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 CREATIONS AVEC DIVERS POEMES

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marileine
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marileine


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MessageSujet: CREATIONS AVEC DIVERS POEMES   CREATIONS AVEC DIVERS POEMES Icon_minitimeVen 20 Nov - 13:52

CREATIONS AVEC DIVERS POEMES 9e3a98b6
Les chevaux.


Dans un chemin montant sablonneux, malaisé,
Et de tous les côtés au Soleil exposé,
Six forts chevaux tiraient un Coche.
Femmes, Moine Vieillards, tout était descendu.
 
L’attelage suait soufflait était rendu.
Une Mouche survient et des chevaux s’approche ;
Prétend les animer par son bourdonnement ;
Pique l’un pique l’autre et pense à tout moment
Qu’elle fait aller la machine,
S’assied sur le timon sur le nez du Cocher ;
Aussitôt que le char chemine,
Et qu’elle voit les gens marcher,
Elle s’en attribue uniquement la gloire ;
Va, vient fait l’empressée  il semble que ce soit
Un Sergent de bataille allant en chaque endroit
Faire avancer ses gens, et hâter la victoire.
La Mouche en ce commun besoin
Se plaint qu’elle agit seule, et qu’elle a tout le soin ;
Qu’aucun n’aide aux chevaux à se tirer d’affaire.
Le Moine disait son Bréviaire ;
Il prenait bien son temps ! 
Une [size=16]femme chantait ;
C’était bien de chansons qu’alors il s’agissait !
Dame Mouche s’en va chanter à leurs oreilles,
Et fait cent sottises pareilles.
Après bien du travail le Coche arrive au haut.
Respirons maintenant dit la Mouche aussitôt :
J’ai tant fait que nos gens sont enfin dans la plaine.
Çà, Messieurs les Chevaux payez-moi de ma peine.
[/size]
Ainsi certaines gens faisant les empressés,
S’introduisent dans les affaires :
Ils font partout les nécessaires,
Et partout importuns devraient être chassés.



Jean de La Fontaine
[size=16]CREATIONS AVEC DIVERS POEMES 2_35[/size]


Le petit lapin



Dans le pré qui vers l'eau dévale,
Un lapin sauvage détale.
Un saut bref un rapide élan,
Et montrant son panache blanc,
Il fuit vers la forêt prochaine.
Une touffe de marjolaine
L'arrête un peu. Faisant le guet,
Il entr'ouvre un œil inquiet,
Et seule son oreille bouge
Un bond brusque dans le foin rouge.
Et n'entendant plus aucun bruit,
Le nez au vent humant la nuit
Où déjà la lune se lève,
Assis sur son derrière il rêve.

Jeanne Marvig
[size=16]CREATIONS AVEC DIVERS POEMES Lapins-2[/size]


-------------------------------------------------------------------------------------------
Le coucher du soleil romantique


Que le soleil est beau quand tout frais il se lève,
Comme une explosion nous lançant son [size=16]bonjour !

Bienheureux celui-là qui peut avec amour
Saluer son coucher plus glorieux qu'un rêve !

Je me souviens ! J'ai vu tout, fleur, source, sillon,
Se pâmer sous son oeil comme un coeur qui palpite.
Courons vers l'horizon il est tard courons vite,
Pour attraper au moins un oblique rayon !

Mais je poursuis en vain le Dieu qui se retire ;
L'irrésistible Nuit établit son empire,
Noire humide funeste et pleine de frissons ;

Une odeur de tombeau dans les ténèbres nage,
Et mon pied peureux froisse au bord du marécage,
Des crapauds imprévus et de froids limaçons.[/size]


Charles Baudelaire.
----------------------------------------------------------------------------------------------
Les mains d'Elsa

Donne-moi tes mains pour l'inquiétude
Donne-moi tes mains dont j'ai tant rêvé
Dont j'ai tant rêvé dans ma solitude
Donne-moi tes mains que je sois sauvé

Lorsque je les prends à mon propre piège
De paume et de peur de hâte et d'émoi
Lorsque je les prends comme une eau de neige
Qui fuit de partout dans mes mains à moi

Sauras-tu jamais ce qui me traverse
Qui me bouleverse et qui m'envahit
Sauras-tu jamais ce qui me transperce
Ce que j'ai trahi quand j'ai tressailli

Ce que dit ainsi le profond langage
Ce parler muet de sens animaux
Sans bouche et sans yeux miroir sans image
Ce frémir d'aimer qui n'a pas de mots

