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| Poèmes divers.... | |
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marileine moderateur
Messages : 27475 Date d'inscription : 08/03/2012 Localisation : belgique
| Sujet: Poèmes divers.... Jeu 1 Déc - 13:38 | |
| L'écureuil sur la feuille PoèmeL'écureuil sur la feuille Un écureuil, sur la bruyère, Se lave avec de la lumière. Une feuille morte descend, Doucement portée par le vent.
Et le vent balance la feuille Juste au dessus de l'écureuil; Le vent attend, pour la poser Légèrement sur la bruyère,
Que l'écureuil soit remonté Sur le chêne de la clairière Où il aime à se balancer Comme une feuille de lumière.
Maurice Carême. Cueillette des pommesCueillette des pommes En cueillant les pommes Pomme rouge, pomme verte ou bleue En cueillant les pommes J'ai dû me tromper un peu. Ma mère m'avait dit : Prends ton panier, prends ton panier d'osier. La première pomme que j'y mis s'est envolée. Pomme, descends de là-haut ! Pomme, descends de là-haut ! Ce n'est pas une pomme, mon bonhomme, Mais c'est un oiseau. Ce n'est pas une pomme, mon bonhomme, Mais c'est un oiseau. Ma mère m'avait dit : Prends ton panier, prends ton panier d'osier. La deuxième pomme, à l'arbre, s'est mise à grimper. Pomme, je vous ai à l'œil ! Pomme, je vous ai à l'œil ! Ce n'est pas une pomme, mon bonhomme, C'est un écureuil. Ce n'est pas une pomme, mon bonhomme, C'est un écureuil. Ma mère m'avait dit : Prends ton panier, prends ton panier d'osier. La troisième pomme, dans l'herbe, s'est mise à ramper. Pomme, ça n'est pas très beau ! Pomme, ça n'est pas très beau ! Ce n'est pas une pomme, mon bonhomme, C'est un escargot. Ce n'est pas une pomme, mon bonhomme, C'est un escargot. Ma mère m'avait dit : Prends ton panier, prends ton panier d'osier. Et la quatrième m'a sauvagement griffé. Pomme, ça ne se fait pas ! Pomme, ça ne se fait pas ! Ce n'est pas une pomme, mon bonhomme, C'est un vilain chat. Ce n'est pas une pomme, mon bonhomme, C'est un vilain chat. De cueillir les pommes Pomme rouge, pomme verte ou bleue De cueillir les pommes J'étais dégoûté un peu. Ma mère m'avait dit : Prends ton panier, prends ton panier d'osier. Il était bien vide quand je lui ai rapporté. Je n'ai pas dû bien chercher. Je n'ai pas dû bien chercher. Il ne pousse pas de pommes, mon bonhomme, Sur un peuplier. Il ne pousse pas de pommes, mon bonhomme, Sur un peuplier. La, la-la la la, la-la la la La-la la la la la… Paroles et musique
Anne Sylvestre. [size=18]Feuilles volantes, Le ciel se fait lourd quand râlent les pupitres Annonçant dans la cour un vide insoutenable Et le cœur enchaîné, sous la coiffe du pitre, S’entrechoque aux paroles de maîtres de sérénades.Les rêveries s’élèvent et frôlent l’amertume Des sombres feuilles folles qui tangent en narguant Les évadés punis, aux mains griffées de plumes Dont leur omniprésence n’en fait que des absents.Quand grincent les miroirs aux couleurs de la nuit, Annonçant la tempête au fond des encriers, Une larme de pluie se transforme en l’ennui D’une vie qui s’achève dès la fin de l’été. Isaac Lerutan.Les vendangesLes Vendanges Hier on cueillait à l'arbre une dernière pêche,Et ce matin, voici, dans l'aube épaisse et fraîche,L'automne qui blanchit sur les coteaux voisins.Un fin givre a ridé la pourpre des raisins.Là-bas, voyez·vous poindre, au bout de la montée,Les ceps aux feuilles d'or, dans la brume argentéeL'horizon s'éclaircit en de vagues rougeurs,Et le soleil levant conduit les vendangeurs.Avec des cris joyeux, ils entrent dans la