AVOIR ET ÊTRE
Loin des vieux [size=16]livres de grammaire,
Écoutez comment un beau soir,
Ma mère m'enseigna les mystères
Du verbe être et du verbe avoir.
Parmi mes meilleurs auxiliaires,
Il est deux verbes originaux.
"Avoir" et "Être" étaient deux frères
Que j'ai connus dès le berceau.
Bien qu'opposés de caractère,
On pouvait les croire jumeaux,
Tant leur histoire est singulière.
Mais ces deux frères étaient rivaux.
Ce qu'"Avoir" aurait voulu être
"Être" voulait toujours l'avoir.
À ne vouloir ni dieu ni maître,
Le verbe "Être" s'est fait avoir.
Son frère "Avoir" était en banque
Et faisait un grand numéro,
Alors qu"'Être", toujours en manque
Souffrait beaucoup dans son ego.
Pendant qu"'Être" apprenait à lire
Et faisait ses humanités,
De son côté sans rien lui dire
"Avoir" apprenait à compter.
Et il amassait des fortunes
En avoirs, en liquidités,
Pendant qu'"Être, un peu dans la lune
S'était laissé déposséder.
"Avoir" était ostentatoire
Lorsqu'il se montrait généreux,
"Être" en revanche, et c'est notoire,
Est bien souvent présomptueux.
"Avoir" voyage en classe Affaires.
Il met tous ses titres à l'abri.
Alors qu'"Être" est plus débonnaire,
Il ne gardera rien pour lui.
Sa richesse est tout intérieure,
Ce sont les choses de l'esprit.
Le verbe "Être" est tout en pudeur
Et sa noblesse est à ce prix.
Un jour à force de chimères
Pour parvenir à un accord,
Entre verbes ça peut se faire,
Ils conjuguèrent leurs efforts.
Et pour ne pas perdre la face
Au milieu des mots rassemblés,
Ils se sont répartis les tâches
Pour enfin se réconcilier.
Le verbe Avoir a besoin d'Être
Parce qu'être, c'est exister.
Le verbe Être a besoin d'avoirs
Pour enrichir ses bons côtés.
Et de palabres interminables
En arguties alambiquées,
Nos deux frères inséparables
Ont pu être et avoir été.[/size]
Auteur: Yves Duteil
LA SUPPLIQUE DE L'ARBRE
LA SUPPLIQUE DE L'ARBRE
Homme!
Je suis la chaleur de ton foyer par les froides nuits d'hiver,
L'ombrage ami lorsque brûle le soleil d'été.
Je suis la charpente de ta maison, la planche de ta table.
Je suis le lit dans lequel tu dors et le bois dont tu fis tes navires.
Je suis le manche de ta houe et la porte de ton enclos.
Je suis le bois de ton berceau et aussi de ton cercueil.
Ecoute ma prière veux-tu ?
Laisse-moi vivre pour tempérer les climats et favoriser l'éclosion des [size=16]fleurs.
Laisse-moi vivre pour arrêter les typhons et empêcher les vents de sable.
Laisse-moi vivre pour calmer les vents, pousser les nuages
et apporter la pluie qui véhicule la vie du monde.
Laisse-moi vivre pour empêcher les catastrophiques inondations qui tuent.
Je suis la source des ruisseaux. Je suis la vraie richesse de l'état.
Je contribue à la prospérité du plus petit village.
J'embellis ton pays par la verdure de mon manteau.
Homme, écoute ma prière
Ne me détruis pas![/size]
([size=16]Texte ancien d'un sage indochinois)[/size]
Et si tu n'existais pas
Et si tu n'existais pas
Dis-moi pourquoi j'existerais.
Pour traîner dans un monde
sans toi,
Sans espoir et sans regrets.
Et si tu n'existais pas,
J'essaierais d'inventer l'amour,
Comme un peintre
qui voit sous ses doigts
Naître les couleurs du jour
Et qui n'en revient pas.
Et si tu n'existais pas,
Dis-moi pourqui j'existerais
Des passantes endormies
dans mes bras
Que je n'aimerais jamais
Et si tu n'existais pas
Je ne serais qu'un point de plus.
Dans ce monde qui vient et qui va
Je me sentirais perdu,
J'aurais besoin de toi.
Et si tu n'existais pas
Dis-moi comment j'existerais.
Je pourrais faire semblant d'être moi
Mais je ne serais pas vrai.
Et si tu n'existais pas
Je crois que je l'aurais trouvé
Le secret de la vie, le pourquoi,
Simplement pour te créer
Et pour te regarder.
(Joe Dassin)
Ecoute moi
"Écoute-moi, s'il te plaît, j'ai besoin de parler
Accorde-moi seulement quelques instants
Accepte ce que je vis, ce que je sens,
Sans réticence, sans jugement.
Écoute-moi, s'il te plaît, j'ai besoin de parler
Ne me bombarde pas de conseils et d'idées
Ne te crois pas obligé de régler mes difficultés
Manquerais-tu de confiance en mes capacités?
