Le temps du pardon Donna Milner
eur : Premier roman d'une Canadienne qui vit en Colombie-Britannique avec son mari et ses [size=13]enfants, Le temps du pardon a connu un grand succès outre-Atlantique.[/size]
Donna Milner travaillait dans l'immobilier jusqu'à ce que son mari l'encourage à écrire. Aujourd'hui, elle n'imagine pas faire autre chose. Elle aime créer des personnages réalistes qui affrontent des dilemmes moraux, des personnages qui éveillent un écho auprès des lecteurs et qui continuent à vivre en eux une fois le livre refermé.
Promesse de pluie est son deuxième roman.
Traduit de l'anglais par Béatrice Roudet-Marçu
L'histoire
Juillet 1966. Natalie Ward a quinze ans. Elle a grandi dans une ferme au coeur des montagnes de la Colombie-Britannique, à quelques kilomètres de la frontière avec les États-Unis. Son univers se limite à sa famille aimante et unie, qui, Natalie en est convaincue, fait l'admiration et l'envie des habitants d'Atwood, la ville voisine.
En pleine guerre du Vietnam, l'arrivée d'un conscrit réfractaire, un Américain à la voix douce surnommé River, va mettre à l'épreuve la moralité et les certitudes des Ward, de la jeune fille ainsi que de leur entourage. Rien ne sera plus comme avant, les drames vont s'enchaîner, poussant Natalie à remettre en question l'existence idyllique de sa famille.
Octobre 2003. Natalie se rend au chevet de sa mère atteinte d'un cancer incurable. Ce retour sur les lieux de sa jeunesse fait ressurgir les souvenirs qu'elle a passé sa vie d'adulte à fuir. Elle sait qu'elle va enfin devoir affronter la vérité. Les secrets de famille sont sur le point d'être exposés au grand jour.
Les critiques :
"Ce roman qu'on ne peut plus lâcher est à la fois une [size=13]histoire d'amour et une émouvante description des conséquences de la guerre sur plusieurs générations."[/size]
Publishing News
Extraits :
"Il est arrivé à pied. Tel un mirage, il est apparu dans un miroitement de chaleur sur le chemin de terre en lacets qui mène à notre porte. Postée dans l'ombre de la véranda, je l'ai regardé s'approcher.
En cette chaude journée de juillet 1966, j'allais sur mes quinze ans. Je m'appuyai contre le chambranle de la porte et plissai les yeux, éblouie par le soleil éclatant, tandis-que dérrière moi l'essoreuse à rouleaux évacuait les derniers filets d'eau. La lessive de la semaine pendait mollement sur les trois cordes tendues à travers la cour. Les draps, d'un blanc aveuglant dans la lumière vive, formaient une toile de fond pour le cortège discipliné de la garde-robe familiale. Le dos tourné à la route, des pinces à linge plein la bouche, mas mère se tenait sur l'estrade en bois prolongeant la véranda d'où partaient les cordes. Elle se pencha pour attraper une chemise en jean dans la corbeille d'osier posée à ses pieds, la secoua dans un claquement de tissu humide et la suspendit."
"Dans l'obscurité la plus totale, je contourne le lit et ouvre la porte. C'est une manie qui me reste de l'enfance, trouver mon chemin dans le noir comme si j'étais aveugle, compter mes pas, connaître la place exacte de chaque meuble. Ces temps-ci, lorsque je me surprends à agir ainsi, je me demande si je ne suis pas en train de me préparer à la vieillesse. Mon corps percevrait-il quelque chose à mon insu? Passé la cinquantaine, tout devient suspect.
Le clair d elune baigne mon bureau. Je m'assieds devant l'ordinateur sans éclairer davantage la pièce; je suis économe, par la force d'habitudes enracinées."
"Le problème avec les mots, déclara Boyer quand j'eus fini, c'est qu'une fois dits, ils sont comme du lait renversé, impossible à récupérer. Ils possèdent trop d epouvoir pour être employés inconsidérablement. Tu avais deux occasions à ne pas donner à tes mots le pouvoir d efaire mal : d'abord au moment où tu t'apprêtais à les prononcer et ensuite quand la maîtresse t'a demandé de les répéter. Parfois ils est moins important de dire l'exacte vérité que de ménager la sensibilité d'autrui."
"Comme je ne réponds pas, il soupire : quel gâchis ! Et secouant lentement la tête : on ne se dispute jamais dans cette famille, on n'utilise jamais les mots comme des armes. Non, on use du silence. Et ça fait autant de mal. Vous laissez ce qui vous hante, tout ce que vous taisez, s'interposer entre vous. Boyer et toi, vous cultivez votre culpabilité au sujet de la mort de River, mais vous ne vous confiez jamais l'un à l'autre."
"L'existence est pleine de taches, Nathalie, a-t-elle murmuré depuis la lisière, de plus en plus lointaine, de la conscience, mais tout finit par partir au lavage."
Mon humble avis :
Un premier roman que j'ai adoré et pas pu lâcher jusqu'à la dernière page...(Le ménage est reporté à demain!) et dont les personnages attachants restent dans votre vie comme des amis rencontrés.
C'est un drame familial qui peut arriver dans n'importe quelle famille unie...avec les graves conséquences des non-dits.
Pudeur des sentiments, rêveries d'adolescente, secrets cachés, honte et culpabilité...Tout ce qui peut détruire une famille aimante et détruire des vies avec des poids lourds à porter...
L'écriture, les personnages, l'histoire, le contexte, les senteurs, les émotions...Quel beau livre!
Ninnenne