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| Nouveaux poèmes de différents auteurs | |
| | Auteur | Message |
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marileine moderateur
Messages : 27475 Date d'inscription : 08/03/2012 Localisation : belgique
| Sujet: Nouveaux poèmes de différents auteurs Mer 7 Sep - 12:00 | |
| Les fleurs Oh ! de l'air ! des parfums ! des [size=18]fleurs pour me nourrir ! Il semble que les fleurs alimentent ma vie ; Mais elles vont mourir..Ah ! je leur porte envie : Mourir jeune, au soleil, Dieu ! que c'est bien mourir ! Pour éteindre une fleur il faut moins qu'un orage : Moi, je sais qu'une larme effeuille le bonheur. À la fleur qu'on va fuir qu'importé un long courage ? Heureuse, elle succombe à son premier malheur ! Roseaux moins fortunés, les vents, dans leur furie, Vous outragent longtemps sans briser votre sort ; Ainsi, roseau qui marche en sa gloire flétrie, L'homme achète longtemps le bienfait de la mort ! Et moi, je veux des fleurs pour appuyer ma vie ; A leurs frêles parfums j'ai de quoi me nourrir : Mais elles vont mourir..Ah ! je leur porte envie ; Mourir jeune, au soleil, Dieu ! que c'est bien mourir ![/size] Marceline Desbordes-Valmore. [size=18][/size] Les deux amitiés Il est deux Amitiés comme il est deux Amours. L'une ressemble à l'imprudence; Faite pour l'âge [size=18]heureux dont elle a l'ignorance, C'est une enfant qui rit toujours. Bruyante, naïve, légère, Elle éclate en transports joyeux. Aux préjugés du monde indocile, étrangère, Elle confond les rangs et folâtre avec eux. L'instinct du cœur est sa science, Et son guide est la confiance. L'enfance ne sait point haïr; Elle ignore qu'on peut trahir. Si l'ennui dans ses yeux on l'éprouve à tout âge Fait rouler quelques pleurs, L'Amitié les arrête, et couvre ce nuage D'un nuage de fleurs. On la voit s'élancer près de l'enfant qu'elle aime, Caresser la douleur sans la comprendre encor, Lui jeter des bouquets moins riants qu'elle-même, L'obliger à la fuite et reprendre l'essor. C'est elle, ô ma première amie ! Dont la chaîne s'étend pour nous unir toujours. Elle embellit par toi l'aurore de ma vie, Elle en doit embellir encor les derniers jours. Oh ! que son empire est aimable ! Qu'il répand un charme ineffable Sur la jeunesse et l'avenir, Ce doux reflet du souvenir ! Ce rêve pur de notre enfance En a prolongé l'innocence; L'Amour, le temps, l'absence, le malheur, Semblent le respecter dans le fond de mon cœur. Il traverse avec nous la saison des orages, Comme un rayon du ciel qui nous guide et nous luit : C'est, ma chère, un jour sans nuages Qui prépare une douce nuit. L'autre Amitié, plus grave, plus austère, Se donne avec lenteur, choisit avec mystère; Elle observe en silence et craint de s'avancer; Elle écarte les fleurs, de peur de s'y blesser. Choisissant la raison pour conseil et pour guide, Elle voit par ses yeux et marche sur ses pas : Son abord est craintif, son regard est timide; Elle attend, et ne prévient pas.
Marceline Desbordes-Valmore.[/size] A la promenade poème de P. VerlaineA la promenade
Le ciel si pâle et les arbres si grêles Semblent [size=18]sourire à nos costumes clairs Qui vont flottant légers avec des airs De nonchalance et des mouvements d'ailes. Et le vent doux ride l'humble bassin, Et la lueur du soleil qu'atténue L'ombre des bas tilleuls de l'avenue Nous parvient bleue et mourante à dessein. Trompeurs exquis et coquettes charmantes, Coeurs tendres mais affranchis du serment, Nous devisons délicieusement, Et les amants lutinent les amantes De qui la main imperceptible sait Parfois donner un souffle qu'on échange Contre un baiser sur l'extrême phalange Du petit doigt, et comme la chose est Immensément excessive et farouche, On est puni par un regard très sec, Lequel contraste, au demeurant, avec La moue assez clémente de la bouche.[/size] P.Verlaine.