vigne ;Chacun, dans le sillon que le maître désigne,Serpe en main, sous le cep a posé son panier.Honte à qui reste en route et finit le dernier !Les rires, les clameurs stimulent sa paresse !Aussi, comme chacun dans sa gaîté se presse !Presque au milieu du champ, déjà brille, là-bas,Plus d'un rouge corsage entre les échalas ;Voici qu'un lièvre part, on a vu ses oreilles ;La grive au cri perçant fuit et rase les treilles.Malgré les rires fous, les chants à pleine voix,Tout panier est déjà vidé plus d'une fois,Et bien des chars ployant sous l'heureuse vendange,Escortés des enfants, sont partis pour la grange.Au pas lent des taureaux les voilà revenus,Rapportant tout l'essaim des marmots aux pieds nus.On descend, et la troupe à grand bruit s'éparpille,Va des chars aux paniers, revient,saute et grappille,Prés des ceps oubliés se livre des combats.Qu'il est doux de les voir, si vifs dans leurs ébats,Préludant par des pleurs à de folles risées,Tout empourprés du jus des grappes écrasées . Victor De Laprade. [size=18][/size] La Fée Viens, bel enfant ! Je suis la Fée. Je règne aux bords où le soleil Au sein de l'onde réchauffée Se plonge, éclatant et vermeil. Les peuples d'Occident m'adorent Les vapeurs de leur ciel se dorent, Lorsque je passe en les touchant; Reine des ombres léthargiques, Je bâtis mes palais magiques Dans les nuages du couchant. Mon aile bleue est diaphane; L'essaim des Sylphes enchantés Croit voir sur mon dos, quand je plane, Frémir deux rayons argentés. Ma main luit, rose et transparente; Mon souffle est la brise odorante Qui, le soir, erre dans les champs; Ma chevelure est radieuse, Et ma bouche mélodieuse Mêle un sourire à tous ses chants. J'ai des grottes de coquillages; J'ai des tentes de rameaux verts; C'est moi que bercent les feuillages, Moi que berce le flot des mers. Si tu me suis, ombre ingénue, Je puis t'apprendre où va la nue, Te montrer d'où viennent les eaux; Viens, sois ma compagne nouvelle, Si tu veux que je te révèle Ce que dit la voix des oiseaux.
Victor Hugo. [size=18][/size] L'Automne
Salut ! bois couronnés d'un reste de verdure ! Feuillages jaunissants sur les gazons épars ! Salut, derniers beaux jours ! Le deuil de la nature Convient à la douleur et plaît à mes regards ! Je suis d'un pas rêveur le sentier solitaire, J'aime à revoir encor, pour la dernière fois, Ce soleil pâlissant, dont la faible lumière Perce à peine à mes pieds l'obscurité des bois ! Oui, dans ces jours d'automne où la nature expire, A ses regards voilés, je trouve plus d'attraits, C'est l'adieu d'un ami, c'est le dernier sourire Des lèvres que la mort va fermer pour jamais ! Ainsi, prêt à quitter l'horizon de la vie, Pleurant de mes longs jours l'espoir évanoui, Je me retourne encore, et d'un regard d'envie Je contemple ses biens dont je n'ai pas joui ! Terre, soleil, vallons, belle et douce nature, Je vous dois une larme aux bords de mon tombeau ; L'air est si parfumé ! la lumière est si pure ! Aux regards d'un mourant le soleil est si beau ! Je voudrais maintenant vider jusqu'à la lie Ce calice mêlé de nectar et de fiel ! Au fond de cette coupe où je buvais la vie, Peut-être restait-il une goutte de miel ? Peut-être l'avenir me gardait-il encore Un retour de bonheur dont l'espoir est perdu ? Peut-être dans la foule, une âme que j'ignore Aurait compris mon âme, et m'aurait répondu ? La fleur tombe en livrant ses parfums au zéphire ; A la vie, au soleil, ce sont là ses adieux ; Moi, je meurs; et mon âme, au moment qu'elle expire, S'exhale comme un son triste et mélodieux.
