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 Un jour... une histoire... 28 mars 1566+ 27 mars 1351+ autres

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MessageSujet: Un jour... une histoire... 28 mars 1566+ 27 mars 1351+ autres   Un jour... une histoire... 28 mars 1566+ 27 mars 1351+ autres Icon_minitimeMer 30 Sep - 11:59

Un jour... une histoire... 28 mars 1566

Un jour... une histoire... 28 mars 1566+ 27 mars 1351+ autres F3679311
 
28 mars 1566 : Fondation de La Valette (Malte)
 
Le 28 mars 1566, les chevaliers de Malte fondent sur leur île, au centre de la Méditerranée, une puissante cité fortifiée avec un plan en damier et quarante kilomètres de solides remparts. Cette nouvelle ville est conçue pour résister à d'éventuels assauts de la flotte turque. Elle est aujourd'hui la capitale administrative de l'État de Malte. Son nom, La Valette (ou Valeta), honore la mémoire du Grand-Maître des chevaliers de Saint-Jean, Jean Parisot de la Valette, un chevalier d'origine toulousaine qui brisa le Grand Siège de 1565.

[size=24]Un jour... une histoire... 27 mars 1351

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Un jour... une histoire... 28 mars 1566+ 27 mars 1351+ autres 1ecfe78b

 
Beaumanoir et le combat des Trente à Ploërmel

(miniature)

 
27 mars 1351

Combat des Trente à Ploërmel

 
 
 
Le 27 mars 1351, sur la lande de Ploërmel, deux camps bretons règlent leur différend par un tournoi meurtrier. Il figure encore aujourd'hui parmi les grands mythes de l'histoire de la Bretagne...
 
C'est l'épisode le plus mémorable de la guerre de Succession de Bretagne ouverte dix ans plus tôt par la mort du duc Jean III le Bon, le 30 avril 1341, sans enfant et sans héritier désigné.
 
 
Un merveilleux fait d'armes !
 
 
De nombreuses empoignades jalonnent cette longue guerre féodale dont les paysans bretons sont les principales victimes.
 
Le 25 mars 1351, Jean de Beaumanoir, capitaine du château de Josselin, provoque en combat singulier les Anglais de Richard de Bremborough, établi non loin de là, à Ploërmel. Mais à un combat singulier, le capitaine anglais préfère un combat par équipes : «Dieu soit Juge entre nous ! Que chacun de nous choisisse trente à quarante champions pour soutenir sa cause. On verra de quel côté est le droit».
 
 
Les deux camps désignent chacun trente champions et le combat commence deux jours plus tard sur la lande, au lieu-dit le chêne de Mi-Voie (ou Mivoye), dans le Morbihan actuel.
 
C'est un carnage sans règle qui n'a rien à voir avec les joutes codifiées de l'époque. Les combattants, chevaliers, écuyers, mercenaires, sont à pied ou à cheval, avec des armes disparates. Pour le chroniqueur Jean Froissart qui en a fait le récit complet, ce fut «un moult haut, un moult merveilleux fait d'armes».
 
Au plus fort des combats, Beaumanoir lui-même, blessé, réclame à boire. L'un de ses compagnons, Geoffroy du Bois, lui lance selon la chronique : «Bois ton sang, Beaumanoir ! Et la soif te passera». Et le capitaine retrouve sa combativité.
 
Le soir venu, Beaumanoir et son camp remportent une victoire relative avec «seulement» six morts, les Anglais ayant de leur côté perdu neuf hommes dont leur chef, Bremborough.

Un jour... une histoire... 22 mars 1895

Un jour... une histoire... 28 mars 1566+ 27 mars 1351+ autres A69680ae
 
22 mars 1895
Première séance de cinéma
 
 
 
Le 22 mars 1895, Louis et Auguste Lumière donnent une première séance de cinéma devant la Société d'encouragement à l'industrie nationale, à Paris, 44, rue de Rennes.
 
Les deux inventeurs au nom prédestiné présentent aux éminents scientifiques un petit film d'une minute : La sortie des ouvrières de l'usine Lumière.
 
 
Des siècles de tâtonnements
 
L'idée du cinéma n'est pas sortie du néant. Sous le nom de «lanterne magique», elle excite les imaginations depuis la Renaissance. Léonard de Vinci, semble-t-il, s'y intéresse.
 
En 1829, le Belge Joseph Plateau montre que la rétine de l'oeil garde pendant un dixième de seconde le souvenir d'une image. Il en conclut qu'on peut reproduire l'impression du mouvement en faisant se succéder au moins d'une dizaine d'images à la seconde.
 
Ce principe, à la base du dessin animé et du cinéma lui-même, va d'emblée inspirer différents appareils à but ludique, comme le stroboscope ou le kinétoscope. Le Français Émile Reynaud invente en 1877 le praxinoscope (des images sur un cylindre) et en 1889 présente au musée Grévin, à Paris, le «théâtre optique», l'ancêtre du dessin animé !
 
 
Edison, précurseur ou véritable inventeur du cinéma ?
 
De l'autre côté de l'Atlantique, l'insatiable inventeur Thomas Edison brevète dès 1891 un appareil à usage individuel pour le visionnage d'images animées (inadapté donc à des séances publiques), le kinétoscope.Le9 mai 1893, il fait une démonstration de son appareil devant 200 invités du Brooklyn Institute ofArts and Science.
 
Edison brevète aussi une caméra de prises de vues - le Kinetograph - avec un film perforé de 35 mm qui s'imposera à l'industrie du cinéma comme le format de référence. Il est toujours en usage. Le kinétoscope, quant à lui, passera à la trappe.
 
Le 23 avril 1896, quatre mois après la première séance publique des frères Lumière, l'inventeur américain Thomas Edison donne une première représentation de cinéma aux États-Unis avec le projecteur Vitascope au Music-hall Koster and Bial's de New York. Il tourne ses films dans le studio giratoire (pour suivre le soleil) Black Maria de son laboratoire de West Orange. Ce studio de cinéma, le premier au monde, ne sera plus utilisé à partir de 1901. Sa démolition en 1903 laissera le champ libre à Georges Méliès, héritier des frères Lumière.
 
 
Des inventeurs sceptiques
 
Les frères Lumière sont les fils d'un fabricant franc-comtois de matériel photographique. Ils ont déjà à leur actif une importante contribution à la photographie avec un brevet sur la couleur quand, faisant la synthèse de plusieurs décennies de recherches, ils déposent le 13 février 1895 le brevet du cinématographe (en abrégé, cinéma, du grec kinéma, mouvement).
 
Leur invention restitue l'impression de mouvement à partir d'un film perforé que fait défiler un opérateur à la vitesse de dix-huit images par seconde (aujourd'hui, les films se déroulent à 24 images/seconde ; cette différence explique le caractère saccadé des films Lumière lorsqu'ils se déroulent sur des appareils de projection modernes).
 
Les frères Lumière voient dans le cinéma une curiosité scientifique, sans plus, et vont l'exploiter comme une attraction de foire. C'est ainsi que le mois suivant, Louis Lumière réalise le premier film de comédie de l'Histoire : L'arroseur arrosé, qui met en scène son jardinier, M. Clerc, et un jeune apprenti, Duval.
 
«Un art est né sous nos yeux», écrira le critique Georges Sadoul en parlant de cette aventure (le septième !). Mais c'est à un magicien, Georges Méliès, que reviendra l'honneur d'en révéler les potentialités quelques mois plus tard...

Un jour... une histoire... 18 mars 1871

Un jour... une histoire... 28 mars 1566+ 27 mars 1351+ autres 7917a990
18 mars 1871
Début de la Commune de Paris
 
 
 
Le 18 mars 1871, une émeute éclate à Paris, sur la butte Montmartre. Adolphe Thiers, chef du gouvernement provisoire de la République, renonce à la réprimer et s'enfuit à Versailles avec tous les corps constitués.
 
C'est l'amorce de la «Commune». Maîtres malgré eux de la capitale, les révolutionnaires et militants socialistes vont offrir à la bourgeoisie républicaine l'occasion de se débarrasser une fois pour toutes de la «question sociale». Il en coûtera 20.000 victimes.
 
 
Provocations
 
 
Après avoir capturé l'empereur Napoléon III et son armée à Sedan, les Prussiens assiègent la capitale et battent les armées que Léon Gambetta, le jeune ministre de l'Intérieur, a réunies en province. Réfugié à Bordeaux, le gouvernement de la Défense nationale est contraint de signer un armistice le 28 janvier 1871 et de préparer des élections générales.
 
Conformément à la convention d''armistice, les vainqueurs défilent le 1er mars dans une capitale en deuil, devant des statues recouvertes d'un voile noir. Dès le lendemain, à Bordeaux, Adolphe Thiers (73 ans), élu le 17 février «chef du pouvoir exécutif de la République française», obtient de l'Assemblée nationale qu'elle ratifie les préliminaires de paix.
 
Les Parisiens ruminent leur humiliation. Soulagés par la fin du siège et des pénuries alimentaires, ils se sentent néanmoins trahis par leurs gouvernants. À Montmartre, le maire du XVIIIe arrondissement, un certain Georges Clemenceau (31 ans), attise les ressentiments de la population en affichant une proclamation où l'on peut lire : «On vous a livrés sans merci. Toute résistance a été rendue impossible».
 
L'Assemblée nouvellement élue et où dominent les monarchistes attise les tensions. Après l'arrêt des combats contre les Prussiens, elle renonce à revenir à Paris, par peur de la capitale et de ses deux millions d'habitants aux sentiments majoritairement républicains, voire socialistes. Le gouvernement décide donc le 10 mars de quitter Bordeaux pour... Versailles, la ville royale !
 
Dès le 11 mars, parmi ses premières mesures, il lève sans préavis le moratoire sur le remboursement des effets de commerce et des loyers qui avait été instauré au début de la guerre. Il supprime aussi l'indemnité due à la garde nationale (30 sous par jour). Or, à Paris, la garde nationale rassemble pas moins de 180.000 hommes issus de la petite bourgeoisie et du monde ouvrier qui se sont portés volontaires pour défendre la capitale contre l'ennemi et se sont habitués à vivre sous les armes.
 
 
Massacre
 
 
L'atmosphère s'échauffe. Là-dessus, Thiers décide de récupérer 227 canons qui avaient été financés par une souscription des Parisiens en vue de la défense de la capitale. La garde nationale de Paris a disposé ces canons sur les buttes de Montmartre et de Belleville pour les mettre hors d'atteinte des Prussiens lors de leur entrée dans la capitale.
 
Le samedi 18 mars, coupant court aux négociations avec les habitants de Montmartre, Thiers envoie une colonne de 4.000 soldats avec l'ordre de récupérer les canons. Mais l'affaire est mal préparée et les soldats perdent du temps à chercher des attelages. On sonne le tocsin. La foule s'assemble. Les soldats se débandent ou se rallient au petit peuple.
 
Le général Lecomte, qui commande l'une des brigades, est fait prisonnier. Un autre général, Clément-Thomas, qui se promène sur les boulevards, est arrêté à son tour par les émeutiers. À 17 heures, les deux hommes sont exécutés dans une orgie de sang, sous les yeux horrifiés du jeune Georges Clemenceau, impuissant à calmer la foule.
 
Quelques émeutes se produisent au même moment en d'autres quartiers de Paris et des soldats fraternisent avec les insurgés. Les bataillons de la garde nationale se groupent en fédération d'où le nom de «fédérés» que l'on donnera aux insurgés.
 
 
Un jour... une histoire... 28 mars 1566+ 27 mars 1351+ autres Communebarricadecharonne-19fa9b2
 
Une barricade près de Charonne
 
Adolphe Thiers renonce à réprimer l'émeute. Peut-être juge-t-il l'entreprise trop risquée avec 30.000 soldats à la fidélité incertaine face aux 150.000 hommes de la garde nationale ?... Il ordonne donc à l'armée et aux corps constitués d'évacuer sur le champ la capitale. L'évacuation commence avant même le meurtre des généraux Lecomte et Clément-Thomas. Elle est achevée le soir même.
 
Abandonné par la République, Paris s'en remet à des militants jacobins nostalgiques de Robespierre (comme l'avocat Charles Delescluze), blanquistes (partisans du théoricien de la révolution Auguste Blanqui, qui a été jeté en prison préventivement le 18 mars), proudhoniens (héritiers de l'utopiste Pierre-Joseph Proudhon, mort en 1865), socialistes, anarchistes... Pris de court par le vide du pouvoir, ces militants au nombre d'une trentaine se constituent en Comité central et se réunissent dans la plus grande confusion à l'Hôtel de ville.
 
Le 21 mars, à Versailles, Jules Simon, ministre des Affaires étrangères et républicain bon teint, discourt ainsi : «Est-ce que nous ne savons pas que les réquisitions commencent, que les propriétés privées vont être violés et que nous allons voir, je ne dirai pas de chute en chute, mais de progrès en progrès, dans cette perversité savamment calculée, la société toute entière sapée par la base, s'effondrer... Mais que l'émeute le sache bien, si l'Assemblée est à Versailles, c'est avec l'esprit de retour, pour combattre l'émeute et la combattre résolument».
 
À son encontre, Clemenceau, Hugo, Schoelcher, Gambetta et quelques autres républicains tentent mais en vain de faire entendre à Versailles la voix de la modération.
 
 
Confusion et dérision
 
 
À Paris, dans les faits, les insurgés s'en tiennent à une gestion relativement modérée. Ainsi ne touchent-ils pas à l'or de la Banque de France, se privant délibérément d'un atout stratégique dans la lutte contre les Versaillais !
 
