Lecture:HISTOIRE DE L'OUBLI Stefan MERRILL BLOCK(résumé+ vidéo)
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marileine moderateur
Messages : 27475 Date d'inscription : 08/03/2012 Localisation : belgique
Sujet: Lecture:HISTOIRE DE L'OUBLI Stefan MERRILL BLOCK(résumé+ vidéo) Lun 27 Avr - 12:30
HISTOIRE DE L'OUBLI Stefan MERRILL BLOCK
L'auteur :
Nationalité : États-Unis
Né à : Plano (Texas) , 1982
Il a fait ses études à l'université
Washington (Saint-Louis).
Son roman, histoire de l'oubli lui
est inspiré par sa grand-mère
atteint d'Alzheimer.
Auteur : Stefan Merrill Block | Traducteur : Valérie Malfoy
L'histoire
Impressionnant premier roman d’un auteur de vingt cinq ans, Stefan Merrill Block, Histoire de l’oubli raconte, des années 50 à la fin des années 90, l’histoire d’une famille frappée de génération en génération par une forme précoce de la maladie d’Alzheimer.
Seth, un adolescent de 15 ans surdoué, conscient que ses parents lui ont toujours caché les secrets du passé familial, se lance dans une véritable enquête sur ses origines. À quelques centaines de kilomètres de là, Abel Haggard, un vieil ermite bossu, ne vit plus que de souvenirs, attendant le retour de sa fille partie vingt-et-un ans plus tôt. Et si la rencontre inespérée de Seth et Abel parvenait à rompre l’engrenage de la malédiction ?
Fait de tragédie mais aussi d’humour et d’espoir, un grand livre plein d’émotion, qui ne vous lâche pas.
Critiques :
« Une de ces œuvres qui frôlent le génie. » The Independent
« Un premier roman époustouflant. » Publishers Weekly
« Inoubliable. » The New York Times
Extraits :
Abel
" Jamais je n'ai su comment combler tout ce silence. Dans les mois qui suivirent la grande tragédie de ma vie, tous les matins, je me levais d'un bond pour chausser mes godasses à semelles de liège et naviguer de pièce en pièce en me cognant à tout ce que je pouvais. Le silence évoquait l'absence et l'absence signifiait se souvenir, d'où ce raffut. Les grincements du plancher vermoulu, le bruit mat des fauteuils renversés, les cloisons craquant sous mes coups de poing : autant de petits réconforts quand partout, toujours le silence me guettait.
Avec le temps, j'appris à le morceler. Si, après le petit déjeuner, je me surprenais à tendre l'oreille pour capter la voix de ma fille dans le jardin, ou le pas claudicant de mon frère dans le couloir, ou bien Mae tripotant la radio, j'accusais le silence qui venait de s'accumuler devant moi, dans le bol de porridge tout juste terminé, et je le chassais en raclant ses entrailles avec ma cuillère. Parfois, depuis la chambre jadis occupée par mon frère et Mae, un silence singulier, plus profond, commençait à filtrer sous la porte et il me fallait alors me précipiter à l'intérieur, les poings brandis, pour le vaincre." p11
"« J’aurais pu ne jamais composer avec lui, si, au fil des ans, je n’avais commencé à comprendre les opportunités que m’offrait le silence. Il était absolu. Par là il était abominable, mais c’est aussi une chance. En soi, le silence promettait d’absorber ce que je lui confiais : mes illusions, mes regrets, et jusqu’à la vérité. Et pourtant, même si les mots sortent de ma bouche pour tomber dans l’oubli, la vérité fondamentale de ma vie est si simple, l’avouer me fait tellement honte que c’est à peine si j’ose le dire : J’aimais la femme de mon frère. » (p. 12)
Isidora
"...La population ne lui en avait pas parlé, sachant que, même si elle l'y avait conduit, l'or tant convoité ne lui aurait servi à rien. La vérité, connue seulement des anciens, était que l'or était le moindre des trésors. Le véritable trésor, c'était la nature même du sol. Une fois à Isidora, un homme ne se souvient plus de la valeur de l'or. Ni du reste, d'ailleurs. Depuis les rues désertes de son antique capitale d'or s'étend la terre d'Isidora, une terre sans mémoire, où chaque désir est exaucé et chaque peine oubliée."p 20/21
Seth