Alphonse de Lamartine. [size=18][/size] Ninnenne blog de partage
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| | | marileine moderateur
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| Sujet: Re: Poèmes divers.... Jeu 1 Déc - 15:00 | |
| Les Soleils d'OctobreLes Soleils d'Octobre Aux jours où les feuilles jaunissent, Aux jours où les soleils finissent, Hélas ! nous voici revenus ; Le temps n’est plus, ma-bien-aimée, Où sur la pelouse embaumée Tu posais tes pieds blancs et nus. L’herbe que la pluie a mouillée Se traîne frileuse et souillée ; On n’entend plus de joyeux bruits Sortir des gazons et des mousses ; Les châtaigniers aux branches rousses Laissent au vent tomber leurs fruits. Sur les coteaux aux pentes chauves, De longs groupes d’arbustes fauves Dressent leurs rameaux amaigris ; Dans la forêt qui se dépouille, Les bois ont des teintes de rouille ; L’astre est voilé, le ciel est gris. Cependant, sous les vitres closes, Triste de la chute des roses, Il n’est pas temps de s’enfermer ; Toute fleur n’est pas morte encore ; Un beau jour, une belle aurore Au ciel, demain, peut s’allumer. La terre, ô ma frileuse amie ! Ne s’est point encore endormie Du morne sommeil de l’hiver… Vois ! la lumière est revenue : Le soleil, entr’ouvrant la nue, Attiédit les moiteurs de l’air. Sous la lumière molle et sobre De ces soleils calmes d’octobre, Par les bois je voudrais errer ! L’automne a de tièdes délices : Allons sur les derniers calices, Ensemble, allons les respirer ! Je sais dans la forêt prochaine, Je sais un site au pied du chêne Où le vent est plus doux qu’ailleurs ; Où l’eau, qui fuit sous les ramures, Échange de charmants murmures Avec l’abeille, avec les fleurs. Dans ce lieu plein d’un charme agreste, Où pour rêver souvent je reste, Veux-tu t’asseoir, veux-tu venir ? Veux-tu, sur les mousses jaunies, Goûter les pâles harmonies De la saison qui va finir ? Partons ! et, ma main dans la tienne, Qu’à mon bras ton bras se soutienne ! Des bois si l’humide vapeur Te fait frissonner sous ta mante, Pour réchauffer ta main charmante Je la poserai sur mon cœur. Et devant l’astre qui décline, Debout sur la froide colline, Et ton beau front penché sur moi, Tu sentiras mille pensées, Des herbes, des feuilles froissées Et des bois morts, monter vers toi. Et devant la terne verdure, Songeant qu’ici-bas rien ne dure, Que tout passe, fleurs et beaux jours, A cette nature sans flamme Tu pourras comparer, jeune âme, Mon cœur, pour toi brûlant toujours ! Mon cœur, foyer toujours le même, Foyer vivant, foyer qui t’aime, Que ton regard fait resplendir ! Que les saisons, que les années, Que l’âpre vent des destinées Ne pourront jamais refroidir ! Et quand, noyés de brume et d’ombre, Nous descendrons le coteau sombre, Rayon d’amour, rayon d’espoir, Un sourire, ô ma bien-aimée ! Jouera sur ta lèvre embaumée Avec les derniers feux du soir Auguste Lacaussade. [size=18][/size] Matin d'Octobre C'est l'heure exquise et matinale Que rougit un soleil soudain. A travers la brume automnale Tombent les feuilles du jardin.
Leur chute est lente. Ou peut les suivre Du regard en reconnaissant Le chêne à sa feuille de cuivre, L'érable à sa feuille de sang.
Les dernières, les plus rouillées, Tombent des branches dépouillées : Mais ce n'est pas l'hiver encor.
Une blonde lumière arrose La nature, et, dans l'air tout rose, On croirait qu'il neige de l'or. François Coppée.