Les élections municipales, organisées le 26 mars, traduisent le désintérêt des Parisiens pour la révolution municipale en cours, avec en général moins d'une moitié de votants. LaCommune est néanmoins proclamée le 28 mars. Elle est représentée par une assemblée de 79 élus et son nom fait référence à la Commune insurrectionnelle qui mit bas la royauté le 10 août 1792.
 
Dans une «Déclaration au peuple français», Paris suggère aux autres communes de France une association fédérale, assez confuse au demeurant. Quelques émeutes se produisent à Lyon, Marseille, Toulouse, Saint-Étienne, Le Creusot, mais elles sont vite réprimées et la France, dans son ensemble se tient coite. Les Parisiens ne contiennent plus leur vindicte contre les «cul-terreux» de la province. Le mépris est réciproque.
 
La capitale doit dès lors supporter un deuxième siège, non par les Prussiens mais par l'armée française. Elle se protège derrière les fortifications massives (les «fortifs») qui enserrent la capitale depuis qu'Adolphe Thiers lui-même en a ordonné la construction trente ans plus tôt, par la loi des Bastilles. Les premières escarmouches commencent le 2 avril près du mont Valérien avec l'occupation de Courbevoie par les «Versaillais».
 
Entre temps, la Commune proclame la séparation de l'Église et de l'État, l'instruction gratuite, laïque et obligatoire pour les garçons et les filles,... autant de mesures qui nous paraissent aujourd'hui aller de soi. Elle met en place une dizaine de commissions (Guerre, Relations extérieures....) pour tenter de gouverner la capitale, cependant que les quartiers et les arrondissements se gèrent comme ils peuvent.
 
On n'en finirait pas de citer les décisions de ces commissions, le plus souvent restées lettre morte : saisie des biens de l'Église, plafonnement du salaire des fonctionnaires et interdiction du cumul des fonctions (les postes se multiplient néanmoins, avec uniformes et galonnettes), interdiction du travail de nuit pour les ouvriers boulangers (à la grande déception du peuple qui tient au pain frais du matin), interdiction des jeux de hasard et fermeture des bordels, arrestation des ivrognes, destruction de la colonne Vendôme à l'initiative du peintre Gustave Courbet qui dénonce ce «monument de barbarie» et sera plus tard condamner à en payer la reconstruction pour 300.000 francs-or....
 
La Commune, sous l'impulsion d'un blanquiste dénommé Raoul Rigaud, étend les prérogatives de la police et de la censure. Le 3 avril, elle publie le «décret des otages» du 2 prairial An 79 ! C'est ainsi que l'archevêque de Paris, Monseigneur Darboy, arrêté le 31 mars précédent, sera fusillé sans jugement avec quatre autres ecclésiastiques... et un badaud. Les Communards fusilleront au total 480 otages... Beaucoup moins, soulignons-le, que les Versaillais ne massacreront de gens pendant la Semaine Sanglante qui mettra fin à la Commune.

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MessageSujet: Re: Un jour... une histoire... 28 mars 1566+ 27 mars 1351+ autres   Un jour... une histoire... 28 mars 1566+ 27 mars 1351+ autres Icon_minitimeMer 30 Sep - 12:15

Un jour... une histoire... 17 mars 1560

Un jour... une histoire... 28 mars 1566+ 27 mars 1351+ autres Be0f5dd7
 
François II
 
17 mars 1560 
La conjuration d'Amboise
 
 
 
Le 17 mars 1560, à[size=16]Amboise, quelques centaines de gentilshommes tentent d'enlever le roi François II (16 ans) afin de le soustraire à l'influence des Guise.
 
C'est le début d'une rivalité meurtrière entre nobles protestants et catholiques, qui va déboucher sur trois décennies de guerres religieuses entrecoupées de trêves.
 
 
Guise contre Condé
 
 
Le roi François II est monté sur le trône le 10 janvier 1559 à seulement 15 ans, suite à la mort tragique de son père, Henri II. C'est un garçon chétif qui a été marié quelques mois plus tôt à la reine d'Écosse Marie Stuart, du même âge que lui. La mère de la reine, Marie de Guise, n'est autre que la sœur de François II de Guise, le héros qui a rendu Calais à la France.
 
Les Guise, farouchement catholiques, profitent de leur alliance avec la dynastie pour asseoir leur influence à la cour et diriger le gouvernement. Cela n'a pas l'heur de plaire à Antoine de Bourbon, roi de Navarre (et père du futur Henri IV), et à son frère Louis 1er de Condé, des princes du sang très proches du trône mais tenus à l'écart du fait qu'ils sont réformés et disciples de Jean Calvin, comme d'ailleurs un tiers de la noblesse française !
 
Condé, qui aspire à s'emparer du pouvoir, organise la conjuration. Ses complices, sous le commandement de Georges Barré de La Renaudie, se concentrent dans les bois de Château-Renault, prêts à marcher sur la ville d'Amboise où réside la cour, de l'autre côté de la Loire. Mais un ami de La Renaudie, Pierre des Avenelles, avocat à Paris, vend la mèche.
 
Les conjurés sont surpris par les hommes du roi et beaucoup son massacrés. La Renaudie lui-même est tué pendant les combats et son cadavre est pendu sous le pont d'Amboise avant d'être décapité.
 
Une centaine de conjurés se réfugient dans un château et se rendent contre la promesse de la vie sauve. Ils sont à leur tour décapités le lendemain. Dans les semaines qui suivent, la répression fait environ 1200 victimes. Condé est quant à lui simplement gardé à vue, eu égard à son rang. Il est contraint de désavouer ses comparses et même de tremper son épée dans leur sang.
 
 
Tentative de conciliation
 
Désireuse d'apaiser les tensions, la reine mère Catherine de Médicis confie le 20 mai 1560 la charge de chancelier de France (à la fois garde des sceaux et Premier ministre) au sage Michel de l'Hospital.
 
Un jour... une histoire... 28 mars 1566+ 27 mars 1351+ autres Hospital-e54a05
 
Michel de l'Hospital
 
 
Ce magistrat auvergnat de 55 ans, cultivé, proche des humanistes et des poètes de laPléiade (Ronsard,...), se présente comme le chef des Politiques.
 
Ce «parti» regroupe des catholiques et protestants modérés qui plaident pour la conciliation au nom de l'intérêt supérieur de l'État.
 
Michel de l'Hospital s'oppose par l'édit de Romorantin à l'introduction de l'Inquisition en France. Il tente aux états généraux d'Orléans d'apaiser les querelles. «Ôtons ces mots diaboliques, noms de partis, factions et séditions, luthériens, huguenots, papistes, ne changeons le nom de chrétiens !» lance-t-il aux députés le 13 décembre 1560, dans un célèbre Discours de tolérance.
 
Le même mois, précisément le 5 décembre 1560, le chétif roi François II meurt sans postérité. Il a tout juste 17 ans. Son frère lui succède sous le nom de Charles IX. Lui-même n'a que 10 ans. La reine mère Catherine de Médicis, veuve du roi Henri II, devient officiellement «gouvernante» du royaume, autrement dit régente. Soucieuse avant tout de préserver les droits de sa famille et de la dynastie, elle se rapproche des catholiques et écarte Michel de l'Hospital du Conseil privé du roi tout en le maintenant dans ses fonctions de chancelier.
 
Toujours désireux de rapprocher les points de vue, le chancelier convoque des théologiens des deux camps à Poissy pour un colloque sur l'Eucharistie. C'est ainsi que du 9 septembre au 9 octobre 1561, des théologiens prestigieux débattent sur la présence de Dieu dans l'hostie consacrée pendant l'office religieux. Parmi eux le général des jésuites Lainez et le cardinal de Lorraine du côté catholique, Théodore de Bèze, Pierre Martyr et Gaspard de Coligny du côté protestant.
 
Le colloque de Poissy s'achève sur un échec mais ouvre la voie à un édit de tolérance. Le premier d'une longue liste. Il aura pour effet paradoxal d'attiser les haines et d'engager la France dans plusieurs guerres de religion successives.[/size]

[size=24]Un jour... une histoire... 16 mars 1831

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Victor Hugo

 
16 mars 1831

Publication de Notre-Dame de Paris

  
 
Le roman Notre-Dame de Paris sort en librairie le 16 mars 1831. Son auteur, bien qu'âgé de moins de trente ans, n'est pas un inconnu dans les milieux littéraires. Il s'est affirmé l'année précédente comme le chef de l'école romantique avec sa pièce Hernani.
 
Avec Notre-Dame de Paris, Victor Hugo inaugure un genre romanesque plein «de caprice, d'énormité et de fantaisie» qui le rend célèbre dans le lectorat populaire. Son triomphe est toutefois altéré par l'adultère de sa femme, Adèle, avec son ami Sainte-Beuve...
 
Une cathédrale héroïne de roman 
Notre-Dame de Paris met en scène la bohémienne Esméralda, le bossu Quasimodo et d'autres personnages non moins pittoresques mais son véritable héros est la cathédrale de Paris. 
Le roman suscite un engouement inédit pour le Moyen Âge, que l'on tenait auparavant pour arriéré. Au siècle des Lumières, le clergé, qui se voulait moderne, avait rasé quantité de chefs-d'oeuvre médiévaux. Il avait aussi détruit les vitraux de maintes églises gothiques (= «à peine digne des Goths !»), par exemple à Saint-Germain l'Auxerrois, en face du Louvre.
 
 
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Esmeralda  
Après la Révolution, beaucoup d'édifices religieux n'avaient survécu que grâce au fait d'avoir été transformés en arsenal, en caserne ou en hospice. L'abbatiale de Cluny, plus grande église de la chrétienté, n'eut pas cette chance et fut vendue à un démolisseur.
  
Retour en vogue du patrimoine
 
Dans le sillage de Victor Hugo et de l'école romantique, les Français découvrent les beautés secrètes de l'art médiéval et se prennent de passion pour leur patrimoine.
 
François Guizot, influent ministre de l'Instruction publique du roi Louis-Philippe 1er, crée le poste d'Inspecteur général des Monuments Historiques et le confie d'abord à Ludovic Vittet puis à Prosper Mérimée. Avec l'architecte Viollet-le-Duc, celui-ci va restaurer et sauver les témoins architecturaux du passé...
 
NB : Notre-Dame de Paris a inspiré beaucoup de films y compris le Bossu de Notre-Dame, un dessin animé de la maison Walt Disney...

Un jour... une histoire... 15 mars 1667

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Gabriel Nicolas de La Reynie
 
15 mars 1667
Paris se dote d'une police moderne
 
 
 
Le 15 mars 1667, par un édit signé à Saint-Germain-en-Laye, le roi Louis XIV confie à Gabriel Nicolas de La Reynie (42 ans), un magistrat originaire de Limoges, la charge de lieutenant de police de Paris. C'est l'acte de naissance de la police moderne.
 
 
 
 
Une capitale indigne du Roi-Soleil
 
 
Le jeune roi, qui vit encore au Louvre, tolère mal l'insécurité et la saleté de la capitale. Paris, qui attire des gens de tout le royaume depuis le Moyen Âge, compte alors un demi-million d'habitants dont environ 30.000 larrons et mendiants.
 
Déguisés en estropiés, ces derniers, pendant la journée, harcèlent le chaland en tout point de la capitale. Mais la nuit, ils se replient dans un quartier mal famé adossé à l'ancienne enceinte de Charles V, près de la porte Saint-Denis. Ils «ne sont pas plutôt de retour chez eux, qu'ils se dégraissent, se débarbouillent et deviennent sains et gaillards en un instant» (Dictionnaire historique de Paris, 1779). Cette transformation proprement«miraculeuse» vaut au quartier l'appellation ironique de «Cour des miracles» !
 
Pour faire face à cette engeance, la capitale dispose avant la nomination de La Reynie de guets, gardes et polices inefficaces, mal gérées et rivales. Le gouvernement de Louis XIV tente aussi de chasser les mendiants de l'espace public. En 1656, il crée un «hôpital général des pauvres» qui regroupe plusieurs établissements hospitaliers de la capitale et somme les mendiants soient de s'y rendre, soit de quitter la ville. C'est un échec.
 
 
Un policier en odeur de sainteté
 
Le nouveau lieutenant de police prend à cœur sa tâche. Installé au Châtelet, près de la Seine et de l'île de la Cité, il rassemble sous son autorité tous les corps de police (commissariats, prévôté de l'île, archers et exempts du guet, compagnie du lieutenant criminel). Il se fait représenter dans les 17 quartiers de la ville par 48 commissaires de police.
 
Il liquide aussi la Cour des miracles. Se rendant sur place avec des sergents à cheval et des soldats du guet, il fait ouvrir six brèches dans l'enceint de Charles V puis avertit au porte-voix les occupants qu'il va investir le lieu et que les douze derniers qui n'auront pas fui à temps seront pendus ou envoyés aux galères. Les truands ne se le font pas dire deux fois et s'enfuient par les brèches sans demander leur reste.
 
La Reynie n'a obtenu qu'une victoire provisoire car d'autres Cours des miracles se reconstitueront au fil des ans, nourries par la misère qui chasse des campagnes quantité de malheureux.
 
La Reynie se signale aussi par son zèle et son efficacité dans l'«Affaire des poisons», un sordide fait divers qui va jeter une ombre sur le règne du Roi-Soleil. Suite à l'arrestation et l'exécution d'une empoisonneuse, la marquise de Brinvilliers, le 17 juillet 1676, il lance ses limiers dans les milieux interlopes de Saint-Denis, où se pratique le commerce des poisons (aimablement qualifiés de «poudre de succession» car ils facilient les héritages). De fil en aiguille, de découvertes en accusations, ils remontent ainsi jusqu'à la Cour de Versailles et à l'entourage du roi, jusqu'à compromettre gravement la maîtresse en titre de celui-ci, Madame de Montespan.
 
