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| Poèmes de différents auteurs | |
| | Auteur | Message |
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marileine moderateur
Messages : 27475 Date d'inscription : 08/03/2012 Localisation : belgique
| Sujet: Poèmes de différents auteurs Jeu 15 Déc - 14:45 | |
| L'Amitié Comme un arbre, l'amitié grandit au fil des ans. Ses racines prennent de la vigueur et lui permettent de devenir grande et forte. C'est de cette façon que la nôtre s'est développée, et malgré nos hauts et nos bas, nous avons vu grandir ce partage de notre quotidien. Aujourd'hui, pour s'apercevoir que l'autre a besoin d'un peu d'attention ou simplement de notre présence, nul n'est besoin de se parler. Je remercie la vie de t'avoir mis sur ma route; vraiment, ce fut l'un des plus beaux cadeaux qu'elle m'a fait. Tout comme moi, tu es un arbre qui a essuyé bien des tempêtes et des ouragans. Contre vents et marées, nous avons toujours su garder le moral, apprécier le retour du soleil et régénérer nos forces dans les moments d'accalmie. Le plus merveilleux pour moi est de voir que nous sommes encore côte à côte. Comme deux vieux arbres, nous sommes toujours empreints de la même vigueur et du même besoin de survie qui nous ont permis de rester debout jusqu'à ce jour. La vie nous réserve sûrement encore bien des surprises, mais rien ne pourra détruire ce merveilleux bien qui nous unit. Continuons à prendre soin des racines de notre Amitié, de façon à ce que nous puissions encore longtemps partager notre quotidien et apprécier chaque jour que nous vivons. Andrée Lapierre. [size=24]Les vendangesLes Vendanges Hier on cueillait à l'arbre une dernière pêche, Et ce matin, voici, dans l'aube épaisse et fraîche, L'automne qui blanchit sur les coteaux voisins. Un fin givre a ridé la pourpre des raisins. Là-bas, voyez·vous poindre, au bout de la montée, Les ceps aux feuilles d'or, dans la brume argentée ? L'horizon s'éclaircit en de vagues rougeurs, Et le soleil levant conduit les vendangeurs. Avec des cris joyeux, ils entrent dans la vigne ; Chacun, dans le sillon que le maître désigne, Serpe en main, sous le cep a posé son panier. Honte à qui reste en route et finit le dernier ! Les rires, les clameurs stimulent sa paresse ! Aussi, comme chacun dans sa gaîté se presse ! Presque au milieu du champ, déjà brille, là-bas, Plus d'un rouge corsage entre les échalas ; Voici qu'un lièvre part, on a vu ses oreilles ; La grive au cri perçant fuit et rase les treilles. Malgré les rires fous, les chants à pleine voix, Tout panier est déjà vidé plus d'une fois, Et bien des chars ployant sous l'heureuse vendange, Escortés des enfants, sont partis pour la grange. Au pas lent des taureaux les voilà revenus, Rapportant tout l'essaim des marmots aux pieds nus. On descend, et la troupe à grand bruit s'éparpille, Va des chars aux paniers, revient, saute et grappille, Prés des ceps oubliés se livre des combats. Qu'il est doux de les voir, si vifs dans leurs ébats, Préludant par des pleurs à de folles risées, Tout empourprés du jus des grappes écrasées ! Victor De Laprade. Poème sur les chevauxLe chevalQuelques pas, un saut et il s’élève au Firmament Merveilleux être de lumière divine Fils élu de cette [size=18]Nature Sublime Alchimie organique des quatre éléments[/size] Cheval tu es le Feu qui fait brûler le vent Le souffle d’Air de la Beauté Parfaite L’animal de la Terre au profil d’Athlète qui comme l’Eau, coule au gré du TempsPégase de la [size=18]Nuit je suis Bellaphoron Pur Sang inaccessible et Roi comme le Lion Cheval tu tiens dans ton coeur le monde[/size] Etalon de légende, passion céleste de Chine Puissant comme Perceval, Hercule ou bien Odin Tu es l’Universel, tu propages le BienWinston Perez.En Septembre Parmi la chaleur accablante Dont nous torréfia l’été, Voici se glisser, encor lente Et timide, à la vérité,Sur les eaux et parmi les feuilles, Jusque dans ta rue, ô Paris, La rue aride où tu t’endeuilles De tels parfums jamais taris,Pantin, Aubervilliers, prodige De la Chimie et de ses [size=24]jeux,Voici venir la brise, dis-je,La brise aux sursauts courageux.[/size] La brise purificatrice Des langueurs morbides d’antan, La brise revendicatrice Qui dit à la peste : va-t’en !Et qui gourmande la paresse Du poëte et de l’ouvrier, Qui les encourage et les presse. ” Vive la brise ! ” il faut crier :” Vive la brise, enfin, d’automne Après tous ces simouns d’enfer, La bonne brise qui nous donne Ce sain premier frisson d’hiver ! “Paul Verlaine.[size=24][/size] La ronde des mois Septembre que j'affectionneLa ronde des moisSeptembre que j'affectionneSeptembre se nomme, le Mai de l'automne Et ce n'est pas sans raison que je l'affectionne. La température s'adoucit, dans nos contrées Pour permettre à l'automne de faire son entrée Dans un étalage de couleurs dorées et chaudes Afin d'envoyer l'été bouler, d'une chiquenaude. La pluie bénéfique refait son apparition, Rafraîchissante véritable bénédiction. On a l'impression, que la [size=18]nature en souffrance Avant de s'endormir ramène l'abondance En ajoutant diverses touches de vert, Dans les prés et les vallons, avant l'hiver. Et, les grappes de raisin sur les ceps de vigne, Arrivées à maturité, restent le signe Que l'heure des vendanges vient de sonner Et qu'elles sont, enfin prêtes à se donner. Septembre se nomme, le Mai de l'automne Et ce n'est pas sans raison que je l'affectionne.
[/size] Dominique Sagne.[size=18][/size] Les Soleils de Septembre Poème[size=18]Les Soleils de Septembre[/size] Sous ces rayons cléments des soleils de septembre Le ciel est doux, mais pâle, et la terre jaunit. Dans les forêts la feuille a la couleur de l’ambre ; L’oiseau ne chante plus sur le bord de son nid.Du toit des laboureurs ont fui les hirondelles ; La faucille a passé sur l’épi d’or des blés ; On n’entend plus dans l’air des frémissements d’ailes : Le merle siffle seul au fond des bois troublés.La mousse est sans parfum, les herbes sans mollesse ; Le jonc sur les étangs se penche soucieux ; Le soleil, qui pâlit, d’une tiède tristesse Emplit au loin la plaine et les monts et les cieux.Les jours s’abrègent ; l’eau qui court dans la vallée N’a plus ces joyeux bruits qui réjouissaient l’air : Il semble que la terre, et frileuse et voilée, Dans ses premiers frissons sente arriver l’hiver.Ô changeantes saisons ! ô lois inexorables ! De quel deuil la nature, hélas ! va se couvrir ! Soleils des mois heureux, printemps irréparables, Adieu ! ruisseaux et fleurs vont se taire et mourir.Mais console-toi, terre ! ô Nature ! ô Cybèle ! L’hiver est un sommeil et n’est point le trépas : Les printemps reviendront te faire verte et belle ; L’homme vieillit et meurt, toi, tu ne vieillis pas !Tu rendras aux ruisseaux, muets par la froidure, Sous les arceaux feuillus leurs murmures chanteurs ; Aux oiseaux tu rendras leurs nids dans la verdure ; Aux lilas du vallon tu rendras ses senteurs.Ah ! des germes captifs quand tu fondras les chaînes, Quand, de la sève à flots épanchant la liqueur, Tu feras refleurir les roses et les chênes, Ô Nature ! avec eux fais refleurir mon cœur !Rends à mon sein tari les poétiques sèves, Verse en moi les chaleurs dont l’âme se nourrit, Fais éclore à mon front les gerbes de mes rêves, Couvre mes rameaux nus des fleurs de mon esprit.Sans l’ivresse des chants, ma haute et chère ivresse, Sans le bonheur d’aimer, que m’importent les jours ! Ô soleils! ô printemps ! je ne veux la jeunesse Que pour toujours chanter, que pour aimer toujours !Auguste Lacaussade.Poème sur la pluieLa pluie
Il pleut.J'entends le bruit égal des eaux ; Le feuillage, humble et que nul vent ne berce, Se penche et brille en pleurant sous l'averse ; Le deuil de l'air afflige les oiseaux. La bourbe monte et trouble la fontaine, Et le sentier montre à nu ses cailloux. Le sable fume, embaume et devient roux ; L'onde à grands flots le sillonne et l'entraîne. Tout l'horizon n'est qu'un blême rideau ; La vitre tinte et ruisselle de gouttes ; Sur le pavé sonore et bleu des routes Il saute et luit des étincelles d'eau. Le long d'un mur, un chien morne à leur piste, Trottent, mouillés, de grands boeufs en retard ; La terre est boue et le ciel est brouillard .
