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| POEMES SUR DAME NATURE | |
| | Auteur | Message |
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marileine moderateur
Messages : 27475 Date d'inscription : 08/03/2012 Localisation : belgique
| Sujet: POEMES SUR DAME NATURE Sam 7 Nov - 14:46 | |
| [size=24]Poème sur Dame Nature[/size]
[size=24][size=16]Mars
En mars, quand s'achève l'hiver,[/size] Que la campagne renaissante Ressemble à la convalescente Dont le premier sourire est cher ;
Quand l'azur, tout frileux encore, Est de neige éparse mêlé, Et que midi, frais et voilé, Revêt une blancheur d'aurore ;
Quand l'air doux dissout la torpeur Des eaux qui se changeaient en marbres ; Quand la feuille aux pointes des arbres Suspend une verte vapeur ;
Et quand la femme est deux fois belle, Belle de la candeur du jour, Et du réveil de notre amour Où sa pudeur se renouvelle,
Oh ! Ne devrais-je pas saisir Dans leur vol ces rares journées Qui sont les matins des années Et la jeunesse du désir ?
Mais je les goûte avec tristesse ; Tel un hibou, quand l'aube luit, Roulant ses grands yeux pleins de nuit, Craint la lumière qui les blesse,
Tel, sortant du deuil hivernal, J'ouvre de grands yeux encore ivres Du songe obscur et vain des livres, Et la nature me fait mal.[/size] René-François Sully Prudhomme. [size=16][/size] [size=16]Le Vent
Il fait grand vent, le ciel roule de grosses voix, Des géants de vapeur y semblent se poursuivre, Les feuilles mortes fuient avec un bruit de cuivre, On ne sait quel troupeau hurle à travers les bois
Et je ferme les yeux et j'écoute. Or je crois Ouïr l'àpre combat qui nuit et jour, se livre : Cris de ceux qu'on enchaîne et de ceux qu'on délivre, Rumeur de liberté, son du bronze des rois...
Mais je laisse aujourd'hui le grand vent de l'histoire Secouer l'écheveau confus de ma mémoire Sans qu'il éveille en moi des regrets ni des vœux,
Comme je laisse errer cette vaine tempête Qui passe furieuse en flagellant ma tête Et ne peut, rien sur moi qu'agiter mes cheveux.
Sully Prudhomme.
[/size] Aux arbres
Arbres de la forêt vous connaissez mon âme.
Au gré des envieux la foule loue et blâme ;
Vous me connaissez vous , vous m'avez vous souvent,
Seul dans vos profondeurs regardant et rêvant.
Vous le savez la pierre où court un scarabée, Une humble goutte d'eau de [size=16]fleur en fleur tombée,
Un nuage un oiseau m'occupent tout un jour.
La contemplation m'emplit le coeur d'amour.
Vous m'avez vu cent fois dans la vallée obscure,
Avec ces mots que dit l'esprit à la nature,
Questionner tout bas vos rameaux palpitants,
Et du même regard poursuivre en même temps,
Pensif le front baissé l'oeil dans l'herbe profonde,
L'étude d'un atome et l'étude du monde.
Attentif à vos bruits qui parlent tous un peu,
Arbres, vous m'avez vu fuir l'homme et chercher Dieu ,
Feuilles qui tressaillez à la pointe des branches,
Nids dont le vent au loin sème les plumes blanches,
Clairières vallons verts déserts sombres et doux,
Vous savez que je suis calme et pur comme vous.
Comme au ciel vos parfums mon culte à Dieu s'élance,
Et je suis plein d'oubli comme vous de silence ,
La haine sur mon nom répand en vain son fiel ;
Toujours je vous atteste ô bois aimés du ciel ,
J'ai chassé loin de moi toute pensée amère,
Et mon coeur est encor tel que le fit ma mère !
Arbres de ces grands bois qui frissonnez toujours,
Je vous aime et vous lierre au seuil des autres sourds,
Ravins où l'on entend filtrer les sources vives,
Buissons que les oiseaux pillent joyeux convives !
