LA VOIX D'UN AMI
Si tu n'as pas perdu cette voix grave et tendre Qui promenait mon âne au chemin des éclairs
Où s'écoulait limpide avec les ruisseaux clairs, Éveille un peu ta voix que je voudrais entendre.
Elle manque à ma peine, elle aiderait mes jours. Dans leurs cent mille voix je ne l'ai pas trouvée. Pareille à l'espérance en d'autres temps rêvée,
Ta voix ouvre une vie où l'on vivra toujours ! Souffle vers ma maison cette flamme sonore
Qui seule a su répondre aux larmes de mes yeux. Inutile à la terre, approche-moi des cieux.
Si l'haleine est en toi, que je l'entende encore !
Elle manque à ma peine ; elle aiderait mes jours. Dans leurs cent mille voix je ne l'ai pas trouvée. Pareille à l'espérance en d'autres temps rêvée,
Ta voix ouvre une vie où l'on vivra toujours !
[size=16]Marceline Desbordes-Valmore.[/size]
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C ETAIT CETTE FLEUR QU ON APPELLEE PENSEE
La pensée
Un soir, vaincu par le labeur
Où s'obstine le front de l'homme,
Je m'assoupis, et dans mon somme
M'apparut un bouton de fleur.
C'était cette fleur qu'on appelle
Pensée; elle voulait s'ouvrir,
Et moi je m'en sentais mourir :
Toute ma vie allait en elle.
Echange invisible et muet :
A mesure que ses pétales
Forçaient les ténèbres natales,
Ma force à moi diminuait.
Et ses grands yeux de velours sombre
Se dépliaient si lentement
Qu'il me semblait que mon tourment
Mesurât des siècles sans nombre.
Vite, ô fleur, l'espoir anxieux
De te voir éclore m'épuise;
Que ton regard s'achève et luise !
René Armand François Sully Prudhomme.
Ninnenne