Sauras-tu jamais ce que les doigts pensent
D'une proie entre eux un instant tenue
Sauras-tu jamais ce que leur silence
Un éclair aura connu d'inconnu

Donne-moi tes mains que mon [size=16]coeur s'y forme

S'y taise le monde au moins un moment
Donne-moi tes mains que mon âme y dorme
Que mon âme y dorme éternellement.[/size]
Louis Aragon. 
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marileine
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marileine


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MessageSujet: Re: CREATIONS AVEC DIVERS POEMES   CREATIONS AVEC DIVERS POEMES Icon_minitimeVen 20 Nov - 14:15

CREATIONS AVEC DIVERS POEMES 04559b0e


Le Cygne et le Cuisinier


Dans une ménagerie
De volatiles remplie
Vivaient le Cygne et l'Oison :
Celui-là destiné pour les regards du maître ;
Celui-ci pour son goût : l'un qui se piquait d'être
Commensal du [size=16]jardin
 l'autre, de la maison.
Des fossés du Château faisant leurs galeries,
Tantôt on les eût vus côte à côte nager,
Tantôt courir sur l'onde, et tantôt se plonger,
Sans pouvoir satisfaire à leurs vaines envies.
Un jour le Cuisinier ayant trop bu d'un coup,
Prit pour Oison le Cygne  et le tenant au cou,
Il allait l'égorger puis le mettre en potage.
L'oiseau prêt à mourir se plaint en son ramage.
Le Cuisinier fut fort surpris,
Et vit bien qu'il s'était mépris.
Quoi ? je mettrois dit-t'il un tel chanteur en soupe 
Non non ne plaise aux Dieux que jamais ma main coupe
La gorge à qui s'en sert si bien
Ainsi dans les dangers qui nous suivent en croupe
Le doux parler ne nuit de rien.



Jean de La Fontaine.
CREATIONS AVEC DIVERS POEMES Cygne
CREATIONS AVEC DIVERS POEMES 0f4b9204
Lapins

Les petits lapins dans les bois,
Folâtrent sur l'herbe arrosée
Et, comme nous le vin d'Arbois,
Ils boivent la douce rosée.

Gris foncé gris clair soupe au lait,
Ces vagabonds dont se dégage
Comme une odeur de serpolet,
Tiennent à peu près ce langage :

Nous sommes les petits lapins,
Gens étrangers à l'écriture,
Et chaussés des seuls escarpins
Que nous a donné la [size=16]nature
.

Nous sommes les petits lapins.
C'est le poil qui forme nos bottes,
Et n'ayant pas de calepins,
Nous ne prenons jamais de notes.

Et dans la bonne odeur des pins
Qu'on voit ombrageant ces clairières
Nous sommes les petits lapins
Assis sur leurs petits derrières.

Théodore de Banville.
[/size]


-------------------------------------------------------------------------------------------------
Les rayons de Novembre


De grands nuages gris estompent l’horizon
Le soleil jette à peine un regard à la terre
Les feuilles et les fleurs roulent sur le gazon
Et le torrent gonflé gronde comme un tonnerre.

Adieu le soir serein , adieu le matin clair 
Adieu le frais ombrage , adieu les folles courses 
Adieu les voix d’oiseaux qui se croisent dans l’air 
Adieu le gazouillis des buissons et des sources 

Plus de gais moissonneurs attroupés dans les blés 
Plus d’amoureux rêveurs assis sous les tonnelles 
Plus de concerts la nuit sur les flots étoilés
Dans les prés et les bois plus de parfums plus d’ailes 

Mais parfois le soleil déchirant les brouillards
Verse des lueurs d’or sur les eaux et les chaumes
Et nous croyons ouïr les oiseaux babillards
Nous respirons partout de sauvages arômes.

L’arbre nu nous paraît se rhabiller de vert 
Le vent attiédi joue avec ses rameaux souples
Et dans le creux du val de feuilles recouvert
Il nous semble encor voir errer de joyeux couples.

Ainsi que la saison des fleurs et des amours
Se sont évanouis mes rêves de jeunesse
Un nuage a passé tout à coup sur mes jours
Dérobant un soleil qui me versait l’ivresse.

Cependant quelquefois à travers mon ciel noir
Un reflet radieux glisse à mon front morose.
Alors dans le passé lumineux je crois voir
De mes bonheurs enfuis flotter l’image rose.