Quand je suis parmi vous arbres de ces grands bois,
Dans tout ce qui m'entoure et me cache à la fois,
Dans votre solitude où je rentre en moi-même,
Je sens quelqu'un de grand qui m'écoute et qui m'aime !
Aussi taillis sacrés où Dieu même apparaît,
Arbres religieux chênes mousses forêt,
Forêt c'est dans votre ombre et dans votre mystère,
C'est sous votre branchage auguste et solitaire,
Que je veux abriter mon sépulcre ignoré,
Et que je veux dormir quand je m'endormirai.
Victor Hugo[/size]
[size=16][/size] Poème sur la PluiePendant la pluie, M'a dit la pluie : Écoute Ce que chante ma goutte, Ma goutte au chant perlé. Et la goutte qui chante M'a dis ce chant perlé : Je ne suis pas méchante, Je fais mûrir le blé.
Ne sois pas triste mine J'en veux à la famine. Si tu tiens à ta chair, Bénis l'eau qui t'ennuie Et qui glace ta chair ; Car c'est grâce à la pluie Que le pain n'est pas cher.
Le ciel toujours superbe Serait la soif à l'herbe Et la mort aux épis. Quand la moisson est rare Et le blé sans épis, La paysan avare Te dit : Crève, eh ! tant pis !
Mais quand avril se brouille, Que son ciel est de rouille, Et qu'il pleut comme il faut, Le paysan bonasse Dit à sa femme : il faut, Lui remplir sa besace, Lui remplir jusqu'en haut.
M'a dit la pluie : Écoute Ce que chante ma goutte, Ma goutte au chant perlé. Et la goutte qui chante M'a dit ce chant perlé Je ne suis pas méchante, Je fais mûrir le blé. Maurice Rollinat. La forêt Forêt silencieuse, aimable solitude, Que j'aime à parcourir votre ombrage ignoré Dans vos sombres détours, en rêvant égaré, J'éprouve un sentiment libre d'inquiétude ! Prestiges de mon coeur ! je crois voir s'exhaler Des arbres, des gazons une douce tristesse : Cette onde que j'entends murmure avec mollesse, Et dans le fond des bois semble encor m'appeler. Oh ! que ne puis-je, heureux, passer ma vie entière Ici, loin des humains . Au bruit de ces ruisseaux, Sur un tapis de fleurs, sur l'herbe printanière, Qu'ignoré je sommeille à l'ombre des ormeaux ! Tout parle, tout me plaît sous ces voûtes tranquilles ; Ces genêts, ornements d'un sauvage réduit, Ce chèvrefeuille atteint d'un vent léger qui fuit, Balancent tour à tour leurs guirlandes mobiles. Forêts, dans vos abris gardez mes voeux offerts ! A quel amant jamais serez-vous aussi chères , D'autres vous rediront des amours étrangères ; Moi de vos charmes seuls j'entretiens les déserts. François-René de Chateaubriant. [size=16][/size] La Chanson de l'eau[size=16]Chanson de l'eau[/size] Furtive comme un petit rat Un petit rat d’ Aubervilliers Comme la misère qui court les rues Les petites rues d’ Aubervilliers L'eau courante court sur le pavé Sur le pavé d’ Aubervilliers Elle se dépêche Elle est pressée On dirait qu'elle veut échapper Echapper à Aubervilliers Pour s'en aller dans la campagne Dans les prés et les forêts Et raconter à ses compagnes Les rivières les bois et les prés Les simples rêves des ouvriers Des ouvriers d'Aubervilliers. Jacques Prévert.
La pluie venue du Mont Ki-Chan Le vent avait chassé la pluie aux larges gouttes, Le soleil s'étalait, radieux, dans les airs, Et les bois, secouant la fraîcheur de leurs voûtes, Semblaient, par les vallons, plus touffus et plus verts.
Je montai jusqu'au temple accroché sur l'abîme , Un bonze m'accueillit, un bonze aux yeux baissés. Là, dans les profondeurs de la raison sublime, J'ai rompu le lien de mes désirs passés.