Le lieutenant de police, plus tard lieutenant général de police, a une vision extensive de sa mission. Il fait ainsi installer l'éclairage public dans les rues à l'aide de lanternes afin d'en diminuer l'insécurité. Il développe aussi le pavage des rues et l'adduction d'eau et engage avec méthode la lutte contre les incendies et les épidémies, faisant de Paris l'une des métropoles les plus propres d'Europe... À bout de forces, il ne se retirera qu'en 1697, entouré de l'estime générale.

Un jour... une histoire... 11 mars 1649

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Turenne
 
11 mars 1649
La Fronde contre le Roi
 
 
 
Le 11 mars 1649, à Rueil, à l'ouest de Paris, la régente Anne d'Autriche et son Premier ministre Jules Mazarin concluent la paix avec le président du Parlement de Paris, Mathieu Molé.
 
C'est la fin de la Fronde parlementaire. Les magistrats renoncent à limiter en France le pouvoir royal. Les Princes et les grands seigneurs s'y essaient à leur tour mais sans plus de succès.
 
Les uns et les autres, représentants des classes privilégiées, ont été poussés à la révolte par l'augmentation des impôts et le besoin pour l'État d'accroître ses recettes fiscales. Les mêmes causes allaient conduire 150 ans plus tard à la Révolution...
 
 
La Fronde parlementaire
 
Sous la monarchie française, les magistrats exercent la justice. Ils ont aussi pour mission d'enregistrer les édits royaux. Issus de la bourgeoisie fortunée, ils achètent leur charge, ce qui les met normalement à l'abri des sanctions (le roi ne peut pas déposséder un magistrat de sa charge). Qui plus est, cette charge est héréditaire en vertu d'un édit du roi Henri IV, la «paulette» (1604), du nom de son inspirateur, le conseillet Paulet.
 
 
- 1648
En 1648, la France est gouvernée par la régente Anne d'Autriche, mère du jeune roi Louis XIV (9 ans), qui bénéficie des utiles conseils de Mazarin.
 
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Anne d'Autriche par Paul Rubens (musée du Louvre)
 
Le pays doit mener des guerres extérieures contre les Habsbourg. Les victoires du duc d'Enghien, devenu le «Grand Condé» en héritant des titres paternels, pèsent sur les finances publiques. Dans le même temps, de mauvaises récoltes réduisent les rentrées d'impôts. Le gouvernement demande au Parlement de Paris, qui est une instance judiciaire et n'a rien à voir avec nos actuels parlements, d'enregistrer des édits sur de nouvelles taxes.
 
Comme beaucoup de bourgeois, les magistrats se considèrent lésés dans leurs intérêts et privilèges par ces édits. Ils se rebellent. Selon un procédé classique, ils montent le peuple contre le gouvernement et le Premier ministre en particulier en faisant valoir le luxe dans lequel se complaît la Cour.
 
Le 13 mai 1648, le Parlement de Paris convie ses collègues provinciaux à réformer ce qu'il estime être les abus de l'État. À l'initiative du conseiller Pierre Broussel et de Paul de Gondi, coadjuteur de l'archevêque de Paris, il publie un «arrêt d'union» par lequel il réunit les membres du Parlement, de la Cour des Comptes, du Grand Conseil et de la Cour des aides au sein d'une assemblée dite Chambre Saint-Louis, qui aura à décider de la réforme de l'État.
 
Sitôt dit, sitôt fait, et le 2 juillet 1648, la Chambre présente ou plutôt impose à Anne d'Autriche une charte de 27 articles qui donne au Parlement le droit de valider tout impôt nouveau. Elle supprime aussi les intendants (représentants du roi dans les provinces) et, d'une manière générale, renforce les privilèges des magistrats et des officiers royaux.
 
La régente Anne d'Autriche feint de se soumettre mais fait traîner les choses. Et voilà que le 24 août 1648, le Grand Condé (le vainqueur de Rocroi) remporte à Lens une nouvelle victoire sur les Espagnols.
 
La régente est rassurée quant à la situation extérieure et peut désormais compter sur le soutien de «Monsieur le Prince» (Condé).
 
Sans attendre, le 26 août, elle fait arrêter plusieurs parlementaires, y compris le chef des frondeurs, le conseiller Pierre Broussel, auquel son intégrité (fait rarissime) vaut une immense popularité.
 
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Pierre Broussel (musée Carnavalet - Paris)
 
À cette annonce, Paris se soulève au cours d'une «journée des Barricades». Deux jours plus tard, la régente doit libérer ses prisonniers. Broussel est porté en triomphe. Et le 22 octobre, Anne d'Autriche doit signer les 27 articles au château de Saint-Germain-en-Laye, avant de pouvoir rentrer à Paris. Mais son humiliation est de courte durée.
 
À l'automne, la France remporte la guerre étrangère et signe les traités de Westphalie. Mazarin et la régente ont désormais les mains libres pour en finir avec les frondeurs parlementaires (alors que les Princes commencent à s'échauffer les esprits).
 
1649
Le 5 janvier 1649, le cardinal et la régente s'enfuient à Saint-Germain-en-Laye avec le jeune roi Louis XIV et son frère, dans les conditions les plus précaires qui soient (personne pour les recevoir, des lits de fortune pour passer la nuit,...). Pendant ce temps, l'armée royale commandée par Condé fait le siège de Paris.
 
Les parlementaires, qui détiennent beaucoup de privilèges grâce à la monarchie, n'ont pas vraiment envie d'une Révolution. Le président du parlement, Mathieu Molé, lance à ses collègues : «Vous faites le jeu des Princes, cette Fronde n'est pas la vôtre». Ils rendent finalement les armes malgré la haine que leur inspire l'Italien Mazarin.
 
Par la paix signée à Rueil, les frondeurs sont généreusement amnistiés tandis que l'on promet le chapeau de cardinal à Jean-François Paul de Gondi. Le peuple et les Princes, qui espéraient le renvoi de Mazarin, sont déçus.
 
 
La Fronde desPrinces
 
Le cardinal et la régente regagnent Paris en octobre sous les acclamations mais ils doivent désormais combattre la Fronde des Princes (ou «Jeune Fronde»), plus violente mais brouillonne et bagarreuse que la Fronde parlementaire (ou «Vieille Fronde»).
 
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Mazarin
 
 
À Paris et dans les provinces se multiplient les «mazarinades», écrits et chansons satiriques qui traînent Mazarin dans la boue...
 
Après avoir pris le parti du roi contre les parlementaires, le Grand Condé, lui aussi mécontent du maintien au pouvoir de Mazarin, noue des complots avec quelques grands seigneurs dont son frère le prince de Conti.
 
Le duc de la Rochefoucauld (le futur auteur des Maximes morales) participe à la Fronde des Princes comme il a participé à celle des parlementaires, de même qu'un autre futur maître de la langue française, l'archevêque coadjuteur de Paris Jean François Paul de Gondi, qui restera dans la postérité sous le nom de cardinal de Retz.
 
On ne saurait oublier non plus le duc de Longueville et surtout sa femme, la belle duchesse de Longueville (30 ans), soeur du Grand Condé et maîtresse (entre autres) de La Rochefoucauld ! En janvier 1649, tandis que la Cour s'enfuyait à Saint-Germain, l'impétueuse duchesse s'établissait à l'Hôtel de Ville de Paris où elle donnait le jour à l'«enfant de la Fronde»... et de la Rochefoucauld.
 
 
- 1650
 
Renouvelant la promesse d'un chapeau de cardinal, la régente obtient le ralliement du coadjuteur Paul de Gondi. Et le 18 janvier 1650, elle fait arrêter par surprise Condé ainsi que son frère, le prince de Conti, et son beau-frère, le duc de Longueville.
 
Monsieur le Prince est enfermé à Vincennes pendant treize mois. Mais Gaston d'Orléans, le frère du feu roi Louis XIII, se porte illico à la tête des conspirateurs !
 
Comme si cela ne suffisait pas, Mme de Longueville tente de soulever la Normandie, dont son mari était le gouverneur.
 
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Plus fort que tout, elle séduit le brave Turenne et le détourne de son devoir. Elle le convainc même de traiter avec les Espagnols, ses ennemis jurés !
 
 
- 1651
La régente commet l'erreur de ne pas donner comme promis le chapeau de cardinal au fourbe Gondi, lequel rentre dans la Fronde. Devant l'anarchie galopante, Mazarin, vers lequel convergent toutes les haines, se résigne à fuir une nouvelle fois Paris pour Saint-Germain-en-Laye dans la nuit du 6 au 7 février 1651.
Anne d'Autriche s'apprête à rejoindre le cardinal deux jours plus tard mais elle en est empêchée par les Parisiens qui ferment les portes de la ville. Et dans la nuit du 8 février 1651, la foule envahit même le palais du Louvre et pénètre dans la chambre du jeune roi Louis XIV pour s'assurer de sa présence ! Louis XIV en restera à jamais marqué.
Mazarin s'exile à Cologne après avoir fait libérer les Princes. Mais par l'intermédiaire d'un brillant commis promis à un grand avenir... Jean-Baptiste Colbert, il reste en relation avec la régente et guide celle-ci entre les multiples coteries.
Le 7 septembre 1651 est proclamée la majorité de Louis XIV (13 ans). Condé, devenu le chef des frondeurs, n'en a que faire. Il se retire en Guyenne (la région de Bordeaux) pour y lever une armée et marcher sur Paris avec... la complicité des Espagnols ! Le roi et la reine-mère le déclarent rebelle. La guerre civile, aggravée par l'intervention des Espagnols, met le pays à feu et à sang.
 
 
- 1652
En mars 1652, à Saumur, Turenne abandonne la Fronde où l'a conduit l'amour de Mme de Longueville et prend le commandement de l'armée royale. Le 2 juillet 1652, il affronte à l'est de Paris, dans le faubourg Saint-Antoine son rival de toujours, Condé, sous les yeux du roi et de Mazarin, qui assistent au combat des hauteurs de Charonne.
 
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Fronde des Princes : le combat de la porte St Antoine (Paris)
 
 
Les troupes royales sont sur le point de l'emporter sur Condé et ses alliés espagnols mais la situation se retourne grâce à l'intervention inattendue d'une frondeuse, Mme de Montpensier, dite la Grande Mademoiselle, fille de Gaston d'Orléans et cousine du roi. Installée à la Bastille, celle-ci fait ouvrir la porte Saint-Antoine aux troupes rebelles et dirige le canon sur les troupes de Turenne, obligées de battre en retraite. Ainsi Condé peut-il rentrer à Paris.
 
Mais les maladresses de Condé et son alliance avec les Espagnols conduisent à la défection de ses partisans. Les bourgeois le chassent de Paris et le 21 octobre, Anne d'Autriche peut enfin rentrer en triomphe dans la capitale avec le jeune roi. Celui-ci, qui a été déclaré majeur le 7 septembre 1651, tient un lit de justice et prononce une amnistie générale (ou presque).
 
 
Le retour de l'autorité royale
 
Le prince de Condé est condamné à mort par contumace et ne rentrera en grâce que bien plus tard, à l'occasion d'une mémorable fête à Chantilly. Gaston d'Orléans est exilé à Blois. Anne d'Autriche, qui a la rancune tenace, feint de se rapprocher de Gondi, devenu enfin cardinal de Retz, avant de le faire emprisonner au château de Vincennes le 19 décembre 1652.
 
Deux mois plus tard, le 2 février 1653, Mazarin retrouve à son tour Paris. Surprenant ! Il est acclamé par les habitants qui espèrent le retour à la paix. La Fronde des Princes est finie. Mais en souvenir de ses frayeurs, Louis XIV gardera une rancune tenace envers les Parisiens. Il choisira plus tard de quitter le Louvre, résidence de la cour depuis quatre siècles, et de bâtir un nouveau palais à Versailles.
 
La monarchie française sortira renforcée des épreuves de la Fronde tandis qu'à la même époque, l'Angleterre fera l'expérience de la République après avoir exécuté son roi Charles 1er.
 
La France évoluera vers une monarchie absolue, l'Angleterre vers une monarchieparlementaire.
 
Quid de Mme de Longueville ? La sulfureuse amazone fait retour à la piété et devient jusqu'à sa mort, à 60 ans, en 1679, une fidèle assidue de l'abbaye de Port-Royal. Il est vrai qu'elle a beaucoup à se faire pardonner.
 
Même retournement pour un autre frondeur, le cardinal de Retz, auteur de Mémoires qui restent le plus remarquable témoignage sur la Fronde. Poussé contre son gré dans la carrière ecclésiastique, Jean François Paul de Gondi avouait être «l'âme la moins ecclésiastique de l'univers». Oubliant ses débauches et sa rouerie, il tombe dans la dévotion extrême en 1675, à l'âge de 62 ans, après avoir mis son talent de conspirateur et de diplomate au service de Louis XIV, qui ne l'aimait pas pour autant.
 
 
Pourquoi la Fronde ?
 
Étrangement, les conflits violents qui ont opposé de 1648 à 1653 les élites françaises à la monarchie tirent leur nom d'un jouet hérité de la préhistoire. Le nom de frondeur a été donné aux insurgés par allusion aux enfants qui se lançaient des pierres dans les fossés de Paris et se dispersaient à l'arrivée du lieutenant de police, leur jeu ayant été interdit par le Parlement.

Un jour... une histoire... 10 mars 1906

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10 mars 1906
La catastrophe de Courrières
 
 
 
Le 10 mars 1906 se produit une dramatique explosion dans une mine de charbon située sous trois communes proches de Courrières (Pas-de-Calais) : Méricourt, Billy Montigny et Sallaumines.
 
 
 
Une catastrophe d'une ampleur sans précédent
 
C'est l'une des plus grandes catastrophes minières de tous les temps avec officiellement 1099 victimes. D'aucuns estiment plus vraisemblable le chiffre de 1200 mineurs restés ensevelis dans les galeries sur un total de 1800 qui étaient descendus ce matin-là.
 