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| | | marileine moderateur
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| Sujet: Re: Poèmes divers.... Ven 2 Déc - 11:31 | |
| Poème sur les Elfes & FéesLes Elfes
Couronnés de thym et de marjolaine, Les Elfes joyeux dansent sur la plaine. Du sentier des bois aux daims familier, Sur un noir cheval, sort un chevalier. Son éperon d'or brille en la nuit brune; Et, quand il traverse un rayon de lune, On voit resplendir, d'un reflet changeant, Sur sa chevelure un casque d'argent. Couronnés de thym et de marjolaine, Les Elfes joyeux dansent sur la plaine. Ils l'entourent tous d'un essaim léger Qui dans l'air muet semble voltiger. Hardi chevalier, par la nuit sereine, Où vas-tu si tard ? dit la jeune Reine. De mauvais esprits hantent les forêts Viens danser plutôt sur les gazons frais. Couronnés de thym et de marjolaine, Les Elfes joyeux dansent sur la plaine. Non ! ma fiancée aux yeux clairs et doux M'attend, et demain nous serons époux. Laissez-moi passer, Elfes des prairies, Qui foulez en rond les mousses fleuries; Ne m'attardez pas loin de mon amour, Car voici déjà les lueurs du jour. Couronnés de thym et de marjolaine, Les Elfes joyeux dansent sur la plaine. Reste, chevalier. Je te donnerai L'opale magique et l'anneau doré, Et, ce qui vaut mieux que gloire et fortune, Ma robe filée au clair de la lune. Non ! dit-il. Va donc ! Et de son doigt blanc Elle touche au cœur le guerrier tremblant. Couronnés de thym et de marjolaine, Les Elfes joyeux dansent sur la plaine. Et sous l'éperon le noir cheval part. Il court, il bondit et va sans retard; Mais le chevalier frissonne et se penche; Il voit sur la route une forme blanche Qui marche sans bruit et lui tend les bras : Elfe, esprit, démon, ne m'arrête pas ! Couronnés de thym et de marjolaine, Les Elfes joyeux dansent sur la plaine. Ne m'arrête pas, fantôme odieux ! Je vais épouser ma belle aux doux yeux. Ô mon cher époux, la tombe éternelle Sera notre lit de noce, dit-elle. Je suis morte ! Et lui, la voyant ainsi, D'angoisse et d'amour tombe mort aussi. Couronnés de thym et de marjolaine, Les Elfes joyeux dansent sur la plaine.
Charles-Marie Leconte De Lisle.
Très beau texte sur les chatsLes Lapins PoèmeLapins Les petits lapins, dans les bois, Folâtrent sur l'herbe arrosée Et, comme nous le vin d'Arbois, Ils boivent la douce rosée. Gris foncé, gris clair, soupe au lait, Ces vagabonds, dont se dégage Comme une odeur de serpolet, Tiennent à peu près ce langage : Nous sommes les petits lapins, Gens étrangers à l'écriture, Et chaussés des seuls escarpins Que nous a donné la nature. Nous sommes les petits lapins. C'est le poil qui forme nos bottes, Et, n'ayant pas de calepins, Nous ne prenons jamais de notes. Et dans la bonne odeur des pins Qu'on voit ombrageant ces clairières Nous sommes les petits lapins Assis sur leurs petits derrières.
Théodore de Banville. Ninnenne blog de partage
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| | | marileine moderateur
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| Sujet: Re: Poèmes divers.... Ven 2 Déc - 12:20 | |
| Le Château de L'espérance PoèmeLe Château de L'espérance Ta pâle chevelure ondoie Parmi les parfums de ta peau Comme folâtre un blanc drapeau Dont la soie au soleil blondoie. Las de battre dans les sanglots L’air d’un tambour que l’eau défonce, Mon coeur à son passé renonce Et, déroulant ta tresse en flots, Marche à l’assaut, monte, ou roule ivre Par des marais de sang, afin De planter ce drapeau d’or fin Sur ce sombre château de cuivre Où, larmoyant de nonchaloir, L’Espérance rebrousse et lisse Sans qu’un astre pâle jaillisse La Nuit noire comme un chat noir. Stéphane Mallarmé. [size=18][/size] Le Vent Poème de NovembreLe Vent Sur la bruyère longue infiniment, Voici le vent cornant Novembre ; Sur la bruyère, infiniment, Voici le vent Qui se déchire et se démembre, En souffles lourds, battant