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| DIVERS POEMES et créations | |
| | Auteur | Message |
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marileine moderateur
Messages : 27475 Date d'inscription : 08/03/2012 Localisation : belgique
| Sujet: DIVERS POEMES et créations Jeu 19 Nov - 13:33 | |
| Le rossignol qui chante et les beaux papillonsLes papillons De toutes les belles choses Qui nous manquent en hiver, Qu’aimez-vous mieux ? Moi, les roses ; Moi, l’aspect d’un beau pré vert ; Moi, la moisson blondissante, Chevelure des sillons ; Moi, le rossignol qui chante ; Et moi, les beaux papillons ! Le papillon, fleur sans tige, Qui voltige, Que l’on cueille en un réseau ; Dans la nature infinie, Harmonie Entre la plante et l’oiseau !… Quand revient l’été superbe, Je m’en vais au bois tout seul : Je m’étends dans la grande herbe, Perdu dans ce vert linceul. Sur ma tête renversée, Là, chacun d’eux à son tour, Passe comme une pensée De poésie ou d’amour ! Gérard de Nerval. [size=18][/size] Hymne au soleil poème Hymne au soleil Je t'adore, Soleil ! ô toi dont la lumière, Pour bénir chaque front et mûrir chaque miel, Entrant dans chaque fleur et dans chaque chaumière, Se divise et demeure entière Ainsi que l'amour maternel !
Je te chante, et tu peux m'accepter pour ton prêtre, Toi qui viens dans la cuve où trempe un savon bleu Et qui choisis, souvent, quand tu veux disparaître, L'humble vitre d'une fenêtre Pour lancer ton dernier adieu !
Tu fais tourner les tournesols du presbytère, Luire le frère d'or que j'ai sur le clocher, Et quand, par les tilleuls, tu viens avec mystère, Tu fais bouger des ronds par terre Si beaux qu'on n'ose plus marcher !
Gloire à toi sur les prés! Gloire à toi dans les vignes ! Sois béni parmi l'herbe et contre les portails ! Dans les yeux des lézards et sur l'aile des cygnes ! Ô toi qui fais les grandes lignes Et qui fais les petits détails!
C'est toi qui, découpant la soeur jumelle et sombre Qui se couche et s'allonge au pied de ce qui luit, De tout ce qui nous charme as su doubler le nombre, A chaque objet donnant une ombre Souvent plus charmante que lui !
Je t'adore, Soleil ! Tu mets dans l'air des roses, Des flammes dans la source, un dieu dans le buisson ! Tu prends un arbre obscur et tu l'apothéoses ! Ô Soleil ! toi sans qui les choses Ne seraient que ce qu'elles sont ! Edmond Rostand.
[size=24]Pour me conduire au Raz poème sur la mer[/size] Pour me conduire au Raz, J'avais pris à Trogor Un berger chevelu comme un ancien Évhage Et nous foulions, humant son arome sauvage, L'âpre terre kymrique où croît le genêt d'or.
Le couchant rougissait et nous marchions encor, Lorsque le souffle amer me fouetta le visage Et l'homme, par-delà le morne paysage Étendant un long bras, me dit : Senèz Ar-Mor !
Et je vis, me dressant sur la bruyère rose, L'Océan qui, splendide et monstrueux, arrose Du sel vert de ses eaux les caps de granit noir
Et mon coeur savoura, devant l'horizon vide Que reculait vers l'Ouest l'ombre immense du soir, L'ivresse de l'espace et du vent intrépide. José Maria de Hérédia. [size=18][/size] [size] Le coin de l'amitié[/size] Le coin de l'amitié L'Amour, l'Hymen, l'Intérêt, la Folie, Aux quatre coins se disputent nos jours. L'Amitié vient compléter la partie, Mais qu'on lui fait de mauvais tours ! Lorsqu'aux plaisirs l'âme se livre entière, Notre raison ne brille qu'à moitié, Et la Folie attaque la première Le coin de l'Amitié.
