L'enfant- rien Nathalie Hug
Nathalie Hug vit dans l'est de la France.Dans ce premier roman "solo", elle a imaginé un personnage naïf et inquiétant, à la voix singulière, aux questionnement bouleversants.
L'histoire
« Aussi loin que je me souvienne, je l’attendais assis, le menton sur les genoux, les bras autour des jambes et le dos appuyé contre la porte du placard. »
Petit garçon étrange, Adrien guette chaque semaine l’arrivée du père de sa demi-sœur, dans l’espoir de recueillir un regard, une parole ou un geste tendre. S’il rêve d’un papa, Adrien veut surtout percer le secret de sa naissance, secret qu’il croit enfermé dans une boîte rouge, cachée hors de sa portée. Le jour où sa mère se fait renverser par une [size=13]voiture et se transforme en « tas-de-fraises-à-la-crème », la possibilité d’une vie différente s’ouvre à lui. Mais Adrien, l’enfant-rien, peut-il vraiment trouver sa place dans une famille qui n’est pas la sienne ?[/size]
Critiques :
" Ce premier roman de Nathalie Hug à la fois léger et grave, gai et triste, prend finalement un chemin tout à fait inattendu et très très fort."
L'avenir
Extraits :
"Rien n'aurait pu me faire changer d'avis. Je voulais que, enfin, il s'interesse à moi. Qu'il remarque combien j'étais mignon, avec mes cheveux blonds et mes yeux bleus, ce duvet clair qui courait sur ma nuque quand j'étais bronzé, mes bons résultats scolaires, combien de choses je savais faire, la vaisselle, le repassage, passer l'aspirateur, ranger ma chambre, porter les courses, acheter du pain, trier le linge, choisir les programmes, coton chaud, coton froid, synthétique, et mettre en route la machine à laver, avec adoucissants et cycle de séchage."
Jour après jour, je remplissais ma chemise en carton de tous les éléments que je glanais. Je poursuivais mon enquête, toujours plus déterminé, toujours plus méticuleux, mais le temps passait et je tournais en rond. Je n'avais aucun indice sur l'identité de mon père.
Rien.
Soit ma mère avait eu un amoureux secret, soit elle avait décidé de me fabriquer avec des oeufs congélés, soit elle avait été violée, soit mon père était mort et elle l'ignorait, soit c'était un bandit et elle voulait m'épargner la honte, soit elle était la Sainte Vierge et moi le petit Jésus.
Enfin, j'ai crié qu'aucune mère ne devrait faire un bébé toute seule, que ça privait les enfants d'une vraie famille, puis, honteux, je me suis précipité hors de la chambre pour pleurer.
Dans les dossiers rangés en haut du cagibi, il y avait une pochette : Papier Adrien. A l'intérieur, parmi d'autres, un document titré : Déclaration de grossesse. Ce qui je ne comprenais pas, c'est pourquoi le nom de mon père n'y apparaissait pas. A la place, quelqu'un avait écrit : néant.
Les gens font des enfants pour toucher les allocations familiales,m'a expliqué Isabelle,pour voir ce que ça fait de devenir parents,pour garder son fiancé,papa m'a dit que ça s'appelle faire un bébé dans le dos pour se reproduire donc pour pérenniser l'espèce,quoi,tu ne comprends pas?
Je reprochais à ma mère de ne jamais parler de mon père, mais, plus que tout, je lui reprochais ces journées sombres où elle se flétrissait comme une vieille dame. Un vendredi soir sur deux, la porte se refermait sur ma soeur et s'ouvrait sur mon enfer. Un abîme de quarante-huit heures. Isabelle partie, ma mère s'éteignait brutalement.
Je laissais traîner mes jouets partout dans l'appartement, elle ne réagissait pas, j'étais turbulent, elle ne me voyait pas, alors je la couvrais d'injures, je voulais tant l'extraitre de ce canapé où elle s'avachissait. Ses paupières restaient baissées et ses réponses étaient emplies de larmes. Je suis désolée Adrien,mais je suis si fatiguée.
Peu à peu, la colère s'effaçait devant la culpabilité et je me transformais en petit ange. Mais elle m'ignoarit toujours, la couleur de sa peau se confondait avec le reste, elle disparaissait devant mes yeux, les larmes roualient, creusaient leur sillon sur ses joues, je me sentais impuissant. Alors je m'activais, ménage, repassage, courses dans le quartier, mais elle continuait à pleurer et moi, j'étais triste, plus triste encore que triste, je voulais partager des caresses, des jeux, des fous rires, mais elle pleurait, elle pleurait, elle se racornissait et, quoi que je fasse, je ne pouvais l'empêcher de s'étioler."
Mon humble avis :
Un titre court et triste..."L'enfant -rien"...Comment un enfant peut-il être rien?
Dès les premières lignes, on écoute cet enfant, avec étonnement ...
Sa vie, chaque jour, chaque instant...Un enfant en quête d'identité, en recherche d'amour, de reconnaissance...qui cherche à comprendre son existence même.
Le secret de sa naissance serait-il caché dans cette boîte rouge cachée sur l'armoire, qu'il ne peut atteindre...
Un destin difficile... Sa mère accidentée, un rôle d'enfant qui semble devenir adulte avant l'âge, avant l'heure...Un besoin d'amour déchirant.
Difficile d'en parler trop...Juste envie de prendre cet enfant par la main, le bercer, le prendre dans les bras pour l'arracher à sa tristesse et lui donner l'amour qu'il mérite...
153 pages qui se dévorent d'une traite, faciles à lire, et le dernier chapitre...Lu et relu...A t-on bien compris? une fin surprenante qui arrache une larme...
"Je m'appelle Adrien. Dans Adrien il y a rien."
Mais non Adrien, tu es loin d'être rien...
Ninnenne