L'homme entre deux âges et ses deux maîtresses La Fontaine
L'HOMME ENTRE DEUX ÂGES (1) ET SES DEUX MAÎTRESSES (*)
...Un homme de moyen âge (2),
Et tirant sur le grison, (3)
Jugea qu'il était saison
De songer au mariage.
Il avait du comptant (4),
Et partant (5)
De quoi choisir. Toutes voulaient lui plaire ;
En quoi notre [size=13]Amoureux ne se pressait pas tant :[/size]
Bien adresser n'est pas petite affaire.
Deux Veuves sur son coeur eurent le plus de part ;
L'une encor verte, et l'autre un peu bien mûre,
Mais qui réparait par son art
Ce qu'avait détruit la nature.
Ces deux Veuves, en badinant,
En riant, en lui faisant fête,
L'allaient quelquefois testonnant (6),
C'est à dire ajustant sa tête.
La Vieille à tous moments de sa part emportait
Un peu du poil noir qui restait,
Afin que son Amant en fût plus à sa guise.
La Jeune saccageait les poils blancs à son tour.
Toutes deux firent tant, que notre tête grise
Demeura sans cheveux, et se douta du tour.
Je vous rends, leur dit-il, mille grâces, les Belles,
Qui m'avez si bien tondu :
J'ai plus gagné que perdu ;
Car d'hymen point de nouvelles.
Celle que je prendrais voudrait qu'à sa façon
Je vécusse, et non à la mienne.
Il n'est tête chauve qui tienne ;
Je vous suis obligé, Belles, de la leçon.
Jean de La Fontaine
Livre 1 Fable XVII
(*) Sources : Phèdre (II,2)
Voici un extrait de la traduction Sacy,(cit. par M.Fumaroli : L.F., fables, coll. La Pochothèque)
[...] Ainsi toutes deux voulant paraître être de son âge, commencèrent à lui arracher les poils de la tête. Lui s'imaginant que ces femmes avaient soin de lui bien ajuster les cheveux, devint chauve tout d'un coup [...]
(1) "entre 2 âges, c'est à trente ans" (Furetière : cité par J.P. Collinet dans La Pléiade)
(2) d'âge moyen
(3) gris, en parlant de cheveux, de la barbe
(4) de l'argent comptant
(5) par conséquent
(6) coiffer, peigner
[url=http://brigitisis.centerblog.net/L'HOMME ENTRE DEUX %C3%82GES (1) ET SES DEUX MA%C3%8ETRESSES (*) ...Un homme de moyen %C3%A2ge (2), Et tirant sur le grison, (3) Jugea qu'il %C3%A9tait saison De songer au mariage. Il avait du comptant (4), Et partant (5) De quoi choisir. Toutes voulaient lui plaire ; En quoi notre Amoureux ne se pressait pas tant : Bien adresser n'est pas petite affaire. Deux Veuves sur son coeur eurent le plus de part ; L'une encor verte, et l'autre un peu bien m%C3%BBre, Mais qui r%C3%A9parait par son art Ce qu'avait d%C3%A9truit la nature. Ces deux Veuves, en badinant, En riant, en lui faisant f%C3%AAte, L'allaient quelquefois testonnant (6), C'est %C3%A0 dire ajustant sa t%C3%AAte. La Vieille %C3%A0 tous moments de sa part emportait Un peu du poil noir qui restait, Afin que son Amant en f%C3%BBt plus %C3%A0 sa guise. La Jeune saccageait les poils blancs %C3%A0 son tour. Toutes deux firent tant, que notre t%C3%AAte grise Demeura sans cheveux, et se douta du tour. Je vous rends, leur dit-il, mille gr%C3%A2ces, les Belles, Qui m'avez si bien tondu : J'ai plus gagn%C3%A9 que perdu ; Car d'hymen point de nouvelles. Celle que je prendrais voudrait qu'%C3%A0 sa fa%C3%A7on Je v%C3%A9cusse, et non %C3%A0 la mienne. Il n'est t%C3%AAte chauve qui tienne ; Je vous suis oblig%C3%A9, Belles, de la le%C3%A7on. Jean de La Fontaine (*) Sources : Ph%C3%A8dre (II,2) Voici un extrait de la traduction Sacy,(cit. par M.Fumaroli : L.F., fables, coll. La Pochoth%C3%A8que) [...] Ainsi toutes deux voulant para%C3%AEtre %C3%AAtre de son %C3%A2ge, commenc%C3%A8rent %C3%A0 lui arracher les poils de la t%C3%AAte. Lui s'imaginant que ces femmes avaient soin de lui bien ajuster les cheveux, devint chauve tout d'un coup [...] (1) "entre 2 %C3%A2ges, c'est %C3%A0 trente ans" (Fureti%C3%A8re : cit%C3%A9 par J.P. Collinet dans La Pl%C3%A9iade) (2) d'%C3%A2ge moyen (3) gris, en parlant de cheveux, de la barbe (4) de l'argent comptant (5) par cons%C3%A9quent (6) coiffer, peigner http:/www.la-fontaine-ch-thierry.net/][size=13]http://www.la-fontaine-ch-thierry.net/[/url][/size]
Une découverte cette fable... Ninnenne