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| Un jour... une histoire... 29 janvier 1635+ 25 janvier 1785+24 janvier 1848 + autres (photos,textes) | |
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marileine moderateur
Messages : 27475 Date d'inscription : 08/03/2012 Localisation : belgique
| Sujet: Un jour... une histoire... 29 janvier 1635+ 25 janvier 1785+24 janvier 1848 + autres (photos,textes) Ven 2 Oct - 12:46 | |
| Un jour... une histoire... 29 janvier 1635 29 janvier 1635 Fondation de l'Académie française Le 29 janvier 1635, le cardinal de Richelieu signe les lettres patentes qui fondent l'Académie française. Le nom de la nouvelle institution vient du jardin Akademos, à Athènes, où Platon enseignait la philosophie. Sous la Renaissance, on avait pris l'habitude d'appeler ainsi les sociétés savantes où l'on discutait de belles lettres et de sciences. C'est ainsi que Laurent de Médicis avait formé à Florence un aréopage d'artistes et de savants à l'imitation des cercles de philosophes antiques. La première académie des temps modernes, dite «Accademia del Disegno», fut fondée à Florence par le peintre Vasari en 1561, et allait servir de modèle à l'Académie royale de peinture et sculpture (Paris). Le beau langage La France des années 1620 et 1630, sous le règne de Louis XIII, connaît une effervescence intellectuelle inattendue. Dans les salons parisiens, la bonne société se pique de beau langage, non sans quelques excès que l'on moque sous le nom de«préciosité». Rue Saint-Thomas-du-Louvre, la marquise de Rambouillet reçoit dans son hôtel des lettrés, poètes et grammairiens. Parmi eux le poète Malherbe, Vincent Voiture, Georges de Scudéry et sa soeur, Guez de Balzac, Racan,... Chacun y va de ses analyses et de ses bons mots. [size=16] L'Académie française est issue d'un autre petit groupe de lettrés et d'érudits qui se réunissent chaque semaine chez Valentin Conrart, secrétaire du roi Louis XIII. L'un d'eux, le seigneur de Boisrobert, est secrétaire du Premier ministre, Richelieu. Il l'entretient de ces réunions. Rusé cardinal L'habile cardinal a l'idée de s'attacher les gens de lettres et de les mettre au service de l'État et du pouvoir monarchique. Il veut promouvoir l'esthétique classique au détriment de la préciosité et du baroque. Richelieu invite les érudits à se constituer en corps officiel et leur accorde sa protection. De 9, ils portent leur nombre à 28 avant que les lettres patentes ne limitent définitivement à 40 le nombre d'académiciens. Les académiciens sont cooptés par leurs pairs et demeurent en fonction jusqu'à leur mort (d'où le surnom quelque peu ironique d'«Immortels»).La nouvelle Académie se voue à la langue française. L'article 24 de ses statuts énonce: «La principale fonction de l'Académie sera de travailler avec tout le soin et toute la diligence possibles à donner des règles certaines à notre langue et à la rendre pure, éloquente et capable de traiter les arts et la science...» Valentin Conrart, premier secrétaire perpétuel de l'Académie, avalise la pratique des réunions hebdomadaires destinées à la rédaction d'un Dictionnaire de la langue françaiseet au perfectionnement de la langue. En 1638, Richelieu, soucieux de faire taire les railleries autour de la jeune Académie, l'engage à donner son sentiment sur la tragédie du Cid, qu'a représentée Pierre Corneille l'année précédente. C'est l'unique fois où l'Académie prétend s'ériger en arbitre littéraire. L'Académie aujourd'hui Après la mort du cardinal, l'Académie sollicite la protection du chancelier Séguier puis du roi lui-même. Pendant la Révolution française, l'assemblée de la Convention supprime en 1795 l'Académie française et quatre autres académies royales et les remplace par un Institut national des sciences et des arts, l'actuel Institut de France. Mais le Premier Consul Napoléon Bonaparte puis Louis XVIII et Louis-Philippe 1er rétablissent l'Académie française dans sa plénitude. L'habit vertdes académiciens est officialisé par un décret du Premier Consul Napoléon Bonaparte en date du 23 floréal an IX (15 mai 1801). L'épée, qui désignait sous l'Ancien Régime les gens de la Maison du Roi, devient, à travers ses décorations, l'expression de la personnalité de chaque académicien. Depuis 1805, les académiciens de l'Institut se réunissent sous la fameuse Coupole du collège des Quatre-Nations, en face du Louvre. Depuis la fin du XVIIe siècle, l'Académie française a une activité de pure forme et son travail sur le fameux Dictionnaire suscite le sourire plus que l'admiration. L'entrée sous la Coupole reste toutefois très prisée car elle permet de rencontrer des personnes de toutes origines dans une fraternité intellectuelle de bon aloi. Elle correspond parfois à une fin de carrière et la moyenne d'âge élevée des impétrants n'encourage guère au dynamisme. Certains s'interrogent sur l'opportunité de donner à cette institution respectable plus d'initiative dans la promotion de la langue française. La moindre des réformes serait que les nouveaux élus aient un statut actif pendant quelques années durant lesquelles ils pourraient travailler et faire des propositions. Au terme de ce mandat, ils se cantonneraient dans un rôle honorifique et laisseraient le travail à leurs nouveaux collègues.Un jour... une histoire... 25 janvier 1785 Marie Antoinette Le 25 janvier 1785, le prince-cardinal de Rohan reçoit une somptueuse rivière de diamants qu'il destine à la reine Marie-Antoinette. Mais le fringant cardinal se laisse gruger par des escrocs de haut vol. Le scandale va retomber sur la reine de France bien malgré elle et ruiner sa réputation de femme honnête... Le cardinal et les escrocs Le collier avait été réalisé vers 1773 par les joailliers parisiens Böhmer et Bassenge avec 647 joyaux d'un poids total de 2.300 carats. Les deux joailliers s'étaient persuadés de pouvoir le vendre à la comtesse du Barry, favorite du roi Louis XV. Las, la mort inopinée du vieux roi en 1774 porte un coup à leur projet. L'idée vient aux joailliers que la nouvelle reine, Marie-Antoinette, que l'on sait fort coquette, pourrait l'acquérir à son tour. Ils parviennent à présenter leur merveille aux souverains en 1778 puis en 1781. [size=16][/size] Le jeune roi Louis XVI ne se laisse pas fléchir et recule devant l'énormité du prix, 1.600.000 livres ! La reine se montre aussi raisonnable. Elle va jusqu'à rappeler que c'est là le prix de deux vaisseaux de ligne dont le royaume a bien plus besoin... La jeune Autrichienne, fille de l'impératrice Marie-Thérèse d'Autriche, est arrivée à Versailles à 14 ans et s'est composé un personnage frivole, entouré de jeunes aristocrates insouciants. On s'accorde à la trouver élégante et les soupirants ne lui manquent pas. Le prince Louis de Rohan est de ceux-là. Issu d'une illustre et richissime famille, il part à Vienne comme ambassadeur en 1772, à 38 ans. Il en est chassé deux ans plus tard par l'impératrice, que scandalisent ses dévergondages, mais n'en est pas moins nommé grand aumônier de France puis cardinal et enfin évêque de Strasbourg. Imbu de lui-même, le cardinal de Rohan a des ambitions politiques et attribue à la défaveur de la reine l'échec de ses projets. C'est alors qu'il rencontre une jeune femme délurée qui descend d'un bâtard du roi Henri II et se gratifie du titre fantaisiste de comtesse de La Motte-Valois. Elle possède des accointances avec un escroc italien du nom de Giuseppe Balsamo, qui se présente lui-même comme le comte de Cagliostro. La comtesse de La Motte-Valois fait grand cas d'une prétendue intimité avec Marie-Antoinette au point de convaincre le cardinal de pouvoir gagner ses bonnes grâces. Le naïf prélat lui confie quelques cadeaux destinés à la reine et obtient en retour des billets de remerciements qu'il croit venir de la reine. Le 11 mars 1784, une entrevue discrète est organisée dans le Bosquet de Vénus (sic) au voisinage du Petit Trianon, où la reine passe l'essentiel de son temps. Il est minuit, le cardinal attend le cour battant. La reine paraît et lui remet une rose et un billet en faisant signe de se taire. En réalité, une modiste parisienne dénommée Nicole Legay d'Oliva a joué le rôle de sosie de la reine pour abuser le cardinal. Désormais, ce dernier ne met plus de limites à ses générosités. En janvier 1785, la comtesse de La Motte-Valois lui apprend que la reine, ne pouvant acheter un joyau précieux au grand jour, le charge de s'entremettre pour l'acquérir en son nom. Le cardinal, sur les instances de Cagliostro, s'exécute aussitôt. C'est ainsi que le 21 janvier 1785, la comtesse annonce radieuse aux joailliers Böhmer et Bassenge que la reine s'est déterminée à acheter une superbe rivière de diamants. Le collier est remis au cardinal qui le confie à un prétendu officier de la reine... Il s'agit en fait d'un amant de la comtesse, laquelle se hâte de défaire le collier et de le vendre au détail à Londres. Lorsque, quelques mois plus tard, le cardinal se trouve dans l'impossibilité de régler une échéance, les joailliers se présentent à la reine pour faire valoir leur traite. Celle-ci, incrédule, porte l'affaire devant le roi qui comprend tout. Atterré, il choisit, non sans maladresse, de révéler l'affaire au grand jour pour manifester l'innocence de la reine. Scandale à Versailles Le 15 août 1785, jour de l'Assomption, il y a grande fête à Versailles, où se presse la noblesse du royaume. Le grand aumônier de France doit célébrer un office solennel dans la chapelle du palais. Il a déjà revêtu son habit pontifical lorsqu'il est sommé de se présenter incontinent dans le cabinet du roi. Louis XVI le reçoit en présence de la reine, du garde des sceaux et du ministre de la maison du roi, le baron de Breteuil. On lui présente la traite signée au profit de Böhmer et Bassenge, et le malheureux cardinal en reste sans voix. Décontenancé, il signe des aveux complets sous la dictée du roi et sort sous les quolibets des courtisans. «Qu'on mette le cardinal aux arrêts !» s'écrie Breteuil, son ennemi juré... Le jour même, Rohan fait son entrée à la Bastille. Le lendemain, Jeanne de la Motte est arrêtée à son tour. Ses complices sont en fuite. [size=16][/size] Le Cardinal de Rohan Dans son souci de faire la lumière, le roi confie au Parlement le procès du cardinal. L'instruction traîne, les prévenus font des dépositions contradictoires, les grands noms de France (Rohan, Condé, Soubise) prennent fait et cause pour le cardinal tandis que le haut-clergé s'insurge contre l'affront fait à l'un des siens, victime d'escrocs et seulement coupable de naïveté. Quant à l'infortunée reine, elle est accablée par les insinuations les plus malveillantes et les quolibets les plus orduriers. Les privilégiés de tout poil se privent d'autant moins de malmener la famille royale qu'ils sont en conflit ouvert avec le roi et son ministre Calonne, coupables de vouloir imposer un minimum de justice fiscale dans le pays. Quelques mois plus tard éclate la Révolution. Le 22 mai 1786, le procès s'ouvre devant une cour de 64 magistrats de la Grand-Chambre et de la Tournelle. Dix jours plus tard, le procureur général Joly de Fleury prononce un réquisitoire accablant pour le cardinal. Le jury délibère cependant qu'une partie de la cour s'insurge et qu'une foule de plusieurs milliers de manifestants proclame bruyamment son appui au cardinal. Sur la foi des délibérations du jury, le cardinal est relaxé mais le roi le dépouille de toutes ses charges et l'exile à l'abbaye de la Chaise-Dieu. La comtesse de la Motte est condamnée à être fouettée en public, marquée au fer rouge et détenue à perpétuité à la Salpêtrière (d'où elle s'évade peu après). [size=16][/size] Cagliostro Les principaux complices, mari et amant de l'intrigante, sont condamnés par contumace cependant que Cagliostro est banni du royaume. L'opinion accueille le verdict comme un désaveu implicite pour la reine et croit y trouver une confirmation de toutes les calomnies qui traînent sur son compte. Marie-Antoinette ne s'y trompe pas, qui écrit à la duchesse de Polignac : «Venez pleurer avec moi, venez consoler votre amie, ma chère Polignac. Le jugement qui vient d'être rendu est une insulte affreuse...» Les peintres officiels tentent de renverser le jugement populaire en présentant Marie-Antoinette non plus comme la reine de l'élégance mais comme une mère affectueuse, entourée de ses enfants, mais cette opération de communication ne va pas fonctionner. L'affaire du collier va seulement rapporter à la reine un nouveau surnom : «Madame Déficit» ! Rohan s'en sort mieux. Traité en martyr, il sera élu aux états généraux en 1789 par le clergé de Tonnerre avant d'émigrer en Allemagne où il meurt en 1803. Il nous reste de cette incroyable escroquerie un superbe roman d' Alexandre Dumas : Le collier de la reine.Un jour... une histoire... 