"Tu ne ressembles à personne Pablo Neruda
Tu ne ressembles à personne depuis que je t'aime.
Laisse-moi t'étendre parmi les guirlandes jaunes.
Qui inscrit ton nom avec des lettres
De fumée parmi les étoiles du Sud ?
Ah laisse-moi me souvenir comment
Tu étais alors, quand tu n'existais pas encore. [...]
Maintenant, maintenant aussi, petite,
Tu m'apportes du chèvrefeuille,
Et jusqu'à tes seins en sont parfumés.
Pendant que le vent triste galope en tuant des papillons
Moi je t'aime, et ma joie mord ta bouche de prune.
Ce qu'il t'en aura coûté de t'habituer à [size=16]moi,[/size]
A mon âme esseulée et sauvage, à mon nom que tous chassent.
Tant de fois nous avons vu s'embraser
L'étoile du Berger en nous baisant les yeux
Et sur nos têtes se détordre
Les crépuscules en éventails tournants.
Mes paroles ont plu sur toi en te caressant.
Depuis longtemps j'ai aimé ton corps
De nacre ensoleillée.
Je te crois même reine de l'univers.
Je t'apporterai des [size=16]fleurs joyeuses[/size]
Des montagnes, des copihues,
Des noisettes foncées, et des paniers
Sylvestres de baisers.
Je veux faire avec toi
Ce que le printemps fait avec
Les cerisiers.
([size=16]extrait, L'AMOUR EN RIME)
Pablo Neruda.
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"Le poète" de Pablo Neruda
Avant je circulais dans la [size=16]vie, un amour[/size]
Douloureux m'entourait: avant je retenais
Une petite page de quartz
En clouant les yeux sur la [size=16]vie.[/size]
J'achetais un peu de bonté, je fréquentais
Le marché de la jalousie, je respirais
Les eaux les plus sourdes de l'envie,l'inhumaine
Hostilité des masques et des êtres.
Le [size=16]monde où je vivais était marécage marin:[/size]
Le fleur brusquement, le lis tout à coup
Me dévorait dans son frisson d'écume,
Et là où je posais le pied mon [size=16]coeur glissait[/size]
Vers les dents de l'abîme.
Ainsi naquit ma [size=16]poésie, à peine[/size]
Arrachée aux orties, empoignée sur
La solitude comme un châtiment,
Ou qui dans le jardin de l'impudeur en éloignait
Sa fleur la plus secrète au point de l'enterrer.
Isolé donc comme l'eau noire
Qui vit dans ses couloirs profonds,
De main en main, je coulais vers l'esseulement
De chacun, vers la haine quotidienne.
Je sus qu'ils vivaient ainsi, en cachant
La moitié des être, comme des poissons
De l'océan le plus étrange, et j'aperçus
La mort dans les boueuses immensités.
La mort qui ouvrait portes et chemins.
La Mort qui se faufilait dans les murs.
(extraits: Chant général, Les fleurs du Pinataqui, p.381
Gallimard, [size=16]Collection Poésie.)[/size]
Pablo Neruda
Complainte de Pablo Neruda Jean Ferrat
A Pablo Neruda...Je vais dire la légende
De celui qui s'est enfui
Et fait les oiseaux des Andes
Se taire au cœur de la nuit
Le ciel était de velours
Incompréhensiblement
Le soir tombe et les beaux jours
Meurent on ne sait comment
Comment croire comment croire
Au pas pesant des soldats
Quand j'entends la chanson noire
De Don Pablo Neruda
Lorsque la musique est belle
Tous les hommes sont égaux
Et l'injustice rebelle
Paris ou Santiago
Nous parlons même langage
Et le même chant nous lie
Une cage est une cage
En France comme au Chili
Comment croire comment croire
Au pas pesant des soldats
Quand j'entends la chanson noire
De Don Pablo Neruda
Sous le fouet de la famine
Terre terre des volcans
Le gendarme te domine
Mon vieux pays araucan
Pays double où peuvent vivre
Des lièvres et des pumas
Triste et beau comme le cuivre
Au désert d'Atacama
Comment croire comment croire
Au pas pesant des soldats
Quand j'entends la chanson noire
De Don Pablo Neruda
Avec tes forêts de hêtres
Tes myrtes méridionaux
O mon pays de salpêtre
D'arsenic et de guano
Mon pays contradictoire
Jamais libre ni conquis
Verras-tu sur ton histoire
Planer l'aigle des Yankees
Comment croire comment croire
Au pas pesant des soldats
Quand j'entends la chanson noire
De Don Pablo Neruda
Absent et présent ensemble
Invisible mais trahi
Neruda que tu ressembles
À ton malheureux pays
Ta résidence est la terre
Et le ciel en même temps
Silencieux solitaire
Et dans la foule chantant
Comment croire comment croire
Au pas pesant des soldats
Quand j'entends la chanson noire
De Don Pablo Neruda
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Ninnenne