Et puis devant mes yeux rayonne l’avenir
L’espérance renaît dans mon âme ravie.
Et le rayon qui brille un instant sur ma vie
C’est celui que le cœur nomme le souvenir.

William Chapman .

----------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Automne


Matins frileux
Le vent se vêt de brume ;
Le vent retrousse au cou des pigeons bleus
Les plumes.
La poule appelle
Le pépiant fretin de ses poussins
Sous l’aile.
Panache au clair et glaive nu
Les lansquenets des girouettes
Pirouettent.
L’air est rugueux et cru ,

Un chat près du foyer se pelotonne ;
Et tout à coup, du coin du bois résonne,
Monotone et discord,
L’appel tintamarrant des cors
D’automne.


Emile Verhaeren.
-------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
CREATIONS AVEC DIVERS POEMES 8ee81905
Le Château de L'espérance


Ta pâle chevelure ondoie
Parmi les parfums de ta peau
Comme folâtre un blanc drapeau
Dont la soie au soleil blondoie.

Las de battre dans les sanglots
L'air d'un tambour que l'eau défonce,
Mon cœur à son passé renonce
Et déroulant ta tresse en flots,

Marche à l'assaut monte ou roule ivre
Par des marais de sang afin
De planter ce drapeau d'or fin
Sur ce sombre château de cuivre

Où larmoyant de nonchaloir,
L'Espérance rebrousse et lisse
Sans qu'un astre pâle jaillisse
La [size=16]Nuit noire comme un chat noir.
[/size]



Stéphane Mallarmé. 
-------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Dans le parc aux lointains.


Dans le parc aux lointains voilés de brume, sous 
Les grands arbres d'où tombe avec un bruit très doux 
L'adieu des feuilles d'or parmi la solitude, 
Sous le ciel pâlissant comme de lassitude, 
Nous irons, si tu veux, jusqu'au soir, à pas lents, 
Bercer l'été qui meurt dans nos coeurs indolents. 
Nous marcherons parmi les muettes allées ; 
Et cet amer parfum qu'ont les herbes foulées, 
Et ce silence, et ce grand charme langoureux 
Que verse en nous l'automne exquis et douloureux 
Et qui sort des jardins, des bois, des eaux, des arbres 
Et des parterres nus où grelottent les marbres, 
Baignera doucement notre âme tout un jour, 
Comme un mouchoir ancien qui sent encor l'amour.



Albert Samain.

CREATIONS AVEC DIVERS POEMES 6-2_8
-------------------------------------------------------------------------------------------------------
Le chat


Viens, mon beau [size=16]chat, sur mon coeur amoureux ;
Retiens les griffes de ta patte,
Et laisse-moi plonger dans tes beaux yeux,
Mêlés de métal et d’agate.[/size]
Lorsque mes doigts caressent à loisir
Ta tête et ton dos élastique,
Et que ma main s’enivre du plaisir
De palper ton corps électrique,

Je vois ma [size=16]femme en esprit. Son regard,
Comme le tien, aimable bête
Profond et froid, coupe et fend comme un dard,[/size]
Et, des pieds jusques à la tête,
Un air subtil, un dangereux parfum
Nagent autour de son corps brun.



Charles Baudelaire,
------------------------------------------------------------------
Attente


Monte, écureuil, monte au grand chêne,
Sur la branche des cieux prochaine,
Qui plie et tremble comme un jonc.
Cigogne, aux vieilles tours fidèle,
Oh ! vole et monte à tire-d'aile
De l'église à la citadelle,
Du haut clocher au grand donjon.

Vieux aigle, monte de ton aire
A la montagne centenaire
Que blanchit l'hiver éternel.
Et toi qu'en ta couche inquiète
Jamais l'aube ne vit muette,
Monte, monte, vive alouette,
Vive alouette, monte au ciel !

Et maintenant, du haut de l'arbre,
Des flèches de la tour de marbre,
Du grand mont, du ciel enflammé,
A l'horizon, parmi la brume,
Voyez-vous flotter une plume
Et courir un [size=16]cheval qui fume,

Et revenir mon bien-aimé[/size]


Victor Hugo.
-------------------------------------------------------------------
Chanson bretonne
 


J'ai perdu ma poulette


Et j'ai perdu mon chat.


Je cours à la poudrette


Si Dieu me les rendra.


 


Je vais chez Jean le Coz


Et chez Marie Maria.


Va-t'en voir chez Hérode


Peut-être il le saura.


 


Passant devant la salle


Toute la ville était là


À voir danser ma poule


Avec mon petit chat.


