Une lettre de vous Jessica Brockmole
L'auteur :
L'Américaine Jessica Brockmole a passé plusieurs années en Écosse, où elle n'a que trop bien compris la difficulté de maintenir des relations à distance.
Elle a eu l'idée de son premier [size=13]roman lors d'un long trajet entre l'île de Skye et Edimbourg. Elle vit à présent dans l'Indiana avec son mari et leurs deux enfants.[/size]
L'histoire :
Vaste fresque épistolaire couvrant deux continents et deux guerres mondiales, Une lettre de vous est une véritable invitation au voyage célébrant la capacité de l'écrit à émouvoir.
Mars 1912. La jeune et obscure poétesse Elspeth Dunn ne connaît d'autres horizons que celui de l'île de Skye, au large de l'Ecosse. Aussi est-elle à la fois étonnée et ravie de recevoir sa première lettre de fan de David Graham, un étudiant originaire de la lointaine Amérique.
Tous deux entament alors une correspondance. Ils se confient leurs auteurs préférés, leurs espoirs les plus fous et leurs secrets les plus chers. Très vite, cet échange épistolaire donne naissance à une [size=13]amitié profonde qui a tout d'un amour inavoué. Mais lorsque la Première Guerre Mondiale éclate et que David se porte volontaire comme ambulancier, Elspeth ne peut que l'attendre sur son île en espérant qu'il survivra, à moins de forcer le destin...[/size]
Juillet 1940,Edimbourg est bombardé. Dans l'appartement familial dévasté, Margaret découvre des dizaines de lettres adressées à une certaine Sue. Le lendemain, sa mère a disparu et il lui reste pour seul indice une unique lettre d'amour. En partant à sa recherche, Margaret va petit à petit lever le voile sur les mystères qui entourent sa famille et ce père dont on refuse de lui parler.
Extraits :
"C'est la guerre qui fait ça. Je le sais, je l'ai déjà vu. Ils partent bille en tête, invincibles, avec l'impression que l'avenir est un lac doré devant eux dans lequel ils n'ont qu'à plonger. Puis quelque chose se produit - une bombe, un poignet foulé, une balle qui siffle trop près de leurs oreilles - , et soudain ils s'agrippent à tout ce qu'ils peuvent. Ce lac doré, il tourbillonne autour d'eux, et ils redoutent de s'y noyer à la moindre imprudence. Alors ils s'accrochent fermement et font la première promesse qui leur vient à l'esprit. Ne crois rien de ce que les hommes disent en temps de guerre. Les émotions sont aussi éphémères qu'une nuit tranquille."
Elspeth
"...Je reconnais que les femmes semblent plus douées pour élever les enfants que les hommes. Dieu sait quel désastre cela aurait été si mon père s'était occupé de nous. Mais les enfants grandissen,t et partent. Pourquoi une femme ne pourrait-elle pas faire carrière plus tard dans la vie?
Vous avancez un dernier bon argument, Sue. J'espère épouser un jour quelqu'un avec qui j'aurai des sujets de conversation plus interressants que la préparation des poulets rôtis. Quelqu'un qui lira les mêmes textes que moi et qui se posera les mêmes questions. Ou, pourquoi pas, quelqu'un dont les opinions seront à l'opposé des miennes, mais qui ne m'en aimera pas moins."
David (1914)
"...
Pensez au moment où vous rencontrerez quelqu'un pour la première fois, Sue. Vous avez d'abord un tas de réactions ridicules et superficielles, comme jauger l'accent et la veste à carreaux de l'autre. Vous interrogez son apparence. Puis, quand vous avez jugé cette personne digne d'intérêt, et réciproquement, vous pouvez entreprendre de commencer timidement à sonder son esprit. De découvrir quel est son moteur dans la vie, ce qui la fait hurler, ce qui la fait rire,ce qui la fait trembler. Vous et moi avons de la chance. Nous n'avons pas eu à nous soucier de la première étape, l'évaluation visuelle. Nous sommes directement passés à la partie passionnante. Celle où on apprend à connaître intimement l'âme de l'autre..."