24 janvier 1848 Arrowtown 24 janvier 1848Découverte de l'or en Californie Le 24 janvier 1848, en Californie, un charpentier du nom de James Marshall découvre des pépites d'or mélangées à des cailloux alors qu'il travaille à la réparation d'un moulin à eau.Son patron, Johann Augustus Sutter, un Suisse né en 1803 dans le duché de Bade, a connu des fortunes diverses. Employé dans une usine de sel jusqu'à la faillite de celle-ci, il quitte l'Europe et s'établit aux États-Unis, abandonnant sa femme et ses cinq enfants.Il obtient une concession de 900 km2 dans la vallée du Sacramento, non loin de San Francisco, l'appelle «Nouvelle Helvétie» et y bâtit un fortin, Sutter's Fort, pour se protéger des Indiens. Le sort commence à lui sourire lorsque survient la découverte de Marshall... Une guerre opportune Sutter rédige une lettre dans son fort quand son ouvrier, hors d'haleine, lui amène le fruit de sa découverte : quelques grains de métal jaunâtre dans un chiffon. Il ouvre une encyclopédie à la lettre G (comme Gold, Or), teste les échantillons et conclut enfin : «De l'or !» Instantanément, le bruit se répand dans la région et les prospecteurs affluent tant et si vite que la propriété de Sutter est ravagée et lui-même ruiné. Il mourra en 1880 avec tout juste une pension de l'État de Californie. C'est la première victime de la ruée vers l'or !...La Californie, à cette époque, compte à peine 15.000 Blancs. Elle fait encore partie du Mexique, lequel est devenu indépendant en 1821 au terme d'une longue lutte de libération émaillée par les aventures légendaires de Zorro, héros californien !En février 1848, soit un mois après la découverte de l'or, le Mexique est contraint, au terme d'une guerre rapide autant qu'inique, de signer avec les États-Unis le traité de Guadalupe Hidalgo par lequel il cède à son puissant voisin la Californie ainsi que tous les territoires situés au nord du rio Grande, en échange de seulement 15 millions de dollars. Et dès le mois suivant, l'American Journal of Science publie une lettre selon laquelle «de l'or a été découvert dans la rivière Sacramento... et tout laisse prévoir qu'il s'agit de quantités importantes». Ruée vers l'or En décembre 1848, le président américain James K. Polk confirme très officiellement la présence d'or en Californie. La découverte entraîne une ruée du monde entier. Beaucoup d'aventuriers et de colons du Middle West traversent le continent américain dans les chariots à bâche popularisés par les westerns. Les prospecteurs d'Europe contournent l'Amérique en bateau par le sud, en franchissant le cap Horn ; c'est la voie la moins chère... mais aussi la plus longue. Les notables, militaires et fonctionnaires préfèrent quant à eux la route de Panamá, en dépit de l'obligation de traverser l'isthme en voiture ou à cheval. Les difficultés de liaison vont redonner du crédit à l'idée de relier par un canal l'Altlantique et le Pacifique. Et les Français dans tout ça ? Environ 30.000 Français participent à la ruée vers l'or. On les surnomme «Keskidees»(déformation de «Qu'est-ce qu'ils disent ?») en raison de leur difficulté à comprendre la langue anglaise. Parmi eux des ouvriers au chômage, des nobles ruinés et d'anciens révolutionnaires des journées de Février et Juin 1848. Le gouvernement français organise même une loterie au bénéfice de 5.000 misérables dont il est trop heureux de débarrasser le pays. La Californie étant encore dépourvue d'administration, les terrains et l'or qu'ils recèlent appartiennent au premier arrivant. Des villes généralement éphémères se multiplient dans la vallée du Sacramento. Les prospecteurs ne tardent pas à déchanter quand ils découvrent les conditions très éprouvantes de leur travail : de longues journées de labeur en plein soleil pour trouver quelques pépites. Bien peu s'enrichissent... Les seuls qui tirent profit de la ruée vers l'or sont les tenanciers de lupanars et de casinos ainsi que les camelots.Les tonnages qui sortent de terre n'en sont pas moins conséquents : pas moins de 752 tonnes dans les neuf premières années, soit presque autant qu'au Brésil pendant tout le XVIIIe siècle. Le mythe californien À la fin de l'année 1848, on compte environ 4.000 orpailleurs dans les divers sites de prospection californiens et le territoire compte déjà 90.000 habitants. Les Mexicains et les Indiens, respectivement au nombre de 20.000 et 10.000, se retrouvent en minorité. L'année suivante, le nombre des orpailleurs se monte à 40.000 ; en 1850, ils sont 60.000 et en 1860 plus de 100.000.La Californie devient dès 1849 un État de plein droit au sein des États-Unis d'Amérique. Dès 1851, elle frappe fièrement ses propres monnaies.Aujourd'hui, l'or de Sutter est épuisé, mais la Californie continue de séduire tous les audacieux du monde entier. Berceau de l'électronique, elle produit plus de richesses que n'en ont jamais découvertes les anciens orpailleurs. Triomphe de l'étalon-or La découverte de l'or en Californie est précédée d'autres découvertes en Sibérie et suivie de nouvelles dans le désert du Nevada, en Australie ainsi qu'en Afrique australe, enfin sur les bords de la rivière Klondike, à la frontière entre le Canada et l'Alaska (29 ans après l'achat de ce territoire par les États-Unis à la Russie). Au cours du XIXe siècle, la planète aura ainsi produit plus de 12.000 tonnes d'or, soit 6 fois plus qu'au XVIIIe siècle, 12 fois plus qu'au XVIIe et... 13 fois plus qu'au XVIe siècle en dépit de la découverte du Nouveau Monde (chiffres publiés par René Sédillot).Cette abondance d'or entraîne l'éviction progressive du bimétallisme or-argent dans les échanges monétaires et porte un coup très dur à la tentative d'Union monétaire lancée par Napoléon III sous le nom d' Union latine.Ainsi, en 1871, lorsque l'empire d'Allemagne crée le mark, sa nouvelle monnaie, il la gage exclusivement sur ses réserves d'or.Un jour... une histoire... 23 janvier 157923 janvier 1579 Les Provinces-Unies forment l'Union d'Utrecht Par l'Union d'Utrecht du 23 janvier 1579, sept provinces à majorité protestante du nord des Pays-Bas se constituent en confédération sous le nom de «Provinces-Unies» (elles forment aujourd'hui les Pays-Bas).Les dix provinces du sud, à majorité catholique, restent fidèles à leur souverain, le roi d'Espagne, et conservent le nom de Pays-Bas espagnols (elles forment aujourd'hui la Belgique). Affrontement entre «gueux» et Espagnols De Groningue, au nord, à Cambrai, au sud, les Dix-Sept Provinces appartenaient un siècle plus tôt au duc de Bourgogne Charles le Téméraire.Par le hasard des successions et des mariages, elles échoient à l'empereur d'Allemagne Maximilien 1er de Habsbourg, puis à son successeur Charles Quint, enfin au fils de celui-ci, le roi d'Espagne Philippe II. Philippe II les administre par l'entremise de sa demi-soeur Marguerite de Parme et d'un groupe de fonctionnaires bourguignons aux ordres du cardinal de Granvelle.À la fin du XVIe siècle, on est en pleines guerres de religion. Catholiques et protestants s'affrontent aux Pays-Bas comme ailleurs en Europe.Guillaume de Nassau, jeune noble catholique d'origine allemande, élevé à la cour de Charles Quint, reçoit de Philippe II la charge de «Stathouder» (gouverneur, ou chef, en néerlandais) de la riche province de Hollande. Lui-même a hérité de la principauté d'Orange, au sud de la France, d'où la couleur de ses armoiries... qui est aussi celle de l'équipe de football néerlandaise actuelle !.À l'unisson des nobles hollandais qui craignent d'être dépouillés au profit de gouverneurs espagnols, il dénonce les persécutions contre les protestants calvinistes et obtient la mise en congé du cardinal de Granvelle.En 1565, les nobles publient à Breda un «compromis des Nobles» par lequel ils exigent la fin de l'Inquisition et la convocation d'états généraux. Ils se rendent en délégation à Bruxelles pour remettre leur texte à Marguerite de Parme, gouverneur général des Pays-Bas. Celle-ci, qui les voit arriver de son balcon de l'hôtel de ville, glisse à l'un de ses conseillers : «Mais que me veulent donc ces gueux ?» L'expression fait florès et les protestataires, quoique nobles, s'énorgueillissent de cette appellation de «gueux», allant jusqu'à adopter pour insignes l'écuelle et la besace.Philippe II, en qualité de chef de la Contre-Réforme catholique, est désireux de remettre de l'ordre dans ses provinces rebelles. En août 1567, il nomme un nouveau gouverneur des Pays-Bas en la personne du duc d'Albe, à la sinistre réputation. Celui-ci arrive à Bruxelles avec le titre de vice-roi et les pleins pouvoirs. Il occupe le pays avec 60.000 hommes : Espagnols, Napolitains, Allemands.La répression ne se fait pas attendre. Elle est dirigée par le Conseil des troubles, que les habitants surnomment le Conseil du sang («Bloedraat») en référence aux 8.000 exécutions dont il se rendra responsable. L'indignation culmine lorsqu'après une agression perpétrée par les calvinistes contre des lieux catholiques, deux chefs des gueux, les comtes d'Egmont et de Hornes son jugés et condamnés à mort. Les deux nobles sont décapités à Bruxelles le 5 juin 1568. Vers une «Guerre de Quatre-Vingts ans» L'exécution des deux nobles marque le début d'une longue guerre d'indépendance. Guillaume d'Orange, dit «le Taciturne», arrive à s'enfuir en Allemagne. Il se convertit au calvinisme et revient en mars 1572 aux Pays-Bas avec une petite armée de 20.000 hommes et des marins, les«gueux de la mer». Il devient le chef de l'insurrection avec le titre de Stathouder.Aprèsla prise de Leyde par les «gueux» et le sac d'Anvers par les Espagnols, Guillaume reçoit le soutien fervent de l'ensemble des Néerlandais, unis contre l'oppression espagnole. Il obtient des représentants des Dix-Sept Provinces qu'ils signent la Pacification de Gand, le 8 novembre 1576, par laquelle les habitants de la Hollande et de la Zélande obtiennent le droit de pratiquer le calvinisme à leur gré.Arrive un nouveau gouverneur. Ce n'est autre que le jeune et prestigieux don Juan d'Autriche, demi-frère de Philippe II et héros de la victoire de Lépante sur les Turcs. Il feint de retirer les troupes espagnoles et d'accepter les termes de la Pacification. Là-dessus, il s'empare de Namur. Mais comme les armées de Philippe II sont retenues en France dans d'autres guerres de religion, il lui est impossible de restaurer l'autorité du roi sur la totalité des Pays-Bas.Arrive un nouveau gouverneur espagnol, Alexandre Farnèse. Faute de soumettre l'ensemble des provinces, il monte habilement les catholiques du sud contre les calvinistes du nord.Craignant l'hégémonie protestante, les représentants des dix provinces du sud concluent l'Union d' Arras, le 6 janvier 1579, par laquelle ils dénoncent la Pacification de Gand, rejettent l'allégeance à Guillaume d'Orange et réaffirment leur fidélité au roi d'Espagne. La division du pays devient irrémédiable. Il ne reste plus aux Provinces-Unies du nord qu'à confirmer à Utrecht leur propre union autour de