"Tout ça pour quoi" Roman de Lionel Shriver
Biographie de l'auteur
Née en 1957 en Caroline du Nord, Lionel Shriver a fait ses études à New York. Diplômée de Columbia, elle a été professeur avant de partir parcourir le [size=18]monde. Elle a notamment vécu en Israël, à Bangkok, à Nairobi et à Belfast.
Belfond a déjà publié :Il faut qu'on parle de Kevin (2006 ; J'ai lu, 2008), lauréat de l'Orange Prize et adapté au cinéma par Lynne Ramsay en 2011, La Double Vie d'Irina (2009 ; J'ai lu, 2010) et Double faute (2010 ; J'ai lu, 2012). Tout ça pour quoi, son nouveau roman, a été finaliste du National Book Award.
Lionel Shriver vit à Londres avec son mari, jazzman renommé.[/size]
L'avis de l'éditeur
Après le choc d’Il faut qu’on parle de Kevin, la nouvelle bombe de Lionel Shriver. Toute sa rage, son audace et son humour au vitriol pour une radioscopie féroce et incisive du couple, de la famille, de la maladie et du rôle de l’argent dans notre vie. Un brûlot dévastateur.
L'histoire
Parfois, le soir, dans les embouteillages, Shep Knacker laisse son esprit divaguer : fuir les humiliations au [size=18]travail, échapper aux jérémiades de son artiste de sœur, aux caprices des enfants, aux discours stériles de son meilleur ami. Quitter tout ça, partir sur cette île au large de Zanzibar, dormir, pêcher son poisson, lire, réfléchir… Vivre, tout simplement.[/size]
Un fantasme qu’il touche du doigt le jour où il vend sa [size=18]société et touche un petit pactole.[/size]
Sa décision est prise.
C’est alors que Glynis, son épouse, va briser net ce doux rêve : elle est atteinte d’une maladie rare, à un stade déjà avancé, et doit commencer au plus vite un traitement expérimental coûteux.
Comment faire face à ce qui nous fait peur ? Comment affronter ce que l’on passe notre existence à fuir ? Combien vaut une vie ?
Le Résumé :
Après le succès d'Il faut qu'on parle de Kevin et de La Double Vie d'Irina, Lionel Shriver s'attaque cette fois au système de santé américain et ses ravages sur la middle-class. La descente aux enfers, tant morale que financière, d'une famille aux prises avec la maladie de la mère. Toute la rage, la provocation et l'humour au vitriol de Shriver au service d'un tableau aussi effrayant que précis d'une Amérique impitoyable.
À New York, en 2005. Depuis qu'il a vendu sa [size=18]société de services et touché un petit pactole, Shepp caresse enfin son rêve de « l'Outre-vie » : tout quitter et partir vivre avec, il l'espère, sa femme et son fils sur une île près de Zanzibar. C'est alors que Glynis, son épouse, lui annonce qu'elle est atteinte d'un cancer très rare. Le rêve de l'Outre-vie s'efface à mesure que fondent les économies. Car le gros problème de Shepp, c'est l'argent. Jusqu'ici, il payait pour financer les productions cinématographiques plus que mineures de sa soeur, pour entretenir la maison de famille et la maison de retraite de son père, pour la fac de sa fille et l'école privée de son fils. Désormais, il doit aussi payer pour le traitement de Glynis, forcément expérimental, forcément non-remboursé, forcément terriblement coûteux.
Jusqu'ici Shepp supporte tout : la rage et le cynisme de Glynis face à la maladie, les silences de Zack, leur fils et les absences de leur fille Amalia, les tirades de son voisin et ami Jackson, les plaintes de sa soeur, la tristesse de son père. Shepp supporte tout jusqu'au jour où?[/size]
Les critiques :
"Incorrigible provocatrice à l'imagination illimitée, Lionel Shriver nous livre un nouveau roman aussi éblouissant qu'audacieux, une exploration intelligente et cruellement actuelle de l'échec du système de santé américain."
Publishers Weekly.