Un jardin sous mes mots poème de Francis Etienne SicardUn jardin sous mes mots Roses, jasmins, iris, lilas, volubilis, Cerisiers du Japon et jeunes arbousiers, Colorant le matin de leurs chants printaniers Adornent mon jardin de vivants ex libris. Abeilles et frelons s’y disputant les lys, Piétinent les pistils sans aucune pitié, Alors que, s’échappant des pages d’un herbier, Un [size=18]papillon de nuit dévore un myosotis.[/size] Solitaire et pensif, un arôme somnole Sous le dais argenté d’un antique olivier, Dont l’ombre de satin imite l’Acropole. Dans mon jardin aussi, le soleil a planté Une pure fontaine, comme un encrier, Où je plonge ma plume et bois l’éternité. Francis Etienne Sicard. Il fait beau aujourd'hui poème de Douglas MallochIl fait beau aujourd'hui Bien sûr que la vie est remplie de misères, Je n'ai jamais dit le contraire. Je sais que j'en ai eu ma part à éteindre Et que j'ai mille raisons de me plaindre. Contre moi vents et orages se sont unis; Et combien de fois le ciel a été gris! Les épines et les ronces m'ont piqué, À gauche, à droite, et ailleurs aussi. Mais, pour dire toute la vérité, Fait-il assez beau aujourd'hui! À quoi sert de toujours brailler Et de rabâcher les soucis d'hier? À quoi sert de ressasser le passé Et, au printemps, de parler de l'hiver? Un chacun doit avoir ses tribulations Et mettre de l'eau dans son vin. La vie n'est certes constante célébration. Des soucis? Bien sûr, j'ai eu les miens. Mais il faut bien le voir aussi: Il fait diablement beau aujourd'hui! C'est aujourd'hui que je vis, Et non pas il y a un mois. T'en as, t'en as pas, tu donnes et tu prends Selon qu'en décide le moment. Hier, un nuage de chagrin A bien assombri mon chemin. Demain, il pleuvra peut-être À casser les carreaux de fenêtres, Mais faut le dire, puisque c'est ainsi: Fait-il assez beau aujourd'hui! Douglas Malloch. [size=13][size=13][/size][/size] Le petit lapin poèmeLe petit Lapin
Dans le pré qui vers l'eau dévale, Un lapin sauvage détale. Un saut bref, un rapide élan, Et montrant son panache blanc, Il fuit vers la forêt prochaine. Une touffe de marjolaine L'arrête un peu. Faisant le guet, Il entr'ouvre un œil inquiet, Et, seule, son oreille bouge Un bond brusque dans le foin [size=18]rouge. Et, n'entendant plus aucun bruit,[/size] Le nez au vent, humant la nuit Où déjà la lune se lève, Assis sur son derrière, il rêve. Jeanne Marvig. [size=18][/size] [size=24]Le Château du souvenir poème de Théophile GautierLe Château du SouvenirLa main au front, le pied dans l'âtre, Je songe et cherche à revenir, Par delà le passé grisâtre, Au vieux château du Souvenir. Une gaze de brume estompe Arbres, maisons, plaines, coteaux, Et l'oeil au carrefour qui trompe En vain consulte les poteaux. J'avance parmi les décombres De tout un [size=18]monde enseveli,Dans le mystère des pénombres,A travers des limbes d'oubli.Mais voici, blanche et diaphane,La Mémoire, au bord du chemin,Qui me remet, comme Ariane,Son peloton de fil en main.Désormais la route est certaine ;Le soleil voilé reparaît,Et du château la tour lointainePointe au-dessus de la forêt.Sous l'arcade où le jour s'émousse,De feuilles, en feuilles tombant,Le sentier ancien dans la mousseTrace encor son étroit rubanMais la ronce en travers s'enlace ;La liane tend son filet,Et la branche que je déplaceRevient et me donne un soufflet.Enfin au bout de la clairière,Je découvre du vieux manoirLes tourelles en poivrièreEt les hauts toits en éteignoir.Sur le comble aucune fuméeRayant le ciel d'un bleu sillon ;Pas une fenêtre alluméeD'une figure ou d'un rayon.Les chaînes du pont sont brisées ;Aux fossés la lentille d'eauDe ses taches vert-de-griséesÉtale le glauque rideau.Des tortuosités de lierrePénètrent dans chaque refend,Payant la tour hospitalièreQui les soutient en l'étouffant.Le porche à la lune se ronge,Le temps le sculpte à sa façon,Et la pluie a passé l'épongeSur les couleurs de mon blason.Tout ému, je pousse la porteQui cède et geint sur ses pivots ;Un air froid en sort et m'apporteLe fade parfum des caveaux.L'ortie aux morsures aiguës,La bardane aux larges contours,Sous les ombelles des ciguës,Prospèrent dans l'angle des cours.Sur les deux chimères de marbre,Gardiennes du perron verdi,Se découpe l'ombre d'un arbrePendant mon absence grandi.Levant leurs pattes de lionneElles se mettent en arrêt.Leur regard blanc me questionne,Mais je leur dis le mot secret.Et je passe. - Dressant sa tête,Le vieux chien retombe assoupi,Et mon pas sonore inquièteL'écho dans son coin accroupi.[/size] Théophile Gautier.Le temps perdu très beau poèmeLe temps perduSi peu d’oeuvres pour tant de fatigue et d’ennui ! De stériles soucis notre journée est pleine : Leur meute sans pitié nous chasse à perdre haleine, Nous pousse, nous dévore, et l’heure utile a fui…Demain ! J’irai demain voir ce pauvre [size=18]chez lui, Demain je reprendrai ce livre ouvert à peine, Demain je te dirai, mon âme, où je te mène, Demain je serai juste et fort… pas aujourd’hui.