 
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Le point de départ de cette tragédie est l'explosion d'une nappe de grisou (gaz) dans le chantier Lecoeuvre. La présence de ce gaz avait été suspectée quelques jours plus tôt par des mineurs de fond mais la compagnie n'avait pas tenu compte de leurs avertissements...
 
Le coup de grisou ayant soulevé la poussière de charbon, celle-ci, beaucoup plus explosive que le grisou, s'est vite mise en auto-combustion et la flamme a parcouru 110 km de galeries en moins de 2 minutes ! C'est ce qu'on appelle un «coup de poussière».
 
La catastrophe est immédiatement médiatisée, les journalistes et photographes arrivant sur place en même temps que les équipes de secours. L'émotion dépasse les frontières. Des équipes de sauveteurs arrivent avec des matériels sophistiqués du Borinage belge et même de la Ruhr allemande (cela quelques années à peine avant la Grande Guerre...).
 
Les opérations de sauvetage se soldent elles-mêmes par 16 morts, surtout dans les premières heures, lorsque des mineurs s'enfoncent sans attendre dans la mine, à la recherche de leurs proches.
 
 
De la catastrophe à la révolte
 
La compagnie minière hâte les opérations de secours pour relancer au plus vite l'exploitation. Indignées, les 50.000 «gueules noires» du bassin minier multiplient les appels à la grève. Leur colère déborde lorsque, le 30 mars, 13 rescapés remontent de la mine, apportant la preuve qu'il serait encore possible de sauver des vies. Un 14e et dernier mineur est sauvé le 4 avril. La multiplication des débrayages met en péril l'approvisionnement du pays en charbon, combustible principal de l'époque.
 
Le tout nouveau ministre de l'Intérieur Georges Clemenceau, dont l'énergie est à la mesure de ses convictions républicaines et sociales, se rend à Lens et, courageusement, tente de raisonner les mineurs. Faute d'y arriver, il fait donner sans ménagement la cavalerie et l'armée. Jusqu'à 20.000 hommes. Les affrontements font une victime en la personne d'un officier tué d'un coup de pierre.
 
 
Rescapés
 
Bien malgré eux, les mineurs de la région de Courrières ont enrichi la langue française d'un nouveau mot d'origine picarde : rescapé (ou escapé), variante dialectale du françaisréchappé.
 
La répression de la révolte minière par Clemenceau a aussi valu à ce dernier d'être qualifié de «briseur de grèves» (l'expression naît à cette occasion).

Un jour... une histoire... 26 février 1815

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26 février 1815 :
Napoléon quitte l'île d'Elbe
 
 
Le 26 février 1815, Napoléon 1er quitte l'île d'Elbe en catimini avec quelques compagnons d'infortune. Dédaignant la souveraineté de l'île, à lui concédée par ses vainqueurs, il projette rien moins que de restaurer l'Empire français. Son entreprise réussira à la barbe des gouvernants européens, réunis en Congrès en Vienne pour remodeler l'Europe. Il ne faudra que Cent jours avant que Napoléon 1er rende définitivement les armes. Les royalistes et les réactionnaires de tout poil prendront alors leur revanche.

Un jour... une histoire... 25 février

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25 février 1429
Jeanne d'Arc rencontre le roi à Chinon
 
 
 
Le 25 février 1429, Jeanne d'Arc rencontre le roi Charles VII à Chinon. Elle le reconnaît, bien qu'il ait feint de se dissimuler dans la foule des courtisans.
 
 
 
 
 
Deux rois pour unroyaume
 
À la mort du roi de France Charles VI le Fou, en 1422, sa veuve Isabeau de Bavière reconnaît pour roi de France l'enfant de sa fille Catherine et du roi d'Angleterre Henri V. Son propre fils, Charles, est exclu de la succession en raison de son implication dans l'assassinat de Jean sans Peur, le puissant duc de Bourgogne.
 
La France se trouve donc avec deux rois aussi légitimes l'un que l'autre. Le jeune Henri VI tient sa légitimité du traité de Troyes. L'enfant règne sur Paris et le nord. Il est représenté par son oncle Jean de Lancastre, duc de Bedford. Il a le soutien de l'Église, de l'Université et du peuple de Paris. Il est également allié au puissant parti bourguignon.
 
Quant à Charles VII de Valois, fils de Charles VI et Isabeau de Bavière, il règne seulement au centre et au sud, en pays d'oc. On le surnomme par dérision le «petit roi de Bourges».
 
Il n'a ni argent, ni beaucoup de soutiens, mis à part les redoutables Armagnacs et quelques mercenaires de toutes origines. Ses chefs de guerre et courtisans se déchirent en de vaines querelles, se disputant à qui mieux mieux les dépouilles du royaume. L'héritier des Valois est au bord du renoncement quand il rencontre Jeanne d'Arc.
 
 
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Jeanne d'Arc au siège de Paris en 1429
 
Jeanne et ses anges gardiens
 
Jeanne est une jeune fille d'une vingtaine d'années ou peut-être moins. Elle est née dans le ménage d'un prospère laboureur du nom de Jean Darc, à Domrémy, un village de l'enclave française de Vaucouleurs, en Lorraine (la famille sera anoblie par Charles VII et changera son nom en d'Arc).
 
Depuis plusieurs années, des visions célestes que Jeanne dit être celles de saint Michel, sainte Catherine d'Alexandrie et sainte Marguerite lui demandent de «bouter l'Anglais hors de toute France» et de restaurer Charles comme seul roi légitime et véritable successeur de... Clovis.
 
La jeune paysanne se rend à Vaucouleurs, chez le capitaine des gens d'armes, Robert de Beaudricourt, qui, dans un premier temps, la repousse avec hauteur. Mais Jeanne s'entête, forte de quelques soutiens dans son village et alentours. Une légende ne dit-elle pas que la France, perdue par une femme (la reine Isabeau de Bavière) sera également sauvée par une femme ! L'époque, il est vrai, est fertile en légendes de ce genre et en faux prophètes...
 
La «pucelle» (jeune fille dans le langage de l'époque) revient à Vaucouleurs une deuxième, puis une troisième fois supplier Robert de Beaudricourt. Entretemps, elle a la douleur de voir son village mis à sac par une bande de soudards. À la troisième visite, elle ne réussit toujours pas à amadouer le redoutable capitaine mais un témoin de l'entrevue, Jean de Metz, se laisse impressionner et la mène à Nancy, auprès du duc Charles de Lorraine, malade, dans l'espoir d'une guérison miraculeuse. Il est vraisemblable, si l'on en croit l'historien Philippe Erlanger, qu'elle rencontre à la cour du duc René d'Anjou, beau-frère du dauphin et fils de Yolande d'Aragon.
 
Celle-ci a épousé Louis II d'Anjou, grand-oncle du dauphin, et donné sa fille Marie en mariage à ce dernier, qu'elle aime comme son propre fils. Le dauphin lui rend son affection et l'appelle «bonne mère». Yolande, douée d'un remarquable sens politique, a sans doute perçu tout le parti qu'elle pouvait tirer de Jeanne d'Arc d'après les compte-rendus qu'on dû lui faire son fils René et ses agents locaux.
 
Toujours est-il qu'à son retour de Nancy, Jeanne croise à Vaucouleurs un chevaucheur du dauphin, Jean Colet de Vienne, qui décide de l'amener à Chinon. Le départ a lieu le 12 février. Jeanne va voyager dans des conditions périlleuses, souvent en territoire hostile, tout juste accompagnée de son frère Pierre, Jean Colet de Vienne, Jean de Metz et quatre autres personnes.
 
Le 23 février, son arrivée à Chinon, qui a fait l'objet d'une intense publicité (peut-être par les agents de Yolande d'Aragon) se fait sous les acclamations. Avant l'audience, elle s'héberge chez un magistrat lié à la maison d'Anjou et Yolande d'Aragon. Sans doute à cette occasion lui apprend-on quelques bonnes manières et quelques secrets de la cour. On n'est jamais trop prudent...
 
 
Le retour de la confiance
 
Enfin arrive l'audience tant attendue. La jeune paysanne entre dans la grande salle accompagnée du grand maître de l'hôtel du roi, le comte de Vendôme. Sans doute, après la préparation à laquelle elle a eu droit n'a-t-elle pas eu trop de mal à identifier le dauphin. Elle fait sa révérence puis Charles l'amène à l'écart.
 
Dans le secret de leurs entretiens, elle lui confie sans doute que Dieu lui a pardonné le meurtre du duc de Bourgogne, sur le pont de Montereau, et qu'il est prêt à lui rendre son royaume. Elle l'assure aussi de sa filiation royale. Le regard de Charles VII s'illumine. Convaincu par la foi de Jeanne, il accepte de lui confier quelques troupes, à charge pour elle d'aller délivrer Orléans au plus vite de l'assaut anglais.
 
La Pucelle doit au préalable se soumettre à Poitiers à l'examen de quelques docteurs et théologiens. Trois femmes, dont Yolande d'Aragon elle-même, s'assurent même de sa virginité pour écarter toute médisance !

Un jour... une Histoire... 23 février 1766

Un jour... une histoire... 28 mars 1566+ 27 mars 1351+ autres C64df8eb
 
La place Stanislas
 
23 février 1766
La Lorraine devient française
 
 
 
Le 23 février 1766, Stanislas Leszczynski meurt dans des conditions atroces, suite aux brûlures qui lui sont advenues lors d'une chute près de sa cheminée, dans son château de Lunéville. Il a 87 ans.
 
Stanislas Leszczynski fut un éphémère roi de Pologne avant d'avoir la chance de marier sa fille Marie au roi Louis XV et d'obtenir en viager les duchés de Lorraine et de Bar.
 
 
Une terre disputée
 
Conformément aux conventions fixées avec les gouvernements de France et d'Autriche, la mort du duc Stanislas entraîne le rattachement définitif des duchés à la France, à la satisfaction du ministre de Louis XV, le duc Étienne de Choiseul.
 
La Lorraine, qui tire son nom de Lothaire II, arrière-petit-fils de Charlemagne, a fait partie du Saint empire romain germanique.
 
Le duché de Basse-Lorraine, sur l'Escaut, appartint à Godefroi de Bouillon, le chef de la première croisade. Il se désagrégea très tôt. Quant au duché de Haute-Lorraine (la Lorraine actuelle), il doit défendre son indépendance contre les rois de France puis contre Charles le Téméraire. Le duc de Bourgogne est tué en tentant de conquérir Nancy
 
 
Un jour... une histoire... 28 mars 1566+ 27 mars 1351+ autres Stanislas_nancymini-19124c0
 
Stanislas Leszczynski
 
 
En 1552, le roi de France Henri II occupe les Trois-Évêchés (Metz, Toul et Verdun). C'est le début de la fin. Le duché devient virtuellement français.
 
Le duc François de Lorraine ayant épousé la future impératrice Marie-Thérèse d'Autriche, il accepte en 1737 de céder ses duchés de Lorraine et du Barrois à Stanislas, roi déchu de Pologne et beau-père du jeune Louis XV. La transaction met fin à la Guerre de Succession de la Pologne.
 
 
Unduc bâtisseur
 
 
Souverain éclairé et débonnaire, Stanislas Leszczynski, nouveau duc de Lorraine et du Barrois, entretient dans son château de Lunéville une cour brillante, accueillante aux artistes et aux gens de lettres.
 
Un jour... une histoire... 28 mars 1566+ 27 mars 1351+ autres Luneville_cour-1912521
 
La cour de Luneville
 
 
Il lance à Nancy, sa capitale, la construction d'un ensemble urbain magnifique qui fait aujourd'hui la fierté de la ville.
 
Cet ensemble classique est dû à l'architecte lorrain Emmanuel Héré. Il réunit la vieille ville à la ville neuve de l'époque, via une grande place oblongue, dite place neuve de la Carrière (lieu où se déroulaient autrefois les tournois). Cette place communique avec la place Royale, aujourd'hui place Stanislas.
 
Inaugurée en novembre 1757, elle est entourée d'immeubles majestueux et communique avec le reste de la ville par de splendides grilles dorées à l'or fin qui font sa célébrité dans le monde entier. Le centre de la place est occupé depuis 1831 par une statue de Stanislas, en remplacement de la statue de Louis XV, enlevée sous la Révolution.
 
Regrettons, hélas, que la perspective de cet ensemble architectural ait été enlaidie par les immeubles construits aux abords de la gare à la fin du XXe siècle.
 
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MessageSujet: Re: Un jour... une histoire... 28 mars 1566+ 27 mars 1351+ autres   Un jour... une histoire... 28 mars 1566+ 27 mars 1351+ autres Icon_minitimeMer 30 Sep - 12:29

Un jour... une histoire... 22 février 1680

Un jour... une histoire... 28 mars 1566+ 27 mars 1351+ autres 895822f7
 
La Voisin, estampe du XVIIème siècle
 
 
22 février 1680 
Exécution de la Voisin et «affaire des Poisons»
 
 
 
Le 22 février 1680, une femme est brûlée en place de Grève, face à l'Hôtel de ville de Paris, sous l'accusation de sorcellerie et d'empoisonnement. Née Catherine Deshayes 40 ans plus tôt, elle est connue dans le quartier de Saint-Denis, lieu de tous les trafics, d'après le nom de son mari, la «Voisin».
 
Il pourrait s'agir d'un fait divers parmi d'autres. Mais la Voisin, qui s'est enrichie dans la pratique des avortements et le commerce des poisons, a dénoncé avant de mourir nombre de ses clients et clientes, dont certains appartiennent à la haute aristocratie.
 
Madame de Montespan, la maîtresse du roi Louis XIV, est compromise ! C'est le point d'orgue d'une affaire à rebondissements...
 
