Novembre 2024 | Lun | Mar | Mer | Jeu | Ven | Sam | Dim |
---|
| | | | 1 | 2 | 3 | 4 | 5 | 6 | 7 | 8 | 9 | 10 | 11 | 12 | 13 | 14 | 15 | 16 | 17 | 18 | 19 | 20 | 21 | 22 | 23 | 24 | 25 | 26 | 27 | 28 | 29 | 30 | | Calendrier |
|
|
| Un jour.... une histoire.... 4 août 1789+ 3 août 1347+1er aout 1914 et autres (photos,historiques) | |
| | Auteur | Message |
---|
marileine moderateur
Messages : 27475 Date d'inscription : 08/03/2012 Localisation : belgique
| Sujet: Un jour.... une histoire.... 4 août 1789+ 3 août 1347+1er aout 1914 et autres (photos,historiques) Lun 28 Sep - 12:00 | |
| Un jour... une histoire... 4 août 1789 [size=16]4 août 1789[/size] [size=16]Abolition des droits féodaux[/size] [size=16]Dans la nuit du 4 août 1789, les députés de l'Assemblée nationale constituante, dans un bel élan d'unanimité, proclament l'abolition des droits féodaux.[/size] [size=16]La Grande Peur[/size] La prise de la Bastille et la crainte d'une réaction nobiliaire ont provoqué dans les campagnes une Grande Peur. En de nombreux endroits, les paysans s'arment sur la foi de fausses rumeurs qui font état d'attaques de brigands ou de gens d'armes à la solde des «aristocrates». Le tocsin sonne aux églises des villages, propageant la panique. Chauffés à blanc, les paysans en viennent à se jeter sur les châteaux des seigneurs honnis... tout en proclamant leur fidélité à la personne du roi. Ils brûlent les archives, en particulier les «terriers» qui fixent les droits et les propriétés seigneuriales. Parfois ils maltraitent, violent et tuent les hobereaux et leur famille. Ces soulèvements inquiètent les privilégiés, au premier rang desquels les députés qui siègent à Versailles. Contre les bourgeois qui en appellent à la répression, les nobles, plus au courant de la situation, préfèrent l'apaisement. «Le peuple cherche à secouer enfin un joug qui depuis tant de siècles pèse sur sa tête», s'exclame le richissime duc d'Aiguillon, «l'insurrection trouve son excuse dans les vexations dont il est la victime». Une décision soudaine Comme l'Assemblée, passablement troublée, disserte sur les moyens de rétablir l'ordre, voilà que le vicomte de Noailles prend la parole. Il propose d'en finir avec les droits seigneuriaux, «restes odieux de la féodalité» selon ses termes. L'objectif est de «faire tomber les armes des mains des paysans» selon le mot de l'historien Albert Mathiez. Mais le vicomte de Noailles s'exprime aussi au nom de ses convictions libérales, tout comme le duc d'Aiguillon et la plupart des autres aristocrates de l'Assemblée. Sa proposition déchaîne l'enthousiasme. Les nobles de l'Assemblée montent à tour de rôle à la tribune pour lui exprimer leur soutien. En une nuit, au milieu des applaudissements et des cris de joie, sont ainsi abattus les justices seigneuriales, les banalités, les jurandes et les maîtrises, la vénalité des charges, les privilèges des provinces et des individus,... [size=16][/size] Une application mesurée Passé le moment d'euphorie, les députés prennent le temps de réfléchir. Ils décident que seuls les droits féodaux pesant sur les personnes seront abolis sans indemnité d'aucune sorte. C'est ainsi que disparaissent à jamais certains archaïsmes comme la corvée obligatoire, de même que des injustices criantes comme la dîme ecclésiastique, uniquement payée par les pauvres. Certains autres droits féodaux, ceux pesant sur les terres comme les cens et les champarts, devront être rachetés. À cette seule condition, les paysans pourront devenir propriétaires de plein droit de leurs terres. Cette restriction allait susciter quelques désillusions dans les campagnes mais serait abrogée quelques mois plus tard. Tous égaux À la faveur de cette grande séance parlementaire qui a vu disparaître d'un coup les distinctions de classe de même que les particularismes locaux, l'égalité de tous les citoyens devant la Loi devient la règle (aujourd'hui encore, elle est au coeur de tous les débats politiques). Les députés tireront les conséquences de leur vote en préparant une solennelle Déclaration des Droits. A posteriori, la Nuit du 4 Août n'apparaît pas seulement comme une splendide victoire de l'égalité. C'est aussi une nouvelle avancée du centralisme administratif sur les us et coutumes locaux : en-dehors de la norme reconnue à Paris, il n'y a plus de légitimité. À noter toutefois une exception en ce qui concerne «l'abolition de l'esclavage des Nègres» dans les colonies, proposée en vain par le duc François de la Rochefoucaud-Liancourt, un aristocrate éclairé, adepte du progrès technique et de la philosophie des«Lumières». Un jour... une histoire... 3 août 1347 [size=16]3 août 1347[/size] [size=16]Capitulation de Calais[/size] [size=16]Le 3 août 1347, après un siège de onze mois, la ville de Calais capitule devant les troupes anglaises. Celles-ci avaient vaincu à Crécy-en-Ponthieu l'armée du roi de France Philippe VI de Valois. Plus tard appelé guerre de Cent Ans, le conflit était né dix ans plus tôt d'une revendication du roi Édouard III Plantagenêt sur le trône de France en sa qualité de petit-fils de Philippe le Bel. [/size] [size=16]Résistance bourgeoise [/size] [size=16]Fort de sa victoire à Crécy, Édouard III veut s'emparer de Calais, porte d'entrée de la France. Mais quand sa flotte approche du port, à l'été 1346, les habitants se mettent aussitôt en situation de résister sous le commandement d'un capitaine bourguignon, Jean de Vienne. [/size] [size=13][size=16] [/size][/size] [size=16]Le siège commence mais les Calaisiens trouvent moyen de se faire ravitailler de nuit par de discrètes barques à fond plat. S'en étant aperçu, les Anglais plantent des estacades dans les bas-fonds pour éventrer les coques des barques picardes. [/size] [size=16]Comme la faim gagne la ville, le roi consent à laisser sortir deux mille bouches inutiles. En avril 1347, après un hiver épuisant, Jean de Vienne en appelle au roi de France mais les Anglais interceptent son courrier : «Si n'avons en bref secours, nous issirons hors de la ville tous à champs, pour combattre, pour vivre ou pour mourir. Car nous aimons mieux mourir aux champs honorablement que manger l'un l'autre» ![/size] [size=16]Le roi Philippe VI de Valois, ayant reconstitué son armée, tente de venir au secours des assiégés mais, apercevant les solides retranchements des Anglais, juge plus judicieux de se tenir en retrait. Perdant espoir, Jean de Vienne sort de la ville le 3 août pour négocier la reddition avec le héraut d'Angleterre Gautier de Masny. Royale vengeance[/size] Le roi Édouard III Plantagenêt, dont la patience a été épuisée par le siège, s'apprête à passer la population au fil de l'épée : «Ma volonté est telle que tous y mourront». Puis il se ravise et, pour ne pas prolonger le siège, prétend n'exécuter que six otages. Le sort désigne Eustache de Saint-Pierre, Jean d'Aire, Pierre et Jacques de Wissant, Jean de Fiennes et Andrieu d'Ardes. Le lendemain, les condamnés se présentent avec les clés de la ville, «nu-pieds et nu-chefs, en leurs linges draps tant seulement, les harts[cordes] au col». Selon la chronique, la reine Philippa de Hainaut, fille du comte Guillaume II le Bon, enceinte de huit mois, se jette aux pieds de son mari : «Ah ! très cher sire ! Depuis que j'ai passé la mer en grand péril, comme vous savez, je ne vous ai requis ni don demandé. Or vous prié-je humblement et requiers en don propre que, pour le Fils à sainte Marie et pour l'amour de moi, vous veuillez avoir de ces six hommes merci». Le roi se laisse apitoyer et les six bourgeois sont déportés en Angleterre de même que Jean de Vienne et ses chevaliers. Ils seront finalement libérés contre rançon. Édouard III peut alors signer une trêve d'un an avec Philippe VI de Valois. Quelques mois plus tard, Calais, comme le reste de l'Europe occidentale, est frappée par la Peste noire. Celle-ci décime la population de la ville qui est alors repeuplée... d'Anglais ! La trêve entre Anglais et Français est prolongée de quelques années du fait de l'épidémie mais les hostilités reprendront moins de dix ans plus tard avec une violence accrue... Calais longtemps disputée Fortifiée, Calais va devenir un grand port commercial pour le commerce de la laine entre l'Angleterre et la Flandre. Elle sera reconquise par la France deux siècles plus tard, en 1558, par le duc François de Guise, ce qui vaut à celui-ci et à sa famille une immense popularité parmi les catholiques français. Le roi Henri II règne alors à Paris et Mary 1ère à Londres. Cette reine d'Angleterre est la première fille de Henri VIII Tudor et de Catherine d'Aragon. On lui prête les mots suivants : « Si on ouvrait mon coeur, on y trouverait gravé le nom de Calais ! » Mais la reine, que les protestants anglais surnomment «Bloody Mary» (Marie la Sanglante) en raison de son fanatisme catholique, ne tarde pas à rendre l'âme. Et c'est à sa demi-soeur, Élisabeth 1ère, qu'il reviendra de reconnaître la perte définitive de Calais. Le traité de Cateau-Cambrésis rendra la ville à la France le 3 avril 1559, en contrepartie d'un versement de 500.000 écus. Les Espagnols s'en empareront peu après et la rendront à Henri IV par le traité de Vervins. [size=24]Un jour... une histoire... 1er aout 1914[/size] [size=16]1er août 1914[/size] Début de la Grande Guerre Le samedi 1er août 1914, à 4 heures de l'après-midi, tous les clochers de France font entendre un sinistre tocsin. C'est la mobilisation générale. [size=16] [/size] Départ des appelés à Paris (août 1914) Le même jour, l'Allemagne, avec une longueur d'avance, déclare la guerre à la Russie. Ces événements font suite à l' assassinat d'un archiduc autrichien à Sarajevo, un mois plus tôt, le 28 juin 1914. Le président Raymond Poincaré a beau préciser que «la mobilisation n'est pas la guerre !», la plupart des Français se résignent à l'inéluctable. Certains responsables, ultra-minoritaires, espèrent encore y échapper par quelques concessions à l'Autriche-Hongrie. [size=16]Fatal[/size] enchaînement Cette guerre (que chacun espère courte... et victorieuse !) est le résultat de quelques folles journées de surenchères diplomatiques et militaires. - 27 juillet Paléologue, ambassadeur de France à Saint-Pétersbourg, transmet à Sazonov, ministre des Affaires étrangères du tsar, un message du président Poincaré par lequel celui-ci, soucieux de préserver à tout prix l'alliance franco-russe, donne au tsar l'assurance de«seconder entièrement, dans l'intérêt de la paix générale, l'action du gouvernement impérial». - 28 juillet L'Autriche-Hongrie déclare la guerre à la Serbie et l'envahit aussitôt. La Russie s'émeut de l'attaque d'un pays ami. À Paris, les journaux sont accaparés par le procès d' Henriette Caillaux. La femme du ministre des Finances avait tué quelques mois plus tôt le directeur du Figaro. Elle est acquittée ce jour-là mais son mari, qui prêchait la conciliation avec l'Allemagne, se trouve éliminé pour longtemps de la scène politique. À la Une Le quotidien Le Matin titre en Une : Mme Caillaux est acquittée, mais aussi : - La guerre austro-serbe est déclarée ; - La guerre européenne peut encore être évitée ; - Le calme de la Russie fait en ce moment la sécurité de l'Europe ; - On assure que l'Autriche se bornera à une «démonstration militaire». - 29 juillet L'empereur allemand Guillaume II prend conscience du cataclysme qui se prépare. De concert avec son chancelier, il télégraphie à plusieurs reprises au tsar en lui demandant de ne rien commettre d'irréversible contre l'Autriche-Hongrie. Mais les Allemands sont dépassés par les événements... - 30 juillet Apprenant qu'une forteresse des environs de Belgrade a été canonnée par les Austro-Hongrois, le tsar Nicolas II décrète la mobilisation générale au nom de la solidarité slave et fort du soutien de la France. À Paris, le président de la République Raymond[size=16]Poincaré et le président du Conseil René Viviani, rentrés le jour même de leur voyage à Saint-Pétersbourg, auprès de leur allié, le tsar, sont acclamés par la foule au cri de «Vive l'armée» ou même «Vive la guerre !»[/size] «Poincaré-la-guerre» Le président de la République française Raymond Poincaré n'a eu de cesse pendant deux ans de préparer la «revanche» ou du moins de mettre la France en situation de résister à une agression allemande. Il y gagnera après la guerre le surnom de «Poincaré-la-guerre». [size=16][/size] Raymond poincaré, Président de la République française (1860-1934) C'est ainsi qu'ayant succédé au pacifiste Joseph Caillaux à la présidence du Conseil en janvier 1912, après l'affaire du Maroc, il a accéléré le réarmement du pays et préparé une loi pour porter de deux à trois ans la durée du service militaire. Président de la République le 17 janvier 1913, il fait voter la loi sur le service militaire de 3 ans pour tous (curés compris !) puis appelle à la tête du gouvernement un leader socialiste et anticlérical, René Viviani, pour rassurer les électeurs de base, opposés en majorité à la guerre. René Viviani obtient que les troupes françaises se tiennent pendant les semaines fatidiques de juillet à dix kilomètres de la frontière pour éviter un incident fatal. - 31 juillet À Paris, au café du Croissant, un déséquilibré du nom de Raoul Villain assassine Jean Jaurès. Le leader respecté des socialistes et Joseph Caillaux étaient dans la classe politique française les derniers partisans de la paix ; le premier par humanité, le second par raison. On peut dire que trois coups de revolver, ceux de Princip à Sarajevo, Henriette Caillaux et Villain à Paris auront eu raison de la paix mondiale ! Le même jour, l'Allemagne somme la Russie d'arrêter sa mobilisation et adresse un ultimatum à la France qui la soutient. - 1er août À Berlin, le chancelier Bethmann-Hollweg, alarmé par la mobilisation russe, se laisse convaincre par son chef d'état-major, le général Helmut von Moltke, et par son ministre de la Guerre, le général Erich von Falkenhayn, de déclarer la guerre au tsar. Les Allemands veulent croire que les Britanniques, jusque-là silencieux resteront à l'écart du conflit. Le même jour, la France décrète la mobilisation générale. À quatre heures de l'après-midi, tous les clochers de France font entendre le sinistre tocsin. La Grande Guerre commence. Le Président de la République croit opportun de rassurer ses concitoyens par un Appel à la nation française : «La mobilisation n'est pas la guerre. Dans les circonstances présentes, elle apparaît, au contraire, comme le meilleur moyen d'assurer la paix dans l'honneur» ! Le 10 août 1914, le quotidien socialiste L'Humanité, fondé par Jean Jaurès, écrit avec emphase : «Des entrailles du peuple, comme des profondeurs de la petite et de la grande bourgeoisie, des milliers de jeunes gens, tous plus ardents les uns que les autres, quittant leur famille, sans faiblesse et sans hésitation, ont rallié leurs régiments, mettant leur vie au service de la Patrie en danger.» [size=16] [/size] Le Fantassin français de 1914 (Peinture de Desvarreux,musée de l'Armée - Paris) Si quelques jeunes bourgeois et intellectuels de droite comme de gauche se laissent prendre à la frénésie nationaliste, il n'en va pas de même de la grande majorité des appelés. La plupart partent avec sérieux et détermination, sans manifestation de joie. Les paysans, nombreux, gardent les pieds sur terre et manifestent une inquiétude tout à fait justifiée en songeant aux récoltes qui ne se feront pas et au risque de ne pas revoir le village natal. Les forces en présence Quand la Grande Guerre éclate, les deux principaux belligérants disposent de forces équivalentes en dépit de la disproportion démographique. La France (40 millions d'habitants) compte 500.000 soldats d'active et l'Allemagne (60 millions d'habitants) 550.000 soldats d'active. L'une et l'autre disposent d'une réserve d'un million d'hommes immédiatement mobilisable. Tandis que les soldats allemands ont un uniforme relativement sobre, les soldats français, avec leur pantalon rouge garance (cible facile), ressemblent à s'y méprendre à leurs aînés de la guerre franco-prussienne (1870), voire des guerres napoléoniennes. Ce n'est qu'à partir de mai 1915 qu'apparaîtront l'uniforme bleu horizon et le casque rond du «poilu». [size=16] [/size] Un Poilu - 2 août L'espoir n'est pas perdu d'un arrangement de dernière minute. Pour éviter tout incident, les troupes françaises reçoivent l'ordre de s'éloigner de la frontière allemande d'une dizaine de kilomètres. C'est ainsi que le 44ème RI se replie jusqu'à Joncherey, sur le territoire de Belfort. Un poste de surveillance, en direction de Faverois, est confié à l'escouade du caporal Peugeot. Vers 10 heures, la sentinelle lance un cri : «Voilà les Prussiens !» Le caporal Peugeot saisit son arme et s'élance vers la route : effectivement, un officier allemand à cheval vient de culbuter la sentinelle. «Halte-là !» Trois coups de revolver répondent aux sommations du caporal qui fait feu à son tour. [size=16] [/size] Le caporal Jules André Peugeot Première victime de la Grande Guerre Les deux hommes sont mortellement blessés. Ce sont les premières victimes d'un conflit qui fera huit millions de morts : - le caporal français Jules André Peugeot (19 ans) est un instituteur originaire d'Etupes. - l'autre victime, le sous-lieutenant allemand Albert Mayer (20 ans), du 5e régiment de chasseurs à cheval basé à Mulhouse, est originaire de Magdebourg (il sera inhumé à Illfurth, à côté de Mulhouse). Un monument, élevé en 1922 à Joncherey, a été détruit en juillet 1940 par les troupes allemandes, puis reconstruit en 1959. Le même jour, l'Allemagne exige de la neutre Belgique le libre passage pour ses troupes et, le lendemain, elle déclare la guerre à la France..... Un jour... une histoire... 