[/size] Aujourd’hui, que de soins, de pas et de visites ! Oh ! L’implacable essaim des devoirs parasites Qui pullulent autour de nos tasses de thé !Ainsi chôment le [size=18]coeur, la pensée et le livre, Et, pendant qu’on se tue à différer de vivre, Le vrai devoir dans l’ombre attend la volonté.[/size] René-François Sully Prudhomme, [size=18][/size] Il fait froid très beau poème de Victor HugoIl fait froid L’hiver blanchit le dur chemin Tes jours aux méchants sont en proie. La bise mord ta douce main ; La haine souffle sur ta joie. La [size=18]neige emplit le noir sillon. La lumière est diminuée… Ferme ta porte à l’aquilon ! Ferme ta vitre à la nuée ![/size] Et puis laisse ton coeur ouvert ! Le coeur, c’est la sainte fenêtre. Le soleil de brume est couvert ; Mais [size=18]Dieu va rayonner peut-être ![/size] Doute du bonheur, fruit mortel ; Doute de l’homme plein d’envie ; Doute du prêtre et de l’autel ; Mais crois à l’amour, ô ma vie ! Crois à l’amour, toujours entier, Toujours brillant sous tous les voiles ! A l’amour, tison du foyer ! A l’amour, rayon des étoiles ! Aime, et ne désespère pas. Dans ton âme, où parfois je passe, Où mes vers chuchotent tout bas, Laisse chaque chose à sa place. La fidélité sans ennui, La paix des vertus élevées, Et l’indulgence pour autrui, Eponge des fautes lavées. Dans ta [size=18]pensée où tout est beau, Que rien ne tombe ou ne recule. Fais de ton amour ton flambeau. On s’éclaire de ce qui brûle.[/size] A ces démons d’inimitié Oppose ta [size=18]douceur sereine, Et reverse leur en pitié Tout ce qu’ils t’ont vomi de haine.[/size] La haine, c’est l’hiver du coeur. Plains-les ! mais garde ton courage. Garde ton [size=18]sourire vainqueur ; Bel arc-en-ciel, sors de l’orage ![/size] Garde ton amour éternel. L’hiver, l’astre éteint-il sa flamme ? [size=18]Dieu ne retire rien du ciel ; Ne retire rien de ton âme ![/size] Victor Hugo. [size=18][/size] Les cygnes blancs très beau poèmeLes cygnes blancs Les cygnes blancs, dans les canaux des villes mortes,Parmi l'eau pâle où les vieux murs sont décalquésAvec des noirs usés d'estampes et d'eaux-fortes,Les cygnes vont comme du songe entre les quais.Et le soir, sur les eaux doucement remuées,Ces cygnes imprévus, venant on ne sait d'où,Dans un chemin lacté d'astres et de nuéesMangent des fleurs de lune en allongeant le cou.Or ces cygnes, ce sont des âmes de naguèresQui n'ont vécu qu'à peine et renaîtront plus tard,Poètes s'apprenant aux silences de l'art,Qui s'épurent encore en ces blancs sanctuaires,Poètes décédés enfants, sans avoir puFleurir avec des pleurs une gloire et des nimbes,Ames qui reprendront leur oeuvre interrompuEt demeurent dans ces canaux comme en des limbes !Mais les cygnes royaux sentant la mort venirSe mettront à chanter parmi ces eaux plaintivesEt leur voix presque humaine ira meurtrir les rivesD'un air de commencer plutôt que de finir...Car dans votre agonie, ô grands oiseaux insignes,Ce qui chante déjà c'est l'âme s'évadantD'enfants-poètes qui vont revivre en gardantQuelque chose de vous, les ancêtres, les cygnes Georges Rodenbach. Il fait Novembre en mon âme poèmeIl fait Novembre en mon âmeRayures d'eau, longues feuilles couleur de brique, Par mes plaines d'éternité comme il en tombe ! Et de la pluie et de la pluie et la réplique D'un gros vent boursouflé qui gonfle et qui se bombe Et qui tombe, rayé de pluie en de la pluie. Il fait novembre en mon âme Feuilles couleur de ma douleur, comme il en tombe ! Par mes plaines d'éternité, la pluie Goutte à goutte, depuis quel temps, s'ennuie, Il fait novembre en mon âme Et c'est le vent du Nord qui clame Comme une bête dans mon âme. Feuilles couleur de lie et de douleur, Par mes plaines et mes plaines comme il en tombe ; Feuilles couleur de mes douleurs et de mes pleurs, Comme il en tombe sur mon coeur ! Avec des loques de nuages, Sur son pauvre oeil d'aveugle S'est enfoncé, dans l'ouragan qui meugle, Le vieux soleil aveugle. Il fait novembre en mon âme Quelques osiers en des mares de limon veule Et des cormorans d'encre en du brouillard, Et puis leur cri qui s'entête, leur morne cri Monotone, vers l'infini ! Il fait novembre en mon âme Une barque pourrit dans l'eau, Et l'eau, elle est d'acier, comme un couteau, Et des saules vides flottent, à la dérive, Lamentables, comme des trous sans dents en des gencives. Il fait novembre en mon âme Il fait novembre et le vent brame Et c'est la pluie, à l'infini, Et des nuages en voyages Par les tournants au loin de mes parages Il fait novembre en mon âme Et c'est ma bête à moi qui clame, Immortelle, dans mon âme !Emile Verhaeren.Très beau poéme sur la femme La BéatriceDans des terrains cendreux, calcinés, sans verdure, Comme je me plaignais un jour à la [size=18]nature, Et que de ma pensée, en vaguant au hasard, J'aiguisais lentement sur mon coeur le poignard, Je vis en plein midi descendre sur ma tête Un nuage funèbre et gros d'une tempête, Qui portait un troupeau de démons vicieux, Semblables à des nains cruels et curieux. A me considérer froidement ils se mirent, Et, comme des passants sur un fou qu'ils admirent, Je les entendis rire et chuchoter entre eux, En échangeant maint signe et maint clignement d'yeux Contemplons à loisir cette caricature Et cette ombre d'Hamlet imitant sa posture, Le regard indécis et les cheveux au vent. N'est-ce pas grand'pitié de voir ce bon vivant, Ce gueux, cet histrion en vacances, ce drôle, Parce qu'il sait jouer artistement son rôle, Vouloir intéresser au chant de ses douleurs Les aigles, les grillons, les ruisseaux et les fleurs, Et même à nous, auteurs de ces vieilles rubriques, Réciter en hurlant ses tirades publiques ? J'aurais pu mon orgueil aussi haut que les monts Domine la nuée et le cri des démons Détourner simplement ma tête souveraine, Si je n'eusse pas vu parmi leur troupe obscène, Crime qui n'a pas fait chanceler le soleil ! La reine de mon coeur au regard non pareil, Qui riait avec eux de ma sombre détresse Et leur versait parfois quelque sale caresse.
