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 Un jour... une histoire...

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marileine
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marileine


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MessageSujet: Un jour... une histoire...   Un jour... une histoire... Icon_minitimeDim 7 Sep - 12:02

Un jour... une histoire... 17 janvier 1562

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Charles IX
 
17 janvier 1562
 
Charles IX signe l'Édit de Janvier
 
 
 
Le 17 janvier 1562, le roi Charles IX (12 ans) signe l'Édit de Janvier, ou édit de tolérance de Saint-Germain (du nom du château où a lieu la signature).
 
 
 
Le texte a été préparé par sa mère, Catherine de Médicis, régente du royaume, assistée du chancelier Michel de l'Hospital.
 
Par ce texte, le jeune roi confère aux protestants français le droit de célébrer le culte à l'extérieur des villes fortifiées ainsi que de tenir des assemblées dans les maisons privées à l'intérieur de ces mêmes villes.
 
Paradoxalement, cette mesure attise la haine entre les catholiques et les protestants, tant il est vrai que l'esprit de tolérance ne dépasse pas le cercle étroit des milieux cultivés.
 
 
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Catherine de Médicis
 
 
Vers une première guerre
 
Le Parlement de Paris refuse de ratifier l'Édit de Janvier. Protestants et catholiques se tiennent sur le qui-vive, prêts à en découdre.
 
Quelques semaines plus tard, le 1er mars 1562, le duc François de Guise et sa troupe d'archers surprennent dans le village de Wassy (ou Vassy), en Champagne, 200 protestants en train d'écouter un prêche dans une grange, à l'intérieur de la ville close et dans des conditions donc illégales. Le duc s'irrite de cette violation de l'Édit de Janvier. Sur son ordre, la troupe massacre sauvagement les protestants. On compte une trentaine de morts et une centaine de blessés. C'est le début des guerres de religion. Elle dureront plus de trente ans.
 
 
Triomphe éphémère des Politiques
 
 
Mais, le 18 février 1563, le duc François II de Guise est assassiné par un protestant, Poltrot de Méré, alors qu'il fait le siège d'Orléans. Sa mort met un terme à la première guerre de religion.
 
Le chancelier fait promulguer par Catherine de Médicis un nouvel édit de tolérance à Amboise le 19 mars 1563. Lui-même s'emploie à moderniser l'administration. Pour rétablir les finances royales, mises à mal par la guerre civile, il a aussi l'idée d'aliéner une partie des biens du clergé catholique, le 13 mai 1563. Cette mesure très contestée mais profitable va rapporter 94 millions de livres en cinq ans. Elle préfigure la nationalisation des biens du clergé par les députés de la Constituante... deux siècles plus tard.
 
Parcourant le royaume avec Charles IX, pour faire mieux connaître le souverain aux habitants de toutes conditions, le chancelier publie enfin la Grande Ordonnance de Moulins en février 1566. Ce texte majeur unifie la justice, supprime le droit de grâce des gouverneurs et restreint le droit de remontrance des parlements, lesquels avaient tendance à déborder le cadre judiciaire et empiéter sur l'autorité royale.
 
Mais la reprise de la guerre, dès 1567, à l'initiative des protestants, ruine cette politique de conciliation et entraîne, le 24 mai 1568, la disgrâce définitive de Michel de L'Hospital qui se voit retirer les Sceaux (le ministère de la Justice).[/size]
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[size=24]Un jour... une histoire... 15 janvier 1790

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15 janvier 1790
 
La France est divisée en 83 départements
 
 
L'Assemblée constituante, qui gouverne la France depuis les débuts de la Révolution, a pris un décret dès le 22 décembre 1789 pour réformer l'organisation du royaume. Le 15 janvier 1790, ce décret aboutit sur la création des départements. Leur nombre est initialement fixé à 83.
 
Ce nouvel échelon administratif et démocratique, bien enraciné dans l'Histoire, entre la commune et l'État, est appelé à un vif succès même si des voix s'élèvent aujourd'hui pour réclamer sa suppression...
 
 
Confusion administrative
 
Le royaume comptait sous l'Ancien Régime 34 généralités ou provinces, 40 gouvernements militaires, 135 diocèses, 13 parlements judiciaires etc. Qui plus est, ces circonscriptions héritées de l'Histoire s'enchevêtraient et différaient par leur statut. On distinguait notamment les pays d'élection des pays d'État.
 
