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marileine
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marileine


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MessageSujet: Poèmes de différents auteurs   Poèmes de différents auteurs Icon_minitimeSam 27 Sep - 12:42

BALLADE A LA LUNE DE ALFRED DE MUSSET

Poèmes de différents auteurs 86f45ec9
Ballade à la lune
 
C'était, dans la nuit brune,
Sur le clocher jauni,
La lune
Comme un point sur un i.
 
Lune, quel esprit sombre
Promène au bout d'un fil,
Dans l'ombre,
Ta face et ton profil ?
 
Es-tu l'oeil du ciel borgne ?
Quel chérubin cafard
Nous lorgne
Sous ton masque blafard ?
 
N'es-tu rien qu'une boule,
Qu'un grand faucheux bien gras
Qui roule
Sans pattes et sans bras ?
 
Es-tu, je t'en soupçonne,
Le vieux cadran de fer
Qui sonne
L'heure aux damnés d'enfer ?
 
Sur ton front qui [size=18]voyage.[/size]
Ce soir ont-ils compté
Quel âge
A leur éternité ?
 
Est-ce un ver qui te ronge
Quand ton disque noirci
S'allonge
En croissant rétréci ?
 
Qui t'avait éborgnée,
L'autre nuit ? T'étais-tu
Cognée
A quelque arbre pointu ?
 
Car tu vins, pâle et morne
Coller sur mes carreaux
Ta corne
À travers les barreaux.
 
Va, lune moribonde,
Le beau corps de Phébé
La blonde
Dans la mer est tombé.
 
Tu n'en es que la face
Et déjà, tout ridé,
S'efface
Ton front dépossédé.
 
Rends-nous la chasseresse,
Blanche, au sein virginal,
Qui presse
Quelque cerf matinal !
 
Oh ! sous le vert platane
Sous les frais coudriers,
Diane,
Et ses grands lévriers !
 
Le chevreau noir qui doute,
Pendu sur un rocher,
L'écoute,
L'écoute s'approcher.
 
Et, suivant leurs curées,
Par les vaux, par les blés,
Les prées,
Ses [size=18]chiens s'en sont allés.[/size]
 
Oh ! le soir, dans la brise,
Phoebé, soeur d'Apollo,
Surprise
A l'ombre, un pied dans l'eau !
 
Phoebé qui, la nuit close,
Aux lèvres d'un berger
Se pose,
Comme un oiseau léger.
 
Lune, en notre mémoire,
De tes belles amours
L'histoire
T'embellira toujours.
 
Et toujours rajeunie,
Tu seras du passant
Bénie,
Pleine lune ou croissant.
 
T'aimera le vieux pâtre,
Seul, tandis qu'à ton front
D'albâtre
Ses dogues aboieront.
 
T'aimera le pilote
Dans son grand bâtiment,
Qui flotte,
Sous le clair firmament !
 
Et la fillette preste
Qui passe le buisson,
Pied leste,
En chantant sa chanson.
 
Comme un ours à la chaîne,
Toujours sous tes yeux bleus
Se traîne
L'océan montueux.
 
Et qu'il vente ou qu'il neige
Moi-même, chaque soir,
Que fais-je,
Venant ici m'asseoir ?
 
Je viens voir à la brune,
Sur le clocher jauni,
La lune
Comme un point sur un i.
 
Peut-être quand déchante
Quelque pauvre mari,
Méchante,
De loin tu lui souris.
 
Dans sa douleur amère,
Quand au gendre béni
La mère
Livre la clef du nid,
 
Le pied dans sa pantoufle,
Voilà l'époux tout prêt
Qui souffle
Le bougeoir indiscret.
 
Au pudique hyménée
La vierge qui se croit
Menée,
Grelotte en son lit froid,
 
Mais monsieur tout en flamme
Commence à rudoyer
Madame,
Qui commence à crier.
 
" Ouf ! dit-il, je travaille,
Ma bonne, et ne fais rien
Qui vaille;
Tu ne te tiens pas bien. "
 
Et vite il se dépêche.
Mais quel démon caché
L'empêche
De commettre un péché ?
 
" Ah ! dit-il, prenons garde.
Quel témoin curieux
Regarde
Avec ces deux grands yeux ? "
 
Et c'est, dans la nuit brune,
Sur son clocher jauni,
La lune
Comme un point sur un i.
 
