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| Nouveaux poèmes de différents auteurs | |
| | Auteur | Message |
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marileine moderateur
Messages : 27475 Date d'inscription : 08/03/2012 Localisation : belgique
| Sujet: Nouveaux poèmes de différents auteurs Ven 11 Nov - 11:08 | |
| La tortue et les deux canardsLa Tortue et les deux Canards Une Tortue était, à la tête légère, Qui, lasse de son trou, voulut voir le pays, Volontiers on fait cas d'une terre étrangère : Volontiers gens boiteux haïssent le logis. Deux Canards à qui la commère Communiqua ce beau dessein, Lui dirent qu'ils avaient de quoi la satisfaire : Voyez-vous ce large chemin ? Nous vous voiturerons, par l'air, en Amérique, Vous verrez mainte République, Maint Royaume, maint peuple, et vous profiterez Des différentes moeurs que vous remarquerez. Ulysse en fit autant. On ne s'attendait guère De voir Ulysse en cette affaire. La Tortue écouta la proposition. Marché fait, les oiseaux forgent une machine Pour transporter la pèlerine. Dans la gueule en travers on lui passe un bâton. Serrez bien, dirent-ils ; gardez de lâcher prise. Puis chaque Canard prend ce bâton par un bout. La Tortue enlevée on s'étonne partout De voir aller en cette guise L'animal lent et sa maison, Justement au milieu de l'un et l'autre Oison. Miracle, criait-on. Venez voir dans les nues Passer la Reine des Tortues. - La Reine. Vraiment oui. Je la suis en effet ; Ne vous en moquez point. Elle eût beaucoup mieux fait De passer son chemin sans dire aucune chose ; Car lâchant le bâton en desserrant les dents, Elle tombe, elle crève aux pieds des regardants. Son indiscrétion de sa perte fut cause. Imprudence, babil, et sotte vanité, Et vaine curiosité, Ont ensemble étroit parentage. Ce sont enfants tous d'un lignage. Jean de La Fontaine. Automne poèmeAutomne Vois ce fruit, chaque jour plus tiède et plus vermeil, Se gonfler doucement aux regards du soleil ! Sa sève, à chaque instant plus riche et plus féconde, L'emplit, on le dirait, de volupté profonde. Sous les feux d'un soleil invisible et puissant, Notre coeur est semblable à ce fruit mûrissant. De sucs plus abondants chaque jour il enivre, Et, maintenant mûri, il est heureux de vivre. L'automne vient : le fruit se vide et va tomber, Mais sa gaine est vivante et demande à germer. L'âge arrive, le coeur se referme en silence, Mais, pour l'été promis, il garde sa semence. Ondine Valmore.Le coucher de soleil romantiqueLe coucher du soleil romantique Que le soleil est beau quand tout frais il se lève,Comme une explosion nous lançant son bonjour !Bienheureux celui-là qui peut avec amourSaluer son coucher plus glorieux qu'un rêve ! Je me souviens !J'ai vu tout, fleur, source, sillon,Se pâmer sous son oeil comme un coeur qui palpite...Courons vers l'horizon, il est tard, courons vite,Pour attraper au moins un oblique rayon ! Mais je poursuis en vain le Dieu qui se retire ;L'irrésistible Nuit établit son empire,Noire, humide, funeste et pleine de frissons ; Une odeur de tombeau dans les ténèbres nage,Et mon pied peureux froisse, au bord du marécage,Des crapauds imprévus et de froids limaçons Charles Baudelaire. Ninnenne blog de partage
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| | | marileine moderateur
Messages : 27475 Date d'inscription : 08/03/2012 Localisation : belgique
| Sujet: Re: Nouveaux poèmes de différents auteurs Ven 11 Nov - 11:50 | |