Nos deux voix se taisaient, à tout rendre inhabiles , J'écoutais les oiseaux fuir dans l'immensité , Je regardais les fleurs, comme nous immobiles, Et mon coeur comprenait la grande vérité . Louis Bouilhet. O Nature ! Bientôt. O Nature ! bientôt, sous le nom d’industrie, Tu vas tout envahir, tu vas tout absorber. Le poète navré s’indigne et se récrie Quoi ! sous ce joug brutal il faudra nous courber Non, tant que la beauté dominera l’argile, Dans le conflit sacré, c’est nous qui l’emportons. Comme le bras, la voix a sa tâche virile A chacun son essor : travaillez ! nous chantons. Louise Ackermann. Parabole. Parmi l’étang d’or sombre Et les nénuphars blancs, Un vol passant de hérons lents Laisse tomber des ombres. Elles s’ouvrent et se ferment sur l’eau Toutes grandes, comme des mantes Et le passage des [size=16]oiseaux, là-haut, S’indéfinise, ailes ramantes.[/size] Un pêcheur grave et théorique Tend vers elles son filet clair, Ne voyant pas qu’elles battent dans l’air Les larges ailes chimériques, Ni que ce qu’il guette, le jour, la nuit, Pour le serrer en des mailles d’ennui, En bas, dans les vases, au fond d’un trou, Passe dans la lumière, insaisissable et fou. Les bords de la route Emile Verhaeren.
Le Lac. On le voit caressant l'amertume des eaux, Et le flanc vieillissant de ces terres de roseaux,
Ou les coteaux s'achèvent dans leurs vastes repos, Dessous les ombres brèves du feuillage des bouleaux, C'est dans l'odeur terreuse sur le seuil de ces rives, Que s'en viennent paresseuses mourir des vagues grises, L'aub' dénoue ses lumières qui s'attardent sur les branches, Dans les replis des pierres et leur goût du silence . Les blessures de l'argile tel un chant naufragé , Sont la mesure fragile d'un temps recommencé, Ou l'homme aux pieds de boue avance d'un pas tremblant , Sur l'étoffe des cailloux des eaux aux bords dormants . Didier Venturini.
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| | | marileine moderateur
Messages : 27475 Date d'inscription : 08/03/2012 Localisation : belgique
| Sujet: Re: POEMES SUR DAME NATURE Sam 7 Nov - 15:07 | |
| Poème il pleut bergèreIl pleut, il pleut, bergère. Presse tes blancs moutons, Allons sous ma chaumière, Bergère, vite, allons. J'entends sur le feuillage L'eau qui tombe à grand bruit. Voici, voici l'orage, Voici l'éclair qui luit.
Bonsoir, bonjour, ma mère, Ma soeur Anne, bonjour. J'amène ma bergère Près de nous pour ce soir. Va te sécher, ma mie, Auprès de nos tisons. Soeur, fais-lui compagnie . Entrez, petits moutons.
Soupons: prends cette chaise, Tu seras près de moi . Ce flambeau de mélèze Brûlera devant toi . Goûte de ce laitage . Mais tu ne manges pas . Tu te sens de l'orage . Il a lassé tes pas.
Eh bien, voici ta couche. Dors-y jusques au jour . Laisse-moi sur ta bouche Prendre un baiser d'amour. Ne rougis pas, bergère . Ma mère et moi, demain, Nous irons chez ton père Lui demander ta main.
Philippe Fabre d'Eglantine.
[size=24]Les rayons de Novembre Poème[/size] Les rayons de Novembre
De grands nuages gris estompent l’horizon; Le soleil jette à peine un regard à la terre; Les feuilles et les fleurs roulent sur le gazon Et le torrent gonflé gronde comme un tonnerre. Adieu le soir serein ! adieu le matin clair ! Adieu le frais ombrage ! adieu les folles courses ! Adieu les voix d’oiseaux qui se croisent dans l’air ! Adieu le gazouillis des buissons et des sources ! Plus de gais moissonneurs attroupés dans les blés ! Plus d’amoureux rêveurs assis sous les tonnelles ! Plus de concerts la [size=18]nuit sur les flots étoilés ! Dans les prés et les bois plus de parfums, plus d’ailes ! Mais parfois le soleil, déchirant les brouillards, Verse des lueurs d’or sur les eaux et les chaumes... Et nous croyons ouïr les oiseaux babillards, Nous respirons partout de sauvages arômes. L’arbre nu nous paraît se rhabiller de vert : Le vent attiédi joue avec ses rameaux souples; Et dans le creux du val, de feuilles recouvert, Il nous semble encor voir errer de joyeux couples. Ainsi que la saison des fleurs et des amours, Se sont évanouis mes rêves de jeunesse; Un nuage a passé tout à coup sur mes jours, Dérobant un soleil qui me versait l’ivresse. Cependant quelquefois à travers mon ciel noir Un reflet radieux glisse à mon front morose... Alors dans le passé lumineux je crois voir De mes bonheurs enfuis flotter l’image rose. Et puis devant mes yeux rayonne l’avenir; L’espérance renaît dans mon âme ravie... Et le rayon qui brille un instant sur ma vie, C’est celui que le cœur nomme le souvenir.