Les pays d'État correspondaient aux régions les plus récemment rattachées au royaume et avaient conservé à ce titre leurs institutions propres (parlements, assemblées,...). Ils étaient moins imposés que les pays d'élection !
 
Toutes les généralités de province avaient à leur tête un intendant désigné par le roi, qui tentait parfois de mettre un peu de cohérence dans les affaires locales.
 
 
Redécoupage administratif
 
Les députés décident de mettre fin à cette confusion administrative héritée d'un millénaire d'Histoire. Ils projettent dans un premier temps de créer des circonscriptions géométriques, à l'image des États américains.
 
Le sage Mirabeau s'y oppose avec véhémence : «Je demande une division qui ne paraisse pas, en quelque sorte, une trop grande nouveauté ; qui, si j'ose le dire, permette de composer avec les préjugés et même avec les erreurs, qui soit également désirée par toutes les provinces et fondée sur des rapports déjà connus.» Ses voeux sont pleinement exaucés par le «Comité de division» chargé de redessiner la carte de France.
 
Lesnouvelles divisions sont baptisées «départements», d'un vieux mot français qui appartient au vocabulaire administratif depuis François 1er. Leurs limites respectent dans la plupart des cas les anciennes provinces. C'est ainsi que la Bretagne et la Normandie sont divisées en cinq départements chacune. La taille des départements est telle que chaque citoyen puisse accéder à son chef-lieu en une journée de cheval au maximum.
 
Sans le savoir, les députés recréent de la sorte les anciens pays... de la Gaule d'avant les Romains. La preuve en est dans la coïncidence entre le nom de nombreux chefs-lieux de département et celui des tribus gauloises locales. Amiens évoque les Ambiens, Beauvais les Bellovaques, Cahors les Cadurques, Nantes les Namnètes, Paris les Parisii, Poitiers lesPictones, Reims les Rèmes, Soissons les Suessiones,Tarbes les Tarbelles, Vannes lesVénètes,...
 
Ainsi, le département est la circonscription la mieux enracinée dans l'Histoire de France, en concurrence avec la commune, héritière des anciennes paroisses. Au fond d'eux-mêmes, les Français restent aujourd'hui très attachés à cette circonscription héritée de la monarchie et de la Révolution.
 
 
Surprenante Vendée
 
Des 83 départements créés par l'Assemblée constituante, la Vendée est l'un de ceux qui s'est acquis la plus forte identité. On a pu écrire de lui : «Vendée : le seul département qui soit devenu une province» (Louis Chaîgne).
 
Constitué à partir du Bas-Poitou, le département de la Vendée tire son nom d'un affluent de la Sèvre niortaise qui baigne Fontenay-le-Comte, le chef-lieu initial. Plus tard, Napoléon a déplacé le chef-lieu à La Roche-sur-Yon, un bourg plus central, rebaptiséNapoléon-Vendée puis Bourbon sous la Restauration avant de reprendre son ancien nom sous la IIIe République.
 
 
Précaire autonomie
 
Les départements créés par l'Assemblée constituante sont dirigés par un conseil de 28 membres assisté d'un directoire de 8 membres et d'un procureur général syndic chargé de faire appliquer les lois.
 
Conseillers et procureurs sont élus pour deux ans par les citoyens actifs (ceux qui paient au fisc l'équivalent d'au moins dix journées de travail).
 
Les départements sont divisés en districts, eux-mêmes dirigés par un conseil élu de douze membres, et en communes, au nombre de 44.000. Les villes de plus de 25.000 habitants sont elles-mêmes découpées en sections.
 
Les membres des assemblées locales et départementales ne sont pas nommés par le gouvernement central comme les intendants des généralités de l'Ancien Régime. Ces assemblées bénéficient de ce fait d'une très grande autonomie.
 