| Poème sur la pluieBrumes et pluies Ô fins d'automne, hivers, printemps trempés de boue, Endormeuses saisons ! je vous aime et vous loue D'envelopper ainsi mon coeur et mon cerveau D'un linceul vaporeux et d'un vague tombeau. Dans cette grande plaine où l'autan froid se joue, Où par les longues nuits la girouette s'enroue, Mon âme mieux qu'au temps du tiède renouveau Ouvrira largement ses ailes de corbeau. Rien n'est plus doux au coeur plein de choses funèbres, Et sur qui dès longtemps descendent les frimas, Ô blafardes saisons, reines de nos climats, Que l'aspect permanent de vos pâles ténèbres, Si ce n'est, par un soir sans lune, deux à deux, D'endormir la douleur sur un lit hasardeux. Charles Baudelaire. Novembre poèmeNovembre Captif de l'hiver dans ma chambre Et las de tant d'espoirs menteurs, Je vois dans un ciel de novembre, Partir les derniers migrateurs. Ils souffrent bien sous cette pluie ; Mais, au pays ensoleillé, Je songe qu'un rayon essuie Et réchauffe l'oiseau mouillé. Mon âme est comme une fauvette Triste sous un ciel pluvieux ; Le soleil dont sa joie est faite Est le regard de deux beaux yeux ; Mais loin d'eux elle est exilée ; Et, plus que ces oiseaux, martyr, Je ne puis prendre ma volée Et n'ai pas le droit de partir. François Coppée. Poème sur les loupsLe loup moraliste Un loup, à ce que dit l’histoire,Voulut donner un jour des leçons à son fils,Et lui graver dans la mémoire,Pour être honnête loup, de beaux et bons avis.« Mon fils, lui disait-il, dans ce désert sauvage,A l’ombre des forêts vous passez vos jours ;Vous pourrez cependant avec de petits oursGoûter les doux plaisirs qu’on permet à votre âge.Contentez-vous du peu que j’amasse pour vous,Point de larcin : menez une innocente vie ;Point de mauvaise compagnie ;Choisissez pour amis les plus honnêtes loups ;Ne vous démentez point, soyez toujours le même ;Ne satisfaites point vos appétits gloutons :Mon fils, jeûnez plutôt l’avent et le carême,Que de sucer le sang des malheureux moutons ;Car enfin, quelle barbarie,Quels crimes ont commis ces innocents agneaux ?Au reste, vous savez qu’il y va de la vie :D’énormes chiens défendent les troupeaux.Hélas ! Je m’en souviens, un jour votre grand-pèrePour apaiser sa faim entra dans un hameau.Dès qu’on s’en aperçut : O bête carnassière !Au loup ! s’écria-t-on ; l’un s’arme d’un hoyau,L’autre prend une fourche ; et mon père eût beau faire,Hélas ! Il y laissa sa peau :De sa témérité ce fut le salaire.Sois sage à ses dépens, ne suis que la vertu,Et ne sois point battant, de peur d’être battu.Si tu m’aimes, déteste un crime que j’abhorre. »Le petit vit alors dans la gueule du loupDe la laine, et du sang qui dégouttait encore :Il se mit à rire à ce coup.Comment, petit fripon, dit le loup en colère,Comment, vous riez des avisQue vous donne ici votre père ?Tu seras un vaurien, va, je te le prédis :Quoi ! Se moquer déjà d’un conseil salutaire !L’autre répondit en riant :Votre exemple est un bon garant ;Mon père, je ferai ce que je vous vois faire. Tel un prédicateur sortant d’un bon repasMonte dévotement en chaire,Et vient, bien fourré, gros et gras,Prêcher contre la bonne chère. Voltaire. Novembre PoèmeNovembre Je te rencontre un soir d'automne, Un soir frais, rose et monotone. Dans le parc oublié, personne. Toutes les chansons se sont tues : J'ai vu grelotter les statues, Sous tant de feuilles abattues. Tu es perverse. Mais qu'importe La complainte pauvre qu'apporte Le vent froid par-dessous la porte. Fille d'automne tu t'étonnes De mes paroles monotones... Il nous reste à vider les tonnes. Charles Cros. La jeune fille poèmeLa jeune fille. Brune à la taille svelte, aux grands yeux noirs, brillants, À la lèvre rieuse, aux gestes sémillants, Blonde aux yeux bleus rêveurs, à la peau rose et blanche, La