la Hollande. C'est chose faite le 23 janvier suivant. Échec espagnol et triomphe hollandais Le roi d'Espagne ne se tient pas pour battu. Il bloque le port d'Anvers par un système de sas à l'embouchure de l'Escaut et interdit aux navires hollandais l'accès à Lisbonne. Il espère ainsi ruiner les marchands hollandais et flamands qui tirent leurs revenus de la revente en Europe des marchandises que ramènent les vaisseaux hispaniques du Nouveau Monde et d'Asie. Mauvais calcul... Anvers retombe aux mains des Espagnols en 1585 et la moitié des 50.000 habitants s'enfuient aux Pays-Bas pour rester protestants. Le grand port flamand va dès lors décliner irrémédiablement.Dans le même temps, en Hollande, le port rival d'Amsterdam offre l'hospitalité à des centaines de riches et entreprenants marchands juifs ou protestants chassés des pays occupés par les Habsbourg. Ces marchands font cause commune avec leurs homologues hollandais pour développer une flotte de commerce et lancer des expéditions outre-mer, en vue d'attaquer l'Espagne à la source de sa richesse.C'est le début d'une irrésisitible expansion. Fortifiées par leur révolte, les Provinces-Unies vont devenir le premier des États modernes, avec une économie capitaliste et un empire colonial très rentable. Malgré cela, leur indépendance ne sera officiellement reconnue par l'ensemble des chancelleries européennes qu'en 1648, lors des traités de Westphalie. Une Histoire agitée Les habitants des Provinces-Unies appellent «Guerre de Quatre-Vingts ans» cette longue, douloureuse et palpitante période (1568-1648) - la plus glorieuse de leur Histoire -, qui les a menés à l'indépendance et à la prospérité.Occupé par les Français pendant les guerres de la Révolution et de l'Empire, le pays prend le nom de République batave (d'après le nom antique de la région) puis de Royaume de Hollande. Après la chute de Napoléon, en 1814, il est réuni aux Pays-Bas du sud, qui, à la fin du XVIIIe siècle, étaient passés des Habsbourg de Madrid à ceux de Vienne avant d'être annexés par la France. L'ensemble reçoit le nom de Royaume-Uni des Pays-Bas. En 1830, enfin, le sud conquiert son indépendance sous l'appellation de Belgique (un nom qui remonte aux Romains) et l'on arrive à la configuration actuelle.[/size] | |
| | | marileine moderateur
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| Sujet: Re: Un jour... une histoire... 29 janvier 1635+ 25 janvier 1785+24 janvier 1848 + autres (photos,textes) Ven 2 Oct - 12:54 | |
| Un jour... une histoire... 21 janvier 1793 21 janvier 1793 Exécution de Louis XVI Louis XVI (38 ans) est exécuté le 21 janvier 1793 sur la place de la Révolution (précédemment place Louis XV, aujourd'hui place de la Concorde). Le roi déchu meurt en homme digne et courageux. [size=16] [/size] Louis XVI s'adressant à la foule - gravure - Les mains liées dans le dos, il s'avance vers le bord de l'échafaud et lance à la foule :«Français, je meurs innocent ; je pardonne à mes ennemis ; je désire que ma mort soit...»Un roulement de tambour couvre ses dernières paroles. Sitôt Louis XVI décapité, le bourreau montre sa tête à la foule et celle-ci répond par un cri : «Vive la nation ! Vive la république !» [size=16] [/size] La sanction d'une trop grande faiblesse Le courage ultime du roi efface quelque peu le souvenir des faiblesses, des bontés, des erreurs et des faux-semblants qui ont jalonné son règne et celui de son prédécesseur, entraînant l'Ancien Régime à sa perte. Parmi ses erreurs les plus lourdes de conséquences, relevons (l'exercice est aisé a posteriori) le rappel des Parlements (1774), le renvoi de Turgot (1776), le sabotage de la tentative de monarchie constitutionnelle sous la Législative (1791), la déclaration de guerre à l'Autriche (1792). Portons toutefois à son crédit une grande humanité... Rappelons son refus de permettre à la «garde suisse» de tirer sur les émeutiers lors des journées révolutionnaires du 5 octobre 1789, à Versailles, et du 10 août 1792, aux Tuileries. Louis XVI est renversé par les révolutionnaires parisiens le 10 août 1792. Cette journée révolutionnaire marque un tournant dans la Révolution, jusque là modérée et libérale. Elle préfigure la terrible dictature de la gauche jacobine et montagnarde. Trois jours plus tard, le roi déchu est emprisonné au Temple avec sa famille : son épouse la reine Marie-Antoinette d'Autriche, sa soeur Madame Elisabeth, son fils le Dauphin et sa fille Madame Royale. Le 20 novembre 1792, la découverte opportune d'une «armoire de fer» (un coffre-fort) dans les appartements royaux des Tuileries met à jour la correspondance secrète entre Louis XVI et le défunt Mirabeau. Elle confirme que le roi déchu complotait avec le duc de Brunswick contre le gouvernement de la Législative. Cette révélation va peser lourd dans le procès à venir... Criminelenversl'humanité ! Le 3 décembre 1792, devant la Convention, Maximilien de Robespierre donne le ton du futur procès de Louis XVI dans l'un de ses plus célèbres discours où pour la première fois figure une expression appelée à faire florès : «criminel envers l'humanité». Au nom des Montagnards, résolus à poursuivre la Révolution, Robespierre fait valoir la nécessité de condamner le roi pour légitimer la Révolution : «Il n'y a point ici de procès à faire... Vous n'avez point une sentence à rendre pour ou contre un homme, mais une mesure de salut public à prendre... Proposer de faire le procès de Louis XVI, de quelque manière que ce puisse être, c'est rétrograder vers le despotisme royal et constitutionnel ; c'est une idée contre-révolutionnaire, car c'est mettre la Révolution elle-même en litige. Si Louis est innocent, tous les défenseurs de la liberté deviennent des calomniateurs, les rebelles étaient les amis de la vérité et les défenseurs de l'innocence opprimée... Pour moi, j'abhorre la peine de mort prodiguée par vos lois ; et je n'ai pour Louis ni amour, ni haine ; je ne hais que ses forfaits... Je prononce à regret cette fatale vérité... mais Louis doit mourir parce qu'il faut que la patrie vive... Je demande que la Convention nationale le déclare dès ce moment traître à la nation française, criminel envers l'humanité...» À l'opposé de Robespierre, les députés girondins (ou brissotins) craignent des désordres et de nouvelles dissensions si le roi est exécuté. Ils voudraient en finir avec la Révolution maintenant que la démocratie est installée et l'ennemi repoussé mais ils ne peuvent éviter l'ouverture du procès de Louis XVI. Ouvertured'un procès peu ordinaire Louis Capet, anciennement Louis XVI, comparaît devant la Convention le 11 décembre 1792. L'assemblée législative s'est pour l'occasion constituée en tribunal. Elle siège dans la salle du Manège, aux Tuileries. L'ancien monarque est accusé de haute trahison pour avoir joué double jeu face aux assemblées nées de la Révolution, avoir tenté de s'enfuir à l'étranger en juin 1791 et avoir comploté avec l'étranger. Quand s'ouvre son procès, Louis XVI ne se fait plus guère d'illusions malgré le dévouement de ses défenseurs, Malesherbes, Tronchet et Desèze (ou de Sèze). Le procès va durer jusqu'aux votes du 15 au 19 janvier 1793. [size=16] [/size] Louis XVI - caricature révolutionnaire Le 15 janvier, 707 députés sur 718 présents jugent le roi coupable de conspiration contre la sûreté de l'État. À 423 voix contre 281, ils rejettent ensuite l'idée des députés modérés de la Gironde de faire ratifier le jugement par le peuple. Enfin, par un vote nominal qui dure 36 heures, ils se prononcent sur la peine à appliquer au coupable. Chacun est appelé à justifier son vote à la tribune. La majorité requise étant de 361 voix, 387 députés demandent la peine de mort... mais 26 avec une possibilité de sursis. Il s'en faut d'une voix que Louis XVI échappe à la guillotine. Parmi les Montagnards qui votent la mort, figure Philippe-Égalité, ci-devant duc d'Orléans et cousin du prévenu. C'est à son cousin que Louis XVI doit donc de ne pas bénéficier du sursis... Philippe d'Orléans sera lui-même guillotiné avec les Montagnards mais son fils règnera plus tard sous le nom de Louis-Philippe 1er. Trahirne vaut rien Parmi les conventionnels qui votèrent la mort du roi figure Louis Le Peletier de Saint-Fargeau (33 ans). Ce jeune aristocrate était sous l'Ancien Régime président à mortier au Parlement de Paris. Député de la noblesse de l'Yonne aux états généraux, il se rallie brusquement en juillet 1789 au camp de la Révolution et va dès lors défendre les idées extrêmes avec autant de fougue qu'il en mettait quelques années plus tôt à défendre les intérêts des privilégiés. Il est poignardé le 20 janvier 1793, à la veille de l'exécution de Louis XVI, par un ancien garde du corps du roi dénommé Philippe Pâris, dans un restaurant du Jardin-égalité (actuel Palais Royal). L'assassin voulait venger la condamnation du roi. La Convention le déclare aussitôt «martyr de la Révolution» et le peintre David lui aménage des funérailles grandioses. Sa dépouille, nue, entourée de fleurs, est ainsi transportée en grande pompe au Panthéon. [size=24]Un jour... une histoire... 19 janvier 1840Jules Dumont d'Urville 19 janvier 1840
Découverte de la terre Adélie
Deux navires battant pavillon français se fraient un chemin parmi les icebergs de l'océan Antarctique. Le 19 janvier 1840, ils arrivent en vue d'une montagne. Le commandant de l'expédition, César Dumont d'Urville, prend possession de cette terre glacée au nom de la France. Il la baptise du prénom de sa propre femme, Adélie. Il pousse la délicatesse jusqu'à donner aussi son prénom aux manchots du cru, les manchots Adélie. Cette fraction du «continent blanc», au sud de l'Australie, figure aujourd'hui parmi les possessions françaises de l'Antarctique, aux côtés des îles Kerguelen. Elle abrite une base scientifique.
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Un aventurier au service du progrès
Le découvreur de la terre Adélie est un personnage représentatif du début du XIXe siècle. Comme ses concitoyens, las des guerres révolutionnaires, il a foi dans le progrès et aspire à mieux connaître le monde. En 1819, à la veille de ses 30 ans, Dumont d'Urville participe à une expédition scientifique en mer Egée. Il est informé de la découverte d'une statue de Vénus sur l'île de Milo et en fait l'acquisition pour le compte de la France. La Vénus de Milo trône aujourd'hui en bonne place au musée du Louvre.
Le marin effectue aussi deux voyages scientifiques autour du monde avant de prendre en 1826 le commandement d'une corvette, l'Astrolabe. Il a mission de récupérer ce qui reste des navires de Lapérouse, un explorateur disparu en Polynésie, à la veille de la Révolution française, 40 ans plus tôt. Les restes des navires de Lapérouse avaient été repérés en 1827 sur l'île de Vanikoro par le capitaine anglais Peter Dillon, lequel avait reçu en conséquence une récompense des mains du roi de France. Au terme d'un périple de trois ans dans le Pacifique et autour de l'Australie, Dumont d'Urville ramène en France une grande masse d'informations scientifiques et publie le compte-rendu de son voyage.
À cette époque, les Anglo-Saxons commencent à explorer les régions antarctiques. Le roi de France Louis-Philippe 1er, qui est passionné de géographie, veut les prendre de vitesse. Il est séduit par un projet que lui présente Dumont d'Urville et contribue lui-même au financement de sa mission. C'est ainsi que Dumont d'Urville arme l'Astrolabe et une autre corvette, la Zélée. Il appareille de Toulon à l'automne 1837.
Deux ans plus tard, ayant découvert les îles aujourd'hui connues sous le nom de Joinville et Louis-Philippe, il fait relâche sur l'île de Tasmanie, au sud de l'Australie, ses marins souffrant du scorbut. Profitant de l'été austral, il repart le 1er janvier 1840. En touchant quelques jours plus tard la terre Adélie, il arrive plus près du pôle Sud qu'aucun autre homme avant lui.
