Les vautours et les pigeons Jean de La Fontaine
Illustration de Gustave Doré
LES VAUTOURS ET LES PIGEONS
Mars autrefois mit tout l'air en émûte. (1)
Certain sujet fit naître la dispute
Chez les [size=16]oiseaux ; non ceux que le Printemps [/size]
Mène à sa cour, et qui sous la feuillée
Par leur exemple et leurs sons éclatants
Font que Vénus est en nous réveillée ;
Ni ceux encor que la Mère d'Amour
Met à son char (2) : mais le peuple Vautour,
Au bec retors, à la tranchante serre,
Pour un chien mort se fit, dit-on, la guerre.
Il plut du sang ; je n'exagère point.
Si je voulais conter de point en point
Tout le détail, je manquerais d'haleine.
Maint chef périt, maint héros expira ;
Et sur son roc Prométhée espéra (3)
De voir bientôt une fin à sa peine.
C'était plaisir d'observer leurs efforts ;
C'était pitié de voir tomber les morts.
Valeur, adresse, et ruses, et surprises,
Tout s'employa. Les deux troupes éprises (4)
D'ardent courroux n'épargnaient nuls moyens
De peupler l'air que respirent les ombres :
Tout élément remplit de citoyens
Le vaste enclos qu'ont les royaumes sombres.
Cette fureur mit la compassion
Dans les esprits d'une autre nation
Au col changeant, au coeur tendre et fidèle.
Elle employa sa médiation
Pour accorder une telle querelle ;
Ambassadeurs par le peuple Pigeon
Furent choisis, et si bien travaillèrent,
Que les Vautours plus ne se chamaillèrent.
Ils firent trêve, et la paix s'ensuivit :
Hélas ! ce fut aux dépens de la race
A qui la leur aurait dû rendre grâce.
La gent (5) maudite aussitôt poursuivit
Tous les pigeons, en fit ample carnage,
En dépeupla les bourgades, les champs.
Peu de prudence eurent les pauvres gens,
D'accommoder (6) un peuple si sauvage.
Tenez toujours divisés les méchants ;
La sûreté du reste de la terre
Dépend de là : semez entre eux la guerre,
Ou vous n'aurez avec eux nulle paix.
Ceci soit dit en passant ; je me tais.
Jean de La Fontaine,
Livre VII, fable 8
Source : Abstémius : les Vautours ennemis réconciliés par les Colombes
(1) en émeute, en émoi
(2) les colombes, [size=16]oiseaux du char de Vénus[/size]
(3) Prométhée, enchaîné à un rocher du Caucase, avait le foie rongé chaque jour par un vautour
(4) enflammées
(5) la race, la nation
(6) réconcilier
Morale :
Faire preuve de machiavélisme : organiser la guerre ou la discorde chez les autres pour avoir la paix chez soi - Les vautours et les pigeons
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LES CHEVAUX SAUVAGES
Venus du fond de l'âge,
Ils peuplaient les verts pâturages.
Galoppaient sur tous les continents,
Sauvages, crinières au vent.
Juments,poulains, étalons,
De tous temps, suivent les saisons.
Parcourant leur royaume avec courage
Sous le soleil ou sous l'orage.
Près des ruisseaux, ils s'arrêtent,
Entrent dans l'eau, se rassemblent
S'ébrouent ,superbes,ruisselants
Sans jamais se soucier du temps.
Le soir arrive sombre et froid,
La troupe alors est aux abois.
Derrière son chef,confiants,
Les chevaux regardent le couchant.
Tout est calme, le troupeau s'endort,
Les petits au centre, les adultes sur les bords.
La nuit a été sereine,bientôt l'aurore.
Demain,la journée sera belle encor'.
Auteur du [size=16]poème : patrick[/size]
Date de publication : 26/10/08
[size=16]http://www.creapoemes.com/poeme/nature/116320/[/size]
Beauté, noblesse, liberté...
Superbe troupeau de chevaux sauvages...
Toujours calme et serein...
L'homme qui garde la maîtrise de [size=18]soi,
toujours calme et serein malgré les orages de l'existence
- pas une feuille détachée de l'arbre;
pas une onde à la surface de l'étang scintillant -
a compris dans son esprit de sagesse quelle devait être
l'attitude idéale et la meilleure façon de mener sa vie.[/size]
Charles Alexander Eastman (Ohiyesa)
La colère ne sert à rien qu'à se faire mal à [size=18]soi et à détruire l'autre...[/size]
Ninnenne