"Dans le silence du vent" Louise Erdrich
L'Auteur :
Karen Louise Erdrich, née le 7 juillet 1954 à Little Falls dans le Minnesota, est une écrivaine américaine, auteure de romans, de poésies et de littérature d'enfance et de jeunesse. Elle est une des figures les plus emblématiques de la jeune littérature indienne et appartient au mouvement de la Renaissance amérindienne.Sa mère est une Ojibwa (famille des Chippewa), donc amérindienne, et son père est germano-américain. Louise Erdrich grandit dans le Dakota du Nord, où ses parents travaillaient au Bureau des Affaires Indiennes.
Louise Erdrich est, avec Sherman Alexie, l’une des grandes voix de la nouvelle littérature indienne d’outre-Atlantique. Si elle écrit, c’est pour réinventer la mémoire déchirée de ces communautés qui, aux confins des États-Unis, vivent sur les décombres d’un passé mythique. Mais l’auteur de L’Épouse antilope n’est pas seulement une ravaudeuse de légendes. Elle sait aussi marcher sur les brisées de ses illustres aînés, Faulkner ou Toni Morrison.
L'histoire :
Un dimanche de printemps, une femme est agressée sexuellement sur une réserve indienne du Dakota du Nord. Traumatisée, Geraldine Coutts n est pas en mesure de révéler ce qui s est passé à la police, ni d en parler à son mari ou à son fils de treize ans, Joe. En une seule journée, la vie de ce dernier est bouleversée. Il essaie d aider sa mère mais elle reste alitée et s enfonce peu à peu dans le mutisme et la solitude.
Tandis que son père, qui est juge, confie la situation à la justice et à la loi, Joe devra admettre que leur vie ne sera plus jamais comme avant. Il perd patience face à une enquête qui piétine et il décide avec ses copains de chercher les réponses de son côté. Leur quête les mène tout d abord dans un lieu sacré, à proximité duquel la mère de Joe a été violée...mais cette enquête marquera pour lui la fin de l'innocence.
Dans ce [size=16]livre magnifique, comme dans le reste de son oeuvre, Louise Erdrich parvient à mêler la tragédie, l' humour, la poésie et la grâce, pour restituer les sentiments et les émotions de ses personnages face à la violence dont tant de femmes sont toujours aujourd hui victimes.[/size]
Revue de presse
« On pense immanquablement à Tuer l' oiseau moqueur de Harper Lee. »
--Miami Herald
« Un extraordinaire talent pour évoquer les liens d' amour, de rancoeur, de demande, d'obligation et de sympathie qui nouent les familles entre elles... Un roman puissant qu' il faut lire absolument. » --The New York Times
"Si ce livre est une sorte de croisade, galvanisée par la colère de l'auteure, c'est aussi une oeuvre littéraire soigneusement structurée, qui une fois encore rappelle beaucoup Faulkner."
- The New York Times
« Un roman intense, d 'ampleur exceptionnelle. »
--Livres Hebdo
Bibliobs , le 20 décembre 2013
Roman volcanique, ardent et digne, sauvage et magnifique.
Lexpress , le 30 septembre 2013
Louise Erdrich montre à quel point les indiens restent des parias, à tous les niveaux, avant de lancer son narrateur sur les traces du coupable. Pour faire justice lui-même, malgré son jeune âge? Réponse dans ce roman où au "silence du vent" s'oppose la magie d'une parole rédemptrice, nourrie des légendes, qui rend sa dignité à un peuple humilié.
LesEchos , le 25 septembre 2013
En poétesse inspirée, Louise Erdrich parvient à exprimer l’indicible : les fantômes qui se cachent dans la nuit et les sentiments qui se cachent dans les cœurs. Chaque personnage est un monde, un livre, dont on tourne les pages avec bonheur. De la souillure, de la boue, Louise Erdrich l’alchimiste a fait de l’or.