27 juillet 1794 [size=16]L'exécution de Robespierre[/size] [size=16]27 juillet 1794[/size] Arrestation de Robespierre Le 27 juillet 1794 prend brutalement fin la dictature de Maximilien de Robespierre et son pouvoir sans partage sur la France révolutionnaire. Une arrestation turbulente La veille, le 8 thermidor An II du calendrier révolutionnaire, à midi, l'Incorruptible est monté à la tribune de la Convention et a tenu un discours lourd de menaces dénonçant une «ligue de fripons» mais sans donner de noms. Évoquant le succès des armées de la République qui, partout, repoussent l'envahisseur, il lance avec la grandiloquence coutumière de l'époque : «la victoire n'a fait que creuser de ses mains brillantes le tombeau de la République», montrant par là sa crainte que l'éloignement des périls n'entraîne un relâchement de la vigilance républicaine, autrement dit de la Terreur ! Il conclut ses deux heures de discours par ces mots menaçants : «J'ai promis de laisser un testament redoutable aux oppresseurs du peuple ; je leur lègue la vérité, et la mort». Les députés s'inquiètent car la loi de Prairial (10 juin 1794) permet au tout-puissant Comité de salut public et à son président de faire arrêter et exécuter le moindre suspect. Tous ceux qui ont quelque motif de craindre Robespierre prennent peur et se dévoilent. Parmi eux Collot d'Herbois, qui proteste contre la «dictature de la vertu», Billaud-Varenne, Barras et Fréron qui se sont impunément enrichis à Marseille, Fouché qui a aussi profité de son autorité pour s'enrichir... En ce 9 thermidor An II (27 juillet 1794), à midi, Saint-Just, ami de Robespierre et membre du Comité de salut public, s'apprête à dénoncer les suspects à la tribune mais on lui coupe la parole. Robespierre lui-même est houspillé et empêché de monter à la tribune. On le montre du doigt aux cris de : «À bas le tyran !» Dans un sursaut de courage, un député, Cambon, lance à la tribune une mise en accusation de Robespierre. Un obscur député du nom de Louchet demande finalement son arrestation ainsi que celles de son frère, de Saint-Just, Lebas et Couthon. S'ensuit une grande confusion. Les prisonniers sont transférés à l'Hôtel de ville et se retrouvent sous la protection des sans-culottes, autrement dit des sectionnaires de la garde nationale, fervents partisans de la Révolution. [size=16][/size] Arrestation de Robespierre (gravure d'après Harriet) Tandis que sonne le tocsin, les sectionnaires hésitent sur la conduite à tenir. Pendant ce temps, le député Barras rassemble des troupes et entre dans l'Hôtel de ville. C'est la fin. Le chef montagnard est blessé à la mâchoire par un coup de pistolet. En piteux état, il est guillotiné le lendemain, le 10 thermidor An II (28 juillet 1794) avec Saint-Just, Couthon et Robespierre jeune, son frère, ainsi qu'une vingtaine d'autres partisans. Le jour suivant, quelque 80 robespierristes de plus montent à l'échafaud. Marquée par la Terreur et l'intolérance, la dictature jacobine n'aura duré qu'un peu plus d'un an dans le cadre d'une Révolution française globalement modérée et libérale, mais en dépit de sa brièveté, elle hantera à jamais la mémoire des révolutionnaires et de leurs opposants. Relâchement des moeurs Commence la Convention thermidorienne, en référence aux députés qui abattirent la dictature de Robespierre.Les vainqueurs, surnommés les «Thermidoriens», libèrent les suspects et mettent fin à la Terreur. Soulagement dans tout le pays. Les bourgeois qui craignaient, la veille, d'être à leur tour guillotinés se relâchent sans retenue. Se qualifiant par dérision d'«incroyables» et de «merveilleuses», ils se pavanent dans des tenues excentriques (et très déshabillées), à l'exemple de la célèbre Madame Tallien. [size=16][/size] Merveilleuses et Incroyables au Palais-Royal(Paris) après la chute de Robespierre Avant de céder la place au régime du Directoire, les thermidoriens accomplissent par ailleurs une grande oeuvre administrative.Un jour... une histoire... 21 juillet 1798 21 juillet 1798Bataille des Pyramides Le 21 juillet 1798, non loin des pyramides de Gizeh, le général Napoléon Bonaparte défait les Mamelouks. Habilement exploitée par la propagande napoléonienne, cette bataille va magnifier l'image du général vainqueur en lui apportant une touche supplémentaire d'exotisme et d'épopée orientale. Elle n'empêchera pas l'expédition d'Égypte de déboucher sur un fiasco militaire, le premier avant ceux de Saint-Domingue, d'Espagne et de Russie. Origines de l'expédition En 1797, les conquêtes du général Bonaparte en Italie et le traité de Campo Formio avaient permis de remplir les caisses du Directoire et d'obtenir pour la Grande Nation des «frontières naturelles» sur le Rhin. La République acquiert avec ces victoires la volonté de convertir le monde à ses principes. Elle perd le sens de la mesure et n'hésite pas à fouler les règles de la diplomatie et du droit. Elle poursuit sa politique expansionniste aux Antilles (guerre de course), en Irlande (expédition de Humbert), en Europe (subversion des régimes établis et renversement de vieilles dynasties) et même aux Indes (soutien à Tippou Sahib, sultan du Mysore, en lutte contre les Anglais). Une expédition de rêve L'époque est aux réminiscences antiques. La République rêve d'envoyer ses légions reconstituer la Mare nostrum des Romains. L'Espagne est une alliée, des Républiques soeurs ont été semées jusqu'en Calabre, les Iles Ioniennes sont maintenant françaises. L'Empire ottoman, allié de la France depuis François Ier, apparaît soudain comme une puissance rétrograde qui opprime une Grèce idéalisée. Bonaparte caresse le rêve d'une expédition orientale. Le ministre des Relations extérieures, Talleyrand, partage son rêve. Vue romantique de l'Egypte pharaonique Le moment semble propice. L'Angleterre du Premier ministre William Pitt (38 ans) vit des moments difficiles (révolte en Irlande, mutinerie des marins à Portsmouth, faillite financière). L'Égypte offre un point d'appui pour assurer une communication terrestre avec l'Orient menacé par la suprématie maritime britannique. Talleyrand se fait fort de convaincre le Grand Turc que la future expédition n'est pas dirigée contre lui. Malheureusement, le général Aubert-Dubayet, ambassadeur français à Istamboul, meurt en décembre 1797 et n'est pas remplacé, ce qui laisse le champ libre aux menées britanniques. Mais, malgré les rapports venus de France et d'Italie, Londres ne veut pas croire à une expédition française au Levant. À Paris, le Directoire décide, début 1798, d'envahir la Confédération suisse, alliée séculaire de la France, afin de financer la future expédition d'Orient avec le trésor de Berne. Une campagne de promotion bien conduite permet à Bonaparte, récemment nommé membre de l'Institut, de se faire accompagner de jeunes scientifiques, ingénieurs, artistes et humanistes. Adjoindre des savants à une expédition militaire n'est pas chose nouvelle mais c'est la première fois qu'on en compte autant : 169 ! Beaucoup sont issus des nouvelles écoles d'État comme Polytechnique. Parmi eux le mathématicien Gaspard Monge, le naturaliste Geoffroy Saint-Hilaire,... À leur tête, l'artiste aventurier Vivant Denon, qui recueille à 51 ans la chance de sa vie. La marine française est en piteux état et la majorité des officiers de marine ont émigré. On parvient tout de même à rassembler l'«aile gauche de l'armée d'Angleterre» dans le Golfe de Gênes au printemps 1798 sous le commandement de l'amiral Brueys d'Aigailliers. En tout 194 navires et 19.000 soldats (non compris les marins). La flotte réussit à appareiller de Toulon le 19 mai malgré la vigilance du contre-amiral Horatio Nelson, commandant de la flotte britannique. Avec les flottes de Gênes et d'Ajaccio, les effectifs de l'expédition s'élèvent au final à... 54.000 hommes et plus de 300 navires ! La conquête La flotte parvient en vue de La Valette, capitale de l'île de Malte, le 9 juin. Trois siècles plus tôt, l'île avait été confiée par Charles Quint aux Chevaliers de l'Ordre hospitalier de Saint-Jean de Jérusalem, dénommés ensuite de Rhodes puis de Malte. Le grand-maître Ferdinand von Hompesch zu Bolheim a les moyens de tenir un long siège, le roi de Naples lui devant assistance et les chevaliers en ayant vu d'autres. Mais le coeur n'y est plus et la place rend les armes le 12 juin. Bonaparte s'installe pour quelques jours à La Valette, édicte toutes sortes de dispositions révolutionnaires, puis poursuit sa croisière vers l'Égypte. Le corps expéditionnaire débarque à Alexandrie le 2 juillet après avoir échappé presque par miracle à la poursuite de Nelson. L'Égypte, sous l'autorité nominale du sultan d'Istamboul, est gouvernée par un pacha mais la réalité du pouvoir appartient à une caste militaire très ancienne, lesMamelouks. Commandés par 370 chefs de toutes origines, avec à leur tête les«beys» Mourad et Ibrahim, ils exploitent l'Égypte depuis plusieurs siècles. Trois décennies plus tôt, en 1766, le soulèvement d'un Mamelouk, Ali Bey, a occasionné des troubles et des disettes en cascade. Quand arrive Bonaparte, le pays n'en est pas encore totalement remis. Il affiche néanmoins une relative prospérité. Le peuple vit à l'abri des famines cependant que l'aristocratie se pavane dans de très beaux palais... Bonaparte en Egypte Pressé d'en finir, Bonaparte commet l'erreur de se diriger d'Alexandrie vers Le Caire, capitale de l'Égypte, par le chemin le plus court, à travers le désert. Les soldats, qui vont à pied tandis que leur général caracole à cheval ou... à dos de chameau, endurent pendant trois semaines des souffrances épouvantables. Non préparés au soleil... et aux mirages, ils doivent au surplus répliquer aux attaques surprises des cavaliers mamelouks. C'est enfin le heurt décisif avec les troupes de Mourad Bey au pied des Pyramides. La bataille entre les Mamelouks et les Français dure à peine deux heures. Bonaparte a l'idée pour la première fois de disposer ses troupes en carré, les fantassins formant des rectangles sur plusieurs rangs, avec un canon à chaque coin et les bagages au milieu. La cavalerie mamelouk se rue sur ces carrés à sa manière désordonnée. Frappée par la mitraille, elle se replie très vite, laissant quelques dizaines ou quelques centaines de morts sur le sable. Avec son sens de la propagande, le général invente à propos de cette journée la harangue célèbre : «Soldats, songez que du haut de ces pyramides, quarante siècles vous contemplent !». C'est le point culminant de l'expédition d'Égypte. Séduction de l'Orient Le général Louis Desaix (de son vrai nom Louis Des Aix de Veygoux) poursuit les fuyards jusqu'en Haute-Égypte, complétant la soumission du pays. Son humanité dans les rapports avec la population lui vaut le surnom de «Sultan juste». Le général Louis Des Aix de VeygouxPeinture d'Andrea Appiani l'aîné, Musée de Versailles Bonaparte, quant à lui, joue le vizir au Caire, une ville bruissante de plus de 200.000 habitants dans un pays qui en compte trois millions (25 fois plus aujourd'hui). Les savants et les artistes, peintres et graveurs qu'il a eu la bonne idée d'amener avec lui se mettent au travail pour sortir l'antique civilisation pharaonique de son mystère. Bonaparte les rassemble dans un Institut d'Égypte dont il sera membre actif, sur le modèle de l'Institut de France. Il monte en épingle leurs travaux et leurs compte-rendus pour mieux faire oublier à l'opinion métropolitaine le fiasco militaire de l'expédition. Ainsi se développe l'égyptologie, qui trouvera en Jean-François Champollion un martyr. Le Sphinx près des Pyramides (gravure de Denon) Le général victorieux tente par ailleurs de s'appuyer sur les notables indigènes en multipliant les déclarations de respect à l'égard de la religion musulmane. Il fait valoir que sa haine du pape est un gage de sympathie pour l'islam ! Il multiplie jusqu'au ridicule les gestes de bonne volonté, n'hésitant pas à danser à la manière locale devant ses officiers et les notables du cru. Il dialogue avec les théologiens (ulémas), et veille même à ce que soit fêtée la naissance du Prophète. Il envoie des déclarations d'amitié au Grand Turc, le sultan d'Istamboul... Pour clarifier son comportement, il confiera plus tard à l'académicien Roederer :«C'est en me faisant catholique que j'ai fini la guerre de Vendée ; en me faisant musulman que je me suis établi en Égypte ; en me faisant ultramontain que j'ai gagné les esprits en Italie. Si je gouvernais un peuple de juifs, je rétablirais le temple de Salomon». Mais ses illusions se dissipent lorsque sa flotte est détruite à Aboukir. Prisonnier de sa conquête, Bonaparte ne songe plus dès lors qu'à s'en sortir. Ce sera chose faite le 8 octobre 1799 quand il débarquera à Fréjus... La malheureuse armée d'Égypte, quant à elle, se rendra aux Anglais le 31 août 1801. | |
| | | marileine moderateur
Messages : 27475 Date d'inscription : 08/03/2012 Localisation : belgique
| Sujet: Re: Un jour.... une histoire.... 4 août 1789+ 3 août 1347+1er aout 1914 et autres (photos,historiques) Lun 28 Sep - 12:05 | |
| Un jour... une histoire... 19 juillet 1903 19 juillet 1903 Arrivée du premier Tour de France cycliste Le 19 juillet 1903 s'achève à Paris le premier Tour de France cycliste. Les 60 participants sont partis le 1er juillet de Montgeron, en région parisienne. Les 20 finalistes ont parcouru un total de 2428 kilomètres en 6 étapes, via Lyon, Marseille, Toulouse, Bordeaux et Nantes. [size=16][/size] Une étape sur le Tour de France cycliste en 1903 Le vainqueur Maurice Garin a pédalé un total de 94 h 33 minutes à la vitesse moyenne de 26 km/h. Faut-il le préciser ? Il n'a utilisé de l'avis des spécialistes ni EPO ni aucun autre produit dopant... Il en ira différemment quand le Tour deviendra l'une des épreuves sportives les plus populaires. Le succès croissant de l'épreuve témoigne de l'engouement du public pour la bicyclette, affectueusement surnommée la «petite reine». Cet engin, somme toute des plus bizarres (quelle idée d'avancer en pédalant !), est issu d'une longue gestation et d'une succession d'heureux hasards... [size=16][/size] Une étape sur le Tour de France cycliste de 1903 Paris, berceau du vélo... cipède Au commencement, il y a la draisienne, du nom de son inventeur, le baron allemand von Drais. C'est un simple cadre sur deux roues, manoeuvré par un guidon. Il est propulsé par le mouvement des pieds sur le sol. Sa vocation est de permettre aux piétons d'accélérer leur pas à moindre effort. C'est pourquoi, en 1818, l'année qui suit l'invention, le baron dépose à Paris un brevet où il qualifie son deux-roues du néologisme : vélocipède (du latin velox, rapide, et pes, pedis, pied). [size=16]La draisienne Un dimanche de mars 1861, sous le Second Empire, un client se présente dans un atelier de mécanique du quartier des Champs-Élysées, à Paris, pour faire réparer sa draisienne. Comme Ernest, le fils de l'artisan Pierre Michaux, éprouve des difficultés à manœuvrer le véhicule, il a l'idée d'adapter une manivelle munie de pédales sur la roue avant. C'est un succès !Le nom de vélocipède ne s'appliquera plus désormais qu'à ce nouveau genre d'engin, d'un principe très différent de la draisienne (on ne pose plus les pieds par terre). Il est encore très largement employé sous son abréviation : vélo ! Le vélocipède L'invention des Michaux se diffuse chez les artisans et les étudiants. Deux frères, Aimé et René Olivier, issus d'une famille d'industriels lyonnais proches des saint-simoniens et élèves ingénieurs à l'École Impériale Centrale des Arts et Manufactures, se prennent d'une passion pour ce véhicule. Ils l'améliorent en l'équipant d'un frein et