POEMES SUR LE MOIS DE DECEMBREOuvrez les gens ouvrez la porte poème de Décembre
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Décembre
Ouvrez, les gens, ouvrez la porte,
je frappe au seuil et à l’auvent,
ouvrez, les gens, je suis le vent,
qui s’habille de feuilles mortes.
Entrez, monsieur, entrez, le vent,
voici pour vous la cheminée
et sa niche badigeonnée ;
entrez chez nous, monsieur le vent.
Ouvrez, les gens, je suis la pluie,
je suis la veuve en robe grise
dont la trame s’indéfinise,
dans un brouillard couleur de suie.
Entrez, la veuve, entrez chez nous,
entrez, la froide et la livide,
les lézardes du mur humide
s’ouvrent pour vous loger chez nous.
Levez, les gens, la barre en fer,
ouvrez, les gens, je suis la neige,
mon manteau blanc se désagrège
sur les routes du vieil hiver.
Entrez, la neige, entrez, la dame,
avec vos pétales de lys
et semez-les par le taudis
jusque dans l’âtre où vit la flamme.
Car nous sommes les gens inquiétants
qui habitent le Nord des régions désertes,
qui vous aimons - dites, depuis quels temps ?
pour les peines que nous avons par vous souffertes.
Emile Verhaeren.
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Les beaux ours blancs
Décembre
Le hibou parmi les décombres
Hurle, et Décembre va finir ;
Et le douloureux souvenir
Sur ton coeur jette encor ses ombres.
Le vol de ces jours que tu nombres,
L’aurais-tu voulu retenir ?
Combien seront, dans l’avenir,
Brillants et purs ; et combien, sombres ?
Laisse donc les ans s’épuiser.
Que de larmes pour un baiser,
Que d’épines pour une rose !
Le temps qui s’écoule fait bien ;
Et mourir ne doit être rien,
Puisque vivre est si peu de chose.
François Coppée.
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Décembre vient de pointer le bout de son nez poème
Décembre
Décembre vient de pointer le bout de son nez.
La ville pour lui, s'est illuminée,
Et l'on a décoré toute la maisonnée.
Comme il est doux de se pelotonner
Les jambes repliées, sur le canapé
Dans une chaude couverture, drapée.
De se laisser emporter, somnolent
Sans résistance dans ses songes d'enfant,
Par le sapin clignotant, juste éclairé.
Et les souvenirs, remontent enfin libérés
Qu'il était beau ce Noël tout blanc
Dans ce triste pays , camouflant
La grisaille des usines et des paysages
Pour créer un décor de rêve pour enfant sage.
Dominique Sagne.
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Janvier poème
Janvier
Il fait froid
Les blizzards soufflent, et nul rayon
Ne dore des forêts les blancheurs infinies;
Mais Noël sur nos seuils laissa comme un sillon
De clartés, de parfums, de paix et d'harmonies.
Et sur l'épais verglas des chemins boulineux,
Sur les trottoirs glissants et clairs comme l'agate,
Dans les logis obscurs, sous les toits lumineux,
L'allégresse loquace et tapageuse éclate.
En vain la neige à flots tombe des cieux brouillés,
En vain le grand réseau polaire nous enlace,
En vain le fouet du vent nous flagelle la face,
Nos cœurs ont la chaleur des bords ensoleillés.
Nos cœurs français n'ont rien des froideurs de la bise
Qui tord l'arbre souffrant et mort presque à moitié,
Et nous nous enivrons de la senteur exquise
Qu'épanche sur nos fronts l'arbre de l'Amitié.
Ce vif rayonnement de joie en tous sens brille
Et glisse jusqu'au gîte isolé du colon.
Aux tables des fricots le sel gaulois pétille,
Et tout un monde gigue au son du violon.
Les somptueux salons sont ruisselants de flammes,
Et sous le flamboiement des lustres de cristal,
Comme un écho divin, la musique du bal
Emporte en ses replis prestigieux les âmes.
Dans tout cercle du soir plus vive est la gaîté,
Pendant que sur les toits sanglote la rafale,
Ou qu'au ciel éclairci l'aurore boréale
Déroule les splendeurs de son voile enchanté.
William Chapman.
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Chanson de Janvier
Ô le clair matin, la belle gelée !
Un soleil d’argent sur la plaine blanche
Verse une clarté frileuse et voilée :
On sonne la messe à toute volée :
Ô la bonne bise, ô le beau dimanche !
Sur les arbres morts aux ramures nues
En fins diamants resplendit le givre.
L’azur froid scintille à travers les nues,
Voilà mes gaîtés soudain revenues
Mon sang se réveille et je me sens vivre.
