Poème d'Automne
L'Automne,
Vous qu'ont enrichis les trésors de Cérès,
Préparez-vous mortels à de nouveaux bienfaits.
Redoublez vos présents terre heureuse et féconde
Récompensez encor la main qui vous seconde.
Et toi riant [size=16]automne, accorde à nos désirs
Ce qu'on attend de toi du repos des plaisirs,
Une douce chaleur et des jours sans orages.
Il vient environné de paisibles nuages,
Il voit du haut du ciel le pourpre des raisins,
Et l'ambre etl'incarnat des fruits de nos jardins.
De coteaux en coteaux la vendange annoncée
Rappelle le tumulte et la joie insensée
J'entends de loin les cris du peuple fortuné
Qui courtle thyrse en main de pampres couronné.
Favoris de Bacchus ministres de Pomone,
Célébrez avec moi les charmes de l'automne
L'année à son déclin recouvre sa beauté.
L'automne a des couleurs qui manquaient à l'été.
Dans ces champs variés l'or le pourpre et l'opale,
Sur un fond vert encor brillent par intervalle,
Et couvrent la forêt qui borde ces vallons,
D'un vaste amphithéâtre étendu sur les monts.
L'arbre de Cérasonte au gazon des prairies
Oppose l'incarnat de ses branches flétries.
Quelles riches couleurs quels fruits délicieux
Ces champs et ces vergers présentent à vos yeux
Voyez par les zéphyrs la pomme balancée
Échapper mollement à la branche affaissée,
Le poirier en buisson courbé sous son trésor,
Sur le gazon jauni rouler les globes d'or,
Et de ces lambris verts attachés au treillage
La pêche succulente entraîner le branchage.
Les voilà donc ces fruits qu'ont annoncés les fleurs
Et que l'été brûlant mûrit par ses chaleurs
Jouissez ô mortels et par des cris de joie,
Rendez grâces au ciel des biens qu'il vous envoie
Que la danse et les chants les jeux et les amours,
Signalent à la fois les derniers des beaux jours.[/size]
Jean-François de Saint-Lambert.
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------------------------------------------------------------Poème Pluie d'Automne
Pluie d'Automne,
Enfin, voici la pluie et les brumes d’automne ,
Le temps est presque froid. Le soleil radieux
Depuis hier au soir nous a fait ses adieux ,
Le ciel, d’un bout à l’autre, est d’un gris monotone.
Sous les arbres feuillus l’ombre se pelotonne,
Bleue et tranquille ; un jour aveuglant, odieux
Cesse de l’accabler de traits insidieux ;
Dans l’accord des couleurs pas une ne détonne.
Le regard ébloui de trop vives clartés,
Brûlé par la splendeur des rayonnants étés,
Se détend se repose et contemple, paisible,
Les arbres estompés, les contours amollis,
Le vallon qui se creuse en mystérieux plis,
Et l’horizon rendu par la pluie invisible.
Quand on a l’âme sombre et le cœur angoissé,
Ces aspects adoucis, ces tons mélancoliques,
Que voilent à demi des hachures obliques
Impalpable réseau d’un faible vent poussé,
Cette [size=16]nature en deuil, ce feuillage froissé,
Ces teintes d’un vert glauque aux reflets métalliques,
Cette pluie au moment des ardeurs idylliques,
Vous conviennent bien mieux que le beau temps passé.[/size]
L’été, c’est le bonheur, la joie et la lumière,
L’épanouissement sans crainte de l’esprit
A qui tout ici-bas et dans le ciel sourit.
L’été, c’est la jeunesse en sa verdeur première,
C’est la santé robuste et l’amour insensé…
Et moi j’ai l’âme sombre et le cœur angoissé.
Louise Siefert.
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Poème d'Automne
L'Automne,
A toute autre saison je préfère l'automne,
Et je préfère aux chants des arbres pleins de nids
La lamentation confuse et monotone
Que rend la harpe d'or des grands chênes jaunis.
Je préfère aux gazons semés de pâquerettes
Où la source égrenait son collier d'argent vif,
La clairière déserte où, tristes et discrètes,
Les feuilles mortes font leur bruit doux et plaintif.
Plus de moissons aux champs, ni de foin aux vallées;
Mais le seigle futur rit sur les bruns sillons,
Et le saule penchant ses branches désolées
Sert de perchoir nocturne aux frileux oisillons.
Et, depuis le ruisseau que recouvrent les aulnes
Jusqu'aux sommets où, seuls, les ajoncs ont des [size=16]fleurs,
Les feuillages divers qui s'étagent par zones
Doublent le chant des bruits de l'hymne des couleurs.
Et les pommiers sont beaux, courbés sous leurs fruits roses,
Et beaux les ceps sanglants marbrés de raisins noirs,
Mais plus beaux s'écroulant sous leurs langues décloses,
Les châtaigniers vêtus de la pourpre des soirs.
Ici c'est un grand feu de fougère flétrie
D'où monte dans le ciel la fumée aux flots bleus,
Et, comme elle, la vague et lente rêverie
Du pâtre regardant l'horizon nébuleux.
Plus loin un laboureur, sur la lande muette,
S'appuie à la charrue, et le soleil couchant
Détache sur fond d'or la fière silhouette
Du bouvier et des bœufs arrêtés en plein champ.