accomplissent en août 1865, de Paris à Avignon la première randonnée cyclotouriste !Le succès du vélocipède entraîne une série de manifestations à Paris. La première course officielle sur piste au monde a lieu le 31 mai 1868 dans le parc de Saint-Cloud, en présence du prince Eugène qui sera surnommé Vélocipède IV par les caricaturistes. Des médailles à l'effigie de Napoléon III sont remises aux vainqueurs.On compte bientôt une centaine d'ateliers qui produisent des vélocipèdes. Parmi eux, celui des Michaux, associés à la famille Olivier. Avec 150 ouvriers, sa production mensuelle culmine à près de 300 unités en 1869, quand la famille Olivier rachète la totalité de l'affaire.Pour obtenir le meilleur rendement possible, les fabricants n'ont de cesse d'accroître le diamètre de la roue avant. On arrive ainsi à des «grands-bi» (bi étant une abréviation de bicycle) qui ont l'inconvénient d'être dangereux. Un grand-bi La bicyclette, une invention très européenne Après la défaite de Sedan, l'industrie du cycle traverse la Manche. Et une révolution survient, qui va ranger le grand-bi au musée : le pédalier à chaîne. Le premier brevet pour un véhicule proche de la bicyclette actuelle est déposé à Paris par un certain Desnos en 1868. Et en 1874, Émile Viarengo de Forville, consul d'Italie à Nantes, dépose à Paris un brevet pour un deux-roues avec un cadre, des pédales à mouvement circulaire placées entre les roues et une transmission par chaîne sur la roue arrière. Des photos attestent qu'il a construit la bicyclette en question.En 1879, l'Anglais Henry J. Lawson dépose à son tour un brevet pour un engin similaire... Vélo ou bicyclette Le mot bicyclette est issu d'un nom de marque anglais : «The Bicyclette», lui-même forgé sur le terme français bicycle. Il est aujourd'hui compris par un milliard d'hommes. Mais, notons-le, presque toutes les langues de l'ancien empire russe continuent d'employer le terme vélocipède qui a été diffusé à Saint-Pétersbourg par une succursale de La Compagnie Parisienne des Vélocipèdes (la société de la famille Olivier) dès 1869. Des modèles améliorés sont vendus en France en particulier par le britannique Duncan. Après que celui-ci eut traversé Saint-Étienne à bicyclette en 1886, les frères Gauthier «s'inspirent» de son modèle pour construire en neuf semaines la première bicyclette française... et en propager le nom, qui est au début aussi bien masculin que féminin : «le» bicyclette. En 1891, André et Édouard Michelin inventent le premier pneumatique avec chambre à air démontable pour bicyclette. Son succès est foudroyant suite à la victoire la même année de Charles Terront sur une bicyclette équipée de pneus et chambres à air Michelin, dans la première édition de la course Paris-Brest-Paris : le vainqueur parcourt les 1220 km en 71h30. En 1900, près d'un million de bicyclettes circulent en France. Ce mode de transport, accessible à un large public, remplace progressivement le cheval grâce à son moindre coût et à son confort accru, en particulier grâce à l'emploi du pneumatique. Le Chalet du cycle dans le bois de Boulogne(Jean béraud,1901,musée de Sceaux)Un jour... une histoire... 3 juillet 1608 3 juillet 1608Samuel de Champlain fonde Québec Le 3 juillet 1608, sous le règne d'Henri IV, Samuel de Champlain jette les fondations de l'actuelle capitale de la province du Québec. Fondation de Québec par Champlain(peinture de Garnery, Paris, ex muséedes Arts africains et océaniens) Explorateur passionné Né 38 ans plus tôt dans une famille de marins de Brouage, près de La Rochelle, d'un naturel hardi et passionné, Samuel de Champlain fait un premier voyage en Amérique du Sud et suggère (déjà) le creusement d'un canal dans l'isthme centre-américain. Puis il explore en 1603 la côte nord-américaine aux côtés d'Aymar de Chaste, premier gouverneur de la «Nouvelle-France», une colonie encore à l'état de projet. En 1604, de retour dans le Nouveau Monde avec de Monts, le successeur de De Chaste, il tente sans succès de créer un établissement permanent dans la vallée d'Annapolis, en Acadie. Il regagne brièvement la France et publie Des Sauvages. Lorsqu'il revient en Nouvelle-France quatre ans plus tard, Champlain jette cette fois son dévolu sur la vallée du fleuve Saint-Laurent. Il repère un promontoire boisé auquel les Indiens du cru donnent le nom de Québec, en un lieu où le fleuve se rétrécit. Là, il fonde un comptoir, l'«Abitation de Québec», à l'origine de l'actuelle capitale administrative de la Belle Province. Samuel de Champlain veut y attirer les Indiens Montagnais, Hurons et Algonquins et en faire un établissement permanent pour la traite des fourrures. Modestes débuts Située à l'emplacement de l'actuelle église Notre-Dame-des Victoires, dans la Basse-Ville, l'Abitation comporte trois maisons en bois à deux étages disposées en U autour d'une cour fermée, et un magasin d'un étage sur une cave. Champlain surveillant la construction de l'Abitation,aquarelle de Jefferys,Charles William (1869-1951) Un colombier a pu faire fonction de tour de guet (mais il n'est pas sûr qu'il ait existé ailleurs que dans une gravure de propagande). L'ensemble est ceinturé par un fossé et des remparts de terre, avec un pont-levis et deux plates-formes à canon. L'établissement compte à ses débuts 28 hommes. Dès le début, des frictions surgissent entre ceux-ci. Un certain Jean Duval, serrurier de son état, projette avec quatre complices d'assassiner Samuel de Champlain pendant son sommeil et de vendre la colonie aux Espagnols. Démasqué, il est pendu et sa tête plantée au bout d'une pique en guise d'avertissement. Là-dessus arrive l'hiver et avec lui le scorbut et la dysenterie. La maladie fauche 16 des 24 Français restés à Québec. Les survivants, dont Champlain, sont ravitaillés le 5 juin 1609 par une équipe de secours envoyée par Pierre Dugua de Mons, lieutenant général en Nouvelle-France. Commme si cela ne suffisait pas, Champlain est obligé de s'impliquer dans les guerres indiennes. Il s'allie aux Hurons et aux Algonkins contre les Iroquois. C'est ainsi qu'il se retrouve à un moment avec 60 Hurons face à 200 Iroquois. Il braque son arquebuse et fait feu sur un ennemi. C'est la débandade. La technologie de l'homme blanc l'a emporté sur le nombre. Champlain face aux Iroquois (gravure d'époque) Champlain poursuit l'exploration du pays et accomplit plusieurs voyages en France (il aura traversé au total 21 fois l'Atlantique, un record pour l'époque). Mais il n'oublie jamais sa colonie de Québec, dont il est nommé lieutenant-gouverneur par le duc de Montmorency en 1619. Il entreprend en 1623 la construction des premiers bâtiments en pierre.Les Anglais s'emparent de la petite ville le 19 juillet 1629 mais la restituent à la France trois ans plus tard, par le traité de Saint-Germain-en-Laye. Samuel de Champlain, qui a été capturé, revient au Canada.Il meurt à Québec le 25 décembre 1635, à l'âge de 65 ans, tandis que gouvernent en France Louis XIII et son ministre Richelieu. Sa ténacité et sa réussite lui valent d'être surnommé le «Père de la Nouvelle-France».Un jour... une histoire... 1er juillet 1751 Diderot 1er juillet 1751Naissance tumultueuse de l'Encyclopédie Le 1er juillet 1751 paraît le premier volume de l'Encyclopédie, précédé du Discours préliminaire de d'Alembert. C'est le début d'une aventure éditoriale sans précédent qui va bousculer les idées reçues en France et dans toute l'Europe. La diffusion de l'Encyclopédie est favorisée par le fait qu'en ce «siècle des Lumières», l'on parle français dans toutes les cours et tous les salons européens, de Saint-Pétersbourg à Lisbonne. Un projet révolutionnaire Le projet est né six ans plus tôt du désir par le libraire Le Breton de traduire laCyclopaedia de l'Anglais Ephraïm Chambers, un dictionnaire illustré des sciences et des arts publié en 1728. Chardin, les Sciences et les Arts,Musée Jacquemart-Henri (Paris) Le libraire soumet son idée à Denis Diderot (32 ans). Ce mauvais garçon, «philosophe»quand même, envisage non plus une simple traduction mais un «tableau général des efforts de l'esprit humain dans tous les genres et dans tous les siècles» !... D'où son titre,Encyclopédie, néologisme forgé d'après une expression grecque qui désigne les sciences destinées à être enseignées. Diderot s'associe les services de son ami, le mathématicien et philosophe Jean Le Rond d'Alembert. En octobre 1750, il expose son projet dans un Prospectus en vue d'attirer des souscripteurs. Pas moins de 2.000 répondent à l'appel et paient chacun 280 livres soit l'équivalent du revenu annuel d'un ouvrier. Les plus grands esprits du temps acceptent aussi de contribuer à l'oeuvre éditoriale. L'influente marquise de Pompadour, maîtresse du roi Louis XV, accorde par ailleurs sa protection à Diderot. Celle-ci s'avèrera très vite indispensable dans l'atmosphère survoltée des salons mondains... D'Alembert, un bâtard comblé par la fortune Jean Le Rond d'Alembert, principal auteur de l'Encyclopédie aux côtés de Diderot, est le fils naturel du chevalier des Touches et d'une dame de la haute aristocratie, Madame de Tencin. D'Alembert (portrait de Lusurier) Abandonné à sa naissance le 11 novembre 1717 sur les marches de l'église Saint-Jean Le Rond (d'où son nom), il reçoit néanmoins une excellente éducation grâce aux subsides de son père naturel et devient un savant et un penseur très estimé que l'on s'arrache dans les salons mondains de Paris, ceux de Madame Geoffrin, de Madame du Deffand et de Julie de Lespinasse, qu'il aimera sans espoir jusqu'à sa mort. Dans les salons où l'on badine sur la «philosophie», d'Alembert croise les grands esprits de son temps et peut à son aise recruter parmi eux les rédacteurs de l'Encyclopédie. Premières attaques contre l'Encyclopédie Le succès de l'Encyclopédie est immédiat en France mais aussi dans toute l'Europe des Lumières. Son tirage s'élève rapidement à 4200 exemplaires, ce qui est beaucoup compte tenu du coût et de l'ampleur de l'oeuvre. Les premiers ennuis débutent avec un article sur la Genèse et la création du monde rédigé par un ecclésiastique quelque peu libre penseur, l'abbé de Prades. Les Jésuites qui publient le Journal de Trévoux jugent ce texte hérétique et obtiennent d'un évêque qu'il condamne au feu, en février 1752, les deux tomes de l'Encyclopédie déjà parus. La Marquise de Pompadour par François Boucher Mme de Pompadour et le directeur de la Librairie, Malesherbes, en fait responsable de la censure, interviennent pour faire lever l'interdiction et autoriser la parution des cinq tomes suivants. Cela n'empêche pas la poursuite des attaques de toutes parts contre l'Encyclopédie. Les aléas de la censure Le temps se couvre à nouveau à partir de 1757 et de l'attentat d'un déséquilibré, Damiens, contre le roi. Les dévots montent à l'assaut des Encyclopédistes, coupables de critiquer la religion catholique... Les Jésuites, atteints dans leur prestige en matière d'éducation, sont parmi leurs plus virulents adversaires. Chardin, les Sciences et les Arts,Musée Jacquemart-Henri (Paris) De façon plus inattendue, Jean-Jacques Rousseau, se brouille avec Diderot et s'en prend à l'Encyclopédie en raison de l'article Genève dans lequel d'Alembert critique les moeurs austères de la cité calviniste. Il publie sa Lettre à d'Alembert sur les spectacles. Le 8 mars 1759, sur un fallacieux prétexte, le Conseil d'État interdit la vente del'Encyclopédie et exige le remboursement des 4.000 souscripteurs ! Malesherbes intervient à nouveau pour éviter la ruine à Diderot mais il ne peut autoriser la poursuite des publications. D'Alembert, découragé, renonce à poursuivre l'entreprise. Les dix derniers tomes sont publiés clandestinement par Diderot en 1765 et les derniers volumes de planches illustrées sont enfin publiées sans la participation de Diderot en 1772. L'Encyclopédie, page de titre de l'émission de 1751 Au total, en trente ans, auront été publiés 28 volumes comprenant 11 volumes de planches et un millier d'articles auxquels ont participé environ 200 auteurs, y compris les plus réputés de leur temps : Voltaire, Montesquieu, Rousseau, Condorcet, Quesnay, Turgot, Marmontel, Helvétius, le baron d'Holbach...Un jour... une histoire... 28 juin 1635 28 juin 1635La Guadeloupe devient française Le 28 juin 1635, les Français Jean Duplessis et Charles de l'Olive, de la Compagnie des Isles d'Amérique (ou des Isles de l'Amérique), prennent possession de la Guadeloupe au nom du roi Louis XIII. Ils débarquent à la pointe Allègre avec 4 religieux dominicains et 400 colons engagés par contrat pour trois ans. Une île à sucre et à esclaves L'île a été découverte par Christophe Colomb le 4 novembre 1493, jour du pèlerinage de la Sierra de Guadalupe, en Estrémadure, d'où son nom ! Il s'agit d'une île volcanique de 1100 km2, en fait divisée entre l'île de Basse-Terre, surmontée par le volcan de la Soufrière, et l'île de Grande-Terre. Ces deux îles sont séparées par un isthme où coule laRivière salée et où se trouve aujourd'hui la principale ville, Pointe-à-Pitre, fondée par les Anglais en 1759. Le chef-lieu est Basse-Terre. Après que Charles de l'Olive, nommé gouverneur de l'île par Richelieu, eut exterminé les Indiens Caraïbes qui l'habitaient, la Guadeloupe va devenir, comme la Martinique et Saint-Domingue (Haïti), une terre de grandes plantations sucrières avec une population constituée en grande majorité d'esclaves d'origine africaine. Une Terreur mal cicatrisée L'esclavage ayant été aboli sous la Terreur révolutionnaire (1794) puis rétabli sous le Consulat (1802), l'île va soufrir à ce moment-là d'une terrible guerre civile. Aujourd'hui encore, elle souffre d'un retard économique et social par rapport à sa voisine, la Martinique, qui a conservé ses structures intactes. L'essentiel de l'économie guadeloupéenne a glissé entre les mains des békés de Martinique et tandis que celle-ci a conservé une forte empreinte européenne, la Guadeloupe, débarrassée par la Terreur de la plupart de ses Blancs, compte aujourd'hui à peine 5% d'Européens dont une moitié de métropolitains. S'y ajoutent environ 15% de descendants des travailleurs tamouls amenés des Indes après l'abolition de l'esclavage (1848). La population restante est noire ou métisse.[/size] | |
| | | marileine moderateur
Messages : 27475 Date d'inscription : 08/03/2012 Localisation : belgique
| Sujet: Re: Un jour.... une histoire.... 4 août 1789+ 3 août 1347+1er aout 1914 et autres (photos,historiques) Lun 28 Sep - 12:14 | |