De retour en France, le capitaine de vaisseau Dumont d'Urville est fait contre-amiral. Mais il n'a pas le temps de publier ses observations ni de jouir de sa gloire... Le dimanche 8 mai 1842, il périt avec sa femme et son fils dans le premier accident de l'histoire du chemin de fer. Le drame survient à Meudon, sur la ligne Paris-Versailles et fait 55 morts. Les contemporains s'en émeuvent mais considèrent que c'est le prix à payer pour le progrès. César Dumont d'Urville ne les eut pas contredits. Mais qu'en eut pensé Adélie, son épouse ?[/size] [/size] Un jour... une histoire... 18 janvier 180018 janvier 1800 Naissance de la Banque de France La Banque de France est créée par Napoléon Bonaparte le 18 janvier 1800 (28 nivôse an VIII). Cette initiative du Premier Consul, à peine installé au pouvoir, fait suite à une proposition du financier suisse Jean-Frédéric Perregaux. Celui-ci a fait fortune en spéculant sur les assignats de la Révolution. Ces billets sans valeur ont dégoûté les Français du papier-monnaie. Ils ont rapidement disparu et laissé la place aux pièces en or ou en argent. Sous le Directoire, tandis que les affaires reprennent, le manque de monnaie se fait sentir. Jean-Frédéric Perregaux fonde alors à Paris une banque de dépôts, la «Caisse des Comptes courants». Avec un groupe d'amis banquiers, il propose au Premier Consul d'octroyer à son établissement l'autorisation d'imprimer à nouveau des billets de banque. Ce droit d'émission vise à collecter l'épargne et à augmenter la quantité de monnaie en circulation. C'est ainsi qu'est créée par décret la Banque de France. Le nouvel établissement absorbe la Caisse des Comptes courants et s'installe à son siège, l'hôtel de Toulouse, rue de la Vrillière. La Banque de France obtient un droit d'émission prudent, limité dans un premier temps à Paris. Elle peut imprimer autant de billets qu'elle veut mais à une condition: il faut que toute personne qui présente un billet à la banque puisse l'échanger, si elle le désire, contre une quantité d'or de la même valeur. Cela va donner aux Français confiance dans les billets de banque et, petit à petit, la nouvelle monnaie remplacera les pièces en métaux précieux. Les premiers billets sont imprimés à l'encre noire sur un papier blanc filigrané, sur une seule face. Heurs et malheurs de laBanquede France Pour faire face aux demandes de remboursement, la Banque de France reçoit à sa création 30 millions de francs (une très grosse somme pour l'époque). Ce capital lui est apporté par de riches bourgeois tels que Perregaux. Le Premier Consul lui-même place des fonds à la Banque de France en témoignage de confiance. En échange de leur argent, les actionnaires obtiennent le droit de nommer les directeurs de la Banque. La Banque de France n'est pas une banque ordinaire. En raison du droit d'émission qu'elle est la seule à posséder dans le pays, on l'appelle «banque centrale». Ses clients sont les banques commerciales ordinaires dont le métier est de prêter de l'argent aux particuliers et aux entreprises. Les gens qui empruntent de l'argent à ces banques signent un papier qui contient la promesse de les rembourser. C'est ce qu'on appelle un effet de commerce. En attendant d'être remboursées par leurs clients, les banques commerciales peuvent avoir besoin d'argent pour faire de nouveaux prêts. Elles se tournent alors vers la Banque de France et lui achètent des billets. Elles lui donnent en échange les effets de commerce dont elles disposent. C'est ainsi que s'accroît la quantité d'argent dans le pays. Après les moments difficiles de la Révolution, la Banque de France va aider les Français à se remettre au travail. Elle va encourager le commerce et l'industrie en facilitant les emprunts et en augmentant la quantité de monnaie en circulation. Beaucoup de Français s'enrichiront et comme ils deviendront plus riches, ils devront payer davantage d'impôts au gouvernement. Ce sera tout bénéfice pour le Premier Consul qui pourra ainsi financer son armée en vue de nouvelles guerres contre les voisins européens. Les premières années de la Banque de France seront difficiles. Sous le Premier Empire, il arrivera que de nombreux clients doutent de la valeur de leurs billets et exigent de les échanger contre de l'or. Pour surmonter la crise, Napoléon 1er renforcera son autorité sur la Banque de France. Il en confiera la direction à un gouverneur et deux sous-gouverneurs nommés par lui-même. Dès lors, l'assemblée des actionnaires n'aura plus de pouvoir sur la banque centrale. En 1848, sous la Seconde République, les Français ne pourront plus obtenir le remboursement de leurs billets de banque contre de l'or. Mais la confiance dans le papier-monnaie sera assez bien établie pour que personne ne s'inquiète de cette mesure. Par une loi du 12 mai 1998, la Banque de France a dû céder son droit d'émission à la Banque Centrale européenne, à Francfort. Celle-ci se présente comme la filiale des onze banques centrales de la zone euro, y compris la Banque de France.Avec la création de la nouvelle monnaie européenne, la Banque de France et ses 14.000 salariés bien lotis n'ont plus désormais de rôle actif. Ils s'interrogent sur leur raison d'être et leur avenir.Un jour... une histoire... 17 janvier 1562 Charles IX 17 janvier 1562 Charles IX signe l'Édit de Janvier Le 17 janvier 1562, le roi Charles IX (12 ans) signe l'Édit de Janvier, ou édit de tolérance de Saint-Germain (du nom du château où a lieu la signature). Le texte a été préparé par sa mère, Catherine de Médicis, régente du royaume, assistée du chancelier Michel de l'Hospital. Par ce texte, le jeune roi confère aux protestants français le droit de célébrer le culte à l'extérieur des villes fortifiées ainsi que de tenir des assemblées dans les maisons privées à l'intérieur de ces mêmes villes. Paradoxalement, cette mesure attise la haine entre les catholiques et les protestants, tant il est vrai que l'esprit de tolérance ne dépasse pas le cercle étroit des milieux cultivés. Catherine de Médicis Vers une première guerre Le Parlement de Paris refuse de ratifier l'Édit de Janvier. Protestants et catholiques se tiennent sur le qui-vive, prêts à en découdre. Quelques semaines plus tard, le 1er mars 1562, le duc François de Guise et sa troupe d'archers surprennent dans le village de Wassy (ou Vassy), en Champagne, 200 protestants en train d'écouter un prêche dans une grange, à l'intérieur de la ville close et dans des conditions donc illégales. Le duc s'irrite de cette violation de l'Édit de Janvier. Sur son ordre, la troupe massacre sauvagement les protestants. On compte une trentaine de morts et une centaine de blessés. C'est le début des guerres de religion. Elle dureront plus de trente ans. Triomphe éphémère des Politiques Mais, le 18 février 1563, le duc François II de Guise est assassiné par un protestant, Poltrot de Méré, alors qu'il fait le siège d'Orléans. Sa mort met un terme à la première guerre de religion. Le chancelier fait promulguer par Catherine de Médicis un nouvel édit de tolérance à Amboise le 19 mars 1563. Lui-même s'emploie à moderniser l'administration. Pour rétablir les finances royales, mises à mal par la guerre civile, il a aussi l'idée d'aliéner une partie des biens du clergé catholique, le 13 mai 1563. Cette mesure très contestée mais profitable va rapporter 94 millions de livres en cinq ans. Elle préfigure la nationalisation des biens du clergé par les députés de la Constituante... deux siècles plus tard. Parcourant le royaume avec Charles IX, pour faire mieux connaître le souverain aux habitants de toutes conditions, le chancelier publie enfin la Grande Ordonnance de Moulins en février 1566. Ce texte majeur unifie la justice, supprime le droit de grâce des gouverneurs et restreint le droit de remontrance des parlements, lesquels avaient tendance à déborder le cadre judiciaire et empiéter sur l'autorité royale. Mais la reprise de la guerre, dès 1567, à l'initiative des protestants, ruine cette politique de conciliation et entraîne, le 24 mai 1568, la disgrâce définitive de Michel de L'Hospital qui se voit retirer les Sceaux (le ministère de la Justice).Un jour... une histoire... 15 janvier 1790 15 janvier 1790 La France est divisée en 83 départements L'Assemblée constituante, qui gouverne la France depuis les débuts de la Révolution, a pris un décret dès le 22 décembre 1789 pour réformer l'organisation du royaume. Le 15 janvier 1790, ce décret aboutit sur la création des départements. Leur nombre est initialement fixé à 83. Ce nouvel échelon administratif et démocratique, bien enraciné dans l'Histoire, entre la commune et l'État, est appelé à un vif succès même si des voix s'élèvent aujourd'hui pour réclamer sa suppression... Confusion administrative Le royaume comptait sous l'Ancien Régime 34 généralités ou provinces, 40 gouvernements militaires, 135 diocèses, 13 parlements judiciaires etc. Qui plus est, ces circonscriptions héritées de l'Histoire s'enchevêtraient et différaient par leur statut. On distinguait notamment les pays d'élection des pays d'État. Les pays d'État correspondaient aux régions les plus récemment rattachées au royaume et avaient conservé à ce titre leurs institutions propres (parlements, assemblées,...). Ils étaient moins imposés que les pays d'élection ! Toutes les généralités de province avaient à leur tête un intendant désigné par le roi, qui tentait parfois de mettre un peu de cohérence dans les affaires locales. Redécoupage administratif Les députés décident de mettre fin à cette confusion administrative héritée d'un millénaire d'Histoire. Ils projettent dans un premier temps de créer des circonscriptions géométriques, à l'image des États américains. Le sage Mirabeau s'y oppose avec véhémence : «Je demande une division qui ne paraisse pas, en quelque sorte, une trop grande nouveauté ; qui, si j'ose le dire, permette de composer avec les préjugés et même avec les erreurs, qui soit également désirée par toutes les provinces et fondée sur des rapports déjà connus.» Ses voeux sont pleinement exaucés par le «Comité de division» chargé de redessiner la carte de France. Lesnouvelles divisions sont baptisées «départements», d'un vieux mot français qui appartient au vocabulaire administratif depuis François 1er. Leurs limites respectent dans la plupart des cas les anciennes provinces. C'est ainsi que la Bretagne et la Normandie sont divisées en cinq départements chacune. La taille des départements est telle que chaque citoyen puisse accéder à son chef-lieu en une journée de cheval au maximum. Sans le savoir, les députés recréent de la sorte les anciens pays... de la Gaule d'avant les Romains. La preuve en est dans la coïncidence entre le nom de nombreux chefs-lieux de département et celui des tribus gauloises locales. Amiens évoque les Ambiens, Beauvais les Bellovaques, Cahors les Cadurques, Nantes les Namnètes, Paris les Parisii, Poitiers lesPictones, Reims les Rèmes, Soissons les Suessiones,Tarbes les Tarbelles, Vannes lesVénètes,... Ainsi, le département est la circonscription la mieux enracinée dans l'Histoire de France, en concurrence avec la commune, héritière des anciennes paroisses. Au fond d'eux-mêmes, les Français restent aujourd'hui très attachés à cette circonscription héritée de la monarchie et de la Révolution. Surprenante Vendée Des 83 départements créés par l'Assemblée constituante, la Vendée est l'un de ceux qui s'est acquis la plus forte identité. On a pu écrire de lui : «Vendée : le seul département qui soit devenu une province» (Louis Chaîgne). Constitué à partir du Bas-Poitou, le département de la Vendée tire son nom d'un affluent de la Sèvre niortaise qui baigne Fontenay-le-Comte, le chef-lieu initial. Plus tard, Napoléon a déplacé le chef-lieu à La Roche-sur-Yon, un bourg plus central, rebaptiséNapoléon-Vendée puis Bourbon sous la Restauration avant de reprendre son ancien nom sous la IIIe République. Précaire autonomie Les départements créés par l'Assemblée constituante sont dirigés par un conseil de 28 membres assisté d'un directoire de 8 membres et d'un procureur général syndic chargé de faire appliquer les lois. Conseillers et procureurs sont élus pour deux ans par les citoyens actifs (ceux qui paient au fisc l'équivalent d'au moins dix journées de travail). Les départements sont divisés en districts, eux-mêmes dirigés par un conseil élu de douze membres, et en communes, au nombre de 44.000. Les villes de plus de 25.000 habitants sont elles-mêmes découpées en sections. Les membres des assemblées locales et départementales ne sont pas nommés par le gouvernement central comme les intendants des généralités de l'Ancien Régime. Ces assemblées bénéficient de ce fait d'une très grande autonomie. Mais, très vite, les gouvernements révolutionnaires vont limiter leurs prérogatives en les soumettant à l'autorité d'un représentant muni de pouvoirs discrétionnaires puis, sous le Consulat de Napoléon Bonaparte, à l'autorité d'un préfet nommé par le gouvernement, véritable héritier des anciens intendants.Un jour... une histoire... 