"Cette main qui a pris la mienne" Roman de Maggie O'Farrell
L'auteur :
Maggie O’Farrell est une écrivaine britannique contemporaine. Dans ses œuvres, elle met l'accent sur la psychologie des personnages ainsi que le va-et-vient incessant de la vie qu'elle symbolise par le biais des nombreux [size=16]voyages accomplis par ses personnages et de son écriture fragmentée.[/size]
Maggie O’Farell est née en Irlande du Nord en 1972. Elle a grandi successivement aux Pays de Galles et en Écosse.
Elle vit actuellement à Londres. Après avoir fait des études littéraires à Cambridge, elle a occupé de nombreux postes notamment celui de critique littéraire. Face au succès de son premier roman, elle prend la décision d’abandonner sa carrière de rédactrice en chef des pages littéraires de l’Independent on Sunday pour se consacrer à l’écriture. Elle est mariée avec l'écrivain William Sutcliff.
Des oeuvres :
- Quand tu es parti, Octobre 2000
- La maîtresse de mon amant, Mars 2003 Belfond
- La distance entre nous, Septembre 2005 Belfond
- L’étrange disparition d’Esme Lennox, Mars 2008 Belfond
- Cette main qui a pris la mienne, Avril 2011 Belfond
L'histoire :
Lexie évolue dans le Londres des années 1960, Elina dans celui des années 2000. Une génération les sépare, et pourtant un lien secret et ténu unit les deux femmes. Un roman bouleversant et plein de sensibilité sur le destin, la force de l'amour maternel et les liens du sang.
Londres, des années 1950 à nos jours.
Londres, années 1950-1970. Lexie a un rêve : rejoindre la capitale et mener une vie en technicolor. Un rêve qui devient réalité lorsque son chemin croise celui d'Innes, directeur d'une revue culturelle très en vogue dans le Soho des artistes. Mais le jour où son Pygmalion meurt, Lexie se retrouve seule. Devenue journaliste, elle doit désormais mener de front sa vie de femme et de mère célibataire. Jusqu'au jour où le destin se rappelle à elle...
Londres, de nos jours. Elina, une [size=16]artiste peintre finnoise, se remet avec difficulté de la naissance de son fils. Perdue dans sa vie de couple, la jeune femme tente désespérément de construire un avenir à son bébé, de trouver ses marques en tant que mère et de maintenir le lien avec son mari, Ted.Traumatisé par l'accouchement d'Elina, Ted est submergé par un flot de réminiscences dont il ne comprend pas l'origine. Son inconscient s'est réveillé d'un sommeil profond, et les contours d'un lourd secret se font jour.
Un secret qui unit intimement Lexie et Elina, moi j'ajoute et Ted....[/size]
"Et nous oublions parce qu'il le faut bien."
Matthew Arnold"
Extraits :"Ecoutez. Dans cette [size=16]histoire, les arbres s'agitent, frémissent, se redressent sous les bourrasques qui soufflent de la mer. A voir leurs branches fébriles, les mouvements impatients de leurs cimes, on a l'impression qu'ils savent que quelque chose va se produire.[/size]
Le jardin est vide, la cour désertée hormis quelques pots de géraniums et delphiniums qui frissonnent au vent. Sur la pelouse, deux fauteuils font poliment face à un banc. Une bicyclette est appuyée au mur, mais ses pédales sont au repos, sa chaîne bien graissée immobile. On a sorti un landau pour que le bébé dorme au grand air et, enveloppé dans son cocon de couvertures rêches, il ferme obligeamment les yeux. Une mouette est suspendue dans le ciel, silencieuse elle aussi, le bec clos, les ailes déployés pour profiter des courants ascendants."
"Une chose inhabituelle est arrivée à Innes. Il n'en mesure pas encore bien la portée. Mais il sait quand a commencé la légère folie qui s'est emparée de lui. Il y a un peu plus de quinze jours, il a jeté un coup d'œil par-dessus une haie et aperçu une jeune femme assise sur une souche. [...] L'espace d'un instant, il a conscience de l'immensité de la ville, de son énorme respiration, il a l'impression qu'il est assis avec cette fille, ou plutôt cette jeune femme, en plein milieu, dans l'œil du cyclone, et il se dit qu'ils sont peut-être les seuls à partager cette expérience, que jamais personne avant eux ne l'a connue. [...] Sans savoir pourquoi, il se doute que cette fille n'est pas comme les autres, qu'elle lui est déjà nécessaire. C'est une pensée qui ne s'explique pas."
