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| CREATIONS AVEC DIVERS POEMES | |
| | Auteur | Message |
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marileine moderateur
Messages : 27475 Date d'inscription : 08/03/2012 Localisation : belgique
| Sujet: CREATIONS AVEC DIVERS POEMES Ven 20 Nov - 13:52 | |
| Les chevaux.Dans un chemin montant sablonneux, malaisé, Et de tous les côtés au Soleil exposé, Six forts chevaux tiraient un Coche. Femmes, Moine Vieillards, tout était descendu. L’attelage suait soufflait était rendu. Une Mouche survient et des chevaux s’approche ; Prétend les animer par son bourdonnement ; Pique l’un pique l’autre et pense à tout moment Qu’elle fait aller la machine, S’assied sur le timon sur le nez du Cocher ; Aussitôt que le char chemine, Et qu’elle voit les gens marcher, Elle s’en attribue uniquement la gloire ; Va, vient fait l’empressée il semble que ce soit Un Sergent de bataille allant en chaque endroit Faire avancer ses gens, et hâter la victoire. La Mouche en ce commun besoin Se plaint qu’elle agit seule, et qu’elle a tout le soin ; Qu’aucun n’aide aux chevaux à se tirer d’affaire. Le Moine disait son Bréviaire ; Il prenait bien son temps !
Une [size=16]femme chantait ; C’était bien de chansons qu’alors il s’agissait ! Dame Mouche s’en va chanter à leurs oreilles, Et fait cent sottises pareilles. Après bien du travail le Coche arrive au haut. Respirons maintenant dit la Mouche aussitôt : J’ai tant fait que nos gens sont enfin dans la plaine. Çà, Messieurs les Chevaux payez-moi de ma peine.[/size] Ainsi certaines gens faisant les empressés, S’introduisent dans les affaires : Ils font partout les nécessaires, Et partout importuns devraient être chassés.Jean de La Fontaine[size=16][/size] Le petit lapin Dans le pré qui vers l'eau dévale, Un lapin sauvage détale. Un saut bref un rapide élan, Et montrant son panache blanc, Il fuit vers la forêt prochaine. Une touffe de marjolaine L'arrête un peu. Faisant le guet, Il entr'ouvre un œil inquiet, Et seule son oreille bouge Un bond brusque dans le foin rouge. Et n'entendant plus aucun bruit, Le nez au vent humant la nuit Où déjà la lune se lève, Assis sur son derrière il rêve. Jeanne Marvig [size=16][/size] ------------------------------------------------------------------------------------------- Le coucher du soleil romantique Que le soleil est beau quand tout frais il se lève, Comme une explosion nous lançant son [size=16]bonjour ! Bienheureux celui-là qui peut avec amour Saluer son coucher plus glorieux qu'un rêve !
Je me souviens ! J'ai vu tout, fleur, source, sillon, Se pâmer sous son oeil comme un coeur qui palpite. Courons vers l'horizon il est tard courons vite, Pour attraper au moins un oblique rayon !
Mais je poursuis en vain le Dieu qui se retire ; L'irrésistible Nuit établit son empire, Noire humide funeste et pleine de frissons ;
Une odeur de tombeau dans les ténèbres nage, Et mon pied peureux froisse au bord du marécage, Des crapauds imprévus et de froids limaçons.[/size] Charles Baudelaire. ---------------------------------------------------------------------------------------------- Les mains d'Elsa Donne-moi tes mains pour l'inquiétude Donne-moi tes mains dont j'ai tant rêvé Dont j'ai tant rêvé dans ma solitude Donne-moi tes mains que je sois sauvé
Lorsque je les prends à mon propre piège De paume et de peur de hâte et d'émoi Lorsque je les prends comme une eau de neige Qui fuit de partout dans mes mains à moi
Sauras-tu jamais ce qui me traverse Qui me bouleverse et qui m'envahit Sauras-tu jamais ce qui me transperce Ce que j'ai trahi quand j'ai tressailli
Ce que dit ainsi le profond langage Ce parler muet de sens animaux Sans bouche et sans yeux miroir sans image Ce frémir d'aimer qui n'a pas de mots
Sauras-tu jamais ce que les doigts pensent D'une proie entre eux un instant tenue Sauras-tu jamais ce que leur silence Un éclair aura connu d'inconnu
Donne-moi tes mains que mon [size=16]coeur s'y forme S'y taise le monde au moins un moment Donne-moi tes mains que mon âme y dorme Que mon âme y dorme éternellement.[/size]
Louis Aragon.