Écoute-moi, s'il te plaît, j'ai besoin de parler
N'essaie pas de me distraire ou de m'amuser
Je croirais que tu ne comprends pas
L'importance de ce que je vis en moi
Écoute-moi, s'il te plaît, j'ai besoin de parler
Surtout, ne me juge pas, ne me blâme pas
Voudrais-tu que ta moralité
Me fasse crouler de culpabilité?
Écoute-moi, s'il te plaît, j'ai besoin de parler
Ne te crois pas non plus obligé d'approuver
Si j'ai besoin de me raconter
C'est simplement pour être libéré
Écoute-moi, s'il te plaît, j'ai besoin de parler
N'interprète pas et n'essaie pas d'analyser
Je me sentirais incompris et manipulé
Et je ne pourrais plus rien te communiquer
Écoute-moi, s'il te plaît, j'ai besoin de parler
Ne m'interromps pas pour me questionner
N'essaie pas de forcer mon domaine caché
Je sais jusqu'où je peux et veux aller
Écoute-moi, s'il te plaît, j'ai besoin de parler
Respecte les silences qui me font cheminer
Garde-toi bien de les briser
C'est par eux bien souvent que je suis éclairé
Alors maintenant que tu m'as bien écouté
Je t'en prie, tu peux parler
Avec [size=16]tendresse et disponibilité
À mon tour, je t'écouterai "[/size]
(Jacques Salomé)
La Courbe de tes yeux...
La courbe de tes yeux fait le tour de mon [size=16]coeur,[/size]
Un rond de [size=16]danse et de douceur,[/size]
Auréole du temps, berceau nocturne et sûr,
Et si je ne sais plus tout ce que j’ai vécu
C’est que tes yeux ne m’ont pas toujours vu.
Feuilles de jour et mousse de rosée,
Roseaux du vent, sourires parfumés,
Ailes couvrant le monde de lumière,
Bateaux chargés du ciel et de la [size=16]mer,[/size]
Chasseurs des bruits et sources des couleurs.
Parfums éclos d’une couvée d’aurores
Qui gît toujours sur la paille des astres,
Comme le jour dépend de l’innocence
Le monde entier dépend de tes yeux purs
Et tout mon sang coule dans leurs regards.
Paul Eluard
Cet Amour
Cet amour
Si violent
Si fragile
Si tendre
Si désespéré
Cet amour
Beau comme le jour
Et mauvais comme le temps
Quand le temps est mauvais
Cet [size=16]amour si vrai
Cet amour si beau
Si heureux
Si joyeux
Et si dérisoire
Tremblant de peur comme un enfant dans le noir
Et si sûr de lui
Comme un homme tranquille au milieu de la nuit
Cet amour qui faisait peur aux autres
Qui les faisait parler
Qui les faisait blémir
Cet amour guetté
Parce que nous le guettions
Traqué blessé piétiné achevé nié oublié
Parce que nous l'avons traqué blessé piétiné achevé nié oublié
Cet amour tout entier
Si vivant encore
Et tout ensoleillé
C'est le tien
C'est le mien
Celui qui a été
Cette chose toujours nouvelles
Et qui n'a pas changé
Aussi vraie qu'une plante
Aussi tremblante qu'un oiseau
Aussi chaude aussi vivante que l'été
Nous pouvons tous les deux
Aller et revenir
Nous pouvons oublier
Et puis nous rendormir
Nous réveiller souffrir vieillir
Nous endormir encore
Rêver à la mort
Nous éveiller sourire et rire
Et rajeunir
Notre amour reste là
Têtu comme une bourrique
Vivant comme le désir
Cruel comme la mémoire
Bête comme les regrets
Tendre comme le souvenir
Froid comme le marbre
Beau comme le jour
Fragile comme un enfant
Il nous regarde en souriant
Et il nous parle sans rien dire
Et moi j'écoute en tremblant
Et je crie
Je crie pour toi
Je crie pour moi
Je te supplie
Pour toi pour moi et pour tous ceux qui s'aiment
Et qui se sont aimés
Oui je lui crie
Pour toi pour moi et pour tous les autres
Que je ne connais pas
Reste là
Là où tu es
Là où tu étais autrefois
Reste là
Ne bouge pas
Ne t'en va pas
Nous qui sommes aimés
Nous t'avons oublié
Toi ne nous oublie pas
Nous n'avions que toi sur la terre
Ne nous laisse pas devenir froids
Beaucoup plus loin toujours
Et n'importe où
Donne-nous signe de vie
Beaucoup plus tard au coin d'un bois
Dans la forêt de la mémoire
Surgis soudain
Tends-nous la main
Et sauve-nous.[/size]
Jacques Prévert
Poèmes de Pablo Neruda
[size=21]Il meurt lentement
celui qui ne voyage pas,
celui qui ne lit pas,
celui qui n’écoute pas de musique,
celui qui ne sait pas trouver
grâce à ses yeux.
Il meurt lentement
celui qui détruit son amour-propre,
celui qui ne se laisse jamais aider.