[/size] Charles Baudelaire .Superbes couchers de SoleilLes Soleils d' AutomneAux jours où les feuilles jaunissent, Aux jours où les soleils finissent, Hélas ! nous voici revenus ; Le temps n’est plus, ma-bien-aimée, Où sur la pelouse embaumée Tu posais tes pieds blancs et nus. L’herbe que la pluie a mouillée Se traîne frileuse et souillée ; On n’entend plus de joyeux bruits Sortir des gazons et des mousses ; Les châtaigniers aux branches rousses Laissent au vent tomber leurs fruits. Sur les coteaux aux pentes chauves, De longs groupes d’arbustes fauves Dressent leurs rameaux amaigris ; Dans la forêt qui se dépouille, Les bois ont des teintes de rouille ; L’astre est voilé, le ciel est gris. Cependant, sous les vitres closes, Triste de la chute des roses, Il n’est pas temps de s’enfermer ; Toute fleur n’est pas morte encore ; Un beau jour, une [size=18]belle auroreAu ciel, demain, peut s’allumer.[/size] La terre, ô ma frileuse amie ! Ne s’est point encore endormie Du morne sommeil de l’hiver… Vois ! la lumière est revenue : Le soleil, entr’ouvrant la nue, Attiédit les moiteurs de l’air. Sous la lumière molle et sobre De ces soleils calmes d’octobre, Par les bois je voudrais errer ! L’automne a de tièdes délices : Allons sur les derniers calices, Ensemble, allons les respirer ! Je sais dans la forêt prochaine, Je sais un site au pied du chêne Où le vent est plus doux qu’ailleurs ; Où l’eau, qui fuit sous les ramures, Échange de charmants murmures Avec l’abeille, avec les fleurs. Dans ce lieu plein d’un charme agreste, Où pour rêver souvent je reste, Veux-tu t’asseoir, veux-tu venir ? Veux-tu, sur les mousses jaunies, Goûter les pâles harmonies De la saison qui va finir ? Partons ! et, ma main dans la tienne, Qu’à mon bras ton bras se soutienne ! Des bois si l’humide vapeur Te fait frissonner sous ta mante, Pour réchauffer ta main charmante Je la poserai sur mon cœur. Et devant l’astre qui décline, Debout sur la froide colline, Et ton beau front penché sur moi, Tu sentiras mille [size=18]pensées,Des herbes, des feuilles froisséesEt des bois morts, monter vers toi.[/size] Et devant la terne verdure, Songeant qu’ici-bas rien ne dure, Que tout passe, fleurs et beaux jours, A cette nature sans flamme Tu pourras comparer, jeune âme, Mon cœur, pour toi brûlant toujours ! Mon cœur, foyer toujours le même, Foyer vivant, foyer qui t’aime, Que ton regard fait resplendir ! Que les saisons, que les années, Que l’âpre vent des destinées Ne pourront jamais refroidir ! Et quand, noyés de brume et d’ombre, Nous descendrons le coteau sombre, Rayon d’amour, rayon d’espoir, Un sourire, ô ma bien-aimée ! Jouera sur ta lèvre embaumée Avec les derniers feux du soir.Auguste Lacaussade.[size=18][/size] Les nénuphars fleurs des eaux engourdiesLes nénuphars
Nénuphars blancs, ô lys des eaux limpides, Neige montant du [size=18]fond de leur azur, Qui, sommeillant sur vos tiges humides, Avez besoin, pour dormir, d'un lit pur ; Fleurs de pudeur, oui ! vous êtes trop fières Pour vous laisser cueillir et vivre après. Nénuphars blanc, dormez sur vos rivières, Je ne vous cueillerai jamais ! Nénuphars blancs, ô fleurs des eaux rêveuses, Si vous rêvez, à quoi donc rêvez-vous ?... Car pour rêver il faut être amoureuses, Il faut avoir le coeur pris... ou jaloux ; Mais vous, ô fleurs que l'eau baigne et protège, Pour vous, rêver c'est aspirer le frais ! Nénuphars blancs, dormez dans votre neige ! Je ne vous cueillerai jamais ! Nénuphars blancs, fleurs des eaux engourdies Dont la blancheur fait froid aux coeurs ardents, Qui vous plongez dans vos eaux détiédies Quand le soleil y luit, Nénuphars blancs ! Restez cachés aux anses des rivières, Dans les brouillards, sous les saules épais... Des fleurs de Dieu vous êtes les dernières ! Je ne vous cueillerai jamais !
[/size] Jules Barbey D'Aurevilly.Les coccinelles bêtes à bon Dieu[/size] La coccinelle
Elle me dit : Quelque chose Me tourmente. Et j'aperçus Son cou de neige, et, dessus, Un petit insecte rose. J'aurais dû - mais, sage ou fou, A seize ans on est farouche, Voir le baiser sur sa bouche Plus que l'insecte à son cou. On eût dit un coquillage ; Dos rose et taché de noir. Les fauvettes pour nous voir Se penchaient dans le feuillage. Sa bouche franche était là : Je me courbai sur la belle, Et je pris la coccinelle ; Mais le baiser s'envola. Fils, apprends comme on me nomme, Dit l'insecte du ciel bleu, Les bêtes sont au bon Dieu, Mais la bêtise est à l'homme.
[size] Victor Hugo.[/size] [size] Ô beau rosier du paradisÔ beau rosier du paradis, Beau rosier aux milliers de roses, Qui dans les parfums resplendis, Et dans la lumière reposes; Ô beau rosier du jardin clos, Beau rosier aux roses altières, Qui sur l'herbe étends les réseaux Que font tes ombres familières; Au tour de qui, toutes tremblantes, De l'Occident à l'Orient, Ces humbles et douces servantes Glissent et tournent lentement, Jusques à l'heure solennelle Où la nuit, à pas clandestins, Étendant ses voiles sur elles, Les confond toutes dans son sein.