LaLibreBelgique , le 27 août 2013
On reconnaît à Louise Erdrich une détermination farouche à changer les mentalités et les choses, au-delà du témoignage que ses romans apportent pierre après pierre. Elle en fait montre plus que jamais avec un roman à la trame savante, aux personnages (y compris secondaires) justement campés, à l’écriture fluide et décidée. National Book Award 2012, "Dans le silence du vent" résonne au-delà des mots.
Extraits :
"Il a parlé d’un ton très calme et raisonnable, et expliqué pourquoi nous avions besoin de Pearl."
"Joe, nous avons besoin d’un chien de garde. Il y a un homme que nous soupçonnons. Mais il a filé. De sorte qu’il pourrait être n’importe où. Ou si ce n’est pas lui, le véritable agresseur pourrait toujours se trouver dans les parages.
J’ai posé une question genre police à la télé :
Quelle preuve avez-vous que c’est ce type-là ?
Mon père a envisagé de ne pas me répondre, je l’ai bien vu. Mais il a changé d’avis. Il a eu du mal à prononcer certains mots.
Le coupable ou le suspect… l’agresseur… a laissé tomber une pochette d’allumettes. Les allumettes venaient du terrain de golf. Celles qu’on donne à l’accueil."
"Je vais prier pour ta famille.
Cool, ai- je répondu, alors que cela me mettait mal à l'aise. Je n'aimais pas qu'on prie pour moi. En me détournant, j'ai senti les prières remonter le long de ma colonne vertébrale."
"Et voilà ce que je n’ai pas compris à l’époque, mais que je comprends aujourd’hui – la solitude. J’avais raison, dans cette histoire, il n’y avait que nous trois. Ou nous deux. Personne d’autre, ni Clemence, ni même maman, ne se souciaient autant que nous de ma mère. Personne d’autre ne pensait à elle jour et nuit. Personne d’autre ne savait ce qui lui arrivait. Personne d’autre ne voulait à tout prix autant que nous deux, mon père et moi ,retrouver notre vie. Revenir au Temps d’Avant."
"Dans l'ancien temps, quand les Indiens ne pouvaient pas pratiquer leur religion - bon, pas si ancien que ça, en fait : avant 1978 - la maison ronde accueillait les cérémonies. Les gens prétendaient que c'était une salle des fêtes ou bien ils apportaient leur bible aux réunions. A cette époque-là, les phares de la voiture du curé descendant la longue route flamboyaient à la fenêtre sud. Le temps que le curé ou le directeur du Bureau des Affaires Indiennes arrivent, les tambours d'eau, les plumes d'aigle, les sacs-médecine, les rouleaux d'écorce de bouleau et les pipes sacrées étaient au milieu du lac dans deux bateaux à moteur".
"Les femmes ne se rendent pas compte à quel point les hommes sont attachés à leurs habitudes. Nous intégrons leurs allées et venues dans nos corps, leurs rythmes dans nos os."
Postface :
"L'action de ce livre se déroule en 1988, mais l'enchevêtrement de lois qui dans les affaires de viol fait obstacle aux poursuites judiciaires sur de nombreuses réserves existe toujours.
"Le labyrinthe de l'injustice", un rapport publié en 2009 par Amnesty International, présentait les statistiques suivantes : une femme amérindienne sur trois sera violée au cours de sa vie (et ce chiffre est certainement supérieur car souvent les femmes amérindiennes ne signalent pas les viols); 86 pour cent des viols et des violences sexuelles dont sont victimes les femmes amérindiennes sont commis par des hommes non-amérindiens; peu d'entre eux sont poursuivis en justice. En 2010, Bryon Dorgan, alors sénateur du Dakota du Nord, a soutenu le Tribal Law and Order Act. En entérinant cette loi, le président Barack Obama a qualifié la situation d'"agression de notre conscience nationale." Les organisations qui ci-dessous apparaissent en italiques travaillent à rétablir la justice souveraine et garantir la sécurité des femmes amérindiennes."....
Mon humble avis :
Un livre prenant...un livre document qui traite de la condition amérindienne...un livre dérangeant...un livre passionnant...un de ceux qui une fois refermé ne s'oublie pas...
Ninnenne