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| | | marileine moderateur
Messages : 27475 Date d'inscription : 08/03/2012 Localisation : belgique
| Sujet: Re: CREATIONS AVEC DIVERS POEMES Ven 20 Nov - 14:15 | |
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Le Cygne et le Cuisinier
Dans une ménagerie De volatiles remplie Vivaient le Cygne et l'Oison : Celui-là destiné pour les regards du maître ; Celui-ci pour son goût : l'un qui se piquait d'être Commensal du [size=16]jardin l'autre, de la maison. Des fossés du Château faisant leurs galeries, Tantôt on les eût vus côte à côte nager, Tantôt courir sur l'onde, et tantôt se plonger, Sans pouvoir satisfaire à leurs vaines envies. Un jour le Cuisinier ayant trop bu d'un coup, Prit pour Oison le Cygne et le tenant au cou, Il allait l'égorger puis le mettre en potage. L'oiseau prêt à mourir se plaint en son ramage. Le Cuisinier fut fort surpris, Et vit bien qu'il s'était mépris. Quoi ? je mettrois dit-t'il un tel chanteur en soupe Non non ne plaise aux Dieux que jamais ma main coupe La gorge à qui s'en sert si bien Ainsi dans les dangers qui nous suivent en croupe Le doux parler ne nuit de rien.Jean de La Fontaine.Lapins
Les petits lapins dans les bois, Folâtrent sur l'herbe arrosée Et, comme nous le vin d'Arbois, Ils boivent la douce rosée.
Gris foncé gris clair soupe au lait, Ces vagabonds dont se dégage Comme une odeur de serpolet, Tiennent à peu près ce langage :
Nous sommes les petits lapins, Gens étrangers à l'écriture, Et chaussés des seuls escarpins Que nous a donné la [size=16]nature.
Nous sommes les petits lapins. C'est le poil qui forme nos bottes, Et n'ayant pas de calepins, Nous ne prenons jamais de notes.
Et dans la bonne odeur des pins Qu'on voit ombrageant ces clairières Nous sommes les petits lapins Assis sur leurs petits derrières.
Théodore de Banville.[/size] -------------------------------------------------------------------------------------------------Les rayons de Novembre
De grands nuages gris estompent l’horizon Le soleil jette à peine un regard à la terre Les feuilles et les fleurs roulent sur le gazon Et le torrent gonflé gronde comme un tonnerre.
Adieu le soir serein , adieu le matin clair Adieu le frais ombrage , adieu les folles courses Adieu les voix d’oiseaux qui se croisent dans l’air Adieu le gazouillis des buissons et des sources
Plus de gais moissonneurs attroupés dans les blés Plus d’amoureux rêveurs assis sous les tonnelles Plus de concerts la nuit sur les flots étoilés Dans les prés et les bois plus de parfums plus d’ailes
Mais parfois le soleil déchirant les brouillards Verse des lueurs d’or sur les eaux et les chaumes Et nous croyons ouïr les oiseaux babillards Nous respirons partout de sauvages arômes.
L’arbre nu nous paraît se rhabiller de vert Le vent attiédi joue avec ses rameaux souples Et dans le creux du val de feuilles recouvert Il nous semble encor voir errer de joyeux couples.
Ainsi que la saison des fleurs et des amours Se sont évanouis mes rêves de jeunesse Un nuage a passé tout à coup sur mes jours Dérobant un soleil qui me versait l’ivresse.
Cependant quelquefois à travers mon ciel noir Un reflet radieux glisse à mon front morose. Alors dans le passé lumineux je crois voir De mes bonheurs enfuis flotter l’image rose.