Puis vient l'Amour, joueur malin et traître, Qui de tromper éprouve le besoin. En tricherie on le dit passé maître ; Pauvre Amitié gare à ton coin ! Ce dieu jaloux, dès qu'il voit qu'on l'adore, A tout soumettre aspire sans pitié. Vous cédez tout ; il veut avoir encore Le coin de l'Amitié.
L'Hymen arrive : Oh, combien on le fête ! L'Amitié seule apprête ses atours. Mais dans les soins qu'il vient nous mettre en tête Il nous renferme pour toujours. Ce dieu, chez lui, calculant à toute heure, Y laisse enfin l'Intérêt prendre pied, Et trop souvent lui donne pour demeure Le coin de l'Amitié.
Auprès de toi nous ne craignons, ma chère, Ni l'Intérêt, ni les folles erreurs. Mais, aujourd'hui, que l'Hymen et son frère, Inspirent de crainte à nos cœurs ! Dans plus d'un coin, où de fleurs ils se parent, Pour ton bonheur qu'ils règnent de moitié ; Mais que jamais, jamais ils ne s'emparent Du coin de l'Amitié. Pierre-Jean de Béranger.
[size] Le rossignol poème[/size] [size=16]Le Rossignol[/size] [size=16]Comme un vol criard d'oiseaux en émoi, Tous mes souvenirs s'abattent sur moi, S'abattent parmi le feuillage jaune De mon coeur mirant son tronc plié d'aune Au tain violet de l'eau des Regrets, Qui mélancoliquement coule auprès, S'abattent, et puis la rumeur mauvaise Qu'une brise moite en montant apaise, S'éteint par degrés dans l'arbre, si bien Qu'au bout d'un instant on n'entend plus rien, Plus rien que la voix célébrant l'Absente, Plus rien que la voix - ô si languissante! - De l'oiseau qui fut mon Premier Amour, Et qui chante encor comme au premier jour; Et, dans la splendeur triste d'une lune Se levant blafarde et solennelle, une Nuit mélancolique et lourde d'été, Pleine de silence et d'obscurité, Berce sur l'azur qu'un vent doux effleure L'arbre qui frissonne et l'oiseau qui pleure.[/size] [size=16]Paul Verlaine. [/size] [size=16][size=16][/size][/size] [size] Le haut navire apparaissait comme un archange poème[/size] Sur la Mer Larges voiles au vent, ainsi que des louanges, La proue ardente et fière et les haubans vermeils, Le haut navire apparaissait, comme un archange Vibrant d'ailes qui marcherait, dans le soleil.
La neige et l'or étincelaient sur sa carène ; Il étonnait le jour naissant, quand il glissait Sur le calme de l'eau prismatique et sereine ; Les mirages, suivant son vol, se déplaçaient.
On ne savait de quelle éclatante Norvège Le navire, jadis, avait pris son élan, Ni depuis quand, pareil aux archanges de neige, Il étonnait les flots de son miracle blanc.
Mais les marins des mers de cristal et d'étoiles Contaient son aventure avec de tels serments, Que nul n'osait nier qu'on avait vu ses voiles, Depuis toujours, joindre la mer aux firmaments.
Sa fuite au loin ou sa présence vagabonde Hallucinant les caps et les îles du Nord Et le futur des temps et le passé du monde Passaient, devant les yeux, quand on narrait son sort.
Au temps des rocs sacrés et des croyances frustes, Il avait apporté la légende et les dieux, Dans les tabliers d'or de ses voiles robustes Gonflés d'espace immense et de vent radieux.
Les apôtres chrétiens avaient nimbé de gloire Son voyage soudain, vers le pays du gel, Quand s'avançait, de promontoire en promontoire, Leur culte jeune à la conquête des autels.
Les pensers de la Grèce et les ardeurs de Rome, Pour se répandre au coeur des peuples d'Occident, S'étaient mêlés, ainsi que des grappes d'automne, A son large espalier de cordages ardents.
Et quand sur l'univers plana quatre-vingt-treize Livide et merveilleux de foudre et de combats, Le vol du temps frôla de ses ailes de braise L'orgueil des pavillons et l'audace des mâts.