"Comment la maladie affecte-t-elle nos relations? Comment la proximité de la mort nous force-t-elle à recentrer nos vies? Tout le génie de l'auteur consiste à éviter le piège du didactisme pour nous livrer, au bout du compte, une histoire viscéralement émouvante."
The New York Times
Bibliobs , le 20 avril 2012
Ce livre de Lionel Shriver est une charge contre les failles du système de santé aux Etats-Unis. C'est un roman à thèse percutant, impitoyable.
LesEchos , le 03 avril 2012
Roman âpre, grinçant, « Tout ça pour quoi » ouvre finalement une fenêtre sur l'espoir.
Lexpress , le 09 mars 2012
Ce roman social tragi-comique sent un peu la fabrique avec son "happy end" de série hollywoodienne.[…] Il n'en constitue pas moins une radioscopie virulente de la "middle class" américaine tentée de s'échapper de son bocal.
Lexpress , le 02 mars 2012
L'intrigue est astucieuse. Beaucoup de dialogues, ce qui est vivant, percutant, efficace.
Lexpress , le 01 mars 2012
Quelle doit être la juste attitude des biens portants face à ceux qui souffrent et se battent contre une maladie grave et qui, au fond d'eux, se savent condamnés? Le livre de Lionel Shriver bascule […] dans une observation fine et minutieuse des comportements des uns et des autres, parents, proches et amis.
LeFigaro , le 20 février 2012
Dans Tout ça pour quoi, la romancière a sacrifié le style à l'efficacité et à l'action, le récit aux dialogues, de façon qu'on reçoive son livre en pleine figure. C'est réussi.
Lexpress , le 02 février 2012
Lionel Shriver décrit également les relations familiales et leurs dégradations, s'interrogeant sur l'attitude de chacun devant la mort. Il n'y aura pas de happy end dans cette fiction réaliste, l'écrivain est au-delà des bleuettes hollywoodiennes.
LeMonde , le 23 janvier 2012
Voici un livre réjouissant. Pas par ses qualités littéraires - le récit n'aspire qu'à être vivant et efficace, ce qu'il est bigrement. Mais par l'énergie qu'il insuffle.
Extraits du net par FRANGA
Je sais que, dans nos expéditions, nous avons côtoyé l'extrême pauvreté -les rues qui sont des égouts à ciel ouvert, les mères qui fouillent dans les ordures pour récupérer des peaux de mangue. Mais ces gens savent ce qui cloche dans leur vie, et ils se doutent bien qu'avec quelques shillings, pesos ou roupies de plus dans leur poche, les choses s'arrangeraient. Ce qui est terrible, c'est de s'entendre dire qu'on a une vie rêvée quand on sait que cette vie-là ne s'arrangera pas, que c'est, en fait, une vie de merde. L'Amérique est censée être un grand pays, mais Jackson a raison ; c'est un attrape-couillon, Glynis. Je dois avoir une quarantaine de mots de passe pour les banques, les cartes de crédit, le téléphone, les comptes Internet et quarante identifiants différents. On les additionne et c'est ça, la vie ?
"Tes amis t'aiment, mais ils ne savent pas toujours comment te le montrer.
- Ça me fatigue. Ce défilé de visiteurs-cousins, oncles, voisins qu'on connaît à peine. Les amis disparus depuis quinze ans qui sortent des bois tels des termites. On avait pourtant eu les meilleures raisons du monde de ne pas se fréquenter : on ne s'aimait pas des masses. Mais il leur faut un auditoire. Ils ont répété leur petit discours, leur petite performance, et ils exigent de les livrer jusqu'au bout. Les mains croisées comme à l'église, ils expriment en long et en large leur amour pour moi sur le ton d'un compte rendu de lecture. Franchement, j'en suis au point où je préférerais que quelqu'un franchisse notre porte pour me dire : "Tu sais quoi, Glynis ? Franchement, je ne t'ai jamais appréciée. Honnêtement, on ne s'entendait pas. Je n'ai jamais compris pourquoi on s'est fréquentés.' Ou même : "Je te trouve détestable." Ça me changerait. Tout plutôt que des discours à vomir : "Glynis, tu as tellement de talent. Glynis, ton travail est splendide. Tes enfants sont merveilleux." Je ne sais même pas de qui ils parlent. Je peux les trouver merveilleux parce que ce sont mes gosses, mais les autres, comment le pourraient-ils ?