Et puis devant mes yeux rayonne l’avenir L’espérance renaît dans mon âme ravie. Et le rayon qui brille un instant sur ma vie C’est celui que le cœur nomme le souvenir.
William Chapman .----------------------------------------------------------------------------------------------------------------AutomneMatins frileuxLe vent se vêt de brume ;Le vent retrousse au cou des pigeons bleusLes plumes.La poule appelleLe pépiant fretin de ses poussinsSous l’aile.Panache au clair et glaive nuLes lansquenets des girouettesPirouettent.L’air est rugueux et cru , Un chat près du foyer se pelotonne ;Et tout à coup, du coin du bois résonne,Monotone et discord,L’appel tintamarrant des corsD’automne.Emile Verhaeren.-------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------Le Château de L'espéranceTa pâle chevelure ondoie Parmi les parfums de ta peau Comme folâtre un blanc drapeau Dont la soie au soleil blondoie.
Las de battre dans les sanglots L'air d'un tambour que l'eau défonce, Mon cœur à son passé renonce Et déroulant ta tresse en flots,
Marche à l'assaut monte ou roule ivre Par des marais de sang afin De planter ce drapeau d'or fin Sur ce sombre château de cuivreOù larmoyant de nonchaloir, L'Espérance rebrousse et lisse Sans qu'un astre pâle jaillisse La [size=16]Nuit noire comme un chat noir.[/size] Stéphane Mallarmé. -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------Dans le parc aux lointains.Dans le parc aux lointains voilés de brume, sous Les grands arbres d'où tombe avec un bruit très doux L'adieu des feuilles d'or parmi la solitude, Sous le ciel pâlissant comme de lassitude, Nous irons, si tu veux, jusqu'au soir, à pas lents, Bercer l'été qui meurt dans nos coeurs indolents. Nous marcherons parmi les muettes allées ; Et cet amer parfum qu'ont les herbes foulées, Et ce silence, et ce grand charme langoureux Que verse en nous l'automne exquis et douloureux Et qui sort des jardins, des bois, des eaux, des arbres Et des parterres nus où grelottent les marbres, Baignera doucement notre âme tout un jour, Comme un mouchoir ancien qui sent encor l'amour.
Albert Samain.-------------------------------------------------------------------------------------------------------Le chatViens, mon beau [size=16]chat, sur mon coeur amoureux ;Retiens les griffes de ta patte,Et laisse-moi plonger dans tes beaux yeux,Mêlés de métal et d’agate.[/size] Lorsque mes doigts caressent à loisir Ta tête et ton dos élastique, Et que ma main s’enivre du plaisir De palper ton corps électrique,Je vois ma [size=16]femme en esprit. Son regard,Comme le tien, aimable bêteProfond et froid, coupe et fend comme un dard,[/size] Et, des pieds jusques à la tête, Un air subtil, un dangereux parfum Nagent autour de son corps brun.Charles Baudelaire,------------------------------------------------------------------AttenteMonte, écureuil, monte au grand chêne, Sur la branche des cieux prochaine, Qui plie et tremble comme un jonc. Cigogne, aux vieilles tours fidèle, Oh ! vole et monte à tire-d'aile De l'église à la citadelle, Du haut clocher au grand donjon.
Vieux aigle, monte de ton aire A la montagne centenaire Que blanchit l'hiver éternel. Et toi qu'en ta couche inquiète Jamais l'aube ne vit muette, Monte, monte, vive alouette, Vive alouette, monte au ciel !
Et maintenant, du haut de l'arbre, Des flèches de la tour de marbre, Du grand mont, du ciel enflammé, A l'horizon, parmi la brume, Voyez-vous flotter une plume Et courir un [size=16]cheval qui fume,Et revenir mon bien-aimé[/size] Victor Hugo.-------------------------------------------------------------------Chanson bretonne J'ai perdu ma poulette
Et j'ai perdu mon chat.
Je cours à la poudrette
Si Dieu me les rendra.
Je vais chez Jean le Coz
Et chez Marie Maria.
Va-t'en voir chez Hérode
Peut-être il le saura.