14 janvier 193014 janvier 1930 Construction de la ligne Maginot Le 14 janvier1930, André Maginot fait voter une loi en vue de construire une ligne fortifiée sur les frontières orientales de la France. Très décriée après l'invasion de 1940, cette initiative n'en est pas moins approuvée dans l'instant par la grande majorité de la classe politique et du corps des officiers, y compris le capitaine Charles de Gaulle. La ligne Maginot et la frontière franco-allemande La France engage en 1930 la construction de la ligne Maginot. Trois ans plus tard, Hitler arrive au pouvoir. La Sarre, consultée par plébiscite en 1935, rejoint le Reich hitlérien ; peu après, le Führer rétablit le service militaire obligatoire en violation du traité de Versailles... Le 14 janvier 1930, André Maginot fait voter une loi en vue de construire une ligne fortifiée sur les frontières orientales de la France... Une nécessité stratégique Haut fonctionnaire, André Maginot (53 ans) s'est engagé comme soldat pendant la Grande Guerre et a fini celle-ci avec le grade de sergent et la médaille militaire. C'est l'un des très rares parlementaires à présenter de tels états de service, de sorte que ses collègues n'osent rien lui refuser quand la patrie est en débat... En 1920, il organise le transfert du Soldat Inconnu sous la voûte de l'Arc de Triomphe. Ministre de la Guerre dans le gouvernement Poincaré, il reprend la suggestion émise par Paul Painlevé en 1925 de fortifier les frontières orientales du pays. Il plaide pour une ligne de défense flexible, capable de suppléer à la diminution des effectifs militaires prévue à partir de 1935 en raison du déficit des naissances. C'est ainsi qu'il obtient des parlementaires un crédit de 3,3 milliards de francs sur quatre ans. Le chantier, le plus grand de son temps, va employer jusqu'à 20.000 ouvriers. Ce réseau de fortifications à demi-enterrées comporte une cinquantaine de gros ouvrages équipés d'artillerie et quelques centaines de casemates et d'observatoires isolés. Il inaugure une conception purement défensive des stratèges français, à l'opposé de la conception offensive de leurs homologues d'Outre-Rhin. Il témoigne aussi d'une perte de confiance de la classe politique dans l'avenir des relations franco-allemandes... malgré la publication au même moment (1930) d'un mémorandum en faveur d'une union fédérale européenne par Aristide Briand. Les fortifications débutent sur les bords de la Méditerranée, au-dessus de Menton, et s'égrènent jusqu'à la frontière belge et au-delà, y compris le long du Rhin. Mais dans le massif des Ardennes, jugé infranchissable par le haut commandement français, les autorités se contentent de fortifications légères. Les Belges refusent par ailleurs que les Français prolongent la ligne Maginot le long de leur frontière car ils craignent d'être sacrifiés en cas de nouveau conflit entre la France et l'Allemagne. C'est ainsi que le long de la frontière avec la Belgique, la ligne Maginot se réduit à quelques ouvrages fortifiés de modeste importance. Les gros ouvrages de la ligne Maginot couvrent en définitive 140 km sur la frontière du nord-est, longue de 760 km de la mer du Nord à la Suisse. De l'autre côté de la frontière, le gouvernement allemand réplique dès 1937 avec une autre série de fortifications : la ligne Siegfried. Beaucoup plus légère que la ligne Maginot, elle a surtout vocation à tromper les Français sur la capacité offensive de laWehrmacht. Une réussite militaire, un alibi politique Quand la guerre est déclarée à l'Allemagne de Hitler, moins de dix ans après la construction de la ligne Maginot, les fortifications remplissent dans l'ensemble leur office. De septembre 1939 à juin 1940, le fort de Schoenenbourg, au nord de l'Alsace, tire à lui seul près de 20.000 obus en 10 mois. Invaincu, son «équipage» ne se rend que le 1er juillet 1940, six jours après l'armistice, sur ordre express du haut commandement français. Dans le secteur frontalier de Maubeuge, les hommes du 87e RIF résistent au prix de lourds sacrifices à une percée des blindés de la 5° Panzer du général Schmidt. Dans le secteur frontalier de l'Escaut, à Bouchain, des hommes du 45e RI (régiment d'infanterie), sous le commandement du colonel Desroches, empêchent le franchissement du fleuve du 22 au 26 mai 1940. Ce fait d'armes provoque le 2 juin 1940 la venue de Hitler en personne. Courroucé, le Führer se fait expliquer du haut de la Tour de l'Ostrevant par le général commandant le 8e Korps pourquoi ses unités ont été tenues en échec par un simple régiment d'infanterie. Le 54e RIF et le 43e RI paient également un lourd tribut en résistant pendant six jours et six nuits aux assauts ennemis, rendant possible l'évacuation des troupes anglo-françaises à Dunkerque. Au vu de ces exploits, on peut s'interroger sur les résultats de l'offensive allemande si la frontière belge et les Ardennes avaient été plus solidement fortifiées. La ligne Maginot a péché moins par ses insuffisances techniques que par le fait qu'elle ait servi d'alibi aux pacifistes de tout poil qui ont successivement abandonné l' Autriche et la Tchécoslovaquie au prétexte que la France n'avait de toute façon rien à craindre. | |
| | | marileine moderateur
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| Sujet: Re: Un jour... une histoire... 29 janvier 1635+ 25 janvier 1785+24 janvier 1848 + autres (photos,textes) Ven 2 Oct - 13:10 | |
| Un jour... une histoire.... 13 janvier 1898 - E. Zola -tableau de Manet - 13 janvier 1898 J'accuse Le 13 janvier 1898, Émile Zola publie une lettre ouverte au président de la République dansL'Aurore sous le titre «J'accuse». Zola engage sa réputation et sa liberté [size=16] [/size] Dans ce texte virulent qui occupe la première page du quotidien, le célèbre écrivain dénonce les manigances qui entourent le procès du capitaine Alfred Dreyfus, accusé à tort d'espionnage, et l'acquittement par le conseil de guerre, trois jours plus tôt, du capitaine Esterhazy, le vrai coupable. Il désigne nommément les coupables : «J'accuse le lieutenant-colonel du Paty de Clam d'avoir été l'ouvrier diabolique de l'affaire[...] J'accuse le général Mercier de s'être rendu complice, tout au moins par faiblesse d'esprit, d'une des plus grandes iniquités du siècle[...] J'accuse enfin le premier Conseil de guerre d'avoir violé le droit en condamnant un accusé sur une pièce restée secrète[...]» Ce faisant, Émile Zola, riche et comblé d'honneurs, prend sciemment à 48 ans le risque de se faire arrêter et condamner pour diffamation publique. [size=16] [/size] Emile Zola Son article fait d'emblée l'effet d'une bombe. Au Sénat, le sénateur dreyfusard Scheurer-Kestner perd la vice-présidence de l'assemblée. Et dès le lendemain a lieu une «pétition des intellectuels» en soutien de l'écrivain. Cette pétition est une première dans l'Histoire de France. Zola reçoit par ailleurs le soutien empressé de Georges Clemenceau qui tient une chronique dans L'Aurore depuis que le scandale de Panama l'a exclu de la vie parlementaire. Sincèrement indigné, le «tombeur de ministères», chef du mouvement radical, à l'extrême-gauche de l'échiquier politique, saisit l'occasion de faire sa rentrée politique en s'en prenant selon son habitude au gouvernement en place. Le 23 février 1898, Émile Zola est traduit en cour d'assises et condamné à un an de prison. Mais l'affaire prend de l'ampleur et met l'opinion publique en ébullition. Des écrivains comme Anatole France s'engagent vigoureusement aux côtés de Zola et Dreyfus. D'autres, comme Maurice Barrès, prennent la tête d'une croisade patriotique et, hélas, antisémite. Des israélites ou juifs sont pris à parti, des synagogues attaquées en métropole comme en Algérie, où les pogroms font de nombreuses victimes. La vérité éclate au grand jour Enaoût, coup de théâtre ! Le colonel Henry, qui a décrypté le bordereau à l'origine de l'Affaire, met au jour un nouveau document, le billet «Alexandrine», qui aurait été adressé par l'attaché Panizzardi à son collègue Schwarzkoppen et accable Dreyfus. Mais un examen minutieux révèle des anomalies, notamment deux teintes différentes dans les quadrillés du billet qui attestent qu'il s'agit de deux lettres distinctes. Le 30 août, le colonel Henry est convoqué par le ministre de la guerre, Godefroy Cavaignac, auquel il avoue avoir «arrangé les choses». Emprisonné au mont Valérien, le faussaire se suicide le lendemain dans sa cellule... grâce à la bienveillance de ses gardiens qui, contrairement aux usages, lui ont laissé de quoi se tuer (un rasoir). Devant le scandale, le ministre est contraint à la démission et son remplaçant, Dupuy, consent à la révision du procès de Dreyfus qui rentre enfin du bagne. [size=16] [/size] Dreyfus - Demange et Labori en 1899 Un procès se tient à Rennes dans une atmosphère houleuse. L'un des avocats du capitaine, Maître Labori, est blessé d'un coup de revolver. Il s'ensuite de longues plaidoiries au cours desquelles les accusateurs de Dreyfus apparaissent en grand uniforme tandis que Picquart, qui a été chassé de l'armée, est astreint à s'habiller en civil ! Le9 septembre 1899, la cour militaire reconnaît à nouveau Dreyfus coupable de haute trahison, mais le condamne seulement à dix ans de réclusion en raison de «circonstances atténuantes». Forts de cette improbable victoire, les antidreyfusards jubilent. Leprésident de la République Émile Loubet grâcie Dreyfus dès le 19 septembre mais l'ancien capitaine exige un acquittement complet : «le gouvernement de la République me rend la liberté. Elle n’est rien pour moi sans l’honneur». Fort-Chabrol [size=16] [/size] Pour limiter les incidents à la veille du procès de Rennes, le gouvernement a fait arrêter dès le début du mois d'août 1899 quelques agitateurs nationalistes comme Déroulède, dirigeant de la Ligue des Patriotes. Menacé également d'arrestation, Jules Guérin, chef de la Ligue antisémitique française (5.000 adhérents !) se barricade avec quelques acolytes au siège de son association, rue Chabrol, à Paris. Le préfet de police Jules Lépine fait aussitôt cerner la rue et interdit de ravitailler les assiégés mais des sympathisants enfreignent les ordres et ravitaillent les trublions par les toits. L'opinion publique s'amuse de ce «Fort-Chabrol»dérisoire. Le siège est finalement levé au bout de 38 jours et Jules Guérin bientôt condamné à dix ans de forteresse. Vers l'apaisement Georges Clemenceau, qui a été remis en selle par l'Affaire, fonde le premier parti politique français, le parti républicain radical, au congrès de Paris des 21-23 juin 1901 (auparavant, les élus se regroupaient par affinités mais ne s'appuyaient sur aucune structure solide). L'émotion provoquée par l'Affaire concourt à la formation d'un bloc républicain et relance le principe d'une laïcisation complète de l'État, en latence depuis l'époque de Jules Ferry, vingt ans plus tôt. C'est ainsi que la loi de séparation des Églises et de l'État est enfin votée après d'ardents débats le 5 décembre 1905. Enfin, le 12 juillet 1906, sous le gouvernement présidé par Ferdinand Sarrien, auquel participent Georges Clemenceau et Aristide Briand, l'Affaire trouve son épilogue avec un arrêt de la Cour de Cassation qui casse le jugement du 9 septembre 1899. Dreyfus est définitivement innocenté. Il est fait chevalier de la Légion d'honneur dans la cour de l'École militaire le 21 juillet 1906. Cehéros malgré lui, qui a résisté avec une incroyable force morale à plusieurs années d'injustice, de bagne et d'acharnement judiciaire, est réintégré dans l'armée mais seulement avec le grade de chef d'escadron car ne sont pas prises en compte ses années passées au bagne dans la reconstitution de sa carrière. Atteint dans sa dignité, Dreyfus démissionne de l'armée. Il ne reprendra du service que pendant la Grande Guerre de 1914-1918 en qualité d'officier de réserve. Quant à Picquart, que Clemenceau considère comme le véritable héros de l'Affaire car il a risqué sa carrière au nom de la justice et de l'honneur, il est promu au grade de général et devient tout bonnement ministre de la Guerre dans le gouvernement du «Tigre» (surnom de Clemenceau). L'Affaire sera close avec le transfert des cendres de Zola au Panthéon le 4 juin 1908. À cette occasion, il se trouvera un illuminé pour tirer sur Dreyfus et le blesser au bras. Dreyfus, les intellectuels et l'antisémitisme Dès la parution de J'accuse (1898), la bourgeoisie parisienne se divise très violemment en deux camps. – Les dreyfusards : Les dreyfusards dénoncent l'injustice faite à Dreyfus et l'acquittement inique d'Esterhazy. Ils placent la justice et les droits de l'homme au-dessus de l'honneur militaire et de la raison d'État. Parmi les dreyfusards, on trouve non seulement des hommes politiques mais aussi des écrivains de renom. C'est le moment où l'on commence à parler des «intellectuels», non sans une nuance de mépris. Les intellectuels apparaissent comme les lointains héritiers des «philosophes» du XVIIIe siècle. Ils découvrent qu'ils peuvent, en se mobilisant, faire triompher une cause supérieure. C'est ainsi que quelques-uns d'entre eux fondent le 4 juin 1898 la Ligue française pour la défense des droits de l'homme et du citoyen pour inscrire dans la durée leur combat en faveur de Dreyfus (la Ligue se montrera moins vigilante dans les années 30 en fermant les yeux sur les crimes du communisme). Cette émergence des «intellectuels» dans le débat d'idées témoigne paradoxalement du moindre prestige de la littérature sous la IIIe République. Les écrivains exercent faute de mieux le «ministère de la parole»! Il n'est plus question pour eux d'intervenir dans la direction du pays comme, deux ou trois générations avant eux, Chateaubriand, Lamartine, Tocqueville et Hugo. – Les antidreyfusards : Dans le camp d'en face, les antidreyfusards considèrent qu'il vaut mieux condamner un innocent plutôt que d'admettre que la justice militaire ait pu se tromper. À une époque où chacun, à droite comme à gauche, ne rêve que de revanche sur l'Allemagne et de «guerre régénératrice», tout affaiblissement de l'Armée fait figure à leurs yeux de haute trahison. Par le fait que Dreyfus est issu d'une riche famille israélite, le camp antidreyfusard ne tarde pas à attiser un antisémitisme d'un genre nouveau, à la fois national et laïc. Les attaques antisémites viennent de la gauche sociale ; déjà échaudée par le scandale de Panama, celle-ci dénonce volontiers la «ploutocratie juive». L'antisémitisme est par-dessus tout le fait de mouvances nationalistes et catholiques. «Que Dreyfus est capable de trahir, je le conclus de sa race», écrit l'historien nationaliste Maurice Barrès en 1902 dans son ouvrage majeur : Scènes et doctrines du nationalisme. Malgré les appels à la modération du pape Léon XIII, beaucoup de catholiques français se déchaînent contre Dreyfus et les juifs à l'instigation des puissants journaux de la congrégation des Assomptionnistes, parmi lesquels le quotidien La Croix. Leur hargne accroît l'anticléricalisme des républicains... Le moment se rapproche où ces derniers feront voter la loi de séparation des Églises et de l'État... et dissoudre la congrégation des Assomptionnistes. La droite traditionnelle, qui s'est détournée du monarchisme pacifique et débonnaire et s'est convertie au nationalisme revanchard et à l'antisémitisme, participe aussi à la curée. Le journaliste Édouard Drumont illustre cette reconversion avec son ouvrage célèbre : La France juive (1886) dans lequel il développe, bien avant Hitler, le mythe de la supériorité des prétendus Aryens sur les autres races. En mai 1898, il est élu député par les habitants d'Alger, d'autant plus opposés à Dreyfus qu'ils n'ont pas digéré la naturalisation des juifs algériens en 1870. En avril 1898, par ailleurs, deux militants antidreyfusards fondent un mouvement antiparlementaire et néanmoins républicain, l'Action française. Rejoint par l'écrivain Charles Maurras qui publie en 1900 Enquête sur la monarchie, ce mouvement évolue vers le «nationalisme intégral» tout en préconisant une monarchie autoritaire. Il va jouer un grand rôle entre les deux guerres mondiales [size=24]Un jour... une histoire ... 12 janvier 1870[/size]
12 janvier 1870 Funérailles tumultueuses de Victor Noir Le 12 janvier 1870, les funérailles d'Yvan Salmon, dit Victor Noir, sont suivies par 100.000 personnes et donnent lieu à de violentes manifestations d'hostilité au régime impérial de Napoléon III. Offense chèrement payée Victor Noir, à peine âgé de 22 ans, était journaliste à La Marseillaise, une feuille révolutionnaire et violemment anti-bonapartiste. Elle avait été fondée quelques mois plus tôt par le polémiste et député d'extrême-gauche Henri Rochefort, de son vrai nom Victor Henri de Rochefort-Luçay. Le prince Pierre Bonaparte, fils de Lucien Bonaparte, neveu de Napoléon 1er et cousin de Napoléon III, s'estimant diffamé par un article de La Marseillaise, provoque en duel son rédacteur en chef, Pascal Grousset. Ce dernier envoie Victor Noir et un ami au domicile du prince, 9, rue d'Auteuil, en vue d'organiser le duel.
