Le parfum de l'estive Alain Prorel
Nationalité : France
Né(e) à : Briançon
Biographie :
Après ses romans autobiographiques, Feuille Blanche et Sans Racines, Alain Prorel a proposé Le Parfum de l'Estive, dont les personnages purement fictifs évoluent dans un alpage authentique, celui de Champcella, son village.
Résumé :
Attirée par la beauté de la montagne et l’amour des [size=16]animaux, l’étudiante aixoise décide de devenir bergère et de passer l’été avec son troupeau dans les alpages. Mais le loup est de retour... Les attaques sur le troupeau et le radicalisme de Maxime, l’éleveur, risquent d’ébranler les convictions d’Emmanuelle au sujet du prédateur. Le Parfum de l’Estive nous livre tous les secrets de la relation ambiguë que tissent la belle citadine et le jeune montagnard là-haut, près des étoiles.. Après ses romans autobiographiques, Feuille Blanche et Sans Racines, Alain Prorel nous propose Le Parfum de l’Estive, dont les personnages purement fictifs évoluent dans un alpage authentique, celui de Champcella, son village.[/size]
Extraits :
"Elle quitta la nationale et s'engagea à gauche, sur la route qui conduit à Champcella. C'est à ce moment-là, qu'elle prit conscience qu'elle rentrait dans un autre monde : celui auquel elle rêvait depuis si longtemps.
Elle passa sur le pont de la Durance. L'aérodrome en face d'elle était le théâtre d'un va-et-vient incessant de planeurs que tirait un vieux tracteur gris. Elle leva les yeux pour les regarder, majestueux, silencieux, comme des aigles dans le ciel bleu. Elle vit, là-haut, dans la montagne son domaine. Elle allait y passer quatre mois.
Un troupeau de moutons l'obligea à s'arrêter. «Nous y sommes !» pensa-t-elle et baissa la vitre pour saluer le berger.
- [size=16]Bonjour, est-ce qu'elles estivent à Tramouillon ?[/size]
- Non, ce sont les miennes et elles passeront l'été à Mouissières, en face.
- Je me présente, je suis la bergère de Champcella !
- Enchanté. Je connais. C'est une belle et bonne montagne.
- Vous avez un bien joli troupeau, vos sonnailles sont montées sur de véritables colliers, des colliers de bois.
- Je tiens à ce qu'elles soient belles mes sonnailles et qu'elles sonnent bien, pour qu'on les entende de loin dit le berger."
"Elle se sentit soudain seule, à la fois contente et un peu angoissée avec ses mille deux cent quarante -trois bêtes sous sa responsabilité. Elle regarda le départ de Maxime et pensa qu'elle, l'avait jugé un peu trop rapidement, elle s'en voulut. Le radicalisme de ses remarques concernant le loup était davantage dû à sa jeunesse impétueuse qu'à des convictions profondes. Et puis c'était plus par mimétisme avec son père... Après tout, elle aussi, si elle ne pouvait pas détester le prédateur, c'est parce que ses parents, en véritable écolos, étaient convaincus du bien fondé de sa réintroduction, qu'elle soit naturelle ou non.
Elle resta un moment songeuse, à méditer, assise sur le banc devant la cabane. Elle se roula une cigarette, siffla Lady qui immédiatement se coucha dans sa niche à côté de la porte."
"Le sentier qui démarrait derrière la cabane était bien dessiné, il avait été emprunté et entretenu pendant des générations par les paysans qui venaient faire le foin, ici à Tramouillon. Emmanuelle contempla les vestiges des chalets dans lesquels habitaient des gens à l'époque.
C'était en fait des tas de pierres écroulées mais qui permettaient de se faire une idée sinon d el'architexture du moins des dimensions de ces "muandes". Emmanuelle évoqua cette époque avec un brin de nostalgie. Elle aurait voulu vivre comme les anciens : en symbiose avec la nature."
"La montagne est donnée pour dix pour cent de pertes, que ce soit par accident dans les barres abruptes ou prélevéespar le loup. On ne les atteint jamais! Alors à quoi bon s'alarmer? disait l'un.
-Toi alors! tu es prêt à laisser manger tes bêtes!"
-Ce n'est pas de gaieté de coeur. Mais tu sais, on n'est pas certain que ce soit des loups, ce sont peut-être des chiens qui font tous ces dégâts.
- Mais non! le loup a une façon bien à lui de casser la colonne vertébrale; un chien n'est pas assez puissant pour le faire!
-Bof, ce sont des histoires. Les médias s'en donnent à coeur joie. D'ailleurs, ça nous arrange bien En faisant monter la pression, le dédommagement n'est pas négligeable"
"Roger, lui, n'avait pas eu cette chance là Il avait continué à élever des brebis par passion A l'époque, quand il était revenu de la guerre d'Algérie, du régiment comme il disait, personne ne l'avait aidé L'argent qui lui avait permis d'élever sa famille : un garçon et deux filles, à Eygliers, il l'avait gagné à l'usine Péchiney de l'Argentière devant les cuves à électrolyse avec un marteau piqueur dans les mains
Il faisait les trois huit Quand il était de matin, de cinq heures à treize heures, il recommençait une journée de labeur dans les champs dès quatorze heures
Quand il était d'après-midi, de treize heures à vingt-et-une heures,l avait déjà bottelé ou fauché toute la matinée. Quand il était de nuit, de vingt-et-une heures à cinq heures, il ne se couchait pas. En arrivant chez lui, il sautait sur le tracteur et ne se reposait qu'à la sieste, et encore, quand il ne menaçait pas de pleuvoir!
Roger était content de constater que le travail de son fils était agréable. Les aides gouvernementales, les prêts bancaires permettaient aux jeunes agriculteurs de travailler avec des machines très sophistiquées. La canicule pouvait très bien griller la campagne, Maxime était à l'aise dans son Lamborghini avec cabine climatisée, hi-fi et dont le tableau de bord ressemblait plus à celui d'un jet 747 qu'à celui d'un tracteur."
Mon humble avis :
Superbe livre sur l'élevage, le pastoralisme, le métier de berger, la vie en montagne...
Avec Emmanuelle, j'ai revécu la vie de cette petite fille blonde aux yeux bleus qui partageait la vie campagnarde de ses grands-parents et qui était moi enfant...
Avec Emmanuelle, j'ai parcouru l'espace de quelques pages, les beaux paturages de nos alpages montagnards...et dormi sous les étoiles en compagnie de moutons et d'un chien...
Avec Emmanuelle, j'ai partagé ce sentiment de nécessité de la diversité des espèces dans la nature...son amour pour le loup...
Avec Emmanuelle, ce fut le bonheur simple de s'évader dans la lecture...et d'en partager le rêve et l'évasion.
Ninnenne