| Un jour... une histoire... 24 juin 1859 24 juin 1859 Solferino donne naissance à la Croix-Rouge Le 24 juin 1859, les armées franco-sardes se heurtent à l'armée autrichienne à Solferino, en Lombardie, dans une mêlée sanglante et désordonnée qui fait suite à celle de Magenta, le 4 juin. Le roi de Piémont-Sardaigne Victor-Emmanuel II et son allié, l'empereur des Français Napoléon III, font face à l'empereur d'Autriche, François-Joseph 1er. [size=16] La bataille de Solférino (JA Beaucé,musée de Compiègne) Une guerre par procuration Le conflit entre l'empire autrichien et la coalition franco-sarde est né de la promesse faite par Napoléon III au roi Victor-Emmanuel II de l'aider à faire autour de lui l'unité de l'Italie en échange de la Savoie et Nice. L'Autriche occupe la Vénétie et la Lombardie et exerce un protectorat de fait sur les principautés d'Italie centrale. Elle constitue le principal obstacle à l'unification de la péninsule. Victorieuse à Novare, elle a prouvé au roi de Piémont-Sardaigne qu'il ne pourrait tout seul l'évincer de la péninsule. Au cours d'une entrevue secrète à Plombières, les 20 et 21 juillet 1858, le Premier ministre piémontais Cavour convainc l'empereur des Français, Napoléon III, d'intervenir en faveur du Piémont-Sardaigne en cas de «geste agressif» de l'Autriche. Cavour provoque habilement ce geste de l'Autriche. C'est ainsi que la France est entraînée à son corps défendant dans une guerre entre le Piémont et l'Autriche. Elle déclare la guerre à Vienne le 3 mai 1859 et entame les hostilités le 10 mai 1859. Les alliés franco-sardes l'emportent difficilement à Magenta le 4 juin 1859, où Napoléon III manque d'être fait prisonnier avec son état-major. Son armée arrive malgré tout à prendre la ville au terme d'une bataille qui laisse 9.000 morts sur le terrain. Trois jours plus tard, elle entre à Milan et le général de Mac-Mahon est fait maréchal et duc de Magenta. La «boucherie» de Solferino Les alliés affrontent à nouveau les Autrichiens à Solferino. Près de 40.000 soldats restent sur le champ de bataille au terme d'une bataille désordonnée et sans envergure stratégique. L'empereur des Français, ému par les boucheries de Magenta et Solferino, juge qu'il est temps d'arrêter les frais d'autant que sur le Rhin, les patriotes allemands s'exaltent. La Prusse menace d'unir les principautés allemandes dans une guerre contre la France, jugée trop menaçante. Malgré les réticences des Piémontais qui ont tout lieu d'être satisfaits de cette guerre par procuration, Napoléon III profite de son avantage pour signer un armistice avec l'empereur d'Autriche François-Joseph 1er à Villafranca le 11 juillet 1859. La guerre entre la coalition franco-piémontaise et l'Autriche n'aura duré que deux mois, du 10 mai au 8 juillet 1859. Vienne évacue la Lombardie et la remet à Napoléon III, lequel se fait un devoir de la restituer au roi de Piémont-Sardaigne. L'unité de l'Italie est en marche... Mais à Turin, on s'indigne du lâchage prématuré de la France et du renoncement à la Vénétie et à l'Italie centrale. Cavour lui-même démissionne. Napoléon III, confus, renonce à réclamer le prix du sang versé par ses soldats : Nice et la Savoie. L'intervention bruyante des patriotes garibaldiens en Italie centrale remet les choses en place. Se rendant maîtres de la Toscane, de Modène, de Parme et de la Romagne pontificale, lesdits patriotes forment des assemblées constituantes qui votent leur annexion au royaume du Piémont. Napoléon III accepte la décision de ces assemblées révolutionnaires sous réserve que les annexions soient approuvées par un plébiscite. Cette caution internationale permet à l'empereur des Français d'obtenir enfin le prix de son intervention. Quelques mois plus tard, par le traité de Turin, la France reçoit Nice et la Savoie. Naissancede la Croix-Rouge Solferino inaugure une période de conflits très meurtriers, avec des batailles où mourront des dizaines de milliers de soldats sans emporter la décision. La guerre de Sécession, qui se profile aux États-Unis, sera le premier de ces conflits d'un nouveau genre. Visitant le champ de bataille de Solferino à l'occasion d'un voyage d'affaires, un banquier genevois de 31 ans, Henry Dunant, s'indigne du sort fait aux blessés et organise de premiers secours. De retour à Genève, il lance un appel à l'opinion européenne dans un livre intitulé : Un souvenir de Solferino. Lui-même s'entretient avec l'empereur Napoléon III. Avec quatre amis genevois, il crée le 17 juillet 1863 une organisation internationale et neutre destinée à secourir les victimes de guerre, le Comité International de la Croix-Rouge(CICR). Une conférence internationale aboutit à la signature le 22 août 1864 de la première Convention de Genève «pour l'amélioration du sort des militaires blessés dans les armées en campagne».Un jour...une histoire... 20 juin 1894 Alexandre Yersin (1863-1943) 20 juin 1894Alexandre Yersin isole le bacille de la peste Le 20 juin 1894, Alexandre Yersin, un jeune médecin militaire formé à l'institut Pasteur, isole à Hong-Kong le bacille de la peste. Un Franco-Suisse aimé des vietnamiens Le jeune homme est né en 1863 dans une famille puritaine de la région de Lausanne. Il s'intéresse très jeune à la flore et à la faune, avant de se déterminer à étudier la médecine, d'abord à Marbourg, puis à Paris. Engagé comme préparateur par Roux, il effectue à l'Institut Pasteur une thèse sur la tuberculose tout en contribuant à l'isolement de la toxine diphtérique. Faisant preuve d'une indépendance d'esprit singulière pour l'époque, il suit le cours de bactériologie de Koch à l'Institut d'hygiène de Berlin. Alexandre Yersin se rend à Hong-Kong et, pourvu de moyens dérisoires, réussit à identifier et isoler en trois semaines le responsable de ce fléau immémorial qui terrorise les hommes de toutes conditions et de tous pays. Il s'agit d'un microbe très résistant qui porte depuis lors le nom de son découvreur : le bacille de Yersin(«Yersinia pestis»). Il existe à l'état naturel chez certains rongeurs d'Asie et peut être transmis par l'intermédiaire de puces à des rats et, de là, à l'homme. Alexandre Yersin devant sa paillote laboratoire de Hong-Kong Revenu à Paris l'année suivante, Alexandre Yersin met au point avec Calmette et Roux un vaccin et un sérum contre la peste. De retour à Canton, il démontre l'efficacité de ces remèdes sur un séminariste promis à la mort. Le médecin porte dès lors ses efforts sur le développement des Instituts Pasteur fondés à Hanoi, Saigon, Nha Trang et Dalat (sérums, vaccins, travaux d'hygiène). Il encourage en parallèle l'introduction dans le pays de l'arbre à caoutchouc et de l'arbre à quinine. Il élève des chevaux pour la fabrication du sérum et implante des races de vaches laitières. Il promeut l'extraction industrielle de la quinine et choisit Dalat pour y établir des sanatoria. Yersin devient le premier doyen de la faculté de médecine de Hanoï en 1902, mais il renonce bientôt aux honneurs pour défendre les intérêts du peuple annamite fort méprisé et exploité, vivant au sein de la population dans le village de Soui Dau, près du port de Nha Trang (Annam). Selon les termes d'une lettre écrite vers 1890, «demander de l'argent pour soigner un malade, c'est un peu lui dire la bourse ou la vie !» Alexandre Yersin meurt en 1943, pendant l'occupation japonaise. C'est à peu près la seule figure de l'époque coloniale qui n'a pas cessé d'être vénérée au Viet-Nam, où toutes les villes ont un lycée à son nom. Paradoxalement, la Suisse et la France (dont il avait adopté la nationalité) l'ont en revanche bien délaissé...Un jour... une histoire... 19 juin 1907 19 juin 1907La révolte viticole vire au drame Le 19 juin 1907, la crise de la viticulture languedocienne débouche sur un affrontement tragique entre les forces de l'ordre et les manifestants. C'est la révolte d'une France rurale qui s'accroche désespérément à ses traditions et à son horizon villageois. Traditions mises à mal Au milieu du XIXe siècle, les quatre départements français qui bordent le golfe du Lion se sont spécialisés dans la viticulture. Gard, Hérault, Aude et Pyrénées-Orientales ont su transformer leurs plaines arides et caillouteuses en superbes vignobles. Profitant des facilités de transport ouvertes par le chemin de fer et de l'amélioration générale du niveau de vie, les paysans du Midi approvisionnent toute la France en vin bon marché. Cette boisson énergétique devient l'un des aliments de base de la population adulte, avec la bénédiction des savants qui, tel Louis Pasteur, y voient non sans raison un excellent antiseptique, préférable à une eau souvent peu potable. En 1865, à la fin du Second Empire, le vignoble est ravagé par une maladie, le phylloxéra. Après 15 années de crise, les viticulteurs arrivent à reconstituer leurs vignes avec des ceps venus d'Algérie. La prospérité revient lentement puis tout s'emballe... De 1900 à 1906, la production de vin du Languedoc grimpe de 16 à 21 millions d'hectolitres. Elle se heurte qui plus est à la concurrence de nouveaux producteurs venus en Espagne ou encore en Italie, sans parler de l'Algérie française. Pour ne rien arranger, le gouvernement autorise en 1903 l'ajout de sucre dans le vin d'importation pour élever à bon compte son taux d'alcool. Ce procédé s'appelle «chaptalisation» en l'honneur du chimiste Jean-Antoine Chaptal qui l'a mis au point. La surproduction se solde par une mévente et une chute brutale des prix. Ceux-ci sont divisés par deux ou par trois en quelques années. C'est la ruine pour de nombreux Languedociens : petits viticulteurs qui n'arrivent pas à rembourser leurs dettes mais aussi négociants dont le sort est suspendu à celui de la viticulture. Vignerons en colère Unanimes, les Languedociens réclament pour le moins l'abrogation de la loi de 1903 sur la«chaptalisation» et une surtaxe sur le sucre. Mais le Président du Conseil, l'inflexible Georges Clemenceau, ne veut rien entendre. Une commission d'enquête parlementaire se rend toutefois à Narbonne, petite cité au coeur du vignoble, le 11 mars 1907. Là, les députés ont la surprise de voir venir à eux, au son d'un clairon, un comité de défense viticole de 87 membres créé par un cafetier d'Argeliers, dans l'Aude, Marcelin Albert. Marcelin Albert à Argeliers L'initiative des «fous d'Argeliers» donne le signal de la révolte : Marcelin Albert lui-même multiplie les rencontres dominicales dans les villages du Midi. Les foules grossissent. 150.000 personnes viennent écouter le «prêcheur des platanes» à Béziers, le 12 mai. Ce jour-là, Marcelin Albert avertit le gouvernement que si rien n'est fait avant le 10 juin, il décrétera la grève de l'impôt et appellera les municipalités à démissionner. La veille de la date fatidique, le 9 juin 1907, Montpellier, principale ville du Languedoc (80.000 habitants), accueille pas moins de 600.000 manifestants, soit presque le tiers de la population languedocienne. Du jamais vu ! Clemenceau en appelle au sentiment républicain des maires et, dans le même temps, envoie dans le Midi 27 régiments représentant 25.000 fantassins et 8.000 cavaliers. Il a soin de les recruter hors de la région pour éviter qu'ils ne fraternisent avec la population. Drame Le drame survient à Narbonne, le 19 juin, où les soldats tirent sur la foule, faisant deux morts dont un adolescent. Le lendemain, nouveau drame face à une foule qui hurle sa haine : cinq morts. À Agde, petite ville à l'embouchure de l'Hérault, 600 soldats du 17e régiment d'infanterie prennent connaissance de la tuerie de Narbonne. Eux-mêmes sont originaires de la région (le gouvernement ne pouvait pas tout prévoir). Ils se mutinent et gagnent Béziers où ils sont accueillis par une population en liesse. les soldats du 17ème régiment à Béziers La crise se dénoue peu à peu. Dès le 21 juin, Clemenceau annonce à la Chambre que les mutins sont rentrés dans le rang... Ils seront expédiés au fin fond de la Tunisie. La cavalerie intervient dès le 19 juin à Narbonne où, en pleine nuit et sous les huées de la foule, elle arrête le maire. Le même jour, les forces de l'ordre ont encerclé le village d'Argeliers et arrêté plusieurs meneurs du comité de défense viticole. Protégé par la foule, Marcelin Albert arrive toutefois à s'échapper. Surprise ! On le retrouve trois jours plus tard à Paris. Le dimanche 23 juin, il se présente de son propre chef au ministère de l'Intérieur, place Beauvau, et demande à rencontrer le Président du Conseil. Georges Clemenceau le reçoit dans son bureau en tête à tête. Il lui fait la morale avant de lui remettre un billet de 100 francs pour le train du retour. Le rebelle accepte mais promet de le rembourser. Marcelin Albert face à Georges Clémenceau (gravure) Le Président du Conseil convoque aussitôt la presse et raconte à sa manière l'entrevue, prétendant que le cafetier a éclaté en sanglots et laissant entendre qu'il n'aurait pas toute sa tête. En prison, où le naïf Marcelin, ridiculisé, retrouve ses camarades, ceux-ci ne manquent pas de lui reprocher l'entrevue avec Clemenceau. C'en est fini du comité. Finalement, le gouvernement établit une surtaxe sur le sucre et réglemente sévèrement le négoce du vin, donnant ainsi raison aux manifestants. Le Languedoc conserve le souvenir aigu de cette révolte anachronique et ne manque pas d'invoquer les mânes de Marcelin Albert à chaque fois que la concurrence ou les règlements menacent son vin.Un jour... une histoire... 17 juin 1789 17 juin 1789Les états généraux deviennent Assemblée nationale Le 17 juin 1789, à Versailles, les députés dutiersétat, renforcés par quelques curés issus de l'assemblée du clergé, se proclament «Assemblée nationale» sur une proposition de l'abbé Sieyès. Crise fiscaleQuelques semaines plus tôt, le roi Louis XVI a réuni les états généraux avec des représentants des trois ordres, clergé, noblesse et tiers état (bourgeoisie), en vue de trouver une solution à la faillite qui menace le gouvernement. Héritée d'une tradition médiévale, l'assemblée des états généraux comporte des représentants des trois ordres : clergé, noblesse et tiers état. Le tiers état représente les Français qui n'ont droit à aucun privilège particulier. Ses députés sont issus de la bourgeoisie. La majorité est composée d'avocats. L'autorité du roi bafouéeConsidérant, selon le mot de Sieyès, qu'ils représentent les «quatre-vingt-seizièmes de la Nation», les députés du tiers état rejettent la division en trois ordres, se proclamentAssemblée nationale mais aussi s'arrogent le droit d'autoriser la perception des impôts. A l'imitation des conventionnels américains... et des indépendantistes corses, les députés envisagent par ailleurs de fixer par écrit les futures règles de gouvernement et les attributions de chacun (roi, ministres, députés,...) dans une Constitution. Le roi Louis XVI prend fort mal la chose et, sur les conseils de son entourage, fait fermer la salle des Menus Plaisirs où les députés ont pris l'habitude de se réunir. Qu'à cela ne tienne. Le 20 juin, les députés se retrouvent dans une autre salle de Versailles, au Jeu de Paume, où ils jurent sous la présidence de Bailly, «de ne jamais se séparer et de se rassembler partout où les circonstances l'exigeraient, jusqu'à ce que la constitution du royaume fût établie et affermie par des fondements solides». Le serment du jeu de paume par David(Paris,musée Carnavalet) Le roi s'inclineTrois jours plus tard, le 23 juin, le roi Louis XVI se décide à adresser à l'ensemble des députés un langage de fermeté, leur ordonnant de délibérer séparément. Mais le tiers état et ses alliés du clergé refusent de se soumettre. Le maître des cérémonies rappelle sans succès l'injonction royale au président de l'Assemblée, Bailly. La postérité va magnifier l'incident en prêtant au tribun Mirabeau la célèbre harangue :«Allez dire à ceux qui vous envoient que nous sommes ici par la volonté nationale et que nous n'en sortirons que par la puissance des baïonnettes». Des gardes entrent dans la salle pour la faire évacuer. Mais voilà que des députés issus de la noblesse s'interposent. Rien moins que le marquis de La Fayette et le duc de La Rochefoucauld. Les gardes n'osent pas agir et se retirent. Informé de l'incident, le roi se soumet : «S'ils ne veulent pas s'en aller, qu'ils y restent !» Dès le lendemain, 46 députés de la noblesse libérale conduits par le duc d'Orléans en personne (le cousin du roi) se rallient aux députés du tiers état et du clergé au sein de la nouvelle Assemblée nationale. Le 27 juin, sur le conseil de son ministre Necker, le roi ordonne finalement à l'ensemble des députés de rejoindre l'Assemblée nationale. Vers une monarchie constitutionnellePendant ce temps, dans les campagnes, les paysans s'agitent et commencent à s'en prendre aux châteaux et aux «terriers», les vieux registres sur lesquels sont inscrits les droits de propriété des seigneurs et les droits féodaux. Les rumeurs de massacres se répandent d'un village à l'autre. C'est la «Grande Peur». À la lumière de ces incidents, les députés comprennent que la refonte des impôts ne suffira pas à ramener la sérénité dans le pays. Ils décident de remettre à plat les institutions monarchiques, un ensemble de droits et de pratiques fondés sur les coutumes et les aléas de l'Histoire... Le 9 juillet 1789, ils officialisent leur projet de donner une Constitution au royaume. Ils se proclament «Assemblée nationale constituante». C'en est fini de l'absolutisme royal. La Révolution commence.Un jour... une histoire... 11 juin 1144 11 juin 1144Naissance de l'art gothique à Saint-Denis Le choeur de la basilique de Saint-Denis, dédiée au premier évêque de Paris, est solennellement consacré le dimanche 11 juin 1144. L'abbé Suger invite à la cérémonie le roi de France, Louis VII le Jeune, et sa femme, la duchesse Aliénor d'Aquitaine, ainsi que tous les grands personnages du royaume, y compris les évêques et les archevêques. Ces derniers, émerveillés par la lumière des vitraux et l'élancement de la structure, regagnent leur diocèse avec le désir de reconstruire leur propre cathédrale dans le style particulier de Saint-Denis. C'est le véritable début de l'art gothique. Vue de la nef lumineuse de Saint-Denis Suger, un homme d'exception Fils d'un serf, Suger s'est hissé par ses seuls talents jusqu'au sommet de l'Église et de l'État, devenant abbé de Saint-Denis, au nord de Paris. Cette abbaye, dont les plus anciennes parties remontent aux rois mérovingiens de la lignée de Clovis, a été très tôt un lieu de pèlerinage. Dès l'époque de Dagobert, des rois et des princes s'y font inhumer. Pépin le Bref et ses deux fils, Carloman et Charlemagne, y ont été sacrés rois de France par le pape (Charlemagne sera par ailleurs sacré empereur à Rome). L'Abbé Suger sur un vitrail de Saint Denis (XIIème siècle) Entrepreneur hors pair, Suger fait reconstruire l'église abbatiale de Saint-Denis... Il a le sentiment d'oeuvrer ainsi pour la gloire de l'Église et du royaume. Ses conceptions sont à l'opposé de son contemporain et rival, l'austère Bernard de Clairvaux, qui plaide pour le dépouillement des lieux de culte. Dans un premier temps, pour la façade et la crypte de l'église, l'abbé adopte le styleroman de l'époque, non sans introduire sur la façade une superbe rosace, la première du genre. Le style roman (ou romain, c'est-à-dire d'inspiration latine) s'est épanoui après l'An Mil en Occident à l'occasion du renouveau de l'Église. Il se caractérise par des voûtes en berceau soutenues par de solides parois en pierre. Un artfrançais Mais vers 1130, à Sens, à l'occasion de la construction de la cathédrale Saint-Étienne, un nouveau style architectural apparaît subrepticement, plus léger, plus élancé, plus lumineux. L'abbé Suger est séduit par ce nouveau style et décide de s'en inspirer pour l'achèvement de sa chère basilique. Avec la consécration du choeur de la basilique, les contemporains ont conscience d'assister à la naissance d'un nouveau style architectural, proprement révolutionnaire par sa hardiesse et son caractère résolument novateur... Art gothique ? disons plutôt art français ! Le style architectural qui caractérise le choeur de Saint-Denis est d'abord baptisé«ogival» par référence à l'ogive ou à l'arc brisé, ou encore «art français» car il est né au XIe siècle dans le Bassin parisien, à Sens, Saint-Denis, Laon, Noyon, Paris. Il sera sous la Renaissance baptisé par dérision «art gothique» (c'est-à-dire «à peine digne des Goths»).[/size] | |