les bourgs ; Voici le vent, Le vent sauvage de Novembre. Aux puits des fermes, Les seaux de fer et les poulies Grincent ; Aux citernes des fermes. Les seaux et les poulies Grincent et crient Toute la mort, dans leurs mélancolies. Le vent rafle, le long de l'eau, Les feuilles mortes des bouleaux, Le vent sauvage de Novembre ; Le vent mord, dans les branches, Des nids d'oiseaux ; Le vent râpe du fer Et peigne, au loin, les avalanches, Rageusement du vieil hiver, Rageusement, le vent, Le vent sauvage de Novembre. Dans les étables lamentables, Les lucarnes rapiécées Ballottent leurs loques falotes De vitres et de papier. - Le vent sauvage de Novembre ! - Sur sa butte de gazon bistre, De bas en haut, à travers airs, De haut en bas, à coups d'éclairs, Le moulin noir fauche, sinistre, Le moulin noir fauche le vent, Le vent, Le vent sauvage de Novembre. Les vieux chaumes, à cropetons, Autour de leurs clochers d'église. Sont ébranlés sur leurs bâtons ; Les vieux chaumes et leurs auvents Claquent au vent, Au vent sauvage de Novembre. Les croix du cimetière étroit, Les bras des morts que sont ces croix, Tombent, comme un grand vol, Rabattu noir, contre le sol. Le vent sauvage de Novembre, Le vent, L'avez-vous rencontré le vent, Au carrefour des trois cents routes, Criant de froid, soufflant d'ahan, L'avez-vous rencontré le vent, Celui des peurs et des déroutes ; L'avez-vous vu, cette nuit-là, Quand il jeta la lune à bas, Et que, n'en pouvant plus, Tous les villages vermoulus Criaient, comme des bêtes, Sous la tempête ? Sur la bruyère, infiniment, Voici le vent hurlant, Voici le vent cornant Novembre Emile Verhaeren. Poème sur le coucher de soleilLe soleil s'est couché ce soir dans les nuées. Demain viendra l'orage, et le soir, et la nuit ; Puis l'aube, et ses clartés de vapeurs obstruées ; Puis les nuits, puis les jours, pas du temps qui s'enfuit !
Tous ces jours passeront; ils passeront en foule Sur la face des mers, sur la face des monts, Sur les fleuves d'argent, sur les forêts où roule Comme un hymne confus des morts que nous aimons.
Et la face des eaux, et le front des montagnes, Ridés et non vieillis, et les bois toujours verts S'iront rajeunissant ; le fleuve des campagnes Prendra sans cesse aux monts le flot qu'il donne aux mers.
Mais moi, sous chaque jour courbant plus bas ma tête, Je passe, et, refroidi sous ce soleil joyeux, Je m'en irai bientôt, au milieu de la fête, Sans que rien manque au monde, immense et radieux ! Victor Hugo. Novembre Je te rencontre un soir d'automne, Un soir frais, rose et monotone Dans le parc oublié, personne Toutes les chansons se sont tues
J'ai vu grelotter les statues, Sous tant de feuilles abattues Tu es perverse. Mais qu'importe La complainte pauvre qu'apporte Le vent froid par-dessous la porte Fille d'automne tu t'étonnes De mes paroles monotones
Il nous reste à vider les tonnes.
Charles Cros. Ninnenne blog de partage
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| | | marileine moderateur
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| Sujet: Re: Poèmes divers.... Sam 3 Déc - 14:39 | |
| Le Cheval PoèmeLe Cheval
Le Cheval s'étant voulu venger du Cerf De tout temps les chevaux ne sont nés pour les hommes. Lorsque le genre humain de gland se contentait, Âne,Cheval ,et Mule, aux forêts habitait ;
Et l'on ne voyait point, comme au siècle où nous sommes, Tant de selles et tant de bâts, Tant de harnois pour les combats, Tant de chaises, tant de carrosses,
Comme aussi ne voyait-on pas Tant de festins et tant de noces. Or un Cheval eut alors différent Avec un Cerf plein de vitesse,
Et ne pouvant l'attraper en courant, Il eut recours à l'Homme, implora son adresse. L'Homme lui mit un frein, lui sauta sur le dos, Ne lui donna point de repos
Que le Cerf ne fût pris, et n'y laissât la vie ; Et cela fait, le Cheval remercie L'Homme son bienfaiteur, disant : Je suis à vous ; Adieu. Je m'en retourne en mon séjour sauvage.