L'entrevue se passe mal. Victor Noir, semble-t-il, lève sa canne sur le prince et celui-ci, se saisissant d'un pistolet, fait feu sur le jeune homme et le tue net. Pierre Bonaparte (55 ans) a combattu dans le monde entier aux côtés des libéraux. Il a été élu député d'extrême-gauche sous la Seconde République et depuis le début du Second Empire, il se tient en retrait de la cour. Il est connu pour son tempérament très violent (il a tué un homme en Italie). Il sera néanmoins acquitté par la Haute Cour de justice le 21 mars 1870. En attendant, les autorités ont pris la précaution d'organiser l'enterrement de sa victime dans le cimetière de Neuilly, au coeur des quartiers bourgeois de la capitale. En dépit de cela, l'émotion de la foule débouche sur de violentes manifestations hostiles à l'Empire et à Napoléon III. C'est le début d'une agitation politique qui ne cessera pas jusqu'à la chute de Napoléon III, quelques mois plus tard, malgré la démocratisation du régime et l'arrivée au gouvernement du libéral Émile Ollivier. Henri Rochefort, dans La Marseillaise, ose écrire: «J'ai eu la faiblesse de croire qu'un Bonaparte pouvait être autre chose qu'un assassin». Une tombe courue Peu après l'instauration de la IIIe République, la dépouille de Victor Noir a été transférée au cimetière du Père Lachaise, à l'Est de la capitale. Sa tombe jouit depuis cette date d'une popularité qui ne se dément pas...
Gisant de Victor Noir Aujourd'hui encore, des jeunes filles et des femmes en mal d'amour ou d'enfant viennent, par superstition, effleurer une certaine protubérance du gisant sculpté par Amédée-Jules Dalou (ce qui explique l'usure du bronze à cet endroit). Celles qui ont vu leurs voeux exaucés ne manquent pas de fleurir la tombe du malheureux et séduisant journaliste.
[size=24]Un jour, une histoire, 9 janvier 1934 -[/size]
9 janvier 1934 L'affaire Stavisky Le 9 janvier 1934, les Français apprennent la mort par balle du financier Alexandre Stavisky (48 ans). Une mort suspecte La police l'a retrouvé la veille, agonisant au pied d'un lit, dans un chalet de Chamonix. Il meurt quelques heures plus tard à l'hôpital. La mort de Stavisky, d'après le rapport de police, est consécutive à un suicide mais l'opinion publique soupçonne aussitôt des hommes politiques de l'avoir fait assassiner pour l'empêcher de dénoncer ses complices... L'hebdomadaire satirique Le Canard Enchaîné écrit : «Stavisky s'est suicidé d'une balle tirée à trois mètres. Ce que c'est que d'avoir le bras long» ! Le plus probable est que la police, ayant repéré la planque de l'escroc, l'a poussé au suicide en multipliant les allées et venues autour du chalet. Ensuite, elle ne s'est pas hâtée de le conduire à l'hôpital. Notons que la traque policière a été conduite par l'inspecteur Pierre Bonny (34 ans). Ce policier a été plus tard recruté par la Gestapo allemande et fusillé pour collaboration en 1945 (NB : il s'était aussi occupé six ans plus tôt de l'affaire Seznec, fait divers sujet à polémique). Un escroc aux relations haut placées Né le 20 novembre 1886 en Ukraine dans une famille juive, naturalisé français en 1910, Alexandre Stavisky s'associe à... son grand-père pour commettre une première escroquerie au théâtre des Folies Marigny, à Paris. Mais il doit rendre des comptes à la justice et son père, un dentiste d'une parfaite honnêteté, se suicide de désespoir. En 1926, il est incarcéré pour dix-huit mois à la prison de la Santé, à Paris, pour une affaire de détournement de bijoux. Il se promet de ne plus se faire prendre... et tiendra parole. En 1931, l'escroc réussit son plus beau coup en persuadant Garat, le député-maire de Bayonne, d'ouvrir une «caisse de crédit municipal»et d'en confier la gestion à un comparse, un certain Tissier. Stavisky dépose au mont-de-piété des bijoux (volés, faux ou surévalués par un expert complice). En contrepartie, comme tous les déposants, il reçoit des bons qu'il échange contre de l'argent auprès d'institutions financières confiantes en la signature de la caisse de crédit municipal. Mais il fait en sorte que le montant figurant sur la souche des bons soit inférieur à la somme qui lui a été livrée. Il présente les souches au mont-de-piété, récupère les bijoux... et conserve la différence entre l'argent reçu et l'argent restitué. Il ne lui reste plus qu'à recommencer... Stavisky va ainsi détourner 239 millions de francs de bons avec d'autant plus de facilité qu'il peut se prévaloir d'une lettre de recommandation d'un ministre ! Devenu richissime, «Monsieur Alexandre» se pavane dans les salons du tout-Paris au bras de sa femme Arlette, un ex-mannequin de Chanel. Il est encore poursuivi en justice pour diverses affaires mais son réseau de relations lui permet d'obtenir que sa comparution soit dix-neuf fois reportée. On révèlera après sa mort que ces reports lui furent accordés par le procureur de la République de Paris, un nommé Pressard qui n'était autre que le beau-frère du président du Conseil (le chef du gouvernement) Camille Chautemps. Les meilleures choses ont une fin, hélas... Le 2 juillet 1933, quatre bons négociables ne peuvent être honorés par le crédit municipal de Bayonne, à court de liquidités. L'affaire des«bons de Bayonne» éclate au grand jour avec l'arrestation en décembre 1933 du directeur du Crédit municipal et du député-maire de la ville. Un autre député et deux directeurs de journaux subventionnés par Stavisky seront également arrêtés. En fuite, l'escroc sera retrouvé à Chamonix quelques semaines plus tard. Ce scandale est relativement peu de chose comparé à celui de Panama ou à ceux de la fin du XXe siècle (écoutes téléphoniques, Crédit Lyonnais, Elf,...). Il ne met en cause ni un président de la République, ni même un quelconque ministre mais seulement une demi-douzaine de politiciens de second rang qui se sont compromis avec Stavisky dans le trafic d'influence. Son retentissement n'en est pas moins immense et va faire vaciller la République... Désenchantement Il faut dire que dans les années 1930, après les «Années Folles» qui ont suivi l'hécatombe de 1914-1918, la France est affectée par une crise à la fois économique et politique. Elle compte pas moins de 340.000 chômeurs, conséquence de la crise mondiale déclenchée par le krach boursier de Wall Street en 1929. Les discours bellicistes de Hitler, au pouvoir en Allemagne depuis l'année précédente, aggravent les inquiétudes de chacun. Lamortde Stavisky met à jour les rancoeurs vis-à-vis des nouveaux riches au luxe flamboyant. Les xénophobes s'en prennent à une politique de naturalisation trop laxiste (comme Stavisky). L'Action française royaliste, les ligues populistes de droite et les communistes dénoncent à l'envi la décadence de la IIIe République. Les premiers donnent volontiers en exemple le régime fasciste de Mussolini, les seconds le régime communiste de Staline. Tous conspuent la démocratie parlementaire et les «Deux cents familles» capitalistes qui gouvernent la Banque de France. L'indignation populaire entraîne la chute du gouvernement radical-socialiste. Édouard Daladier remplace Camille Chautemps à la présidence du Conseil. Il destitue aussitôt le préfet de police Chiappe, suspect de sympathie avec les ligues de droite. C'est l'indignation à droite comme à gauche où chacun soupçonne le gouvernement de vouloir étouffer les suites du scandale Stavisky.
Une grande manifestation va tourner à la tragédie le 6 février 1934.
[size=24]Un jour... une histoire... 7 janvier 1957[/size]
7 janvier 1957 Début de la bataille d'Alger Le 7 janvier 1957, deux ans après le déclenchement de la guerre d'Algérie, le gouvernement français confie au général Jacques Massu les pleins pouvoirs de police sur le Grand Alger (800.000 habitants dont une moitié de musulmans). Assisté des colonels Marcel Bigeard, Roger Trinquier et Yves Godard, le général commande les 6.000 hommes de la dixième division parachutiste. Il a mission de mettre fin au terrorisme dans l'agglomération et va s'acquitter de sa tâche avec un zèle redoutable malgré les réticences de beaucoup de ses subordonnés dont le colonel Yves Godard... Les militaires pris au piège Deux ans plus tôt, le 20 août 1955, les indépendantistes algériens ont déclenché une insurrection sanglante dans le Constantinois, notamment à Philippeville, en s'en prenant surtout aux modérés musulmans ! Le drame entraîne le gouvernement français dans une répression non moins brutale qui va tendre les rapports entre musulmans et pieds-noirs.
Le5 février 1956, Guy Mollet, secrétaire général de la SFIO (Section française de l'Internationale ouvrière), prend la tête du gouvernement français. Il confie le portefeuille de la Justice à François Mitterrand (39 ans). Celui-ci fait voter le 12 mars 1956 par la gauche (communistes et socialistes) et une bonne partie de la droite une loi sur les «pouvoirs spéciaux» qui apportera quelques mois plus tard une base légale à la torture. En Algérie même, Guy Mollet doit faire face à la montée de la violence aveugle. C'est ainsi que le 18 mai 1956, on découvre dans les gorges de Palestro les corps de 18 jeunes militaires horriblement mutilés et tués après être tombés dans une embuscade. Le terrorisme à l'oeuvre Le 30 septembre 1956, les spectaculaires attentats du Milk Bar et de laCafétéria font l'effet d'un coup de tonnerre. La guerre ne se confine plus dans les zones frontalières et les montagnes. Elle frappe désormais le coeur d'Alger ! Revigoré par l'impact médiatique de ces attentats, le FLN, qui dispose sur place d'environ 5.000 militants, n'hésite plus à s'en prendre à la population de la ville. Il fait appel à des femmes de type européen (en vue de tromper la vigilance de l'armée et de la police) pour convoyer les armes, transmettre les messages et même poser les bombes. Des Européens comme le jeune communiste Fernand Yveton, qui sera guillotiné, lui apportent aussi leur concours. L'opinion française est tétanisée par ces attentats qui tuent et mutilent au hasard, dans les lieux publics, des hommes et des femmes, des jeunes et des vieux, des militaires et des civils, des indigènes et des pieds-noirs. Robert Lacoste, ministre résident en Algérie, fait guillotiner les terroristes condamnés par la justice et décide de tout mettre en oeuvre pour en finir avec la terreur. Enfin, le 7 janvier 1957, le préfet d'Alger fait appel aux hommes du général Massu avec l'approbation du garde des Sceaux François Mitterrand. Le document est bref :
«Article 1er L'ensemble des pouvoirs de police, normalement dévolus à l'autorité civile, sont dévolus à l'autorité militaire. Article 2 Le général Massu est chargé de l'exécution du présent arrêté. Serge Barret, préfet d'Alger». Latorture contre la terreur Dès le 7 janvier 1957, les parachutistes entrent dans Alger et traquent les terroristes dans toute l'agglomération. Sans trop s'embarrasser de scrupules ni de juridisme, ils pratiquent la torture pour faire parler les personnes suspectes d'avoir caché des bombes. Ces hommes, dont beaucoup ont précédemment combattu les Allemands et dénoncé la barbarie nazie, se justifient de leurs actes au nom de la nécessité. La presse ne tarit pas de témoignages qui dénoncent la banalisation de procédés indignes : tortures (torture à l'électricité ou «gégène», pendaison par les membres, baignoire,...), exécutions sommaires de suspects, jugements expéditifs par les tribunaux militaires, centres de détention clandestins etc. Les prisonniers qui meurent dans les centres de torture sont jetés à la mer avec un boulet de ciment aux pieds (les parachutistes appellent cela les«crevettes Bigeard», du nom du colonel qui supervise les opérations). Une commission d'enquête rend un rapport accablant le 21 juillet 1957. Le quotidien Le Monde le publie, ce qui lui vaut d'être saisi. Les responsables politiques et la majorité des citoyens, tant à droite qu'à gauche, sont donc très bien informés de ce qui se passe en Algérie. Mais ils préfèrent se taire devant les excès des militaires. La répression à l'oeuvre La torture semble déboucher sur des résultats significatifs : de nombreuses bombes sont découvertes à temps grâce aux informations données sous la torture par des terroristes. Suprême humiliation : le FLN ordonne une grève générale de huit jours à compter du 28 janvier 1957, ouverture de la onzième session des Nations Unies à New York, mais elle est brisée par les parachutistes qui ouvrent de force les rideaux de fer des commerçants de la Casbah, le grand quartier musulman d'Alger. Le 25 février 1957, l'un des chefs historiques du FLN, Larbi Ben M'Hidi, est arrêté et déclaré «suicidé» (on sait maintenant qu'il a été pendu par le futur général Paul Aussaresses en personne). Mais l'attentat de la Corniche, qui tue plusieurs jeunes gens le 9 juin 1957, signifie que le cycle terreur-répression est sans issue. Le colonel Yves Godard, qui conteste les méthodes de Marcel Bigeard, prend le relais de celui-ci et décide de privilégier l'infiltration des réseaux plutôt que la torture. Il triomphe le 24 septembre 1957, avec l'arrestation de Yacef Saadi (28 ans), principal organisateur des attentats à Alger. Ses aveux permettent de démanteler les réseaux.