| | | marileine moderateur
Messages : 27475 Date d'inscription : 08/03/2012 Localisation : belgique
| Sujet: Re: Un jour.... une histoire.... 4 août 1789+ 3 août 1347+1er aout 1914 et autres (photos,historiques) Lun 28 Sep - 12:28 | |
| Un jour... une histoire... 10 juin 1794 10 juin 1794 La Grande Terreur Par le décret du 22 prairial An II (10 juin 1794), l'assemblée de la Convention réduit les procès révolutionnaires à une simple formalité. Fuite en avant L'assemblée parisienne avait mis «la Terreur à l'ordre du jour»le 5 septembre 1793 mais la répression, les arrestations arbitraires et la peur de la guillotine n'avaient pas suffi à faire reculer les menaces qui pesaient sur la Révolution française et la République. Celles-ci étaient tout à la fois menacées par l'opposition royaliste, les catholiques restés fidèles à leur foi et les gouvernements étrangers qui craignaient les velléités expansionnistes des armées françaises. Devant la Convention, Maximilien de Robespierre, qui préside en dictateur le Comité de Salut Public, autrement dit le gouvernement du pays, justifie la Terreur avec des mots terribles : «La Terreur n'est pas autre chose que la justice prompte, sévère, inflexible !»Il convainc les députés de voter le décret du 22 prairial. C'est le début de la Grande Terreur à Paris comme dans les départements où les représentants en mission répriment les menées anti-révolutionnaires avec plus ou moins de zèle. [size=16] Les noyades de nantes,par le conventionnel Carrier en 1793(gravure de Duplessis-Berteaux) Au total, la chasse aux suspects par la Convention montagnarde et le Comité de Salut Public vont faire environ 40.000 victimes dans l'ensemble du pays, du 5 septembre 1793 à la chute de Robespierre, le 27 juillet 1794. 17.000 victimes sont guillotinées et les autres tuées de diverses façons (fusillades, noyades,...). Malgré ces excès, la France se reprend à espérer. À l'intérieur, les révoltes sont étouffées, Vendée mise à part. Lyon et Toulon se soumettent et, aux frontières, les armées reprennent vigueur... La victoire de Fleurus écarte le danger d'invasion. Le sursaut À l'été 1794, la sécurité de la France semble enfin assurée. Beaucoup de députés de la Convention aspirent désormais à profiter tranquillement de leur pouvoir ainsi que de leurs richesses (souvent mal acquises). Ils ont le sentiment que les principaux buts de la Révolution ont été atteints et se réjouissent des perspectives de conquête ouvertes par la victoire des armes. L'abolition des privilèges de naissance est irréversible, les«frontières naturelles» sont à portée de main et la séparation de l'Église et de l'État est entrée dans les faits. Les députés s'impatientent devant le régime de Terreur sur lequel s'appuie Robespierre et qui constitue une menace perpétuelle au-dessus de leurs têtes. Ils reprochent par ailleurs à l'Incorruptible d'avoir instauré la Fête de l'Être suprême et de préparer ainsi le retour de la religion. Ils s'inquiètent aussi de ses tractations secrètes avec l'Angleterre, en prélude à un accord de paix qu'ils jugent prématuré. Fin juillet 1794, après sept semaines de folie meurtrière, le temps de la Grande Terreur... et celui de Robespierre leur semble révolu.Un jour... une histoire... 07 juin 1520 7 juin 1520Le Camp du Drap d'Or Les rois de France et d'Angleterre se rencontrent du 7 au 24 juin 1520 entre Ardres et Guînes, deux petites villes proches de Calais, respectivement française et anglaise. L'entrevue se déroule dans un camp de toile d'un luxe inouï, aménagé en quelques semaines par 6.000 artisans. François 1er, dans le désir d'épater son hôte, s'est offert une tente de drap d'or doublé de velours bleu. D'où son surnom de «Camp du Drap d'Or». Le camp deu drap d'or (détatil)par Friedrich Bouterwerk, d'après Hans Holbein Rapprochement de raison L'année précédente, le roi de France François 1er (25 ans) a eu la déception de voir Charles de Habsbourg (20 ans) élu à la tête du Saint Empire romain germanique sous le nom de Charles Quint. François 1er, qui s'était étourdiment endetté pour faire avancer (en vain) sa propre candidature à la tête de l'empire, en garde rancune à son jeune rival, d'autant que celui-ci a comme lui des visées sur la riche Italie... Le roi de France envisage donc de nouer une coalition avec l'autre grand souverain d'Europe occidentale, Henri VIII Tudor (28 ans) et, dans cette perspective, lui propose la rencontre de «Camp du Drap d'Or». Une fanfaronnade de trop Les deux souverains sont alors au faîte de leur gloire. L'un et l'autre sont des gentilshommes de la Renaissance, cultivés, charmeurs et sportifs. Henri VIII n'aime pas beaucoup François 1er et le trouve arrogant. Mais son conseiller, le douteux cardinal Wolsey, qui touche de l'argent de tous les côtés, le convainc d'accepter la rencontre... D'autre part, comme François 1er lui doit deux millions d'écus, le roi d'Angleterre tient personnellement à le ménager en attendant de récupérer sa créance. Pendant trois semaines, la vie de cour va étaler toutes ses séductions au milieu des tournois et des fêtes. C'est une première dans l'Histoire de l'Europe. Le camp deu drap d'or (détatil)par Friedrich Bouterwerk, d'après Hans Holbein Mais à l'occasion des festivités, François 1er heurte inutilement la fierté d'Henri VIII par un excès de fanfaronnade : à l'Anglais, obèse, qui lui propose de lutter, le vainqueur de Marignan ne se le fait pas dire deux fois et, pour plaire à l'assistance féminine, fait chuter sans façon Henri... Un traité d'alliance est néanmoins négocié par le cardinal Wolsey et les ministres français Bonneval et Duprat. Il prévoit le mariage d'Henri, fils aîné de François 1er, avec Marie Tudor, fille d'Henri VIII. Il prévoit aussi que la France cessera de soutenir les Écossais dans leur guerre contre les Anglais. En définitive, du fait de l'irritation anglaise, le mariage n'aura jamais lieu et les festivités s'achèveront sur un échec diplomatique, creusant un peu plus la dette du roi de France. Retour à la guerre Deux semaines à peine après les embrassades du Camp du Drap d'Or, Henri VIII rencontre Charles Quint à Gravelines (à côté de Dunkerque), dans des conditions autrement plus modestes. Avec l'empereur, qui est le neveu de sa femme Catherine d'Aragon (la première d'une longue série), le roi d'Angleterre signe le 14 juillet 1520 un traité secret contre le roi de France ! Le camp deu drap d'or (détatil)par Friedrich Bouterwerk, d'après Hans Holbein François 1er va devoir affronter une coalition regroupant Charles Quint, Henri VIII et le pape. Tout cela s'achèvera par la défaite des armées françaises et la capture du roi de France à Pavie, près de Milan, le 24 février 1525.Un jour... une histoire... 5 juin 1305Portrait du Pape Clément VCathédrale Saint-Bertrand-de-Comminges 5 juin 1305Clément V, un pape français pour Avignon Le 5 juin 1305, les cardinaux réunis en conclave à Pérouse portent à la tête de l'Église un Gascon d'à peine 40 ans. C'est le premier pape français depuis Sylvestre II. Il monte sur le trône de Saint Pierre alors que l'Église traverse une grave crise politique. Les retombées dramatiques d'une gifle La crise débute le 8 septembre 1303 avec l'«attentat» d'Anagni : le pape Boniface VIII, en délicatesse avec le roi de France Philippe IV le Bel, a une violente dispute avec le représentant de celui-ci, Guillaume de Nogaret. Sous le coup de l'émotion, il meurt quelques semaines après. Il est le dernier pape à avoir rêvé d'une suprématie du Saint-Siège sur les dynasties d'Occident. Son successeur Benoît XI est élu le 22 octobre 1303 dans une atmosphère détestable. Il annule la plupart des mesures de nature à vexer le puissant roi de France avant de mourir lui-même le 7 juillet 1304 d'une... indigestion de figues. Le conclave en quête d'un compromis Le conclave se réunit donc à Pérouse pour une nouvelle élection. Pendant onze mois ont lieu de pénibles tractations entre le parti français, conduit par la famille romaine des Colonna, et le parti du défunt Boniface VIII, conduit par les Caetani. On décide finalement de choisir le pape à l'extérieur du Sacré Collège des cardinaux et l'unanimité ou presque se fait sur le nom de Bertrand de Got, prélat diplomate et juriste éminent, resté neutre dans la querelle entre le roi Philippe le Bel et le pape Boniface VIII. Bertrand de Got est né en Aquitaine, au sud de Bordeaux. Il a été évêque de Comminges puis, à seulement 29 ans, archevêque de Bordeaux. Quand son élection lui est confirmée, lors d'une tournée pastorale, il s'en réjouit modérément et prend tout son temps avant d'accepter la sentence et de choisir le nom de Clément V. Couronnement du pape Clément V(miniature de la chronique Villani/the Granger collection NYC) Un pape nomade Le nouveau pape renonce à se rendre à Rome par crainte des intrigues locales et choisit en définitive de se faire couronner à Lyon, en terre française, le 1er novembre. Clément V fait son possible pour se concilier les bonnes grâces du puissant Philippe le Bel mais repousse sa demande d'ouvrir le procès posthume de Boniface VIII. En 1307, il a un entretien avec le roi capétien où il est question en particulier du sort des Templiers. Philippe le Bel veut abattre cet ordre, influent et riche, de moines-chevaliers. C'est chose faite le vendredi 13 octobre 1307 sans que le pape ait pu s'y opposer. Comme il n'est toujours pas en mesure de s'établir à Rome et veut suivre de près le procès des Templiers, Clément V décide en 1309 de s'établir «provisoirement» dans un couvent de dominicains en Avignon, sur des terres d'Empire. Celles-ci seront vendues à son troisième successeur Clément VI par la reine Jeanne 1ère de Naples, par ailleurs comtesse de Provence, qui a beaucoup à se faire pardonner... Même «provisoire», cet établissement aux limites du royaume de France traduit l'abaissement de la papauté depuis l'époque où Innocent III, un siècle plus tôt, prétendait soumettre les rois à son autorité. Avignon, nouveau siège de la papauté Après la mort de Clément V le 20 avril 1314, ses successeurs demeureront en Avignon jusqu'en 1376 et au-delà. Le 17 janvier 1377, cédant aux prières de Sainte Catherine de Sienne et faisant fi des lamentations de son entourage, attaché au Palais des Papes et à son luxe, le pape Grégoire XI, met fin à la «captivité d'Avignon» et réinstalle le Saint-Siège à Rome. La monarchie capétienne, affaiblie par la guerre de Cent Ans, n'est plus assez forte pour le retenir. Après sa mort, le 27 mars 1378, le peuple romain impose au conclave le choix d'un pape italien, l'archevêque de Bari, qui prend le nom d'Urbain VI. Mais le nouveau souverain pontife se fait vite des ennemis par son tempérament brutal et imprévisible. Treize cardinaux français élisent en conséquence le 20 septembre 1378 leur propre pape, qui prend le nom de Clément VII... et reprend le chemin d'Avignon. Ce Grand Schisme d'Occident, qui va perdurer jusqu'en 1417, va troubler l'Église mais faire le bonheur des Provençaux. La présence du Saint-Siège pendant plus d'un siècle vaudra un rayonnement inattendu à cette enclave pontificale constituée de la cité d'Avignon et du Comtat Venaissin voisin, cédé au Saint-Siège par Philippe III le Hardi en 1274. De 5.000 ou 6.000 habitants au début du XIVe siècle, la population d'Avignon va s'élever jusqu'à 40.000 un demi-siècle plus tard (à la même époque, la principale ville d'Europe est Paris avec 300.000 habitants). Le Palais des Papes à Avignon L'afflux sur les terres du pape, à Carpentras et Avignon, des juifs expulsés par le roi de France va notablement contribuer à leur prospérité. Sous la Révolution française, Avignon et le Comtat Venaissin seront annexés par la France. Réunis à la principauté d'Orange et à quelques seigneuries du comté de Provence, ils formeront le département du Vaucluse. Châteaux clémentins Le château de Roquetaillade en Gironde Le souvenir de Clément V se perpétue dans sa région d'origine à travers de nombreux châteaux qu'il a généreusement offerts aux membres de sa famille. Celui de Roquetaillade, en Gironde (photo ci-dessus), appartient toujours à la descendance d'un neveu de Bertrand de Got. Il a été restauré au XIXe siècle par Viollet-le-Duc. Un jour... une histoire... 02 juin 1793 2 juin 1793Arrestation des Girondins Le 2 juin 1793, 80.000 Parisiens en colère assiègent l'assemblée de la Convention. Il s'agit essentiellement de gardes nationaux en armes. Ils réclament la destitution et l'arrestation des députés girondins, que l'on appelle ainsi parce que plusieurs sont originaires du département de la Gironde. Groupés autour de Brissot et Vergniaud, ils sont de leur vivant plus connus sous le nom de Brissotins. La Révolution au tournant Leur crime ? Après la victoire de Valmy (20 septembre 1792) et l'instauration de la République, les Girondins, adeptes d'un pouvoir décentralisé, auraient souhaiter arrêter le cours de la Révolution. Mais au printemps 1793, une succession de défaites militaires ranime la crainte de l'invasion. Les Vendéens se soulèvent de leur côté pour échapper à la levée en masse. La disette et l'inflation réapparaissent de plus belle. Au contraire des Girondins, les députés de la Montagne (ainsi appelés parce qu'ils siègent en haut de l'Assemblée) préconisent des mesures draconiennes. Robespierre, leur chef, craint qu'une interruption du processus révolutionnaire n'entraîne une restauration la monarchie. Les Montagnards font voter une loi sur le cours forcé de l'assignat et ils obtiennent le lancement d'un «emprunt forcé» sur les riches. Ils créent aussi un Tribunal révolutionnaire et un Comité de Salut public. Paris contre la France Les Montagnards bénéficient du soutien des sans-culottes parisiens, de la Commune de Paris et du club des Jacobins, ainsi que des bourgeois enrichis par la vente des biens nationaux. Leurs mesures extrêmes leur rallient aussi le mouvement parisien des Enragés de Jacques Roux. Les Girondins, bien que tenant les rênes du gouvernement, sont acculés par les groupes de pression parisiens et impuissants à mobiliser leurs propres partisans, pour la plupart en province. Ils tentent de faire mettre en accusation Jean-Paul Marat, un agitateur populaire qui sait mieux que quiconque manoeuvrer les sans-culottes des sections parisiennes. Marat par Joseph Boze (Paris, musée Carnavalet) De façon prévisible, celui-ci est acquitté par le Tribunal révolutionnaire qu'il a lui-même fondé. Il fait un retour triomphal à l'assemblée le 24 avril 1793. Les Girondins mettent alors sur pied, à la Convention, une Commission des Douze chargée d'enquêter sur des pétitions contre eux-mêmes, qui circulent dans les sections parisiennes de sans-culottes. Les Montagnards tentent une première fois, le 31 mai, d'organiser une insurrection populaire autour de l'Assemblée pour abattre leurs rivaux. Mais l'insurrection n'aboutit qu'à la suppression de la Commission des Douze. L'insurrection du 2 juin, préparée avec soin par Marat, met en branle les sections parisiennes de sans-culottes et la garde nationale qui encerclent l'assemblée. Comme les députés sortent pour adjurer les manifestants de rentrer dans leurs sections, le sans-culotte Hanriot, à la tête de la garde nationale, menace de faire tirer les canonniers sur eux. Les sans-culottes menacent les députés girondins le 31 mai 1793(musée Carnavalet - Paris) Penauds, les élus s'inclinent. Ils reprennent place dans les travées de l'assemblée et votent la mise en état d'arrestation de 29 des leurs, ainsi que l'exige l'insurrection parisienne. Les Girondins, arrêtés et retenus à leur domicile, s'enfuient et tentent sans succès de soulever les provinces. Mais la plupart seront rattrappés et guillotinés. Les Montagnards ayant enfin les mains libres, ce sera pendant 13 mois la Terreur, voire la Grande Terreur, sous la dictature du Comité de Salut public, un gouvernement de sept membres dirigé avec autorité par Maximilien de Robespierre.Un jour... une histoire... 