William Chapman.[/size] [size=18][/size] [size] Il fait Novembre en mon âme poème[/size] Il fait Novembre en mon âme Rayures d'eau, longues feuilles couleur de brique, Par mes plaines d'éternité comme il en tombe ! Et de la pluie et de la pluie et la réplique D'un gros vent boursouflé qui gonfle et qui se bombe Et qui tombe, rayé de pluie en de la pluie. Il fait novembre en mon âme Feuilles couleur de ma douleur, comme il en tombe ! Par mes plaines d'éternité, la pluie Goutte à goutte, depuis quel temps, s'ennuie, Il fait novembre en mon âme Et c'est le vent du Nord qui clame Comme une bête dans mon âme. Feuilles couleur de lie et de douleur, Par mes plaines et mes plaines comme il en tombe ; Feuilles couleur de mes douleurs et de mes pleurs, Comme il en tombe sur mon coeur ! Avec des loques de nuages, Sur son pauvre oeil d'aveugle S'est enfoncé, dans l'ouragan qui meugle, Le vieux soleil aveugle. Il fait novembre en mon âme Quelques osiers en des mares de limon veule Et des cormorans d'encre en du brouillard, Et puis leur cri qui s'entête, leur morne cri Monotone, vers l'infini ! Il fait novembre en mon âme Une barque pourrit dans l'eau, Et l'eau, elle est d'acier, comme un couteau, Et des saules vides flottent, à la dérive, Lamentables, comme des trous sans dents en des gencives. Il fait novembre en mon âme Il fait novembre et le vent brame Et c'est la pluie, à l'infini, Et des nuages en voyages Par les tournants au loin de mes parages Il fait novembre en mon âme Et c'est ma bête à moi qui clame, Immortelle, dans mon âme ! Emile Verhaeren. Très beau poéme sur la femme La BéatriceDans des terrains cendreux, calcinés, sans verdure, Comme je me plaignais un jour à la [size=18]nature, Et que de ma pensée, en vaguant au hasard, J'aiguisais lentement sur mon coeur le poignard, Je vis en plein midi descendre sur ma tête Un nuage funèbre et gros d'une tempête, Qui portait un troupeau de démons vicieux, Semblables à des nains cruels et curieux. A me considérer froidement ils se mirent, Et, comme des passants sur un fou qu'ils admirent, Je les entendis rire et chuchoter entre eux, En échangeant maint signe et maint clignement d'yeux Contemplons à loisir cette caricature Et cette ombre d'Hamlet imitant sa posture, Le regard indécis et les cheveux au vent. N'est-ce pas grand'pitié de voir ce bon vivant, Ce gueux, cet histrion en vacances, ce drôle, Parce qu'il sait jouer artistement son rôle, Vouloir intéresser au chant de ses douleurs Les aigles, les grillons, les ruisseaux et les fleurs, Et même à nous, auteurs de ces vieilles rubriques, Réciter en hurlant ses tirades publiques ? J'aurais pu mon orgueil aussi haut que les monts Domine la nuée et le cri des démons Détourner simplement ma tête souveraine, Si je n'eusse pas vu parmi leur troupe obscène, Crime qui n'a pas fait chanceler le soleil ! La reine de mon coeur au regard non pareil, Qui riait avec eux de ma sombre détresse Et leur versait parfois quelque sale caresse.