 
Le Siècle de tous les paradoxes
 
 
L'«affaire des Poisons» est une première ombre portée sur le règne du Roi-Soleil après deux décennies de succès. Elle survient entre le traité de Nimègue (1678), qui clôt la période des guerres «heureuses», et la révocation de l'Édit de Nantes (1685).
 
Cette affaire révèle une face méconnue du XVIIe siècle, le Grand Siècle de notre Histoire et celui de tous les paradoxes. C'est le «Siècle des Saints» et des mystiques (Saint François de Salles, Saint Vincent de Paul, Bossuet,...) ; c'est aussi le siècle des libertins et, plus gravement, de la sorcellerie, des messes noires et des poisons
 
 
La Brinvilliers
 
 
L'«affaire des Poisons» trouve son origine dans l'arrestation et l'exécution d'une autre empoisonneuse, la marquise de Brinvilliers (46 ans), le 17 juillet 1676.
 
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La marquise de Brinvilliers , (dessin de Charles le Brun)
la représentant après sa condamnation (Musée du Louvre
à paris)
 
 
Fille de Dreux d'Aubray, lieutenant civil du Châtelet, Marie-Madeleine a été violée à 6 ans par un domestique puis a entretenu des rapports sexuels avec son frère à partir de 10 ans ! À 21 ans, elle est mariée au marquis de Brinvilliers. Elle aura 7 enfants dont trois tout au plus de son mari.
 
Indigné par l'inconduite de sa fille, Dreux d'Aubray fait incarcérer son amant à la Bastille. Mauvaise idée : ledit amant s'initie aux secrets des poisons auprès d'un détenu italien et, sitôt libre, décide avec sa maîtresse de se venger.
 
Marie-Madeleine feint donc de soigner son père tout en lui versant à petites doses de la«poudre de succession», surnom bien mérité du poison. Forte de ce premier succès, elle élimine aussi ses deux frères de façon à récupérer la totalité de l'héritage paternel. Enhardie, elle tente aussi d'empoisonner son amant, qui tarde à l'épouser, sa propre fille, un amant de passage etc...
 
Tant d'agitation finit par attirer l'attention de la police. Mais la criminelle s'enfuit à Londres puis à Liège. Mauvaise pioche. Les troupes de Louis XIV ayant occupé la ville, le ministre Louvois en profite pour faire enlever la Brinvilliers dans le couvent où elle s'était réfugiée.
 
Elle sera décapitée puis son corps brûlé et ses cendres jetées dans la Seine. Avant de mourir, au cours d'un ultime interrogatoire face au procureur général du Parlement de Paris, la marquise aurait selon ce dernier affirmé qu'«il y avait beaucoup de personnes engagées dans ce misérable commerce de poison, et des personnes de condition». La condamnée à mort se retient de citer des noms, mais cela suffit à piquer la justice au vif.
 
 
La Voisin
 
 
L'année suivante, Gabriel Nicolas de La Reynie, le «lieutenant de police de la ville de Paris», est chargé par le ministre Louvois de faire toute la lumière sur les affaires d'empoisonnement qui se multiplient. Dans la plus grande discrétion, il lance ses limiers dans les milieux interlopes de la rue Saint-Denis, où se pratique le commerce des poisons.
 
L'enquête est suivie avec la plus grande attention en hauts lieux, car certains affirment que Louis XIV lui-même est menacé...
 
Une tireuse de cartes, Marie Bosse, puis une certaine Vigouroux, enfin la fameuse Voisin, tombent dans les rêts de la police et se voient inculpées d'empoisonnement.
 
 
Vedette de la scène
 [/size]
 
Quelques mois après l'arrestation de la Voisin, alors que son procès bat son plein, et que le récit de ses crimes fait le tour de Paris, on donne dans la capitale une pièce, La Devineresse, due à Donneau de Visé et à Thomas Corneille. La Voisin en est le personnage principal, sous le nom de Mme Jobin. Fait exceptionnel à l'époque, la pièce reste à l'affiche plus de cinq mois.
 
 
Un jour... une histoire... 28 mars 1566+ 27 mars 1351+ autres Voisin-19083cd
 
 
Poisons et messes noires au Grand Siècle
 
 
En avril 1679, l'affaire prenant de l'ampleur et les inculpés se faisant toujours plus nombreux, le roi décide de mettre en place à l'Arsenal une cour extraordinaire de justice qui prendra le nom évocateur de «Chambre ardente» - ainsi nommée car elle siégeait dans une pièce tendue de draps noirs et éclairée par des flambeaux.
 
En son sein, La Reynie reste le principal responsable de l'instruction. La plus grande discrétion lui est toujours demandée, tant l'affaire est sensible. Mais cette précaution est inutile car une véritable hantise a déjà gagné la population parisienne, qui voit l'œuvre des empoisonneuses dans le moindre décès prématuré. «Donne-lui un bouillon de Saint-Denis !» dit-on en manière de plaisanterie à une femme qui se plaint de son mari !
 
Or, rien n'effraie les empoisonneuses, qui se trouvent au cœur des pratiques les plus sordides de l'époque. On découvrira que certaines, comme la Voisin, se rendent complices de «messes noires», au cours desquelles de faux, voire de vrais prêtres, tel l'abbé Guibourg, posent un calice sur le ventre d'une femme nue et, au-dessus de celui-ci, sacrifient au diable un nouveau-né !
 
C'est dans cette atmosphère pour le moins sulfureuse que travaille la Chambre ardente. Elle siègera pendant trois ans, jusqu'en juillet 1682, date à laquelle elle aura au total prononcé 442 jugements, dont 36 condamnations à mort, 23 bannissements et 5 condamnations aux galères. Certains accusés sont cependant acquittés du fait de leurs liens avec des membres de la haute aristocratie.
 
La Voisin est exécutée après avoir mis en cause beaucoup de monde. Elle se refuse à livrer le nom de la Montespan mais le nom de la maîtresse royale ressurgit dans la suite des interrogatoires. La fille de la Voisin l'accuse d'avoir participé à une «messe noire» de l'abbé Guibourg, lequel admet avoir prononcé le nom de la favorite lors de l'une de ses«messes».
 
 
Un jour... une histoire... 28 mars 1566+ 27 mars 1351+ autres Voisin2-19083fe
 
L'interrogatoire de La Voisin
 
 
Le roi est horrifié d'apprendre que sa maîtresse, alors en défaveur, lui aurait fait absorber des philtres d'amour et aurait aussi manigancé le renvoi de Mlle de La Vallière, voire la mort de Mme de Fontanges et la stérilité de la reine. D'autres accusations impliquent le poète Racine, soupçonné de s'être débarrassé d'une maîtresse !...
 
Empressé d'en finir, le roi suspend les interrogatoires. Les principaux accusés non encore condamnés sont mis aux fers dans différentes forteresses, à raison de six par cachot, jusqu'à ce que la mort les délivre. Enfin, conséquence accessoire, un édit de 1682 réglemente pour la première fois le commerce des poisons.

[size=24]Un jour... une histoire... 19 février 197[/size]



Un jour... une histoire... 28 mars 1566+ 27 mars 1351+ autres D10335e1
 
Septime Sévère
 
19 février 197
Victoire de Septime Sévère à Lyon
 
 
 
Le 19 février 197, deux armées romaines s'affrontent aux abords de Lyon pour la domination de l'empire... Le vainqueur est le candidat de l'armée du Danube, Septime Sévère. Avec lui débute ce que les historiens ont appelé le Bas-empire.
 
 
 
Un soldat énergique
 
Septime Sévère est un homme énergique de 47 ans issu d'une famille de chevaliers aisés de la ville de Leptis Magna, dans la province proconsulaire d'Afrique (aujourd'hui en Libye). Après des études de philosophie à Athènes et de droit à Rome, il accomplit une carrière administrative brillante puis prend le commandement des légions d'Illyrie.
 
Ses hommes le désignent empereur à la mort du vieux Pertinax, en 193. Il fait aussitôt égorger le sénateur Didius Julianus qui avait acheté l'empire à la garde prétorienne.
 
Par sa victoire de Lyon, Septime Sévère se défait de son autre rival, le gouverneur de Bretagne, Clodius Albinus, et pour se venger de Lyon, qui l'a soutenu, il brûle la ville et massacre ses habitants chrétiens, au nombre de 18.000.
 
Il massacre aussi les sénateurs romains qui ont eu le mauvais goût de s'opposer à lui. L'historien Dion Cassius estime qu'un vingtième de l'ordre sénatorial aurait été ainsi éliminé.
 
 
Lyon, métropole des Gaules
 
La capitale des Gaules a été fondée en 43 avant JC par un lieutenant de Jules César sous le nom de Lugdunum. Elle a bénéficié de privilèges spéciaux du fait de son plus illustre citoyen, l'empereur Claude, et est devenue une cité prospère d'où partent cinq voies vers l'Aquitaine, l'Italie, le Rhin, Arles et l'Océan. Sur la colline de Fourvière, un superbe musée atteste de cette histoire éminente et donne à voir le théâtre et les vestiges antiques.
 
Lugdunum ne se releva jamais du sort que lui fit subir Septime Sévère, mais ses évêques, en souvenir du rôle éminent que la ville joua dans l'introduction du christianisme en Gaule, ont gardé jusqu'à nos jours le titre de primat des Gaules.
 
 
Éphémère rénovation de l'empire
 
Septime Sévère devient le premier empereur sans racines italiennes. Avec lui, l'empire change de nature. Les historiens parlent à son propos de Bas-Empire, par opposition à l'empire prospère des douze premiers César et des Antonin. Son règne conserve néanmoins une partie de la grandeur antérieure.
 
Septime Sévère met fin à l'anarchie qui a suivi la mort de l'empereur Commode. Il s'appuie sans vergogne sur l'armée qui l'a porté au pouvoir. «Enrichissez les soldats et moquez-vous du reste», aurait-il eu coutume de dire.
 
Pour tenter de remédier à la crise économique qui affecte l'empire depuis plusieurs décennies, Septime Sévère mène comme ses prédécesseurs une politique dirigiste. Les paysans sont de plus en plus strictement attachés à la terre qu'ils travaillent. Les fils doivent, dans de nombreuses professions, reprendre le métier de leur père...
 
L'empereur doit par ailleurs combattre en permanence les ennemis des frontières : il reprend la Mésopotamie aux Parthes puis repousse les Calédoniens dans l'actuelle Écosse. Finalement, il trouve la mort sur le champ de bataille, à Eboracum (aujourd'hui York, en Angleterre), le 4 février 211. Il a 64 ans.
 
 
L'empire en déshérence
 
À Septime Sévère succèdent d'abord ses fils Caracalla et Géta puis, , sous l'influence de sa veuve, une Syrienne du nom de Julia Domna (ou Julia Maesa, ses petits-fils ou cousins Élagabal et Alexandre-Sévère, originaires de Syrie. Tous finissent assassinés.
 
Le deuxième fils de Septime Sévère, Caracalla, se signale par un édit qui octroie en 212 la citoyenneté romaine à tous les habitants libres de l'empire (à l'exception des Barbares établis à ses franges). La ville de Rome doit à Caracalla, grand bâtisseur mégalomaniaque, les plus grands thermes que l'on connaisse.
 
L'empereur, qui a tué son frère dès la première année de son règne, est lui-même tué à 31 ans, en 217, par le préfet des gardes Macrin, au cours d'une campagne contre les Parthes. Après le court règne de Macrin, Élagabal, un cousin de Caracalla est hissé au pouvoir par les légionnaires. C'est un prêtre syrien de 14 ans, à peine romanisé... Assassiné quatre ans plus tard, il laisse la place à un autre cousin, Alexandre-Sévère, celui-là plein de vertu mais dont l'assassinat, en 235, signera la fin de la dynastie.
 
 
Un amphithéâtre sous le soleil de la Tunisie
 
Un jour... une histoire... 28 mars 1566+ 27 mars 1351+ autres Eljemthysdrus-18e80c5
 
Amphithéâtre de Thysdrus
 
 
Les souverains de la dynastie des Sévère ont traité avec la plus grande bienveillance les provinces du sud de la Méditerranée dont ils étaient originaires.
 
La province d'Afrique (l'actuelle Tunisie), a vécu son âge d'or sous leur règne. On peut s'en rendre compte aujourd'hui encore en visitant l'amphithéâtre de 40.000 places construit dans la ville de Thysdrus (aujourd'hui El Jem, entre Monastir et Sfax).
 
Du fait de son isolement géographique et de sa situation dans une zone semi-désertique à l'air sec, cet amphithéâtre, comparable par sa taille au Colisée de Rome, est aujourd'hui le mieux conservé qui soit.



[size=24]Un jour... une histoire... 18 février 1859[/size]



Un jour... une histoire... 28 mars 1566+ 27 mars 1351+ autres 55739056
 
18 février 1859
 
Occupation de Saigon par les Français
 
 
 
 
 Le 18 février 1859, une flotte française remonte une rivière au sud du Viêt-nam (on écrit aussi Vietnam). Les nouveaux venus, sous le commandement de l'amiral Rigault de Genouilly, occupent le site de Saigon. Ce port sert au ravitaillement de Hué, la capitale de l'empire du Viêt-nam. Pour les Vietnamiens, l'arrivée des Français est le début d'une longue parenthèse dans une Histoire deux fois millénaire.
 
 
 
Interventiondes missionnaires français
 
La présence française au Viêt-nam remonte au XVIIe siècle et à l'époque du roi Louis XIII, avec l'arrivée des premiers missionnaires. Ces derniers, des jésuites, s'implantent dans la péninsule pour la simple raison que c'est la seule partie de l'Asie encore disponible (les missionnaires espagnols et portugais sont déjà très présents dans les autres parties de l'Extrême-Orient).
 