26 mai 1445 26 mai 1445Charles VII crée les Compagnies d'ordonnance Par une ordonnance en date du 26 mai 1445, à Louppy-le-Châtel (près de Bar-le-Duc), le roi Charles VII crée les Compagnies de l'ordonnance ou compagnies d'ordonnance. Cette nouvelle formation militaire constitue la première armée permanente à la disposition du roi de France. À votre bon coeurAuparavant, quand il voulait faire la guerre, le roi faisait appel à ses vassaux selon la coutume féodale du ban. Mais ses vassaux n'étaient obligés de le servir que pendant 40 jours. S'il voulait poursuivre la guerre, le roi devait recruter des compagnies de mercenaires. Quand la guerre prenait fin, les mercenaires étaient congédiés. Ils se mettaient alors à piller le pays. C'est ce qui s'était passé au début de la guerre de Cent Ans, après les victoires de Charles V et Du Guesclin. La première armée moderne Charles VII a plus de chance que ses aïeux. Après ses premières victoires, remportées sur les Anglais grâce à Jeanne d'Arc, il décide de poursuivre l'offensive avec une armée régulière mais, pour cela, il a besoin de beaucoup d'argent. Le 2 novembre 1439, les états généraux l'autorisent à lever régulièrement, chaque année, l'impôt pour la «taille des lances» (pour faire plus court, on parlera plus tard de la «taille» tout simplement). Après la trêve signée à Tours avec les Anglais en 1444, Charles VII peut enfin songer à se débarrasser des «Écorcheurs». Par milliers, ces bandes de mercenaires sans emploi mettent à mal les campagnes françaises, pillant, violant, brûlant, tuant à satiété et, selon les chroniques du temps, commettant des «abominations telles que les Sarrasins ne font pas aux Chrétiens». Elles rappellent les Grandes Compagnies du siècle précédent, que Du Guesclin avait amenées en Espagne se faire tuer. Tirant parti de ses ressources financières régulières, le roi va pouvoir les remplacer par une armée régulière. Ce seront les Compagnies d'ordonnance, constituées avec les éléments les plus présentables des bandes d'écorcheurs ! Chaque compagnie est commandée par un capitaine nommé par le roi et comprend cent lances garnies, une lance garnie comprenant six hommes : un homme d'armes en armure, trois archers, un coutilier et un page. Dans le même temps, le grand-maître de l'artillerie Gaspard Bureau et son frère Jean développent l'artillerie, avec des canons en bronze capables de tirer des boulets en fonte, des canons à main plus légers, ancêtres du fusil, et des canons très longs ou couleuvrines que l'on peut traîner sur des chariots et amener sur le champ de bataille. Trois ans après, en 1448, une ordonnance royale prescrit à chaque groupe de cinquante«feux» (autre nom d'une maisonnée ou ménage) de mettre à la disposition du roi un arbalétrier ou un archer. Celui-ci est exempt de taille d'où son nom de «franc-archer». À l'image de l'Angleterre, la France se constitue ainsi une infanterie de francs-archers Avec sa «gendarmerie» à cheval formées de nobles (les compagnies d'ordonnance), son artillerie et ses francs-archers, Charles VII dispose ainsi de la première armée d'Europe. Il est prêt pour la bataille contre les Anglais encore présents dans le royaume.Un jour... une histoire.... 25 mai 1720 25 mai 1720Le retour de la peste à Marseille Le 25 mai 1720, un navire, le Grand-Saint-Antoine, entre dans le port de Marseille. Il ramène de Syrie un passager clandestin, le bacille de la peste ! En deux mois, la ville de Marseille va perdre la moitié de ses 100.000 habitants et la peste va tuer dans l'ensemble de la région pas moins de 220.000 personnes ! Les Français du «Siècle des Lumières», qui vivaient dans l'insouciance de la Régence (le roi Louis XV a alors 10 ans) et se croyaient à l'abri des grandes épidémies, vont devoir en catastrophe restaurer une sévère prévention. Victimes de l'oubli et du relâchement Parti de Marseille le 22 juillet 1719, le Grand-Saint-Antoine gagne les escales ou ports du Levant. Or la peste sévit à ce moment-là en Syrie. Un passager turc embarqué à Tripoli le 3 avril 1720 meurt deux jours après sur des cordages. Puis, sur le chemin du retour, le voilier perd successivement sept matelots et le chirurgien de bord. Un huitième matelot tombe malade peu avant l'arrivée à Livourne, en Italie. À chaque fois, on trouve de bonnes raisons pour se dissimuler la vérité sur l'épidémie. A l'escale de Livourne (Italie), les médecins ne font rien pour retenir le navire. Le capitaine Jean-Baptiste Chataud a lui-même hâte de livrer sa cargaison (des ballots de tissus d'une valeur de 100.000 écus) avant la foire de Beaucaire. Il amarre son voilier au Brusc, près de Marseille, et fait discrètement prévenir les armateurs ou propriétaires du navire. Ceux-ci font jouer leurs relations. Ils en appellent aux échevins de Marseille pour éviter une quarantaine brutale qui consisterait à isoler le navire (et sa cargaison) en pleine mer pendant quarante jours. Les uns et les autres considèrent que la peste est une histoire du passé et prennent l'affaire avec détachement. Finalement, ils demandent au capitaine de repartir à Livourne chercher une «patente nette», certificat attestant que tout va bien à bord. Les autorités de Livourne, qui n'ont pas envie de s'encombrer du navire, ne font pas de difficultés pour délivrer ledit certificat. C'est ainsi que le Grand-Saint-Antoine est mis en quarantaine «douce» : les marins sont débarqués et enfermés dans un lazaret ou dispensaire, près de l'île de Pomègues. Mais les hommes, une fois à terre, n'entendent plus s'occuper de leur linge sale. Ils en font des ballots et le jettent à des lavandières par-dessus la palissade du lazaret... Le retour du fléau Le 20 juin, rue Belle-Table, dans un misérable quartier de la ville, une lavandière de 58 ans, Marie Dunplan, meurt après quelques jours d'agonie. Elle a un charbon sur les lèvres. Les médecins n'y prennent pas garde. Comment feraient-ils le rapprochement avec la Peste noire des temps médiévaux ? Le 28 juin, dans le même quartier, meurt à son tour un tailleur de 45 ans, Michel Cresp. Deux jours plus tard, c'est au tour de sa femme... Le 9 juillet enfin, deux médecins, les Peyronnel père et fils, se rendent au chevet d'un enfant de treize ans, rue Jean-Galant. Et là, tout de suite, ils comprennent : la peste ! Ces deux excellents médecins avertissent les autorités. Il faut aller vite... Le 22 juillet, un gros orage, accompagné de chaleur et d'humidité, accélère la prolifération du bacille. Bientôt, l'épidémie fait un millier de morts par jour dans la ville. Les victimes de la contagion meurent en moins de deux jours. On mure les maisons des victimes. On poudre les cadavres de chaux... L'évêque de Marseille, Henri-François-Xavier de Belsunce de Castelmoron, conseiller du roi et éminent personnage du royaume, se signale par son dévouement exceptionnel. Il met le palais épiscopal au service du corps médical en veillant à la propreté du linge. Lui-même parcourt les rues, assiste et secourt les malades, au mépris de la mort qui finalement l'épargnera. Le cours Belsunce et le lycée du même nom rappellent son héroïsme. Un autre personnage, le chevalier Nicolas Roze, se détache des secouristes. Cet échevin offre la liberté à des galériens en échange de leur assistance. Sous sa conduite, les bagnards et 40 soldats volontaires s'entourent le visage de masques en tissu et enlèvent, puis incinèrent, les 8000 cadavres qui pourrissent sur la place de la Tourette et alentour. La peste à Marseille en 1720(peinture du 18ème siècle) Tâche indispensable et ô combien dangereuse ! Sur 200 bagnards libérés le 1er septembre, 12 sont encore en vie le... 6 septembre. Le chevalier Roze, renouvelant ses effectifs, poursuit inlassablement sa tâche. Lui-même est atteint par la peste mais il en réchappe par miracle (les chances de survie ne dépassent pas 1 pour mille). Riposte et rémission Monsieur de Langeron, chef de l'escadron des galères, est nommé commandant de la ville et, avec six compagnies de soldats, fait rapidement fermer les lieux de rassemblement (églises, tripots....) et arrêter les pilleurs. La mortalité dans la ville commence à baisser en décembre avec seulement un ou deux morts par jour. Enfin, le 29 septembre 1721, après 40 jours sans nouvelle victime, la population rend grâce à Dieu pour l'avoir enfin délivrée du fléau. Mais on s'est décidé trop tard à boucler Marseille, début septembre, et le bacille a pu se répandre dans l'intérieur des terres de sorte qu'il faudra encore deux années de luttes pour éradiquer la peste du Languedoc et de la Provence. Le Grand-Saint-Antoine est remorqué sur l'île Jarre, en face des calanques, et brûlé le 26 septembre 1720 sur ordre du Régent Philippe d'Orléans (on peut encore voir ses restes). Quant au capitaine Chataud, il est emprisonné sur l'île d'If. Après cet épisode dramatique, on n'entendra plus jamais reparler de la peste en Europe... mais les sociétés prospères du continent auront hélas d'autres occasions de découvrir que l'on n'est jamais à l'abri d'une épidémie, de la grippe espagnole au sida.Un jour... une histoire... 21 mai 1358 Jean II Le Bon 21 mai 1358La Grande Jacquerie Le 21 mai 1358, une centaine de paysans du Beauvaisis s'en prennent aux maisons de gentilshommes et aux châteaux de la région, tuant les habitants et brûlant les demeures. Leur révolte s'étend très vite à la paysannerie du bassin parisien. C'est le début de la plus grande des «jacqueries» qui ont ensanglanté les campagnes françaises au Moyen Âge. Ses participants ne sont pas de pauvres hères. Au contraire, ils figurent parmi les paysans aisés de l'une des régions les plus riches d'Europe et leur révolte est motivée par la rage d'être spoliés par les seigneurs et les bourgeois. LesJacqueries Lesjacqueries sont des révoltes paysannes ainsi nommées d'après l'appellation de Jacquesou Jacques Bonhomme donnée aux paysans. Indigne noblesse La noblesse française a été laminée par les Anglais à la bataille de Poitiers et le roi Jean II le Bon a été fait prisonnier et emmené à Londres. Les paysans ne supportent pas que les nobles, défaits au combat et ayant souvent fui de façon très lâche devant les Anglais, fassent maintenant pression sur eux pour leur extorquer de nouvelles taxes. Ils le supportent d'autant moins que, depuis l'épidémie de Grande Peste qui a ravagé l'Occident dix ans plus tôt et tué une grande partie de la population, les seigneurs et les grands propriétaires sont partout en quête de main-d'oeuvre pour remettre en culture les terres abandonnées. Qui plus est, des bandes de soldats désoeuvrés courent la campagne et ravagent les villages, pillant, violant et tuant à qui mieux mieux. De cette époque date le changement de sens du mot «brigand», qui à l'origine désignait un soldat et finit par ne plus désigner qu'un bandit. Les villageois résistent avec leurs pauvres moyens. Et l'on raconte à l'envi l'histoire duGrand Ferré, un robuste géant des environs de Compiègne qui, choqué par la mort de son seigneur lors d'une attaque de brigands, s'en prit à ces derniers et en tua, dit-on, des dizaines avant d'aller se désaltérer d'une grande rasade d'eau glacée. Mal lui en prit. Saisi de fièvre, il trouva encore la force d'abattre quelques brigands avant de succomber au mal. Paysans contre chevaliers(miniature du XVème siècle) Malentendu Dans le même temps, les bourgeois de Paris conduits par le prévôt des marchands, Étienne Marcel, chassent Charles, le fils du roi Jean le Bon. Le dauphin (ainsi appelle-t-on l'héritier de la couronne) rassemble ses fidèles en vue de reprendre sa capitale. Le 14 mai 1358, il prend l'ordonnance dite du Vermandois en vue de renforcer les forteresses qui bordent l'Oise, la Seine et la Marne. Son objectif est d'affamer Paris en bloquant le ravitaillement qui lui arrive par les trois cours d'eau. Il semblerait que des agents d'Étienne Marcel aient fait croire aux paysans des environs que ces dispositions militaires visaient à leur soumission. C'est dans ces conditions que survient la Grande Jacquerie. À Saint-Leu-d'Esserent, près de Chantilly, neufs gentilshommes sont égorgés par des paysans en colère. Sous l'impulsion d'un certain Guillaume Calle ou Carle (ou Karle), un ancien soldat originaire du village de Mello, près de Senlis, la révolte rassemble en quelques semaines 6.000 paysans... Elle trouve bientôt auprès d'Étienne Marcel un soutien intéressé. Respectueux de la monarchie, les paysans veulent exercer le droit qui leur est reconnu de résister aux exactions des hommes d'armes, nobles ou brigands. Mais cette fois, le droit de résistance dégénère en exactions de la pire espèce. Et les habitants des bourgs se joignent aux paysans dans les pillages. Impitoyable répression À Meaux, sous la menace des Jacques, les soldats se replient dans la forteresse qui domine la ville avec quelques dames de la noblesse, dont la duchesse de Normandie, épouse du régent et dauphin Charles. Les assiégés s'attendent au pire quand ils voient arriver à leur secours le comte de Foix Gaston Phoebus, ainsi surnommé en raison de sa prestance et de sa beauté, ainsi que Jean de Grailly, captal (capitaine) de Buch. L'un et l'autre reviennent d'une croisade contre les païens de Prusse. Le samedi 9 juin 1358, les paysans ainsi que les bourgeois de Meaux se lancent à l'attaque de la forteresse de la ville. Les soldats, renforcés par les troupes de Gaston de Foix et du captal de Buch, les attendent de pied ferme. Un corps à corps se livre sur le pont de la Marne. Les attaquants reculent. Victorieux, les nobles se vengent sans ménagement. Ils pendent le maire et mettent à sac la ville. Celle-ci va brûler pendant deux semaines. Tandis qu'à Meaux, les Jacques se font tailler en pièces, Guillaume Carle fait le siège de la forteresse d'Ermenonville, au nord-est de Paris, avec le concours de quelques milices parisiennes envoyées par Étienne Marcel. Mais le capitaine général des Jacques apprend que le roi de Navarre Charles le Mauvais, assisté de 400 lances, a pris la tête de la répression dans le Beauvaisis. Il lève le siège et se rend à sa rencontre dans les environs de Clermont-en-Beauvaisis. Le roi de Navarre fait mine de vouloir négocier un armistice. Quand Guillaume Carle se rend à sa rencontre pour en discuter, il est aussitôt capturé. Le lendemain, le 10 juin 1358, les paysans privés de leur chef sont écrasés à Mello. C'est la fin. Plusieurs milliers sont massacrés un peu partout et les villages incendiés en guise de punition. Les chefs sont impitoyablement torturés et exécutés. À Clermont-en-Beauvaisis, Guillaume Carle est décapité après avoir été couronné d'un trépied de fer chauffé à blanc ! Ce drame relaté par le chroniqueur Jean Froissart ne met pas pour autant un terme aux révoltes paysannes. D'autres surviennent tout au long des décennies suivantes, notamment en Angleterre, en 1381, sous la conduite de Wat Tyler, et en Hongrie. Le cinéaste John Huston a réalisé un film intéressant, quoique oublié, autour de la Grande Jacquerie : Promenade avec l'amour et la mort, avec Angelica Huston et Assaf Dayan (le fils de Moshe) dans les rôles principaux.Un jour... une histoire... 