Le chevrier
Le chevrier
Une plume sur son chapeau,
Un vieux mégot au coin des lèvres,
Souvent vêtu d’un long manteau,
Il était éleveur de chèvres.
Il était grand, sentait le bouc,
Vivait à l’écart du village,
Et ceux qui le traitaient de plouc,
Ignoraient que c’était un sage.
Il connaissait les champignons,
Chacun lui montrait sa cueillette,
Il désignait toujours les bons,
Infaillible était sa recette.
Avec le lait de son troupeau,
Il fabriquait quelques fromages,
Qu’il vendait aux gens du château,
Et à d’autres grands personnages.
On le disait un peu sorcier,
Correspondant avec le diable,
Et qu’il fallait s’en méfier,
Ce n’était que vilaine fable.
Il est mort un jour de printemps,
Près du ruisseau, dans la nature,
Il allait avoir ses cent ans,
Son souvenir toujours perdure.
C.C.
Le Paysan
Le Paysan
Ses mains, ses grosses mains calleuses
Sont les témoins de son travail,
Labour de terres argileuses,
Soins attentifs à son bétail.
Sa vie elle est dans ce village,
Ici, vécurent ses anciens,
Toujours le même paysage,
Pour tous ces valeureux terriens.
Ses souliers collent à la glaise,
Il est tributaire du temps,
Par les grands froids ou la fournaise,
Il est au milieu de ses champs.
Son inamovible casquette,
Ne s’abandonne qu’au coucher,
A carreaux est sa chemisette,
Il ne craint pas de la tacher.
A la bouche une cigarette,
Qu’il doit sans cesse rallumer,
Et sur son dos une musette,
Avec son vin et son goûter.
Que de rides sur son visage,
Des sillons tracés par les ans
On ne sait pas vraiment son âge,
Combien connait-il de printemps.
Que de bons sens et de justesse,
Il exprime dans ses propos,
C’est un homme plein de sagesse,
Qui doucement courbe le dos.
C.C.
Rien, c'est tout !
Rien, c’est tout!
Rien ! Que des nuages au bout de l’horizon
Nuages vagabonds à la vie éphémère
Agités par un vent qui souffle sans raison
Sans jamais de repos dans son tour de la terre
Rien ! Que quelques coteaux recouverts de forêts
Sombres élévations imprégnées de mystère
Où dorment des chemins bordés par des genêts
Où naissent des ruisseaux au secret des clairières
Rien ! Que quelques maisons plantées dans un décor
Des champs et des jardins, du soleil, la lumière
Des chevaux galopant sans collier et sans mors
Un petit pont de bois enjambant la rivière
Rien ! Que des soirs d’été et un peu de fraîcheur
Des jeux entre copains, des niches aux demoiselles
Des rires endiablés, des moments de bonheur
Des danses et des chants, de folles tarentelles
Rien ! Que des souvenirs de ce lointain passé
Où régnait l’insouciance au cœur de la jeunesse
Souvenirs des anciens qui nous ont tant laissé
Respectant la nature, une énorme richesse
C.C.
La vilaine carrière !
La vilaine carrière
On voit cet immense cratère
Creusé par d’énormes engins
Et ces falaises de calcaire
Qui plongent aux fonds des ravins
Dans la forêt, la plaie béante
Saigne la folie de l’humain
Une atteinte bien indécente
Qui se moque du lendemain
Où sont les chênes centenaires
Où sont partis les animaux
Victimes des hommes d’affaires
Où sont partis tous les oiseaux
Pour du ciment on dénature
Un tel endroit favorisé
Jamais cette atroce blessure
N’aura son cœur cicatrisé
Ô joli mois de mai !
Ô joli mois de mai !
Ô joli mois de mai, j’ai tant de souvenirs,
Le mois du renouveau et celui de Marie,
Les prières du soir dans l’église fleurie,
Les jeux d’adolescent, les joies et les plaisirs.
Les virées dans les bois à cueillir le muguet
Caché dans les fourrés sous la verte ramille,
Quelques baisers volés dans le cou de la fille,
Les rires résonnant au cœur de la forêt.
Où sont les mois de mai du temps de ma jeunesse,
Le soleil du printemps, le vent qui nous caresse,
Les sorties à vélo sur les petits chemins.