Les Vietnamiens se montrent réceptifs à la christianisation et dès 1658, on compte dans le pays pas moins de 300.000 catholiques. Le père jésuite Alexandre de Rhodes donne aux Vietnamiens un alphabet inspiré de l'alphabet romain, le quoc ngu, en remplacement des idéogrammes chinois.
 
Beaucoup plus tard, le 28 novembre 1787, soit à la veille de la Révolution française, Monseigneur Pigneaux de Béhaine, évêque in partibus d'Adran, fait signer au roi Louis XVI un «petit traité de Versailles» par lequel la France s'engage à soutenir un prince local, Nguyên Anh.
 
En échange, elle obtient le monopole du commerce extérieur et deux ports, Tourane et Poulo-Condor. Ces modestes établissements apparaissent comme l'amorce d'une revanche sur les Britanniques qui tiennent les Indes voisines.
 
Monseigneur Pigneaux de Béhaine, devenu vicaire apostolique de Cochinchine, se voue corps et âme à son pays d'adoption. Il modernise la flotte de son protecteur, le prince Nguyên Anh, et fait venir trois navires et un corps de troupe pour le soutenir. Cela lui vaut de belles funérailles de la part des Vietnamiens lorsqu'il meurt, en 1799.
 
En 1801, Nguyên Anh est chassé par une révolte et se réfugie à Bangkok. Mais il reconquiert son trône avec l'appui des jésuites français, de leurs «engagés volontaires»et de leur flotte. L'année suivante, il se proclame empereur de l'ensemble du pays sous le nom de Gia Long. Huê est confirmée comme capitale de ce que l'on nomme désormais Viêt-nam.
 
 
Intervention des militaires français
 
 
La lune de miel entre Français et Vietnamiens ne dure pas.
 
Après la mort de Gia Long en 1820, ses successeurs adoptent une politique isolationniste et en viennent à persécuter les catholiques. Louis-Philippe 1er prend prétexte de ces persécutions pour bombarder Da Nang en 1847. Et lorsque surviennent de nouveaux massacres de chrétiens à l'initiative de l'empereur Tu Duc, l'empereur Napoléon III en profite pour lancer une entreprise de conquête.
 
Le corps expéditionnaire français s'empare d'abord du port de Tourane, aujourd'hui Da Nang. Mais il se heurte à l'hostilité de la population et renonce à marcher sur la capitale de l'Annam, Hué. C'est ainsi que l'amiral Rigault de Genouilly se retourne vers le sud et occupe Saigon. Pour la France, c'est l'amorce d'une colonisation fructueuse de près d'un siècle.
 
Par le traité de Saigon du 5 juin 1862, les Français imposent à l'empereur du Viêt-nam la cession de Saigon et de la Cochinchine, le grenier à riz du Viêt-nam. Ils obtiennent aussi une indemnité, des facilités commerciales et des garanties pour les chrétiens.
 
Le Viêt-nam devient un protectorat de fait et certains, en France, y voient l'amorce d'un nouvel empire colonial et une base de départ vers la Chine. Peu après, le 11 août 1863, le gouvernement de Napoléon III instaure un protectorat sur le Cambodge voisin et finalement annexe toute la Cochinchine (le sud du Viêt-nam) en 1867.
 
À Paris, certains responsables songent à utiliser la Cochinchine comme base de départ pour une implantation commerciale et, qui sait ..., militaire en Chine du sud.

[size=24]Un jour... une histoire... 16 février 1899[/size]



Un jour... une histoire... 28 mars 1566+ 27 mars 1351+ autres A73ded6d
 
16 février 1899
La mort heureuse de Félix Faure
 
 
 
Émotion à l'Élysée. Le président de la République est mort dans les bras d'une admiratrice. Cela s'est passé le 16 février 1899... Ce n'est pas de nos jours que l'on verrait des choses pareilles
 
La victime, Félix Faure, était un bel homme de 58 ans avec une fine moustache tournée à la façon de Guy de Maupassant. Ses contemporains le surnommaient affectueusement le«Président Soleil» en raison de son amour du faste.
 
On raconte que, recevant à l'Élysée une grand-duchesse russe, il se fit servir à table avant elle. La grand-duchesse proteste et le président répond sans réfléchir : «C'est l'usage à la cour de France !».
 
 
Imprudente galanterie
 
La rumeur publique crut d'abord que sa compagne des derniers instants était Cécile Sorel, une actrice célèbre du moment. On sut seulement dix ans après qu'il s'agissait d'une demi-mondaine dénommée Marguerite (Meg) Steinheil, épouse d'un peintre en vogue (elle assassina plus tard son mari mais fut acquittée de ce crime).
 
Un jour... une histoire... 28 mars 1566+ 27 mars 1351+ autres Steinheil-18c8388
 
Meg Streinheil
 
 
Très vite, on se raconta de bonnes histoires sur la fin heureuse de Félix Faure, comme celle-ci :
 
Tandis que la dame s'était dégagée et esquivée, les domestiques avaient transporté le président inconscient dans son lit. Le curé de l'église voisine de la Madeleine, appelé d'extrême urgence, demanda en arrivant :
– Le président a-t-il toujours sa connaissance ?
– Non, on l'a faite sortir par derrière.
 
 
Fatalepilule
 
 
Les initiés apprirent que le président Félix Faure avait succombé à un excès de zèle.
 
Avant de recevoir ses amies, Félix Faure avait coutume d'absorber une dragée Yse à base de phosphure de zinc. Ce médicament, le Viagra de l'époque, avait la vertu d'exciter les virilités défaillantes mais il avait aussi pour effet de bloquer la circulation rénale.
 
Le jour de sa mort, comme il attendait Mme Steinheil, il avait demandé à l'huissier de sonner deux coups à son arrivée. Voilà que sonnent les deux coups : le président avale en hâte une dragée Yse. Mais l'huissier a fait une erreur. C'est l'archevêque de Paris qui entre dans le bureau élyséen. Et après lui arrive le prince de Monaco.
 
Quand enfin l'huissier sonne pour de bon les deux coups, le président congédie son visiteur. Il a encore le temps d'avaler une deuxième dragée. Celle-ci lui sera fatale... Survolté par la prise médicamenteuse et l'ardeur de sa compagne, Félix Faure succombe non sans avoir arraché à celle-ci une touffe de cheveux !
 
Georges Clemenceau ne fut pas en reste de bons mots. «Il a voulu vivre César, il est mort Pompée», dit-il du président en guise d'oraison funèbre. Il dit aussi : «Félix Faure est retourné au néant, il a dû se sentir chez lui».
 
 
Conséquences d'une mort impromptue
 
 
Félix Faure possède une belle avenue parisienne, une station de métro et une rue à son nom bien qu'il n'ait rien accompli de marquant... comme la plupart des autres Présidents de la IIIe République.
 
On retient seulement qu'il ébaucha une alliance avec la Russie en recevant le tsar Nicolas II, qu'il s'opposa à la révision du procès de Dreyfus et que son gouvernement dut céder aux Anglais le Soudan après le bras de fer de Fachoda.
 
Deux jours après sa mort, les députés et les sénateurs réunis en Congrès à Versailles élisent Émile Loubet pour lui succéder à la présidence de la République. Cette élection sème la consternation chez les antidreyfusards. Il est conspué dans la rue aux cris de«Élu des Juifs !»
 
Le 23 février, pendant les funérailles de l'ancien président, le journaliste Paul Déroulède tente d'entraîner un général dans un coup d'État parlementaire en vue de préparer la guerre de revanche contre l'Allemagne. Le polémiste est banni. Mais, de retour en France en 1905, il n'aura de cesse d'exciter les esprits contre l'Allemagne... Il n'y réussira que trop bien.
 
 
Morale et Belle Époque
 
 
L'aventure du président Félix Faure n'a guère scandalisé ses contemporains de la «Belle Époque».
 
Dans cette période qui précède la Grande Guerre de 14-18, les privilégiés donnaient libre cours à leur appétit de jouissance... peut-être pour mieux dissimuler leurs angoisses existentielles (ce fut l'une des rares époques où le taux de suicide des classes aisées se révéla supérieur à celui des classes inférieures, ainsi que l'a noté l'historien Emmanuel Todd dans son essai : Le fou et le prolétaire).
 
Ilétait admis à la fin du XIXe siècle que les bourgeois mènent grand train et ne s'embarrassent pas des principes moraux qu'ils imposaient à leur épouse. Ainsi, on se moquait gentiment du leader républicain Georges Clemenceau qui affichait partout ses innombrables conquêtes. Mais l'on trouvait normal qu'il divorce de son épouse américaine, mère de trois enfants, et la renvoie aux États-Unis en 3e et dernière classe après qu'il l'ait surprise dans les bras d'un soupirant.
 
Le vieux Ferdinand de Lesseps, qui épousa à 64 ans une jeunette de 22 et lui fit 12 enfants, n'en continua pas moins de papillonner dans les maisons closes comme le voulaient les coutumes de l'époque. Un policier affecté à sa surveillance rapporte sa visite à 3 jeunes prostituées, à 85 ans sonnés.
 
Outre-Manche, David Lloyd George, Premier ministre britannique aux heures sombres de la Grande Guerre, était connu pour être «incapable de fidélité». Ainsi lui arrivait-il d'avoir six maîtresses en même temps. Cette performance devait sans doute paraître modeste au roi Edouard VII, fils de l'austère Victoria, dont les frasques faisaient le bonheur des gazettes et lui valaient une immense popularité.....

[size=24]Un jour... une histoire... 15 février 1794[/size]



Un jour... une histoire... 28 mars 1566+ 27 mars 1351+ autres Ff7abda1
 
15 février 1794
 
Trois couleurs pour la France
 
 
 
Le 15 février 1794, à Paris, l'assemblée de la Convention impose le drapeau tricolore bleu-blanc-rouge. Elle «décrète qu'à compter du 1er prairial an II (20 mai 1794), le pavillon sera formé des trois couleurs nationales disposées en trois bandes égales posées verticalement....»pour mettre fin à la fantaisie des couleurs dans la Marine française, sujette à confusion dans les combats.
 
L'initiative revient à un député de Montauban, le pasteur André Jeanbon, dit Jeanbon Saint-André. Le peintre Louis David, consulté, suggère pour des raisons d'esthétisme que le bleu soit fixé à la hampe.
 
 
À chaque couleur son histoire
 
 
Les troiscouleursdu drapeau français remontent aux origines de l'Histoire.
 
– Rouge comme le sang de Saint-Denis
 
 
En 1124, l'empereur germanique Henri V pénètre en Champagne et menace Paris. Le roi capétien Louis VI le Gros alerte ses vassaux qui, tous, pour l'occasion, font taire leurs querelles. Le roi lui-même s'en va quérir sur l'autel de l'abbatiale de Saint-Denis, au nord de Paris, la bannière du saint, rouge du sang du martyr, pour la brandir en signe de ralliement.
 
 
Il devient dès lors coutumier aux rois de France de brandir la bannière dans les heures de grand péril. Cette tradition est reprise par les révolutionnaires parisiens insurgés contre le roi, de sorte que le drapeau rouge devient aux XIXe et XXe siècles le symbole mondial des luttes révolutionnaires et ouvrières... jusqu'à être adopté par plusieurs États communistes dont la Chine !
 
 
– Blanc, la couleur des chefs de guerre
 
 
En 1188, au moment de partir en croisade, le roi Philippe Auguste arbore une bannière blanche avec une croix de Saint-Georges rouge. Le blanc est ainsi associé à la monarchie... et à la guerre. Deux siècles plus tard, Jeanne d'Arc se dote d'une bannière blanche semée de lys, avec l'inscription «Jhesus Maria» et deux anges qui se font face.
 
Les chefs des armées et le roi, lorsqu'ils vont au combat, prennent dès lors l'habitude d'arborer une écharpe blanche. Celle-ci, qui signale leur rang ou leur grade, va devenir pendant les guerres de religion le signe de ralliement des chefs protestants, à commencer par le futur Henri IV («Soldats, ralliez-vous à mon panache blanc!»).
 
C'est seulement en 1815, sous la Restauration, que le blanc devient le symbole exclusif de la monarchie.
 
 
– Bleu bourgeois
 
 
Le bleu est une couleur tardivement apparue dans l'iconographie médiévale. On le rencontre au XIIe siècle dans les vitraux. Très vite, il est associé à la Vierge et à son manteau. Mais on le repère aussi dans les couleurs des bourgeois de Paris, en association avec le rouge. Le prévôt des marchands Étienne Marcel, en conflit avec le pouvoir royal, fait du chaperon (bonnet) bleu et rouge le signe de ralliement de ses partisans.
 
 
Un parcours international
 
 
Les rois de France, jusqu'à la Révolution, changent d'emblème à leur guise et nul ne se soucie de vénérer leurs couleurs. Les couleurs bleu, blanc et rouge commencent à émerger sous le règne du roi Henri IV (1589-1610). Le «Vert-Galant» recommande ces trois couleurs aux ambassadeurs hollandais qui en font illico l'emblème de leur marine. C'est ainsi qu'aujourd'hui, le bleu-blanc-rouge se retrouve sur le drapeau des Pays-Bas comme sur celui du Luxembourg (ancienne possession néerlandaise).
 
Le tsar Pierre 1er le Grand, de passage à Amsterdam au début du XVIIIe siècle, adopte les mêmes couleurs pour ses navires. De sorte que le bleu, le blanc et le rouge se retrouvent sur le drapeau de la Russie impériale... et de la Russie actuelle. Émules des Russes, les Serbes les adoptent à leur tour. Elles figurent aujourd'hui sur le drapeau de la Yougoslavie.
 