Charles Van Lerberghe. [size=18][/size] La pluieLa pluie Longue comme des fils sans fin, la longue pluie Interminablement, à travers le jour gris, Ligne les carreaux verts avec ses longs fils gris, Infiniment, la pluie, la longue pluie, la pluie. Elle s'effile ainsi, depuis hier soir, Des haillons mous qui pendent, Au ciel maussade et noir. Elle s'étire, patiente et lente, Sur les chemins, depuis hier soir, Sur les chemins et les venelles, Continuelle. Au long des lieues, Qui vont des champs vers les banlieues, Par les routes interminablement courbées, Passent, peinant, suant, fumant, En un profil d'enterrement, Les attelages, bâches bombées ; Dans les ornières régulières Parallèles si longuement Qu'elles semblent, la nuit, se joindre au firmament, L'eau dégoutte, pendant des heures ; Et les arbres pleurent et les demeures, Mouillés qu'ils sont de longue pluie, Tenacement, indéfinieLes rivières, à travers leurs digues pourries, Se dégonflent sur les prairies, Où flotte au loin du foin noyé ; Le vent gifle aulnes et noyers ; Sinistrement, dans l'eau jusqu'à mi-corps, De grands boeufs noirs beuglent vers les cieux tors ;Le soir approche avec ses ombres Dont les plaines et les taillis s'encombrent, Et c'est toujours la pluie, la longue pluie Fine et dense, comme la suie, la longue pluie La pluie et ses fils identiques Et ses ongles systématiques tissent le vêtement, Maille à maille, de dénoument, Pour les maisons et les enclos Des villages gris et vieillots : Linges et chapelets de loques qui s'éffiloquent, Au long de bâtons droits ; Bleus colombiers collés au toit ; Carreaux, avec, sur leur vitre sinistre, Un emplâtre de papier bistre ; Logis dont les gouttières régulières Forment des croix sur des pignons de pierre ; Moulins plantés uniformes et mornes, Sur leur butte, comme des cornes Clochers et chapelles voisines, la pluie, la longue pluie, Pendant l'hiver, les assassine,la pluie, La longue pluie avec ses longs fils gris. Avec ses cheveux d'eau, avec ses rides, La longue pluie des vieux pays, Éternelle et torpide .Emile Verhaeren.Au bord de la merAu bord de la merPrès de la mer, sur un de ces rivages Où chaque année, avec les doux zéphyrs, On voit passer les abeilles volages Qui, bien souvent, n’apportent que soupirs, Nul ne pouvait résister à leurs charmes, Nul ne pouvait braver ces yeux vainqueurs Qui font couler partout beaucoup de larmes Et qui partout prennent beaucoup de coeurs. Quelqu’un pourtant se riait de leurs chaînes, Son seul amour, c’était la liberté, Il méprisait l’Amour et la Beauté. Tantôt, debout sur un roc solitaire, Il se penchait sur les flots écumeux Et sa pensée, abandonnant la terre Semblait percer les mystères des cieux. Tantôt, courant sur l’arène marine, Il poursuivait les grands oiseaux de mer, Imaginant sentir dans sa poitrine La Liberté pénétrer avec l’air. Et puis le soir, au moment où la lune Traînait sur l’eau l’ombre des grands rochers, Il voyait à travers la nuit brune Deux yeux amis sur sa face attachés. Quand il passait près des salles de danse, Qu’il entendait l’orchestre résonner, Et, sous les pieds qui frappaient en cadence Quand il sentait la terre frissonner Il se disait: Que le monde est frivole!” Qu’avez-vous fait de votre liberté! Ce n’est pour vous qu’une vaine parole, Hommes sans coeur, vous êtes sans fierté! Pourtant un jour, il y porta ses pas Ce qu’il y vit, je ne le saurais dire Mais sur les monts il ne retourna pas. Guy de Maupassant.[size=24][/size] à suivre Ninnenne blog de partage [/size] | |
| | | marileine moderateur
Messages : 27475 Date d'inscription : 08/03/2012 Localisation : belgique
| Sujet: Re: Nouveaux poèmes de différents auteurs Jeu 8 Sep - 13:19 | |
| Printemps Voici donc les longs jours, lumière, amour, délire ! Voici le printemps ! mars, avril au doux sourire, Mai fleuri, juin brûlant, tous les beaux mois amis ! Les peupliers, au bord des fleuves endormis, Se courbent mollement comme de grandes palmes ; L’oiseau palpite au fond des bois tièdes et calmes ; Il semble que tout rit, et que les arbres verts Sont joyeux d’être ensemble et se disent des vers. Le jour naît couronné d’une aube fraîche et tendre ; Le soir est plein d’amour ; la nuit, on croit entendre, A travers l’ombre immense et sous le ciel béni, Quelque chose d’heureux chanter dans l’infini. Victor Hugo. [size=18][/size] Premier sourire de printemps Tandis qu’à leurs œuvres perverses Les hommes courent haletants, Mars qui rit, malgré les averses, Prépare en secret le printemps. Pour les petites pâquerettes, Sournoisement lorsque tout dort, II repasse des collerettes Et cisèle des boutons-d’or. Dans le verger et dans la vigne, II s’en va, furtif perruquier, Avec une houppe de cygne, Poudrer à frimas l’amandier. La nature au lit se repose ; Lui, descend au jardin désert Et lace les boutons de rose Dans leur corset de velours vert. Tout en composant des solfèges Qu’aux merles il siffle à mi-voix, II sème aux prés les perce-neige Et les violettes au bois. Sur le cresson de la fontaine Où le cerf boit, l’oreille au guet, De sa main cachée il égrène Les grelots d’argent du muguet. Sous l’herbe, pour que tu la cueilles, II met la fraise au teint vermeil, Et te tresse un chapeau de feuilles Pour te garantir du soleil. Puis, lorsque sa besogne est faite, Et que son règne va finir, Au seuil d’avril tournant la tête, II dit : « Printemps, tu peux venir ! » Théophile Gautier. [size=18][/size] [size=24]L'Amour maternel poèmeL'Amour maternelFait d'héroïsme et de clémence,Présent toujours au moindre appel,Qui de nous peut dire où commence,Où finit l'amour maternel ?Il n'attend pas qu'on le mérite,Il plane en deuil sur les ingrats ;Lorsque le père déshérite,La mère laisse ouverts ses bras ;Son crédule dévouement resteQuand les plus vrais nous ont menti,Si téméraire et si modesteQu'il s'ignore et n'est pas senti.Pour nous suivre il monte ou s'abîme,À nos revers toujours égal,Ou si profond ou si sublimeQue, sans maître, il est sans rival :Est-il de retraite plus douceQu'un sein de mère, et quel abriRecueille avec moins de secousseUn cœur fragile endolori ?Quel est l'ami qui sans colèreSe voit pour d'autres négligé ?Qu'on méconnaît sans lui déplaire,Si bon qu'il n'en soit affligé ?Quel ami dans un précipiceNous joint sans espoir de retour,Et ne sent quelque sacrificeOù la mère ne sent qu'amour ?Lequel n'espère un avantageDes échanges de l'amitié ?Que de fois la mère partageEt ne garde pas sa moitié !