 


Tous les oiseaux champêtres


Sur les murs et sur les toits


Jouaient de la trompette


Pour le banquet du roi.



Max Jacob
-------------------------------------------------------------------
CREATIONS AVEC DIVERS POEMES 7363e88c
Ronde pour les enfants


Fillettes, les [size=16]fleurs sont écloses,
Dansez, courons.
Je suis ébloui par les roses
Et par vos fronts.

Chez les fleurs vous êtes les reines ;
Nous le dirons
Aux bois, aux prés, aux marjolaines,
Aux liserons.

Avec l'oiselle l'oiseau cause,
Et s'interrompt
Pour la quereller d'un bec rose,
Aux baisers prompt.

Donnez-nous, gaités éphémères,
Futurs tendrons,
Beaucoup de baisers... - A vos mères
Nous les rendrons[/size]


Victor Hugo.
 
[size=16]CREATIONS AVEC DIVERS POEMES 7_18[/size]
--------------------------------------------------------------
A une chatte


Chatte blanche, chatte sans tache,
Je te demande, dans ces vers,
Quel secret dort dans tes yeux verts,
Quel sarcasme sous ta moustache.

Tu nous lorgnes, pensant tout bas
Que nos fronts pâles, que nos lèvres
Déteintes en de folles fièvres,
Que nos yeux creux ne valent pas

Ton museau que ton nez termine,
[size=16]Rose
 comme un bouton de sein,
Tes oreilles dont le dessin
Couronne fièrement ta mine.
[/size]
Pourquoi cette sérénité
Aurais-tu la clé des problèmes
Qui nous font, frissonnant et blèmes,
Passer le printemps et l'été

Devant la [size=16]mort qui nous menace,
Chats et gens, ton flair, plus subtil
Que notre savoir, te dit-il
Où va la beauté qui s'efface,
[/size]
Où va la [size=16]pensée, où s'en vont
Les défuntes splendeurs charnelles
Chatte, détourne tes prunelles;
J'y trouve trop de noir au fond.
[/size]


Charles Cros.
[size=16]CREATIONS AVEC DIVERS POEMES 4_26[/size]
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------
La pluie

La pluie fine a mouillé toutes choses,

très doucement,et en silence

Il pleut encore un peu. 
Je vais sortir sous les arbres. 
Pieds nus, pour ne pas tacher

mes chaussures.

La pluie au printemps est délicieuse.
Les branches chargées 
de fleurs mouillées ont un parfum

qui m'étourdit.
On voit briller 
Au soleil la peau délicate des écorces.

Hélas ! que de fleurs sur la terre !

Ayez pitié des fleurs tombées.
Il ne faut pas les balayer et les

mêler dans la boue ; 
mais les conserver aux abeilles.

Les scarabées et les limaces traversent

le chemin entre les 
flaques d'eau ; je ne veux pas marcher

sur eux, ni effrayer ce 
lézard doré qui s'étire et cligne des paupières.


Pierre Louys.

------------------------------------------------------------------
Sous la pluie
Il tombe de l’eau, plic ! ploc ! plac !
Il tombe de l’eau plein mon sac.
Il pleut, ça mouille,
Et pas du vin !
Quel temps divin
Pour la grenouille !
Il tombe de l’eau, plic ! ploc ! plac !
Il tombe de l’eau plein mon sac.
Après la pluie
Viendra le vent.
En arrivant
Il vous essuie.
Il tombe de l’eau, plic ! ploc ! plac !
Il tombe de l’eau plein mon sac.


Jean Richepin.
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CREATIONS AVEC DIVERS POEMES Babb7c42
L'écureuil, le chien et le renard.


Un gentil écureuil était le camarade, 
Le tendre ami d'un beau danois. 
Un jour qu'ils voyageaient comme Oreste et Pylade, 
La nuit les surprit dans un bois. 
En ce lieu point d'auberge ; ils eurent de la peine 
À trouver où se bien coucher. 
Enfin le [size=16]chien
 se mit dans le creux d'un vieux chêne, 
Et l'écureuil plus haut grimpa pour se nicher. 
Vers minuit, c'est l'heure des crimes, 
Longtemps après que nos amis 
En se disant bon soir se furent endormis, 
Voici qu'un vieux renard affamé de victimes 
Arrive au pied de l'arbre, et, levant le museau, 
Voit l'écureuil sur un rameau. 
Il le mange des yeux, humecte de sa langue 
Ses lèvres qui de sang brûlent de s'abreuver ; 
Mais jusqu'à l'écureuil il ne peut arriver : 
Il faut donc par une harangue 
L'engager à descendre ; et voici son discours : 
Ami, pardonnez, je vous prie, 
Si de votre sommeil j'ose troubler le cours : 
Mais le pieux transport dont mon âme est remplie 
Ne peut se contenir ; je suis votre cousin Germain.
[/size]
Votre mère était sœur de feu mon digne père. 
Cet honnête homme, hélas ! à son heure dernière, 
M'a tant recommandé de chercher son neveu 
Pour lui donner moitié du peu 
Qu'il m'a laissé de bien ! Venez donc, mon cher frère,