Passant devant la salle
Toute la ville était là
À voir danser ma poule
Avec mon petit chat.
Tous les oiseaux champêtres
Sur les murs et sur les toits
Jouaient de la trompette
Pour le banquet du roi.
Max Jacob-------------------------------------------------------------------Ronde pour les enfantsFillettes, les [size=16]fleurs sont écloses,Dansez, courons.Je suis ébloui par les rosesEt par vos fronts.Chez les fleurs vous êtes les reines ;Nous le dironsAux bois, aux prés, aux marjolaines,Aux liserons.Avec l'oiselle l'oiseau cause,Et s'interromptPour la quereller d'un bec rose,Aux baisers prompt.Donnez-nous, gaités éphémères,Futurs tendrons,Beaucoup de baisers... - A vos mèresNous les rendrons[/size] Victor Hugo. [size=16][/size] --------------------------------------------------------------A une chatteChatte blanche, chatte sans tache, Je te demande, dans ces vers, Quel secret dort dans tes yeux verts, Quel sarcasme sous ta moustache.Tu nous lorgnes, pensant tout bas Que nos fronts pâles, que nos lèvres Déteintes en de folles fièvres, Que nos yeux creux ne valent pasTon museau que ton nez termine, [size=16]Rose comme un bouton de sein, Tes oreilles dont le dessin Couronne fièrement ta mine.[/size] Pourquoi cette sérénité Aurais-tu la clé des problèmes Qui nous font, frissonnant et blèmes, Passer le printemps et l'étéDevant la [size=16]mort qui nous menace, Chats et gens, ton flair, plus subtil Que notre savoir, te dit-il Où va la beauté qui s'efface,[/size] Où va la [size=16]pensée, où s'en vont Les défuntes splendeurs charnelles Chatte, détourne tes prunelles; J'y trouve trop de noir au fond.[/size] Charles Cros.[size=16][/size] --------------------------------------------------------------------------------------------------------------La pluie La pluie fine a mouillé toutes choses,très doucement,et en silence
Il pleut encore un peu. Je vais sortir sous les arbres. Pieds nus, pour ne pas tachermes chaussures.
La pluie au printemps est délicieuse. Les branches chargées de fleurs mouillées ont un parfumqui m'étourdit. On voit briller Au soleil la peau délicate des écorces.
Hélas ! que de fleurs sur la terre !Ayez pitié des fleurs tombées. Il ne faut pas les balayer et lesmêler dans la boue ; mais les conserver aux abeilles.
Les scarabées et les limaces traversentle chemin entre les flaques d'eau ; je ne veux pas marchersur eux, ni effrayer ce lézard doré qui s'étire et cligne des paupières. Pierre Louys.------------------------------------------------------------------Sous la pluieIl tombe de l’eau, plic ! ploc ! plac !Il tombe de l’eau plein mon sac.Il pleut, ça mouille,Et pas du vin !Quel temps divinPour la grenouille !Il tombe de l’eau, plic ! ploc ! plac !Il tombe de l’eau plein mon sac.Après la pluieViendra le vent.En arrivantIl vous essuie.Il tombe de l’eau, plic ! ploc ! plac !Il tombe de l’eau plein mon sac.Jean Richepin.--------------------------------------------------------------------------------------------------------L'écureuil, le chien et le renard.Un gentil écureuil était le camarade, Le tendre ami d'un beau danois. Un jour qu'ils voyageaient comme Oreste et Pylade, La nuit les surprit dans un bois. En ce lieu point d'auberge ; ils eurent de la peine À trouver où se bien coucher. Enfin le [size=16]chien se mit dans le creux d'un vieux chêne, Et l'écureuil plus haut grimpa pour se nicher. Vers minuit, c'est l'heure des crimes, Longtemps après que nos amis En se disant bon soir se furent endormis, Voici qu'un vieux renard affamé de victimes Arrive au pied de l'arbre, et, levant le museau, Voit l'écureuil sur un rameau. Il le mange des yeux, humecte de sa langue Ses lèvres qui de sang brûlent de s'abreuver ; Mais jusqu'à l'écureuil il ne peut arriver : Il faut donc par une harangue L'engager à descendre ; et voici son discours : Ami, pardonnez, je vous prie, Si de votre sommeil j'ose troubler le cours : Mais le pieux transport dont mon âme est remplie Ne peut se contenir ; je suis votre cousin Germain.