Ainsi, de siècle en siècle, au cours fougueux des âges, Il emplissait d'espoir les horizons amers, Changeant ses pavillons, changeant ses équipages, Mais éternel dans son voyage autour des mers.
Et maintenant sa hantise domine encore, Comme un faisceau tressé de magiques lueurs, Les yeux et les esprits qui regardent l'aurore Pour y chercher le nouveau feu des jours meilleurs.
Il vogue ayant à bord les prémices fragiles, Ce que seront la vie et son éclair, demain, Ce qu'on a pris non plus au fond des Evangiles, Mais dans l'instinct mieux défini de l'être humain.
Ce qu'est l'ordre futur et la bonté logique, Et la nécessité claire, force de tous, Ce qu'élabore et veut l'humanité tragique Est oscillant déjà dans l'or de ses remous.
Il passe, en un grand bruit de joie et de louanges, Frôlant les quais à l'aube ou les môles le soir Et pour ses pieds vibrants et lumineux d'archange, L'immense flux des mers s'érige en reposoir.
Et c'est les mains du vent et les bras des marées Qui d'eux-mêmes, un jour, en nos havres de paix Pousseront le navire aux voiles effarées Qui nous hanta toujours, mais n'aborda jamais. Emile Verhaeren. [size=18][/size] [size] La voix d'un ami ** poème **[/size] La voix d'un ami Si tu n'as pas perdu cette voix grave et tendre Qui promenait mon âne au chemin des éclairs Où s'écoulait limpide avec les ruisseaux clairs, Éveille un peu ta voix que je voudrais entendre.
Elle manque à ma peine, elle aiderait mes jours. Dans leurs cent mille voix je ne l'ai pas trouvée. Pareille à l'espérance en d'autres temps rêvée, Ta voix ouvre une vie où l'on vivra toujours !
Souffle vers ma maison cette flamme sonore Qui seule a su répondre aux larmes de mes yeux. Inutile à la terre, approche-moi des cieux. Si l'haleine est en toi, que je l'entende encore !
Elle manque à ma peine ; elle aiderait mes jours. Dans leurs cent mille voix je ne l'ai pas trouvée. Pareille à l'espérance en d'autres temps rêvée, Ta voix ouvre une vie où l'on vivra toujours ! Marceline Desbordes-Valmore. Le Printemps en silence épanchait ses corbeilles de rosesLes roses L'air était pur, la nuit régnait sans voiles;Elle riait du dépit de l'amour Il aime l'ombre, et le feu des étoiles,En [size=18]scintillant, formait un nouveau jour.[/size] Tout s'y trompait.L'oiseau, dans le bocage,Prenait minuit pour l'heure des concerts;Et les zéphyrs, surpris de ce ramage,Plus mollement le portaient dans les airs.Tandis qu'aux champs quelques jeunes abeillesVolaient encore en tourbillons légers,Le printemps en silence épanchait ses corbeillesEt de ses doux présents embaumait nos vergers.Ô ma mère !On eût dit qu'une fête aux campagnes,Dans cette belle nuit, se célébrait tout bas;On eût dit que de loin mes plus chères compagnesMurmuraient des chansons pour attirer mes pas.J'écoutais, j'entendais couler, parmi les roses,Le ruisseau qui, baignant leurs couronnes écloses,Oppose un voile humide aux brûlantes chaleurs;Et moi, cherchant le frais sur la mousse et les fleurs. Marceline Desbordes-Valmore.Poème sur les RosesLe Vieux RosierQuand pourrai-je me reposer Dit le rosier,J'ai tant de roses, tant de roses...C'est en hiver qu'il se repose.Sait-il alors qu'il a portéLe poids léger du mois de maiSait-il encor qu'une autre annéeEn décembre il portait trois roses0 vieux rosier, ce poids léger,Accepte-le comme un poèteQui, sous la blancheur de sa tête,Voit s'épanouir la beauté !Pierre Menanteau.[size=16][/size] ---------------------------------------------------------------------------------------------------RêvesUn enfant courtAutour des marbres.Une voix sourdDes hauts parages.Les yeux si gravesDe ceux qui t’aimentSongent et passentEntre les arbres.Aux grandes orguesDe quelque gareGrande la vagueDes vieux départs.Dans un vieux rêveAu pays vagueDes choses brèvesQui meurent sages.Léon-Paul Fargue---------------------------------------------------------------------------------------------------------------Poèmes sur Enfant et ChienL'enfant et le chienUn enfant seul,Tout seul avec en mainUne belle tranche de pain.Un enfant enfant seul,Avec un chienQui le regarde comme un dieuQui tiendrait dans sa main,La clé du paradis des chiens.Un enfant seulQui mord dans sa tranche de pain,Et que le monde entierObserve pour le voir donnerAvec simplicité,Alors qu'il a très faim,La moitié de son painBien beurré à son chien.Maurice Carême.