"De mon temps, c'était plus facile. (...) Les pères n'étaient pas censés faire quoi que ce soit - changer les couches, cuisiner. On se la coulait douce. De temps en temps, on assistait au bain, ou on emmenait le gosse au parc le samedi matin, et au zoo pour son [size=16]anniversaire, ce genre de trucs. Et c'était tout. Aujourd'hui, ils n'ont pas la vie facile. "[/size]
"Avoir un bébé vous incite sans doute à revivre votre enfance, se dit-il. Les choses auxquelles on ne pense jamais refont soudain surface."
"Devrait-elle évoquer les nuits sans sommeil, le nombre de fois qu'elle doit se laver les mains en une journée, la lessive à étendre, à plier, les sacs dans lesquels il faut mettre puis ôter les vêtements de rechange, couches et lingettes, la cicatrice tordue qui court sur son ventre et semble la narguer, la solitude absolue, les heures qu'elle passe agenouillée par terre, un hochet, une clochette ou un cube à la main, si bien qu'elle a parfois envie d'arrêter des femmes plus âgées dans la rue pour leur demander comment elles s'y prenaient,comment elles ont réussi à traverser cete période ? A moins qu'elle ne mentionne cet élan féroce auquel elle ne s'attendait pas, ce sentiment que le terme amour, bien trop réducteur, est impuissant à décrire, car, parfois, elle croit qu'elle pourrait s'évanouir tant elle a besoin de cet enfant qui lui manque cruellement quand il n'est pas juste à côté d'elle - cette sorte de folie, de possession qui la pousse souvent à se faufiler dans la pièce où il vient de s'endormir juste pour le regarder, pour s'assurer que tout va bien, pour lui parler tout bas."
"Lorsqu'elle part [travailler] le matin, elle sent qu'un fil la relie à son fils et, en s'éloignant dans la rue, elle a conscience qu'il se déroule peu à peu. A la fin de la journée, la bobine est dévidée et [elle] a une envie folle de retrouver [son bébé], elle voudrait que le métro avance à toute allure dans les tunnels, file sur ses rails pour la ramener au plus vite à la maison. Une fois auprès de son enfant, il lui faut un certain temps pour retrouver la bonne longueur de fil entre eux - moins d'un mètre, voilà ce qui lui semble satisfaisant."
"Elle éprouve un besoin presque douloureux de sortir, de voir autre chose que les quatre murs de sa maison, de sentir le monde, d'y évoluer. Parfois, elle se surprend à dévisager Ted lorsqu'il rentre de son travail, avec le monde extérieur qui paraît encore collé à sa peau. Elle a alors envie de s'approcher de lui, de respirer cette odeur, de humer cette vie citadine. Désespérément, elle voudrait se trouver ailleurs, n'importe où. "
Mon humble avis :On bascule d'un chapitre à l'autre dans deux vies différentes, à deux époques différentes...
Avec Lexie, c'est l'accomplissement de son rêve de jeune fille que l'on suit quand elle part pour Londres, personnage de Femme libre et courageuse, battante et travailleuse. Elle y trouvera l'amour, l'indépendance et... son destin.Avec Elisa, j'ai aimé ce personnage de jeune maman, traumatisée par un accouchement où elle a risqué sa vie et découvrant les "joies" maternelles où se mêlent ce fabuleux amour pour son bébé et la réalité dont personne ne veut parler mais qui est bien là : fatigue extrème, pleurs du bébé, le renoncement à sa propre vie pour ne vivre que pour le bébé, les aléas du quotidien...Son mari Ted ne l'aide pas du tout sur le plan moral, bien que présent...comme si le fait d'être papa remuait des choses en lui qu'il ne comprend pas...J'ai retrouvé avec plaisir le style d'écriture de Maggie O' Farrell car c'est un auteur dont j'avais beaucoup aimé les précédents livres..."Récompensé par le très prestigieux Costa Book Award",j'ai aussi trouvé que c'était un"somptueux roman", "bouleversant et sensible, où s'entremêlent des voix aussi émouvantes que troublantes pour évoquer les relations maternelles, la force des liens du sang et le pouvoir destructeur des non-dits".J'ai été transporté dans leurs histoires...le but d'un bon livre...l'évasion... Ninnenne