David
"Pensais-tu vraiment que je ne te repérerais pas sans ce ridicule oeillet rouge au revers d eta veste? Pensais-tu que je ne verrais pas l'âme romantique en toi? Je suis descendue du train et je t'ai contemplé si longtemps que ton visage doit être gravé à l'intérieur de mes paupières. Maintenant j'ai la certitude que mes rêves ne sont pas seulement nés de mon imagination.
Te découvrir pour de vrai, et en couleur, c'est plus que je n'aurais jamais pu l'espérer. T'a-t-on déjà dit que tes yeux ont la couleur des collines écossaises en hiver?..."
...J'ai ramassé chacun de tes mots comme autant de pierres précieuses, et je les sertirai tous ensemble durant mes soirées en solitaire sur l'île de Skye.
Sue
"Tu t'es ensuite avancée dans l'ombre, mais tu rayonnais comme une flamme. Toute la journée, tu as rayonné. Tu parlais, et j'entendais un choeur de séraphins. Alors que nous sortions de la gare, tu as touché mon bras, et c'était comme si des ailes m'avaient caressé. J'emploie un langage un peu fleuri, je te l'accorde, mais tel était mon état d'esprit. J'ai posé les yeux sur toi, et j'ai été terrifié soudain. Terrifié à l'idée de te voir disparaître dans un nuage, ou d'être renversé par un bus à l'instant suivant, ou d'assister à la fin de ce monde avant que le nôtre ait commencé."
David
"L'as-tu senti, mon amour? Ce n'est pas un flocon de neige contre ta joue, mais mes lèvres qui goûtent aux tiennent. Ce n'est pas le murmure du vent à ton oreille, mais ma voix qui chuchote : "je t'aime.". As-tu respiré cet effluve d'Ambre Antique dans l'air? Oui, j'étais là."
Elspeth
"J'ai réussi à me faufiler dehors à minuit le soir de Noël, comme promis. J'ai fermé les yeux et suis resté aussi immobile que possible, essayant de me souvenir de la pression de tes doigts sur mon épaule, d etes cheveux qui chatouillaient mon menton, de ton corps qui épousait le mien.Captant un léger parfum de fleurs, j'ai eu la folle illusion que, peut-être, cela marchait, que le temps d'un éclair nos esprits avaient en quelque sorte transcendé la distance entre nous."
Davey
"Il n'y a aucune poésie dans ma vie sans toi. Tu es ma muse; Avant de te connaître, j'écrivais avec ma plume, et mes lecteurs adoraient ça. Cela signifiait quelque chose pour eux. Mais après t'avoir rencontré, j'ai écrit avec mon âme, et moi, j'ai adoré ça. Cela signifiait tout pour moi."
Elspeth
Mon humble avis :
Quel bonheur ce livre! Impossible de le lâcher!
Une écriture poétique, des sentiments si proches de ceux que l'on peut ressentir, des personnages tous attachants...
Les décors somptueux de l'Ecosse, pays qui me fait rêver sont si bien décrits, avec un tel talent qu'on a l'impression de les visualiser : on en respire l'air marin, on entend le vent...
Et ces correspondances! Quelle beauté d'écriture! Rien ne remplace des lettres où on met tout de soi-même avec les mots de l'âme et du coeur.
La guerre sujet récurrent dans ce livre qui nous fait vivre deux histoires parallèles. La première démarre en 1912 jusqu'en 1919 nous entraînant au coeur des conflits car David qui s'est engagé (dans l'American Field Service, un service d'ambulances) raconte, dans ses lettres à Elspeth, toute l'horreur des batailles. La seconde histoire, celle de Margaret la fille de Elspeth commence en 1940, avec la participation de la jeune fille au processus d'évacuation des enfants (qui étaient "placés" dans des familles à la campagne afin d'éviter les bombardements dont souffraient les grandes villes anglaises). On en vit des épisodes au travers des correspondances échangées entre Margaret et Paul son fiancé.
Histoire d'amour, documents poétiques, de l'émotion à chaque page... Une superbe découverte ce premier roman...
[size=13]http://ecosse-en-famille.blogspot.fr/2011/08/ile-de-skye.html[/size]
Ninnenne