---------------------------------------------------------------------------------------------------Le Loup criaitLe loup criait sous les feuilles En crachant les belles plumes De son repas de volailles : Comme lui je me consume.Les salades, les fruits N’attendent que la cueillette ; Mais l’araignée de la haie Ne mange que des violettes.Que je dorme ! que je bouille Aux autels de Salomon. Le bouillon court sur la rouille, Et se mêle au Cédron.Arthur Rimbaud.[size=16][/size] --------------------------------------------------------------------------------------------------Nous n'avions pour eux aucune haine.Ils faisaient métier de loups comme nousFaisions métier d'hommes.Ils étaient créatures de [size=16]Dieu.[/size] Comme nous.Ils étaient nés prédateurs.Comme l'homme.Mais ils étaient restés prédateurs,Alors que l'homme était devenu destructeur.Paul-Emile Victor-------------------------------------------------------------------Conciliabule
Trois lapins, dans le crépuscule, Tenaient un long conciliabule. Le premier montrait une étoile Qui montait sur un champ d’avoine. Les autres, pattes sur les yeux, La regardaient d’un air curieux.
Puis tous trois, tête contre tête, Se parlaient d’une voix inquiète. Se posaient-ils, tout comme nous, Les mêmes questions sans réponse ? D’où venons-nous ? Où allons-nous ? Que sommes-nous ?
Pourquoi ces ronces Pourquoi dansons-nous le matin, Parmi la rosée et le thym ? Pourquoi avons-nous le cul blanc, Longues oreilles, longues dents ? Pourquoi notre nez tout le temps, Tremble-t-il comme feuille au vent ?
Pourquoi l’ombre d’un laboureur Nous fait-elle toujours si peur ? Trois lapins dans le crépuscule Tenaient un long conciliabule. Et il aurait duré longtemps Encore si une grenouille N’avait plongé soudainement Dans l’eau de lune de l’étang.
Maurice Carême.[size=16][/size] ---------------------------------------------------------------------------------------------------Tête de faune
Dans la feuillée, écrin vert taché d'or, Dans la feuillée incertaine et fleurie De [size=16]fleurs splendides où le baiser dort,Vif et crevant l'exquise broderie,Un faune effaré montre ses deux yeuxEt mord les fleurs rouges de ses dents blanches.Brunie et sanglante ainsi qu'un vin vieux,Sa lèvre éclate en rires sous les branches.Et quand il a fui - tel qu'un écureuil -Son rire tremble encore à chaque feuille,Et l'on voit épeuré par un bouvreuilLe Baiser d'or du Bois, qui se recueille.[/size]
Arthur Rimbaud.------------------------------------------------------------------------------------------------ La bonne chienneLes deux petits jouaient au fond du grand pacage ; La nuit les a surpris, une nuit d'un tel noir Qu'ils se tiennent tous deux par la main sans se voir L'opaque obscurité les enclôt dans sa cage. Que faire ? les brebis qui paissaient en bon nombre, Les chèvres, les cochons, la vache, la jument, Sont égarés ou bien muets pour le moment, Ils ne trahissent plus leur présence dans l'ombre. Puis, la vague rumeur des mauvaises tempêtes Sourdement fait gronder l'écho. Mais la bonne chienne Margot A rassemblé toutes les têtes Du grand troupeau... si bien que, derrière les bêtes, Chacun des deux petits lui tenant une oreille, Tous les trois, à pas d'escargot, Ils regagnent enfin, là-haut, Le vieux seuil où la maman veille.Maurice Rollinat.[size=16][/size] ------------------------------------------------------------------------------------------------Tel [size=16]cheval qui boit à la fontaine,[/size] Tel [size=16]cheval qui boit à la fontaine, telle feuille qui en tombant nous touche, telle main vide, ou telle bouche qui nous voudrait parler et qui ose à peine
autant de variations de la vie qui s'apaise, autant de rêves de la douleur qui somnole ô que celui dont le coeur est à l'aise, cherche la créature et la console[/size] Rainer Maria Rilke.[size=16][/size] --------------------------------------------------------------------------------------------------- | |
| | | marileine moderateur
Messages : 27475 Date d'inscription : 08/03/2012 Localisation : belgique
| Sujet: Re: DIVERS POEMES et créations Jeu 19 Nov - 13:43 | |
| L'oiseau et moi Oui, c’est avec Le bout de ses ailes trempées De rosée Qu’un oiseau envoie les baisers Qui tremblent dans son bec.