René-François Sully PrudhommeMélancolieLe vent tourbillonnant, qui rabat les volets, Là-bas tord la forêt comme une chevelure. Des troncs entrechoqués monte un puissant murmure, Pareil au bruit des mers, rouleuses de galets.L'automne qui descend des collines voilées Fait, sous ses pas profonds, tressaillir notre cœur Et voici que s'afflige avec plus de ferveur Le tendre désespoir des roses envolées.Le vol des guêpes d'or qui vibrait sans repos S'est tu : le pêne grince à la grille rouillée ; La tonnelle grelotte et la terre est mouillée, Et le linge blanc claque, éperdu, dans l'enclos.Le jardin nu sourit comme une face aimée Qui vous dit longuement adieu, quand la [size=18]mort vient ; Seul le son d'une enclume ou l'aboiement d'un chien Monte, mélancolique, à la vitre fermée.[/size] Albert Samain. L'AutomneÀ l'enterrement d'une feuille morte Deux escargots s'en vont Ils ont la coquille noire Du crêpe autour des cornes Ils s'en vont dans le soir Un très beau soir d'automne Hélas quand ils arrivent C'est déjà le printemps Les feuilles qui étaient mortes Sont toutes ressuscitées Et les deux escargots Sont très désappointés Mais voilà le soleil Le soleil qui leur dit Prenez prenez la peine La peine de vous asseoir Prenez un verre de bière Si le [size=18]coeur vous en dit Prenez si ça vous plaît L'autocar pour Paris Il partira ce soir Vous verrez du pays Mais ne prenez pas le deuil C'est moi qui vous le dit Ça noircit le blanc de l'oeil Et puis ça enlaidit Les histoires de cercueils C'est triste et pas joli Reprenez vos couleurs Les couleurs de la vie Alors toutes les bêtes Les arbres et les plantes Se mettent à chanter À chanter à tue-tête La vraie chanson vivante La chanson de l'été Et tout le monde de boire Tout le monde de trinquer C'est un très joli soir Un joli soir d'été Et les deux escargots S'en retournent chez eux Ils s'en vont très émus Ils s'en vont très heureux Comme ils ont beaucoup bu Ils titubent un petit peu Mais là-haut dans le ciel La Lune veille sur eux.[/size] Jacques Prévert.[size=18][/size] L'AutomneL'azur n'est plus égal comme un rideau sans pli La feuille, à tout moment, tressaille, vole et tombe ; Au bois, dans les sentiers où le taillis surplombe, Les taches de soleil, plus larges, ont pâli Mais l'oeuvre de la sève est partout accompli La grappe autour du cep se colore et se bombe, Dans le verger la branche au poids des fruits succombe, Et l'été meurt, content de son devoir rempli. Dans l'été de ta vie enrichis-en l'automne ; Ô mortel, sois docile à l'exemple que donne, Depuis des milliers d'ans, la terre au genre humain ; Vois le front, lisse hier, n'est déjà plus sans rides, Et les cheveux épais seront rares demain Fuis la honte et l'horreur de vieillir les mains vides.René-François Sully-Prudhomme. [size=18][/size] Soir d'Automne poèmeSoir d'automne Il est doux, ô mes yeux, lorsque le vent d'automne Cesse de s'acharner à l'arbre dont frissonne Le spectre dépouillé qui craque et tremble encor, De voir, dans l'air muet, où son vol se balance, Tomber en tournoyant à travers le silence, Une dernière feuille d'or. Quand au jour éclatant qui se voile succède Le crépuscule lent, humide, mol et tiède, Qui fait perler la mousse au dos des bancs velus, Il est doux, au [size=18]jardin mystérieux, d'entendreRésonner dans le soir le rire obscur et tendreDes visages qu'on ne voit plus.[/size] Henri de Régnier. [size=18][/size] Matin d'Octobre PoèmeMatin d'OctobreC’est l’heure exquise et matinale Que rougit un soleil soudain. A travers la brume automnale Tombent les feuilles du [size=18]jardin.[/size] Leur chute est lente.On peut les suivre Du regard en reconnaissant Le chêne à sa feuille de cuivre, L’érable à sa feuille de sang. Les dernières, les plus rouillées, Tombent des branches dépouillées ; Mais ce n’est pas l’hiver encore. Une blonde lumière arrose La nature, et, dans l’air tout rose, On croirait qu’il neige de l’or.François Coppée. [size=18][/size] Pluie d'Automne froide et tranquillePluie d'Automne La pluie froide et tranquilleQui tombe lentement du ciel gris,Frappe mes vitres à petits coupsComme pour m’appeler.Elle ne fait qu’un bruit léger,Et pourtant la chute de chaque goutteRetenti tristement dans mon cœur,Tandis qu’assis au foyer,Les pieds sur les chenets,La pluie monotone retient ma penséeDans une rêverie mélancoliqueEt je songe Anatole France.Poème sur la pluieLa pluie Par les deux fenêtres qui sont en face de moi, les deux fenêtres qui sont à ma gauche, et les deux fenêtres qui sont à ma droite, je vois, j’entends d’une oreille et de l’autretomber immensément la pluie. Je pense qu’il est un quart d’heure après midi : autour de moi, tout est lumière et eau. Je porte ma plume à l’encrier, et jouissant de lasécurité de mon emprisonnement, intérieur, aquatique, tel qu’un insecte dans le milieud’une bulle d’air, j’écris ce poème. Ce n’est point de la bruine qui tombe, ce n’est pointune pluie languissante et douteuse. La nue attrape de près la terre et descend sur elle serré et bourru, d’une attaque puissante et profonde. Qu’il fait frais, grenouilles, à oublier, dans l’épaisseurde l’herbe mouillée, la mare ! Il n’est pas à craindre que la pluie cesse ;cela est copieux, cela est satisfaisant. Altéré, mes frères, à qui cette très merveilleuserasade ne suffirait pas. La terre a disparu, la maison baigne,les arbres submergés ruissellent, le fleuve lui-même qui termine mon horizoncomme une mer paraît noyé. Le temps ne me dure pas, et, tendant l’ouïe,non pas au déclenchement d’aucune heure, je médite le ton innombrableet neutre du psaume. Cependant la pluie vers la fin du jour s’interrompt, et tandis que la nue accumulée prépare un plus sombre assaut, telle qu’Iris du sommet du ciel fondait toutdroit au cœur des batailles, une noire araignée s’arrête, la tête en bas et suspendue par le derrière au milieu de la fenêtre que j’ai ouverte sur les feuillages et le Nord couleur de brou. Il ne fait plus clair, voici qu’il faut allumer. Je fais aux tempêtes la libation de cette goutte d’encre. Paul Claudel.[size=13]L'Amitié[/size] [size=13]Comme un arbre, l'amitié grandit au fil des ans.
