Une question de confiance Margaret Leroy
L'auteur :
Nationalité : Royaume-Uni
Biographie : Après des études de musique à Oxford, Margaret Leroy a été tour à tour musicothérapeute, enseignante et travailleur social en psychiatrie.
Elle est l’auteur de plusieurs romans dont Une question de confiance.
Elle vit à Londres.
L'histoire :
Connaît-on vraiment la personne que l'on aime, avec qui l'on vit?
C'estn la question que s epose Chloé, assistante sociale, quand Dan, son amant, psychologue scolaire, est mis en examen pour abus sexuel sur la personne d'une fillette qu'il était chargé de suivre.
Oscillant entre l'incrédulité, le dégoût et le chagrin, Chloé va mener sa propre enquête. Mais, quelle qu'en soit l'issue, le doute n'aura-t-il pas définitivement empoisonné leur relation?
Un [size=13]roman sur un sujet actuel et sensible entre tous : une mère soucieuse de la sécurité de ses enfants peut-elle accorder sa confiance à un être qu'elle ne connaît que par son coeur et par ses sens?[/size]
Extraits :
"Après le départ d'Adam, j'avais tout repeint. Par cet acte, je prenais [size=13]possession des lieux, je les faisais miens, comme si la maison ne m'avait pas appartenu lorsque Adam y vivait. Et maintenant je la conanis vraiment. Je pourrais raconter toutes sortes de choses à son sujet...toutes ses craquelures et ses fissures, les lignes dessinées par l'humidité, sa façon de pencher légèrement sur le côté. Elles sont à la fois intimes et banales, ces choses que l'on apprend en travaillant dans sa maison, en décapant, en ponçant, en fourrant son nez dans les coins...un peu comme on connaît le corps de ses enfants, la marque blanche indélibile laissée à l'endroit où ils ont gratté un bouton de varicelle, le splis parfumés de leur nuque. Et maintenant ma maison est bioen plus belle que lors du temps d'Adam, même si certains, je suppose, la trouvent un peu excentrique : mes rideaux de mousseline sont attachés avec de la ficelle, la porceleine est déparaillée, il y a beaucoup trop de bougies."[/size]
"On ne peut pas dire que Jude soit une spécialiste en la matière, malgré tous les livres qu'elle a lus, d'où il ressort que les femmes aiment trop et que las hommes n'arrivent pas à s'engager : son mariage avec un psychothérapeute sournois du nom de Gregory Rosen fut catastrophique, et ses rapports avec l'un de ses amants plus récents lui valurent d'atterrir aux urgences avec un doigt cassé. Mais cela ne l'empêche pas de s'abandonner aux délices de l'analyse devant une bonne bouteille de pinot gris. Cela ne me dérange pas. Moi aussi, j'aime bien essayer de comprendre le pourquoi des choses. De toute façon, c'est du passé."
"A partir du moment où Alice vint au monde, à grand renfort de baillements furieux et toute gluante, je me consumai de passion pour ce petit être hurlant, passion qui ne laissa plus d eplace pour personne d'autre. Lorsque j'y repense, je me dis que j'étais sous l'effet d'un charme. L'univers se rétrécit. Je construisis des murs invisibles autour de nous deux, mon bébé et moi.La partie de ma vie qui comptait vraiment était contenue à l'intérieur de ces murs, avec le petit lit, la boîte à musique, les paquets d elait maternisé, et Alice qui essayait d'embrasser mon visage en ouvrant grande la bouche dans un geste de tendre violence, et c ebaiser était le plus sensuel du monde.
Tout ce qui se passait à l'extérieur de ces murs m'angoissait."
"Vicky fronça les sourcils, un peu rouge. Je pariai que, en dépit de son air efficace et propre sur elle, elle n'était pas du tout à l'aise. Elles s'était comportée avec moi de manière peut-être un peu trop amicale, et ce rôle de flic la gênait aux entournures. Je reconnus ses symptômes : les travailleurs sociaux les ressentent très souvent. Vous vous liez avec une pauvre mère qui s ebat contre la vie, vous lui triez ses papiers de Sécurité sociale, vous prêtez une oreille compatissante au récit de sa propre enfance malheureuse : son père lui tenait la tête dans la cuvette des toilettes, la violait ou la battait comme plâtre. Mais les enfants ont sans arrêt des accidents, ils présentent des fractures inexplicables, ils ont un oeil au beurre noir, le bébé a la membrane d ela langue déchirée parce que quelqu'un lui a arraché brutalement le biberon de la bouche...et, à la fin, vous lui enlevez ses enfants. Vous qui étiez son amie."
"Je songeai à la cité triste où elle vivait, et au havre d epaix que sa mère avait crée, aux voilages suspendus à la fenêtre, aux fleurs artificielles de toutes les couleurs. Je me demandai ce qu'on lui avait fait, et qui, et si on finirait par mettre la main sur cet homme. Je me demandai aussi pourquoi elle avait raconté son histoire de cette façon, pourquoi elle semblait accuser Dan, s'il n'avait rien fait. Dans ma profession, on apprend très vite que la question du "pourquoi" est la plus bête des questions, celle à laquelle on obtient jamais de bonne réponse. On découvre que les gens ne savent jamais pourquoi ils ont agi, pourquoi ils choisissent des moyens maladroits, timides, et même autodestructeurs, pour essayer d'arranger certains problèmes, particulièrement lorsqu'ils sont démunis. Le "pourquoi" est toujours un mystère."
Mon humble avis :
Un sujet très grave, traité avec pudeur et justesse. Un sujet sensible selon les métiers excercés...
J'ai aimé l'écriture et le personnage de Chloé, son amour pour la simplicité, le rythme des saisons, la chaleur de sa maison, sa passion pour ses fleurs et surtout son amour pour ses filles fait de dévouement et d'imperfections parfois, jamais graves mais tellement véridiques dans le quotidien d'une femme seule qui travaille...
J'ai pensé au très beau film "Les risques du métier" tourné avec Jacques Brel...et comment une simple accusation, même faite d'incertitude, brise la vie de la personne soupçonnée dès que le doute s'insinue.
Ninnenne