Marceline DESBORDES-VALMORE (1786-1859)
Une lettre de femme
Les [size=16]femmes, je le sais, ne doivent pas écrire ;[/size]
J'écris pourtant,
Afin que dans mon coeur au loin tu puisses lire
Comme en partant.
Je ne tracerai rien qui ne soit dans toi-même
Beaucoup plus beau :
Mais le mot cent fois dit, venant de ce qu'on aime,
Semble nouveau.
Qu'il te porte au bonheur ! Moi, je reste à l'attendre,
Bien que, là-bas,
Je sens que je m'en vais, pour voir et pour entendre
Errer tes pas.
Ne te détourne point s'il passe une hirondelle
Par le chemin,
Car je crois que c'est moi qui passerai, fidèle,
Toucher ta main.
Tu t'en vas, tout s'en va ! Tout se met en voyage,
Lumière et fleurs,
Le bel été te suit, me laissant à l'orage,
Lourde de pleurs.
Mais si l'on ne vit plus que d'espoir et d'alarmes,
Cessant de voir,
Partageons pour le mieux : moi, je retiens les larmes,
Garde l'espoir.
Non, je ne voudrais pas, tant je te suis unie,
Te voir souffrir :
Souhaiter la douleur à sa moitié bénie,
C'est se haïr.
Marceline DESBORDES-VALMORE
(1786-1859)
Critiques de ses contemporains
L'instruction limitée de Marceline Desbordes-Valmore est compensée par son grand [size=16]travaild'autodidacte. Honoré de Balzac, qui admirait son talent et la spontanéité de ses vers (« assemblages délicats de sonorités douces et harmonieuses et qui évoquent la vie des gens simples » lui écrivait en avril 1834 en parlant d'elle : « [...] Elle a donc conservé le souvenir d'un cœur dans lequel elle a pleinement retenti, elle et ses paroles, elle et ses poésies de tout genre, car nous sommes du même pays, Madame, du pays des larmes et de la misère. Nous sommes aussi voisins que peuvent l'être, en France, la prose et la poésie, mais je me rapproche de vous par le sentiment avec lequel je vous admire. »[/size]
Elle est aussi considérée comme une poétesse ayant joué un rôle majeur dans l'évolution de l'écriture par Paul Verlaine, qui déclare : « Nous proclamons à haute et intelligible voix que Marceline Desbordes-Valmore est tout bonnement [...] la seule femme de génie et de talent de ce siècle et de tous les siècles [...] ». On lui sait gré d'avoir introduit des formes nouvelles : « [...] Marceline Desbordes-Valmore a, le premier d’entre les poètes de ce temps, employé avec le plus grand bonheur des rythmes inusités, celui de onze pieds entre autres […] ».
Son personnage romantique d'autodidacte dont la vie malheureuse aurait nourri une sensibilité singulière n'est pas non plus étranger à ce succès. Charles Baudelaire s'intéresse plus à la personne qu'aux vers quand il affirme : « Mme Desbordes-Valmore fut femme, fut toujours femme et ne fut absolument que femme ; mais elle fut à un degré extraordinaire l’expression poétique de toutes les beautés naturelles de la femme », suivi en cela par toute une tradition au xxe siècle.
Une poésie d'avant-garde
Première en date des poètes du romantisme, une des plus grandes poétesses depuis Louise Labé, Marceline Desbordes-Valmore, en dépit d'une prolixité intermittente, est un précurseur inattendu des maîtres de la poésie française moderne : Rimbaud et surtout Verlaine. On lui doit l'invention de plus d'un rythme : celui des onze syllabes et la genèse de Romances sans paroles. Cette femme prétendument ignorante était une savante méconnue.
[size=16]http://fr.wikipedia.org/wiki/Marceline_Desbordes-Valmore[/size]
"Pourquoi s'appelle-t-il Médor?
Peut-être parce qu'avec un [size=16]air triste et faraud, il a l'air[/size]
d'un de ces joueurs de rugby qui aurait raté son but.
Quand il y a bagarre avec d'autres [size=16]chats du voisinage,[/size]
Médor arrive toujours sur les lieux avec un peu de
retard.
On le voit renifler un bout de terrain où il ne s'est rien
passé, comme s'il était un fin limier au bord d'une
découverte capitale.
Bernard Frank
Les rues de ma vie
"Pourquoi s'appelle-t-il Médor?
Peut-être parce qu'avec un [size=16]air triste et faraud, il a l'air[/size]
d'un de ces joueurs de rugby qui aurait raté son but.
Quand il y a bagarre avec d'autres [size=16]chats du voisinage,[/size]
Médor arrive toujours sur les lieux avec un peu de
retard.
On le voit renifler un bout de terrain où il ne s'est rien
passé, comme s'il était un fin limier au bord d'une
découverte capitale.
Bernard Frank
Les rues de ma vie
Le voyage Marcel Proust
Le véritable [size=16]voyage de découverte ne consiste pas[/size]
à chercher de nouveaux paysages,
Mais à voir avec de nouveaux yeux
Marcel Proust
Ninnenne