Mais, très vite, les gouvernements révolutionnaires vont limiter leurs prérogatives en les soumettant à l'autorité d'un représentant muni de pouvoirs discrétionnaires puis, sous le Consulat de Napoléon Bonaparte, à l'autorité d'un préfet nommé par le gouvernement, véritable héritier des anciens intendants.
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Un jour... une histoire... 14 janvier 1930

Un jour... une histoire... 552a1939
14 janvier 1930
 
 
Construction de la ligne Maginot
 
 
 
Le 14 janvier1930, André Maginot fait voter une loi en vue de construire une ligne fortifiée sur les frontières orientales de la France.
 
Très décriée après l'invasion de 1940, cette initiative n'en est pas moins approuvée dans l'instant par la grande majorité de la classe politique et du corps des officiers, y compris le capitaine Charles de Gaulle.
 
La ligne Maginot et la frontière franco-allemande
 
La France engage en 1930 la construction de la ligne Maginot. Trois ans plus tard, Hitler arrive au pouvoir. La Sarre, consultée par plébiscite en 1935, rejoint le Reich hitlérien ; peu après, le Führer rétablit le service militaire obligatoire en violation du traité de Versailles...
 
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Le 14 janvier 1930, André Maginot fait voter une loi en vue de construire une ligne fortifiée sur les frontières orientales de la France...
 
Une nécessité stratégique
 
Haut fonctionnaire, André Maginot (53 ans) s'est engagé comme soldat pendant la Grande Guerre et a fini celle-ci avec le grade de sergent et la médaille militaire. C'est l'un des très rares parlementaires à présenter de tels états de service, de sorte que ses collègues n'osent rien lui refuser quand la patrie est en débat... En 1920, il organise le transfert du Soldat Inconnu sous la voûte de l'Arc de Triomphe.
 
Ministre de la Guerre dans le gouvernement Poincaré, il reprend la suggestion émise par Paul Painlevé en 1925 de fortifier les frontières orientales du pays. Il plaide pour une ligne de défense flexible, capable de suppléer à la diminution des effectifs militaires prévue à partir de 1935 en raison du déficit des naissances. C'est ainsi qu'il obtient des parlementaires un crédit de 3,3 milliards de francs sur quatre ans.
 
Le chantier, le plus grand de son temps, va employer jusqu'à 20.000 ouvriers.
 
Ce réseau de fortifications à demi-enterrées comporte une cinquantaine de gros ouvrages équipés d'artillerie et quelques centaines de casemates et d'observatoires isolés. Il inaugure une conception purement défensive des stratèges français, à l'opposé de la conception offensive de leurs homologues d'Outre-Rhin. Il témoigne aussi d'une perte de confiance de la classe politique dans l'avenir des relations franco-allemandes... malgré la publication au même moment (1930) d'un mémorandum en faveur d'une union fédérale européenne par Aristide Briand.
 
Les fortifications débutent sur les bords de la Méditerranée, au-dessus de Menton, et s'égrènent jusqu'à la frontière belge et au-delà, y compris le long du Rhin. Mais dans le massif des Ardennes, jugé infranchissable par le haut commandement français, les autorités se contentent de fortifications légères.
 
Les Belges refusent par ailleurs que les Français prolongent la ligne Maginot le long de leur frontière car ils craignent d'être sacrifiés en cas de nouveau conflit entre la France et l'Allemagne. C'est ainsi que le long de la frontière avec la Belgique, la ligne Maginot se réduit à quelques ouvrages fortifiés de modeste importance.
 
Les gros ouvrages de la ligne Maginot couvrent en définitive 140 km sur la frontière du nord-est, longue de 760 km de la mer du Nord à la Suisse.
 
De l'autre côté de la frontière, le gouvernement allemand réplique dès 1937 avec une autre série de fortifications : la ligne Siegfried. Beaucoup plus légère que la ligne Maginot, elle a surtout vocation à tromper les Français sur la capacité offensive de laWehrmacht.
 
Une réussite militaire, un alibi politique
 
Quand la guerre est déclarée à l'Allemagne de Hitler, moins de dix ans après la construction de la ligne Maginot, les fortifications remplissent dans l'ensemble leur office. De septembre 1939 à juin 1940, le fort de Schoenenbourg, au nord de l'Alsace, tire à lui seul près de 20.000 obus en 10 mois. Invaincu, son «équipage» ne se rend que le 1er juillet 1940, six jours après l'armistice, sur ordre express du haut commandement français.
 