[/size] [size=13]Ses racines prennent de la vigueur et lui[/size] [size=13]permettent de devenir grande et forte.
[/size] [size=13]C'est de cette façon que la nôtre s'est développée,[/size] [size=13]et malgré nos hauts et nos bas,[/size] [size=13]nous avons vu grandir ce partage[/size] [size=13]de notre quotidien. [/size] [size=13]Aujourd'hui, pour s'apercevoir que l'autre a besoin d'un peu[/size] [size=13]d'attention ou simplement de notre présence,[/size] [size=13]nul n'est besoin de se parler.
[/size] [size=13]Je remercie la vie de t'avoir mis sur ma route; vraiment,[/size] [size=13]ce fut l'un des plus beaux [size=13]cadeaux qu'elle m'a fait.
[/size][/size] [size=13]Tout comme moi, tu es un arbre qui a essuyé bien[/size] [size=13]des tempêtes et des ouragans.
[/size] [size=13]Contre vents et marées, nous avons toujours su[/size] [size=13]garder le moral, apprécier le retour du soleil et[/size] [size=13]régénérer nos forces[/size] [size=13]dans les moments d'accalmie. Le plus merveilleux pour moi est de voir que nous[/size] [size=13]sommes encore côte à côte.
[/size] [size=13]Comme deux vieux arbres, nous sommes toujours empreints[/size] [size=13]de la même vigueur et du même besoin de survie qui nous[/size] [size=13]ont permis de rester debout jusqu'à ce jour.
[/size] [size=13]La vie nous réserve sûrement encore bien des surprises,[/size] [size=13]mais rien ne pourra détruire ce merveilleux bien qui nous unit.
[/size] [size=13]Continuons à prendre soin des racines de notre [size=13]amitié ,[/size][/size] [size=13]de façon à ce que nous puissions encore longtemps partager[/size] [size=13]notre quotidien et apprécier chaque jour que nous vivons.[/size] [size=13]Andrée Lapierre.[/size] L'Automne sur les ailes des oiseauxL'Automne L’automne sur les ailes des oiseaux couleur de feuille et de forêt qui meurt une tendre rousseur une braise qui s’avive dans un lambeau de vent arraché à l’automne et les ailes qui volent avec les ailes délivrées. Le temps s’achève dans un orage clair. Un seul mouvement qui arrive une seule liberté feuilles et plumes fondues dans l’air flammes qui descendent envol sur les terrasses du soir. Un seul envol d’automne et de cendres une submergeante lumière.
Jean Mambrinon. Les brumes d'AutomneBrume d'AutomneDéjà sur les coteaux les brumes de l'AutomneEtendent chaque soir leurs voiles ténébreuxEt les arbres jaunis ont l'aspect monotoneDe nos plaisirs passés dans les jours malheureux.Le Ciel est confondu aux couleurs de la TerreUn nuage léger arrête nos regardsEt le bois assombri semble plus solitaireQuand il a revêtu la robe des brouillards.Les yeux cherchent en vain les lueurs grandiosesDes crépuscules d'or dans les cieux embrasésSon image s'efface et les brumes morosesJalouses du Soleil nous cachent ses clartés.Il semble que la Mort de son baiser de glaceA touché la Nature et ses riants atoursAinsi dans notre coeur tout change et tout s'effaceSous le baiser trompeur des farouches amours.Il est un âge aussi au déclin de la VieOù de nos souvenirs les voiles nébuleuxNous cachent les beautés d'une extase ravieOù le regret en deuil sait attrister nos yeux.Nous pleurons le Passé et des larmes amèresExpliquent nos chagrins et nos grands désespoirsNous pleurons et nos coeurs se fermant aux chimèresVeulent aimer encor dans le calme des soirs.L'Amour sur nos désirs tel les brumes d'AutomneEtend comme un linceul ses voiles ténébreuxEt tremblante d'émoi notre lèvre fredonne Les refrains qu'on chantait dans les jours bienheureux.Honoré Harmand.Les chevaux de CamargueLa Camargue Le vent qui souffle Dans les roseaux Me fait penser Aux chants d'oiseaux De la Camargue, je vous écris N'ayant ici pour seuls amis Chevaux, taureaux et grains de riz La nature là pousse son cri. Dans les manades, La nuit tombée, Cris et ruades Peuvent se lâcher. Autour d'un feu, une veillée De leurs belles femmes accompagnés, Dansant sur des rythmes endiablés, Gardians se mettent à chanter. Le son des cordes me fait vibrer Ces femmes qui dansent, chavirer. Dame nature vient les aider Sifflant son air, si enchanté. Je reste là, sagement terré Pour du spectacle profiter. Toutes ces couleurs virevoltaient Je m'en retrouvais enivré. À la fin de cette belle soirée Émerveillé je pu rentrer La Camargue est un lieu sacré Où il fait bon se ressourcer.Fabien Cendre.Les feuilles mortes poèmeLes feuilles mortes Simone, allons au bois, les feuilles sont tombées, Elles recouvrent la mousse, les pierres et les sentiers. Simone, aimes-tu le bruit des pas sur les feuilles mortes ?Elles ont les couleurs si douces, des tons si graves, Elles sont sur la terre si frêles épaves ! Simone, aimes-tu le bruit des pas sur les feuilles mortes ?Elles ont l'air si dolent à l'heure du crépuscule, Elles crient si tendrement, quand le vent les bouscule ! Simone, aimes-tu le bruit des pas sur les feuilles mortes ?Quand le pied les écrase elles pleurent comme des âmes, Elles font un bruit d'ailes ou de robes de [size=18]femmes.Simone, aimes-tu le bruit des pas sur les feuilles mortes ?[/size] Viens : nous serons un jour de pauvres feuilles mortes. Viens : déjà la nuit tombe et le vent nous emporte. Simone, aimes-tu le bruit des pas sur les feuilles mortes ? Rémy de Gourmont. Ninnenne blog de partage [/size] | |
| | | marileine moderateur
Messages : 27475 Date d'inscription : 08/03/2012 Localisation : belgique
| Sujet: Re: Poèmes de différents auteurs Ven 16 Déc - 11:38 | |
| L'offrande à la nature très beau poèmeL'offrande à la nature Nature au cœur profond sur qui les cieux reposent, Nul n'aura comme moi si chaudement aimé La lumière des jours et la douceur des choses, L'eau luisante et la terre où la vie a germé.
La forêt, les étangs et les plaines fécondes Ont plus touché mes yeux que les regards humains, Je me suis appuyée à la beauté du monde Et j'ai tenu l'odeur des saisons dans mes mains. J'ai porté vos soleils ainsi qu'une couronne Sur mon front plein d'orgueil et de simplicité, Mes jeux ont égalé les travaux de l'automne Et j'ai pleuré d'amour aux bras de vos étés. Je suis venue à vous sans peur et sans prudence Vous donnant ma raison pour le bien et le mal, Ayant pour toute joie et toute connaissance Votre âme impétueuse aux ruses d'animal. Comme une fleur ouverte où logent des abeilles Ma vie a répandu des parfums et des chants, Et mon cœur matineux est comme une corbeille Qui vous offre du lierre et des rameaux penchants. Soumise ainsi que l'onde où l'arbre se reflète, J'ai connu les désirs qui brûlent dans vos soirs Et qui font naître au cœur des hommes et des bêtes La belle impatience et le divin vouloir. Je vous tiens toute vive entre mes bras, Nature. Ah ! faut-il que mes yeux s'emplissent d'ombre un jour, Et que j'aille au pays sans vent et sans verdure Que ne visitent pas la lumière et l'amour.