jeune fille plaît : ou réservée ou franche, Mélancolique ou gaie, il n'importe ; le don De charmer est le sien, autant par l'abandon Que par la retenue ; en Occident, Sylphide, En Orient, Péri, vertueuse, perfide, Sous l'arcade moresque en face d'un ciel bleu, Sous l'ogive gothique assise auprès du feu, Ou qui chante, ou qui file, elle plaît ; nos pensées Et nos heures, pourtant si vite dépensées, Sont pour elle.Jamais, imprégné de fraîcheur, Sur nos yeux endormis un rêve de bonheur Ne passe fugitif, comme l'ombre du cygne Sur le miroir des lacs, qu'elle n'en soit, d'un signe Nous appelant vers elle, et murmurant des mots Magiques, dont un seul enchante tous nos maux. Éveillés, sa gaîté dissipe nos alarmes, Et lorsque la douleur nous arrache des larmes, Son baiser à l'instant les tarit dans nos yeux. La jeune fille ! elle est un souvenir des cieux, Au tissu de la vie une fleur d'or brodée, Un rayon de soleil qui sourit dans l'ondée ! Théophile Gautier.La Chanson de Grand-PèreChanson de grand-père Dansez, les petites filles,Toutes en rond.En vous voyant si gentilles,Les bois riront. Dansez, les petites reines,Toutes en rond.Les amoureux sous les frênesS'embrasseront. Dansez, les petites folles,Toutes en rond.Les bouquins dans les écolesBougonneront. Dansez, les petites belles,Toutes en rond.Les oiseaux avec leurs ailesApplaudiront. Dansez, les petites fées,Toutes en rond.Dansez, de bleuets coiffées,L'aurore au front. Dansez, les petites femmes,Toutes en rond.Les messieurs diront aux damesCe qu'ils voudront. Victor Hugo. Ninnenne blog de partage
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| | | marileine moderateur
Messages : 27475 Date d'inscription : 08/03/2012 Localisation : belgique
| Sujet: Re: Nouveaux poèmes de différents auteurs Dim 13 Nov - 13:34 | |
| Les Deux Amis Deux vrais amis vivaient au Monomotopa L'un ne possédait rien qui n'appartînt à l'autre : Les amis de ce pays-là Valent bien dit-on ceux du nôtre. Une nuit que chacun s'occupait au sommeil, Et mettait à profit l'absence du Soleil, Un de nos deux Amis sort du lit en alarme : Il court chez son intime, éveille les valets : Morphée avait touché le seuil de ce palais. L'Ami couché s'étonne, il prend sa bourse, il s'arme; Vient trouver l'autre, et dit : Il vous arrive peu De courir quand on dort ; vous me paraissiez homme A mieux user du temps destiné pour le somme : N'auriez-vous point perdu tout votre argent au jeu En voici. S'il vous est venu quelque querelle, J'ai mon épée, allons. Vous ennuyez-vous point De coucher toujours seul ,
Une esclave assez belle Était à mes côtés : voulez-vous qu'on l'appelle ? - Non, dit l'ami, ce n'est ni l'un ni l'autre point : Je vous rends grâce de ce zèle. Vous m'êtes en dormant un peu triste apparu ; J'ai craint qu'il ne fût vrai, je suis vite accouru. Ce maudit songe en est la cause. Qui d'eux aimait le mieux, que t'en semble, Lecteur ? Cette difficulté vaut bien qu'on la propose. Qu'un ami véritable est une douce chose. Il cherche vos besoins au fond de votre cœur; Il vous épargne la pudeur De les lui découvrir vous-même. Un songe, un rien, tout lui fait peur Quand il s'agit de ce qu'on aime. Jean de la Fontaine. Ninnenne blog de partage
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| | | marileine moderateur
Messages : 27475 Date d'inscription : 08/03/2012 Localisation : belgique
| Sujet: Re: Nouveaux poèmes de différents auteurs Lun 14 Nov - 11:31 | |