Ô mère, unique DanaïdeDont le zèle soit sans déclin,Et qui, sans maudire le vide,Y penche un grand cœur toujours plein !René-François Sully Prudhomme. [size=18][/size] Le Loup moraliste Poème de VoltaireLe Loup moralisteUn loup, à ce que dit l’histoire, Voulut donner un jour des leçons à son fils, Et lui graver dans la mémoire, Pour être honnête loup, de beaux et bons avis. Mon fils, lui disait-il, dans ce désert sauvage, A l’ombre des forêts vous passez vos jours ; Vous pourrez cependant avec de petits ours Goûter les doux plaisirs qu’on permet à votre âge. Contentez-vous du peu que j’amasse pour vous, Point de larcin : menez une innocente vie ; Point de mauvaise compagnie ; Choisissez pour amis les plus honnêtes loups ; Ne vous démentez point, soyez toujours le même ; Ne satisfaites point vos appétits gloutons : Mon fils, jeûnez plutôt l’avent et le carême, Que de sucer le sang des malheureux moutons ; Car enfin, quelle barbarie, Quels crimes ont commis ces innocents agneaux ? Au reste, vous savez qu’il y va de la vie : D’énormes chiens défendent les troupeaux. Hélas ! Je m’en souviens, un jour votre grand-père Pour apaiser sa faim entra dans un hameau. Dès qu’on s’en aperçut : O bête carnassière ! Au loup ! s’écria-t-on ; l’un s’arme d’un hoyau, L’autre prend une fourche ; et mon père eût beau faire, Hélas ! Il y laissa sa peau : De sa témérité ce fut le salaire. Sois sage à ses dépens, ne suis que la vertu, Et ne sois point battant, de peur d’être battu. Si tu m’aimes, déteste un crime que j’abhorre. Le petit vit alors dans la gueule du loup De la laine, et du sang qui dégouttait encore : Il se mit à rire à ce coup. Comment, petit fripon, dit le loup en colère, Comment, vous riez des avis Que vous donne ici votre père ? Tu seras un vaurien, va, je te le prédis : Quoi ! Se moquer déjà d’un conseil salutaire ! L’autre répondit en riant : Votre exemple est un bon garant ; Mon père, je ferai ce que je vous vois faire. Tel un prédicateur sortant d’un bon repas Monte dévotement en chaire, Et vient, bien fourré, gros et gras, Prêcher contre la bonne chère.Voltaire. Le petit chat blanc poème de Claude RoyLe petit chat blancUn petit chat blanc qui faisait semblant d'avoir mal aux dents disait en miaulant :Souris mon amie j'ai bien du souci. Le docteur m'a dit : Tu seras guérisi entre tes dents tu mets un moment délicatement la queue d'une souris.Très obligeamment souris bonne enfant s'approcha du chat qui se la mangea.MoralitéLes bons sentiments ont l'inconvénient d'amener souvent de graves ennuis aux petits enfants comme-z-aux souris.Claude Roy.[size=18][/size] L'enfance Poème de Gérard de NervalL' enfanceQu'ils étaient doux ces jours de mon enfance Où toujours gai, sans soucis, sans chagrin, je coulai ma douce existence, Sans songer au lendemain. Que me servait que tant de connaissances A mon esprit vinssent donner l'essor, On n'a pas besoin des sciences, Lorsque l'on vit dans l'âge d'or ! Mon coeur encore tendre et novice, Ne connaissait pas la noirceur, De la vie en cueillant les fleurs, Je n'en sentais pas les épines, Et mes caresses enfantines Étaient pures et sans aigreurs. Croyais-je, exempt de toute peine Que, dans notre vaste univers, Tous les maux sortis des enfers, Avaient établi leur domaine ?
Nous sommes loin de l'heureux temps Règne de Saturne et de Rhée, Où les vertus, les fléaux des méchants, Sur la terre étaient adorées, Car dans ces heureuses contrées Les hommes étaient des enfants. Gérard de Nerval. Dans la vie hélas trop de gens s'ennuient poèmeDans leur vie hélas, trop de gens s’ennuientEt n’espèrent plus grand-chose de leur vieDe ce temps qu’ils pourraient passer à aimer Ils le passent malheureusement à s’ennuyer.Je me demande à quoi ils rêvaient étant enfants Faisaient-ils de beaux rêves étant adolescents?N’ont-ils jamais développé une passion?N’avaient-ils pas un seul moyen d’évasion?La vie, ce n’est pas seulement travaillerY’a des moments ou il faut s’amuser.Aussi explorer nos possibilités humaines,Agir, faire souvent des choses qu’on aime.Car, une personne heureuse après toutA-t-elle vraiment beaucoup plus que nous?Elle n’a pas nécessairement plus d’argent,Ne dispose pas de beaucoup plus de temps.On pourrait obtenir ce qui nous plait tant,Mais, serions-nous plus heureux pour autant?Mieux vaut faire la paix avec nous-même,Nous répéter souvent, que oui on s’aime.Être heureux, c’est une définition de l’esprit.On pourrait tous être heureux dans notre vieSi on s’attardait moins sur nos faiblessesSi on admirait plutôt nos belles richesses.Beaucoup de gens un jour, sont devenus heureux, Parce qu’ils ont cessé ce jour-là de penser à eux. Claude Marcel Breault. Le Cheval PoèmeLe Cheval
Le Cheval s'étant voulu venger du CerfDe tout temps les chevaux ne sont nés pour les hommes.Lorsque le genre humain de gland se contentait,Âne,Cheval ,et Mule, aux forêts habitait ;Et l'on ne voyait point, comme au siècle où nous sommes,Tant de selles et tant de bâts,Tant de harnois pour les combats,Tant de chaises, tant de carrosses,Comme aussi ne voyait-on pasTant de festins et tant de noces.Or un Cheval eut alors différentAvec un Cerf plein de vitesse,Et ne pouvant l'attraper en courant,Il eut recours à l'Homme, implora son adresse.L'Homme lui mit un frein, lui sauta sur le dos,Ne lui donna point de reposQue le Cerf ne fût pris, et n'y laissât la vie ;Et cela fait, le Cheval remercieL'Homme son bienfaiteur, disant : Je suis à vous ;Adieu. Je m'en retourne en mon séjour sauvage.- Non pas cela, dit l'Homme ; il fait meilleur chez nous :Je vois trop quel est votre usage.Demeurez donc ; vous serez bien traité.Et jusqu'au ventre en la litière.Hélas ! que sert la bonne chèreQuand on n'a pas la liberté ?Le Cheval s'aperçut qu'il avait fait folie ;Mais il n'était plus temps : déjà son écurieÉtait prête et toute bâtie.Il y mourut en traînant son lien.Sage s'il eût remis une légère offense.Quel que soit le plaisir que cause la vengeance,C'est l'acheter trop cher, que l'acheter d'un bienSans qui les autres ne sont rien.