Et moi, c’est en nouant Mes bras rieurs Au cou de ma maman, Que je lui donne les baisers De l’oiseau léger Qui chante dans mon cœur.
Maurice Carême.
[size=16][/size] -------------------------------------------------------------------- Il a neigé Il a neigé dans l'aube rose Si doucement neigé Que le chaton noir croit rêver. C'est à peine s'il ose Marcher. Il a neigé dans l'aube rose , Si doucement neigé Que les choses Semblent avoir changé. Et le chaton noir n'ose S'aventurer dans le verger , Se sentant soudain étranger A cette blancheur où se posent , Comme pour le narguer, Des moineaux effrontés. Maurice Carême. [size=16][/size] ---------------------------------------------------------------------------------------------------- [size=16]L'oiseau de brume,
L'oiseau vole. L'enfant le regarde. Il agite ses bras, jouant avec le vent Mais son corps ne bouge pas. Pourtant, l'enfant s'élève quand même. Ses pieds touchent encore le sol mais son coeur est déjà dans les nuages. Il rejoint l'oiseau et tous deux volent de concert, traversant le temps et les paysages, chevauchant des chevaux de lumière, sculptant des déesses de brume, navigant sur l'aurore, Jouant avec les rires de Morphée. A table dit la mère. L'enfant atterrit. Mais l'oiseau continue de voler.
Florant Mercadier. [/size] [size=16]---------------------------------------------------------------------[/size] L'écureuil Dans le tronc d'un platane Se cache une cabane. Un petit écureuil Est assis sur le seuil. Il mange des cerises, Tricote une chemise; Recrache les noyaux, Se tricote un maillot; Attaque les noisettes, Fait des gants, des chaussettes. Qu'importe s'il fait froid ! Tant pis si vient l'hiver ! Une maille à l'endroit, Une maille à l'envers : L'écureuil, fort adroit, Se fait des pull-overs. Jean-Luc Moreau ------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Les cygnes
Sous des massifs touffus, au fond désert du parc, La colonnade antique arrondissant son arc, Dans une eau sombre encore à moitié se profile ; Et la [size=16]fleur que le pampre ou que le lierre exile Parfois brille furtive aux creux des chapiteaux. L'eau sommeille ; une mousse y fait de sourds cristaux. A peine un coin du ciel en éclaircit la moire, De sa lueur mourante où survit la mémoire Des regards clairs tournés vers des cieux éclatants. L'eau profonde ressemble à nos yeux, ces étangs Où haque siècle ajoute, avec d'obscurs mirages, Au poids de sa lourdeur l'ombre de ses ombrages. Elle dort, enfermant près du pur souvenir Le pan du bleu manteau qu'elle veut retenir ; Mais sur le ténébreux miroir qui les encadre Des cygnes familiers, éblouissante escadre, Suivent le long des bords un gracieux circuit, Et glissent lentement, en bel ordre et sans bruit, Nobles vaisseaux croisant devant un propylée, Comme un reste orgueilleux de gloire immaculée.[/size] Léon Dierx. [size=16][/size] -----------------------------------------------------------------------------------------------------Le loup vexé Un loup sous la pluie, Sous la pluie qui mouille. loup sans parapluie, pauvre loup gribouille. Est-ce qu'un loup nage Entre [size=16]chien et loup,[/size] sous l'averse en rage, un hurluberloup Le loup est vexé parce qu'on prétend que par mauvais temps un loup sous la pluie sent le [size=16]chien mouillé.[/size] Claude Roy [size=16][/size] ----------------------------------------------------------------------------------------------------C’est demain dimanche ********
Il faut apprendre à sourire même quand le temps est gris Pourquoi pleurer aujourd'hui Quand le soleil brille C'est demain la fête des amis Des grenouilles et des oiseaux des champignons des escargots n'oublions pas les insectes Les mouches et les coccinelles Et surtout à l'heure à midi j'attendrai l'arc-en-ciel violet indigo [size=16]bleu vert jaune orange et rouge et nous jouerons à la marelle[/size] Philippe Soupault.