Venez par un embrassement, 
Combler le doux plaisir que mon âme ressent. 
Si je pouvais monter jusqu'aux lieux où vous êtes, 
Oh ! J'y serais déjà, soyez-en bien certain. 
Les écureuils ne sont pas bêtes, 
Et le mien était fort malin ; 
Il reconnaît le patelin, 
Et répond d'un ton doux : je meurs d'impatience 
De vous embrasser, mon cousin ; 
Je descends : mais, pour mieux lier la connaissance, 
Je veux vous présenter mon plus fidèle ami, 
Un parent qui prit soin de nourrir mon enfance ; 
Il dort dans ce trou-là : frappez un peu ; je pense 
Que vous serez charmé de le connaître aussi. 
Aussitôt maître renard frappe, 
Croyant en manger deux : mais le fidèle [size=16]chien
 
S'élance de l'arbre, le happe, 
Et vous l'étrangle bel et bien. 
Ceci prouve deux points : d'abord, qu'il est utile 
Dans la douce amitié de placer son bonheur ; 
Puis, qu'avec de l'esprit il est souvent facile 
Au piège qu'il nous tend de surprendre un trompeur.

Jean-Pierre Claris de Florian.CREATIONS AVEC DIVERS POEMES 10_13
[/size]
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Le blason de la rose


Aux uns plaît l'azur d'une fleur
Aux autres une autre couleur :
L'un du lis de la violette,
L'autre blasonne de l'œillet
Les beautés ou d'autre fleurette
L'odeur ou le teint vermeillet :
A [size=16]moi
 sur toute fleur déclose
Plaît l'odeur de la belle rose.

J'aime à chanter de cette fleur
Le teint vermeil et la valeur,
Dont Vénus se pare et l'aurore,
De cette fleur qui a le nom
D'une que j'aime et que j'honore,
Et dont l'honneur ne sent moins bon :
J'aime sur toute fleur déclose
A chanter l'honneur de la rose.

La rose est des fleurs tout l'honneur,
Qui en grâce et divine odeur
Toutes les belles fleurs surpasse,
Et qui ne doit au soir flétrir
Comme une autre fleur qui se passe,
Mais en honneur toujours fleurir :
J'aime sur toute fleur déclose
A chanter l'honneur de la rose.

Elle ne défend à aucun
Ni sa vue ni son parfum,
Mais si de façon indiscrète
On la voulait prendre ou toucher,
C'est lors que sa pointure aigrette
Montre qu'on n'en doit approcher :
J'aime sur toute fleur déclose
A chanter l'honneur de la rose.

Jean de la Taille.
[/size]
[size=16]CREATIONS AVEC DIVERS POEMES 00_20[/size]
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------
[size=16]Chanson d'Automne[/size]


[size=16]Les sanglots longs
Des violons
De l'automne
Blessent mon coeur
D'une langueur
Monotone.[/size]
Tout suffocant
Et blême, quand
Sonne l'heure,
Je me souviens
Des jours anciens
Et je pleure;
[size=16]Et je m'en vais
Au vent mauvais
Qui m'emporte
Deçà, delà
Pareil à la
Feuille morte.
[/size]


Paul Verlaine.
[/size]
---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Rêve d'une Femme

Veux-tu recommencer la vie 
Femme, dont le front va pâlir,
Veux-tu l'enfance, encor suivie
D'anges [size=16]enfants
 pour l'embellir 
Veux-tu les baisers de ta mère
Echauffant tes jours au berceau 
Quoi , mon doux Eden éphémère 
Oh ! oui, mon Dieu ! c'était si beau 

Sous la paternelle puissance
Veux-tu reprendre un calme essor 
Et dans des parfums d'innocence
Laisser épanouir ton sort,
Veux-tu remonter le bel âge,
L'aile au vent comme un jeune oiseau 
Pourvu qu'il dure davantage,
Oh ! oui, mon Dieu ! c'était si beau!