| Le Loup vexé PoèmeLe Loup vexé Un loup sous la pluie, Sous la pluie qui mouille. loup sans parapluie, pauvre loup gribouille. Est-ce qu'un loup nage? Entre chien et loup, sous l'averse en rage, un hurluberloup? Le loup est vexé parce qu'on prétend que par mauvais temps un loup sous la pluie sent le chien mouillé. Claude Roy. [size=18][/size] Un enfant ça vous décroche un rêve poèmeUn enfant Un enfant Ca vous décroche un rêve Ca le porte à ses lèvres Et ça part en chantant
Un enfant Avec un peu de chance Ca entend le silence Et ça pleure des diamants Et ça rit à n’en savoir que faire Et ça pleure en nous voyant pleurer Ca s’endort de l’or sous les paupières Et ça dort pour mieux nous faire rêver. Un enfant Ca écoute le merle Qui dépose ses perles Sur la portée du vent Un enfant C’est le dernier poète D’un monde qui s’entête A vouloir devenir grand Et ça demande si les nuages ont des ailes Et ça s’inquiète d’une neige tombée Et ça croit que nous sommes fidèles Et ça se doute qu’il n’y a plus de fées. Jacques Brel. [size=18][/size] La TendresseLa Tendresse
On peut vivre sans richesse Presque sans le sou Des seigneurs et des princesses Y´en a plus beaucoup Mais vivre sans tendresse On ne le pourrait pas Non, non, non, non On ne le pourrait pas
On peut vivre sans la gloire Qui ne prouve rien Etre inconnu dans l´histoire Et s´en trouver bien Mais vivre sans tendresse Il n´en est pas question Non, non, non, non Il n´en est pas question
Quelle douce faiblesse Quel joli sentiment Ce besoin de tendresse Qui nous vient en naissant Vraiment, vraiment, vraiment
Dans le feu de la jeunesse Naissent les plaisirs Et l´amour fait des prouesses Pour nous éblouir Oui mais sans la tendresse L´amour ne serait rien Non, non, non, non L´amour ne serait rien
Un enfant vous embrasse Parce qu´on le rend heureux Tous nos chagrins s´effacent On a les larmes aux yeux Mon Dieu, mon Dieu, mon Dieu... Dans votre immense sagesse Immense ferveur Faites donc pleuvoir sans cesse Au fond de nos cœurs Des torrents de tendresse Pour que règne l´amour Règne l´amour Jusqu´à la fin des jours
Marie Laforêt. [size=18][/size] Les Loups PoèmeLes Loups Nous n'avions pour eux aucune haine. Ils faisaient métier de loups Comme nous faisions métier d'hommes. Ils étaient créatures de Dieu. Comme nous. Ils étaient nés prédateurs. Comme l'homme. Mais ils étaient restés prédateurs, Alors que l'homme était devenu destructeur. Paul-Emile Victor. [size=18][/size] La neige au village poèmeLa neige au village
Lente et calme, en grand silence, Elle descend, se balance Et flotte confusément, Se balance dans le vide, Voilant sur le ciel livide L'église au clocher dormant.
Pas un soupir, pas un souffle, Tout s'étouffe et s'emmitoufle De silence recouvert C'est la paix froide et profonde Qui se répand sur le monde, La grande paix de l'hiver.
Francis Yard. Il a neigé la veille Il a neigé la veille et, tout le jour, il gèle. Le toit, les ornements de fer et la margelle Du puits, le haut des murs, les balcons, le vieux banc, Sont comme ouatés, et, dans le jardin, tout est blanc. Le grésil a figé la nature, et les branches Sur un doux ciel perlé dressent leurs gerbes blanches. Mais regardez. Voici le coucher de soleil. À l'occident plus clair court un sillon vermeil. Sa soudaine lueur féerique nous arrose, Et les arbres d'hiver semblent de corail rose. François Coppée. [size=18][/size] Il a neigé poèmeIl a neigé Il a neigé dans l'aube rose Si doucement neigé Que le chaton noir croit rêver. C'est à peine s'il ose Marcher. Il a neigé dans l'aube rose , Si doucement neigé Que les choses Semblent avoir changé. Et le chaton noir n'ose S'aventurer dans le verger , Se sentant soudain étranger A cette blancheur où se posent , Comme pour le narguer, Des moineaux effrontés. Maurice Carême.
