"Glacé" de Bernard Minier
L'Histoire :
Décembre 2008, dans une vallée encaissée des Pyrénées.
Au petit matin, les ouvriers d’une centrale hydroélectrique découvrent le cadavre d’un[size=16]cheval sans tête, accroché à la falaise glacée. Le même jour, une jeune psychologue prend son premier poste dans le centre psychiatrique de haute sécurité qui surplombe la vallée.[/size]
Le commandant Servaz, 40 ans, flic hypocondriaque et intuitif, se voit confier cette enquête, la plus étrange de toute sa carrrière.
Pourquoi avoir tué ce [size=16]cheval à 2 000 mètres d’altitude ? Serait-ce, pour Servaz, le début du cauchemar?[/size]
Il y a au début d'un roman de Henning Mankell une [size=13]citation des Proverbes : «L'homme qui s'écarte du chemin de la sagesse reposera dans l'assemblée des morts». Je crois que c'est là l'un des thèmes principaux de «Glacé», nous avons perdu de vue le chemin de la sagesse et nous en payons le prix chaque jour. La folie, l'immédiateté, l'instinct et l'irresponsabilité sont partout à l'oeuvre. Et quand la sagesse a disparu, les crimes les plus monstrueux deviennent la norme."[/size]
Une atmosphère oppressante, une intrigue tendue à l'extrême, une plongée implacable dans nos peurs les plus secrètes, ce premier roman est une révélation !
L'auteur
Bernard Minier a grandi au pied des Pyrénées. Primé à l'issue de plusieurs concours de nouvelles, il publie avec Glacé son premier roman.
Revue de presse
Blaise de Chabalier - Le Figaro du 24 mars 2011
Retenez bien ce nom : Bernard Minier. Ce contrôleur principal des douanes, auteur jusqu'ici de nombreuses nouvelles régulièrement primées, pourrait bien se faire une place parmi les maîtres du thriller français. Son premier roman est en tout cas fort prometteur. Tous les ingrédients qui font les bons polars sont réunis : suspense et retournements de situation, le tout joliment maîtrisé jusqu'au bout, dans un style alerte et soigné.
Extraits :
LES PYRÉNÉES. DIANE BERG les vit se dresser devant elle au moment où elle franchissait une colline.
Une barrière blanche encore distante étirée sur toute la largeur de l'horizon : la houle des collines venait se briser dessus. Un rapace décrivait des cercles dans le ciel.
Neuf heures du matin, le 10 décembre.
À en croire la carte routière sur le tableau de bord, elle devait emprunter la prochaine sortie et prendre la direction du sud, vers l'Espagne. Elle n'avait ni GPS ni ordinateur de bord dans sa vieille Lancia hors d'âge. Elle aperçut un panneau au-dessus de l'autoroute : «Sortie n° 17, Montréjeau/Espagne, 1 000 m».
Diane avait passé la nuit à Toulouse. Un hôtel économique, une chambre minuscule avec une salle d'eau en plastique moulé et une minitélé. Dans la nuit, une série de hurlements l'avait réveillée. Le coeur battant, elle s'était assise à la tête du lit, aux aguets - mais l'hôtel était demeuré parfaitement silencieux et elle avait d'abord cru qu'elle avait rêvé, jusqu'à ce que les hurlements reprennent de plus belle. Son estomac s'était retourné, puis elle avait compris que des chats se battaient sous sa fenêtre. Elle avait eu du mal à se rendormir après ça. La veille encore, elle était à Genève et elle arrosait son départ en compagnie de collègues et d'amis. Elle avait contemplé le décor de sa chambre à la faculté en se demandant à quoi ressemblerait la prochaine.