Dans le secteur frontalier de Maubeuge, les hommes du 87e RIF résistent au prix de lourds sacrifices à une percée des blindés de la 5° Panzer du général Schmidt. Dans le secteur frontalier de l'Escaut, à Bouchain, des hommes du 45e RI (régiment d'infanterie), sous le commandement du colonel Desroches, empêchent le franchissement du fleuve du 22 au 26 mai 1940. Ce fait d'armes provoque le 2 juin 1940 la venue de Hitler en personne. Courroucé, le Führer se fait expliquer du haut de la Tour de l'Ostrevant par le général commandant le 8e Korps pourquoi ses unités ont été tenues en échec par un simple régiment d'infanterie.
 
Le 54e RIF et le 43e RI paient également un lourd tribut en résistant pendant six jours et six nuits aux assauts ennemis, rendant possible l'évacuation des troupes anglo-françaises à Dunkerque.
 
Au vu de ces exploits, on peut s'interroger sur les résultats de l'offensive allemande si la frontière belge et les Ardennes avaient été plus solidement fortifiées. La ligne Maginot a péché moins par ses insuffisances techniques que par le fait qu'elle ait servi d'alibi aux pacifistes de tout poil qui ont successivement abandonné l' Autriche et la Tchécoslovaquie au prétexte que la France n'avait de toute façon rien à craindre.
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Un jour... une histoire.... 13 janvier 1898 -

Un jour... une histoire... F065a425
 
E. Zola -tableau de Manet -
 
 
13 janvier 1898 
 
 
J'accuse 
 
 
 
Le 13 janvier 1898, Émile Zola publie une lettre ouverte au président de la République dansL'Aurore sous le titre «J'accuse». 
 
 
 
Zola engage sa réputation et sa liberté 
 
 
 
Un jour... une histoire... Jaccuse-8ce6b8 
 
 
 
Dans ce texte virulent qui occupe la première page du quotidien, le célèbre écrivain dénonce les manigances qui entourent le procès du capitaine Alfred Dreyfus, accusé à tort d'espionnage, et l'acquittement par le conseil de guerre, trois jours plus tôt, du capitaine Esterhazy, le vrai coupable. 
 
 
Il désigne nommément les coupables : 
 

«J'accuse le lieutenant-colonel du Paty de Clam d'avoir été l'ouvrier diabolique de l'affaire[...]
J'accuse le général Mercier de s'être rendu complice, tout au moins par faiblesse d'esprit, d'une des plus grandes iniquités du siècle[...]
J'accuse enfin le premier Conseil de guerre d'avoir violé le droit en condamnant un accusé sur une pièce restée secrète[...]»
 
 
 
Ce faisant, Émile Zola, riche et comblé d'honneurs, prend sciemment à 48 ans le risque de se faire arrêter et condamner pour diffamation publique. 
 
 
Un jour... une histoire... Zola-a07047 
 
Emile Zola 
 
 
Son article fait d'emblée l'effet d'une bombe. Au Sénat, le sénateur dreyfusard Scheurer-Kestner perd la vice-présidence de l'assemblée. Et dès le lendemain a lieu une «pétition des intellectuels» en soutien de l'écrivain. Cette pétition est une première dans l'Histoire de France. 
 
 
Zola reçoit par ailleurs le soutien empressé de Georges Clemenceau qui tient une chronique dans L'Aurore depuis que le scandale de Panama l'a exclu de la vie parlementaire. 
 
 
Sincèrement indigné, le «tombeur de ministères», chef du mouvement radical, à l'extrême-gauche de l'échiquier politique, saisit l'occasion de faire sa rentrée politique en s'en prenant selon son habitude au gouvernement en place. 
 
 
Le 23 février 1898, Émile Zola est traduit en cour d'assises et condamné à un an de prison. Mais l'affaire prend de l'ampleur et met l'opinion publique en ébullition. 
 
 
Des écrivains comme Anatole France s'engagent vigoureusement aux côtés de Zola et Dreyfus. D'autres, comme Maurice Barrès, prennent la tête d'une croisade patriotique et, hélas, antisémite. Des israélites ou juifs sont pris à parti, des synagogues attaquées en métropole comme en Algérie, où les pogroms font de nombreuses victimes. 
 