17 mai 1642 17 mai 1642Naissance de Montréal Montréal, métropole de l'actuelle province du Québec, est née le 17 mai 1642 sur une grande île située au confluent du fleuve Saint-Laurent et de la Rivière-des-Prairies. Vue du vieux Montréal depuis la Pointe de Callière,lieu ou s'établirent les premiers colons Une idée de Samuel de Champlain En 1615, Samuel de Champlain, qui a déjà fondé l'«Abitation de Québec» le 3 juillet 1608, émet l'idée d'un poste sur le fleuve Saint-Laurent en vue de promouvoir la religion catholique parmi les Indiens de la Nouvelle-France... et de développer le commerce de la fourrure. L'idée est reprise sous le règne de Louis XIII par le baron de Fancamp et Jérôme de la Dauversière, un habitant de La Flèche. Ils songent à une grande île sur le fleuve, à 1500 km à l'intérieur des terres, que l'explorateur Jacques Cartier a repérée un siècle plus tôt, le 2 octobre 1535, et baptisée «Mons realis» (Mont royal en latin). En vue de sa colonisation, ils fondent la «Société de Notre-Dame de Montréal pour la conversion des sauvages de la Nouvelle-France» (le mot sauvage vient du latin salvaticus et désignait à l'époque celui qui habite dans les bois, sans connotation péjorative comme aujourd'hui). Le 9 mai 1641, deux navires quittent La Rochelle pour la Nouvelle-France (le Québec actuel). La colonie ne compte encore que 400 Français. À bord des navires, une cinquantaine de personnes sous la direction de deux catholiques fervents, le gentilhomme Paul de Chomedey de Maisonneuve et l'infirmière Jeanne Mance. L'expédition passe l'hiver à Québec et atteint le site de Montréal l'année suivante. Elle débarque près du village huron d'Hochelaga, dont un quartier actuel de Montréal perpétue le nom. L'endroit est aujourd'hui connu sous le nom de «pointe à Callière», et un très beau musée d'archéologie et d'histoire y rappelle l'événement... Montréal vers 1647(gravure ancienne de l'Université McGill) Des débuts pénibles Sitôt arrivés, les colons construisent une clôture. La messe de fondation a lieu le lendemain, dimanche 18 mai 1642. Le nouvel établissement est consacré à la Vierge et prend le nom de Ville-Marie (une dizaine d'années plus tard, il ne sera plus connu que sous le nom de Montréal). Il se dote d'un hôtel-dieu (hôpital) à l'initiative de Jeanne Mance. Mais les débuts sont très pénibles et la ville doit se défendre contre les Iroquois, farouches ennemis des Français depuis leur rencontre malheureuse avec Samuel de Champlain. L'arrivée de nouveaux colons permet de fortifier la colonie. En 1647, par décision du gouvernement français, les armateurs sont contraints d'amener un immigrant pour chaque tonne de fret. En 1653, le gouverneur Maisonneuve ramène de France une centaine de soldats pour mieux protéger sa ville. Celle-ci connaît enfin la sérénité avec la Grande Paix de 1701 conclue avec les Indiens. Montréal devient bientôt la plaque tournante du commerce des fourrures, «l'or de la Nouvelle-France». Le temps des Anglais Mais arrive la guerre de Sept Ans... La ville est assiégée par trois armées anglaises et se rend sans combattre le 18 septembre 1760. Comme l'ensemble de la Nouvelle-France, elle passe dès lors à la couronne britannique. Deux siècles après sa naissance, elle compte 45.000 habitants.Au milieu du XIXe siècle, c'est une cité en pleine expansion, qui tire sa richesse non plus du commerce des fourrures mais de son port fluvial accessible aux navires transatlantiques. Le drapeau de la ville de Montréal Beaucoup d'immigrants y affluent et le maire de la ville prend acte de cette nouvelle réalité en dotant la ville d'un drapeau qui rappelle la diversité de ses habitants avec la fleur de lys française, la rose anglaise, le chardon écossais et le trèfle irlandais. Capitale éphémère du Canada En 1847, Montréal est choisie en raison d'une situation géographique exceptionnelle pour devenir le siège du gouvernement du Haut-Canada (à majorité anglophone) et du Bas-Canada (à majorité francophone). Mais sa vocation de capitale tourne court après le drame du 25 avril 1849. Ce jour-là, à l'hôtel du Parlement, le gouverneur général du Canada sanctionne (ou entérine) une loi du Premier ministre du Bas-Canada, Louis-Hippolyte La Fontaine. Vue sur le vieux Montréal Cette loi vise à indemniser les victimes de la répression des rébellions qui se sont produites douze ans plus tôt dans les provinces francophones. Les commerçants anglophones de la ville se soulèvent aussitôt. Ils brûlent la résidence du Premier ministre et surtout l'hôtel du Parlement et sa riche bibliothèque. C'est ainsi qu'en 1857, la reine Victoria choisit Ottawa de préférence à Montréal pour être la capitale du Canada-Uni. Aujourd'hui, Montréal conserve la satisfaction d'être la ville la plus vivante du Canada. Mais elle a dû céder à Toronto (4,5 millions d'habitants) la primauté économique. Avec 3 millions d'habitants pour l'ensemble de son agglomération, dont une majorité qui ont le français pour langue maternelle, elle reste la deuxième ville francophone du monde après Paris. Montréal, vue du site de l'exposition de 1976 Elle s'honore d'un très beau musée des Beaux-Arts et de quatre universités : Sherbrooke, McGill, UQÀM (Université de Québec à Montréal) et la plus réputée de toutes, l'Université de Montréal. Le site des Jeux Olympiques de 1976 est aujourd'hui occupé par l'un des principaux jardins botaniques du monde et un intéressant «Biodôme». L'île du Saint-Laurent sur laquelle s'est tenue l'exposition universelle de 1969 est devenue un grand parc d'attractions.Un jour... une histoire... 16 mai 1770 16 mai 1770Mariage de Louis et Marie-Antoinette Le mercredi 16 mai 1770, Marie-Antoinette (14 ans) épouse Louis (16 ans), petit-fils du roi de France Louis XV. L'archiduchesse Marie-Antoinette est la quatrième fille de Marie-Thérèse de Habsbourg, impératrice d'Allemagne, et de son mari François 1er de Lorraine. Le duc de Choiseul, ministre du roi Louis XV et favori de la Pompadour, a désiré l'unir à l'héritier de la couronne de France pour contrer l'influence anglaise après la guerre de Sept ans. Louis XV, de son côté, se réjouit d'une alliance matrimoniale qui réconcilie la France et l'Autriche et permet de contenir l'agressivité croissante de la Prusse et la puissance montante de l'Angleterre. Festivitésendeuillées La petite archiduchesse, qui n'a jamais montré de disposition pour l'étude et le travail, a été préparée à la hâte à ses futures responsabilités de souveraine avant de quitter enfin Vienne pour Paris. Le 7 mai 1770, elle arrive à la frontière française. À ce moment-là, selon un pénible rituel, elle doit se dépouiller de tout ce qui lui vient de son pays natal pour ne plus se vêtir que d'habits français. On consent seulement à lui conserver son petit chien !... Le futur marié, qui porte le titre de duc de Berry, est le troisième fils du dauphin Louis, mort cinq ans plus tôt, et de Marie-Josèphe de Saxe. C'est un garçon doux et maladivement timide. La mort prématurée de ses deux aînés en a fait l'héritier de la couronne sans y avoir été préparé. Le Dauphin Louis en 1769(Louis-Michel Van Loo -Musée de Versailles) Arrive le grand jour. Le sacrement du mariage est conféré à Louis et Marie-Antoinette dans la chapelle de Versailles par l'archevêque de Reims, grand aumônier du roi. Ensuite viennent les festivités. Un feu d'artifice, retardé pour cause de mauvais temps, est tiré le samedi 19 mai au-dessus des jardins de Versailles. Le lundi 21, bal masqué dans les appartements du palais. Le mercredi 23, le roi assiste à une représentation d'Athalie, de Racine. Le mardi 29, bal masqué avec 6.000 participants chez l'ambassadeur de Vienne, qui représente le couple impérial, les parents de la mariée... La dauphine marie Antoinette en 1770(JB Charpentier, musée de Versailles) Le lendemain, mercredi 30 mai, la ville de Paris fait tirer un feu d'artifice sur la place Louis Quinze (l'actuelle place de la Concorde), en face de la promenade des Champs-Élysées. Hélas, un drame vient ternir la fête populaire. Le secrétaire du roi le décrit ainsi dans son compte-rendu aux ambassadeurs :«La ville de Paris fit tirer un très beau feu d'artifice dans la place de Louis Quinze, en face des deux colonnades... Sur les neuf heures et demie, l'on tira le feu, après lequel il y eut dans toute la place une superbe illumination ; tout Paris s'étant trouvé à cette fête, elle fut malheureusement troublée par un malheur inconcevable et qui s'oubliera difficilement, c'est que la police ayant été si mal faite par la garde de la ville et l'affluence du monde étant si prodigieuse, il y eut plus de 300 personnes de différents États qui furent étouffées dans la presse et qui moururent sous les pieds des uns et des autres, sans compter celles qui moururent quelques jours après de leurs blessures. Ce désastre jeta une si grande consternation le lendemain à la cour et à la ville que le Roy et la famille royalle envoya au lieutenant de police cent cinquante mille livres pour secourir les familles indigentes qui avoient perdu leurs parents dans cette bagarre». Rancoeurs contre l'Autrichienne Dans les premiers temps du mariage, la beauté de la nouvelle dauphine comble d'aise le peuple français mais cet état de grâce ne dure pas... Marie Antoinette par A-U Wertmüller(1788, chteau de Versailles) La dauphine souffre de l'indifférence de son mari à son égard. C'est seulement dix mois après leur union que Louis consent à la rejoindre dans son lit. Encore n'est-ce que pour y dormir ! Dans le langage ampoulé de l'époque, Marie-Antoinette écrit à sa mère «qu'il n'en [est] pas encore résulté les suites qu'on aurait pu s'enpromettre». C'est que le jeune homme serait empêché de remplir son devoir conjugal à cause d'une malformation bénigne du pénis ! Il résistera pendant sept ans à l'idée de se faire opérer et ne s'y résoudra qu'au nom de la raison d'État... Selon une autre interprétation, il aurait seulement manqué de savoir-faire et n'aurait réussi à consommer le mariage qu'après que son beau-frère, le futur empereur Joseph II, lui eut expliqué dans les détails la manière de s'y prendre ! De l'insouciance à la tragédie En attendant, la fille de l'impératrice, qui n'a pas été préparée à son rôle, se console en goûtant dans l'insouciance à tous les plaisirs de la cour... Devenue reine en 1774, à la mort de Louis XV, Marie-Antoinette s'écarte des recommandations épistolaires de sa mère l'impératrice, prend des libertés avec l'étiquette et ne dissimule plus son goût des frivolités et des diamants. Sa femme de chambre, Mme Campan, la dit résolue à se procurer «sur le trône les plaisirs de la société privée». Elle entretient des liaisons très amicales avec le duc de Lauzun et un beau Suédois, Axel de Fersen, qui, plus tard, organisera la fuite de Varennes par amour pour elle. Axel de Fersen Très vite, les vieilles rancoeurs anti-autrichiennes reprennent le dessus. Victime candide des ragots et des cabales, la reine est bientôt fustigée sous l'appellation de l'Autrichienne et calomniée dans l'Affaire du collier avant d'être envoyée à l'échafaud.[/size] | |
| | | marileine moderateur
Messages : 27475 Date d'inscription : 08/03/2012 Localisation : belgique
| Sujet: Re: Un jour.... une histoire.... 4 août 1789+ 3 août 1347+1er aout 1914 et autres (photos,historiques) Lun 28 Sep - 12:37 | |
| Un jour... une histoire... 14 mai Henri IV 14 mai 1610 Ravaillac assassine Henri IV Le 14 mai 1610, le roi de France Henri IV (56 ans) se rend auprès de son ami Sully, malade. Il n'arrivera pas à destination mais sera assassiné à la faveur d'un embarras de la circulation. En cette époque troublée où des théologiens protestants et des Jésuites légitiment le meurtre des «tyrans», il est leur dernière victime, après notamment Guillaume le Taciturne, stathouder des Provinces-Unies, et le roi Henri III. Sa mort marque aussi le début d'un mythe national, celui du «bon roi Henri» qui a mis fin aux guerres de religion et restauré la paix civile et la prospérité... Un roi mal à l'aise Usé par une vie pleine de rebondissements extraordinaires, le roi peut en ce début d'année 1610 regarder avec quelque satisfaction l'oeuvre accomplie. Mais lui-même souffre de ses fréquentes disputes avec la reine Marie de Médicis, qui lui a néanmoins donné six enfants et a conservé à 35 ans une beauté pulpeuse. Il éprouve par ailleurs la fragilité de son trône, entouré qu'il est de grands seigneurs qui rêvent d'en découdre et lui tiennent rigueur de la paix conclue entre protestants et catholiques. Parmi les plus aigris figure le duc d'Épernon, ancien «mignon» (favori) d'Henri III, couvert d'honneurs et de titres par ce dernier : il s'est rallié sur le tard, en 1596, à Henri IV, lequel lui a accordé une généreuse absolution. Le roi se sait aussi entouré d'assassins potentiels. Déjà, le 27 décembre 1594, un catholique à l'esprit dérangé, un certain Jean Chastel, avait tenté de le poignarder. Une enquête ayant montré qu'il avait étudié chez les jésuites, le Parlement de Paris en avait pris prétexte pour expulser du royaume ces prêtres plus fidèles au pape qu'au roi. Au fil des ans, l'entourage du roi avait déjoué plusieurs autres tentatives d'assassinat. Un amoureux éperdu Fin politique, chef de guerre charismatique, Henri IV, cependant, perd ses moyens lorsque ses désirs de vieux barbon à la sensualité chancelante l'attirent vers quelque jeune beauté. La dernière de ses chimères amoureuses est la petite Charlotte de Montmorency, à peine âgée de 15 ans. Pour la séduire plus à son aise, le roi l'a mariée à son cousin, le jeune prince de Condé, plus porté sur la chasse que sur les femmes. Mais une fois le mariage célébré, le prince, ne voulant pas du rôle de cocu, entraîne sa femme à Bruxelles et la place sous la protection du gouverneur des Pays-Bas espagnols. Henri IV tempête. Il se montre prêt à la guerre pour reprendre sa Dulcinée. Justement, un prétexte s'offre avec la vacance des villes impériales de Clèves et Juliers. Les troupes de l'empereur occupent ces villes en attendant que soit réglée la succession de leur défunt seigneur. Le roi de France y voit les prémices d'une annexion par les Habsbourg de ces deux villes proches de la frontière française. Il ne peut le tolérer et se dispose donc à prendre les armes contre les Habsbourg... en particulier ceux de Bruxelles ! Bruits de botte Le projet de guerre, après douze ans de paix relative, ravive les dissensions à la Cour où le duc d'Épernon et la reine cachent mal leur opposition. La reine, supersititieuse, est mue par deux craintes : celle d'être répudiée ; celle de la mort prématurée du roi. Dans cette double éventualité, elle réclame à cor et à cris d'être couronnée reine et de faire une entrée solennelle dans la capitale. Ces rites symboliques la mettent à l'abri de la répudiation et lui assurent la régence en cas de vacance du trône, pendant la minorité de l'héritier (le futur Louis XIII n'a encore que 8 ans). Henri IV finit par accepter : le couronnement est programmé le 13 mai et l'entrée solennelle à Paris le 16 mai ; ensuite seulement, le roi et son armée iront à la guerre. Dans le royaume, des prêtres, notamment jésuites, manifestent bruyamment leur opposition à cette guerre contre les Habsbourg, champions de la Contre-Réforme catholique. Il y voient une nouvelle trahison du roi. Parmi leurs auditeurs, un jeune homme de 32 ans, né à Angoulême dans une famille pauvre, sous la tutelle d'une mère très pieuse. C'est un colosse à la barbe rousse, aux yeux clairs et profonds. Il a nom François Ravaillac. Il a effectué différents métiers : valet de chambre, clerc de procureur,... et même est entré comme frère convers dans une congrégation de feuillants. Mais il en a été chassé au bout d'un mois par les moines qui lui reprochaient son tempérament exalté, à la limite de la folie. Complot ou acte isolé ? Depuis longtemps déjà, Ravaillac rumine l'élimination de celui qu'il considère comme un«tyran». En ce début d'année 1610, déterminé à agir, il fait à pied le chemin d'Angoulême à Paris. De passage dans une auberge, il vole le couteau dont il se servira pour tuer le roi. Les prêtres et jésuites auxquels il confesse ses intentions ne font rien pour le dissuader, encore moins pour le dénoncer. Par deux fois, il tente mais en vain d'approcher le roi. «Au nom de Jésus-Christ et de la sacrée Vierge Marie, que je parle à vous», lui crie-t-il. Nous voilà le 13 mai 1610. Ce jour-là, la Cour assiste dans l'abbatiale de Saint-Denis au couronnement de Marie de Médicis, dans une ambiance festive et joyeuse. Notons qu'aucune autre reine de France ne sera plus jamais couronnée... [size=16] L'assassinat de Henri IV par Ravaillac(gravure de Housez, XIXème siècle) Le lendemain matin, le roi manifeste une agitation inhabituelle. Complots, prédictions de voyantes, tourments amoureux,... «Mon Dieu, j'ai quelque chose là-dedans qui me trouble fort», murmure-t-il. Pour se changer les idées, il décide de quitter le Louvre et de rendre visite à son ami, Sully, dont il a appris qu'il était malade, dans sa résidence de l'Arsenal, à l'est de Paris. Il se propose de vérifier en passant les préparatifs de l'entrée solennelle de la reine... En début d'après-midi, il part enfin en carrosse, avec à ses côtés quelques compagnons dont le duc d'Épernon. Il n'a pas jugé nécessaire que la garde à cheval l'escorte. Dans le même temps, le dénommé Ravaillac quitte l'auberge des Trois-Pigeons, près