Anna de Noailles. Un renard plein d'esprit poèmeLe renard déguisé Un renard plein d'esprit, d'adresse, de prudence, À la cour d'un lion servait depuis longtemps. Les succès les plus éclatants Avaient prouvé son zèle et son intelligence. Pour peu qu'on l'employât, toute affaire allait bien. On le louait beaucoup, mais sans lui donner rien ; Et l'habile renard était dans l'indigence. Lassé de servir des ingrats, De réussir toujours sans en être plus gras, Il s'enfuit de la cour ; dans un bois solitaire Il s'en va trouver son grand-père, Vieux renard retiré, qui jadis fut vizir. Là, contant ses exploits, et puis les injustices, Les dégoûts qu'il eut à souffrir, Il demande pourquoi de si nombreux services N'ont jamais pu rien obtenir. Le bon homme renard, avec sa voix cassée, Lui dit : mon cher enfant, la semaine passée, Un blaireau mon cousin est mort dans ce terrier : C'est moi qui suis son héritier, J'ai conservé sa peau : mets-la dessus la tienne, Et retourne à la cour,le renard avec peine Se soumit au conseil ; affublé de la peau De feu son cousin le blaireau, Il va se regarder dans l'eau d'une fontaine, Se trouve l'air d'un sot, tel qu'était le cousin. Tout honteux, de la cour il reprend le chemin. Mais, quelques mois après, dans un riche équipage, Entouré de valets, d'esclaves, de flatteurs, Comblé de dons et de faveurs, Il vient de sa fortune au vieillard faire hommage : Il était grand vizir. Je te l'avais bien dit, S'écrie alors le vieux grand-père : Mon ami, chez les grands quiconque voudra plaire Doit d'abord cacher son esprit. Jean-Pierre Claris de Florian. [size=18][/size] Très beau texte sur les chevaux de CamargueTrois feuilles mortes poème d'AutomneTrois feuilles mortes Ce matin devant ma porte, J'ai trouvé trois feuilles mortes. La première aux tons de sang M'a dit [size=18]bonjour en passant Puis au vent s'en est allée.[/size] La seconde dans l'allée, Au creux d'une flaque d'eau A sombré comme un bateau. J'ai conservé dans ma chambre La troisième couleur d'ambre. Quand l'hiver sera venu, Quand les arbres seront nus, Cette feuille desséchée, Contre le mur accrochée Me parlera des beaux jours Dont j'attends le gai retour. Raymond Richard. Le bel Automne est revenu poèmeLe bel [size=18]Automne est revenu[/size] À pas menus, menus, Le bel [size=18]automne est revenu Dans le brouillard, sans qu'on s'en doute, Il est venu par la grand'route Habillé d'or et de carmin. Et tout le long de son chemin, Le vent bondit, les pommes roulent, Il pleut des noix, les feuilles croulent. Ne l'avez-vous pas reconnu Le bel automne est revenu.[/size] Raymond Richard. L'Automne très beau poèmeL'Automne La danseuse aux mille pieds Qui revient quand on s'ennuie, Lorsque les rondins mouillés, Sur les deux chenets rouillés, Pleurent noir comme la suie, C'est la pluie, C'est la pluie. La danseuse aux mille pieds Qui revient quand on s'ennuie, Quand les beaux jours oubliés, Dans les bois et les sentiers, Pleurent l'hirondelle enfuie, C'est la pluie, C'est la pluie. La danseuse aux mille pieds Qui revient quand on s'ennuie, Qui [size=18]danse des jours entiers, Dans nos âmes, sans pitié, Le ballet des songeries,[/size] C'est la pluie, C'est la pluie. La danseuse aux mille pieds Qui revient quand on s'ennuie, Quand les cœurs humiliés, À l'automne résignés, Se souviennent de la vie, C'est la pluie, C'est la pluie. Francis Yard . C'est le silence de L'AutomneSilence d'automne C'est le silence de l'automne Où vibre un soleil, monotone Dans la profondeur des cieux blancs ... Voici qu'à l'approche du givre Les grands bois s'arrêtent de vivre Et retiennent leurs cœurs tremblants. Vois, le ciel vibre, monotone ; C'est le silence de l'automne. O forêt ! qu'ils sont loin les [size=18]oiseaux d'autrefois Et les murmures d'or des guêpes dans les bois ! Adieu, la vie immense et folle qui bourdonne ! Entends, dans cette paix qui comme toi frissonne, Combien s'est ralenti le cœurs fougueux des bois Et comme il bat, à coups dolents et monotones Dans le silence de l'automne ![/size] Fernand Gregh. [size=18][/size] La petite pomme s'ennuie poèmePetite pomme La petite pomme s'ennuie De n'être pas encore cueillie. Les autres pommes sont parties, Petite pomme est sans amie. Comme il fait froid dans cet [size=18]automne ! Les jours sont courts ! Il va pleuvoir. Comme on a peur au verger noir Quand on est seule et qu'on est pomme.[/size] Je n'en puis plus viens me cueillir, Tu viens me cueillir Isabelle ? Comme c'est triste de vieillir Quand on est pomme et qu'on est belle. Prends-moi doucement dans ta main, Mais fais-moi vivre une journée, Bien au chaud sur ta cheminée Et tu me mangeras demain. Géo Norge. [size=18][/size] A tout autre saison je préfère l'AutomneL'Automne A toute autre saison je préfère l'automne; Et je préfère aux chants des arbres pleins de nids La lamentation confuse et monotone Que rend la harpe d'or des grands chênes jaunis. Je préfère aux gazons semés de pâquerettes Où la source égrenait son collier d'argent vif, La clairière déserte où, tristes et discrètes, Les feuilles mortes font leur bruit doux et plaintif. Plus de moissons aux champs, ni de foin aux vallées; Mais le seigle futur rit sur les bruns sillons, Et le saule penchant ses branches désolées Sert de perchoir nocturne aux frileux oisillons. Et, depuis le ruisseau que recouvrent les aulnes Jusqu'aux sommets où, seuls, les ajoncs ont des [size=18]fleurs, Les feuillages divers qui s'étagent par zones Doublent le chant des bruits de l'hymne des couleurs. Et les pommiers sont beaux, courbés sous leurs fruits roses, Et beaux les ceps sanglants marbrés de raisins noirs; Mais plus beaux s'écroulant sous leurs langues décloses, Les châtaigniers vêtus de la pourpre des soirs. Ici c'est un grand feu de fougère flétrie D'où monte dans le ciel la fumée aux flots bleus, Et, comme elle, la vague et lente rêverie Du pâtre regardant l'horizon nébuleux. Plus loin un laboureur, sur la lande muette, S'appuie à la charrue, et le soleil couchant Détache sur fond d'or la fière silhouette Du bouvier et des bœufs arrêtés en plein champ. L'on se croirait devant un vitrail grandiose Où quelque artiste ancien, saintement inspiré, Aurait représenté dans une apothéose Le serf et l'attelage et l'araire sacré.