- Non pas cela, dit l'Homme ; il fait meilleur chez nous : Je vois trop quel est votre usage. Demeurez donc ; vous serez bien traité. Et jusqu'au ventre en la litière.
Hélas ! que sert la bonne chère Quand on n'a pas la liberté ? Le Cheval s'aperçut qu'il avait fait folie ; Mais il n'était plus temps : déjà son écurie
Était prête et toute bâtie. Il y mourut en traînant son lien. Sage s'il eût remis une légère offense. Quel que soit le plaisir que cause la vengeance,
C'est l'acheter trop cher, que l'acheter d'un bien Sans qui les autres ne sont rien.
Jean de La Fontaine.
[size=24]J'aime ces doux oiseaux PoèmeJ'aime ces doux oiseaux J'aime ces doux oiseaux, qui promènent dans l'air Leur vie et leur amour, et plus prompts que l'éclair, Qui s'envolent ensemble ! J'aime la fleur des champs, que l'on cueille au matin, Et que le soir, au bal, on pose sur son sein Qui d'enivrement tremble ! J'aime les tourbillons des danses, des plaisirs, Les fêtes, la toilette, et les tendres désirs Qui s'éveillent dans l'âme ! J'aime l'ange gardien qui dirige mes pas, Qui me presse la main, et me donne tout bas Pour les maux un dictame ! J'aime du triste saule, au soir muet du jour, La tête chaude encor, pleine d'ombre et d'amour, Qui se penche et qui pense ! J'aime la main de Dieu, laissant sur notre cœur Tomber en souriant cette amoureuse fleur Qu'on nomme l'espérance ! J'aime le doux orchestre, en larmes, gémissant Qui verse sur mon âme un langoureux accent, Une triste harmonie ! J'aime seule écouter le langage des cieux Qui parlent à la terre, et l'emplissent de feux De soleil et de vie. J'aime aux bords de la mer, regardant le ciel bleu, Qui renferme en son sein la puissance de Dieu, M'asseoir toute pensive ! J'aime à suivre parfois en des rêves dorés Mon âme qui va perdre en des flots azurés Sa pensée inactive ! J'aime l'effort secret du cœur, qui doucement S'agite, la pensée au doux tressaillement, Que l'on sent en soi-même ! Mieux que l'arbre, l'oiseau, la fleur qui plaît aux yeux, Le saule tout en pleurs, l'espérance des Cieux J'aime celui qui m'aime.
Jules Verne. Ninnenne blog de partage [/size] | |
| | | marileine moderateur
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| Sujet: Re: Poèmes divers.... Sam 3 Déc - 15:40 | |
| Ouvrez les gens ouvrez la porte poème de Décembre Décembre Ouvrez, les gens, ouvrez la porte, je frappe au seuil et à l’auvent, ouvrez, les gens, je suis le vent, qui s’habille de feuilles mortes. Entrez, monsieur, entrez, le vent, voici pour vous la cheminée et sa niche badigeonnée ; entrez chez nous, monsieur le vent. Ouvrez, les gens, je suis la pluie, je suis la veuve en robe grise dont la trame s’indéfinise, dans un brouillard couleur de suie. Entrez, la veuve, entrez chez nous, entrez, la froide et la livide, les lézardes du mur humide s’ouvrent pour vous loger chez nous. Levez, les gens, la barre en fer, ouvrez, les gens, je suis la neige, mon manteau blanc se désagrège sur les routes du vieil hiver. Entrez, la neige, entrez, la dame, avec vos pétales de lys et semez-les par le taudis jusque dans l’âtre où vit la flamme. Car nous sommes les gens inquiétants qui habitent le Nord des régions désertes, qui vous aimons - dites, depuis quels temps ? pour les peines que nous avons par vous souffertes.
Emile Verhaeren.