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| | | marileine moderateur
Messages : 27475 Date d'inscription : 08/03/2012 Localisation : belgique
| Sujet: Re: Nouveaux poèmes de différents auteurs Lun 14 Nov - 12:18 | |
| Le paradis blancLe paradis blanc Y a tant de vagues et de fumée Qu'on arrive plus à distinguer Le blanc du noir Et l'énergie du désespoir Le téléphone pourra sonner Il n'y aura plus d'abonné Et plus d'idée Que le silence pour respirer Recommencer là où le monde a commencer Je m'en irai dormir dans le paradis blanc Où les nuits sont si longues qu'on en oublie le temps Tout seul avec le vent Comme dans mes rêves d'enfant Je m'en irai courir dans le paradis blanc Loin des regards de haine Et des combats de sang Retrouver les baleines Parler aux poissons d'argent Comme, comme, comme avant Y a tant de vagues, et tant d'idées Qu'on arrive plus à décider Le faux du vrai Et qui aimer ou condamner Le jour où j'aurai tout donné Que mes claviers seront usés D'avoir osé Toujours vouloir tout essayer Et recommencer là où le monde a commencé Je m'en irai dormir dans le paradis blanc Où les manchots s'amusent dès le soleil levant Et jouent en nous montrant Ce que c'est d'être vivant Je m'en irai dormir dans le paradis blanc Où l'air reste si pur Qu'on se baigne dedans A jouer avec le vent Comme dans mes rêves d'enfant Comme, comme, comme avant Parler aux poissons d'argent Et jouer avec le vent Comme dans mes rêves d'enfant Comme avant Michel Berger. Le cheval chante poèmeLe cheval chante Le cheval chante. Le hibou miaule. L'âne gazouille. Le ruisseau hennit. C'est bien, mon enfant: Joue avec les mots. Le triangle est rond. La neige est chaude. Le soleil est bleu. La maison voyage. Tu as de la chance : Les mots sont amicaux Et généreux. Le poisson plane. La baleine court. La fourchette a des oreilles. Le train se gratte. Je t'avais prévenu : Maintenant les mots te mordent. Alain Bosquet. [size=18][/size] La neige tombe poèmeLa neige tombe Toute blanche dans la nuit brune La neige tombe en voletant Ô pâquerettes! une à une Toutes blanches dans la nuit brune Qui donc là-haut plume la lune Ô frais duvet ! flocons flottants Toute blanche dans la nuit brune La neige tombe en voletant. La neige tombe, monotone, Monotonement, par les cieux Dans le silence qui chantonne La neige tombe monotone Elle file, tisse, ourle et festonne Un suaire silencieux. La neige tombe, monotone, Monotonement par les cieux Jean Richepin. Chanson pour les enfants l'hiverChanson pour les enfants l'hiver Dans la nuit de l'hiver Galope un grand homme blanc C'est un bonhomme de neige Avec une pipe en bois, Un grand bonhomme de neige Poursuivi par le froid. Il arrive au village. Voyant de la lumière Le voilà rassuré. Dans une petite maison Il entre sans frapper ; Et pour se réchauffer, S'assoit sur le poêle rouge, Et d'un coup disparaît. Ne laissant que sa pipe Au milieu d'une flaque d'eau, Ne laissant que sa pipe, Et puis son vieux chapeau Jacques Prévert. [size=18][/size] La neige papillonneLa neige papillonne La blanche neige papillonne Et fleurit les branches de houx. Elle se joue et tourbillonne En nous frôlant tout doux, tout doux. La blanche neige papillonne Et, voletant sur les toits roux, Vient mettre une coiffe mignonne Aux vieilles maisons de chez nous. Hermin Dubus. Un petit flocon de neige poèmeUn petit flocon de neige Un petit flocon de neige Est arrivé en Norvège Et tout doucement il tombe Comme un duvet de colombe Et tout doucement il tombe Comme un duvet de colombe Il est tombé de la lune Il ressemble à une plume C'est tout petit flocon Plus léger qu'un papillon C'est tout petit flocon Plus léger qu'un papillon Un petit flocon de neige Est devenu en Norvège Une étoile de cristal Sur la queue de mon cheval Une étoile de cristal Sur la queue de mon cheval Un petit flocon de neige Pierre Chêne. [size=18][/size] Paysage gris poèmePaysage gris
Déjà cette prairie en commençant l'hiver Étendait son tapis d'herbe courte et fripée, Elle languit encor, de plus en plus râpée, D'un gris toujours plus pâle et moins mêlé de vert.