"Au printemps 1998, ce n'était plus niable. Un matin, sortant de sa chambre, ma mère me trouva en train d'avaler une double portion de bouillie d'avoine au sirop d'érable et sucre brun. Elle descendit lentement l'escalier, ouvrant la bouche comme si elle découvrait chaque marche pour la première fois. Arrivée dans la cuisine, elle s'arrêta, pivota sur elle-même avec une expression qui ressemblait à de l'émerveillement, mais était plus exactement de l'effarement.Finalement, elle me repéra et traîna les pieds de cette façon qui lui était devenue habituelle, la démarche d'une femme de trente ans plus âgée, ce qui tendrait à accréditer l'hypothèse selon laquelle le corps se calque sur l'esprit. S'étant installée en face de moi, elle plissa le front avec le regard troublé d'une personne qui s'efforce de visualiser une image en trois dimensions sur son écran d'ordinateur parsemé de petits points. Puis, au bout d'un long moment, elle prononça un mot : -Seth? Comme j'étais du genre à faire, comme mon père disait, "le malin" - tendance dont j'ai réussi, au soulagement de tous, y compris moi-même, à me débarrasser-, j'ai répondu en écho : -Maman? Mais le sarcasme lui échappa,"p 22
"- Ça ne sert à rien de s'inquiéter pour quelque chose qui nous échappe. Aussi, chaque fois que tu commenceras à penser à ça, donne-toi un petit coup d'élastique, une petite punition pour t'aider à arrêter."p 30
"L'histoire a beau prouver que leur conception de la vie est fondamentalement imparfaite, les Optimistes demeurent si optimistes que la population ne cesse de cropitre sur la planète. Ils sont si optimistes, en fait, que c'est là où la vie est la plus difficile qu'on se reproduit le plus."p 36
"...Donc, cette chose qu'elle cachait, et qui faisait partie de son charme, je l'ai cachée aussi. Je ne voulais pas savoir. On apprend à vivre sans savoir. Et au bout d'un moment, cela devient naturel. On vit dans le silence et on oublie... Mais tout de même, parfois... Parfois, les questions les plus difficiles à poser sont aussi les plus essentielles." p 303
« Un lieu sans pensée, idéal. Un endroit délivré du passé comme du futur. Un endroit où, ne se souvenant de rien, on ne pouvait rien perdre. Un endroit où, pour cibler ses désirs, il suffisait d’imaginer. »
"Quand la maladie entama son ultime, irrévocable, marche en arrière, la mort frappant tout ce que la vie apporte en premier : la mort du parler, la mort du marcher, la mort du contrôle des intestins, la mort de la station debout, la mort de la capacité à s'alimenter, la mort de la capacité à s'asseoir, la mort du sommeil la nuit, la mort de la déglutition.
Quand la mort définitive, celle des battements du coeur, arriva, ce ne fut pas la plus importante, mais la dernière. Mais à la fin, cette modeste consolation : après ces innombrables morts, cette complète inversion de la vie, ce qui restait de maman trouva enfin le repos sous une forme foetale. Le seul mot convenant pour elle n'était pas morte mais repartie."
"L'esprit par dessus tout, cherche du sens. Presque tout ce qu'il perçoit, il l'oublie. Et le plus gros de ce qui est perçu l'est seulement de façon fragmentaire. La cohérence, la continuité sont de fausses impressions, comme une reconstitution au sein d'un musée d'un squelette de Tyrannosaurus rex à partir de quelques ossements, des fragments de réalités recomposé de façon à former un tout convaincant. "p 356
Mon humble avis :
Un premier roman que je trouve extraordinaire. À la fois document scientifique de grande qualité, conte philosophique et récit d'une histoire familiale, ce livre est difficile à lâcher une fois commencé.
Des recherches précises et approfondies sans jamais être compliquées à comprendre, une très belle écriture, un style original, un vocabulaire d'une très grande richesse... Quand avec des mots sur un livre on voit des images sur les pages... Avec pudeur, dignité et émotion, l'auteur nous emmène dans l'entourage de personnes atteintes de cette terrible maladie sans jamais être larmoyant ou déprimant. Avec le regard et les préoccupations d'un adolescent de quinze ans, il nous déporte sur les rives de l'oubli avec talent.
Un de ces livres qui marque l'esprit, la pensée...et écrit par un jeune auteur de grande maturité.
Je me suis pensé en refermant le livre que c'était du bonheur de voir un jeune capable d'écrire une telle histoire...Sa dédicace :
"À mes parents, affectueusement Le moi dont je me souviens"
Ninnenne
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