[/size] Charles Baudelaire .POEMES SUR L'AUTOMNEL’automne Lâche comme le froid et la pluie, Brutal et sourd comme le vent, Louche et faux comme le ciel bas, L’automne rôde par ici ; Son bâton heurte aux contrevents ; Ouvre la porte, car il est là. Ouvre la porte et fais-lui honte. Car je le connais bien, c’est lui Qui vint l’autan avec des phrases, Avec des sourires et des grappes, Parlant du bon soleil qui luit, Du vent d’été qui bruit et jase, Du bon repos après l’étape ; Il a soupé à notre table Je le reconnais bien, te dis-je, Il a goûté au vin nouveau, Puis on l’a couché dans l’étable Entre la jument et le veau : Le lendemain, l’eau était prise ; Les feuilles avaient plu sous la gelée. Ferme la porte et les volets. Qu’il passe son chemin, au moins, Qu’il couche ailleurs que dans mon foin, Qu’il aille mendier plus loin. Avec des feuilles dans sa barbe Et ses yeux creux qui vous regardent Et sa voix rauque et doucereuse ; À d’autres ! [size=18]moi, je le reconnais,Qu’il s’attife d’or ou qu’il gueuse. Rentre la cloche : s’il sonnait !Prépare une flambée : j’attendsLe vieil hiver au regard franc.[/size] Francis Vielé-Griffin. [size=18][/size] Les brumes d'AutomneBrume d'AutomneDéjà sur les coteaux les brumes de l'AutomneEtendent chaque soir leurs voiles ténébreuxEt les arbres jaunis ont l'aspect monotoneDe nos plaisirs passés dans les jours malheureux.Le Ciel est confondu aux couleurs de la TerreUn nuage léger arrête nos regardsEt le bois assombri semble plus solitaireQuand il a revêtu la robe des brouillards.Les yeux cherchent en vain les lueurs grandiosesDes crépuscules d'or dans les cieux embrasésSon image s'efface et les brumes morosesJalouses du Soleil nous cachent ses clartés.Il semble que la Mort de son baiser de glaceA touché la Nature et ses riants atoursAinsi dans notre coeur tout change et tout s'effaceSous le baiser trompeur des farouches amours.Il est un âge aussi au déclin de la VieOù de nos souvenirs les voiles nébuleuxNous cachent les beautés d'une extase ravieOù le regret en deuil sait attrister nos yeux.Nous pleurons le Passé et des larmes amèresExpliquent nos chagrins et nos grands désespoirsNous pleurons et nos coeurs se fermant aux chimèresVeulent aimer encor dans le calme des soirs.L'Amour sur nos désirs tel les brumes d'AutomneEtend comme un linceul ses voiles ténébreuxEt tremblante d'émoi notre lèvre fredonne Les refrains qu'on chantait dans les jours bienheureux.Honoré Harmand. [size=18][/size] L'Automne arriveMélancolie Le vent tourbillonnant, qui rabat les volets, Là-bas tord la forêt comme une chevelure. Des troncs entrechoqués monte un puissant murmure, Pareil au bruit des mers, rouleuses de galets. L'automne qui descend des collines voilées Fait, sous ses pas profonds, tressaillir notre cœur Et voici que s'afflige avec plus de ferveur Le tendre désespoir des roses envolées. Le vol des guêpes d'or qui vibrait sans repos S'est tu : le pêne grince à la grille rouillée ; La tonnelle grelotte et la terre est mouillée, Et le linge blanc claque, éperdu, dans l'enclos. Le jardin nu sourit comme une face aimée Qui vous dit longuement adieu, quand la mort vient ; Seul le son d'une enclume ou l'aboiement d'un chien Monte, mélancolique, à la vitre fermée. Albert Samain. Les Soleils de Novembre PoèmeLes Soleils de Novembre Un beau ciel de novembre aux clartés automnales Baignait de ses tiédeurs les vallons vaporeux ; Les feux du jour buvaient les gouttes matinales Qui scintillaient dans l’herbe au bord des champs pierreux. Les coteaux de Lormont, où s’effeuillaient les vignes, Étageaient leurs versants jaunis sous le ciel clair ; Vers l’orient fuyaient et se perdaient leurs lignes En des lointains profonds et bleus comme la mer. Lente et faible, la brise avait des plaintes douces En passant sous les bois à demi dépouillés ; L’une après l’une au vent tombaient les feuilles rousses, Elles tombaient