 
La vérité éclate au grand jour 
 
 
Enaoût, coup de théâtre ! Le colonel Henry, qui a décrypté le bordereau à l'origine de l'Affaire, met au jour un nouveau document, le billet «Alexandrine», qui aurait été adressé par l'attaché Panizzardi à son collègue Schwarzkoppen et accable Dreyfus. Mais un examen minutieux révèle des anomalies, notamment deux teintes différentes dans les quadrillés du billet qui attestent qu'il s'agit de deux lettres distinctes. 
 
 
Le 30 août, le colonel Henry est convoqué par le ministre de la guerre, Godefroy Cavaignac, auquel il avoue avoir «arrangé les choses». Emprisonné au mont Valérien, le faussaire se suicide le lendemain dans sa cellule... grâce à la bienveillance de ses gardiens qui, contrairement aux usages, lui ont laissé de quoi se tuer (un rasoir). Devant le scandale, le ministre est contraint à la démission et son remplaçant, Dupuy, consent à la révision du procès de Dreyfus qui rentre enfin du bagne. 
 
 
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Dreyfus - Demange et Labori en 1899 
 
 
Un procès se tient à Rennes dans une atmosphère houleuse. L'un des avocats du capitaine, Maître Labori, est blessé d'un coup de revolver. 
 
 
Il s'ensuite de longues plaidoiries au cours desquelles les accusateurs de Dreyfus apparaissent en grand uniforme tandis que Picquart, qui a été chassé de l'armée, est astreint à s'habiller en civil ! 
 
 
Le9 septembre 1899, la cour militaire reconnaît à nouveau Dreyfus coupable de haute trahison, mais le condamne seulement à dix ans de réclusion en raison de «circonstances atténuantes». Forts de cette improbable victoire, les antidreyfusards jubilent. 
 
 
Leprésident de la République Émile Loubet grâcie Dreyfus dès le 19 septembre mais l'ancien capitaine exige un acquittement complet : «le gouvernement de la République me rend la liberté. Elle n’est rien pour moi sans l’honneur». 
 
 
Fort-Chabrol 
 
 
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Pour limiter les incidents à la veille du procès de Rennes, le gouvernement a fait arrêter dès le début du mois d'août 1899 quelques agitateurs nationalistes comme Déroulède, dirigeant de la Ligue des Patriotes. 
 
 
Menacé également d'arrestation, Jules Guérin, chef de la Ligue antisémitique française (5.000 adhérents !) se barricade avec quelques acolytes au siège de son association, rue Chabrol, à Paris. 
 
 
Le préfet de police Jules Lépine fait aussitôt cerner la rue et interdit de ravitailler les assiégés mais des sympathisants enfreignent les ordres et ravitaillent les trublions par les toits. 
 
 
L'opinion publique s'amuse de ce «Fort-Chabrol»dérisoire. Le siège est finalement levé au bout de 38 jours et Jules Guérin bientôt condamné à dix ans de forteresse. 
 
 
Vers l'apaisement 
 
 
Georges Clemenceau, qui a été remis en selle par l'Affaire, fonde le premier parti politique français, le parti républicain radical, au congrès de Paris des 21-23 juin 1901 (auparavant, les élus se regroupaient par affinités mais ne s'appuyaient sur aucune structure solide). 
 
 
L'émotion provoquée par l'Affaire concourt à la formation d'un bloc républicain et relance le principe d'une laïcisation complète de l'État, en latence depuis l'époque de Jules Ferry, vingt ans plus tôt. C'est ainsi que la loi de séparation des Églises et de l'État est enfin votée après d'ardents débats le 5 décembre 1905. 
 
 
Enfin, le 12 juillet 1906, sous le gouvernement présidé par Ferdinand Sarrien, auquel participent Georges Clemenceau et Aristide Briand, l'Affaire trouve son épilogue avec un arrêt de la Cour de Cassation qui casse le jugement du 9 septembre 1899. Dreyfus est définitivement innocenté. Il est fait chevalier de la Légion d'honneur dans la cour de l'École militaire le 21 juillet 1906. 
 