Jean de La Fontaine. à suivre sur nouvelle page Ninnenne blog de partage [/size] | |
| | | marileine moderateur
Messages : 27475 Date d'inscription : 08/03/2012 Localisation : belgique
| Sujet: Re: Nouveaux poèmes de différents auteurs Jeu 8 Sep - 13:19 | |
| Printemps Voici donc les longs jours, lumière, amour, délire ! Voici le printemps ! mars, avril au doux sourire, Mai fleuri, juin brûlant, tous les beaux mois amis ! Les peupliers, au bord des fleuves endormis, Se courbent mollement comme de grandes palmes ; L’oiseau palpite au fond des bois tièdes et calmes ; Il semble que tout rit, et que les arbres verts Sont joyeux d’être ensemble et se disent des vers. Le jour naît couronné d’une aube fraîche et tendre ; Le soir est plein d’amour ; la nuit, on croit entendre, A travers l’ombre immense et sous le ciel béni, Quelque chose d’heureux chanter dans l’infini. Victor Hugo. [size=18][/size] Premier sourire de printemps Tandis qu’à leurs œuvres perverses Les hommes courent haletants, Mars qui rit, malgré les averses, Prépare en secret le printemps. Pour les petites pâquerettes, Sournoisement lorsque tout dort, II repasse des collerettes Et cisèle des boutons-d’or. Dans le verger et dans la vigne, II s’en va, furtif perruquier, Avec une houppe de cygne, Poudrer à frimas l’amandier. La nature au lit se repose ; Lui, descend au jardin désert Et lace les boutons de rose Dans leur corset de velours vert. Tout en composant des solfèges Qu’aux merles il siffle à mi-voix, II sème aux prés les perce-neige Et les violettes au bois. Sur le cresson de la fontaine Où le cerf boit, l’oreille au guet, De sa main cachée il égrène Les grelots d’argent du muguet. Sous l’herbe, pour que tu la cueilles, II met la fraise au teint vermeil, Et te tresse un chapeau de feuilles Pour te garantir du soleil. Puis, lorsque sa besogne est faite, Et que son règne va finir, Au seuil d’avril tournant la tête, II dit : « Printemps, tu peux venir ! » Théophile Gautier. [size=18][/size] [size=24]L'Amour maternel poèmeL'Amour maternelFait d'héroïsme et de clémence,Présent toujours au moindre appel,Qui de nous peut dire où commence,Où finit l'amour maternel ?Il n'attend pas qu'on le mérite,Il plane en deuil sur les ingrats ;Lorsque le père déshérite,La mère laisse ouverts ses bras ;Son crédule dévouement resteQuand les plus vrais nous ont menti,Si téméraire et si modesteQu'il s'ignore et n'est pas senti.Pour nous suivre il monte ou s'abîme,À nos revers toujours égal,Ou si profond ou si sublimeQue, sans maître, il est sans rival :Est-il de retraite plus douceQu'un sein de mère, et quel abriRecueille avec moins de secousseUn cœur fragile endolori ?Quel est l'ami qui sans colèreSe voit pour d'autres négligé ?Qu'on méconnaît sans lui déplaire,Si bon qu'il n'en soit affligé ?Quel ami dans un précipiceNous joint sans espoir de retour,Et ne sent quelque sacrificeOù la mère ne sent qu'amour ?Lequel n'espère un avantageDes échanges de l'amitié ?Que de fois la mère partageEt ne garde pas sa moitié !Ô mère, unique DanaïdeDont le zèle soit sans déclin,Et qui, sans maudire le vide,Y penche un grand cœur toujours plein !René-François Sully Prudhomme. [size=18][/size] Le Loup moraliste Poème de VoltaireLe Loup moralisteUn loup, à ce que dit l’histoire, Voulut donner un jour des leçons à son fils, Et lui graver dans la mémoire, Pour être honnête loup, de beaux et bons avis. Mon fils, lui disait-il, dans ce désert sauvage, A l’ombre des forêts vous passez vos jours ; Vous pourrez cependant avec de petits ours Goûter les doux plaisirs qu’on permet à votre âge. Contentez-vous du peu que j’amasse pour vous, Point de larcin : menez une innocente vie ; Point de mauvaise compagnie ; Choisissez pour amis les plus honnêtes loups ; Ne vous démentez point, soyez toujours le même ; Ne satisfaites point vos appétits gloutons : Mon fils, jeûnez plutôt l’avent et le carême, Que de sucer le sang des malheureux moutons ; Car enfin, quelle barbarie, Quels crimes ont commis ces innocents agneaux ? Au reste, vous savez qu’il y va de la vie : D’énormes chiens défendent les troupeaux. Hélas ! Je m’en souviens, un jour votre grand-père Pour apaiser sa faim entra dans un hameau. Dès qu’on s’en aperçut : O bête carnassière ! Au loup ! s’écria-t-on ; l’un s’arme d’un hoyau, L’autre prend une fourche ; et mon père eût beau faire, Hélas ! Il y laissa sa peau : De sa témérité ce fut le salaire. Sois sage à ses dépens, ne suis que la vertu, Et ne sois point battant, de peur d’être battu. Si tu m’aimes, déteste un crime que j’abhorre. Le