---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Les colombes
Sur le coteau, là-bas où sont les tombes, Un beau palmier, comme un panache vert, Dresse sa tête, où le soir les colombes Viennent nicher et se mettre à couvert.
Mais le matin elles quittent les branches; Comme un collier qui s'égrène, on les voit S'éparpiller dans l'air bleu, toutes blanches, Et se poser plus loin sur quelque toit.
Mon âme est l'arbre où tous les soirs, comme elles, De blancs essaims de folles visions Tombent des cieux en palpitant des ailes, Pour s'envoler dès les premiers rayons. Théophile Gautier.
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Un enfant précoce Une lampe naquit sous la mer
Un oiseau chanta Alors dans un village reculé Une petite fille se mit à écrire Pour elle seule Le plus beau poème Elle n'avait pas appris l'orthographe Elle dessinait dans le sable Des locomotives Et des wagons pleins de soleil Elle affrontait les arbres gauchement Avec des majuscules enlacées et des cœurs Elle ne disait rien de l'amour Pour ne pas mentir Et quand le soir descendait en elle Par ses joues Elle appelait son chien doucement Et disait Et maintenant cherche ta vie. René-Guy Cadou. -------------------------------------------------------------------------------------------------- Echos forestiers
Dans ma vieille forêt, au canton des fougères, Sur un chêne tombé je m'arrête souvent ; Le regard se complaît à ces frondes légères Dont la pâle verdure oscille au moindre vent.
Sous le grand éventail dentelé de leurs palmes, S'abritent des soleils le cerf et le chevreuil, Dans le creux des ravins, si profondément calmes Qu'on entend crisser l'arbre où grimpe un écureuil.
Ces beaux arbres touffus plantés par nos ancêtres, Aux deux pentes du val jusqu'en haut s'étageant, Ont trois siècles au moins, groupes de larges hêtres Aux longs fûts d'un seul jet gris de perle ou d'argent.
Un ruisselet jaseur sous les buissons de mûres Étonne un loriot caché dans les taillis, Qui, bercé dans son nid, aux fourches des ramures, Répond en voix de flûte à son clair gazouillis.
Et mon cœur se ravive à de fraîches pensées Lorsque, de loin, je vois discrètement venir Un couple de vingt ans, les mains entrelacées, Rêvant d'un [size=16]amour pur qui ne doit pas finir.[/size]
André Lemoyne.--------------------------------------------------------------------------------------------------La musiqueLa [size=16]musique souvent me prend comme une mer Vers ma pâle étoile, Sous un plafond de brume ou dans un vaste éther, Je mets à la voile ;
La poitrine en avant et les poumons gonflés Comme de la toile, J'escalade le dos des flots amoncelés Que la nuit me voile ;
Je sens vibrer en moi toutes les passions D'un vaisseau qui souffre ; Le bon vent la tempête et ses convulsions
Sur l'immense gouffre Me bercent.[/size] D'autres fois calme plat grand miroir De mon désespoir !Charles Baudelaire.[size=16][/size] ------------------------------------------------------------------------------------------------ Ninnenne blog de partage
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