 
Cehéros malgré lui, qui a résisté avec une incroyable force morale à plusieurs années d'injustice, de bagne et d'acharnement judiciaire, est réintégré dans l'armée mais seulement avec le grade de chef d'escadron car ne sont pas prises en compte ses années passées au bagne dans la reconstitution de sa carrière. Atteint dans sa dignité, Dreyfus démissionne de l'armée. Il ne reprendra du service que pendant la Grande Guerre de 1914-1918 en qualité d'officier de réserve. 
 
 
Quant à Picquart, que Clemenceau considère comme le véritable héros de l'Affaire car il a risqué sa carrière au nom de la justice et de l'honneur, il est promu au grade de général et devient tout bonnement ministre de la Guerre dans le gouvernement du «Tigre» (surnom de Clemenceau). 
 
 
L'Affaire sera close avec le transfert des cendres de Zola au Panthéon le 4 juin 1908. À cette occasion, il se trouvera un illuminé pour tirer sur Dreyfus et le blesser au bras. 
 
 
Dreyfus, les intellectuels et l'antisémitisme 
 
 
Dès la parution de J'accuse (1898), la bourgeoisie parisienne se divise très violemment en deux camps. 
 
 
– Les dreyfusards : 
 
 
Les dreyfusards dénoncent l'injustice faite à Dreyfus et l'acquittement inique d'Esterhazy. Ils placent la justice et les droits de l'homme au-dessus de l'honneur militaire et de la raison d'État. 
 
 
Parmi les dreyfusards, on trouve non seulement des hommes politiques mais aussi des écrivains de renom. C'est le moment où l'on commence à parler des «intellectuels», non sans une nuance de mépris. 
 
 
Les intellectuels apparaissent comme les lointains héritiers des «philosophes» du XVIIIe siècle. Ils découvrent qu'ils peuvent, en se mobilisant, faire triompher une cause supérieure. 
 
 
C'est ainsi que quelques-uns d'entre eux fondent le 4 juin 1898 la Ligue française pour la défense des droits de l'homme et du citoyen pour inscrire dans la durée leur combat en faveur de Dreyfus (la Ligue se montrera moins vigilante dans les années 30 en fermant les yeux sur les crimes du communisme). 
 
 
Cette émergence des «intellectuels» dans le débat d'idées témoigne paradoxalement du moindre prestige de la littérature sous la IIIe République. Les écrivains exercent faute de mieux le «ministère de la parole»! Il n'est plus question pour eux d'intervenir dans la direction du pays comme, deux ou trois générations avant eux, Chateaubriand, Lamartine, Tocqueville et Hugo. 
 
 
– Les antidreyfusards : 
 
 
Dans le camp d'en face, les antidreyfusards considèrent qu'il vaut mieux condamner un innocent plutôt que d'admettre que la justice militaire ait pu se tromper. 
 
 
À une époque où chacun, à droite comme à gauche, ne rêve que de revanche sur l'Allemagne et de «guerre régénératrice», tout affaiblissement de l'Armée fait figure à leurs yeux de haute trahison. 
 
 
Par le fait que Dreyfus est issu d'une riche famille israélite, le camp antidreyfusard ne tarde pas à attiser un antisémitisme d'un genre nouveau, à la fois national et laïc. Les attaques antisémites viennent de la gauche sociale ; déjà échaudée par le scandale de Panama, celle-ci dénonce volontiers la «ploutocratie juive». 
 
 
L'antisémitisme est par-dessus tout le fait de mouvances nationalistes et catholiques. «Que Dreyfus est capable de trahir, je le conclus de sa race», écrit l'historien nationaliste Maurice Barrès en 1902 dans son ouvrage majeur : Scènes et doctrines du nationalisme. 
 
 
Malgré les appels à la modération du pape Léon XIII, beaucoup de catholiques français se déchaînent contre Dreyfus et les juifs à l'instigation des puissants journaux de la congrégation des Assomptionnistes, parmi lesquels le quotidien La Croix. Leur hargne accroît l'anticléricalisme des républicains... Le moment se rapproche où ces derniers feront voter la loi de séparation des Églises et de l'État... et dissoudre la congrégation des Assomptionnistes. 
La droite traditionnelle, qui s'est détournée du monarchisme pacifique et débonnaire et s'est convertie au nationalisme revanchard et à l'antisémitisme, participe aussi à la curée. 
 