 
Alfred de MUSSET   1810-1857
 
 
Poèmes de différents auteurs Cb809f21
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LA VIERGE DES PAMPLEMOUSSES DE AUGUSTE LACAUSSADE

Poèmes de différents auteurs B325fb10
 
La Vierge des Pamplemousses
 
Marie, ô douce enfant aux grands yeux de gazelle,
Qui naquis sur un sol où croissent les palmiers ;
Toi dont l’âme charmante et les songes premiers
Se sont ouverts, bercés à la voix fraternelle
Des bengalis et des ramiers !
O douce enfant ! Ta vie aux flots riants et calmes,
Pareille aux bassins bleus de mon climat natal,
N’a jamais réfléchi dans son sein virginal
Que la liane en [size=18]fleur et l’arbre aux vertes palmes[/size]
Penchés sur son mouvant cristal.
Sous les bambous lustrés où l’oiseau de la Vierge
Fait son nid, où la brise a d’ineffables voix,
Au pied du morne, abri de la biche aux abois,
Parmi les blancs lotus qui parfumaient ta berge,
Ton onde errait, source des bois !
Le soleil sous le dôme où ton urne s’épanche,
En rayons tamisés te versait sa clarté,
Et l’astre aux feux d’argent des tièdes nuits d’été,
Comme un oiseau, semblait passer de branche en branche,
Pour se mirer dans ta beauté.
Le poète qui rêve au fond de nos ravines,
Ivre d’ombre et d’oubli, charme des lieux déserts,
En t’écoutant courir sous les framboisiers verts,
Sentait, enveloppé de tes fraîcheurs divines,
Chanter en lui l’esprit des vers.
Et voici que tes flots, changeant leur destinée,
Loin du lit maternel vont prendre un autre cours ;
L’oranger te sourit au rivage où tu cours,
Et tu vas réfléchir dans ton eau fortunée
D’autres bonheurs, d’autres amours.
Et moi, moi que berçait ta voix parmi les mousses,
Plongé dans le présent, j’oubliais l’avenir.
Un jour vient où la vigne à l’ormeau veut s’unir ;
Et l’enfant aux grands yeux, l’enfant des Pamplemousses
N’est plus pour nous qu’un souvenir !
Et c’est la vie, hélas ! Tout change et rien ne dure.
L’été sort du printemps, du bouton naît la [size=18]fleur.[/size]
Pardonne à ces regrets que dément ton bonheur !
Ma pensive amitié, belle enfant, se rassure,
Voyant le choix fait par ton cœur.
L’âme honnête et virile à ta jeune âme unie,
D’un monde aux durs sentiers t’aplanira le sol.
Vers le nid du ramier, [size=18]colombe, prends ton vol ![/size]
Nous léguons notre vierge, - une autre Virginie -
Aux dévouements d’un autre Paul !
 
Septembre 1867.
 
Auguste Lacaussade, Poèmes et Paysages
 
Poèmes de différents auteurs 264-Plantes-Fleurs-Arbres-zlkbk1mi
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AVANT TOI DE MARCELINE DESBORDES-VALMORE

Poèmes de différents auteurs 0158597e
Avant toi
 
Comme le rossignol qui meurt de mélodie
Souffle sur son enfant sa tendre maladie,
Morte d'aimer, ma mère, à son regard d'adieu,
Me raconta son âme et me souffla son [size=18]Dieu.[/size]
Triste de me quitter, cette mère charmante,
Me léguant à regret la flamme qui tourmente,
Jeune, à son jeune enfant tendit longtemps sa main,
Comme pour le sauver par le même chemin.
Et je restai longtemps, longtemps, sans la comprendre,
Et longtemps à pleurer son secret sans l'apprendre,
A pleurer de sa mort le mystère inconnu,
Le portant tout scellé dans mon cœur ingénu,
Ce cœur signé d'amour comme sa tendre proie,
Où pas un chant mortel n'éveillait une joie.
On eût dit, à sentir ses faibles battements,
Une montre cachée où s'arrêtait le temps ;
On eût dit qu'à plaisir il se retint de vivre.
Comme un enfant dormeur qui n'ouvre pas son [size=18]livre,[/size]
Je ne voulais rien lire à mon sort, j'attendais ;
Et tous les jours levés sur moi, je les perdais.
Par ma ceinture noire à la terre arrêtée,
Ma mère était partie et tout m'avait quittée :
Le monde était trop grand, trop défait, trop désert ;
Une voix seule éteinte en changeait le concert :
Je voulais me sauver de ses dures contraintes,
J'avais peur de ses lois, de ses morts, de ses craintes,
Et ne sachant où fuir ses échos durs et froids,
Je me prenais tout haut à chanter mes effrois !
 
