Je vous envoie un bouquet que ma main
Vient de trier de ces fleurs épanies;
Qui ne les eût à ce vêpre cueillies
Chutes à terre elles fussent demain.
Cela vous soit un exemple certain
Que vos beautés bien qu'elles soient fleuries
En peu de temps cherront toutes flétries
Et comme fleurs périront tout soudain.
Le temps s'en va, le temps s'en va, ma Dame,
Las ! le temps non, mais nous, nous en allons,
Et tôt serons étendus sous la lame ;
Et des amours desquelles nous parlons,
Quand serons morts, n'en sera plus nouvelle;
Pour ce, aimez-moi cependant qu'êtes belle.
Pierre de Ronsard -
Oh ! la fleur de lys !
La noble fleur blanche,
La fleur qui se penche
Sur nos fronts pâlis !
Son parfum suave
Plus doux que le miel
Raconte le ciel,
Console l'esclave.
Son luxe éclatant
Dans la saison douce
Pousse, pousse, pousse.
Qui nous orne autant ?
La rose est coquette ;
Le glaïeul sanglant
Mais le lys est blanc
Pour la grande fête.
Oh ! le temps des rois,
Des grands capitaines,
Des phrases hautaines
Aux étrangers froids !
Le printemps s'apprête ;
Les lys vont fleurir.
Oh ! ne pas mourir
Avant cette fête.
Charles Cros.
Pierre de RONSARD (1524-1585)
Mignonne, allons voir si la rose
Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avoit desclose
Sa robe de pourpre au Soleil,
A point perdu ceste vesprée
Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au vostre pareil.
Las ! voyez comme en peu d'espace,
Mignonne, elle a dessus la place
Las ! las ses beautez laissé cheoir !
Ô vrayment marastre Nature,
Puis qu'une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir !
Donc, si vous me croyez, mignonne,
Tandis que vostre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez vostre jeunesse :
Comme à ceste fleur la vieillesse
Fera ternir vostre beauté.
Le coquelicot est une plante sauvage annuelle; à la fin du printemps, sa fleur déploie quatre pétales rouge vif dans les champs de céréales, les bords des chemins, les friches
et terrains vagues.
Le coquelicot (Papaver Rhoeas), Famille des papavéracées, originaire de la Méditerranée orientale. Dit aussi pavot des champs, pavot rouge, coq, mahon, ponceau.
Le coquelicot est une plante sauvage annuelle; à la fin du printemps, sa fleur déploie quatre pétales rouge vif dans les champs de céréales, les bords des chemins, les friches et terrains vagues.
Il peut se récolter à la floraison en juin et juillet.
On utilise les pétales.
Le coquelicot est connu pour ses effets apaisants.
Il existe d'ailleurs des bonbons et même du sirop au coquelicot.
On peut aussi en faire de la gelée, de la confiture,
du sorbet, du yaourt,
Ainsi que de la tisane, du pain avec ses graines, de la vinaigrette,
du vin ou de la liqueur de coquelicots etc...
Le coquelicot est utilisé pour bien d'autres mets salés ou sucrés...
Quantités de recettes se réalisent
Grâce aux pétales et aux graines de coquelicot.
Je n'en propose pas ici car il n'en manque pas sur le net !
A savoir,
Le coquelicot ayant de nombreuses vertus, entre autres émollientes,
Son usage rentre également dans la catégorie des cosmétiques.
Poème illustré par un tableau de :
Sur le mur délavé des grappes dégoulinent,
Des fleurs mauves et bleues sentant bon le printemps,
Des ruisseaux cascadant en bouquets : la glycine
Qui couvre le crépi comme en y ruisselant.
Ses papillons légers semblent si aériens
Qu’on ne soupçonne pas leur énorme vigueur.
Le soleil les stimule et ils poussent fort bien
Malgré la terre pauvre et peu propice aux fleurs.
Le tronc s’accroche dru le long du mur crayeux,
Montant gaillardement jusqu’aux tuiles faîtières ;
Et les stolons costauds grimpent, si vigoureux
Qu’ils ont même arraché notre antique gouttière.
Mais l’on a pardonné cette désinvolture
Car ils sont faits de vie qui gicle et qui bouillonne.
La glycine est ainsi, si folle et si brouillonne
Qu’on ne peut qu’oublier qu’elle mange les murs.