François Fabié.[/size] Le Bonheur très beau texte[size=13]Le Bonheur[/size] [size=13]Un beau [size=13]paysage, L'amour en partage, La complicité d'une soeur, Voilà le bonheur![/size][/size] [size=13]Le sourire d'un enfant, Sa première dent, Entendre des chansons Au rythme des saisons C'est le bonheur![/size] [size=13]Protéger la vieillesse Par la présence de la jeunesse Écarter l'être du mal Sans lui faire la morale C'est le bonheur![/size] [size=13]Cracher son venin, Son dégoût, c'est malsain, L'écrire, le chanter, À qui veut l'écouter, C'est le bonheur![/size] [size=13]Prendre un pinceau, Le faire glisser sur le tableau Avec des couleurs chatoyantes Créer une image chantante C'est vraiment le bonheur![/size] [size=13]Un moment présent Près de toi maman, Papa toujours à tes cotés Une retraite bien mérité Voilà le bonheur![/size] [size=13]Les soirées télés Toi dans le canapé, [size=13]Moi dans le fauteuil, Un sourire, un clin d'oeil, C'est le bonheur![/size][/size] [size=13]Une soirée entre copains, S'éclater comme des gamins, Micro, batterie et guitare Rêvant d'être star Voilà mon bonheur![/size] [size=13]Cordelettre Patrick.[/size] Superbes couchers de SoleilLes Soleils d' Automne Aux jours où les feuilles jaunissent, Aux jours où les soleils finissent, Hélas ! nous voici revenus ; Le temps n’est plus, ma-bien-aimée, Où sur la pelouse embaumée Tu posais tes pieds blancs et nus. L’herbe que la pluie a mouillée Se traîne frileuse et souillée ; On n’entend plus de joyeux bruits Sortir des gazons et des mousses ; Les châtaigniers aux branches rousses Laissent au vent tomber leurs fruits. Sur les coteaux aux pentes chauves, De longs groupes d’arbustes fauves Dressent leurs rameaux amaigris ; Dans la forêt qui se dépouille, Les bois ont des teintes de rouille ; L’astre est voilé, le ciel est gris. Cependant, sous les vitres closes, Triste de la chute des roses, Il n’est pas temps de s’enfermer ; Toute fleur n’est pas morte encore ; Un beau jour, une [size=18]belle aurore Au ciel, demain, peut s’allumer.[/size] La terre, ô ma frileuse amie ! Ne s’est point encore endormie Du morne sommeil de l’hiver… Vois ! la lumière est revenue : Le soleil, entr’ouvrant la nue, Attiédit les moiteurs de l’air. Sous la lumière molle et sobre De ces soleils calmes d’octobre, Par les bois je voudrais errer ! L’automne a de tièdes délices : Allons sur les derniers calices, Ensemble, allons les respirer ! Je sais dans la forêt prochaine, Je sais un site au pied du chêne Où le vent est plus doux qu’ailleurs ; Où l’eau, qui fuit sous les ramures, Échange de charmants murmures Avec l’abeille, avec les fleurs. Dans ce lieu plein d’un charme agreste, Où pour rêver souvent je reste, Veux-tu t’asseoir, veux-tu venir ? Veux-tu, sur les mousses jaunies, Goûter les pâles harmonies De la saison qui va finir ? Partons ! et, ma main dans la tienne, Qu’à mon bras ton bras se soutienne ! Des bois si l’humide vapeur Te fait frissonner sous ta mante, Pour réchauffer ta main charmante Je la poserai sur mon cœur. Et devant l’astre qui décline, Debout sur la froide colline, Et ton beau front penché sur moi, Tu sentiras mille [size=18]pensées, Des herbes, des feuilles froissées Et des bois morts, monter vers toi.[/size] Et devant la terne verdure, Songeant qu’ici-bas rien ne dure, Que tout passe, fleurs et beaux jours, A cette nature sans flamme Tu pourras comparer, jeune âme, Mon cœur, pour toi brûlant toujours ! Mon cœur, foyer toujours le même, Foyer vivant, foyer qui t’aime, Que ton regard fait resplendir ! Que les saisons, que les années, Que l’âpre vent des destinées Ne pourront jamais refroidir ! Et quand, noyés de brume et d’ombre, Nous descendrons le coteau sombre, Rayon d’amour, rayon d’espoir, Un sourire, ô ma bien-aimée ! Jouera sur ta lèvre embaumée Avec les derniers feux du soir. Auguste Lacaussade. Il fait Novembre en mon âme poèmeIl fait Novembre en mon âme Rayures d'eau, longues feuilles couleur de brique, Par mes plaines d'éternité comme il en tombe ! Et de la pluie et de la pluie et la réplique D'un gros vent boursouflé qui gonfle et qui se bombe Et qui tombe, rayé de pluie en de la pluie. Il fait novembre en mon âme Feuilles couleur de ma douleur, comme il en tombe ! Par mes plaines d'éternité, la pluie Goutte à goutte, depuis quel temps, s'ennuie, Il fait novembre en mon âme Et c'est le vent du Nord qui clame Comme une bête dans mon âme. Feuilles couleur de lie et de douleur, Par mes plaines et mes plaines comme il en tombe ; Feuilles couleur de mes douleurs et de mes pleurs, Comme il en tombe sur mon coeur ! Avec des loques de nuages, Sur son pauvre oeil d'aveugle S'est enfoncé, dans l'ouragan qui meugle, Le vieux soleil aveugle. Il fait novembre en mon âme Quelques osiers en des mares de limon veule Et des cormorans d'encre en du brouillard, Et puis leur cri qui s'entête, leur morne cri Monotone, vers l'infini ! Il fait novembre en mon âme Une barque pourrit dans l'eau, Et l'eau, elle est d'acier, comme un couteau, Et des saules vides flottent, à la dérive, Lamentables, comme des trous sans dents en des gencives. Il fait novembre en mon âme Il fait novembre et le vent brame Et c'est la pluie, à l'infini, Et des nuages en voyages Par les tournants au loin de mes parages Il fait novembre en mon âme Et c'est ma bête à moi qui clame, Immortelle, dans mon âme ! Emile Verhaeren. [size=18][/size] [size=24]Très beau poéme sur la femme La BéatriceDans des terrains cendreux, calcinés, sans verdure, Comme je me plaignais un jour à la [size=18]nature, Et que de ma pensée, en vaguant au hasard, J'aiguisais lentement sur mon coeur le poignard, Je vis en plein midi descendre sur ma tête Un nuage funèbre et gros d'une tempête, Qui portait un troupeau de démons vicieux, Semblables à des nains cruels et curieux. A me considérer froidement ils se mirent, Et, comme des passants sur un fou qu'ils admirent, Je les entendis rire et chuchoter entre eux, En échangeant maint signe et maint clignement d'yeux Contemplons à loisir cette caricature Et cette ombre d'Hamlet imitant sa posture, Le regard indécis et les cheveux au vent. N'est-ce pas grand'pitié de voir ce bon vivant, Ce gueux, cet histrion en vacances, ce drôle, Parce qu'il sait jouer artistement son rôle, Vouloir intéresser au chant de ses douleurs Les aigles, les grillons, les ruisseaux et les fleurs, Et même à nous, auteurs de ces vieilles rubriques, Réciter en hurlant ses tirades publiques ? J'aurais pu mon orgueil aussi haut que les monts Domine la nuée et le cri des démons Détourner simplement ma tête souveraine, Si je n'eusse pas vu parmi leur troupe obscène, Crime qui n'a pas fait chanceler le soleil ! La reine de mon coeur au regard non pareil, Qui riait avec eux de ma sombre détresse Et leur versait parfois quelque sale caresse.