Sur le parking de l'hôtel, tandis qu'elle déverrouillait sa Lancia au milieu de la neige fondue qui descendait sur les carrosseries, elle avait brusquement réalisé qu'elle laissait derrière elle sa jeunesse. Elle le savait : dans une semaine ou deux elle aurait oublié sa vie d'avant. Et d'ici quelques mois, elle aurait changé en profondeur. Étant donné l'endroit qui allait constituer le décor de son existence pour les douze mois à venir, il ne pouvait en être autrement. «Reste toi-même», lui avait conseillé son père. En quittant la petite aire pour s'élancer sur l'autoroute déjà encombrée, elle se demanda si ces changements seraient positifs. Quelqu'un a dit que certaines adaptations sont des amputations, elle pouvait juste espérer que ce ne serait pas le cas pour elle.
Les tribunaux nous demandent de résoudre à leur place le dilemme moral qu’en vérité, personne n’est capable de trancher : comment être sûr que les dispositions prises à l’égard de tel ou tel individu dangereux répondent aux nécessités qu’impose la protection de la [size=16]société sans porter atteinte aux droits fondamentaux de cet individu ? Personne n’a la réponse à cette question. Aussi les tribunaux font-ils semblant de croire que les expertises psychiatriques sont fiables. Ca ne trompe personne, bien entendu. Mais ça permet de faire tourner la machine judiciaire perpétuellement menacée d’engorgement tout en donnant l’illusion que les juges sont des gens sages et que leurs décisions sont prises en connaissance de cause ce qui, soit dit en passant, est le plus grand de tous les mensonges sur lesquelles nos sociétés démocratiques sont fondées.[/size]
Tiens , si tu avais le choix au moment des élections entre trois candidats: le premier à moitié paralysé par la polio, souffrant d'hypertension, d'anémie et de nombreuses pathologies lourdes, mentant à l'occasion, consultant une astrologue, trompant sa femme, fumant des cigarettes à la chaine et buvant trop de martinis; le deuxième obèse, ayant déjà perdu trois élections fait une dépression et deux crises cardiaques, fumant des cigares te s'imbibant le soir au champagne, au porto, au cognac et au whisky avant de perdre deux somnifères; le troisième enfin un héros de guerre décoré, respectant les femmes, aimant les animaux, ne buvant qu'une bière de temps en temps et ne fumant pas, lequel choisirais-tu? Servaz sourit.
_Je suppose que vous vous attendez à ce que je réponde le troisième?
_Et bien bravo, tu viens de rejeter Roosevelt et Churchill et d'élire Adolf Hitler. Tu vois: les choses ne sont jamais ce qu'elles paraissent.
- La folie est contagieuse, répondit Servaz. Comme la grippe. Voilà une chose que les psychiatres auraient dû comprendre depuis longtemps.
- Contagieuse ? fit Marchand dérouté.
- Elle ne saute pas d’un individu à l’autre comme la grippe, précisa Servaz. Mais d’un groupe de population à un autre. Elle contamine toute une génération. Le vecteur du paludisme, c’est le moustique. Celui de la folie, ou du moins son vecteur préféré, ce sont les médias.
-Une nouvelle fois, il se demanda pourquoi toute cette pesanteur, toute cette tristesse, toute cette ombre_comme si la mort ne suffisait pas. Il y avait des pays pourtant où la mort était presque légère, où elle était presque gaie, où on faisait la fête, on mangeait, on riait au lieu de ces églises tristes et mornes, de tous ces requiem, tous ces lacrimosa, tous ces kaddish et toutes ces prières pleines de vallées de larmes."...
Mon humble avis :
Un premier roman captivant...du début à la fin...
553 pages dans un coin des Pyrénées, dans la solitude et le froid de la haute montagne...
Des faits qui surviennent avec des personnages particuliers...des non-dits, des secrets qui ont brisé des vies...des nouveaux [size=16]éléments qui surgissent et qui sont d'autant de questions...on entend le vent hurler, on remonte le col et on a froid avec le commandant Servaz...[/size]
Je m'émerveillerai toujours du pouvoir des mots. Ils nous transportent ailleurs, nous dépaysent et nous entraînent dans une enquête passionnante faite de rebondissements et d'éclaboussures...
Passionnant...
Ninnenne