Inhumanité de la torture L'emploi de la torture par les hommes de Massu suscite d'emblée les protestations de maints responsables démocrates et chrétiens qui le considèrent injustifiable quels qu'en soient les résultats. Un héros de la Libération, le général Jacques Pâris de la Bollardière, demande publiquement dès le 28 mars 1957 à être relevé de son commandement pour ne pas cautionner la torture et le crime d'État. Le 15 avril 1957, de la Bollardière est puni de quinze jours de forteresse. Et le 12 septembre 1957, Paul Teitgen, secrétaire général de la police algéroise, démissionne avec éclat. L'un et l'autre sont mus par de solides convictions chrétiennes. C'est aussi le cas d'Edmond Michelet, garde des sceaux dans le gouvernement du général de Gaulle de 1959 à 1961, qui n'a de cesse de dénoncer la torture, ainsi que des premiers grands intellectuels opposés à la guerre d'Algérie, tels Germaine Tillion, François Mauriac ou Henri Mandouze... Des agnostiques et athées,comme les journalistes et écrivains Jean-Jacques Servan-Schreiber et Albert Camus, dénoncent aussi la torture et condamnent d'une même voix les procédés inqualifiables employés par le FLN. Ceshumanistes se distinguent en cela des militants communistes ou des«porteurs de valises» qui soutiennent le FLN, quoi qu'il fasse, et même lui prêtent la main. Amère victoire Neuf mois après avoir obtenu les pleins pouvoirs, le général Massu peut se flatter d'avoir gagné la «bataille d'Alger», mais au prix de 3.024 disparitions de suspects (selon la liste établie par Paul Teitgen), y compris des Français de métropole qui soutenaient la cause indépendantiste comme le mathématicien communiste Maurice Audin. Le FLN, exsangue, n'est guère plus en état de poursuivre ses opérations terroristes. Il se déchire qui plus est dans des querelles internes, à coup de liquidations et d'assassinats. Il poursuit la guerre contre son rival de toujours, le MNA (Mouvement National Algérien) de Messali Hadj. Le 29 mai 1957, le village de Melouza, entre Constantinois et Kabylie, coupable d'un ralliement au MNA, est attaqué par le colonel Mohamed Saïd, du FLN. 315 villageois sont massacrés à coup de pioche et de hache. Le 27 décembre 1957, Abbane Ramdane, l'un des fondateurs du MNA, est étranglé au Maroc sur ordre de son rival Abdelhafid Boussouf. Pour les successeurs de Guy Mollet à la tête du gouvernement, le moment paraît favorable à une négociation avec les éléments les plus modérés du camp ennemi. C'est alors que les Français d'Algérie et certains officiers vont faire appel augénéral de Gaulle dans l'espoir de prévenir le lâchage de l'Algérie. La«bleuite» En Algérie, les Français ont utilisé avec profit l'intoxication. Leur principal succès en ce domaine est la bleuite, d'après le surnom de l'uniforme donné aux agents du renseignement français. En 1957, pendant la «bataille d'Alger», le capitaine Paul-Alain Léger, avec l'appui du colonel Yves Godard, infiltre la willaya III d'Amirouche (l'armée insurgée des environs d'Alger) avec des prisonniers qu'il a retournés sous la contrainte et libérés. En usant de faux messages, le capitaine aide ses protégés à accéder à des postes de responsabilité au sein du groupe. Ils sont bientôt en situation de le renseigner sur les actions terroristes à Alger et même de les faire suspendre. Ils vont contribuer à l'arrestation de l'organisateur des attentats, Yacef Saadi. Lorsque son stratagème est sur le point d'être découvert, le capitaine Léger sème le trouble chez l'ennemi en répandant de fausses accusations. Amirouche, affolé, torture ses propres hommes et ceux-ci, dans l'espoir vain d'être épargnés, livrent des noms au hasard. Cette sauvage purge va faire 2.000 suppliciés dans les rangs de la willaya.
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| | | marileine moderateur
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| Sujet: Re: Un jour... une histoire... 29 janvier 1635+ 25 janvier 1785+24 janvier 1848 + autres (photos,textes) Ven 2 Oct - 13:10 | |
| [size=24]Un jour... une histoire... 5 janvier 1895[/size]
5 janvier 1895 Dégradation du capitaine Dreyfus Le 5 janvier 1895, le capitaine Alfred Dreyfus est solennellement dégradé dans la cour de l'École Militaire, à Paris. Il a été condamné au bagne à vie pour haute trahison. «Dreyfus n'a exprimé aucun regret, fait aucun aveu, malgré les preuves irrécusables de sa trahison. Il doit en conséquence être traité comme un malfaiteur endurci tout à fait indigne de pitié» peut-on lire dans le compte-rendu du Matin. L'«Affaire» proprement dite commence un an plus tard avec la découverte de faits nouveaux par le lieutenant-colonel Picquart. Elle va troubler la vie politique française pendant plusieurs décennies.
Une condamnation sans histoire L'affaire Dreyfusdébute comme une banale affaire d'espionnage militaire par la découverte d'un bordereau adressé par un officier français à l'attaché militaire de l'ambassade allemande, le major Schwartzkoppen. Madame Bastian, femme de ménage à l'ambassade, avait récupéré le bordereau le 26 septembre 1894 dans une corbeille à papier et l'avait remis au service français de contre-espionnage pour lequel elle travaillait en secret. Le soir même, le colonel Henry entrevoit dans le document la trahison d'un officier d'état-major. En l'absence du général de Boisdeffre, chef de l'état-major, le général Mercier, ministre de la Guerre, est immédiatement informé et ordonne une enquête discrète.
Général Mercier Les soupçons se tournent très vite vers le capitaine d'artillerie Alfred Dreyfus, stagiaire au deuxième bureau de l'état-major, qui a été en contact avec les différents services auxquels il est fait allusion dans le bordereau. Capitaine courageux Né à Mulhouse 35 ans plus tôt, Alfred Dreyfus appartient à la bourgeoisie alsacienne. Sa famille, d'origine israélite, est très riche. Elle s'est en partie établie en France après l'annexion de l'Alsace par l'Allemagne en 1871. Lui-même a fait ses études à l'École Polytechnique puis à l'École d'Artillerie et du Génie de Fontainebleau. Brillant officier et ardent patriote, il entre à l'École de Guerre et passe à l'état-major peu après son mariage à la synagogue avec Lucie Hadamart. Ce parcours sans faute, ainsi que sa prestance intellectuelle, sa fortune familiale et ses origines alsaciennes et israélites lui valent de nombreuses jalousies.
Alfred Dreyfus sur le bordereau au commandant Armand du Paty de Clam. Le 6 octobre 1894, celui-ci convoque Alfred Dreyfus et, sous le prétexte d'une blessure à la main, lui demande de rédiger une lettre sous sa dictée.
Armand du Paty A peine Dreyfus s'est-il exécuté que Du Paty de Clam l'accuse d'être l'auteur du fameux bordereau. Il lui tend un pistolet et lui suggère de se suicider pour échapper au déshonneur, ce à quoi Dreyfus, qui tombe des nues, se refuse. Il est aussitôt mis au secret à la prison de la rue du Cherche-Midi. Alors commence la tragédie. Sollicité par les enquêteurs, le célèbre Adolphe Bertillon, chef du service de l'identité judiciaire (et inventeur de l'identification par les empreintes digitales), confirme les soupçons du commandant du Paty de Clam, contre l'avis d'autres graphologues plus prudents mais moins prestigieux. Dreyfus est arrêté le 15 octobre 1894 sous l'inculpation de haute trahison. Il échappe à la guillotine en vertu d'une loi de la IIe République qui a aboli la peine de mort pour les crimes politiques. Le 22 décembre 1894, il est donc«seulement» condamné au bagne à vie par un tribunal militaire. Personne en France ne doute alors de sa culpabilité. Jean Jaurès lui-même s'étonne le 24 décembre, à la Chambre des députés, qu'on ne l'ait pas plutôt fusillé que banni. Beaucoup de Français pensent de même, considérant que la justice militaire est trop indulgente pour les bourgeois de sa sorte. Certains, qui plus est, commencent à se dire que l'on ne peut décidément pas faire confiance à un israélite ! Pour eux,«cosmopolitisme juif» et patriotisme sont incompatibles... Le quotidien antisémite d'Édouard Drumont, La Libre Parole, qui tire à environ 500.000 exemplaires, mais aussi La Croix, quotidien catholique de la congrégation des Assomptionnistes (170.000 exemplaires), mènent une campagne contre la présence d'officiers juifs dans l'armée. «Dans toute vilaine affaire il n'y a que des Juifs. Rien de plus facile que d'opérer un bon nettoyage», écrit le second (14 novembre 1894). Il n'y a guère que sa femme Lucie et son frère Mathieu qui persistent à croire à l'innocence du capitaine. Ils entretiennent une longue correspondance avec celui-ci, qui, sur l'île du Diable, survit dans le seul espoir de faire reconnaître la vérité. Il doit supporter les brimades de l'administration pénitentiaire à son égard (enfermement entre deux palissades pour ne pas voir la mer, enchaînement la nuit à son lit pendant plusieurs semaines, privation d'informations sur l'extérieur,...). Le doute s'installe Tout se corse en mars 1896, alors que l'opinion publique a pratiquement tout oublié de cette histoire d'espionnage. Le lieutenant-colonel Georges Picquart, qui dirige le deuxième bureau (le service de renseignements), reçoit un pneumatique (un«petit bleu»).
Georges Picquart Il révèle une correspondance entre Schwartzkoppen et un officier français d'origine hongroise, le commandant Charles Walsin-Esterhazy, joueur et passablement débauché.
Charles Walsin-Esterhazy Picquart découvre que le procès de Dreyfus s'est fondé sur un dossier secret contenant des pièces trafiquées et sans valeur. Ayant fait part de ses doutes au général de Boisdeffre, chef de l'état-major, il est réduit au silence par un limogeage en Tunisie. En octobre 1896, le colonel Henry, des services secrets, désireux d'écarter les soupçons pesant sur Esterhazy, produit un bordereau (une correspondance entre les attachés militaires allemand et italien) qui accable Dreyfus. On apprendra plus tard qu'il s'agit d'un faux document ! Entre temps, la famille du capitaine Dreyfus fait appel au journaliste Bernard-Lazare pour chercher des motifs de réviser le procès. Bernard-Lazare (31 ans), de son vrai nom Lazare Bernard, est un critique littéraire de confession israélite connu pour ses articles acerbes et ses convictions anarchistes.
Bernard Lazare Il publie en novembre 1896 une brochure : L'erreur judiciaire, la vérité sur l'affaire Dreyfus, sans rencontrer guère d'écho, sauf auprès du vieux sénateur de Strasbourg, Auguste Scheurer-Kestner. Début novembre 1897, un banquier avertit Mathieu Dreyfus qu'il a reconnu l'écriture de l'un de ses clients dans le fameux bordereau. Et ce client n'est autre que... le commandant Esterhazy. Dans le même temps, Georges Picquar t communique ses informations sur Esterhazy à un ami, l'avocat Louis Leblois, qui les transmet à Mathieu Dreyfus et Auguste Scheurer-Kestner.