[/size] Charles Baudelaire . [size=18][/size] Apologie à L'Automne PoèmeApologie à L'AutomneJ'ai vainement lutté contre ton charme, Automne :A ton impérieux attrait je m'abandonne.J'ai cru que je n'avais qu'à te fermer mon cœurPour me soustraire au doux péril de ta langueur,Mais ta beauté sereine à jamais me possède,Et pareil à la feuille au vent puissant, je cède...Je ne puis pas ne pas t'aimer sans repentir !Je ne puis pas ne pas te voir ni te sentir,Puisque ta grâce grave en mes yeux est entrée,Et que de ta splendeur mon âme est pénétrée !En tes bras, que j'ai fuis par crainte d'y mourir,Prends-moi ! Berce mon cœur faible de trop souffrir...Endors-moi, si tu veux, pourvu que dans mon rêveJ'entende murmurer l'arbre au vent qui s'élève,Et que je voie, au fond de l'horizon pourpré,Descendre avec lenteur le grand soleil doré !J'accepte ton sommeil, fût-il fatal à l'âme,Je le désire, Automne, et même le réclame !Et j'ai honte aujourd'hui des mots présomptueuxQue proféra mon cœur subjugué, mais peureux.Je ne repousse plus, je subis et j'appelleTon influence étrange, ô Saison la plus belle,O ciel baigné de brume où transparaît l'azur,O terre dépouillée où tombe le fruit mûr !Sur la ville bruyante et de laideur punie,Tu fais régner, Automne, une paix infinie,Et ton soleil couchant rayonnant sur les toitsRend toute chose pure et douce comme toi.Je t'aime, car tu mets ton cœur sur ma pensée,Comme une lune d'or sur une onde apaisée...Albert Lozeau.Les feuilles d'AutomneQuand le [size=18]livre où s'endort chaque soir ma pensée,Quand l'air de la maison, les soucis du foyer,Quand le bourdonnement de la ville insenséeOù toujours on entend quelque chose crier,Quand tous ces mille soins de misère ou de fêteQui remplissent nos jours, cercle aride et borné,Ont tenu trop longtemps, comme un joug sur ma tête,Le regard de mon âme à la terre tourné ;Elle s'échappe enfin, va, marche, et dans la plainePrend le même sentier qu'elle prendra demain,Qui l'égare au hasard et toujours la ramène,Comme un coursier prudent qui connaît le chemin.Elle court aux forêts où dans l'ombre indéciseFlottent tant de rayons, de murmures, de voix,Trouve la rêverie au premier arbre assise,Et toutes deux s'en vont ensemble dans les bois ![/size] Victor Hugo. [size=18][/size] Les cheveux blancs très beau PoèmeLes cheveux blancs
Enfant, tes jours sont gais, les miens sont monotones. En deux saisons pour nous se partage le temps ; L'année a beau changer, je n'ai que des automnes, Toi seule as des printemps. Tout de mon cœur se ferme et du tien tout s'épanche. S'il te faut des bonheurs que [size=18]Dieu prenne les miens ; Je ne me plaindrai pas de ceux qu'il me retranche S'il les ajoute aux tiens. Il m'enlève un sourire, il t'apporte une grâce. L'air qui te rafraîchit me donne des frissons ; Tu vas avoir neuf ans ; oh ! comme le temps passe, Et comme nous passons ! Ton âge te rend fier et le mien me fait honte : Les ans pour moi sont lourds, ils ne te pèsent rien, De peur d'en perdre un seul à ton âge on les compte ; On les oublie au mien. L'astre de l'enfant dort au milieu de l'espace, L'astre de l'homme vole ainsi qu'un tourbillon ; Heureux si dans l'azur il laisse, quand il passe, Un lumineux sillon ! On naît jeune, par tous cette mode est suivie ; Avec ses doux printemps on fait des envieux ; Il semble qu'à rebours j'ai commencé la vie Et que je suis né vieux. Je suis tout gris, hélas ! mais sans que mon front penche. J'étais, presque à trente ans, le vieillard que tu vois, Et je n'avais de jeune, avec ma tête blanche, Que l'esprit, que la voix. Lorsqu'on ne trouve en soi rien de sec, rien d'aride, On se croit jeune encor, de front comme de cœur, Jusqu'au jour où le temps vient, au fond d'une ride, Poser son doigt moqueur. Ton sourire est charmant de candeur et de grâce. Je fais, pour l'imiter, des efforts superflus ; N'est-ce pas que le mien est comme une grimace, Une ride de plus ? Quand pour toi chaque instant fait fleurir toutes choses, De mes jours sans parfums que ton âme ait pitié, Mais ne me jette pas ainsi toutes tes roses ; C'est trop de la moitié. Garde-moi, c'est assez pour une vie amère, La dîme des bonheurs qu'on goûte auprès de toi : Quand tu voudras donner dix baisers à ta mère, Que l'un d'eux soit pour moi !
Delphis de La Cour.
[/size] [size=18][/size] Ce que dit la pluie PoèmeCe que dit la pluieM'a dit la pluie : Écoute Ce que chante ma goutte, Ma goutte au chant perlé. Et la goutte qui chante M'a dis ce chant perlé : Je ne suis pas méchante, Je fais mûrir le blé. Ne sois pas triste mine J'en veux à la famine. Si tu tiens à ta chair, Bénis l'eau qui t'ennuie Et qui glace ta chair ; Car c'est grâce à la pluie Que le pain n'est pas cher. Le ciel toujours superbe Serait la soif à l'herbe Et la mort aux épis. Quand la moisson est rare Et le blé sans épis, La paysan avare Te dit : Crève, eh ! tant pis ! Mais quand avril se brouille, Que son ciel est de rouille, Et qu'il pleut comme il faut, Le paysan bonasse Dit à sa femme : il faut, Lui remplir sa besace, Lui remplir jusqu'en haut. M'a dit la pluie : Écoute Ce que chante ma goutte, Ma goutte au chant perlé. Et la goutte qui chante M'a dit ce chant perlé Je ne suis pas méchante, Je fais mûrir le blé Jean Chapelin . [/size] [size][size] [size][url][/url][/size][/size] Le Vent
Sur la bruyère longue infiniment, Voici le vent cornant Novembre Sur la bruyère, infiniment, Voici le vent Qui se déchire et se démembre En souffles lourds, battant les bourgs, Voici le vent, Le vent sauvage de Novembre. Aux puits des fermes, Les seaux de fer et les poulies Grincent ; Aux citernes des fermes, Les seaux et les poulies Grincent et crient. Le vent rafle, le long de l’eau, Les feuilles mortes des bouleaux, Le vent sauvage de Novembre ; Le vent mord, dans les branches, Des nids d’oiseaux ; Le vent râpe du fer Et précipite l’avalanche, Rageusement, du vieil [size=18]hiver,Rageusement, le vent,Le vent sauvage de Novembre.Émile Verhaeren.