sans bruit sur les gazons mouillés. Hélas ! plus d’hirondelles au toit brun des chaumières, Plus de vol printanier égayant l’horizon ; Dans l’air pâle, émanant ses tranquilles lumières, Rayonnait l’astre d’or de l’arrière-saison. La terre pacifique, aux rêveuses mollesses, Après l’âpre labeur des étés florissants, Semblait goûter, pareille aux sereines vieillesses, Les tièdes voluptés des soleils finissants. Avant les froids prochains, antique Nourricière, Repose-toi, souris à tes champs moissonnés ! Heureux qui, l’âme en paix au bout de sa carrière, Peut comme toi sourire à ses jours terminés ! Mais nous, rimeurs chétifs, aux pauvretés superbes, De nos vertes saisons, hélas ! qu’avons-nous fait ? Qui peut dire entre nous, pesant ses lourdes gerbes : Mourons ! mon œuvre est mûre et mon cœur satisfait ! Jouets du rythme, esprits sans boussole et sans force, Dans ses néants la forme égara nos ferveurs ; Du vrai, du grand, du beau nous n’aimions que l’écorce ; Nous avons tout du fruit, tout, hormis les saveurs ! En nombres d’or rimant l’amour et ses délires, Nous n’avons rien senti, nous avons tout chanté. Vides sont les accords qu’ont exhalé nos lyres ! Vide est le fruit d’orgueil que notre arbre a porté ! Tombez, tombez, tombez, feuilles silencieuses, Fleurs séniles, rameaux aux espoirs avortés ! Fermez-vous sans écho, lèvres mélodieuses ! Endormons-nous muets dans nos stérilités ! Plus de retours amers ! trêve aux jactantes vaines !… Oui, la Muse eût voulu des astres plus cléments ! Un sang pauvre et le doute, hélas ! glaçaient nos veines : Nous sommes de moitié dans nos avortements. Il faisait froid au ciel quand nous vînmes au monde, La sève était tarie où puisaient les aïeux. Résignons-nous, enfants d’une époque inféconde : Nous mourons tout entiers, nous qui vivons sans dieux ! O dureté des temps ! ô têtes condamnées ! Fiers espoirs d’où la nuit et l’oubli seuls naîtront ! Eh bien, soit ! Acceptons, amis, nos destinées : Sans haine effaçons-nous devant ceux qui viendront ! Succédez-nous, croissez, races neuves et fortes ! Mais nous, dont vous vivrez, nous voulons vous bénir. Plongez vos pieds d’airain dans nos racines mortes ! D’un feuillage splendide ombragez l’avenir ! Et vous, ferments sacrés des époques prospères, Foi, liberté, soleil, trésors inépuisés, Donnez à nos vainqueurs, oublieux de leurs pères, Tous les biens qu’aux vaincus la vie a refusés ! Auguste Lacaussade. [size=18][/size] [size=24]Novembre poèmeNovembre Captif de l'hiver dans ma chambre Et las de tant d'espoirs menteurs,Je vois dans un ciel de novembre, Partir les derniers migrateurs. Ils souffrent bien sous cette pluie ;Mais, au pays ensoleillé,Je songe qu'un rayon essuieEt réchauffe l'oiseau mouillé. Mon âme est comme une fauvette Triste sous un ciel pluvieux ; Le soleil dont sa joie est faite Est le regard de deux beaux yeux ; Mais loin d'eux elle est exilée ; Et, plus que ces oiseaux, martyr,Je ne puis prendre ma volée Et n'ai pas le droit de partir. François Coppée. Automne poèmeAutomne Vois ce fruit, chaque jour plus tiède et plus vermeil, Se gonfler doucement aux regards du soleil ! Sa sève, à chaque instant plus riche et plus féconde, L'emplit, on le dirait, de volupté profonde. Sous les feux d'un soleil invisible et puissant, Notre coeur est semblable à ce fruit mûrissant. De sucs plus abondants chaque jour il enivre, Et, maintenant mûri, il est heureux de vivre. L'automne vient : le fruit se vide et va tomber, Mais sa gaine est vivante et demande à germer. L'âge arrive, le coeur se referme en silence, Mais, pour l'été promis, il garde sa semence. Ondine Valmore.Soir d'Automne poèmeSoir d'Automne L'automne est la saison dolente. L'âme des labours assoupis Berce d'une hymne somnolente L'enfance des futurs épis;
Et, triste, la mer de Bretagne Se prend à gémir, dans le soir. Par les sentiers de la montagne, Commence à rôder le Mois Noir.