L'on se croirait devant un vitrail grandiose
Où quelque artiste ancien, saintement inspiré,
Aurait représenté dans une apothéose
Le serf et l'attelage et l'araire sacré.[/size]
[size=16]François Fabié.[/size]
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------------------------------------------------------------------------------------------------L'Automne
Salut ! bois couronnés d’un reste de verdure !
Feuillages jaunissants sur les gazons épars !
Salut, derniers beaux jours ! Le deuil de la nature
Convient à la douleur et plaît à mes regards !
Je suis d’un pas rêveur le sentier solitaire,
J’aime à revoir encor, pour la dernière fois,
Ce soleil pâlissant, dont la faible lumière
Perce à peine à mes pieds l’obscurité des bois !
Oui, dans ces jours d’automne où la nature expire,
A ses regards voilés, je trouve plus d’attraits,
C’est l’adieu d’un ami, c’est le dernier sourire
Des lèvres que la mort va fermer pour jamais !
Ainsi, prêt à quitter l’horizon de la vie,
Pleurant de mes longs jours l’espoir évanoui,
Je me retourne encore, et d’un regard d’envie
Je contemple ses biens dont je n’ai pas joui !
Terre, soleil, vallons, belle et douce nature,
Je vous dois une larme aux bords de mon tombeau ;
L’air est si parfumé ! la lumière est si pure !
Aux regards d’un mourant le soleil est si beau !
Je voudrais maintenant vider jusqu’à la lie
Au fond de cette coupe où je buvais la vie,
Peut-être restait-il une goutte de miel ?
Peut-être l’avenir me gardait-il encore
Un retour de bonheur dont l’espoir est perdu ?
Peut-être dans la foule, une âme que j’ignore
Aurait compris mon âme, et m’aurait répondu ?
A la vie, au soleil, ce sont là ses adieux ;
Moi, je meurs; et mon âme, au moment qu’elle expire,
S’exhale comme un son triste et mélodieux.
Alphonse Lamartine.
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Envoi de feuilles d'Automne
A Madame,
Ce livre errant qui va l'aile brisée,
Et que le vent jette à votre croisée
Comme un grêlon à tous les murs cogné,
Hélas ! il sort des tempêtes publiques.
Le froid, la pluie, et mille éclairs obliques
L'ont assailli, le pauvre nouveau-né.
Il est puni d'avoir fui ma demeure.
Après avoir chanté, voici qu'il pleure ;
Voici qu'il boite après avoir plané !
En attendant que le vent le remporte,
Ouvrez, Marie, ouvrez-lui votre porte.
Raccommodez ses vers estropiés !
Dans votre alcôve à tous les vents bien close,
Pour un instant souffrez qu'il se repose,
Qu'il se réchauffe au feu de vos trépieds,
Qu'à vos côtés, à votre ombre, il se couche,
Oiseau plumé, qui, frileux et farouche,
Tremble et palpite, abrité sous vos pieds !
Victor Hugo.
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------------------------------------------------------------Chant d'Automne,
Bientôt nous plongerons dans les froides ténèbres
Adieu, vive clarté de nos étés trop courts !
J'entends déjà tomber avec des chocs funèbres
Le bois retentissant sur le pavé des cours.
Tout l'hiver va rentrer dans mon être : colère,
Haine, frissons, horreur labeur dur et forcé,
Et, comme le soleil dans son enfer polaire,
Mon coeur ne sera plus qu'un bloc rouge et glacé.
J'écoute en frémissant chaque bûche qui tombe ,
L'échafaud qu'on bâtit n'a pas d'écho plus sourd.
Mon esprit est pareil à la tour qui succombe
Sous les coups du bélier infatigable et lourd.
Il me semble, bercé par ce choc monotone,
Qu'on cloue en grande hâte un cercueil quelque part.
Pour qui,C'était hier l'été ; voici l'automne !
Ce bruit mystérieux sonne comme un départ.
J'aime de vos longs yeux la lumière verdâtre,
Douce beauté, mais tout aujourd'hui m'est amer,
Et rien, ni votre amour, ni le boudoir, ni l'âtre,
Ne me vaut le soleil rayonnant sur la mer.
Et pourtant aimez-moi, tendre coeur ! soyez mère,
Même pour un ingrat, même pour un méchant ;
Amante ou soeur, soyez la douceur éphémère
D'un glorieux automne ou d'un soleil couchant.
Courte tâche ! La tombe attend ; elle est avide !
Ah ! laissez-moi, mon front posé sur vos genoux,
Goûter, en regrettant l'été blanc et torride,
De l'arrière-saison le rayon jaune et doux.
Charles Baudelaire.
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L'Automne
Sois le bienvenu, rouge Automne,
Accours dans ton riche appareil,
Embrase le coteau vermeil
Que la vigne pare et festonne.
Père, tu rempliras la tonne
Qui nous verse le doux sommeil ;
Sois le bienvenu, rouge Automne,
Accours dans ton riche appareil.
Déjà la Nymphe qui s'étonne,
Blanche de la nuque à l'orteil,
Rit aux chants ivres de soleil
Que le gai vendangeur entonne.
Sois le bienvenu, rouge Automne.
Théodore de Banville.
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Ninnenne