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| | | marileine moderateur
Messages : 27475 Date d'inscription : 08/03/2012 Localisation : belgique
| Sujet: Re: Poèmes de différents auteurs Ven 16 Déc - 12:43 | |
| Il fait froid L’hiver blanchit le dur chemin Tes jours aux méchants sont en proie. La bise mord ta douce main ; La haine souffle sur ta joie. La [size=18]neige emplit le noir sillon. La lumière est diminuée… Ferme ta porte à l’aquilon ! Ferme ta vitre à la nuée ![/size] Et puis laisse ton coeur ouvert ! Le coeur, c’est la sainte fenêtre. Le soleil de brume est couvert ; Mais [size=18]Dieu va rayonner peut-être ![/size] Doute du bonheur, fruit mortel ; Doute de l’homme plein d’envie ; Doute du prêtre et de l’autel ; Mais crois à l’amour, ô ma vie ! Crois à l’amour, toujours entier, Toujours brillant sous tous les voiles ! A l’amour, tison du foyer ! A l’amour, rayon des étoiles ! Aime, et ne désespère pas. Dans ton âme, où parfois je passe, Où mes vers chuchotent tout bas, Laisse chaque chose à sa place. La fidélité sans ennui, La paix des vertus élevées, Et l’indulgence pour autrui, Eponge des fautes lavées. Dans ta [size=18]pensée où tout est beau, Que rien ne tombe ou ne recule. Fais de ton amour ton flambeau. On s’éclaire de ce qui brûle.[/size] A ces démons d’inimitié Oppose ta [size=18]douceur sereine, Et reverse leur en pitié Tout ce qu’ils t’ont vomi de haine.[/size] La haine, c’est l’hiver du coeur. Plains-les ! mais garde ton courage. Garde ton [size=18]sourire vainqueur ; Bel arc-en-ciel, sors de l’orage ![/size] Garde ton amour éternel. L’hiver, l’astre éteint-il sa flamme ? Dieu ne retire rien du ciel ; Ne retire rien de ton âme ! Victor Hugo. Les cygnes blancs très beau poèmeLes cygnes blancs Les cygnes blancs, dans les canaux des villes mortes, Parmi l'eau pâle où les vieux murs sont décalqués Avec des noirs usés d'estampes et d'eaux-fortes, Les cygnes vont comme du songe entre les quais. Et le soir, sur les eaux doucement remuées, Ces cygnes imprévus, venant on ne sait d'où, Dans un chemin lacté d'astres et de nuées Mangent des [size=18]fleurs de lune en allongeant le cou.[/size] Or ces cygnes, ce sont des âmes de naguères Qui n'ont vécu qu'à peine et renaîtront plus tard, Poètes s'apprenant aux silences de l'art, Qui s'épurent encore en ces blancs sanctuaires, Poètes décédés enfants, sans avoir pu Fleurir avec des pleurs une gloire et des nimbes, Ames qui reprendront leur oeuvre interrompu Et demeurent dans ces canaux comme en des limbes ! Mais les cygnes royaux sentant la mort venir Se mettront à chanter parmi ces eaux plaintives Et leur voix presque humaine ira meurtrir les rives D'un air de commencer plutôt que de finir... Car dans votre agonie, ô grands [size=18]oiseaux insignes,[/size] Ce qui chante déjà c'est l'âme s'évadant D'enfants-poètes qui vont revivre en gardant Quelque chose de vous, les ancêtres, les cygnes Georges Rodenbach. [size=18][/size] Décembre
Le givre étincelant, sur les carreaux gelés, Dessine des milliers d'arabesques informes, Le fleuve roule au loin des banquises énormes, De fauves tourbillons passent échevelés. Sur la crête des monts par l'ouragan pelés, De gros nuages lourds heurtent leurs flancs difformes, Les sapins sont tout blancs de [size=18]neige, et les vieux ormes Dressent dans le ciel gris leurs grands bras désolés. Des hivers boréaux tous les sombres ministres Montrent à l'horizon leurs figures sinistres, Le froid darde sur nous son aiguillon cruel. Evitons à tout prix ses farouches colères, Et, dans l'intimité, narguant les vents polaires, Réchauffons-nous autour de l'arbre de Noël.Louis-Honoré Fréchette . La danse de nuit très beau poèmeLa danse de nuit Ah, la danse ! La danseQui fait battre le coeur,C'est la vie en cadenceEnlacée au bonheur.Accourez, le temps vole,Saluez s'il-vous-plaît,L'orchestre a la paroleEt le bal est complet.Sous la lune étoiléeQuand brunissent les boisChaque fête étoiléeJette lumières et voix.Les fleurs plus embauméesRêvent qu'il fait soleilEt nous, plus animéesNous n'avons pas sommeil.Flammes et musique en têteEnfants ouvrez les yeuxEt frappez à la fêteVos petits pieds joyeux.Ne renvoyez personne !Tout passant danseraEt bouquets ou couronneTout danseur choisira.Sous la nuit et ses voilesQue nous illuminonsComme un cercle d'étoiles,Tournons en choeur, tournons.Ah, la danse ! La danseQui fait battre le coeur,C'est la vie en cadenceEnlacée au bonheur. Marceline Desbordes-Valmore. Il fait froid très beau poème de Victor HugoIl fait froid L’hiver blanchit le dur chemin Tes jours aux méchants sont en proie. La bise mord ta douce main ; La haine souffle sur ta joie. La [size=18]neige emplit le noir sillon. La lumière est diminuée… Ferme ta porte à l’aquilon ! Ferme ta vitre à la nuée ![/size] Et puis laisse ton coeur ouvert ! Le coeur, c’est la sainte fenêtre. Le soleil de brume est couvert ; Mais [size=18]Dieu va rayonner peut-être ![/size] Doute du bonheur, fruit mortel ; Doute de l’homme plein d’envie ; Doute du prêtre et de l’autel ; Mais crois à l’amour, ô ma vie ! Crois à l’amour, toujours entier, Toujours brillant sous tous les voiles ! A l’amour, tison du foyer ! A l’amour, rayon des étoiles ! Aime, et ne désespère pas. Dans ton âme, où parfois je passe, Où mes vers chuchotent tout bas, Laisse chaque chose à sa place. La fidélité sans ennui, La paix des vertus élevées, Et l’indulgence pour autrui, Eponge des fautes lavées. Dans ta [size=18]pensée où tout est beau, Que rien ne tombe ou ne recule. Fais de ton amour ton flambeau. On s’éclaire de ce qui brûle.[/size] A ces démons d’inimitié Oppose ta [size=18]douceur sereine, Et reverse leur en pitié Tout ce qu’ils t’ont vomi de haine.[/size] La haine, c’est l’hiver du coeur. Plains-les ! mais garde ton courage. Garde ton [size=18]sourire vainqueur ; Bel arc-en-ciel, sors de l’orage ![/size] Garde ton amour éternel. L’hiver, l’astre éteint-il sa flamme ? [size=18]Dieu ne retire rien du ciel ; Ne retire rien de ton âme ![/size] Victor Hugo. [size=18][/size] Le flocon de neige poèmeLe floconVenant de Norvège Un flocon de neige Qui volait au vent S’en allait rêvant. Voyant un fille D’allure gentille Par le Nord giflée Bien emmitouflée D’un bonnet de laine Il se dit : Ma veine ! De la bonne aubaine Si je profitais pour me camoufler Et me réchauffer. J’attendrai demain Pour continuer tout ce long chemin. Il n’eut pas de peine A mettre le nez Dessous le bonnet Mais sa longue route Soudain s’arrêta : Un frêle goutte Fut le résultat. Ceux qui se figurent Pouvoir ignorer Tout de leur nature N’ont plus qu’à pleurer.Louis Delorme.Oh les charmants oiseaux joyeux poème de Victor HugoOh les charmants [size=18]oiseaux joyeux[/size] Oh ! les charmants [size=18]oiseaux joyeux ! Comme ils maraudent ! comme ils pillent ! Où va ce tas de petits gueux Que tous les souffles éparpillent ? Ils s'en vont au clair firmament ; Leur voix raille, leur bec lutine ; Ils font rire éternellement La grande nature enfantine. Ils vont aux bois, ils vont aux champs, À nos toits remplis de mensonges, Avec des cris, avec des chants, Passant, fuyant, pareils aux songes. Comme ils sont près du Dieu vivant Et de l'aurore fraîche et douce, Ces gais bohémiens du vent N'amassent rien qu'un peu de mousse. Toute la terre est sous leurs yeux ; Dieu met, pour ces purs êtres frêles, Un triomphe mystérieux Dans la légèreté des ailes. Atteignent-ils les astres ? Non. Mais ils montent jusqu'aux nuages. Vers le rêveur, leur compagnon, Ils vont, familiers et sauvages. La grâce est tout leur mouvement, La volupté toute leur vie ; Pendant qu'ils volent vaguement La feuillée immense est ravie. L'oiseau va moins haut que Psyché. C'est l'ivresse dans la nuée. Vénus semble l'avoir lâché De sa ceinture dénouée. Il habite le demi-jour ; Le plaisir est sa loi secrète. C'est du temple que sort l'amour, C'est du nid que vient l'amourette. L'oiseau s'enfuit dans l'infini Et s'y perd comme un son de lyre. Avec sa queue il dit nenni Comme Jeanne avec son sourire. Que lui faut-il ? un réséda, Un myrte, un ombre, une cachette. Esprit, tu voudrais Velléda ; Oiseau, tu chercherais Fanchette. Colibri, comme Ithuriel, Appartient à la zone bleue. L'ange est de la cité du ciel ; Les oiseaux sont de la banlieue.