 
Le journaliste Édouard Drumont illustre cette reconversion avec son ouvrage célèbre : La France juive (1886) dans lequel il développe, bien avant Hitler, le mythe de la supériorité des prétendus Aryens sur les autres races. En mai 1898, il est élu député par les habitants d'Alger, d'autant plus opposés à Dreyfus qu'ils n'ont pas digéré la naturalisation des juifs algériens en 1870. 
 
 
En avril 1898, par ailleurs, deux militants antidreyfusards fondent un mouvement antiparlementaire et néanmoins républicain, l'Action française. 
 
 
Rejoint par l'écrivain Charles Maurras qui publie en 1900 Enquête sur la monarchie, ce mouvement évolue vers le «nationalisme intégral» tout en préconisant une monarchie autoritaire. Il va jouer un grand rôle entre les deux guerres mondiales 
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Un jour... une histoire ... 12 janvier 1870

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12 janvier 1870
 
Funérailles tumultueuses de Victor Noir
 
 
 
Le 12 janvier 1870, les funérailles d'Yvan Salmon, dit Victor Noir, sont suivies par 100.000 personnes et donnent lieu à de violentes manifestations d'hostilité au régime impérial de Napoléon III.
 
 
 
Offense chèrement payée
 
Victor Noir, à peine âgé de 22 ans, était journaliste à La Marseillaise, une feuille révolutionnaire et violemment anti-bonapartiste. Elle avait été fondée quelques mois plus tôt par le polémiste et député d'extrême-gauche Henri Rochefort, de son vrai nom Victor Henri de Rochefort-Luçay.
 
Le prince Pierre Bonaparte, fils de Lucien Bonaparte, neveu de Napoléon 1er et cousin de Napoléon III, s'estimant diffamé par un article de La Marseillaise, provoque en duel son rédacteur en chef, Pascal Grousset. Ce dernier envoie Victor Noir et un ami au domicile du prince, 9, rue d'Auteuil, en vue d'organiser le duel.
 
 
Un jour... une histoire... Victornoirbonaparte-177680a
 
 
L'entrevue se passe mal. Victor Noir, semble-t-il, lève sa canne sur le prince et celui-ci, se saisissant d'un pistolet, fait feu sur le jeune homme et le tue net.
 
Pierre Bonaparte (55 ans) a combattu dans le monde entier aux côtés des libéraux.
 
Il a été élu député d'extrême-gauche sous la Seconde République et depuis le début du Second Empire, il se tient en retrait de la cour.
 
Il est connu pour son tempérament très violent (il a tué un homme en Italie). Il sera néanmoins acquitté par la Haute Cour de justice le 21 mars 1870.
 
En attendant, les autorités ont pris la précaution d'organiser l'enterrement de sa victime dans le cimetière de Neuilly, au coeur des quartiers bourgeois de la capitale. En dépit de cela, l'émotion de la foule débouche sur de violentes manifestations hostiles à l'Empire et à Napoléon III.
 
C'est le début d'une agitation politique qui ne cessera pas jusqu'à la chute de Napoléon III, quelques mois plus tard, malgré la démocratisation du régime et l'arrivée au gouvernement du libéral Émile Ollivier.
 
Henri Rochefort, dans La Marseillaise, ose écrire: «J'ai eu la faiblesse de croire qu'un Bonaparte pouvait être autre chose qu'un assassin».
 
 
Une  tombe courue
 
Peu après l'instauration de la IIIe République, la dépouille de Victor Noir a été transférée au cimetière du Père Lachaise, à l'Est de la capitale. Sa tombe jouit depuis cette date d'une popularité qui ne se dément pas...
 
 
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Gisant de Victor Noir
 
 
Aujourd'hui encore, des jeunes filles et des femmes en mal d'amour ou d'enfant viennent, par superstition, effleurer une certaine protubérance du gisant sculpté par Amédée-Jules Dalou (ce qui explique l'usure du bronze à cet endroit).
 
Celles qui ont vu leurs voeux exaucés ne manquent pas de fleurir la tombe du malheureux et séduisant journaliste.


-------------------------------------------------------------------------------------------------- bon week-end bonne après midi 1  Ninnenne [/size]
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