Mais que sont devenues les jolies hirondelles,
Les roses en boutons et les tendres béguins,
Où sont mes bons copains, mes amies demoiselles ?
Loin des forêts
Loin des forêts
Loin des forêts aux arbres séculaires,
Des hêtres fiers, des chênes vigoureux,
Loin des vergers aux fruits tentaculaires,
L’homme ne peut être heureux.
Auprès des lacs, des ruisseaux, des rivières,
Au pied des monts au sommet enneigé,
Dans la douceur de discrètes clairières,
L’homme se sent protégé.
Dans le souffle du vent, sous ses caresses,
Et à l’écoute du chant des oiseaux,
Dans le parfum des fleurs, de leurs ivresses,
L’homme n’est plus un robot.
Sans l’océan à l’eau noire et profonde,
Sans le désert où il peut respirer,
Sans le ciel bleu qui recouvre le monde,
L’homme ne peut prospérer.
Sous les étoiles la nuit éclairées,
Sous le soleil et ses rayons ardents,
Dans le matin et ses fraîches rosées,
L’homme devient un géant.
Et sans l’amour, la joie et l’espérance,
Sans l’amitié, les sourires et la foi,
Sans les plaisirs occultant la souffrance,
L’homme ne peut être roi.
Le Menuisier
Le Menuisier
Il était menuisier, raboteur, ébéniste,
Il fabriquait des lits, des portes, des buffets,
C’était dans son métier un véritable artiste,
Il posait des cloisons, des lambris, des parquets.
Il lui manquait un doigt mangé par la toupie,
Cela se remarquait dans ses poignées de main,
Le voyant raboter, il me donnait l’envie,
De caresser le bois d’un admirable grain.
A la bouche un mégot, un crayon sur l’oreille,
Il sciait, délignait du chêne ou du sapin,
Je venais respirer une odeur sans pareille,
En rentrant de mes cours, c’était sur mon chemin.
Avec un grand respect, je le regardais faire,
Il semblait m’ignorer, penché sur l’établi,
Je restais sans bouger, pour ne pas le distraire,
Puis il se redressait, son ouvrage fini.
Il était menuisier, souvent dans la poussière,
L’atelier est fermé, les outils au repos,
Personne ne viendra les remettre en lumière,
Quand je passe par là, j’ai toujours le cœur gros.
C.C.
La forêt
La forêt
Comme un bel océan aux vagues écumantes
Une immense forêt ondule au vent d’été
Cette masse feuillue aux vertus apaisantes
Ne peut que me donner l’envie de visiter
Je devine les troncs des hêtres et des chênes
S’élançant fièrement au-dessus de ces lieux
Et la bonne santé des érables, des frênes
De l’arbre en devenir aux rameaux ambitieux
J’imagine le calme au cœur d’une clairière
Où se glissent discrets les rayons du soleil
Je vois le doux zéphyr soulevant la poussière
Dans les petits sentiers assoupis de sommeil
Voici un sanglier, un sujet solitaire
Il connait bien l’endroit qui regorge de glands
Une biche et son faon ont quitté leur repaire
Pour une promenade en ce jour de beau temps
J’écoute les oiseaux chanter la sérénade
Le charmant gazouillis des rus et des ruisseaux
Je surprends le renard qui s’en va en balade
Sous le regard inquiet des geais et des corbeaux
Je distingue dans l’ombre une forme fluide
Au corps évanescent, aux longs cheveux dorés
C’est, je la reconnais, une jolie sylphide
Qui cherche une fontaine afin de s’y baigner
C.C.
Au rythme des saisons
Au rythme des saisons
Au rythme des saisons, la vie se déroule
Sans jamais s’arrêter, inlassablement coule
Un parcours inconnu qui à chaque moment
Peut changer de visage et de cheminement
Un voyage tranquille ou parsemé d’obstacles
Des ennuis, des tourments et parfois des miracles
Des bonheurs, des malheurs qui ne sont attendus
Des soucis, des désirs, des plaisirs imprévus
C’est le vent, le soleil, la lune et les étoiles
Lumières dans l’esprit, la danse des sept voiles
Des sentiers parfumés, des cailloux qui font mal
Des fossés emboués, des ponts sur un canal
C’est aussi le désert, des folies, des sourires
Des chevaux au galop, des meilleurs et des pires
Des forêts de sapin et des jours merveilleux
Des nuits de cauchemar et des océans bleus
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