O mois des floraisons mois des métamorphoses
Mai qui fut sans nuage et Juin poignardé
Je n’oublierai jamais les lilas ni les roses
Ni ceux que le printemps dans les plis a gardés
Je n’oublierai jamais l’illusion tragique
Le cortège les cris la foule et le soleil
Les chars chargés d’amour les dons de la Belgique
L’air qui tremble et la route à ce bourdon d’abeilles
Le triomphe imprudent qui prime la querelle
Le sang que préfigure en carmin le baiser
Et ceux qui vont mourir debout dans les tourelles
Entourés de lilas par un peuple grisé
Je n’oublierai jamais les jardins de la France
Semblables aux missels des siècles disparus
Ni le trouble des soirs l’énigme du silence
Les roses tout le long du chemin parcouru
Le démenti des fleurs au vent de la panique
Aux soldats qui passaient sur l’aile de la peur
Aux vélos délirants aux canons ironiques
Au pitoyable accoutrement des faux campeurs
Mais je ne sais pourquoi ce tourbillon d’images
Me ramène toujours au même point d’arrêt
A Sainte-Marthe Un général De noirs ramages
Une villa normande au bord de la forêt
Tout se tait L’ennemi dans l’ombre se repose
On nous a dit ce soir que Paris s’est rendu
Je n’oublierai jamais les lilas ni les roses
Et ni les deux amours que nous avons perdus
Bouquets du premier jour lilas lilas des Flandres
Douceur de l’ombre dont la mort farde les joues
Et vous bouquets de la retraite roses tendres
Couleur de l’incendie au loin roses d’Anjou
Louis Aragon, Le Crève-coeur, 1941
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- LaMarguerite
Au bord de la route , une marguerite, Sous le souffle du vent, danse, s'agite, Elle ne se sait pas... juste "fleur" Qui ne vivra que quelques petites heures, Elle rêve d'être une… grande artiste, Elle se voit entrer en bout de piste, Elle entend de douces voix qui s'approchent… Elle a peur, ses rêves s'effilochent !! Déjà elle sent une main sur sa tige... Elle se cramponne ,se dresse, se fige… Elle se sent arrachée, elle vole dans l'air , Elle regrette son morceau de terre... Une voix enfantine… se fait entendre !!! "Maman"… les mains dodues veulent tendrent… Ce qu'elles viennent de cueillir... avec tant d' amour, La marguerite comprend sa fin... pour toujours… La maman doucement remercie sa fille, Prend le temps, lui explique … toute vie, La petite fille comprend... si vite, Son beau regard se voile, s'attriste… Elle scrute sa maman, se penche et dit… Il faudra que tu la gardes toute ta vie, La marguerite se sent devenir artiste… Elle fera vraiment… son tour de piste, Puisqu'elle existera pour toujours... Et cela au nom d' un merveilleux Amour… Entre une petite fille et sa maman, Et cet Amour durera tout le temps.
Une fois, une seule, aimable et douce femme,
A mon bras votre bras poli
S’appuya (sur le fond ténébreux de mon âme
Ce souvenir n’est point pâli);
II était tard; ainsi qu’une medaille neuve
La pleine lune s’étalait,
Et la solennité de la nuit, comme un fleuve,
Sur Paris dormant ruisselait.
Et le long des maisons, sous les portes cochères,
Des chats passaient furtivement,
L’oreille au guet, ou bien, comme des ombres chères,
Nous accompagnaient lentement.
Tout à coup, au milieu de l’intimité libre
Eclose à la pâle clarté,
De vous, riche et sonore instrument où ne vibre
Que la radieuse gaieté,
De vous, claire et joyeuse ainsi qu’une fanfare
Dans le matin étincelant,
Une note plaintive, une note bizarre
S’échappa, tout en chancelant
Comme une enfant chétive, horrible, sombre, immonde,
Dont sa famille rougirait,
Et qu’elle aurait longtemps, pour la cacher au monde,
Dans un caveau mise au secret.
Pauvre ange, elle chantait, votre note criarde:
» Que rien ici-bas n’est certain,
Et que toujours, avec quelque soin qu’il se farde,
Se trahit l’égoïsme humain;
Que c’est un dur métier que d’être belle femme,
Et que c’est le travail banal
De la danseuse folle et froide qui se pâme
Dans son sourire machinal;
Que bâtir sur les coeurs est une chose sotte;
Que tout craque, amour et beauté,
Jusqu’à ce que l’Oubli les jette dans sa hotte
Pour les rendre à l’Eternité! «
J’ai souvent évoqué cette lune enchantée,
Ce silence et cette langueur,
Et cette confidence horrible chuchotée
Au confessionnal du coeur.
Charles Baudelaire.
Paysage
Je veux, pour composer chastement mes églogues,
Coucher auprès du ciel, comme les astrologues,
Et, voisin des clochers écouter en rêvant
Leurs hymnes solennels emportés par le vent.
Les deux mains au menton, du haut de ma mansarde,
Je verrai l'atelier qui chante et qui bavarde;
Les tuyaux, les clochers, ces mâts de la cité,
Et les grands ciels qui font rêver d'éternité.
II est doux, à travers les brumes, de voir naître
L'étoile dans l'azur, la lampe à la fenêtre
Les fleuves de charbon monter au firmament
Et la lune verser son pâle enchantement.
Je verrai les printemps, les étés, les automnes;
Et quand viendra l'hiver aux neiges monotones,
Je fermerai partout portières et volets
Pour bâtir dans la nuit mes féeriques palais.
Alors je rêverai des horizons bleuâtres,
Des jardins, des jets d'eau pleurant dans les albâtres,
Des baisers, des oiseaux chantant soir et matin,
Et tout ce que l'Idylle a de plus enfantin.
L'Emeute, tempêtant vainement à ma vitre,
Ne fera pas lever mon front de mon pupitre;
Car je serai plongé dans cette volupté
D'évoquer le Printemps avec ma volonté,
De tirer un soleil de mon coeur, et de faire
De mes pensers brûlants une tiède atmosphère.
Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal
Ninnenne