[/size] Victor Hugo. [size=18][/size] C'est l'HiverL'HiverC’est l’hiver sans parfum ni chants. Dans le pré, les brins de verdure Percent de leurs jets fléchissants La neige étincelante et dure.Quelques buissons gardent encor Des feuilles jaunes et cassantes Que le vent âpre et rude mord Comme font les chèvres grimpantes.Et les arbres silencieux Que toute cette neige isole Ont cessé de se faire entre eux Leurs confidences bénévoles.Bois feuillus qui, pendant l’été, Au chaud des feuilles cotonneuses Avez connu les voluptés Et les cris des huppes chanteuses,Vous qui, dans la douce saison, Respiriez la senteur des gommes, Vous frissonnez à l’horizon Avec des gestes qu’ont les hommes.Vous êtes las, vous êtes nus, Plus rien dans l’air ne vous protège, Et vos [size=18]coeurs tendres ou chenusSe désespèrent sur la neige.[/size] Et près de vous, frère orgueilleux, Le sapin où le soleil brille Balance les fruits écailleux Qui luisent entre ses aiguilles.Anna de Noailles. Ninnenne blog de partage [/size] | |
| | | marileine moderateur
Messages : 27475 Date d'inscription : 08/03/2012 Localisation : belgique
| Sujet: Re: Poèmes de différents auteurs Sam 17 Déc - 11:51 | |
| Il a neigé Poème de Maurice CarèmeIl a neigé Il a neigé dans l'aube rose Si doucement neigé, Que le chaton croit rêver. C'est à peine s'il ose Marcher. Il a neigé dans l'aube rose Si doucement neigé, Que les choses Semblent avoir changé. Et le chaton noir n'ose S'aventurer dans le verger, Se sentant soudain étranger À cette blancheur où se posent, Comme pour le narguer, Des moineaux effrontés. Maurice Carême. [size=18][/size] La grande plaine blanche poèmeHiver La grande plaine est blanche, immobile et sans voix. Pas un bruit, pas un son; toute vie est éteinte. Mais on entend parfois, comme une morne plainte, Quelque [size=18]chien sans abri qui hurle au coin d'un bois. Plus de chansons dans l'air, sous nos pieds plus de chaumes. L'hiver s'est abattu sur toute floraison; Des arbres dépouillés dressent à l'horizon Leurs squelettes blanchis ainsi que des fantômes. La lune est large et pâle et semble se hâter. On dirait qu'elle a froid dans le grand ciel austère. De son morne regard elle parcourt la terre, Et, voyant tout désert, s'empresse à nous quitter. Et froids tombent sur nous les rayons qu'elle darde, Fantastiques lueurs qu'elle s'en va semant; Et la neige s'éclaire au loin, sinistrement, Aux étranges reflets de la clarté blafarde. Oh ! la terrible nuit pour les petits oiseaux ! Un vent glacé frissonne et court par les allées; Eux, n'ayant plus l'asile ombragé des berceaux, Ne peuvent pas dormir sur leurs pattes gelées. Dans les grands arbres nus que couvre le verglas Ils sont là, tout tremblants, sans rien qui les protège; De leur œil inquiet ils regardent la neige, Attendant jusqu'au jour la nuit qui ne vient pas.
Guy de Maupassant.[/size] [size=18][/size] Le loup moraliste poème de Monsieur VoltaireLe loup moraliste Un loup, à ce que dit l’histoire, Voulut donner un jour des leçons à son fils, Et lui graver dans la mémoire, Pour être honnête loup, de beaux et bons avis. Mon fils, lui disait-il, dans ce désert sauvage, A l’ombre des forêts vous passez vos jours ; Vous pourrez cependant avec de petits ours Goûter les doux plaisirs qu’on permet à votre âge. Contentez-vous du peu que j’amasse pour vous, Point de larcin : menez une innocente vie ; Point de mauvaise compagnie ; Choisissez pour [size=18]amis les plus honnêtes loups ; Ne vous démentez point, soyez toujours le même ; Ne satisfaites point vos appétits gloutons : Mon fils, jeûnez plutôt l’avent et le carême, Que de sucer le sang des malheureux moutons ; Car enfin, quelle barbarie, Quels crimes ont commis ces innocents agneaux ? Au reste, vous savez qu’il y va de la vie : D’énormes chiens défendent les troupeaux. Hélas ! Je m’en souviens, un jour votre grand-père Pour apaiser sa faim entra dans un hameau. Dès qu’on s’en aperçut : O bête carnassière ! Au loup ! s’écria-t-on ; l’un s’arme d’un hoyau, L’autre prend une fourche ; et mon père eût beau faire, Hélas ! Il y laissa sa peau : De sa témérité ce fut le salaire. Sois sage à ses dépens, ne suis que la vertu, Et ne sois point battant, de peur d’être battu. Si tu m’aimes, déteste un crime que j’abhorre. Le petit vit alors dans la gueule du loup De la laine, et du sang qui dégouttait encore : Il se mit à rire à ce coup. Comment, petit fripon, dit le loup en colère, Comment, vous riez des avis Que vous donne ici votre père ? Tu seras un vaurien, va, je te le prédis : Quoi ! Se moquer déjà d’un conseil salutaire ! L’autre répondit en riant : Votre exemple est un bon garant ; Mon père, je ferai ce que je vous vois faire. [/size] Tel un prédicateur sortant d’un bon repas Monte dévotement en chaire, Et vient, bien fourré, gros et gras, Prêcher contre la bonne chère. Voltaire. La pluie poème de Théophile GautierPluie Ce nuage est bien noir : – sur le ciel il se roule, Comme sur les galets de la côte une houle. L’ouragan l’éperonne, il s’avance à grands pas. A le voir ainsi fait, on dirait, n’est-ce pas ? Un beau cheval arabe, à la crinière brune, Qui court et fait voler les sables de la dune. Je crois qu’il va pleuvoir : – la bise ouvre ses flancs, Et par la déchirure il sort des éclairs blancs. Rentrons. – Au bord des toits la frêle girouette D’une minute à l’autre en grinçant pirouette, Le martinet, sentant l’orage, près du sol Afin de l’éviter rabat son léger vol ; Des arbres du jardin les cimes tremblent toutes. La pluie ! – Oh ! voyez donc comme les larges gouttes Glissent de feuille en feuille et passent à travers La tonnelle fleurie et les frais arceaux verts ! Des marches du perron en longues cascatelles, Voyez comme l’eau tombe, et de blanches dentelles Borde les frontons gris ! – Dans les chemins sablés, Les ruisseaux en torrents subitement gonflés Avec leurs flots boueux mêlés de coquillages Entraînent sans pitié les fleurs et les feuillages ; Tout est perdu : – Jasmins aux pétales nacrés, Belles-de-nuit fuyant l’astre aux rayons dorés, Volubilis chargés de cloches et de vrilles, Roses de tous pays et de toutes famines, Douces filles de Juin, frais et riant trésor ! La mouche que l’orage arrête en son essor, Le faucheux aux longs pieds et la fourmi se noient Dans cet autre océan dont les vagues tournoient. Que faire de soi-même et du temps, quand il pleut Comme pour un nouveau déluge, et qu’on ne peut Aller voir ses amis et qu’il faut qu’on demeure ? Les uns prennent un livre en main afin que l’heure Hâte son pas boiteux, et dans l’éternité Plonge sans peser trop sur leur oisiveté ; Les autres gravement font de la politique, Sur l’ouvrage du jour exercent leur critique ; Ceux-ci causent entre eux de chiens et de chevaux, De femmes à la mode et d’opéras nouveaux ; Ceux-là du coin de l’oeil se mirent dans la glace, Débitent des fadeurs, des bons mots à la glace, Ou, du binocle armés, regardent un tableau. [size=18]Moi, j’écoute le son de l’eau tombant dans l’eau.[/size] Théophile Gautier, [size=18][/size] Ninnenne blog de partage
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