En France même, les gardes françaises avaient adopté les trois couleurs sur leur uniforme et l'emblème de leur régiment. Elles les conservèrent en passant du côté de la Révolution sous le nom de Garde nationale.
 
Le 17 juillet 1789, peu après la prise de la Bastille, Louis XVI est accueilli à l'Hôtel de Ville par une foule arborant sur la tête une cocarde aux couleurs de Paris, le bleu et le rouge. Le populaire général de La Fayette remet au roi en personne une cocarde semblable où il insère le blanc. Il est permis de penser que le «héros des deux mondes», qui s'illustra aux côtés des insurgés américains, vit dans les trois couleurs une réminiscence du drapeau des États-Unis, pour lesquels il avait la plus grande admiration.
 
Devenu chef de la Garde nationale le 31 juillet 1789, La Fayette officialise la cocarde tricolore. Il la remet solennellement à la municipalité de Paris. «Je vous apporte une cocarde qui fera le tour du monde...» dit-il. Il ne croyait pas si bien dire...
 
 
Les couleurs de la Nation
 
Le choix opéré par la Convention en 1794 est confirmé en 1812 par l'empereur Napoléon 1er et étendu aux régiments de l'armée de terre.
 
La Restauration monarchique, de 1815 à 1830, impose le drapeau blanc, réputé à tort être l'emblème traditionnel des rois de France.
 
Louis-Philippe 1er, qui combattit à Valmy et Jemappes, revient aux trois couleurs en 1830 de sorte qu'en 1848, les républicains hésitent à les conserver et penchent pour le drapeau rouge.
 
 
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La rue Montorgueil, fete nationale du 30 juin
(Claude Monet,1878, Musée du Louvre)
 
Il faut toute l'éloquence d'Alphonse de Lamartine pour les conserver. Le 26 février 1848, à l'Hôtel de ville de Paris, le poète (58 ans) s'adresse en ces termes aux républicains : «... le drapeau rouge, que vous-même rapportez, n'a jamais fait que le tour du Champ-de-Mars, traîné dans le sang du peuple en 1791 et 1793, et le drapeau tricolore a fait le tour du monde avec le nom, la gloire et la liberté de la patrie».
 
Le 14 juillet 1880, enfin, sous la IIIe République, le président Jules Grévy consacre la popularité de cet emblème en le remettant solennellement à tous les corps de l'État.


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[size=24]Un jour... une histoire... 14 février 842[/size]



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14 février 842
 
Les serments de Strasbourg
 
 
 
Le 14 février 842, à Strasbourg, Louis le Germanique et Charles le Chauve se prêtent serment d'assistance mutuelle dans la lutte qu'ils mènent contre leur frère aîné Lothaire.
 
Ce grand moment de l'Histoire occidentale, qui voit l'émergence des langues européennes, nous a été rapporté par le chroniqueur Nithard, mort en 844, dans son Histoire des fils de Louis le Pieux.
 
 
L'héritage de Charlemagne
 
Tout a commencé avec Charlemagne, grand-père de Louis le Germanique, Charles le Chauve et Lothaire. Le grand empereur avait réuni l'Occident sous son autorité, de l'Ebre (en Espagne) à l'Elbe (en Allemagne). Mais il ne croyait pas que la dignité impériale lui survivrait et ne voyait pas d'inconvénient à se soumettre à la coutume germanique du partage de l'héritage entre tous les fils.
 
Le 6 février 806, à Thionville, Charlemagne prépare la division de son empire entre ses trois fils, nommés «consorts du royaume et de l'Empire». Mais la disparition prématurée de deux d'entre eux permet au survivant, Louis 1er le Pieux (ou le Débonnaire, traduction tardive et fautive du mot latin Pius, Pieux) de récupérer l'intégralité de l'héritage à la mort de Charlemagne, en 814. Né en 778 (l'année de Roncevaux), ce dernier a été nommé par son père roi roi d'Aquitaine dès l'âge de 3 ans et a géré ses terres avant de recevoir la totalité de l'empire en héritage.
 
Ainsi, par le plus grand des hasards, l'empire rassemblé par Charlemagne en un demi-siècle de guerres échoit intact entre les mains de son unique héritier. Mais la coutume germanique va reprendre le dessus et entraîner la dissolution rapide de l'empire.
 
 
Le partage de l'empire
 
Louis le Pieux tente dans un premier temps de préserver l'essentiel de son héritage. Par un texte connu sous le nom d'Ordinatio imperii, il promet en 817 la dignité impériale et la plus grande partie de l'empire à son fils aîné Lothaire. Mais l'empereur se remarie ensuite avec Judith de Bavière et a un nouveau fils, Charles, qu'il veut doter à tout prix. Devant une assemblée de la noblesse, à Worms, en 829, il lui attribue l'Alsace, la Bourgogne et quelques autres terres. Ses autres fils n'apprécient pas la remise en cause de l'engagement de 817. Ils se révoltent contre leur père et le déposent.
 
Mais les trois compères ne tardent pas à se diviser. Irrités par l'autoritarisme de Lothaire, Pépin et Louis se liguent contre lui et se rapprochent de leur père qui effectue un nouveau partage dont Charles, cette fois, est exclu ! Le nouvel accord ne dure pas. Le 30 juin 833, les trois aînés, provisoirement réconciliés, convoquent leur père au sud de Colmar, en un lieu plus tard nommé le «Champ du Mensonge». Ils le déposent à nouveau, à nouveau se disputent et à nouveau, Pépin et Louis réinstallent leur père sur le trône.
 
Sur l'insistance de Judith, son époux l'empereur consent à rendre une part d'héritage à leur fils Charles. Et voilà que meurt Pépin en 838. Tout le partage est à refaire... Louis, mécontent des négociations, s'apprête à reprendre les armes contre son père. Quand celui-ci meurt le 20 juin 840, rien n'est réglé et les trois frères survivants se disputent de plus belle.
 
 
Un serment bilingue
 
Les deux cadets font cause commune contre leur frère aîné Lothaire et le 25 juin 841, le défont à Fontenay-en-Puisaye, près d'Auxerre, en Bourgogne. Cette victoire les conduit huit mois plus tard à confirmer leur alliance par les serments de Strasbourg. À cette occasion, Louis le Germanique prononce son serment non dans sa langue mais en langueromane (l'ancêtre du français), pour être compris des soldats de son rival et associé. Charles le Chauve fait de même en langue tudesque (l'ancêtre de l'allemand).
 
Le serment est repris par les soldats présents dans leur langue habituelle. C'est que les habitants du «Regnum francorum» (le royaume des Francs) ont pratiquement oublié le latin et commencent à se distinguer par leurs idiomes selon qu'ils se trouvent à l'ouest ou à l'est de la Meuse... Aussi peut-on dire que les serments de Strasbourg traduisent l'émergence des langues modernes. C'est ce qui fait leur importance historique, bien plus que leur aspect proprement politique.
 
 
L'empire s'émiette
 
Le conflit entre les trois frères s'achève provisoirement par un compromis conclu à Verdun en août 843.
 
Par le traité de Verdun, Louis le Germanique conserve la Francia orientalis et Charles le Chauve, son demi-frère, né de Judith de Bavière, la Francia occidentalis.
 
 
Un jour... une histoire... 28 mars 1566+ 27 mars 1351+ autres Charleslechauvebnf-18b1df5
 
Charles le Chauve
 
 
Lothaire, l'aîné, obtient le titre impérial, purement honorifique, et se contente de la partie centrale de l'empire. Son domaine consiste en une frange de territoires étirée des bouches de l'Escaut à la plaine du Pô, en Italie, en passant par le couloir rhénan et le sillon rhôdanien.
 
Fidèle à la tradition germanique de partage des héritages, Lothaire 1er ajoute à la difficulté en partageant son domaine entre ses trois fils, à sa mort en 855. L'aîné devient à son tour empereur sous le nom de Louis II et conserve l'Italie. Le second, Charles, devient roi de Bourgogne. Ses territoires s'étendent en fait de la Méditerranée à la Bourgogne actuelle, en incluant la Provence, Lyon et la Suisse. Beaucoup plus tard, en 1032, ils seront adjoints à l'empire refondé par Otton 1er.
 
Le troisième, Lothaire II, reçoit la partie située entre la Meuse et le Rhin. Il lui donne son nom. C'est la «Lotharingie» (après moult déformations, ce nom deviendra... Lorraine). Cette province médiane et indéfendable va dès lors susciter la convoitise de ses deux puissants voisins : la Francie occidentale et la Francie orientale.

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Un jour... une histoire... 28 mars 1566+ 27 mars 1351+ autres 80a30b48
 
4 février 1794
 
La Convention abolit l'esclavage
 
 
 
 
Le 16 pluviôse an II (4 février 1794), la Convention vote l'abolition de l'esclavagedans les colonies françaises (ou ce qu'il en reste). Cette mesure méritante, imposée par les circonstances plus que voulue, sera abrogée dès la fin de la Révolution.
 
 
Les précurseurs
 
Dès avant la Révolution française, l'abbé Henri Grégoire milite en faveur de l'intégration des Noirs ainsi que des juifs.
 
 
Un jour... une histoire... 28 mars 1566+ 27 mars 1351+ autres Gregoireabbe-1851ebe
 
Henri Gregoire
 
 
Dès avant la Révolution française, l'abbé Henri Grégoire milite en faveur de l'intégration des Noirs ainsi que des juifs.
Le 19 février 1788, avec quelques nobles libéraux comme les marquis de Mirabeau, de Lafayette et de Condorcet, il fonde la «Société des Amis des Noirs». Elle est calquée sur une société fondée quelques mois plus tôt par des Quakers anglais.
Quelques dizaines d'autres Français éclairés partagent leur combat. Parmi eux l'abbé Reynal, l'écrivain Jean-Sébastien Mercier, Loménie de Brienne, Pétion,...
Plus utopistes que les abolitionnistes anglais, notamment William Wilberforce, ils réclament non seulement la fin de la traite (l'achat de Noirs en Afrique et leur revente en Amérique) mais aussi l'abolition immédiate de l'esclavage proprement dit.
 
 
Querelles autour des grands principes
 
Quand, au début de la Révolution, la célèbre Nuit du 4 août met fin aux privilèges féodaux, seul le duc de La Rochefoucauld-Liancourt envisage d'étendre aux esclaves le principe d'égalité devant la Loi. Un peu plus tard, quand les députés promulguent la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen, celle-ci n'a de retentissement que chez les planteurs blancs des colonies. lls imaginent déjà de prendre leur indépendance à la manière des Nord-Américains, au nom de la liberté...
L'Assemblée Constituante fait un modeste pas en avant vers l'émancipation des personnes de couleur en accordant en mars 1790 quelques droits politiques aux mulâtres et aux Noirs affranchis. C'est manifestement insuffisant !...
Le 15 mai 1791, le débat fait à nouveau rage à l'Assemblée nationale. Les représentants des colonies, qui sont des planteurs de souche noble, menacent de se séparer de la métropole si l'on abolit l'esclavage. Ils justifient son maintien en invoquant le droit de propriété inscrit dans la Déclaration («article XVII : La propriété étant un droit inviolable et sacré, nul ne peut en être privé, si ce n'est lorsque la nécessité publique, légalement constatée, l'exige évidemment, et sous la condition d'une juste et préalable indemnité») !
Cela n'empêche pas un député, Pierre Samuel Dupont de Nemours, de plaider courageusement pour l'abolition au nom des grands principes : «On nous menace du ressentiment de ces nobles d'outre-mer... Ils se consoleront comme se sont consolés les nobles français qui avaient un peu de sens. Si toutefois cette sécession devait avoir lieu, il vaudrait mieux sacrifier la colonie plutôt qu'un principe». Finalement, l'Assemblée se contente d'accorder le droit de vote à certains hommes de couleur libres.
Le 28 mars 1792, la nouvelle Assemblée législative fait un nouveau pas en avant et établit une égalité de droit entre tous les hommes libres (à l'exception des esclaves).
 
 
Les esclaves se révoltent
Ces demi-mesures et ces dissensions ne satisfont guère les esclaves. À Trois-Rivières, au sud de la Guadeloupe, une des petites Antilles, une révolte aussi brève que violente éclate dans la nuit du 20 avril 1793. Plusieurs Blancs sont massacrés.
À Saint-Domingue (aujourd'hui Haïti), la principale et la plus riche de toutes les colonies françaises, affranchis et esclaves se soulèvent sous le commandement d'un chef nommé Toussaint Louverture. Devant ce soulèvement et les menaces d'invasion anglaise et espagnole, les commissaires de la République française à Saint-Domingue, Sonthonax et Polverel, se résignent à proclamer la liberté générale des esclaves. C'est chose faite le 29 août 1793 dans la province du Nord et le 4 septembre dans les parties ouest et sud.
La Convention généralise ces décisions en votant enfin l'abolition de l'esclavage dans toutes les colonies sur une proposition des députés Lacroix, Danton et Levasseur. Les députés de Saint-Domingue sont l'objet de toutes les attentions et le décret du 16 pluviôse An II est voté dans l'enthousiasme.
Il énonce : «La Convention déclare l'esclavage des nègres aboli dans toutes les colonies ; en conséquence, elle décrète que tous les hommes, sans distinction de couleur, domiciliés dans les colonies, sont citoyens français et jouiront de tous les droits assurés par la Constitution.»
 
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Abolition de l'esclavage
 
Le vote des Conventionnels, si remarquable soit-il, passe inaperçu dans l'opinion publique. Il est aussi à noter que, quelques décennies plus tard, le grand historien républicain Jules Michelet ne lui accorde aucune place dans sa monumentaleHistoire de la Révolution française, car il réserve toute son attention aux luttes internes en métropole.
 