[/size] Votre mère était sœur de feu mon digne père. Cet honnête homme, hélas ! à son heure dernière, M'a tant recommandé de chercher son neveu Pour lui donner moitié du peu Qu'il m'a laissé de bien ! Venez donc, mon cher frère,Venez par un embrassement, Combler le doux plaisir que mon âme ressent. Si je pouvais monter jusqu'aux lieux où vous êtes, Oh ! J'y serais déjà, soyez-en bien certain. Les écureuils ne sont pas bêtes, Et le mien était fort malin ; Il reconnaît le patelin, Et répond d'un ton doux : je meurs d'impatience De vous embrasser, mon cousin ; Je descends : mais, pour mieux lier la connaissance, Je veux vous présenter mon plus fidèle ami, Un parent qui prit soin de nourrir mon enfance ; Il dort dans ce trou-là : frappez un peu ; je pense Que vous serez charmé de le connaître aussi. Aussitôt maître renard frappe, Croyant en manger deux : mais le fidèle [size=16]chien S'élance de l'arbre, le happe, Et vous l'étrangle bel et bien. Ceci prouve deux points : d'abord, qu'il est utile Dans la douce amitié de placer son bonheur ; Puis, qu'avec de l'esprit il est souvent facile Au piège qu'il nous tend de surprendre un trompeur.
Jean-Pierre Claris de Florian.[/size] --------------------------------------------------------------------------------------------------------------Le blason de la roseAux uns plaît l'azur d'une fleur Aux autres une autre couleur : L'un du lis de la violette, L'autre blasonne de l'œillet Les beautés ou d'autre fleurette L'odeur ou le teint vermeillet : A [size=16]moi sur toute fleur déclose Plaît l'odeur de la belle rose.
J'aime à chanter de cette fleur Le teint vermeil et la valeur, Dont Vénus se pare et l'aurore, De cette fleur qui a le nom D'une que j'aime et que j'honore, Et dont l'honneur ne sent moins bon : J'aime sur toute fleur déclose A chanter l'honneur de la rose.
La rose est des fleurs tout l'honneur, Qui en grâce et divine odeur Toutes les belles fleurs surpasse, Et qui ne doit au soir flétrir Comme une autre fleur qui se passe, Mais en honneur toujours fleurir : J'aime sur toute fleur déclose A chanter l'honneur de la rose.
Elle ne défend à aucun Ni sa vue ni son parfum, Mais si de façon indiscrète On la voulait prendre ou toucher, C'est lors que sa pointure aigrette Montre qu'on n'en doit approcher : J'aime sur toute fleur déclose A chanter l'honneur de la rose.
Jean de la Taille.[/size] [size=16][/size] --------------------------------------------------------------------------------------------------------------[size=16]Chanson d'Automne[/size] [size=16]Les sanglots longs Des violons De l'automne Blessent mon coeur D'une langueur Monotone.[/size] Tout suffocantEt blême, quandSonne l'heure,Je me souviensDes jours anciensEt je pleure;[size=16]Et je m'en vais Au vent mauvais Qui m'emporte Deçà, delà Pareil à la Feuille morte.[/size] Paul Verlaine.[/size] --------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Rêve d'une Femme Veux-tu recommencer la vie Femme, dont le front va pâlir, Veux-tu l'enfance, encor suivie D'anges [size=16]enfants pour l'embellir Veux-tu les baisers de ta mère Echauffant tes jours au berceau Quoi , mon doux Eden éphémère Oh ! oui, mon Dieu ! c'était si beau
Sous la paternelle puissance Veux-tu reprendre un calme essor Et dans des parfums d'innocence Laisser épanouir ton sort, Veux-tu remonter le bel âge, L'aile au vent comme un jeune oiseau Pourvu qu'il dure davantage, Oh ! oui, mon Dieu ! c'était si beau!