Et pourtant, il y vient, poussant leur douce plainte, Dressant l'oreille au vent qu'ils semblent écouter, Quelques pauvres moutons qui tâchent de brouter Ce regain des frimas dont leur laine a la teinte.
Mais le vivre est mauvais, le temps long, le ciel froid ; À la file ils s'en vont, l'œil fixe et le cou droit, Côtoyer la rivière épaisse qui clapote,
S'arrêtant, quand ils sont rappelés, tout à coup, Par la vieille, là-bas, contre un arbre, debout, Comme un fantôme noir dans sa grande capote.
Maurice Rollinat. [size=16][/size] Décembre ouvrez la porte poèmeDécembre Ouvrez, les gens, ouvrez la porte, je frappe au seuil et à l’auvent, ouvrez, les gens, je suis le vent, qui s’habille de feuilles mortes. Entrez, monsieur, entrez, le vent, voici pour vous la cheminée et sa niche badigeonnée ; entrez chez nous, monsieur le vent. Ouvrez, les gens, je suis la pluie, je suis la veuve en robe grise dont la trame s’indéfinise, dans un brouillard couleur de suie. Entrez, la veuve, entrez chez nous, entrez, la froide et la livide, les lézardes du mur humide s’ouvrent pour vous loger chez nous. Levez, les gens, la barre en fer, ouvrez, les gens, je suis la neige, mon manteau blanc se désagrège sur les routes du vieil hiver. Entrez, la neige, entrez, la dame, avec vos pétales de lys et semez-les par le taudis jusque dans l’âtre où vit la flamme. Car nous sommes les gens inquiétants qui habitent le Nord des régions désertes, qui vous aimons dites, depuis quels temps pour les peines que nous avons par vous souffertes. Emile Verhaeren. [size=18][/size] La neige incertaine poèmeLa neige incertaine
Dans l’interminable Ennui de la plaine, La neige incertaine Luit comme du sable. Le ciel est de cuivre Sans lueur aucune, On croirait voir vivre Et mourir la lune.
Comme des nuées Flottent gris les chênes Des forêts prochaines Parmi les buées.
Le ciel est de cuivre Sans lueur aucune. On croirait voir vivre Et mourir la lune.
Corneille poussive Et vous, les loups maigres, Par ces bises aigres Quoi donc vous arrive ?
Dans l’interminable Ennui de la plaine La neige incertaine Luit comme du sable. Paul Verlaine. [size=18][/size] [size=24]La neige au village poèmeLa neige au village
Lente et calme, en grand silence, Elle descend, se balance Et flotte confusément, Se balance dans le vide, Voilant sur le ciel livide L'église au clocher dormant.
