiale et de la douce nuit,
Oh ! tout cela, mon rêve attendri le poursuit
Sans relâche, à travers toutes remises vaines,
Impatient mes mois, furieux des semaines !
Paul Verlaine
Ninnenne