petit vit alors dans la gueule du loup De la laine, et du sang qui dégouttait encore : Il se mit à rire à ce coup. Comment, petit fripon, dit le loup en colère, Comment, vous riez des avis Que vous donne ici votre père ? Tu seras un vaurien, va, je te le prédis : Quoi ! Se moquer déjà d’un conseil salutaire ! L’autre répondit en riant : Votre exemple est un bon garant ; Mon père, je ferai ce que je vous vois faire. Tel un prédicateur sortant d’un bon repas Monte dévotement en chaire, Et vient, bien fourré, gros et gras, Prêcher contre la bonne chère.Voltaire. Le petit chat blanc poème de Claude RoyLe petit chat blancUn petit chat blanc qui faisait semblant d'avoir mal aux dents disait en miaulant :Souris mon amie j'ai bien du souci. Le docteur m'a dit : Tu seras guérisi entre tes dents tu mets un moment délicatement la queue d'une souris.Très obligeamment souris bonne enfant s'approcha du chat qui se la mangea.MoralitéLes bons sentiments ont l'inconvénient d'amener souvent de graves ennuis aux petits enfants comme-z-aux souris.Claude Roy.[size=18][/size] L'enfance Poème de Gérard de NervalL' enfanceQu'ils étaient doux ces jours de mon enfance Où toujours gai, sans soucis, sans chagrin, je coulai ma douce existence, Sans songer au lendemain. Que me servait que tant de connaissances A mon esprit vinssent donner l'essor, On n'a pas besoin des sciences, Lorsque l'on vit dans l'âge d'or ! Mon coeur encore tendre et novice, Ne connaissait pas la noirceur, De la vie en cueillant les fleurs, Je n'en sentais pas les épines, Et mes caresses enfantines Étaient pures et sans aigreurs. Croyais-je, exempt de toute peine Que, dans notre vaste univers, Tous les maux sortis des enfers, Avaient établi leur domaine ?
Nous sommes loin de l'heureux temps Règne de Saturne et de Rhée, Où les vertus, les fléaux des méchants, Sur la terre étaient adorées, Car dans ces heureuses contrées Les hommes étaient des enfants. Gérard de Nerval. Dans la vie hélas trop de gens s'ennuient poèmeDans leur vie hélas, trop de gens s’ennuientEt n’espèrent plus grand-chose de leur vieDe ce temps qu’ils pourraient passer à aimer Ils le passent malheureusement à s’ennuyer.Je me demande à quoi ils rêvaient étant enfants Faisaient-ils de beaux rêves étant adolescents?N’ont-ils jamais développé une passion?N’avaient-ils pas un seul moyen d’évasion?La vie, ce n’est pas seulement travaillerY’a des moments ou il faut s’amuser.Aussi explorer nos possibilités humaines,Agir, faire souvent des choses qu’on aime.Car, une personne heureuse après toutA-t-elle vraiment beaucoup plus que nous?Elle n’a pas nécessairement plus d’argent,Ne dispose pas de beaucoup plus de temps.On pourrait obtenir ce qui nous plait tant,Mais, serions-nous plus heureux pour autant?Mieux vaut faire la paix avec nous-même,Nous répéter souvent, que oui on s’aime.Être heureux, c’est une définition de l’esprit.On pourrait tous être heureux dans notre vieSi on s’attardait moins sur nos faiblessesSi on admirait plutôt nos belles richesses.Beaucoup de gens un jour, sont devenus heureux, Parce qu’ils ont cessé ce jour-là de penser à eux. Claude Marcel Breault. Le Cheval PoèmeLe Cheval
Le Cheval s'étant voulu venger du CerfDe tout temps les chevaux ne sont nés pour les hommes.Lorsque le genre humain de gland se contentait,Âne,Cheval ,et Mule, aux forêts habitait ;Et l'on ne voyait point, comme au siècle où nous sommes,Tant de selles et tant de bâts,Tant de harnois pour les combats,Tant de chaises, tant de carrosses,Comme aussi ne voyait-on pasTant de festins et tant de noces.Or un Cheval eut alors différentAvec un Cerf plein de vitesse,Et ne pouvant l'attraper en courant,Il eut recours à l'Homme, implora son adresse.L'Homme lui mit un frein, lui sauta sur le dos,Ne lui donna point de reposQue le Cerf ne fût pris, et n'y laissât la vie ;Et cela fait, le Cheval remercieL'Homme son bienfaiteur, disant : Je suis à vous ;Adieu. Je m'en retourne en mon séjour sauvage.- Non pas cela, dit l'Homme ; il fait meilleur chez nous :Je vois trop quel est votre usage.Demeurez donc ; vous serez bien traité.Et jusqu'au ventre en la litière.Hélas ! que sert la bonne chèreQuand on n'a pas la liberté ?Le Cheval s'aperçut qu'il avait fait folie ;Mais il n'était plus temps : déjà son écurieÉtait prête et toute bâtie.Il y mourut en traînant son lien.Sage s'il eût remis une légère offense.Quel que soit le plaisir que cause la vengeance,C'est l'acheter trop cher, que l'acheter d'un bienSans qui les autres ne sont rien.
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