Décembre Le hibou parmi les décombres Hurle, et Décembre va finir ; Et le douloureux souvenir Sur ton coeur jette encor ses ombres. Le vol de ces jours que tu nombres, L’aurais-tu voulu retenir ? Combien seront, dans l’avenir, Brillants et purs ; et combien, sombres ? Laisse donc les ans s’épuiser. Que de larmes pour un baiser, Que d’épines pour une rose ! Le temps qui s’écoule fait bien ; Et mourir ne doit être rien, Puisque vivre est si peu de chose. François Coppée. Décembre Le givre étincelant, sur les carreaux gelés, Dessine des milliers d'arabesques informes ; Le fleuve roule au loin des banquises énormes ; De fauves tourbillons passent échevelés. Sur la crête des monts par l'ouragan pelés, De gros nuages lourds heurtent leurs flancs difformes ; Les sapins sont tout blancs de neige, et les vieux ormes Dressent dans le ciel gris leurs grands bras désolés. Des hivers boréaux tous les sombres ministres Montrent à l'horizon leurs figures sinistres ; Le froid darde sur nous son aiguillon cruel. Evitons à tout prix ses farouches colères ; Et, dans l'intimité, narguant les vents polaires, Réchauffons-nous autour de l'arbre de Noël. Louis-Honoré Fléchette. [size=18][/size] Il faisait si doux encore hier poèmeIl faisait si doux encore hier Quand aujourd’hui s’approche l’hiver Cette saison, quoique peu banale N’offre pourtant rien d’original Mais c’est une constante chez moi J’aime toutes les saisons, une à la fois J’y demeure toujours attaché Je dirais même très saisonnier J’adore bien sur, quand tout est calme Mais chacune des saisons à son charme Nos hivers, les feux de cheminée Puis nos enfants, tous enneigés Mais j’ai hâte que le printemps vienne Qu’enfin, un bel été nous revienne L’automne est pourtant de toute beauté Y’a tellement de belles choses à regarder Mais bientôt ici, ce sera l’hiver Plus rien, ne sera pareil à hier Il fera alors noir plus tôt On devra s’habiller comme il faut Tous nos feuillus seront dénudés Tous nos cours d’eau seront glacés Mais peut-être, que sur mon peuplier Une belle feuille sera restée accrochée
Claude Marcel Breault.
[size=18][/size] [size=18][/size] Paysage gris poèmePaysage gris
Déjà cette prairie en commençant l'hiver Étendait son tapis d'herbe courte et fripée, Elle languit encor, de plus en plus râpée, D'un gris toujours plus pâle et moins mêlé de vert.
Et pourtant, il y vient, poussant leur douce plainte, Dressant l'oreille au vent qu'ils semblent écouter, Quelques pauvres moutons qui tâchent de brouter Ce regain des frimas dont leur laine a la teinte.
Mais le vivre est mauvais, le temps long, le ciel froid ; À la file ils s'en vont, l'œil fixe et le cou droit, Côtoyer la rivière épaisse qui clapote,
S'arrêtant, quand ils sont rappelés, tout à coup, Par la vieille, là-bas, contre un arbre, debout, Comme un fantôme noir dans sa grande capote.
Maurice Rollinat. [size=18][/size] Dans la vie hélas trop de gens s'ennuient poèmeDans leur vie hélas, trop de gens s’ennuient Et n’espèrent plus grand-chose de leur vie De ce temps qu’ils pourraient passer à aimer Ils le passent malheureusement à s’ennuyer. Je me demande à quoi ils rêvaient étant enfants Faisaient-ils de beaux rêves étant adolescents? N’ont-ils jamais développé une passion? N’avaient-ils pas un seul moyen d’évasion? La vie, ce n’est pas seulement travailler Y’a des moments ou il faut s’amuser. Aussi explorer nos possibilités humaines, Agir, faire souvent des choses qu’on aime. Car, une personne heureuse après tout A-t-elle vraiment beaucoup plus que nous? Elle n’a pas nécessairement plus d’argent, Ne dispose pas de beaucoup plus de temps. On pourrait obtenir ce qui nous plait tant, Mais, serions-nous plus heureux pour autant? Mieux vaut faire la paix avec nous-même, Nous répéter souvent, que oui on s’aime. Être heureux, c’est une définition de l’esprit. On pourrait tous être heureux dans notre vie Si on s’attardait moins sur nos faiblesses Si on admirait plutôt nos belles richesses. Beaucoup de gens un jour, sont devenus heureux, Parce qu’ils ont cessé ce jour-là de penser à eux. Claude Marcel Breault. [size=18][/size] Ninnenne blog de partage
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