Pas un soupir, pas un souffle, Tout s'étouffe et s'emmitoufle De silence recouvert... C'est la paix froide et profonde Qui se répand sur le monde, La grande paix de l'hiver
Francis Yard. [size=18][/size] Ce doux hiver poèmeCe doux hiver qui égale ses jours Ce doux hiver qui égale ses jours A un printemps, tant il est aimable, Bien qu’il soit beau, ne m’est pas agréable, J’en crains la queue, et le succès toujours. J’ai bien appris que les chaudes amours, Qui au premier vous servent une table Pleine de sucre et de mets délectable, Gardent au fruit leur amer et leurs tours. Je vois déjà les arbres qui boutonnent En mille noeuds, et ses beautés m’étonnent, En une nuit ce printemps est glacé, Ainsi l’amour qui trop serein s’avance, Nous rit, nous ouvre une belle apparence, Est né bien tôt bien tôt effacé. Théodore Agrippa d’Aubigné. [size=18][/size] Un flocon de neigeUn petit flocon de neige Un petit flocon de neige Est arrivé en Norvège Et tout doucement il tombe Comme un duvet de colombe Et tout doucement il tombe Comme un duvet de colombeIl est tombé de la lune Il ressemble à une plume C'est tout petit flocon Plus léger qu'un papillon C'est tout petit flocon Plus léger qu'un papillonUn petit flocon de neige Est devenu en Norvège Une étoile de cristal Sur la queue de mon cheval Une étoile de cristal Sur la queue de mon chevalUn petit flocon de neige Un petit flocon de neige Pierre Chêne. [size=18][/size] En hiver la terre pleure poèmeEn hiver la terre pleure En hiver la terre pleure ; Le soleil froid, pâle et doux, Vient tard, et part de bonne heure, Ennuyé du rendez-vous.Leurs idylles sont moroses. Soleil ! aimons ! Essayons O terre, où donc sont tes roses Astre, où donc sont tes rayons Il prend un prétexte, grêle, Vent, nuage noir ou blanc, Et dit : C'est la nuit, ma belle ! Et la fait en s'en allant ;Comme un amant qui retire Chaque jour son coeur du noeud, Et, ne sachant plus que dire, S'en va le plus tôt qu'il peut Victor Hugo. Ninnenne blog de partage
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| | | marileine moderateur
Messages : 27475 Date d'inscription : 08/03/2012 Localisation : belgique
| Sujet: Re: Nouveaux poèmes de différents auteurs Mar 15 Nov - 14:13 | |
| Toile d'hiver poèmeToile d'Hiver La neige est si belle sur les arbres lorsque s’empilent petit à petit tous les flocons qui tombent du ciel Tout est blanc et couleur d’écorce et quelques oiseaux qui brillent comme des étoiles au milieu de ce ciel de jour où le bleu est parti Un rouge-gorge Une mésange Orange virevoltent autour de la mangeoire Et le grand pré est si blanc Blanc Comme une toile moelleuse Comme une toile d’Hiver Où les couleurs de vie ne partiront jamais Elodie Santos. [size=18][/size] En hiver poèmeEn hiver Le sol trempé se gerce aux froidures premières, La neige blanche essaime au loin ses duvets blancs, Et met, au bord des toits et des chaumes branlants, Des coussinets de laine irisés de lumières. Passent dans les champs nus les plaintes coutumières, A travers le désert des silences dolents, Où de grands corbeaux lourds abattent leurs vols lents Et s’en viennent de faim rôder près des chaumières. Mais depuis que le ciel de gris s’était couvert, Dans la ferme riait une gaieté d’hiver, On s’assemblait en rond autour du foyer rouge, Et l’amour s’éveillait, le soir, de gars à gouge, Au bouillonnement gras et siffleur, du brassin Qui grouillait, comme un ventre, en son chaudron d’airain. Emile Verhaeren. [size=18][/size] Il fait froid poèmeIl fait froid L’hiver blanchit le dur chemin Tes jours aux méchants sont en proie. La bise mord ta douce main ; La haine souffle sur ta joie. La neige emplit le noir sillon. La lumière est diminuée… Ferme ta porte à l’aquilon ! Ferme ta vitre à la nuée ! Et puis laisse ton coeur ouvert ! Le coeur, c’est la sainte fenêtre. Le soleil de brume est couvert ; Mais Dieu va rayonner peut-être ! Doute du bonheur, fruit mortel ; Doute de l’homme plein d’envie ; Doute du prêtre et de l’autel ; Mais crois à l’amour, ô ma vie ! Crois à l’amour, toujours