 
Apaisement
 
Le décret de Pluviôse est appliqué de façon très variable selon les colonies.
– Dans l'Océan Indien, l'île de la Réunion et l'île de France (aujourd'hui île Maurice), qui forment l'archipel des Mascareignes, ignorent proprement le décret du fait de l'opposition résolue des colons. L'île de France, plus tard annexée par Londres, attendra 1833 pour abolir l'esclavage et la Réunion, restée française, 1848.
Dans les petites Antilles, les Anglais s'emparent de la Martinique et de la Guadeloupe avant que le décret ne prenne effet.
– La Martinique sera restituée aux Français par la paix d'Amiens, après l'abolition du décret (1802). Dans cette île, l'esclavage ne sera donc pas aboli avant l848.
– En Guadeloupe, par contre, les Anglais sont chassés dès mai 1794 par un ancien corsaire d'origine marseillaise, Victor Hugues, à la tête d'un millier d'hommes. Beaucoup de planteurs choisissent d'émigrer et leurs propriétés sont mises sous séquestre par les représentants de la République. Victor Hugues, nouveau maître de l'île, fait immédiatement appliquer le décret de Pluviôse mais les esclaves, à peine libérés de leurs chaînes, sont aussitôt astreints à travailler comme salariés sur les plantations. Beaucoup se révoltent en 1797 contre leurs nouveaux maîtres (Blancs ou affranchis de couleur au service de la République).
– Dans la grande et riche île de Saint-Domingue, les planteurs appellent les Anglais sitôt voté le décret de Pluviôse ! Le chef des esclaves insurgés, Toussaint Louverture, voyant cela, se rallie au gouvernement de la Révolution et combat les Anglais qui ont débarqué en masse sur l'île. En octobre 1798, le dernier Anglais quitte l'île. Toussaint Louverture, fort de son succès, annexe la partie espagnole de l'île. Il rétablit la prospérité en imposant, comme en Guadeloupe, le travail forcé. Le 8 juillet 1801, il proclame l'autonomie de Saint-Domingue et se nomme Gouverneur général à vie de la nouvelle République. À Paris, le Premier Consul Napoléon Bonaparte n'apprécie guère...
 
 
Rétablissement de l'esclavage
 
 
En 1801, Bonaparte envoie à Saint-Domingue une puissante expédition militaire pour reprendre possession de l'île, sous le commandement de son beau-frère, le général Charles Leclerc. Ce sera un dramatique échec.
L'année suivante, il envoie en Guadeloupe une autre expédition sous le commandement du général Antoine Richepance pour réprimer une insurrection conduite par un ancien officier de la Révolution, Louis Delgrès, fils d'un planteur blanc de la Martinique et d'une mulâtresse. Au prix de nombreuses atrocités, Richepance réussit à reprendre l'île aux insurgés et à y rétablir l'esclavage. Ce faisant, il va plus loin que le décret du 20 mai 1802, qui excluait la Guadeloupe des colonies où devait être restauré l'esclavage !
La France, qui a été en 1794 l'un des premiers États au monde à tenter d'en finir avec l'esclavage ne l'abolira définitivement qu'en 1848, soit quinze ans après le Royaume-Uni.

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3 février 1468
 
Gutenberg lègue l'imprimerie à l'humanité
 
 
 
Le 3 février 1468 meurt à Mayence, sur les bords du Rhin, un certain Johannes Gensfleisch, plus connu sous le nom de Gutenberg.
Ce modeste graveur, en inventant l'imprimerie, a autant révolutionné l'humanité que son contemporain Christophe Colomb en débarquant en Amérique. L'un et l'autre demeurent plus présents dans la mémoire des hommes que n'importe lequel des souverains et dirigeants de leur époque.
 
 
L'imprimerie, première industrie de masse
 
Gutenberg est né dans une famille bourgeoise de Mayence entre 1397 et 1400 mais a dû s'exiler en 1428, sans doute à la suite d'une rixe.
Il s'établit alors à Strasbourg où il ouvre un atelier de gravure sur bois. Il en profite pour perfectionner un procédé de gravure à base de caractères mobiles en plomb.
On lui doit ainsi l'invention de l'imprimerie ([size=16]*
). Celle-ci a révolutionné la manière de fabriquer des livres et, en abaissant considérablement leur prix, mis la lecture à la portée de tous.
Avec Gutenberg, les hommes ont aussi découvert l'utilité de mécaniser le travail manuel !
 
Manuscrits, copistes et miniaturistes
 
Avant Gutenberg, les livres étaient écrits à la plume d'oie par des copistes professionnels sur des feuilles de parchemin ensuite reliées entre elles.
Au début du Moyen Âge, la confection de ces livres appelés manuscrits (d'après l'expression latine manus scriptus qui veut dire : écrit à la main) était le lot des moines. Des ateliers monastiques appelés scriptoriums s'étaient spécialisés dans la recopie de laBible, de livres religieux et d'ouvrages hérités de l'Antiquité.
Le film de Jean-Jacques Annaud Le nom de la Rose (1986, d'après un livre d'Umberto Eco) montre un scriptorium de cette sorte mais avec une erreur de taille car l'histoire est supposée se dérouler en 1327. Or, les monastères ont abandonné la confection des manuscrits à des ateliers laïcs dès les années 1200 !
 
Un jour... une histoire... 28 mars 1566+ 27 mars 1351+ autres Copiste-1849950
 
Les ateliers de copistes se multiplient dans les villes universitaires comme Paris. Ils travaillent pour les clercs laïcs (érudits, professeurs,...). Ils vendent aussi des Bibles et des livres d'heures (recueil de prières pour chaque moment et chaque jour de l'année) à des bourgeois et des nobles.
Les clients passent commande à un libraire qui définit avec eux le cahier des charges puis répartit le travail entre différents ateliers spécialisés : à l'atelier des copistes s'ajoute ceux des filigraneurs, des enlumineurs, qui agrémentent les pages de délicates miniaturesou enluminures aux couleurs vives, des relieurs etc. Dans ces ateliers, on travaille souvent en couple et en famille. Ainsi des femmes s'attirent-elles à Paris une solide réputation d'«enlumineuresses».
«Un bon copiste exécute en général un ou deux feuillets par jour, y compris les réglures sur lesquelles se cale son texte», explique Marie-Hélène Tessière, conservateur en chef à la BNF. «Au final, au XIVe siècle, une Bible modeste, sans enluminure, revient environ au même prix qu'une vache».
 
À l'époque de Gutenberg, l'art de l'enluminure est à son apogée avec des ateliers comme celui de Jean Fouquet ou des frères de Limbourg. Mais la copie de manuscrits n'est plus en état de satisfaire les besoins de lecture et d'apprentissage d'un nombre croissant d'étudiants et d'érudits. L'Europe, dans l'impasse, est dans l'attente d'une révolution... Ce sera donc l'imprimerie.     Un procédé magique
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L'imprimerie est dérivée de la gravure sur cuivre ou sur bois, une technique connue depuis longtemps en Europe et en Chine mais seulement utilisée pour reproduire des images :
– on grave l'image sur une surface en cuivre ou en bois,
– on enduit d'encre la partie en relief,
– on presse là-dessus une feuille de papier de façon à fixer l'image sur celle-ci.
Gutenberg a l'idée aussi simple que géniale d'appliquer le procédé à des caractères mobiles en plomb. Chacun représente une lettre de l'alphabet en relief. Leur assemblage ligne à ligne permet de composer une page d'écriture. On peut ensuite imprimer à l'identique autant d'exemplaires que l'on veut de la page, avec un faible coût marginal (seule coûte la composition initiale).
Quand on a imprimé une première page en un assez grand nombre d'exemplaires, on démonte le support et l'on compose une nouvelle page avec les caractères mobiles. Ainsi obtient-on un livre à de nombreux exemplaires en à peine plus de temps qu'il n'en aurait fallu pour un unique manuscrit !
Notons que le graveur rhénan n'est pas à proprement parler l'inventeur des caractères mobiles en métal car on a trouvé les premiers exemplaires en Corée. Leur fabrication remonte aux environs de 1390. Mais les Coréens n'en ont pas tiré parti. Sans doute ne ressentaient-ils pas le besoin de l'imprimerie aussi fortement que les Européens de la Renaissance.
 
L'imprimerie façon Gutenberg
 
Un jour... une histoire... 28 mars 1566+ 27 mars 1351+ autres Gutenbergimprimerie-1849972
 
L'imprimerie de Gutenberg est au confluent de quatre innovations techniques :
– en premier lieu les caractères mobiles en plomb,
– le papier, substitut au parchemin (cuir tanné très fin),
– l'encre, assez grasse pour ne pas détremper le papier,
- la presse à bras.
La presse d'imprimerie est analogue à un pressoir à raisin, d'où son nom.
Les caractères mobiles en plomb sont appelés types, du grec tupos, empreinte, qui vient lui-même de tuptein, frapper. D'où le nom de typographie (du grec tupos etgrapheinécrire) donné au procédé d'imprimerie de Gutenberg.
Les caractères mobiles sont disposés sur la partie inférieure de la presse, appelée «marbre». On les encre et l'on dispose au-dessus une feuille de papier. On imprime la feuille par une pression sur la partie supérieure de la presse, appelée «platine».
Le papier, indispensable à l'imprimerie, est apparu en Chine dès le IIIe siècle avant JC ; il a été révélé aux Européens par les Arabes, qui l'ont eux-mêmes acquis des Chinois à Samarkande en 712. Dès 794, il existe une manufacture de papier à Bagdad. Le mot vient du papyrus, plante fibreuse du delta du Nil, qui servait parfois à sa fabrication, en concurrence avec le lin puis le coton.
Le vélin, papier très fin, rappelle le parchemin de grande qualité que l'on tirait au Moyen Âge d'une peau de veau ou d'agneau.
C'est à l'influence chinoise que l'on doit le découpage habituel des livres en feuillets pliés in-folio (feuillet de 4 pages), in-quarto (feuillet de 8 pages) ou in-octavo (feuillet de 16 pages).
NB : aujourd'hui, la typographie est remplacée par d'autres procédés, tels que l'offset ou l'héliogravure.
 
Un jour... une histoire... 28 mars 1566+ 27 mars 1351+ autres Biblemayence-184998d
 
Bible
 
 
Ayant mis au point son procédé d'impression, Gutenberg revient en 1448 dans sa ville natale, Mayence, et s'associe avec Johann Fust pour fonder un atelier de typographie.
Au prix d'un énorme labeur, il achève en 1455 la Bible «à quarante-deux lignes», dite Bible de Gutenberg. Ce premier livre imprimé à quelques dizaines d'exemplaires recueille un succès immédiat. Il est suivi de beaucoup d'autres ouvrages.
Le procédé de typographie se diffuse à très grande vitesse dans toute l'Europe (on ne peut s'empêcher de comparer ce succès à celui de... l'internet).
On estime que quinze à vingt millions de livres sont imprimés dès avant 1500 (au total 30.000 éditions, 10.000 à 15.000 textes différents).
Ces livres sont imprimés en lettres gothiques. 77% sont en latin, la langue commune à tous les lettrés européens, et près de la moitié ont un caractère religieux. Les livres de cette époque portent le nom d'«incunables» (du latin incunabulum, qui signifie berceau).
 
Beaucoup d'incunables sont imprimés à Venise, alors en pleine gloire. Au siècle suivant, le XVIe, Paris, Lyon et Anvers deviennent à leur tour de hauts lieux de l'imprimerie avec un total de 200.000 éditions.
 
Honneurs tardifs
Gutenberg n'a pas le loisir de savourer son succès. L'année même de la publication de sa Bible, son associé lui intente un procès pour se faire rembourser une somme prêtée lors de leur installation. Dans l'incapacité de payer, l'imprimeur se voit confisquer son matériel de typographie le 6 novembre 1455.
Il parvient à fonder plus tard une nouvelle imprimerie. En 1465, il est anobli par l'archevêque de Mayence et reçoit une pension. C'est enfin la consécration.
Pendant ce temps, Johann Fust s'associe avec son gendre Peter Schöffer et tous les deux ont l'honneur d'imprimer le premier livre en couleurs.
 
 
Unerévolution intellectuelle, spirituelle et politique
 
Les conséquences de l'imprimerie sont immenses. D'abord sur la manière de lire et d'écrire : les imprimeurs aèrent les textes en recourant à la séparation des mots et à la ponctuation ; ils fixent aussi l'orthographe. Au XVIe siècle, ils commencent de numéroter les pages.
Comme chacun peut disposer de son propre livre, on recourt moins souvent à la lecture publique. Au détriment de celle-ci, la lecture silencieuse (et rapide) se développe très vite.
 
Un jour... une histoire... 28 mars 1566+ 27 mars 1351+ autres Index-18499bd
 
L'instruction et plus encore l'esprit critique se répandent alors à grande vitesse dans la mesure où de plus en plus de gens peuvent avoir un accès direct aux textes bibliques et antiques, sans être obligés de s'en tenir aux commentaires oraux d'une poignée d'érudits et de clercs.
C'est ainsi qu'un demi-siècle après l'invention de l'imprimerie va se produire la première grande fracture intellectuelle dans la chrétienté occidentale avec la Réforme de Martin Luther et l'émergence du protestantisme.
Les pouvoirs établis tentent de réagir en interdisant ou censurant les livres jugés pernicieux. En août 1544, la faculté de théologie de Paris établit une première liste manuscrite de 230 livres déconseillés, sous le nom d'Index librorum prohibitorum. On y trouve Pantagruel et Gargantua de Rabelais, interdits pour cause d'obscénités !
À l'occasion du concile de Trente, le Saint-Siège reprend l'idée à son compte. Il publie en 1559 l'Index romain. Celui-ci sera régulièrement remis à jour jusqu'en 1948 et ne sera abandonné qu'en 1966 ! On lui doit l'expression "mettre à l'index", synonyme d'interdireou censurer.


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