Veux-tu rapprendre l'ignorance Dans un livre à peine entr'ouvert : Veux-tu ta plus vierge espérance, Oublieuse aussi de l'hiver : Tes frais chemins et tes colombes, Les veux-tu jeunes comme toi ? Si mes chemins n'ont plus de tombes, Oh ! oui, mon Dieu , rendez-les moi
Reprends-donc de ta destinée, L'encens, la musique, les fleurs , Et reviens d'année en année, Au temps qui change tout en pleurs ; Va retrouver l'amour, le même ! Lampe orageuse, allume-toi ! Retourner au monde où l'on aime. O mon Sauveur ! éteignez-moi .[/size]
Marceline Desbordes-Valmore.
-------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Automne malade Automne malade et adoré Tu mourras quand l’ouragan soufflera dans les roseraies Quand il aura neigé Dans les vergers Pauvre automne Meurs en blancheur et en richesse De [size=16]neige et de fruits mûrs Au fond du ciel Des éperviers planent Sur les nixes nicettes aux cheveux verts et naines Qui n’ont jamais aimé[/size] Aux lisières lointaines Les cerfs ont bramé Et que j’aime ô saison que j’aime tes rumeurs Les fruits tombant sans qu’on les cueille Le vent et la forêt qui pleurent Toutes leurs larmes en [size=16]automne feuille à feuille Les feuilles Qu’on foule Un train Qui roule La vie S’écoule[/size] Guillaume Apollinaire. ------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Le Château du Souvenir La main au front le pied dans l'âtre, Je songe et cherche à revenir, Par delà le passé grisâtre, Au vieux château du Souvenir.
Une gaze de brume estompe Arbres, maisons, plaines, coteaux, Et l'oeil au carrefour qui trompe En vain consulte les poteaux.
J'avance parmi les décombres De tout un [size=16]monde enseveli, Dans le mystère des pénombres, A travers des limbes d'oubli.
Mais voici, blanche et diaphane, La Mémoire, au bord du chemin, Qui me remet comme Ariane, Son peloton de fil en main.
Désormais la route est certaine ; Le soleil voilé reparaît, Et du château la tour lointaine Pointe au-dessus de la forêt.
Sous l'arcade où le jour s'émousse, De feuilles en feuilles tombant, Le sentier ancien dans la mousse Trace encor son étroit ruban.
Mais la ronce en travers s'enlace ; La liane tend son filet, Et la branche que je déplace Revient et me donne un soufflet.
Enfin au bout de la clairière, Je découvre du vieux manoir Les tourelles en poivrière Et les hauts toits en éteignoir.
Sur le comble aucune fumée Rayant le ciel d'un bleu sillon ; Pas une fenêtre allumée D'une figure ou d'un rayon.
Les chaînes du pont sont brisées ; Aux fossés la lentille d'eau De ses taches vert-de-grisées Étale le glauque rideau.
Des tortuosités de lierre Pénètrent dans chaque refend, Payant la tour hospitalière Qui les soutient en l'étouffant.
Le porche à la lune se ronge, Le temps le sculpte à sa façon, Et la pluie a passé l'éponge Sur les couleurs de mon blason.
Tout ému je pousse la porte Qui cède et geint sur ses pivots ; Un air froid en sort et m'apporte Le fade parfum des caveaux.
L'ortie aux morsures aiguës, La bardane aux larges contours, Sous les ombelles des ciguës, Prospèrent dans l'angle des cours.
Sur les deux chimères de marbre, Gardiennes du perron verdi, Se découpe l'ombre d'un arbre Pendant mon absence grandi.
Levant leurs pattes de lionne Elles se mettent en arrêt. Leur regard blanc me questionne, Mais je leur dis le mot secret.
Et je passe. Dressant sa tête, Le vieux chien retombe assoupi, Et mon pas sonore inquiète L'écho dans son coin accroupi.[/size] Théophile Gautier. [size=16][/size] ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------, Ninnenne blog de partage
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