Le renard ayant la queue coupée Fable de La Fontaine
Illustration de Gustave Doré
Le renard ayant la queue coupée
Un vieux renard, mais des plus fins,
Grand croqueur de poulets, grand preneur de lapins,
Sentant son renard d'une lieue,
Fut enfin au piège attrapé.
Par grand hasard en étant échappé,
Non pas franc , car pour gage il y laissa sa queue;
S'étant, dis-je, sauvé sans queue, et tout honteux,
Pour avoir des pareils (comme il était habile ),
Un jour que les renards tenaient conseil entre eux :
«Que faisons-nous, dit-il, de ce poids inutile,
Et qui va balayant tous les sentiers fangeux ?
Que nous sert cette queue ? Il faut qu'on se la coupe :
Si l'on me croit, chacun s'y résoudra.
- Votre avis est fort bon, dit quelqu'un de la troupe;
Mais tournez-vous, de grâce, et l'on vous répondra.»
A ces mots il se fit une telle huée,
Que le pauvre écourté ne put être entendu.
Prétendre ôter la queue eût été temps perdu;
La [size=16]mode en fut continuée.[/size]
Jean de La Fontaine
Livre 5 Fables V
Explications :
Une lieue : Distance de longueurs variables selon les endroits et les époques mais que l’on évalue aujourd’hui à environ quatre kilomètres.
Franc : Libre, c'est-à-dire exempt de l’impôt (le terme s’emploie aussi pour une ville). Ici, le renard n’est pas exempté de sa redevance, sa queue en l’ occurrence.
Fangeux : Fait de boue épaisse. Voir Phèdre « Pourtant, je la traînerai plutôt à travers la boue et les ronces. » (Appendice du [size=16]Livre I, 4)[/size]
Que nous sert cette queue? A quoi nous sert cette queue. Difficile de ne pas penser au renard blessé et attaqué par les mouches d ’une autre fable « Le Renard, les Mouches et le Hérisson » qui, au vers 12 dira « Et que me sert ma queue ? est-ce un poids inutile ? ».
Écourté : Richelet nous précise que écourter signifie « couper quelques extrémités, comme de la queue, ou des oreilles ». On utilise aussi le terme d’essorillement pour désigner l’action de couper les oreilles, du verbe essoriller ». Pour un [size=16]animal a qui on a coupé à la fois la queue et les oreilles, le verbe est «courtauder ».[/size]
Roses d’automne
Aux branches que l’air rouille et que le gel mordore,
Comme par un prodige inouï du soleil,
Avec plus de langueur et plus de charme encore,
Les roses du parterre ouvrent leur coeur vermeil.
Dans sa corbeille d’or, août cueillit les dernières :
Les pétales de pourpre ont jonché le gazon.
Mais voici que, soudain, les touffes printanières
Embaument les matins de l’arrière-saison.
Les bosquets sont ravis, le ciel même s’étonne
De voir, sur le rosier qui ne veut pas mourir,
Malgré le vent, la pluie et le givre d’automne,
Les boutons, tout gonflés d’un sang rouge, fleurir.
En ces fleurs que le soir mélancolique étale,
C’est l’âme des printemps fanés qui, pour un jour,
Remonte, et de corolle en corolle s’exhale,
Comme soupirs de rêve et sourires d’amour.
Tardives floraisons du jardin qui décline,
Vous avez la douceur exquise et le parfum
Des anciens souvenirs, si doux, malgré l’épine
De l’illusion morte et du bonheur défunt.
Nérée Beauchemin
Le langage des yeux Alexandra Julien
Le langage des yeux....
Et si le silence disait tout,
S'il exprimait sans les tabous,
L'amour timide qui n'ose pas,
Qui fait parler les yeux parfois,
Est -ce que les mots peuvent exprimer,
Les plaisirs simples à partager,
La [size=16]douceur que les sourires envoient,[/size]
Le coeur qui tambourine tout bas,
Mieux vaut deux mains qui se relient,
Que des discours dans trop de bruit,
Des mots lâchés pour s'occuper,
Lorsqu'il y a juste à partager,
Cette énergie que l'amour diffuse,
Les amoureux n'ont pas d'excuse,
Ils n'ont plus qu'à se tenir chaud,
Et à rendre leur monde plus beau,
De simples moments sans trop d'attente,
Car celle-ci rend l'histoire tranchante,
Et que les sentiments ont le temps,
De montrer ce qu'il y a dedans.
Alexandra Julien
Ninnenne