entier, Toujours brillant sous tous les voiles ! A l’amour, tison du foyer ! A l’amour, rayon des étoiles ! Aime, et ne désespère pas. Dans ton âme, où parfois je passe, Où mes vers chuchotent tout bas, Laisse chaque chose à sa place. La fidélité sans ennui, La paix des vertus élevées, Et l’indulgence pour autrui, Eponge des fautes lavées. Dans ta pensée où tout est beau, Que rien ne tombe ou ne recule. Fais de ton amour ton flambeau. On s’éclaire de ce qui brûle. A ces démons d’inimitié Oppose ta douceur sereine, Et reverse leur en pitié Tout ce qu’ils t’ont vomi de haine. La haine, c’est l’hiver du coeur. Plains-les ! mais garde ton courage. Garde ton sourire vainqueur ; Bel arc-en-ciel, sors de l’orage ! Garde ton amour éternel. L’hiver, l’astre éteint-il sa flamme ? Dieu ne retire rien du ciel ; Ne retire rien de ton âme ! Victor Hugo. [size=18][/size] Les sapins poèmeLes sapins Les sapins en bonnets pointus, De longues robes revêtus Comme des astrologues, Saluent leurs frères abattus, Les bateaux qui sur le Rhin voguent. Dans les sept arts endoctrinés Par les vieux sapins leurs aînés Qui sont de grands poètes Ils se savent prédestinés A briller plus que des planètes A briller doucement changés En étoiles et enneigés Aux Noël bienheureuses Fêtes des sapins ensongés Aux longues branches langoureuses Les sapins, beaux musiciens, Chantent des Noëls anciens Au vent des soirs d'automne, Ou bien, graves magiciens, Incantent le ciel quand il tonne. Des rangées de blancs chérubins Remplacent l'hiver les sapins Et balancent leurs ailes L’été ce sont de grands rabbins Ou bien de vieilles demoiselles Sapins médecins divaguants Ils vont offrant leurs bons onguents Quand la montagne accouche De temps en temps sous l’ouragan Un vieux sapin geint et se couche Guillaume Apollinaire. [size=18][/size] Noël poèmeNoël Le ciel est noir, la terre est blanche ; Cloches, carillonnez gaîment Jésus est né ; la Vierge penche Sur lui son visage charmant.
Pas de courtines festonnées Pour préserver l'enfant du froid ; Rien que les toiles d'araignées Qui pendent des poutres du toit.
Il tremble sur la paille fraîche, Ce cher petit enfant Jésus, Et pour l'échauffer dans sa crèche L'âne et le boeuf soufflent dessus.
La neige au chaume coud ses franges, Mais sur le toit s'ouvre le ciel Et, tout en blanc, le choeur des anges Chante aux bergers Noël ! Noël !
Théophile Gautier. [size=18][/size] L'Hiver poèmeL'Hiver C’est l’hiver sans parfum ni chants. Dans le pré, les brins de verdure Percent de leurs jets fléchissants La neige étincelante et dure. Quelques buissons gardent encor Des feuilles jaunes et cassantes Que le vent âpre et rude mord Comme font les chèvres grimpantes. Et les arbres silencieux Que toute cette neige isole Ont cessé de se faire entre eux Leurs confidences bénévoles. Bois feuillus qui, pendant l’été, Au chaud des feuilles cotonneuses Avez connu les voluptés Et les cris des huppes chanteuses, Vous qui, dans la douce saison, Respiriez la senteur des gommes, Vous frissonnez à l’horizon Avec des gestes qu’ont les hommes. Vous êtes las, vous êtes nus, Plus rien dans l’air ne vous protège, Et vos coeurs tendres ou chenus Se désespèrent sur la neige. Et près de vous, frère orgueilleux, Le sapin où le soleil brille Balance les fruits écailleux Qui luisent entre ses aiguilles Anna de Noailles. [size=18][/size] Le ciel est noir ,la terre est blanche Le ciel est noir, la terre est blanche ; Cloches, carillonnez gaîment ! Jésus est né ; la Vierge penche Sur lui son visage charmant. Pas de courtines festonnées Pour préserver l’enfant du froid, Rien que des toiles d’araignées Qui pendent des poutres du toit. Il tremble sur la paille fraîche, Ce cher petit enfant Jésus, Et pour l’échauffer dans sa crèche L’âne et le bœuf soufflent dessus. La neige au chaume coud ses franges, Mais sur le toit s’ouvre le ciel Et, tout en blanc, le chœur des anges Chante aux bergers : Noël ! Noël ! Théophile Gautier. [size=18][/size] Ninnenne blog de partage
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