A ce moment précis, Shep saisit intuitivement pourquoi Zach ne vieillissait qu'au sens temporel du temps. Rien de ce qu'il avait appris au lycée ne lui avait conféré la moindre maîtrise sur les forces qui contrôlaient sa vie. Sa seconde année d'algèbre intensif ne lui permettait pas, même a minima de savoir que faire, à part appeler Verizon-le fournisseur d'accès-sorcier-quand la connexion familiale haut débit s'interrompait. Il ne comprenait même pas ce qu'était le concept de haut débit, magie mise à part. Cette relation passive, asservie au monde matériel, maintenait en permanence son fils dans la dépendance impuissante de l'enfance.
Cette usure de l'amitié, Shep se l'expliquait par l'absence de protocole. C'est ce qu'il se disait pour ne pas se laisser abattre. On n'avait jamais appris à ces gens que tout un pan de la vie les reliait à la fin de la vie-à savoir la maladie et la mort. On ne leur avait pas appris à se comporter décemment quand ils y étaient confrontés. Leur mère leur avait sans doute interdit de mettre les coudes sur lea table et de mâcher la bouche ouverte. Mais aucun parent ne les avait fait asseoir pour leur expliquer ce qu'il fallait dire et faire quand une personne qu'on prétendait aimer était souffrante. Ce n'était pas inscrit au programme. Piètre consolation pour Shep, quand nombre de ces spécimens lamentables d'êtres humains tomberaient eux-mêmes malades, ils se heurteraient à la même indifférence.
- Les chrétiens considèrent comme un devoir de s'occuper des souffrants. La plupart de mes paroissiens prenaient leur tâche au sérieux. Tes amis laïques n'ont que leur conscience pour colonne vertébrale, et cela ne suffit pas toujours. Rien ne remplace une foi profonde, fiston. Elle fait appel à ce qu'il y a de meilleur en l'homme. Les malades, c'est du boulot, souvent du sale boulot, je ne te l'apprendrai pas. Quand tu te dis naïvement que ce serait tellement gentil qu'on te dépose un plat tout préparé à réchauffer, tu t'aperçois vite... (Gabriel fit la grimace et ferma les yeux)... qu'il vaut mieux ne compter que sur soi pour dîner.
Extraits de moi même
"Peut-être est ce une grâce, cette capacité d'oubli. Parce que, si elle se souvient, ce qui lui manquera le plus sera le soin apporté jadis à tout ce qu'elle faisait. Elle s'investissait totalement, tant dans l'agencement, en spirale parfaite, d'un plat de crevettes que dans le polissage d'un métal pour obtenir un effet miroir dans lequel on aurait pu se maquiller. Elle traquait l'imperfection, l'éraflure sur la surface et prenait du papier abrasif à grain moyen pour la supprimer, défaire tout le travail à partir de la première couche de rouge en changeant à mesure pour un grain plus fin, en veillant à ce que chaque ponçage soit perpendiculaire au précédent. Une fois atteinte la couche de composé de polissage, retour à la pate rouge, puis, pour faire étinceler, un dernier coup de chiffon de rouge pour la finition. Tout ceci lui prenait des heures; ses mains étaient douloureuses et ses phalanges gonflées. Elle avait donc eu le souci des choses, mais elle ne sait plus ce que cela signifie, et on n'a pas la nostalgie de ce qu'on ne peut concevoir.Donc, se foutre de tout n'est pas si mal, en un sens. Elle n'en sait pas plus."
Mon humble avis :
Difficile quand on a commencé de partager la vie de ces acteurs de laisser leur vie et d'oublier que nous sommes dans un récit romancé. Des personnages attachants, un récit sans niévrerie sur des sujets graves et douloureux, une satire de l'Amérique, un réquisitoire de son système de santé, l'amour et l'amitié face à la maladie et la mort...
Le genre de livre que je referme comme à regret...
Je ne sais mettre qu'un livre à la fois,désolée pour vous!!!
Ninnenne