Il meurt lentement
celui qui devient esclave de l'habitude
refaisant tous les jours les mêmes chemins,
celui qui ne change jamais de repère,
Ne se risque jamais à changer la couleur
de ses vêtements
Ou qui ne parle jamais à un inconnu
Il meurt lentement
celui qui évite la passion
et son tourbillon d'émotions
celles qui redonnent la lumière dans les yeux
et réparent les coeurs blessés
Il meurt lentement
celui qui ne change pas de cap
lorsqu'il est malheureux
au travail ou en amour,
celui qui ne prend pas de risques
pour réaliser ses rêves,
celui qui, pas une seule fois dans sa vie,
n'a fui les conseils sensés.
Vis maintenant !
Risque-toi aujourd'hui !
Agis tout de suite!
Ne te laisse pas mourir lentement !
Ne te prive pas d'être heureux !
[/size]
Pablo Neruda
Si tu m'oublies
Si tu m'oublies
je veux que tu saches
une chose.
Tu sais ce qu’il en est:
si je regarde
la lune de cristal, la branche rouge
du lent [size=16]automne de ma fenêtre,
si je touche
près du feu
la cendre impalpable
ou le corps ridé du bois,
tout me mène à toi,
comme si tout ce qui existe,
les arômes, la lumière, les métaux,
étaient de petits bateaux qui naviguent
vers ces îles à toi qui m’attendent.
Cependant,
si peu à peu tu cesses de m’aimer
je cesserai de t’aimer peu à peu.
Si soudain
tu m’oublies
ne me cherche pas,
puisque je t’aurai aussitôt oubliée.
Si tu crois long et fou
le vent de drapeaux
qui traversent ma vie
et tu décides
de me laisser au bord
du coeur où j’ai mes racines,
pense
que ce jour-là,
à cette même heure,
je lèverai les bras
et mes racines sortiront
chercher une autre terre.
Mais
si tous les jours
à chaque heure
tu sens que tu m’es destinée
avec une implacable douceur.
Si tous les jours monte
une fleur à tes lèvres me chercher,
ô mon amour, ô mienne,
en moi tout ce feu se répète,
en moi rien ne s’éteint ni s’oublie,
mon amour se nourrit de ton amour, ma belle,
et durant ta vie il sera entre tes bras
sans s’échapper des miens.[/size]
Pablo Neruda
Traduction de Ricard Ripoll i Villanueva
[size=24]Déjeuner du matin
Il a mis le café
Dans la [size=16]tasseIl a mis le laitDans la tasse de caféIl a mis le sucreDans le café au laitAvec la petite cuillerIl a tournéIl a bu le café au laitEt il a reposé la tasseSans me parler[/size]
Il a allumé
Une cigarette
Il a fait des ronds
Avec la fumée
Il a mis les cendres
Dans [size=16]le cendrierSans me parlerSans me regarder[/size]
Il s'est levé
Il a mis
Son [size=16]chapeau sur sa têteIl a mis son manteau de pluieParce qu'il pleuvaitEt il est partiSous la pluieSans une paroleSans me regarder[/size]
Et moi j'ai pris
Ma tête dans ma main
Et j'ai pleuréDéjeuner du matin, [size=16]Poème de Jacques Prévert (Paroles, 1946) [/size]
Dis-moi un mot, fais-moi un geste.
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- Citation :
Dis-moi un mot, fais-moi un geste
Tu vois j’ai fait le premier pas
Bien sûr je n’ai pas dis « je t’aime »
Mais pourtant je chante pour toi
Car il y a dans ton sourire
Un monde que je ne connais pas
Et comme c’est trop peu de l’écrire
Je voudrais le vivre avec toi.
J’aimerais t’écrire des poèmes
Sur des mots que j’inventerais
Des mots plus fort que des « je t’aime »
Des mots que toi tu comprendrais
Puis me perdre dans ton regard
Me laisser aller au bonheur
Oublier s’il est tôt ou tard
Perdre toute notion de l’heure.
Dis-moi un mot, fais-moi un geste
C’est peu et beaucoup à la fois
Et si c’est tout ce qu’il nous reste
J’aurais quelques regrets, je crois
Et je garderai dans mes rêves
Le plus beau souvenir de toi
Où tu me dis du bout des lèvres
Tous ces mots que l’on dit tout bas.
Moi j’ai besoin d’aimer pour vivre
J’ai tant besoin de ton amour
Et pas seulement pour survivre
Mais pour exister au grand jour
Moi j’ai besoin de la tendresse
Que tu as jusqu’au bout des doigts
Pour échapper à ma détresse
Et reprendre confiance en moi
Dis-moi un mot, fais-moi un geste
Même si cela ne se fait pas
Dans cette vie qu’est-ce qu’il nous reste
De beau si l’on ne s’aime pas
Dans cette vie qu’est-ce qu’il nous reste
De beau si l’on ne s’aime pas
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Pierre Coutreau - juillet 1987Tous les autres poèmes sont en espagnol car je suis sur un blog espagnol!!! Ninnenne
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