Adieu les couchants tout rayés de pluie,
Et les pleurs brouillés des mornes aurores
Les grands horizons brillent, et j’oublie
Les soirs gris trempés de mélancolie,
Sur le sol durci des routes sonores.
Allons respirer l’air de la prairie.
Sous les glaçons bleus chantent les fontaines;
C’est de purs cristaux que l’herbe est fleurie;
Mon cœur allégé vibre et se marie
Aux frais carillons des cloches lointaines.
Charles Grandmougin.
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Janvier
Songes-tu parfois, bien-aimée,
Assise près du foyer clair,
Lorsque sous la porte fermée
Gémit la bise de l’hiver,
Qu’après cette automne clémente,
Les oiseaux, cher peuple étourdi,
Trop tard, par un jour de tourmente,
Ont pris leur vol vers le Midi ;
Que leurs ailes, blanches de givre,
Sont lasses d’avoir voyagé ;
Que sur le long chemin à suivre
Il a neigé, neigé, neigé ;
Et que, perdus dans la rafale,
Ils sont là, transis et sans voix,
Eux dont la chanson triomphale
Charmait nos courses dans les bois ?
Hélas ! comme il faut qu’il en meure
De ces émigrés grelottants !
Y songes-tu ?
Moi, je les pleure,
Nos chanteurs du dernier printemps.
Tu parles, ce soir où tu m’aimes,
Des oiseaux du prochain Avril ;
Mais ce ne seront plus les mêmes,
Et ton amour attendra-t-il
François Coppée.
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Janvier prend la neige pour châle poème
- Citation :
Janvier prend la neige pour châle
Janvier prend la neige pour châle ;
Février fait glisser nos pas ;
Mars de ses doigts de soleil pâle,
Jette des grêlons aux lilas.
Avril s’accroche aux branches vertes ;
Mai travaille aux chapeaux fleuris ;
Juin fait pencher la rose ouverte
prés du beau foin qui craque et rit.
Juillet met les œufs dans leurs coques
Août sur les épis mûrs s’endort ;
Septembre aux grands soirs équivoques,
Glisse partout ses feuilles d’or.
Octobre a toutes les colères,
Novembre a toutes les chansons
Des ruisseaux débordant d’eau claire,
Et Décembre a tous les frissons.
Rosemonde Gérard Rostand.
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Février
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Le soleil maintenant allonge son parcours;
L'aube plus tôt sourit aux bois impénétrables;
Mais l'air est toujours vif, l'autan rugit toujours
Parmi les rameaux nus et glacés des érables.
L'avalanche sans fin croule du ciel blafard;
Nos toits tremblent au choc incessant des tempêtes.
Cependant à travers bise, neige, brouillard,
Nous formons de nos jours une chaîne de fêtes.
Et tous les rudes sports d'hiver battent leur plein
Au milieu de clameurs follement triomphales;
Sur des flots dont le gel fit un cirque opalin
Les grands trotteurs fumants distancent les rafales.
Sur le ring ou l'étang par le vent balayé
Le gai patineur file ou tourne à perdre haleine.
Le sourire à la lèvre et la raquette au pied,
Des couples d'amoureux cheminent dans la plaine.
Par un souffle inconnu chacun est emporté.
Dans tous les yeux le feu du plaisir étincelle;
Et dans le bourg naissant comme dans la cité
Le bruyant Carnaval agite sa crécelle.
Les hôtels sont bondés de lointains visiteurs.
Maint pierrot dans la rue étale sa grimace.
La nuit, torches aux poings, les fougueux raquetteurs
S'élancent à l'assaut des grands palais de glace.
A d'émouvants tournois la multitude accourt.
Tout le peuple s'ébat, tout le peuple festoie,
Car, puisque Février est le mois le plus court,
Il voudrait s'y griser de la plus longue joie.
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William Chapman.
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Oiseaux de neige poème
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Février
Oiseaux de neige
Aux pans du ciel l'hiver drape un nouveau décor ;
Au firmament l'azur de tons roses s'allume ;
Sur nos trottoirs un vent plus doux enfle la plume
Des petits moineaux gris qu'on y retrouve encor.
Maint coup sec retentit dans la forêt qui dort ;
Et, dans les ravins creux qui s'emplissent de brume,
Aux franges du brouillard malsain qui nous enrhume
L'Orient plus vermeil met une épingle d'or.
Folâtre, et secouant sa clochette argentine,
Le bruyant Carnaval fait sonner sa bottine
Sur le plancher rustique ou le tapis soyeux ;
Le spleen chassé s'en va chercher d'autres victimes ;
La gaîté vient s'asseoir à nos cercles intimes...
C'est le mois le plus court : passons-le plus joyeux
Louis-Honoré Fréchette.
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