Et les cloches ont l'air de veuves, Dans les clochers silencieux... Nous n'irons plus aux aires-neuves ! Voici l'hiver, le temps des vieux.
Pour le départ des alouettes, Tintent les glas des abandons. Pleurez, ô chapelles muettes, Les cierges éteints des Pardons !
Avec les oiseaux de passage, Les Clercs s'en vont aux premiers froids. Ils emportent, selon l'usage, Leurs livres, noués trois par trois.
L'automne est la saison dolente. Les mères, sur le seuil, longtemps, De leur bénédiction lente Encouragent les hésitants;
Car, près d'enjamber la barrière, Plus d'un a suspendu son pas, Comme si des voix, par derrière, Lui chuchotaient : Ne t'en va pas !
Anatole Le Braz. [size=18][/size] [size=24]Dans le silencieux AutomneDans le silencieux Automne Dans le silencieux Automne D'un jour mol et soyeux, Je t'écoute en fermant les yeux, Voisine monotone. Ces gammes de tes doigts hardis, C'était déjà des gammes Quand n'étaient pas encor des dames Mes cousines, jadis; Et qu'aux toits noirs de la Rafette, Où grince un fer changeant, Les abeilles d'or et d'argent Mettaient l'aurore en fête. Max Elskamp.
L'écureuil et la feuilleL’écureuil et la feuille Un écureuil, sur la bruyère, Se lave avec de la lumière. Une feuille morte descend, Doucement portée par le vent. Et le vent balance la feuille Juste au-dessus de l’écureuil ; Le vent attend, pour la poser Légèrement sur la bruyère, Que l’écureuil soit remonté Sur le chêne de la clairière Où il aime à se balancer Comme une feuille de lumière. Maurice Carême.[size=24]Poème d'AutomneL'AutomneSalut ! bois couronnés d’un reste de verdure ! Feuillages jaunissants sur les gazons épars ! Salut, derniers beaux jours ! Le deuil de la nature Convient à la douleur et plaît à mes regards !Je suis d’un pas rêveur le sentier solitaire, J’aime à revoir encor, pour la dernière fois, Ce soleil pâlissant, dont la faible lumière Perce à peine à mes pieds l’obscurité des bois !Oui, dans ces jours d’automne où la nature expire, A ses regards voilés, je trouve plus d’attraits, C’est l’adieu d’un ami, c’est le dernier sourire Des lèvres que la mort va fermer pour jamais !Ainsi, prêt à quitter l’horizon de la vie, Pleurant de mes longs jours l’espoir évanoui, Je me retourne encore, et d’un regard d’envie Je contemple ses biens dont je n’ai pas joui !Terre, soleil, vallons, belle et douce nature, Je vous dois une larme aux bords de mon tombeau ; L’air est si parfumé ! la lumière est si pure ! Aux regards d’un mourant le soleil est si beau !Je voudrais maintenant vider jusqu’à la lie Au fond de cette coupe où je buvais la vie, Peut-être restait-il une goutte de miel ?Peut-être l’avenir me gardait-il encore Un retour de bonheur dont l’espoir est perdu ? Peut-être dans la foule, une âme que j’ignore Aurait compris mon âme, et m’aurait répondu ? A la vie, au soleil, ce sont là ses adieux ; Moi, je meurs; et mon âme, au moment qu’elle expire, S’exhale comme un son triste et mélodieux. Alphonse Lamartine. Ninnenne blog de partage
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