Veux-tu rapprendre l'ignorance
Dans un livre à peine entr'ouvert :
Veux-tu ta plus vierge espérance,
Oublieuse aussi de l'hiver :
Tes frais chemins et tes colombes,
Les veux-tu jeunes comme toi ?
Si mes chemins n'ont plus de tombes,
Oh ! oui, mon Dieu , rendez-les moi

Reprends-donc de ta destinée,
L'encens, la musique, les fleurs ,
Et reviens d'année en année,
Au temps qui change tout en pleurs ;
Va retrouver l'amour, le même !
Lampe orageuse, allume-toi !
Retourner au monde où l'on aime.
O mon Sauveur ! éteignez-moi .
[/size]

Marceline Desbordes-Valmore.
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------
CREATIONS AVEC DIVERS POEMES Eb9e5887
Automne malade


Automne malade et adoré
Tu mourras quand l’ouragan soufflera dans les roseraies
Quand il aura neigé
Dans les vergers
Pauvre automne
Meurs en blancheur et en richesse
De [size=16]neige et de fruits mûrs

Au fond du ciel
Des éperviers planent
Sur les nixes nicettes aux cheveux verts et naines
Qui n’ont jamais aimé[/size]
Aux lisières lointaines
Les cerfs ont bramé
Et que j’aime ô saison que j’aime tes rumeurs
Les fruits tombant sans qu’on les cueille
Le vent et la forêt qui pleurent
Toutes leurs larmes en [size=16]automne feuille à feuille

Les feuilles
Qu’on foule
Un train
Qui roule
La vie
S’écoule[/size]


Guillaume Apollinaire.
-------------------------------------------------------------------------------------------------------------
CREATIONS AVEC DIVERS POEMES 78d25c73
Le Château du Souvenir


La main au front le pied dans l'âtre,
Je songe et cherche à revenir,
Par delà le passé grisâtre,
Au vieux château du Souvenir.

Une gaze de brume estompe
Arbres, maisons, plaines, coteaux,
Et l'oeil au carrefour qui trompe
En vain consulte les poteaux.

J'avance parmi les décombres
De tout un [size=16]monde enseveli,

Dans le mystère des pénombres,
A travers des limbes d'oubli.

Mais voici, blanche et diaphane,
La Mémoire, au bord du chemin,
Qui me remet comme Ariane,
Son peloton de fil en main.

Désormais la route est certaine ;
Le soleil voilé reparaît,
Et du château la tour lointaine
Pointe au-dessus de la forêt.

Sous l'arcade où le jour s'émousse,
De feuilles en feuilles tombant,
Le sentier ancien dans la mousse
Trace encor son étroit ruban.

Mais la ronce en travers s'enlace ;
La liane tend son filet,
Et la branche que je déplace
Revient et me donne un soufflet.

Enfin au bout de la clairière,
Je découvre du vieux manoir
Les tourelles en poivrière
Et les hauts toits en éteignoir.

Sur le comble aucune fumée
Rayant le ciel d'un bleu sillon ;
Pas une fenêtre allumée
D'une figure ou d'un rayon.

Les chaînes du pont sont brisées ;
Aux fossés la lentille d'eau
De ses taches vert-de-grisées
Étale le glauque rideau.

Des tortuosités de lierre
Pénètrent dans chaque refend,
Payant la tour hospitalière
Qui les soutient en l'étouffant.

Le porche à la lune se ronge,
Le temps le sculpte à sa façon,
Et la pluie a passé l'éponge
Sur les couleurs de mon blason.

Tout ému je pousse la porte
Qui cède et geint sur ses pivots ;
Un air froid en sort et m'apporte
Le fade parfum des caveaux.

L'ortie aux morsures aiguës,
La bardane aux larges contours,
Sous les ombelles des ciguës,
Prospèrent dans l'angle des cours.

Sur les deux chimères de marbre,
Gardiennes du perron verdi,
Se découpe l'ombre d'un arbre
Pendant mon absence grandi.

Levant leurs pattes de lionne
Elles se mettent en arrêt.
Leur regard blanc me questionne,
Mais je leur dis le mot secret.

Et je passe. Dressant sa tête,
Le vieux chien retombe assoupi,
Et mon pas sonore inquiète
L'écho dans son coin accroupi.[/size]
 
Théophile Gautier.
 
[size=16]CREATIONS AVEC DIVERS POEMES 9_8[/size]


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