Auguste Scheurer-Kestner Le 14 novembre 1897, le sénateur Scheurer-Kestner publie dans Le Temps une lettre où il annonce des faits nouveaux et assure de l'innocence de Dreyfus. Le lendemain, Mathieu Dreyfus ne s'embarrasse pas de précautions et dénonce Esterhazy comme le véritable auteur du bordereau. Le patriotisme contre les principes Le frère du condamné, Mathieu Dreyfus, le vice-président du Sénat, Scheurer-Kestner, et le député Joseph Reinach obtiennent enfin qu'Esterhazy soit traduit en conseil de guerre. Le 11 janvier 1898, Esterhazy, qui a lui-même demandé à être jugé, est triomphalement acquitté par un conseil de guerre malgré les graves présomptions qui pèsent sur lui. Contre toute attente, c'est le lieutenant-colonel Georges Picquart qui fait les frais du procès. Accusé d'avoir fabriqué le «petit bleu», il est emprisonné pendant un an au Mont-Valérien et chassé de l'armée. Le président du Conseil Jules Méline déclare un peu vite :«Il n'y a pas d'affaire Dreyfus !» En fait, l'Affaire commence. À Paris, chacun prend parti et l'Affaire prend vite un tour politique : – il y a d'un côté ceux qui considèrent qu'on ne transige pas avec les principes et que Dreyfus, comme tout citoyen a droit à un procès équitable ; ce sont les «dreyfusards». Parmi eux beaucoup de pacifistes de gauche et des chrétiens fervents comme l'écrivain Charles Péguy. – de l'autre côté, les «antidreyfusards» considèrent que l'intérêt national prime sur les droits de la personne ; en l'occurence, dans une période de crise internationale où la France n'attend qu'une occasion pour prendre sa revanche sur l'«ennemie héréditaire»(l'Allemagne), il n'est pas question de porter atteinte au moral de l'armée avec un procès en révision de Dreyfus, que celui-ci soit innocent ou pas ! L'origine israélite et bourgeoise de Dreyfus contribue à attiser les passions, l'antisémitisme venant au secours d'un patriotisme dévoyé (mais on convient avec l'historien Vincent Duclerc qu'il y aurait eu une Affaire même si Dreyfus n'avait pas été juif...).
caricature antidreyfusarde Si la capitale se passionne pour l'Affaire, la France profonde lui reste globalement indifférente malgré les efforts de Jean Jaurès, devenu dreyfusard, pour convaincre le monde ouvrier que la justice n'a pas de classe et que l'on doit défendre Dreyfus, tout bourgeois qu'il soit. Phénomène inédit : dans les capitales européennes comme à Paris, l'opinion éclairée se passionne pour le sort de Dreyfus. C'est la première fois qu'une affaire judiciaire et politique retentit au-delà des frontières nationales. Et, à la différence des Français, notons-le, les étrangers sont massivement dreyfusards. De l'Affaire à Israël Parmi les nombreuses conséquences de l'Affaire Dreyfus en France et dans le monde, notons celle-ci : Un jeune journaliste hongrois d'origine juive, Theodor Herzl, suit l'Affaire dès le premier procès de Dreyfus. Révolté par l'antisémitisme français, il en conclut à la nécessité de créer un État juif pour accueillir ses coreligionnaires et publie un livrepour les en convaincre. Israël est ainsi né de l'injustice faite à Dreyfus.
[size=24]Un jour.... une histoire... 3 janvier 1383[/size]
La révolte des Maillotins 3 janvier 1383 La révolte fiscale des Maillotins Le 3 janvier 1383, les bourgeois de Paris, exaspérés par le poids des impôts et les désordres de la cour, s'arment de maillets de plomb (d'où leur surnom de«Maillotins») et descendent dans la rue. Ils en veulent tout particulièrement aux oncles du jeune roi Charles VI, qui exercent en son nom le conseil de régence et pillent les caisses de l'État. Mais ceux-ci instaurent la loi martiale et matent la révolte. Ils suppriment en représailles la prévôté des marchands, l'équivalent de la mairie de Paris. [size=18]Embellieau royaume de France Sous le précédent règne, la France avait commencé à se remettre d'un douloureuxconflit avec les Anglais grâce à Charles V le Sage et à son connétable, le breton Bertrand Du Guesclin. Elle avait été débarrassée des Anglais, qui ne tenaient plus que cinq ports : Calais, Cherbourg, Brest, Bordeaux et Bayonne, ainsi que desGrandes Compagnies, épuisées par la guerre en Espagne. C'était le début d'une longue embellie dont témoignent les enluminures des Très riches Heures du duc de Berry. Le conflit entre les monarchies anglaise et française aurait pu s'arrêter là. Charles VI n'a pas tout à fait 12 ans quand il succède à son père, le 16 septembre 1380. Il est sacré à Reims selon l'antique coutume le 4 novembre 1380. Les habitants de la ville saluent le sacre par les cris de «Vive le roi de France ! Montjoie Saint Denis !» C'est qu'ils viennent d'apprendre, à leur grande satisfaction, qu'est confirmée la suppression des fouages décidée à la fin du règne précédent (les fouages étaient un impôt extraordinaire perçu sur chaque ménage (on dit aussi feu ou foyer). Une régence détestée Mais voilà, le roi étant encore mineur à son avènement, ses puissants oncles, Louis d'Anjou, Jean de Berry, Louis de Bourbon et Philippe de Bourgogne, assurent la régence. Ils profitent de leur pouvoir pour dilapider les ressources du royaume et instaurer de nouveaux impôts pour leur profit personnel. Plusieurs révoltes comme celle des Maillotins secouent le pays. Enfin, en 1388, le roi Charles VI reprend en main les affaires du royaume. Il chasse ses oncles prévaricateurs et rappelle les sages conseillers de son père, gens de modeste extraction, que les princes surnomment avec mépris les «Marmousets». Ce terme péjoratif désignait à l'époque les parvenus. Il vient du nom donné aux figures grotesques qui ornent les heurtoirs de portes. Le jeune roi est alors appelé par ses sujets Charles VI le Bien-Aimé. Mais, contre toute attente, son règne, l'un des plus longs de l'Histoire de France, se terminera en 1422 dans les pires calamités à cause, tout simplement, de ce qu'il sera devenu fouet inapte à exercer son autorité. Effervescence sociale dans toute l'Europe La révolte des Maillotins n'est pas un phénomène isolé en Europe. La brutale diminution de la population, après la Grande Peste de 1347, réduit la main-d'oeuvre disponible dans les campagnes et les villages. Les travailleurs de la terre et les artisans des villes en profitent pour multiplier les revendications sociales. Dans le même temps, les très grosses dépenses dues à la guerre franco-anglaise poussent les nobles et les souverains à créer de nouvelles taxes. Il s'ensuit de nombreuses révoltes sociales qui annoncent la fin du Moyen Âge. – En Angleterre, les paysans se révoltent en 1381 sous l'égide de Wat Tyler et menacent la monarchie. – En Flandre, sous la conduite de Philip Van Artevelde, les tisserands de Gand se soulèvent en 1382 contre le comte de Flandre et ses soutiens français. – En Hongrie, sous le règne du roi Sigismond, les paysans se révoltent contre les grands féodaux. Battus, ils retournent au servage... et se vengent en refusant leur concours aux seigneurs lorsque la Hongrie est envahie par les Turcs. En Europe occidentale, cependant, en marge de révoltes spectaculaires et de troubles politiques, cette époque tragique se solde par une augmentation des salaires et des revenus, ainsi que par un renforcement des droits des travailleurs. Le servage disparaît sur presque toute l'étendue du continent, les seigneurs s'efforçant de retenir la main-d'oeuvre paysanne sur leurs terres en offrant de meilleures garanties que précédemment. De la même façon, les seigneurs multiplient les franchises communales pour encourager l'activité artisanale et le commerce sur leurs terres.[/size] Un jour... une histoire... 1er janvier 1804 1er janvier 1804 Haïti devient indépendant Le dimanche 1er janvier 1804, l'île de Saint-Domingue devient indépendante au terme d'une longue et meurtrière guerre de libération. L'ancienne colonie française devient le premier État noir des Temps modernes et le deuxième État indépendant des Amériques (après les États-Unis). Elle adopte pour l'occasion le nom que lui donnaient les IndiensTaïnos avant l'arrivée deChristophe Colomb : Haïti. C'est seulement à partir de 1825 que son indépendance sera reconnue par la France et d'autres nations dites civilisées. Cruelles déconvenues Toussaint Louverture, le héros de la guerre de libération, ayant été fait prisonnier par traîtrise et envoyé au fort de Joux, dans le Jura français, c'est l'un de ses lieutenants, un ancien esclave noir du nom de Jean-Jacques Dessalines, qui prend le pays en main. L'indépendance est proclamée sur la place d'armes des Gonaïves, en présence d'une immense foule en costumes chatoyants. Dans la foulée, Jean-Jacques Dessalines reçoit de ses lieutenants le titre de gouverneur général à vie que portait Toussaint Louverture avant sa capture. Quelques mois plus tard, le 22 septembre 1804, il se désigne empereur sous le nom de Jacques 1er mais son gouvernement dégénère en une épouvantable tyrannie. Il fait périr les derniers Blancs restés sur l'île et suscite contre lui la rébellion de ses anciens lieutenants. Dans un ultime sursaut, il projette de nationaliser les terres et de les répartir entre tous les citoyens ! Il est tué dans une embuscade le 17 octobre 1806. J.J. Dessalines Rivalités entre Noirs et mulâtres C'est le début d'une lutte d'influence qui ne va plus cesser jusqu' à nos jours entre la minorité mulâtre et la majorité noire. Les mulâtres descendent des anciens affranchis. Établis dans les villes, ils possèdent ce qui reste de richesses sur l'île et se flattent de parler français. Les Noirs descendent des anciens esclaves. Beaucoup sont arrivés dans les dernières décennies du XVIIIe siècle. Ils parlent créole et pratiquent le culte vaudou). Henri Christophe, lui-même ancien esclave noir, succède à Dessalines dans le nord de l'île, cependant que le sud tombe sous la domination d'un mulâtre, Anne Alexandre Pétion. La partie orientale de l'île est quant à elle récupérée par l'Espagne en 1814... mais pour très peu de temps. Christophe devient le roi Henri 1er en 1811 avant d'être contraint au suicide en 1820. Il reste de lui les ruines émouvantes du palais de Sans-Souci, construit de 1806 à 1813, pillé à sa mort et détruit par un tremblement de terre en 1842. Ruines du Palais de Sans-souci Pétion préfère quant à lui les formes républicaines et le titre de président. Fils d'un riche planteur et d'une mulâtresse, il a combattu Toussaint Louverture dans l'armée du général Leclerc avec le grade de colonel avant de se rallier au chef insurgé. Il apporte son aide à Simon Bolívar qui, sur le continent latino-américain, mène la guerre contre la domination espagnole. À sa mort, le 29 mars 1818, un autre mulâtre lui succède à la tête de la république. C'est Jean-Pierre Boyer. Il va gouverner la république haïtienne pendant un quart de siècle, jusqu' à sa chute en 1843. Madridet Paris tirent leur révérence Jean-Pierre Boyer réunifie le territoire de l'ancienne colonie française après la mort du roi Henri 1er et rétablit un semblant de stabilité. Dans le même temps, Madrid, qui a rétabli sa souveraineté en 1814 sur la partie orientale de l'île, doit s'en retirer suite à une révolte locale. Le 30 novembre 1821, les colons blancs de l'ancienne colonie espagnole proclament leur indépendance sous le nom de Haïti espagnol. Mais Jean-Pierre Boyer ne leur laisse pas le temps de savourer l'indépendance. Il envahit le territoire et le réunit à Haïti (l'unité de l'île ne survivra pas à la chute du président, un quart de siècle plus tard). Le président haïtien doit aussi traiter avec le gouvernement français qui n'a jamais digéré la défaite de l'armée de Leclerc ni surtout le massacre des colons blancs par Jacques Dessalines. Les négociations traînent en longueur. Le 11 juillet 1825, enfin, sous la menace d'une escadre de 14 vaisseaux et 500 canons, Jean-Pierre Boyer se résigne à signer un traité avec le roi de France Charles X. Celui-ci reconnaît l'indépendance de la colonie en échange d'une indemnité de 150 millions de francs-or qui sera plus tard ramenée à 90 millions. Les Haïtiens vont l'acquitter par échéances jusqu'en 1888 ! Prenant prétexte de cette indemnité dans laquelle ils voient une forme de protectorat de la France sur Haïti, les États-Unis et les jeunes États latino-américains refusent de reconnaître la république noire (ils ne s'y résoudront qu'en 1862, sous la présidence d'Abraham Lincoln). L'année suivante, le 1er mai 1826, Jean-Pierre Boyer tente d'instaurer un nouveau Code rural en vue de faire rentrer dans les caisses de l'État les ressources indispensables au paiement de la dette. Il veut attacher les paysans à leur terre et leur imposer des quotas de livraison à l'État. Défi impossible. Les populations noires des campagnes s'indignent d'être taxées au profit de l'ancienne puissance coloniale d'autant qu'elles sont très pauvres. Sous les gouvernements précédents, en effet, les grandes et prospères plantations de canne à sucre ont été partagées entre les paysans, réduisant l'île à une agriculture de subsistance. Une révolte éclate le 27 janvier 1843 et chasse Jean-Pierre Boyer du pouvoir. La république d'Haïti sombre dès lors dans une instabilité sanglante dont elle n'est pas encore sortie.Pour la France,c'est terminé,mais il me reste "histoire du monde" et je ne sais pas où je vais la poster??? Ninnenne blog de partage
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