Mais quand tu dis : " Je viens ! " quelle cloche de fête
Fit bondir le sommeil attardé sur ma tête ;
Quelle rapide étreinte attacha notre sort,
Pour entre-ailer nos jours d'un fraternel essor !
Ma vie, elle avait froid, s'alluma dans la tienne,
Et ma vie a brillé, comme on voit au soleil
Se dresser une fleur sans que rien ne la soutienne,
Rien qu'un baiser de l'air, rien qu'un rayon vermeil...
Aussi, dès qu'en entier ton âme m'eut saisie,
Tu fus ma piété ! Mon ciel ! Ma [size=18]poésie ![/size]
Aussi, sans te parler, je te nomme souvent
Mon frère devant [size=18]Dieu ! Mon âme ! Ou mon enfant ![/size]
Tu ne sauras jamais, comme je sais moi-même,
A quelle profondeur je t'atteins et je t'aime !
Tu serais par la mort arraché de mes vœux,
Que pour te ressaisir mon âme aurait des yeux,
Des lueurs, des accents, des larmes, des prières,
Qui forceraient la mort à rouvrir tes paupières !
Je sais de quels frissons ta mère a dû frémir
Sur tes sommeils d'enfant : moi, je t'ai vu dormir :
Tous ses effrois charmants ont tremblé dans mon âme ;
Tu dis vrai, tu dis vrai ; je ne suis qu'une femme ;
Je ne sais qu'inventer pour te faire un bonheur ;
Une surprise à voir s'émerveiller ton cœur !
 
Toi, ne sois pas jaloux ! Quand tu me vois penchée,
Quand tu me vois me taire, et te craindre et souffrir,
C'est que l'amour m'accable. Oh ! Si j'en dois mourir,
Attends : je veux savoir si, quand tu m'as cherchée,
Tu t'es dit : " Voici l'âme où j'attache mon sort
Et que j'épouserai dans la vie ou la mort. "
Oh ! Je veux le savoir. Oh ! L'as-tu dit ? ... pardonne !
On est étrange, on veut échanger ce qu'on donne.
Ainsi, pour m'acquitter de ton regard à toi,
Je voudrais être un monde et te dire : " Prends-moi ! "
Née avant toi... douleur ! Tu le verrais peut-être,
Si je vivais trop tard. Ne le fais point paraître,
Ne dis pas que l'amour sait compter, trompe-moi :
Je m'en ressouviendrai pour mourir avant toi !
 
 
 
 
 
Marceline DESBORDES-VALMORE   1786-1859
 
 
Poèmes de différents auteurs 5afa5df6
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OPHÉLIE DE RIMBAUD

Poèmes de différents auteurs Ca7b002a
[size=13]peinture de Ophélie par Alexandre Cabanel 1883
[/size]
Ophélie de Rimbaud
 
 
Sur l’onde calme et noire où dorment les étoiles
La blanche Ophélia flotte comme un grand lys,
Flotte très lentement, couchée en ses longs voiles
- On entend dans les bois lointains des hallalis
 
 
Voici plus de mille ans que la triste Ophélie
Passe, fantôme blanc, sur le long fleuve noir,
Voici plus de mille ans que sa douce folie
Murmure sa romance à la brise du soir.
 
Le vent baise ses seins et déploie en corolle
Ses grands voiles bercés mollement par les eaux ;
Les saules frissonnants pleurent sur son épaule,
Sur son grand front rêveur s’inclinent les roseaux.
 
Les nénuphars froissés soupirent autour d’elle ;
Elle éveille parfois, dans un aune qui dort,
Quelque nid, d’où s’échappe un petit frisson d’aile :
? Un chant mystérieux tombe des astres d’or.
 
 
Ô pâle Ophélia ! [size=18]Belle comme la neige ![/size]
Oui tu mourus, [size=18]enfant, par un fleuve emporté ![/size]
? C’est que les vents tombant des grands monts de Norvège
T’avaient parlé tout bas de l’âpre liberté ;
 
C’est qu’un souffle, tordant ta grande chevelure,
À ton esprit rêveur portait d’étranges bruits ;
Que ton cœur écoutait le chant de la Nature
Dans les plaintes de l’arbre et les soupirs des nuits ;
 
C’est que la voix des mers folles, immense râle,
Brisait ton sein d’enfant, trop humain et trop doux ;
C’est qu’un matin d’avril, un beau cavalier pâle,
Un pauvre fou, s’assit muet à tes genoux !
 
Ciel ! [size=18]Amour ! Liberté ! Quel rêve, ô pauvre Folle ![/size]
Tu te fondais à lui comme une neige au feu :
Tes grandes visions étranglaient ta parole
? Et l’Infini terrible effara ton œil bleu !
 
 
? Et le Poète dit qu’aux rayons des étoiles
Tu viens chercher, la nuit, les [size=18]fleurs que tu cueillis,[/size]
Et qu’il a vu sur l’eau, couchée en ses longs voiles,
 
La blanche Ophélia flotter, comme un grand lys.
 
Arthur Rimbaud
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