de l'église Saint-Roch, avec, sous le pourpoint, le couteau qu'il a dérobé sur une table d'auberge. Il prend le chemin du palais... Voilà le carrosse bloqué, rue de la Ferronnerie, près des Halles et du cimetière des Saints-Innocents, par une charrette de foin qui barre la rue. Les valets qui se tiennent sur le marchepied du carrosse quittent celui-ci pour faire écarter la charrette. Ravaillac, qui n'attendait que cela, se hisse sur un rayon de la roue. Passant le bras par-dessus le duc d'Épernon, il frappe le roi à la poitrine et à la gorge de deux coups de couteau. Il est aussitôt maîtrisé et traîné dans un hôtel voisin puis à la prison de la Conciergerie. Trop tard. Henri IV perd son sang tandis que le carrosse rebrousse chemin jusqu'au Louvre. Il rend l'âme au Louvre. C'est le seul souverain qui soit mort dans l'illustre palais. Henri IV transporté au Louvre(gravure de P.N Ransonette 1790) Ravaillac est prestement jugé et, en tant que régicide, écartelé en place de Grève (l'actuelle place de l'Hôtel de ville), à Paris. Jusqu'au terme de son supplice, qui dure plusieurs heures, il maintient avoir agi seul. Mais, très vite, la rumeur va soupçonner, qui le duc d'Épernon, qui la reine elle-même ou encore Henriette d'Entragues d'avoir trempé dans le crime. Extrait de l'ordonnance d'exécution de Ravaillac «Condamné à faire amende honorable devant la principale porte de l'église de Paris où il sera mené et conduit dans un tombereau ; là, nu, en chemise, tenant une torche ardente du poids de deux livres, il dira et déclarera que malheureusement et prémonitoirement il a commis ledit très méchant, très abominable et très détestable parricide et tué le dit seigneur Roi de deux coups de couteau dans le corps, dont il se repent, demande pardon à Dieu, au Roi et à Justice ; de là conduit en place de Grève et sur un échafaud qui y sera dressé, il sera tenaillé aux mamelles, bras, cuisses et gras des jambes, sa main droite, qui tenait le couteau avec lequel il a commis ledit parricide, sera brûlée de feu de soufre, et sur les endroits tenaillés, il sera jeté du plomb fondu, de l'huile bouillante, de la poix, de la résine brûlante, de la cire et soufre fondus ensemble...» (27 mai 1610). Vers une régence calamiteuse Les funérailles du roi Henri IV sont célébrées à Notre-Dame de Paris dans une grande ferveur populaire. Selon la volonté du défunt, son coeur est remis au collège jésuite de La Flèche. L'inhumation a lieu à l'abbaye de Saint-Denis, nécropole traditionnelle des rois de France, le 1er juillet. Quelques heures plus tôt, la nécropole a aussi accueilli la dépouille du précédent roi Henri III, également assassiné. Henri IV n'avait pas voulu que cela advint avant sa propre mort en vertu d'une prophétie qui voulait qu'il mourût sitôt que la dépouille de son prédécesseur aurait rejoint Saint-Denis ! Le nouveau roi Louis XIII n'ayant que 8 ans, il octroie officiellement à sa mère le titre de régente du royaume. Il n'est plus question de partir en guerre contre les Habsbourg mais Marie de Médicis et ses favoris, par leur impéritie, vont conduire le royaume au bord d'une nouvelle guerre civile.Un jour... une histoire... 12 mai 1588 12 mai 1588Journée des Barricades Le 12 mai 1588, au petit matin, le Quartier latin se couvre de barricades. Le peuple catholique de Paris se soulève contre son souverain légitime et le chasse de la capitale. Cette révolte d'un caractère inédit est la conséquence des haines entre catholiques et protestants, avivées par les interventions des souverains étrangers et par la crainte de voir un protestant succéder au roi Henri III de Valois. Un roi huguenot ? Jamais ! En 1584 est mort le dernier frère du roi Henri III, le duc d'Alençon. Chef du parti des Politiques, celui-ci était partisan d'une conciliation entre protestants et catholiques au nom de l'intérêt national. Comme Henri III, alors âgé de 33 ans, n'a pas encore d'enfant mâle pour lui succéder, c'est son cousin, Henri, roi de Navarre, qui devient l'héritier légitime de la couronne. L'ennui, c'est qu'il est protestant ! Rejetant la perspective d'un roi huguenot (sobriquet pour désigner les protestants), les bourgeois catholiques de Paris veulent interdire au roi Henri III de se compromettre avec les protestants. Ces bourgeois, à Paris comme dans les autres villes du pays, se sont rapprochés dix ans plus tôt des gentilshommes catholiques et de leur chef, le duc Henri de Guise. Ils ont constitué une Ligue «au nom de la Sainte Trinité pour restaurer et défendre la Sainte Église catholique apostolique et romaine». Après la mort du duc d'Alençon, ils ne s'en tiennent pas là. 225 hommes déterminés forment le «Conseil des Seize», qui prétend représenter les 16 quartiers du Paris de l'époque (13 sur la rive droite de la Seine, 1 sur l'île de la Cité, deux sur la rive gauche). Saint-Barthélemy à l'envers ? Ces ligueurs sont décidés à faire pression sur le roi et résolus, s'il le faut, à abattre la dynastie des Valois. Ils demandent au duc de Guise de les rejoindre à Paris. Ils reçoivent aussi l'appui du roi Philippe II d'Espagne, qui se dispose à envahir l'Angleterre avec son Invincible Armada et tient à s'assurer la neutralité bienveillante de la France. Philippe II de Habsbourg ( 1527-1598)Par Coello Alonso Sanchez( musée du Prado,Madrid) Le roi Henri III, méfiant, fait venir de son côté 4.000 gardes suisses et 2.000 gardes françaises. Il les met en position autour du Louvre et de l'île de la Cité. Le bruit court dans la ville d'une Saint-Barthélemy à l'envers, organisée par le roi et dirigée cette fois contre la majorité catholique. Dans cette atmosphère surchauffée, le peuple prend parti pour la Ligue catholique et acclame le prince Henri de Guise, dit leBalafré. Celui-ci nourrit une haine inextinguible envers les protestants depuis que son père, François 1er de Lorraine, 2e duc de Guise, a été assassiné par l'un d'eux, Poltrot de Méré, en faisant le siège d'Orléans, en 1563 (l'assassin a été rien moins qu'écartelé). Premières barricades Le matin du 12 mai 1588, les étudiants parisiens et leurs professeurs, suivis par les parlementaires et les bourgeois se regroupent autour de la place Maubert. Craignant une agression de l'armée royale, ils barrent les rues en tendant des chaînes et en entassant des objets divers. C'est une première dans l'Histoire de Paris et de la France. L'émeute reste connue sous le nom de «journée des barricades». Le mot lui-même est forgé à cette occasion à partir de barriques, l'un des objets les plus utilisés par les émeutiers pour barrer les rues. Près du pont Saint-Michel, un coup de feu éclate et une soixantaine de gardes sont aussitôt massacrés par la foule en représailles. Ici et là, beaucoup de soldats se rendent aux émeutiers. Le duc Henri de Guise, dit le Balafré, est maître de la capitale. Il ne tiendrait qu'à lui de se faire proclamer roi. Mais il s'en garde bien et laisse s'enfuir le souverain légitime.....Un jour... une histoire... 09 mai 1927 9 mai 1927Disparition de Nungesser et Coli Le 9 mai 1927, les Français apprennent avec consternation la disparition des aviateurs Nungesser et Coli. Charles Nungesser (35 ans) est un as de la Grande Guerre. Avec François Coli, un autre pilote de guerre issu de la marine marchande, il avait projeté de traverser l'Atlantique Nord sans escale. Une tentative médiatique Les deux hommes ont décollé le 8 mai 1927 du Bourget à bord de leur biplan Levasseur, baptisé «L'Oiseau blanc». Leur avion est signalé aux abords de Terre-Neuve et un journal parisien du soir, La Presse, se hasarde à annoncer leur arrivée à New York. Mais c'est en vain que l'on guette les deux aviateurs. Dans les années 1930, on a retrouvé dans l'État du Maine, non loin de New York, des débris et un moteur d'avion du même modèle que celui de «L'Oiseau blanc». Certains en ont conclu que les deux malheureux avaient malgré tout réussi leur pari. D'autres pensent que l'avion aurait pu s'écraser sur une plage des rives du Bas Saint-Laurent. «L'Oiseau blanc» L'Oiseau Blanc de Charles Nungesser et François Coli est une une extrapolation du Levasseur PL4, un triplace d'observation de la marine nationale. Le voici ci-dessus peu avant son vol fatal du 8-9 mai 1927. Envergure : 14.60 m Longueur : 9,75 m Hauteur : 3,89 m Surface portante : 61 m² Masse à vide : 1905 kg Masse totale : 5030 kg Motorisation : 1 Lorraine 12Ed de 450 ch Le héros de l'Amérique Lejeune Américain Charles Lindbergh (25 ans) relève sans attendre le défi de Nungesser et Coli. Le 21 mai 1927, soit quelques jours après les deux Français, il réussit la traversée dans l'autre sens. Lindbergh franchit l'Atlantique, de New York au Bourget, en volant seul et sans radio, uniquement aux instruments, à bord d'un monoplan Ryan, le «Spirit of Saint Louis». Il parcourt 6300 km à la vitesse de croisière de... 180 km. Les heures héroïques de l'aviation commerciale Les années 1920 marquent la naissance de l'aviation commerciale. La première liaison régulière est établie le 8 février 1919 par un bimoteur Farman F60 Goliath qui relie en 3 heures et demi Toussus-le-Noble, près de Paris, à Kenley, près de Londres. Vitesse maximale de l'appareil : 150 km/h. À l'époque de Nungesser, Coli et Lindbergh, de hardis pionniers tels Mermoz et Négrin établissent des liaisons régulières entre Toulouse et l'Amérique du sud.Un jour... une histoire... 08 mai 8 mai 1429Jeanne d'Arc délivre Orléans Le 8 mai 1429, les Anglais lèvent le siège d'Orléans après que Jeanne d'Arc soit montée à l'assaut de leurs défenses. Miracle de la foi La prise de la ville par les Anglais risquait d'anéantir les dernières chances de Charles VII et de la dynastie des Valois. Or, la ville subissait depuis sept mois déjà un blocus de la part des généraux anglais Suffolk et Talbot aux ordres du régent, le duc de Bedford. Sa capitulation semblait n'être plus qu'une question de jours. Jeanne d'Arc convainc le roi Charles VII de lui confier une petite troupe. Jean d'Aulon, un écuyer qui lui restera toujours fidèle, fait son éducation militaire. Quand elle se présente en avril 1429 devant les chefs de l'armée royale dans son armure de capitaine avec la prétention de libérer Orléans, ceux-ci la tournent d'abord en dérision. Mais son énergie et sa foi ont vite fait de lui rallier ces énergiques capitaines : Étienne de Vignolle, seigneur de La Hire (qui deviendra le valet de coeur dans les jeux de cartes), Gilles de Rais (qui sera plus tard supplicié en raison de ses crimes sur des enfants et inspirera le personnage de Barbe-Bleue), le duc d'Alençon, Xaintrailles,... Les rudes soldats acceptent même de mettre un bémol à leurs jurons et de renvoyer les ribaudes et prostituées qui s'attachent d'ordinaire à leurs pas. Jeanne d'Arc et sa troupe arrivent à point nommé devant Orléans. La Pucelle fait habilement entrer son armée dans la ville en évitant les Anglais et défile avec le Bâtard d'Orléans, comte de Dunois, qui défend la cité depuis plusieurs mois. Entrée de Jeanne d'Arc à Orléans(peinture de Jean jacques Scherrer - 1887) La ville a été ceinturée de bastilles par les Anglais. C'est contre ces bastilles que Jeanne va diriger ses attaques. Après plusieurs sorties à la tête de ses troupes, elle oblige l'ennemi à s'enfermer dans ces bastilles. Les assiégeants deviennent, à leur tour, assiégés ! Le reste n'est plus qu'une question d'heures. L'attaque de la dernière bastille, le fort des Tourelles, commence le samedi 7 mai, au petit matin, après la messe habituelle. La Pucelle paye de sa personne en montant elle-même à l'assaut des murs. Elle est blessée d'une flèche à l'épaule. Quand le soir tombe, les assaillants français sont épuisés et le bâtard d'Orléans s'apprête à donner le signal de la retraite. Jeanne, qui s'est retirée à l'écart pour se reposer et prier, voit cela. Elle agite sa bannière, donnant le signal d'un ultime assaut. Le capitaine anglais Glasdale, qui commande la bastille, tombe des murailles et se noie dans le fleuve. La bastille est prise. Les liaisons sont rétablies entre Orléans et le sud de la Loire. Le lendemain, l'armée anglaise se met en ordre de bataille dans la plaine. Mais Jeanne refuse le combat car ce jour est un dimanche. Le capitaine John Talbot, qui commande l'armée anglaise, comprend très vite qu'il n'a plus rien à gagner s'il reste là. Il lève le siège et se retire. Succès sur toute la ligne.Un jour... une histoire... 03 mai La première Séance des Jeux Floraux 3 mai 1324Naissance des Jeux Floraux Près d'un siècle après la croisade contre les Albigeois qui avait mis à feu et à sang le Midi de la France, la ville de Toulouse retrouve son antique prospérité et sa joie de vivre... Le premier concours de poésie Le 3 mai 1324, de riches bourgeois organisent une joute poétique entre troubadours, trouvères et ménestrels de tous pays. Ainsi naît le premier concours de poésie d'Europe, sinon du monde. Les concurrents doivent s'exprimer en langue d'oc, la langue du Midi toulousain. Cette langue, imprégnée de tournures latines ou romanes, se distingue de la langue du Bassin parisien, la langue d'oïl, d'où nous vient le français actuel (leur nom respectif vient de ce que oui se disait oc à Toulouse et oïl à Paris). Pour donner corps à leur initiative, les organisateurs du concours de poésie offrent une violette d'or au gagnant et donnent à leur groupe le nom de «compagnie du gai savoir». Dans cet intitulé plein de gouaille perce déjà l'esprit de Rabelais !... Les capitouls, bourgeois qui gouvernent la ville au nom du comte de Toulouse, ajoutent un souci d'argent et une églantine d'or aux prix qui seront décernés chaque année. Les Capitous de Toulouse(miniature du XIVème siècle,musée des Augustins - Toulouse) En 1515, la compagnie prend le nom de Compagnie des Jeux Floraux. Elle se place peu après sous le patronage de Clémence Isaure, une dame du siècle précédent qui lui aurait fait don de ses biens... mais dont l'existence n'est en rien avérée. Clémence Isaure et les jeux floraux(Gravure de fantaisie,XIXème siècle) De la langue d'oc au français En 1694, signe des temps, la Compagnie des Jeux Floraux renonce volontairement à la langue d'oc pour le français, qui a pour lui le prestige de la cour de Versailles. Elle se place sous la protection du roi Louis XIV et prend le nom d'Académie, en référence à uneAccademia romaine et sans doute aussi pour concurrencer, autant que faire se peut, la jeune Académie française. Le jury des Jeux Floraux a fait la preuve de sa sagacité en récompensant d'un lys d'or le jeune Victor Hugo (19 ans). Chateaubriand a été également couronné. Et bien sûr le poète François Fabre d'Églantine qui nous a légué le calendrier révolutionnaire et «Il pleut, il pleut, bergère...»(la deuxième partie de son nom rappelle l'églantine d'argent remportée aux Jeux Floraux et dont il était très fier !). L'Académie des Jeux Floraux est aujourd'hui hébergée dans le somptueux hôtel d'Assézat, une demeure de style Renaissance, en pierre et en brique, bâtie à la fin du XVIe siècle par un marchand enrichi dans le commerce du pastel. Hotel d'Assézat Elle poursuit dans une relative discrétion la promotion de la langue d'oc (ou occitan) depuis qu'en 1895, le poète provençal Frédéric Mistral réintroduisit cette langue en son sein. Troubadours, trouvères et poésie Les troubadours sont à l'origine de la poésie profane en Occident. Leur nom vient du bas latin trobar, qui signifie trouver ou... composer des vers ou de la musique. Le mot a donné trouvère en langue d'oïl, le français du nord. Troubadour (manuscrit castillan du XIIIème siècle) En général d'extraction noble ou bourgeoise, ces poètes itinérants originaires pour la plupart d'Aquitaine ou de Provence ont inventé l'«amour courtois», fait de tendresse et de passion. Ils vont de château en château et racontent des épopées en vers qui magnifiaient les vertus chevaleresques. La Chanson de Roland est la plus célèbre de ces épopées ou chanson de geste (du latingesta qui signifie action et désignait un exploit guerrier). Ce poème en dialecte anglo-normand du XIe siècle comprend pas moins de 4002 vers de dix syllabes, répartis en 291 laisses (ou strophes). L'un des plus illustres représentants des troubadours ne fut autre que le duc d'Aquitaine Guillaume XI, grand-père d'Aliénor d'Aquitaine. la suite un autre jour Ninnenne blog de partage
[/size] | |
| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: Un jour.... une histoire.... 4 août 1789+ 3 août 1347+1er aout 1914 et autres (photos,historiques) | |
| |
| | | | Un jour.... une histoire.... 4 août 1789+ 3 août 1347+1er aout 1914 et autres (photos,historiques) | |
|
Sujets similaires | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |